Atelier 3 : Les déchets du BTP : construire et déconstruire propre
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Atelier 3 : Les déchets du BTP : construire et déconstruire propre
Atelier 3 : Les déchets du BTP : construire et déconstruire propre Cet atelier était présidé par Monsieur CHARPENTIER, Président de l’Association Régionale pour le Traitement des Déchets de Chantiers (ARTED) Participaient à cet atelier : Madame BAFFIE, Conseil Général de Seine-etMarne Monsieur LEMEUR, Directeur commercial d’YPREMA Monsieur MANSEAU, Syndicat des Entreprises de Démolition. L’animatrice de l’atelier Nous allons essayer d’imaginer l’avenir des déchets du BTP, dans une région qui a pour objectif de résoudre la crise du logement. Quatre acteurs interviendront, avant de passer à un échange de questions-réponses. Monsieur CHARPENTIER L’ARTED a été créée il y a six ans. Je suis président de la partie ouest de l’Ile-de-France. Je me réjouis que la question des déchets dans le BTP soit aujourd’hui prise en compte. Dans les années 90, les acteurs du bâtiment ont pris conscience du coût de ces déchets et de l’importance des questions de développement durable. Nous avons alors recensé les tonnages et alerté les pouvoirs publics. Nous représentions plus que les ordures ménagères. Nous avons ensuite réfléchi aux produits et aux possibilités de recyclage. A l’époque, nous avons eu une aide importante de l’ADEME. Nous avons suivi l’ensemble des plans en Ile-deFrance, au nombre de cinq. La majorité a été suivie d’une charte. Aujourd’hui, en Seine-et-Marne, nous n’avons plus de nouvelle depuis que le plan a été transmis au Préfet. Dans Paris petite couronne, la situation est également au statu quo. La situation devient inextricable, avec des difficultés pour placer des bennes. Les entrepreneurs hésitent désormais à venir travailler à Paris. La production de déchets de chantier est importante en zone centrale, avec 8 millions de tonnes, dont 3 millions à Paris. Il était prévu de doubler les quais de transfert, mais ceux-ci restent au nombre de huit. Par ailleurs, la ville a renforcé ses contrôles des dépôts de gravats. Or la majorité des ramassages sont réalisés par grand sac. Cela a donc des conséquences financières et de temps sur les entreprises. Le plan inter-départemental de 2005 avait prôné de multiplier les points de regroupement. Or rien n’a évolué. Il en est de même pour les Yvelines, l’Essonne et le 95. Pendant trois ans, l’ARTED a réalisé de nombreuses actions : la sensibilisation et la formation des entreprises à la collecte des déchets, la sensibilisation aux déchets dangereux, le recensement des plates-formes de gestion des chantiers, la création d’un site Internet dédié, le recensement des entreprises de collecte de déchets, la réalisation d’une valise pédagogique à destination des professeurs et des jeunes en apprentissage dans les CFA et les lycées professionnels, l’élimination du bois sur les chantiers et les entreprises. Une opération sur les déchets de peinture a été réalisée par l’ARTED. Nous avons recensé les entreprises susceptibles d’utiliser de la peinture et essayé de créer des plates-formes de regroupement, afin de lancer un appel d’offres pour la collecte des produits. Après rédaction d’un cahier des charges, nous avons retenu une société, qui récupère aujourd’hui 20 % des pots de peinture. Un peintre produit environ 300 kilos de déchets de peinture par an, ce qui tient sur une palette standard. Nous avons organisé la collecte en porte à porte. L’opération de communication, à l’aide des valises pédagogiques, a pour but de réduire le gaspillage sur les 2 chantiers, qui coûtent beaucoup, et d’expliquer que ces déchets peuvent être recyclables et triés. Nous avons mis des stickers sur les bennes et diffusé des publiants pour que les personnes reconnaissent les produits à trier. Une vingtaine de CFA sont aujourd’hui équipés. Enfin, nous avons publié un guide pédagogique de 40 pages. Afin d’informer les entreprises, nous avons envoyé 1 000 listings. Nous avons reçu 450 réponses. Nous n’avons mis sur le site que les sites bien conformes. Nous avons enfin mis tous les renseignements sur www.dechets-chantiers.ffb. batiment.fr. Les entreprises disposent ainsi de tous les sites d’accueil et de collecte à proximité d’un chantier. La dernière action concerne le bois, qui représente environ 800 000 tonnes par an dans le bâtiment. Les seules palettes représentent 40 000 tonnes. Nous avons lancé un appel d’offres, pour obtenir le meilleur service et meilleur coût et nous assurer de la traçabilité des produits. Nous avons travaillé avec les réseaux de bois et chaleur. Les coûts d’élimination sont beaucoup moins élevés que par le passé, de l’ordre de 33 euros la tonne pour le bois non souillé, qui est souvent réutilisé. Monsieur MANSEAU Je vais vous parler de la déconstruction. Chaque citoyen a des convictions, qu’il apporte parfois dans l’entreprise. En tant qu’entrepreneur, les données environnementales sont également imposées par le client ou la législation. Je dois enfin y trouver mon intérêt. Il existe également une donnée sociale : il convient de former les salariés, qui doivent être plus qualifiés que dans le cadre de la déconstruction classique. Il convient de développer de nouveaux métiers. La dernière donnée, la plus importante, est la donnée économique, quelles que soient nos convictions : si mes coûts sont supérieurs et que le maître d’ouvrage est décidé à payer le prix le plus faible, je perdrai l’affaire. Cela pose un véritable problème. Le public a évolué sur le sujet, mais le privé fonctionne encore beaucoup sur des bases économiques. Nos coûts de personnel sont plus élevés, mais nous avons moins de déchets, à condition que des filières de valorisation se soient développées pour valoriser les déchets. Le recyclage est prioritaire à nos yeux. La déconstruction est donc un élément essentiel du développement durable. La problématique est liée avant tout à la nature des chantiers. Les besoins des petits chantiers sont le manque de place et l’impossibilité de tri. Il faut trouver des exutoires de proximité, pour limiter les transports, ou des centres d’enfouissement. Cependant, ces derniers sont difficiles à trouver à Paris. Par ailleurs, les grands chantiers rencontrent des matériaux complexes. Ils ont des besoins de valorisation, de recyclage et d’enfouissement. Il faut des filières dédiées. Il en existe déjà pour le bois, mais en nombre insuffisant. Le PVC part généralement en enfouissement. Le plâtre ne peut être enlevé que si les professionnels créent une filière. Pour le recyclage, il faut un maillage du territoire, pour éviter les transports trop longs. Il faut également une réglementation adaptée. Aujourd’hui, la réglementation ne nous permet pas de casser la voirie pour la reconstruire à partir de ces matériaux. L’enfouissement reste enfin nécessaire, car tout ne pourra pas être valorisé. Nous sommes très dépendants des autres acteurs. Nous nous adaptons aux filières. De notre point de vue, chaque entrepreneur doit s’engager sur les filières d’élimination dès l’appel d’offres. Nous demandons également un audit des déchets. Notre syndicat professionnel que cet audit doit être lié au permis de démolir. Il convient naturellement de prendre en compte le mieux-disant environnemental, ainsi que l’engagement du donneur d’ordre sur la gestion des déchets. Tout ce que je viens de présenter se trouve dans le guide pédagogique de l’ATERD. Les plans départementaux des déchets doivent devenir opposables 3 pour que nous avancions. Malheureusement, le travail réalisé n’avance pas parce qu’il n’est pas opposable. Madame BAFFIE La Seine-et-Marne représente près de la moitié de la surface de l’Ile-de-France. Sa population est 1,193 million d’habitants. Les altitudes extrêmes vont de 40 à 215 mètres. Ce territoire est relativement rural, mais la population est mal répartie. La densité est de 202 habitants au kilomètre carré. Le plan de gestion du BTP en Seine-et-Marne est toujours en projet. Il s’agit du premier plan qui a été adopté, en 2002. Cependant, nous n’avions pas les déchets entrants venant de Paris petite couronne. Le plan n’était donc pas complet. Nous attendions une concertation régionale, pour les implantations à installer en Seine-et-Marne, qui n’a toujours pas eu lieu. Dès lors, les chiffres n’ont pas été actualisés. Les chiffres du plan Paris petite couronne ne sont pas comparables à ceux du plan de Seine-et-Marne. Les chiffres de 2003 faisaient état de 6,525 millions de tonnes arrivant en Seine-et-Marne. Il faut donc trouver de la place. Parallèlement à cela, la DDE a l’instruction des dossiers des FFDI. Nous avions de nombreux ratios, mais aucun véritable chiffre sur les déchets inertes. Les chiffres de 2006 évoquent 10 millions de tonnes de déchets, dont 8 millions venant de l’extérieur du département. Nous avons constaté que la production de déchets inertes n’a pas augmenté en Ile-de-France. En revanche, les installations se déplacent vers la Seine-et-Marne, ce qui a des conséquences environnementales non négligeables. Le Conseil Régional devrait réactualiser son atlas des paysages en conséquence, les buttes anti-bruit pouvant atteindre 100 mètres de hauteur, ce qui n’est pas négligeable dans un département plat. Les nuisances sonores et la salissure des routes deviennent des problèmes importants. Les agriculteurs se plaignent également. En Seine-et-Marne, nous subissons donc la situation. Nous avons mis en place un schéma d’organisation environnemental sur les chantiers publics du département. Depuis 1999, Ensemble 77 travaille sur un SOSED, qui est intégré au marché des travaux publics. En 2005, le Ministère de l’Ecologie a validé celui-ci comme outil de la profession des travaux publics. Cela signifie que ce que nous avons été mis en place a été reconnu au niveau national. Fin 2006, Ensemble 77 a élaboré un outil prenant en compte l’ensemble des impacts environnementaux générés par un chantier. L’objectif était de répondre à l’article 14 du code des marchés publics : réduire les nuisances, préserver l’équilibre écologique et les ressources naturelles, respecter les directives européennes. Les aspects environnementaux sont l’intégration du chantier sur le site, le respect des émissions sonores, le rejet des effluents et le respect de l’air. Les plus grandes difficultés concernent ce dernier aspect. Depuis novembre 2006, la démarche SOE est exigée pour tous les chantiers du conseil général. Le maître d’ouvrage s’est également engagé à rémunérer le prestataire quand la démarche environnementale est justifiée. Nous réalisons des efforts. Nous n’avons pas accepté tous les efforts venant de Paris. Une concertation régionale s’avère indispensable. En revanche, nous ignorons qui pourrait être le porteur de cette démarche. Il devient urgent d’intervenir. Monsieur LEMEUR La profession des producteurs de recyclage de granulats peut répondre à la problématique de Paris. Le BTP produit chaque année 20 millions de tonnes de déchets sur Paris. La profession recycle annuellement 5 millions de tonnes de matériaux. Il s’agit d’une première réponse satisfaisante, même si cela concerne essentiellement les déchets inertes. Par ailleurs, l’Ile- 4 de-France est déficitaire en matière de matériaux de construction : la région consomme chaque année 30 millions de tonnes de granulats et n’en produit que 17 millions. Il est certes possible d’avoir recours à l’importation de matériaux. Cependant, notre profession peut représenter un complément. Je prendrai l’exemple d’un industriel, qui pèse environ 30 % du marché de la région. YPREMA est une société indépendante créée en 1989. Nous sommes une centaine, essentiellement basés en Ile-de-France. Nous proposons des solutions de transport alternatives sur tous les sites. Par exemple, nous avons trois implantations fluviales. Le tonnage valorisé en 2007 atteint 2,5 millions de tonnes. Nous avons également une quarantaine d’installations de concassage sur la région. Nous essayons d’évoluer vers une éco-activité, avec trois métiers : la filière Urbasol : recyclage des terres inertes (environ 200 000 tonnes par an sur la région) ; la filière Eco Grave : recyclage des mâchefers (environ 800 000 tonnes par an sur la région) ; la filière béton concassé (4 millions de tonnes par an sur la région). Un film est projeté. Il s’agit de métiers de service pour la rénovation de la ville. La proximité est une notion essentielle. A notre sens, nous sommes des centres urbains de traitement d’intérêt général. Nous évitons de recourir aux matériaux naturels. Nous diminuons la mise en décharge. Nous réduisons le trafic et ses nuisances. Enfin, nous souhaitons évoluer vers une société du réemploi et du recyclage. Je conclus sur la nécessité de la planification. Nous devons nous servir du PREDMA, qui doit être validé en 2009. La région est la bonne échelle pour réfléchir aux déchets du BTP, les planifications départementales ayant montré leurs limites. Cependant, les plans départementaux existent. Il convient de les mettre à jour et de les rassembler dans une planification régionale. Le conseil régional a décidé de recruter un vacataire pour mettre à plat cette dernière idée et développer l’idée d’un schéma régional. Enfin, nous pourrions parler de l’idée de permis de déconstruire, en définissant les moyens de déconstruire et le recyclage intervenant ensuite. Monsieur POIGNARD Monsieur Charpentier, un volet prévention a-t-il été intégré dans le guide pédagogique ? Le gaspillage sur les chantiers a-t-il été estimé ? Monsieur CHARPENTIER Les valises pédagogiques contiennent effectivement de la prévention, sur la méthodologie et la préparation des chantiers. Souvent, les chantiers ne sont pas préparés. Parfois, des trous sont refaits, alors qu’un morceau de polystyrène suffirait. Par ailleurs, nous travaillons avec les fabricants et les constructeurs en amont, par exemple sur la réduction des emballages des produits de chantier. Un effort a également été réalisé sur les palettes. Le sac de ciment est ainsi passé de 50 à 35 kilos. Monsieur POIGNARD Le retour fournisseur pourrait-il été une solution pour réduire les emballages ? Monsieur CHARPENTIER Nous avons utilisé cette solution sur certains chantiers. Il est également vrai que la profession s’est intéressée aux palettes, qui sont très coûteuses. La livraison se fait en vrac et le fournisseur ne revient pas sur le site. Il faut donc trouver une filière d’élimination du bois. Monsieur PARMENTIER Je suis architecte. Nous sommes ici en aval, mais 5 l’aspect prévention est également essentiel. Dans votre document pédagogique, j’ai relevé quelques lignes engagées sur l’aspect de la réduction. Cela semble insuffisant. Il faut se donner les moyens pour que cet aspect soit mieux pris en compte. Par ailleurs, la compilation des plans départementaux me semble pertinente, mais il faut associer les producteurs de bâtiments, afin de les encourager à la démarche de qualité environnementale, à utiliser des matériaux sains. Certains produits de peinture n’ont pas la toxicité des produits sophistiqués. Il existe des alternatives, même si elles restent coûteuses. Les opérateurs devraient encourager les constructeurs à être exigeants sur ces matériaux sains. Je rappelle que l’espérance de vie des peintres est inférieure à celle des instituteurs par exemple. Je me demande comment associer les opérateurs en amont. Monsieur CHARPENTIER C’est la question que nous nous posons autour du développement durable. De nombreuses questions ne sont pas résolues. Par exemple, nous ne pouvons toujours pas répondre au logement à 100 000 euros, en raison de l’augmentation des coûts. Nous ne pourrons pas produire uniquement des produits bio trop coûteux. Monsieur LEFILS Les fabricants réfléchissent aux produits de demain, qui seront essentiellement réutilisables. Nous avons évoqué le recyclage, mais également les réticences des constructeurs à utiliser des matériaux de seconde vie. Je souhaiterais savoir où en est le marché. pation. Un sondage réalisé en fin d’année dernière demandait si la population faisait autant confiance aux matériaux recyclés qu’aux matériaux neufs. 70 % des interrogés ont considérés que les matériaux recyclés étaient aussi bons. Cela montre une évolution globale de l’opinion sur les matériaux recyclés. Ce sondage est d’autant plus intéressant que les personnes interrogées sont en partie des maîtres d’ouvrage. Cependant, il reste 30 % de personnes à convaincre, que nous retrouvons parfois parmi les maîtres d’ouvrage. La profession des maîtres d’œuvre reste également largement à convaincre. Le travail le plus important reste à réaliser sur ces derniers. Par ailleurs, dans les arguments que nous mettons en avant, il y a l’idée d’avoir une vision de la performance des matériaux, en imposant aux entreprises une obligation de résultat, plutôt que de moyen. Nous devons croire aux innovations possibles. Dès lors, les matériaux recyclés pourraient être plus largement utilisés. Monsieur LEFILS Cela répond en partie à ma question. Nous pouvons constater que la normalisation seule permet d’utiliser les matériaux en confiance. Au-delà du résultat du sondage, un responsable de marché public ne s’appuiera que sur des normes et des références. Au niveau du privé, l’assureur ne pourra couvrir un ouvrage que s’il répond à certains critères. Monsieur LEMEUR La profession a quand même évolué ces dernières années, même s’il reste un travail à réaliser. Monsieur CHARPENTIER Monsieur LEMEUR Nous sommes bien d’accord sur cette préoccu- Il faut bien séparer les produits inertes des DIB. Depuis quinze ans, les travaux publics ont pris une 6 avance considérable. Des routes sont refaites en utilisant 80 % d’agrégats. La Fédération du Bâtiment se bat pour les normes par ailleurs, car aucune assurance ne prendra en charge un ouvrage sans cela. Nous avons également réfléchi à des pistes sur le recyclage des DIB. Le problème est qu’il faut une volonté publique, compte tenu des coûts des chaufferies. Il faut des chaufferies adaptées, avec des conditions de stockage adaptées. Les déchets ne sont qu’une partie de la réflexion. Il convient également de tenir compte des questions d’énergie et de transport des déchets. Il est enfin nécessaire de réaliser un écobilan avant de mettre en place une solution. Nous ne pourrons pas mettre de centre de tri en place tant qu’il est possible d’évacuer directement des déchets en décharge à 10 euros la tonne, contre 60 euros pour un centre de tri. L’aspect de concurrence est un frein. Pour une entreprise de bâtiment enfin, le coût des déchets représente 3 % du chiffre d’affaires. Monsieur PADRIEU 70 % des déchets viennent de la démolition et 30 % des chantiers. Monsieur OSNA Si les mentalités évoluent, c’est parce que l’ensemble des personnes a changé de point de vue. Par exemple, le tri sélectif est admis aujourd’hui en France. Dans le BTP, il y a eu un divorce entre la population et les constructeurs et aménageurs. Les constructions des années 60 sont aujourd’hui rejetées. Il reste des carences pour associer la population aux opérations. Il faut essayer de penser avec la population, plutôt que de penser pour. Il est plus facile d’admettre une construction quand on en connaît la finalité, malgré les nuisances du chantier. Or trop souvent, le bâtiment raisonne sur le fait du prince. Monsieur LEMEUR Malheureusement, notre volonté ne suffit pas. Nous avons un budget et nous avons tendance à aller au moins coûteux. Il faut qu’une loi impose des obligations, car l’approche économique serait toujours prédominante. Monsieur CHARPENTIER L’entrepreneur n’agit pas forcément de la même façon que sa fédération. 80 % des personnes souhaitent des travaux pour améliorer les conditions de vie. En Ile-de-France, 80 % préfèrent éviter les soucis chez eux. Nous avons ouvert des chantiers au public pour démystifier un certain nombre de nuisances, toutes n’étant pas réelles. L’information est le maître mot. Des opérations ont été menées sur des zones sensibles, telles que la Nacelle à Corbeille. Trois mois d’information ont été nécessaires. Je suis loin d’être pessimiste, car de nombreuses personnes ont pris conscience de la situation. Les constats se font, avec des personnes de bonne intelligence. Cependant, il restera toujours de mauvais professionnels. C’est pourquoi je demande une vigilance des pouvoirs publics et une répression, afin de préserver notre métier. Quand un maître d’ouvrage constate 60 % de différence entre les prix, il ne peut pas connaître le prix juste. Au niveau des déchets, un travail énorme a été réalisé avec les plans, qui ont été travaillés en profondeur. Enfin, il faut se rappeler que le déchet n’a pas de frontière : il va où c’est le moins cher. Des plans inter-régionaux seront donc nécessaires. Aujourd’hui ainsi, la Seine-etMarne est la « plus grande poubelle de France », car les conditions d’accès sont simples. Certains entrepreneurs ne cherchent même plus le prix, mais d’avoir quelque chose pratique et accessible rapidement. Monsieur MANSEAU La communication est effectivement de plus en plus importante. Les communes s’engagent dans les démarches HQE devant la population, qui s’attend que les chantiers ne provoqueront plus de nuisance. Il est nécessaire d’impliquer des professionnels dans les schémas d’organisation, afin de fixer des objectifs réalisables. Il n’est pas possible d’avoir 0 % de bois ou de 7 plâtre dans les déchets. De la salle 70 % des tours de la Défense sont obsolètes. Le marché pour la déconstruction est considérable. Les objectifs sont d’avoir des objets répondant à la démarche HQE, qui n’est d’ailleurs pas une norme. Il est regrettable d’avoir de grands maîtres d’ouvrage réaliser n’importe quoi. Certains mélangent même des morceaux d’amiante aux chantiers ! Tout cela est une question de volonté. Monsieur MANSEAU Notre avenir passera par notre capacité à traiter les déchets. Par ailleurs, je ne pense pas que notre syndicat compte des brebis galeuses. La maîtrise d’ouvrage a également ses responsabilités, en faisant réaliser un chantier à un prix déraisonnable. Monsieur CHATEAU La formation des salariés sur les chantiers de bâtiment peut également être un problème. Monsieur CHARPENTIER Nous faisons des formations dans les CFA et organisons des stages sur la gestion des déchets dans les entreprises. Cependant, le plus important est le système méthodologique utilisé dans chaque chantier. Les problématiques des chantiers urbains ne sont pas les mêmes que celles des chantiers de campagne. Certains ne trouvent personne pour réaliser les travaux en milieu urbain. De la salle Vous avez envisagé deux modifications importantes : le permis de déconstruire et l’intégration des déchets PTB au PREDMA. Avez-vous envisagé une démarche auprès du Ministère pour modifier la loi ? Monsieur MANSEAU Pour le permis de déconstruire, nous nous adressons au Ministère depuis quinze ans. Nous n’avons jamais été entendus. Par ailleurs, le courrier régional a adressé un courrier au Ministère sur les déchets d’activité économique. La réponse a été plutôt négative. Cependant, le Grenelle de l’environnement a dû faire évoluer les mentalités. Monsieur VAILLANT Le Grenelle de l’environnement a suivi les recommandations des professionnelles. Trois mesures ont été actées, dont deux ont été évoquées : rendre obligatoires et opposables les plans départementaux de gestion des déchets du BTP et rendre obligatoire l’audit déchets dans le cadre des chantiers de démolition de bâtiments. La troisième mesure porte sur un outil économique, à préciser, qui permettrait en amont de privilégier les outils recyclés et en aval de promouvoir le recyclage par rapport aux solutions de mise en décharge. ORDIF : 55, rue Brillat Savarin 75013 Paris Téléphone : 01 45 65 50 10 Fax : 01 45 65 18 09 Email : [email protected] Site : http://www.ordif.com