Revue CNSF_2011_3eme P - A_Accidents

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Revue CNSF_2011_3eme P - A_Accidents
TROISIEME PARTIE
Sage-femme et santé de l’enfant : quelle contribution ?
La santé de l’enfant nous concerne bien au-delà de la période néonatale. Nous y
contribuerons via toutes les informations et l’action éducative que nous pourrons dispenser
aux futurs parents en préparation à la naissance et consultations prénatales, et aux parents
en suites de naissance. A cet effet, nous avons retenu 4 thèmes d’actualité :
Accidents, maltraitance, mort inexpliquée, et protection vaccinale.
A- Les accidents de la vie courante (AcVC)
1- Définition
Les accidents de la vie courante regroupent les accidents domestiques, scolaires, sportifs et
de loisirs, à l’exclusion des accidents de la circulation. On distingue les chutes, les
suffocations, les noyades, les intoxications, les accidents par le feu et les autres accidents.
2- Epidémiologie
2-1- Données générales
Les données de mortalité sont fournies à partir de 2000, première année d’utilisation en
France de la 10e version de la Classification internationale des maladies (CIM10).1Les
dernières analyses statistiques (Inserm 2005) font état de 269 décès par AcVC d'enfants de
moins de 14 ans, et leur attribuent plus de 20% des décès d’enfants de 1 à 4 ans.
Il s'agit de la première cause de décès accidentels chez les enfants de moins de cinq
ans en France et en Europe.2 Parmi les accidents de la vie courante dont sont victimes
les enfants, 4,5% surviennent avant l’âge d’1 an, 33% de 1 à 4 ans et 62,5% de 5 à 14
ans. Avant l’âge d’un an, dans plus de 75% des cas, les accidents se produisent à
l’intérieur de la maison.
L’objectif préconisé par la loi de santé publique du 9 août 2004 était de réduire de 50% la
mortalité par accidents de la vie courante des enfants de moins de 14 ans d’ici 2008.
L’évaluation à mi-parcours du Plan national santé et environnement atteste de l’effet
d’entraînement produit par cette nouvelle politique en matière de santé publique et de la
nécessité de reconduire un nouveau plan.3
2-2 Fréquence , incidence et causes chez les moins de 5 ans
- Répartition des accidents par âge: 33,9% à moins de 1 an, 66% de 1 à 2 ans.
- Dans l'ordre d'importance, les lieux à risques sont les pièces d'eau, notamment la cuisine
où se produit un quart des accidents, et on dénombre 112 cas d’accidents liés aux
baignoires chez les enfants de moins de 2 ans 4.
- Les autres causes d’accidents sont les chutes : 54%, les noyades:13,4%, les chocs et
collisions:10,7%, les brûlures par ingestion de liquide:10,7%.
1
L’état de santé de la population en France - Indicateurs associés à la loi relative à la politique de santé publique - Rapport
2008, p 236-237
2
Livre Blanc, « Prévenir les accidents de la vie courante », Eurosafe, 9 et 10 octobre 2008, Paris
Évaluation à mi-parcours du PNSE – Rapport du Comité d’évaluation - Juillet 2007
4
EPAC : Etude permanente sur les AcVc, 1996-2000
3
1
Chez les moins de 1 an, la chute est la première cause d'accident : 73 %
67% des accidents observés après une chute de table à langer ont concerné des enfants de
5 à 12 mois et sont associés dans 90 % des cas à une lésion de la tête.
Mécanisme et lieu de la chute :
43 % chutes de plain pied - 33 % d’une faible hauteur - 9 % dans les escaliers
5 % chute d’une hauteur > 1m
74 % à domicile - 8 % crèches - 8 % aires de jeu - 4 % transport
- Les accidents par brûlure seraient responsables de 35% de l’ensemble des
hospitalisations et à 76% concernent des enfants de 0 à 4 ans. Dans cette tranche d’âge,
les brûlures graves constituent plus de la moitié des brûlures graves (58%)5.
- Les articles de puériculture sont soumis au décret du 20 décembre 1991 qui renvoie à des
normes prévoyant des exigences de sécurité par type d’article.
Les accidents avec des articles de puériculture représentent 0,7 % de l’ensemble des
AcVC. Près de 90 % de ces accidents concernent les enfants de moins de 5 ans 6
Ce sont majoritairement des chutes (90 %) et dans 55 % des cas c’est un lit d’enfant qui est
impliqué ; une table à langer dans 34 % ; un transat dans 3 % ; une chaise basse, un
berceau ou un parc dans 2 % chacun ; une chaise haute, une chaise d’enfant ou un Baby
Bouncer pour moins de 1 % chacun.
- Enfin, les accidents par suffocation ou intoxication ne sont pas rares (12 %).
3-Information et Prévention
Au niveau national, la loi du 4 mars 2002 a confié ce rôle à l’INPES (Institut National de
Prévention et d’Education pour la Santé) et il existe de nombreux supports d’information sur
lesquels s’appuyer pour compléter l’action de prévention.
Les professionnels de santé de la petite enfance, y compris en maternité, ont un rôle
important à jouer afin d’accompagner les messages et de renforcer la prévention.
Chaque étape du développement de l’enfant comportant des risques spécifiques, il est
important de sensibiliser les parents à l’éveil psychomoteur de leur enfant et aux risques
inhérents à chaque étape et âge.
De plus, il convient de conseiller aux parents de veiller à la sécurité de l’enfant par une
surveillance permanente, mais également en lui apprenant comment éviter les dangers
avec des mots et des gestes adaptés à son âge.
Les punitions n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans ce domaine.
Enfin, il reste essentiel de les informer sur les dangers existant dans la maison et les bons
réflexes pour les éviter. 7
Ouvrage de référence :
"Guide qui protège les enfants et les nourrissons" ouvrage collectif, SAMU de Paris et CroixRouge Française
EPAC : Enquête Permanente sur les Accidents de la vie Courante, partie française du
système européen de surveillance EHLASS (acronyme pour European Home and Leisure
Accident Surveillance System). 8
5
EPAC : Etude permanente sur les AcVc, Annabel RIGOU, Bertrand THELOT, Institut de veille sanitaire
2005
6
Réseau Epac 2004-2005
7
INPES, « Accidents Domestiques ; Protégeons les enfants de 0 à 6 ans », octobre 2006, p7
8
Résultats de l’Enquête Permanente sur les Accidents de la Vie Courante Synthèse Années 1999 - 2001
réseau EPAC, p1 à 12