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N°119 – Juin 2016
Quelques dates à retenir :
* Journée Inter-églises le dimanche 3 juillet
* Semaine Missionnaire Mondiale
du 16 au 23 octobre :
« Annoncer la miséricorde »
CHRONIQUE RCF
Depuis deux ans, le service de la Mission
Universelle
réalise une chronique mensuelle sur RCF :
«De Séez et d'ailleurs».
Diffusion tous les quatrièmes mardis à 12H05.
Rediffusion à 18h40.
Pascal Durand - Jérusalem
circulaire datant du 27 février 2016
Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas ! Au milieu de ce carême qui
nous prépare aux festivités pascales, version 2016, le soleil et la chaleur reviennent
progressivement, mais sûrement, sur la ville de Jérusalem. Je suppose que l'hiver
n'aura pas été particulièrement plus froid que ceux des précédentes années. Mais avec derrière moi
toute cette période passée et vécue en Afrique de l'Est, j'ai ressenti le froid d'une manière assez
sensible. Oui, au cœur de cet hiver, je me suis senti tenté à rester bien au chaud, à m'enfermer dans une
chambre bien chauffée afin de mieux me protéger des agressions climatiques !
Par conséquent, ce temps de carême prends pour moi une couleur tout à fait particulière : le
soleil qui revient déjà m'invite et me pousse avec une énergie nouvelle vers la rencontre et le partage, à
sortir, et me sortir de moi-même. N'est-ce pas là déjà une première étape vers la conversion, c'est-à-dire
vers le retour vers Dieu, et vers les autres, à laquelle nous sommes tous appelés et invités en particulier
pendant ce carême ?
Avec le soleil, les pèlerins, touristes et autres visiteurs reviennent eux-aussi, en plus grand
nombre, vers notre basilique Sainte-Anne, et nous nous en réjouissons tous. Car en effet, depuis 2012,
les statistiques du nombre d'entrée par an n'ont fait que de baisser. Nous pensons que l'évolution plutôt
négative de la situation politique doit rendre frileux plus d'un visiteur potentiel. Pourtant, ceux qui
viennent ici nous confient souvent leurs joies qu'ils ressentent à l'occasion de cette démarche. Le pape
ne nous a-t-il pas tous invité en début d'année à effectuer un pèlerinage à l'occasion de cette année
jubilaire de la miséricorde ? Et comment ne pas penser que Jérusalem soit un lieu privilégié pour
concrétiser un tel projet ?
'Les temps sont accomplis !' nous annonce Jésus dans les premiers versets de l'évangile de Marc.
Si l'accomplissement, le plein épanouissement des temps se trouve ainsi au début et non pas à la fin du
livre, c'est sans doute pour nous indiquer qu'il s'agit d'un travail de longue haleine, d'une activité ou d'un
processus jamais terminé plutôt que d'un événement ponctuel. Quelques versets plus loin dans ce
même évangile, Jésus illustre son propos lorsqu'il libère un possédé de son démon. C'est le premier
miracle de Jésus dans l'évangile de Marc.
Voilà bien un programme pour ceux qui en auraient besoin, voilà bien ce qui peut remplir une vie
et ce qui peut accomplir et épanouir toutes les capacités, tous les désirs et aspirations humaines :
expulser ! C'est-à-dire travailler à l'élimination des forces du mal dans nos vies, dans nos communautés,
dans nos sociétés et dans notre monde ! Force est de constater que le travail n'est pas encore tout à fait
terminé et nous faisons toujours appel aux bonnes volontés ! Voilà bien l'épanouissement humain que
propose Jésus, libre à chacun de comparer avec ce que le monde peut proposer, et de choisir en
conséquence !
Depuis que l'on m'a demandé de résider à Sainte-Anne de Jérusalem, il m'est donné
d'approfondir ma compréhension de ce lieu unique que la tradition de l'église affirme être celui de la
petite enfance de Marie. 'Marie conçue sans péché', affirme-t-on avec force, surtout depuis les
apparitions qui ont eu lieu à Lourdes ! Donc, s'il y a un lieu dans lequel le mal aura été expulsé, éliminé
avec succès, c'est sans doute d'abord celui-ci !
Lorsqu'ils en parlent, les saints et les mystiques ne cessent de lier l'enfance de Marie à celle de
Jésus : l'une avait besoin de l'autre nous disent-ils ! Il ne saurait y avoir de salut strictement individuel
puisque la nature humaine implique nécessairement une dimension sociale et culturelle. En effet,
l'homme est un animal social ; la dimension sociale de son être est incontournable ! Ainsi, l'humanité de
Jésus avait besoin d'un modèle afin de vaincre les forces du mal et du malin auxquelles il était confronté
lors des différentes étapes de sa vie et de son ministère. Marie fournissait sans nul doute aucun, ce
modèle où il pouvait se référer à loisir ! De manière similaire, c'est dans la contemplation du salut qu'elle
engageait, qu'elle espérait et qui lui était promise, et sous la très sage direction d'Anne et Joachim ses
parents, que Marie a pu puiser la grâce de rester toute pure au travers les défis de son existence. Ce
n'est que dans une communion intense et dynamique dans laquelle Marie et Jésus étaient engagés,
qu'ils ont pu être préservés du péché dans les différentes étapes de leurs existences humaines.
Nous percevons ainsi tous les enjeux liés à la famille. La famille, on le sait, est la première brique,
la première cellule sur laquelle tout le reste de la société peut reposer. La famille, dans les meilleurs des
cas, construit, édifie un individu et le prépare à sa vocation de travailler à l'expulsion des forces du mal
dans notre monde, et ceci dans la mesure même ou ce travail aura été amorcé, présenté, proposé et
exercé en son propre sein. Mais la famille, dans les situations les plus malheureuses, comme quand elle
devient par exemple l'école de la violence, de la bassesse, de la lâcheté ou du mal en général, blesse,
heurte et handicape l'individu.
Et il n'est pas très difficile de comprendre que les estropiés font de bien piètres régiments !
Je constate déjà au travers quelques rencontres que j'ai eues depuis mon arrivée à Jérusalem
combien profondes sont les blessures intérieures que beaucoup nous portons en nous-mêmes. Pouvonsnous en être jamais totalement guéris lorsque celles-ci s'inscrivent aux âges les plus tendres de nos
enfances ? Les défis, les coups que notre monde moderne portent sans relâche sur l'institution de la
famille, fragilisent encore davantage les plus faibles. L'éclatement du modèle familial traditionnel au
travers nombreuses décompositions et recompositions, et les perspectives de manipulations diverses sur
la vie sont souvent autant d'occasions pour les enfants (qui deviendront grands), de douter des éléments
qui devraient être au fondement de la construction de leurs existences : être aimés, c'est-à-dire accueillis
sans conditions, respectés, acceptés, servis et honorés comme il se doit. Sans cette certitude et
assurance, combien est-il facile de s'engager dans des comportements compensatoires dangereux et
destructeurs, qui s'immiscent dans la vie, afin de tenter de combler, comme s'il en était possible, le
doute, la blessure béante intérieure que rien ni personne ne saurait remplir. Il nous est permis de penser
que nombre d'horreurs ayant lieu dans notre monde contemporain n'a pour cause ultime que ce
sentiment insupportable de n'avoir pas été initialement inconditionnellement aimé et accueilli !
Le monde avenir sera à la mesure de nos enfants, et nos enfants seront à la mesure de nos
cœurs. Voilà pourquoi, ceux qui continuent avec foi d'accueillir les enfants sans conditions, et qui
s'efforcent de les honorer et de les édifier dans des cellules familiales stables, véritables écoles de la vie
et du respect, pour autant que cela leur est possible, me semblent avoir raison.
Il en va de la stabilité et du salut de notre monde.
Nous souhaitons que Sainte-Anne de Jérusalem continue d'inspirer, de fortifier celles et ceux déjà
engagés dans ce combat. Soyez assurés de notre prière à cet effet. Que ce qui a été amorcé sur ce lieu
puisse répandre ses grâces sur vous toutes et tous.
Et que la lumière du ressuscité renouvelle et raffermisse votre espérance : joyeuses Pâques à
chacun et chacune d'entre vous.
Fraternellement,
Pascal Durand
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Gérard Riblier - Burkina-Faso
mail du 8 mai 2016
Des nouvelles du Burkina Faso :
Du 15 Janvier, jour des attentats à Ouagadougou , jusqu'au 15 mars, j'ai été obligé
de m‘éloigner de la frontiére du Niger, zone menacée par les Djihahistes et de
beaucoup de pilleurs, et de banditisme, puis je suis retourné pour les Baptêmes à
Paques avec beaucoup de joie de retrouver la paroisse de Kantchari car à 2 prêtres, nous avons 53 villages
à desservir en moto dans la brousse. Je viens de recevoir une nouvelle affectation pour ouvrir une
nouvelle Paroisse en septembre complétement à l'ouest, près de Bobo-Dioulasso avec un jeune Père
Rédemptoriste ; oui, c'est cela la mission , être toujours disponible.
A tous , je redis mon union de prières
Gérard Riblier
Soeur Bénédicte Prévost - Brésil
circulaire datant du 20 avril 2016
Chers parrains, chers amis, chère famille,
C’est une fois de plus que je viens vous donner quelques nouvelles de ma mission au
Brésil. Cela fait maintenant deux ans que je suis ici. Le temps passe tellement vite !
La Fazenda, un nouveau visage
La fazenda a un caractère très familier et intime cette année. Nous sommes une quinzaine entre les
consacrés, les jeunes volontaires - qui sont an nombre de trois cette année : Ilona (polonaise), Cécilia
(argentine) et Lucie (française) - et les personnes accueillies : Daniel et Marcos (deux frères accueillis à La
Fazenda Il y a 11 ans), Anita et Diego (accueillis respectivement depuis 21 et 16 ans), Rafaela et Roseane
(deux adolescentes).
Les deux familles que nous avions accueillies l’année dernière sont reparties vivre dans leurs lieux respectifs.
Notre mission auprès d’elles continue par des visites que nous leur rendons de temps en temps. Grâce à
Dieu, elles sont bien entourées là où elles sont par des communautés, celles-là mêmes qui nous les avaient
envoyés. Leonardo, qui était avec nous depuis un an pour pouvoir terminer ses études du lycée et passer son
permis de conduire, le tout en poche, nous a quitté avec un travail en main !
Marcos et Daniel
Daniel est revenu dans notre maison (l’année dernière, il vivait avec un couple de volontaires maintenant
reparti) avec cette fois, son frère Marcos. Avec Daniel, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de joie
après un an. Même si Daniel reste très difficile à éduquer, refusant de grandir au fond, il y a une chose très
positive et une réelle espérance pour lui, c’est que son frère, qui a maintenant 15 ans, le prend en main et
peut avoir une bonne influence sur lui car il est l’idole de son frère ! Daniel à de quoi se raccrocher à la vie
comme à une bouée, de même pour Marcos ! Marcos est un adolescent surprenant, responsable, qui se
prend en main depuis que je le connais. Il a ses tentations d’adolescent, a tendance à se laisser influencer par
ses pairs, pas toujours de très bonne compagnie mais il sait se laisser corriger, aider, guider. Vivre avec
Marcos, que j’appréhendais beaucoup car l’amitié n’a pas été toujours facile, fût une belle expérience de
découverte et d’accueil mutuels. Je l’ai découvert accueillant, bavard, passionné.
Le visage le plus ancien de la Fazenda, Anita
Je vous avais déjà parlé d’Anita de manière brève dans ma première lettre. Anita est un exemple pour moi.
Elle est schizophrène. Tantôt elle vit au ciel (et a un sourire jusqu’aux oreilles) tantôt elle vit dans l’angoisse
où son visage se ferme. Elle est souvent absente, absorbée dans ses visions, et à la fois extrêmement
présente. La vie d’Anita est un mélange de maladie psychique (de l’ordre de l’imagination), de grâces
spirituelles de part sa vie de prière intense et son humble travail (elle prie constamment le chapelet), de
souffrances liées à sa maladie, liées à sa solitude (elle est loin de sa famille), liées au péché du monde. Elle
porte ses souffrances (reste fidèle, debout au pied de la croix) et celles des autres.
J’ai la chance de visiter le village de Passagêm, à côté de chez nous avec Anita. Elle ne le visitait plus depuis
des années et depuis peu, elle nous accompagne de nouveau. Anita désire vivre la mission de compassion.
Ces visites sont très divertissantes et profondes à la fois. Quand nous arrivons en Combi, elle salue tout le
monde, à la manière du pape dans sa papamobile, en faisant le signe de la victoire et en disant « Paix et
amour », elle sème ses désirs pour chacun et va vraiment vers l’autre avec cette conscience d’aimer et de
consoler. Elle est très bavarde, parle tout bas aux personnes âgées qui ne l’entendent pas, raconte ses visions
aux gens qui, perplexes ne savent pas trop si c’est du lard ou du cochon, distribuent ses images pieuses en
annonçant l’amour du Christ ! A la dernière visite, elle racontait sa vision, qu’elle pensait réelle : le choeur de
notre chapelle était remplie de roses du sol jusqu’au plafond, c’était pour elle faire un cadeau à la femme qui
nous accueillait, lui donnant quelque réconfort et espérance. Outre son zèle apostolique, Anita m’enseigne,
,
par sa fragilité, la douceur et la délicatesse. Elle arrive chez nous à l’improviste et nous oblige à nous arrêter
telle la visite inattendue de Notre Seigneur. Elle est si fragile qu’elle nous oblige à être délicate, au moins le
temps d’un moment !
Un visage à Passagêm
J’aimerais vous parler de Senhora dos Reis (dont la traduction est “la dame des rois”) que nous visitons assez
régulièrement à Passagêm, notre village voisin. Elle a 85 ans et passe une bonne partie de ses journées toute
seule chez elle (ses enfants venant la voir de temps en temps). Elle est considérée par tous comme
abandonnée car au Brésil, les personnes âgées ne vivent pas seules mais avec leurs familles. Cette petite
bonne femme est d’une humilité sans pair, discrète, ne se plaint jamais même si l’on sait, par quelques
confidences fugaces, que cette solitude est une souffrance. C’est une femme de prière, toute la journée elle
écoute la radio catholique (elle ne regarde pas la télévision car il n’y passe rien de bon, nous dit-elle) et récite
Le chapelet. Nous aimons l’écouter avec beaucoup d’attention, comme pour recueillir quelque trésor de la
bouche d’un ancien et d’un ancien qui a beaucoup souffert. Je lui disais qu’avec sa santé de fer, elle allait
vivre jusqu’à 100 ans et je lui demandais si elle aimerait cela. Elle m’a répondu avec une grande humilité et
douceur : « Tu sais ma fille, ce n’est pas moi qui décide, c’est le Bon Dieu, j’irais jusqu’où Lui le dira. » Elle a
aussi une éternelle reconnaissance pour tous ceux qui l’ont aidé dans sa vie. Une fois, elle s’est mise à genoux
devant nous en signe de gratitude envers un membre de la Fazenda qui l’avait aidé quelques années
auparavant ! Quelle simplicité !
De nouveaux visages à la Fazenda
Nous avons proposé divers temps de retraite depuis le début de l’année, avant le carnaval, durant la semaine
sainte et à la pentecôte. C’est l’occasion pour moi de m’émerveiller devant le don de chacun pour rendre le
lieu accueillant et être attentif à ce dont les personnes ont besoin pour être nourries dans leur corps et dans
leur âme. Ce sont des moments de grande communion, d’amitié où les personnes se sentent accueillies
comme dans une famille, participant à notre vie, partageant notre table. C’est ainsi que de nouvelles amitiés
naissent avec les personnes retraitantes et qui souvent ont de lourdes croix à porter.
Je vous remercie pour votre prière, votre aide, votre amitié, votre fidélité qui me permettent de continuer à
vivre cette mission d’accueil des plus nécessiteux. Nous avons toujours besoin de vous pour continuer cette
mission.
Un grand merci pour votre aide.
Soyez tous assurés de ma prière.
Sœur Bénédicte
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Soeur Paule-Raymonde Favrot - Maroc
mail du 9 mai 2016
A la fraternité de Casablanca nous sommes actuellement 6 petites soeurs dont 2
petites soeurs se soignent pour un cancer... Nous avons vécu 9 mois au rythme des
rendez-vous de médecin, des séjours à l'hôpital, des séances de chimio et de
rayons... Pour Béatrice, les soins sont terminés, elle va pouvoir prendre 3 mois de
repos. Pour l'autre petite soeur, elle continue des rayons mais elle espère bientôt etre libérée des soins
et aller saluer sa maman en Corée... C'est un long voyage 18 heures d'avion, il faut avoir retrouver des
forces mais on va vers ça ce moment.
Nous fêtons aussi cette année les 100 ans de la mort du Bienheureux Frère Charles de Jésus...... Nous
avons essayé de le faire connaître parmi les étudiants subsahariens qui étudient dans les facultés ici au
Maroc... Au moment des Journées mondiales de la Jeunesse de Casa, un soir, nous sommes allées
présenter Frère Charles, il n'est pas très connu, ayant aussi un passé lié à l'histoire du Maroc. Il peut au
moins nous redire son amour pour ce peuple, pour sa culture et aussi son approche bienveillante de
cette foi des musulmans.
Je suis allée aussi rencontrer des jeunes qui se préparent à la Profession de foi pour leur parler de Frère
Charles et aussi de mon chemin à la suite de Jésus... des jeunes de 11, 12, 13 ans et leurs parents.... une
bonne écoute, un monde d'expatriés la plupart français.
Ma vie se passe en commençant la journée par une heure de prière silencieuse très tôt le matin puis
nous disons l'office ensemble et chacune va à son travail. Pour moi, je suis souvent à la cuisine le marché
et quelquefois au jardin surtout près des fleurs.... Nous avons eu de belles capucines de toutes couleurs,
des marguerites rouges bleues. Maintenant c'est les temps des roses mais là, c'est rare....
Bonne fête de Pentecôte à chacun et chacune
Pte Sr.Paule-Raymonde de Jésus
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Lucie André - Cameroun
Épisode 7 - Mai 2016
Bonjour à tous,
J'espère que vous vous portez bien.
Pour ceux qui sont en France, le printemps est déjà bien avancé. Ici la saison
des pluies était de retour mais elle semble traîner un peu, on peut être plus
d'une semaine sans pluie (donc avec le retour de la poussière) alors qu'il devrait pleuvoir au
moins un jour sur deux. C'est la saison où les termites sortent, les enfant en ramassent tard le soir
ou très tôt le matin (avant le lever du jour), quand on les attrape on les mets dans un seau d'eau
pour qu'ils s'échappent pas, puis on les fait frire, on enlève les ailes et on mange !
Au programme de ce nouvel épisode : la visite de mes parents, la fête du travail, mes expériences
culinaires, [...]
La visite de mes parents,
Au début du mois d'avril, j'ai eu la visite de mes parents pour presque 2 semaines. J'ai donc eu
l'immense plaisir de manger du fromage (de la tomme de vache fabriquée en Normandie qui a
bien résisté au voyage) et de la confiture de mûres !
Difficile de raconter deux semaines en quelques lignes, mais ce premier grand voyage en dehors
de la France les a marqués (peut-être que vous aurez un hors-série de Lucie au Cameroun
prochainement avec les aventures des parents de Lucie au Cameroun), et ça m'a fait très plaisir de
les voir et de leur montrer où et comment je vis, ce que je fais...
On a fait le tour de tous les amis qui voulaient absolument voir mes parents, ils on mangé le
couscous avec les doigts, on est allés faire un tour au village et bien sûr ils ont visité le CEFAN et
découvert toutes les plantes inconnues ou pas cultivées en France (gombo, morelle, plantain,
manioc, igname, arachide...). Et pour être sûre qu'ils puissent se débrouiller seuls, j'ai passé deux
jours à l'hôpital pour des problèmes de ventre pendant leur séjour (j'attendais qu'ils soient là pour
faire un séjour à l'hôpital !).
Après avoir déposé mes parents à l'aéroport, je suis passée par Douala pour un rendez-vous au
consulta. J'ai fait l'expérience du sauna pendant 15H, avec en plus la pollution et le bruit de la
ville... et bien j'espère bien ne jamais avoir à retourner à Douala ! Je n'avais qu'une envie pendant
que j'étais là-bas : rentrer à Foumban !
La fête du travail,
Le jour de la fête du travail, c'était à nouveau défilé devant les autorités administratives, comme la
fête de la jeunesse et la fête de la femme. C'est un peu bizarre pour une Française de défiler
devant les autorités un 1er mai, mais ici, la fête du travail est comprise comme la fête des
travailleurs : les grandes entreprises ou institutions font imprimer chaque année un pagne différent
pour coudre une tenue de défilé pour tous leurs salariés (tout est bon pour le commerce des
pagnes : le 8 mars, le 1er mai...). Au CEFAN, on a fait coudre une tenue pour tous les salariés avec
le logo du CEFAN. Et pour être sûr que tout le monde vienne défiler, on donne un billet de 10000F
(15€) à la fin du défilé !
Comme c'est la fête des travailleurs, le soir c'est la fête dans la ville, et comme le 1er mai tombait
un dimanche, le 2 était férié (si une fête nationale tombe un dimanche, le lundi est férié, le
président peut le décider aussi pour les fêtes religieuses).
Mes expériences culinaires (réalisées et goûtées).
À part les vers blancs que vous avez vu en photo je crois pas vous avoir beaucoup parlé de
l'alimentation ici. Je n'ai pas eu trop de mauvaises surprises... mais j'imagine déjà la tête de
certains devants quelques trucs que j'ai mangé (hein Binôme). Le plat traditionnel est le couscous,
mais ici il ne s'agit pas de ce qu'on appelle couscous, il s'agit d'une boule de farine de maïs. On
le mange le plus souvent avec une sauce et des légumes : le njapcha (appelé le légume, c'est de la
morelle qu'on coupe et qu'on fait cuire comme des épinards), le gombo (un fruit qui fait une sauce
gluante). On mange souvent ça avec du poisson séché, du poisson ou du poulet. On mange aussi
de la patate douce, du riz, du plantain... J'apprends petit à petit à cuisiner tout ça.
Côté boisson, boire du coca ou de l'orangina au Cameroun, c'est local, car c'est fabriqué sous
licence par les Brasseries du Cameroun (l'entreprise qui marche le mieux au Cameroun car une
pénurie de bière déclencherait sûrement des émeutes!). Mais je fais toujours de la résistance en ne
buvant pas de coca !
Certains seraient malheureux ici : on ne parle pas pendant les repas et il n'y a pas vraiment
d'heure pour les repas et on peut manger la même chose matin, midi et soir, il n'y a pas de règles,
un jour on peut manger le riz le matin, l'omelette le midi et le couscous le soir et le lendemain
faire le contraire.
Côté trucs bizarres, j'ai eu droit à une pause café avec un sandwich sardine-vache qui rit, à une
salade d'avocats avec en guise de sauce du lait concentré (finalement ça se laisse manger) et j'ai
vu quelqu'un prendre du pain brioché avec du nutella et de la mayo dedans (ça j'ai pas osé
tester) !
Pour mes expériences, j'ai utilisé le four à pain pour faire des pizzas, bon c'était des pizzas à
peine cuites car on a allumé le four trop tard et seulement avec des tomates et des oignons mais
c'était des pizzas quand même. Je ferai mieux le prochaine fois ! Au moins je sais maintenant que
je peux faire cuire des choses dans le four à pain, je vais pouvoir diversifier un peu la cuisine (ici
on ne cuisine que sur le feu ou sur le gaz, mais les quiches ou autres plats au four me manquent
un peu). Je vais aussi essayer de faire un four solaire.
J'ai aussi profité de l'abondance des mangues pour faire un peu de confitures de mangues. Ici on
ne consomme pas la confiture mais les élèves ont trouvé ça très bon, on va sûrement en refaire
pour qu'ils mettent sur leur pain le matin, et peut-être pour en vendre un peu.
[...]
Voilà pour cette fois
On est ensemble,
Lucie
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Jean-Louis Déclais - Algérie
mail du 23 mai 2016
A Oran, la vie continue, et l’été semble enfin arrivé, après un hiver qui a
manqué de pluies (le printemps a compensé en quantité, mais c’était souvent trop
tard pour les céréales), et un avril où il ne fallait pas se découvrir d’un fil.
Deux choses à noter :
Pendant les vacances de printemps, j’ai été appelé à Constantine pour donner une initiation à
l’hébreu biblique (cinq jours de session intensive) à une douzaine d’étudiantes en religions comparées de
l’université des Sciences islamiques. Elles le réclamaient depuis longtemps, et cela s’est passé dans les
locaux de la bibliothèque « Religion-et-Langues » de l’évêché de Constantine. Voir le numéro 9 de
L’Église dans l’Orne.
Les 13 et 14 mai, un colloque s’est tenu au Centre Pierre-Claverie (c’est-à-dire la Maison
diocésaine d’Oran) pour marquer le 20e anniversaire de l’assassinat de Mgr Claverie (1er août 1996), en
compagnie du jeune Mohamed Bouchikhi qui était allé le chercher à l’aéroport et qui se trouvait près de
lui pour l’aider à porter ses bagages quand la bombe a fait sauter la porte de l’évêché. Le colloque a voulu
non pas revenir sur le passé, mais vérifier si le message de Pierre Claverie restait actuel pour ceux qui ne
l’ont pas connu, c’est-à-dire les gens d’autres pays et la jeune génération d’ici. La vérification a été faite.
Pendant les deux jours, le centre a été rempli d’un public attentif et fraternel, en grande majorité algérien.
Parmi les intervenants, il y eut un prêtre béninois qui rédige une thèse sur la pensée religieuse de Pierre
Claverie. Au cours d’une table ronde, des jeunes se sont exprimés, parmi lesquels Jean-Baptiste Germain
(qui joue le double rôle de P. Claverie et de M. Bouchikhi dans la pièce « Pierre et Mohamed », jouée ici
le soir du 13 mai et déjà représentée en France plus de 300 fois) et un étudiant algérien qui, au cours de
ses années d’étude en Chine, sut se référer à la pensée de Claverie pour s’ouvrir au milieu international
dans lequel il était plongé.
La représentation de « Pierre et Mohamed » devant la sœur et le beau-frère de Pierre Claverie,
ainsi que la mère et le frère de Mohamed Bouchikhi, et cela à deux pas de la tombe de l’évêque, fut
évidemment un grand moment d’émotion.
Les uns et les autres auront déjà eu un écho de l’événement dans La Croix qui avait envoyé une
journaliste sur place. Le 7 août, lors de l’émission Le Jour du Seigneur, sera diffusé un court-métrage
réalisé à Oran au printemps dernier et présenté en avant-première au début du colloque.
Jean-Louis Déclais
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Marie-Charlotte Hitier - Togo
mail du 3 juin 2016
Le temps passe à vive allure, cela fait déjà huit mois que je suis ici
et que je m'occupe d'une vingtaine d'enfants quotidiennement.
Tout au long de l'année nous avons accueilli ces enfants qui
viennent avec leur joie, leur manque d'affection, leurs besoins de se faire remarquer et que
l'on s'occupe d'eux personnellement, leurs tristesses, leurs difficultés scolaires et leurs
envies d'apprendre. Une grande majorité a fait de réels progrès scolairement parlant ainsi
qu'au niveau du comportement. Dernièrement ils ont confectionné des trousses en couture,
autant les garçons que les filles ont apprécié cette activité et se sont appliqués pour que
leurs ouvrages soit beaux !
Les élèves de première passant leur bac mi-mai, les lycées étant centres d'examen ferment
donc leurs portes aux collégiens. Par conséquent les élèves ont fait leurs compositions
début mai et sont déjà en vacances. Le troisième trimestre a donc été très et trop court !
Le centre ferme ses portes durant quinze jours mais nous accueillerons de nouveau les
enfants pour quinze jours de work and play début juin. Au programme révision des cours
vu pendant l'année le matin et jeux divers et variés l'après-midi, Scrabble, basket, activités
manuelle, danses et chants.
Durant l'année, il y a eu différentes activités organisées chez
et par les sœurs comme un week-end des collégiens suivi de
celui des lycéens. Une fois tous les quinze jours j'ai aidé à
l'aumônerie avec les collégiens de l'établissement privé.
Durant l'après-midi un grand-jeu était organisé par une sœur,
cette année le thème était les apôtres.
Cet été plusieurs camps d'une semaine sont organisé par les
sœurs, celui des collégiens, des lycéens, des étudiants et ceux
des groupes de prières.
Au niveau des activités, je vais une fois par semaine dans un
orphelinat aider les mamans qui s'occupent d'une cinquantaine
d'enfants répartis en trois groupes.
Je fais également du soutien scolaire dans une association ANGE (ami pour une nouvelle
génération d'enfants) je m'occupe des CP1 et CP2.
En union de prières
Marie-Charlotte