Homélie pour les funérailles de René
Transcription
Homélie pour les funérailles de René
Homélie pour les funérailles de René-Xavier NAEGERT, dit le Pope Strasbourg, le 26 février 2015 - Jean 15, 9-17 Laissons résonner en nous ces paroles que le Pope a tant médité et qu’il a désiré nous faire entendre aujourd'hui. Elles sont extraites du 2e discours d’adieu de Jésus dans l’évangile selon St Jean. C’est le testament de quelqu’un qui est arrivé au bout de sa mission. Les disciples de Jésus sont bouleversés à l’idée de son départ tout proche. Alors Jésus reprend une image familière aux croyants de son temps. « Je suis la vigne et vous êtes les sarments. » Il n’a qu’un désir : que ses disciples demeurent dans son amour. Comme la sève circule dans la vigne et irrigue les sarments, ainsi en va-t-il de Jésus et de ses disciples, et pas uniquement de ceux d’autrefois. Il en va de nous tous. Dans ce passage, il est question neuf fois « d’amour ». L’amour dont parole Jésus, c’est d’abord celui qu’il a reçu de son Père. Quelqu’un qui a aimé durant toute une vie, a reçu beaucoup d’amour. On ne peut donner que ce qu’on a reçu. C’est vrai pour toute personne. Jésus a exprimé l’amour reçu du Père par le don qu’il a fait de sa vie alors qu’il était rejeté hors de la ville hors du champ de l’amour. Au-delà de la vie, il n’y a plus rien à donner. Il n’y a de communauté de foi, de communauté fraternelle que fondée sur un amour inconditionnel. Un tel amour prête à l’autre plus de fraternité, plus d’amitié et de bienveillance que celui-ci n’est capable de montrer. Une communauté s’élève quand des personnes de tous horizons, de toutes opinions découvrent un amour qui fait vivre en communion au-delà des différences et des oppositions. Une communauté existe vraiment quand nous prenons appui les uns sur les autres et que nous nous mettons à l’écoute de ce qui permet à chacun de vivre. Dans cet évangile, l’avez-vous remarqué, il n’y a pas d’adversaires. Il n’y a que des amis. Les disciples ont appris le secret qui est à la source de la vie de Jésus. A ceux qu’il aime, à ceux auxquels il donne sa vie, Jésus peut dire les exigences de l’amour. L’amour demande à être incarné dans le concret de la vie, autrement qu’en paroles. L’amour appelle à une extrême fidélité dans le plus humble, le plus ordinaire du quotidien. Celui qui aime, entre en proximité avec Dieu. Il connait Dieu, nous dit le même apôtre Jean (1 Jn 4, 7) Voir Dieu, le connaître, n’est-ce pas là le rêve des hommes ? Dans le premier testament, le peuple de Dieu a cru que c’était le privilège de quelques grandes figures comme Abraham, Moïse à qui Dieu parlait face à face comme un homme parle à un ami. (Ex 33, 11) Avec Jésus, ce n’est plus le privilège de quelques-uns. C’est la vocation de toute personne. En matière d’amour, nous sommes à égalité. L’amour ne connaît pas de frontière. Si nous sommes tellement touchés par le départ du pope, c’est parce que son amitié inconditionnel pour chacun de nous, nous a appris qu’aimer consiste à s’engager sans restriction pour le frère, la sœur pour lui permettre une vie en plénitude. Voilà pourquoi montent aussi sur nos lèvres ces mots de la louange débordante de la lettre aux Ephésiens : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ… Il nous a choisis dans le Christ pour que nous soyons ses fils adoptifs… » Encore une parole pour les enfants Vous êtes très patients, très attentifs aujourd’hui. Quand le pope est tombé malade, il m’a dit que vous lui manquiez. Il avait beaucoup de peine parce que pour la première fois, il ne pouvait pas vous accompagner en Autriche. Mais vous, vous êtes venus jusqu’à lui. Vous êtes les enfants bien-aimés du Seigneur. Le pope vous le redit aujourd'hui . Vous vous rappellerez tous les jours qu’il était ce prêtre qui disait souvent : « Vive la vie ! » La vie n’est pas triste, quand on apprend patiemment à aimer.