Maures Dans le massif des Maures aux forêts sans pareilles, Le

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Maures Dans le massif des Maures aux forêts sans pareilles, Le
Maures
Dans le massif des Maures aux forêts sans pareilles,
Le promeneur ravi dans les bois s'émerveille.
Mêlés à des futaies de chênes et de rouvres,
Les arbousiers géants de baies rouges se couvrent.
Des chemins escarpés bordés de maquis rudes
Serpentent en s'élevant vers d'âpres solitudes.
La-haut sur les sommets on demeure ébahi,
On a vue sur les Alpes aux confins d'Italie.
On voit de Notre-Dame, par un temps calme et clair,
L'océan de verdure s'étendre vers la mer.
Dans l'azur infini, à l'horizon, les vagues
Frangent les Îles d'Or d'une dentelle d'algues.
Dès que l'automne est là, arrivent les palombes ;
Leurs grands vols bleus, soudain passent en trombes,
Survolant les grands pins, souvent elles s'arrêtent
Fuyant les vents du Nord et les grandes tempêtes.
Maures, lors des hivers si fantasques parfois,
La neige si jolie poudre de blanc vos bois,
Le givre par grand froid cristallise vos arbres
Et transforme leurs troncs en colonnes de marbre.
La narcisse d'Avril fleurit les monts de Georges,
De petits torrents scintillent dans leurs gorges.
Les timides violettes bordent tous les sentiers
Et se cachent dans l'ombre de puissants châtaigniers.
Au Printemps, les genêts épineux, les cytises soyeux
Embrasent les collines éblouissant nos yeux.
Les versants colorés de reflets magnifiques
Éclairent le couchant tel un feu d'artifices.
Les lentisques et les cistes aux fleurs blanches et roses,
Les cent papillons qui sans cesse s'y posent,
Les lavandes stoechas, douces odeurs de miel,
Mélangent les couleurs en un bel arc-en-ciel.
Sous couvert de fougères, les fraisiers se camouflent
près des cèpes odorants sur un tapis de mousse.
Des milliers d'ouvrières en quête de pollen,
Dans les champs de bruyère butinent, hors d'haleine.
Une buse criarde plane, en haut, sur les cimes,
Repérant à coup sûr sa future victime.
Elle évolue, gracieuse, portée par les courants,
On la croirait fixée aux fils d'un cerf-volant.
Aux beaux jours, le matin entend siffler les merles,
Quand le soleil paraît et que la rosée perle.
Vois, le mauve des pervenches, des boutons d'or l'éclat,
Dans un si beau décor, on ne se lasse pas.
La-bas, dans le lointain, le tam-tam du pivert,
Délogeant les fourmis qu'il gobe en un éclair.
Dans les taillis touffus gazouille la fauvette,
Le rossignol, la nuit, pousse la chansonnette.
La grive musicienne chante sa mélodie,
Le grand geai furibond lui répond à hauts cris.
Puis, quand vient le coucou, ce grand pilleur de nid,
Nous savons seulement que l'hiver est fini.
Écoute au grand soleil, la joyeuse cigale,
Diffuser dans l'Azur sa chanson provençale ;
Vois la tortue d'Hermann, toujours si convoitée
Que l'on devrait pourtant laisser en liberté.
Vois ces hameaux en ruines, envahis par le lierre,
Ces 'lueugues' où les anciens montaient les charbonnières,
Ces cabanons rustiques construits en pierres sèches,
Près de petites sources d'où ruisselle l'eau fraîche.
Sur les rochers du Caou ou ceux de l'Argentière,
Le chasseur à l'affût par des journées entières,
Admire la vallée dans son décor sauvage,
Et là-bas, tout au fond, les toits de son village.
La 'Violette des Maures' mérite bien son nom.
La petite cité, des lieux est le fleuron.
Ses maisons alignées un peu à l'aventure
Se marient joliment au sein de la verdure.
Combien de fois je rêve, cheminant dans les drailles,
A cette paix divine qui vous prend aux entrailles,
A ce calme troublant, loin des bruits et des mots,
Je suis prêt à penser qu'il n'est rien de plus beau.
Maures ! Pays de mes aïeux, berceau de mes parents,
Que d'années ont passé inexorablement ;
Maures qui m'ont vu naître, Maures enfin que j'adore,
J'aimerais, près de vous, vivre longtemps encore.