vigilance 2003 - Météo
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vigilance 2003 - Météo
La dimension internationale Le concept même de développement durable comporte une dimension de coopération internationale forte. Par sa place dans l’environnement météorologique international, et grâce à une politique active de coopération avec les services météorologiques étrangers, Météo-France contribue aux objectifs exprimés par le Millénaire pour le développement, tout comme à ceux des plans d’actions internationaux en matière de prévention des catastrophes. Les articles qui illustrent ces activités démontrent l’engagement de Météo-France au profit de nombreuses initiatives mondiales comme le Giec ou Thorpex, européennes comme GMES, en appui de la politique française d’aide au développement au travers du FSP Ripiecsa (Recherches interdisciplinaires et participatives sur les interactions entre les écosystèmes, le climat et les sociétés en Afrique de l'Ouest) et en soutien à l’Acmad (African Centre of Meteorological Application for Development). Il convient aussi de ne pas oublier l’apport essentiel des filiales Météo France International et Météorage qui fournissent aux services météorologiques de plusieurs pays en développement les moyens de contribuer pleinement aux plans de développement et d’actions nationaux d’adaptation. Meteoalarm : la vigilance européenne Le site www.meteoalarm.eu de vigilance européenne, développé en coopération avec les services météorologiques membres du réseau Eumetnet, a été ouvert au grand public en 2007. Devenu opérationnel en 2008, il est entré dans une phase de consolidation et d’extensions, notamment du nombre de pays participants. L’année 2008 a vu l’adhésion de nouveaux pays : Croatie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et République Tchéquie. Cette « vigilance européenne » a adopté les principes généraux de la vigilance de Météo-France avec une expression des risques selon le même code de couleurs (vert, jaune, orange et rouge), des pictogrammes permettant de représenter les phénomènes dangereux, et une validité de 24 heures pouvant si nécessaire être étendue à 36 heures. La vigilance météorologique européenne s’appuie sur les systèmes de vigilance propres à chaque membre participant. Les phénomènes couverts pouvant différer d’un pays à l’autre, des liens vers leurs systèmes de vigilance ont été mis en place et permettent de consulter leurs bulletins de suivi. 1 1 Site de Meteoalarm, la vigilance européenne. Des liens permettent aussi de consulter les systèmes de vigilance et les bulletins de suivi nationaux. 2 Le projet Radars-Caraïbes L’Organisation météorologique caribéenne (CMO) a mis en place un projet de coopération internationale, financé par l’Union européenne et intitulé Weather Radar Network Warning System. Il a pour objectifs principaux de : – réduire la vulnérabilité de la région caraïbe face aux effets dévastateurs des cyclones qui entravent son développement économique et social ; – utiliser pleinement la capacité des radars ainsi que la concentration, l’intégration et la diffusion d’images composites ; – améliorer le système d’alerte au temps dangereux de la région. La CMO a sollicité Météo-France pour fabriquer et diffuser toutes les quinze minutes une image composite (ou mosaïque) combinant les données de l’ensemble des radars du réseau. La convention comporte la livraison d’un logiciel de visualisation destiné aux services météorologiques de la région, la diffusion des images composites sur Internet et la formation des météorologistes d’Haïti à l’utilisation de l’imagerie radar. Le réseau opérationnel devrait rapidement comporter neuf radars : quatre sont déjà en exploitation (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Jamaïque), un cinquième doit être remis en service en République dominicaine, et quatre nouveaux radars viennent d’être installés à la Barbade, à Belize, à Trinidad et au Guyana. Les mosaïques, qui comprennent les données de trois radars français, sont diffusées par le système régional de transmission par satellite. Elles sont disponibles et accessibles à tous, via Intranet, sur le site web de Météo-France. 2 26 . Rapport développement durable 2007-2008 Les trois radars français du réseau caraïbe. Coopération avec les pays du Maghreb La politique active de coopération bilatérale de Météo-France avec les pays du Maghreb bénéficie du soutien constant des ambassades de France dans les pays concernés. Elle vise à renforcer la capacité des Services météorologiques de ces pays à analyser les possibles impacts du changement climatique, incluant les risques, la vulnérabilité et l’adaptation. Elle s’appuie sur la diffusion, via le système de télécommunication Retim, de données météorologiques provenant du Centre météorologique de Toulouse. L’amélioration des réseaux d’observation, le développement de modèles à maille fine et de modèles de prévisions climatiques saisonnières sont les premiers objectifs de cette coopération qui permet aux services météorologiques d’être présents pour la mise en place, par leurs gouvernements, d’une politique de gestion de l’eau et de développement durable adaptée aux évolutions régionales attendues. En prévision numérique, une version du modèle Aladin, Aladin-Noraf, développée par la Direction de la météorologie nationale (DMN) du Maroc, permet de couvrir les besoins du nord-ouest de l’Afrique en produits de prévision. Dans ce domaine la coopération a aussi concerné des activités aussi variées que : les projets de transfert et développement du modèle Arome dans les services météorologiques de ces pays, la mise en place du modèle Mocage au Maroc, ou le développement des activités de prévision saisonnière avec l’installation au Maroc et en Tunisie du modèle couplé Arpège-Climat/OPA. Le projet européen Ensembles : simuler le climat du XXIe siècle Situé entre deux exercices d’évaluation du Giec, la période considérée dans ce rapport a été marquée par la réalisation d’un jeu de simulations, dans le cadre du projet européen Ensembles. Le modèle Arpège-climat/ OPA a reçu quelques améliorations. Deux simulations prenant en compte les changements d’utilisation des sols, avec et sans forçages solaire et volcaniques, ont été réalisées sur la période 1860-2000, puis sur le XXIe siècle avec deux scénarios distincts : le scénario A1B du Giec et un tout nouveau scénario correspondant aux objectifs fixés par l’Union européenne en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (stabilisation des concentrations atmosphériques à 450 ppm d’équivalent CO2). Ces simulations montrent qu’avec la nouvelle version du modèle la réponse climatique est moins sensible à l’augmentation des gaz à effet de serre. Le scénario de stabilisation à 450 ppm indique un changement climatique atténué, pour lequel, à la fin du siècle, le réchauffement global par rapport à la période préindustrielle ne dépasserait pas 2 °C. Cette année a aussi été marquée par la préparation d’un atelier international sur la régionalisation du climat qui sera organisé en février 2009 au Centre international de conférence de Météo-France à Toulouse. Cet atelier, qui réunira les principaux acteurs de la modélisation du climat à échelle fine, devrait permettre le lancement d’un nouvel exercice international de simulation destiné à alimenter les évaluations du Giec avec une précision inégalée sur plusieurs régions du monde. 3 Les défis de Thorpex et l’observation adaptative Thorpex est un programme de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) qui cherche à relever de nombreux défis associés à l’amélioration de la prévision du temps. Il concerne plus particulièrement les événements météorologiques extrêmes comme les tempêtes, les grands froids ou les canicules. Un aspect original de ce programme est l’observation adaptative, consistant à prévoir un ou deux jours à l’avance les endroits où l’acquisition d’observations supplémentaires devrait améliorer la prévision du temps par les modèles numériques. Une expérimentation a été effectuée en 2008 en s’appuyant sur les sites de radiosondages européens existants et des avions de ligne équipés de systèmes de mesure météorologique (Amdar). De nouveaux essais auront lieu sur l’Antarctique, avec d’autres instruments, dans le cadre de Concordiasi, une expérience traitant à la fois d’aspects liés aux glaces polaires et à la météorologie. Concordiasi a débuté en 2008 avec un renforcement du réseau de radiosondage sur l’Antarctique et pour objectif la validation des mesures de l’instrument IasiASI (Interféromètre atmosphérique de sondage infrarouge) embarqué sur les satellites météorologiques européens de la série MetOp. 3 Température moyenne planétaire observée (en noir) et simulée par le modèle climatique de Météo-France en gardant constantes les concentrations des gaz à effet de serre aux niveaux préindustriels (en bleu), en suivant les concentrations observées (en vert), en prenant en compte des émissions futures suivant le scénario A1B du Giec (en rouge) ou en suivant un scénario de stabilisation à 450 ppm d’équivalent CO2 (en orange). 27 . Rapport développement durable 2007-2008 Le Système mondial d’observation du climat Le Smoc, Système mondial d’observation du climat, inclut des observations météorologiques de surface et d’altitude, des mesures de composition de l’atmosphère (Veille de l’atmosphère globale), des observations océaniques (rattachées au Système mondial d’observation de l’océan) et des observations terrestres (hydrologie, neige, glaciers, flux de CO2 dans les écosystèmes). Météo-France en assure la coordination pour la France, en liaison avec plusieurs agences de recherche et des opérateurs dépendant des ministères chargés de la Recherche et de l’Environnement. Sur la période couverte par ce rapport, des actions importantes ont été réalisées en réponse au plan de mise en œuvre du Smoc et pour suivre les lignes directrices établies lors de la conférence de Bali en décembre 2007. Un projet, qui sera soumis à la Commission européenne, a été préparé pour assurer la continuité de l’observation météorologique et climatique en Afrique de l’Ouest, région où s’est déroulée l’expérience d’étude de la mousson africaine Amma. Il est destiné à améliorer la prévision sur cette région et remédier aux lacunes qui ont été pointées lors des ateliers régionaux. Dans l’océan Atlantique tropical, un réseau de dix-sept bouées a été mis en place et géré conjointement par la France (Institut de recherche pour le développement [IRD], MétéoFrance et CNRS/Insu), les États-Unis, le Brésil et l’Allemagne. Nommé Pirata, il représente une contribution régionale importante au Système mondial d’observation de l’océan et du climat pour étudier la variabilité saisonnière, interannuelle du climat. Une convention a été préparée pour assurer la pérennisation du réseau sous l’appellation : « Prediction and Research moored Array in the Tropical Atlantic ». Un Centre Climatique Régional pour la région VI (Europe) À l’échelle de l’Europe, une étape importante prend forme avec la décision de mise en place du Centre climatique régional pour la région VI de l’OMM (Europe). Ce centre doit fonctionner comme un centre distribué avec un portail commun et des sites web dédiés. Météo-France y jouera un rôle central en tant que coordonateur (avec RosHydromet, le service météorologique russe) de la partie « Prévisions à longue échéance ». Une des ambitions affichées est d’étendre, à la région VI, le bulletin climatique global édité chaque mois pour la France. Météo-France : Centre producteur global de prévisions saisonnières Une contribution importante a été apportée aux différentes activités de l’OMM : participation aux travaux de la Commission de climatologie, réunions des groupes d’experts, écriture de différents documents relatifs aux bonnes pratiques et articles pour le Bulletin de l’OMM, préparation de la troisième Conférence mondiale sur le climat, etc. Au cours de cette période, Météo-France a été désigné « Centre producteur global » de prévision saisonnière, au sein d’un groupe très restreint. En plusieurs occasions, comme lors du Forum climatique pour les pays du Sud-Est de l’Europe (SEECOF), les participants ont pu apprécier la pertinence de cette désignation. Par sa volonté de partage des capacités de production et de son expertise, Météo-France a contribué grandement à une meilleure utilisation des prévisions saisonnières, permettant des décisions au bénéfice de la réduction des vulnérabilités socio-économiques, notamment dans les régions tropicales. Comme chaque année, l’établissement a très activement participé à l’exercice Presao (Prévision saisonnière en Afrique de l’Ouest) qui fournit à l’ensemble des pays concernés les meilleurs aperçus sur la situation en termes de températures et surtout de précipitations, leur permettant d’intégrer ces facteurs climatiques dans les décisions relatives à l’aménagement du territoire, la gestion des ressources en eau ou l’organisation de l’agriculture. La fourniture de produits adaptés a permis une fois de plus à Météo-France d’étendre son action en matière de protection des biens et des personnes bien au-delà de ses frontières. À titre d’exemple, en mai 2008, les produits fournis, accompagnés d’une expertise coordonnée par l'Institut de recherche internationale sur le climat et la société (IRI), ont permis à « l’International Federation of the Red Cross and Red Crescent Societies » (IFRCC) de prépositionner des ressources et des moyens destinés à lutter contre les inondations potentielles au Sahel. 28 . Rapport développement durable 2007-2008 100e Bulletin climatique global Météo-France publie chaque mois une prévision saisonnière sur les territoires de métropole et d’outre-mer. Ces informations sont obtenues en associant le modèle ArpègeClimat de Météo-France, le coupleur Oasis du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs), et le modèle océanique de Mercator-océan. Pour s’assurer de leur cohérence, les résultats sont comparés à ceux du CEPMMT, du Met Office britannique et des services météorologiques américains et japonais. L’étude du comportement de ces modèles complexes, la connaissance de leurs atouts en certaines situations et l’expertise en climatologie dynamique permettent d’obtenir une prévision des tendances à trois mois d’échéance. Le 100e bulletin a ainsi été publié le 24 septembre 2007. Écosystèmes, climat et sociétés en Afrique de l’Ouest Le FSP Ripiecsa doit apporter une contribution à la compréhension des enjeux et des impacts du changement climatique sur une région d’Afrique naturellement sensible aux aléas climatiques et à leur variabilité et présentant des risques spécifiques face aux évolutions climatiques, que seule une approche pluridisciplinaire permet d’aborder. Parmi la quinzaine de projets sélectionnés, plusieurs exploiteront les résultats de la campagne Amma (Analyse multi-échelle de la mousson africaine) dans laquelle les équipes de recherche de Météo-France sont toujours fortement impliquées. En avril 2008, une réunion inter-projets a permis de déterminer les actions transversales essentielles au succès du programme, et notamment en termes de communication, de relation avec les médias et de rapprochement aux initiatives des Plans d’action nationale d’adaptation (Pana) financés par le Fonds français de l’environnement mondial (FFEM). Météo-France soutient cet ensemble de projets et fournit notamment les éléments structurants des scénarios climatiques à prendre en considération.