Donner de son nécessaire, est
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Donner de son nécessaire, est
Groupement Notre-Dame, paroisses d’Eaubonne, Saint-Prix, Montlignon, Margency > Actualités > Évènements passés > Editoriaux 2012/2013 > Donner de son nécessaire, est-ce bien raisonnable ? Donner de son nécessaire, est-ce bien raisonnable ? samedi 10 novembre 2012 La Parole de Dieu de ce dimanche est dérangeante. Elle nous parle de pauvreté et de don audelà du raisonnable. Qu’aurions-nous fait à la place de la veuve de Sarepta ? Et à la place de la pauvre veuve de l’Evangile ? L’une et l’autre donnent de leur nécessaire ! Comme pour les miracles de l’Evangile, la tentation est grande de passer directement à l’interprétation symbolique de ces paroles afin, au fond, d’éviter la confrontation avec la question de notre rapport aux biens matériels. D’une part, qu’est ce qui dans nos vies est de l’ordre du superflu et de l’ordre du nécessaire ? D’autre part, savons-nous donner de notre nécessaire ?... Mais enfin, est-ce bien raisonnable de donner de son nécessaire ? Je vous répondrais : l’Evangile est-il raisonnable ? Le don du Christ est-il raisonnable ? L’amour de Dieu pour nous est-il raisonnable ? « De son indigence, elle a jeté tout ce qu’elle avait, sa vie tout entière » (Mc 12, 44, traduction littérale). La veuve de l’Evangile donne « tout » (répété à deux reprises), « sa vie tout entière » – comme le Christ, finalement. Et nous ? Remarquons, en plus, que, dans l’évangile comme dans la première lecture, il s’agit de veuves ! Ce sont deux femmes déjà éprouvées par le deuil d’un être aimé, ce sont deux femmes blessées par la vie, deux femmes dépouillées. Pourtant, elles ne se referment par sur elles et donnent tout ce qu’elles ont, faisant place à l’autre : à Elie, homme de Dieu dans la première lecture ; à Dieu, en déposant une offrande au Temple pour les sacrifices (cf. destination des offrandes faites dans le trésor). Dans ces conditions éclatent avec grandeur la surabondance du don de Dieu : « La femme alla faire ce qu’Elie avait demandé, et longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger » (1 R 17, 15). Et nous, finalement, quelle confiance faisons-nous en Dieu ? Jusqu’à quel point ? Dans toutes les dimensions de notre existence, même matérielles ? Laissons Dieu être Dieu en nous et prendre toute la place car, en réalité, il est « l’Unique » (Mc 12, 29), « l’Unique nécessaire » (Lc 10, 42). Père Eric de Montalembert + illustration : Le Prophète Elie et la veuve de Sarepta, Sebastian de HERRERA BARNUEVO, 17e s.