Ni vu ni connu
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Ni vu ni connu
Ni vu, ni connu, d’Olivier ADAM, Editions L’école des loisirs coll. Neuf ; 8,50 €, février 2009 Préambule : Les entrées qui suivent ne sont que de simples pistes. Elles ne constituent pas une séquence complète applicable en l’état. Elles sont le résultat d’un travail conjoint des membres de la commission pédagogique du Prix Littéraire de la Citoyenneté ainsi que des enseignants présents à la conférence pédagogique optionnelle du 30 septembre 2009. Thèmes citoyens : le sentiment d'être mal-aimé, la reconnaissance des autres, la place et les relations dans un groupe, la personnalité. Pistes littéraires : le point de vue, récit introspectif Résumé : Antoine a le sentiment de n'exister pour personne, voire d'être invisible. Il décide alors de se cacher et d'observer les autres à leur insu. Analyse littéraire Problématique possible : En quoi le choix du point de vue d'Antoine influe-t-il sur l'idée qu'on se fait de lui - et de la situation dans laquelle il se trouve ? Procédés linguistiques et littéraires au service du sens : Texte en je qui permet au lecteur de s'identifier facilement au personnage principal. Le texte est au présent de l’indicatif avec parfois des retours sur le passé. Raconté en « temps réel », par Antoine Entrées possibles La première de couverture : - le titre : Ni vu ni connu : Que signifie cette expression (probablement pas connue des élèves) ? Fautil la prendre au sens propre ? Au sens figuré ? Expression figée et doublement négative ( ni..ni). - l'illustration : un personnage semble s'enfuir, dans la nuit ? On peut proposer à un groupe de travailler sur l'illustration tandis qu'un autre travaille sur le titre, avant de confronter les hypothèses des 2 groupes. Attention cependant, entrer par la première de couverture risque de mener les élèves vers de fausses pistes. Il peut être plus intéressant de la questionner a posteriori pour bien montrer qu'il s'agit d'un choix de l'éditeur (et non de l'auteur). On pourra alors demander aux élèves quelles auraient été leurs attentes s'ils n'avaient pas lu le livre (essayer de comprendre la stratégie éditoriale - connaître le circuit du livre aujourd'hui), s'ils auraient choisi cette couverture… Document commission Prix Littéraire de la Citoyenneté – octobre 2009 - Page 1 sur 1 Le premier paragraphe : « Trente minutes [...] ça commence à faire long. », « coincé », le vocabulaire est fort : décalage entre l'enjeu (un jeu de cache-cache) et le vocabulaire utilisé. Quelle peut en être la raison ? On pourrait aussi faire imaginer une suite. La couverture et la 4° La couverture : Voir § « Entrées possibles » Choix des couleurs : noir, gris Pourquoi juste une silhouette ? La quatrième de couverture : Aucun intérêt... Les textes L’intérêt littéraire de ce roman à la première personne réside dans la prise de parole de la mère qui nous invite à reconsidérer l’ensemble des confidences / analyses du narrateur « je ». Analyser ce roman, c’est s’interroger sur la tension entre l’intérêt du récit pour le narrateur et l’intérêt pour le lecteur ; autrement dit, il convient de s’interroger sur les intérêts et les « dangers » du pacte de lecture d’une « auto-fiction » (le lecteur adhère d’emblée aux propos d’un « je » et s’identifie… parfois au risque d’être piégé…). En effet, pour le narrateur, il s’agit de : - s’épancher et se soulager en racontant - s’auto-justifier - se poser en victime / se rendre intéressant Mais, il se décrit au lecteur tel qu’il aurait voulu être et non tel qu’il est (la mise au point finale de la mère invite à la relecture). Pour le lecteur, se pose la question de : - la connaissance en général : totale, sans rien de caché mais…manque de sincérité du narrateur envers lui-même - mieux se connaître soi-même en connaissant autrui (mise en abyme : le narrateur connaît mieux les autres, le lecteur connaît mieux le narrateur après la mise au point de la mère > donc le lecteur se connaît mieux lui-même) Texte et le débat littéraire Le point de vue / la relativité des points de vue : l'utilisation du "je" : Idées de débat littéraire : Peut-on / doit-on faire confiance au « je » qui s’exprime dans un roman ? (autobiographie, autofiction, journal, confessions, mémoires ou fiction en adoptant les codes…) Quel intérêt pour le lecteur de lire des autobiographies, autofictions, journaux, confessions, mémoires ou fictions en adoptant les codes… ? Document commission Prix Littéraire de la Citoyenneté – octobre 2009 - Page 2 sur 2 (en résumé : - intérêts : expression d’une personnalité, tirer un enseignement général d’un cas particulier, s’interroger sur les rapports de la mémoire et de la réalité, sur les rapports de la subjectivité et de la réalité, etc… - dangers : mensonge du narrateur (volontaire, involontaire), insignifiance des détails donnés…) Question littéraire Les limites du pacte de lecture de l’autofiction (à la P1) : le lecteur adhère d’emblée aux propos du narrateur sans objectivité… La prise de parole de la mère nous invite à reconsidérer l’ensemble du roman ! Et à devenir un lecteur plus méfiant… Pour les élèves de 6ème, on peut faire lire ce livre en lecture autonome (avec carnet de lecteur) : une partie des élèves en ayant connaissance de la fin du roman (prise de parole des camarades de classe et de la mère et réactions d'Antoine), ce qui leur permettrait d'être plus critiques envers le narrateur, l'autre partie sans la fin. Une comparaison du cheminement de lecteur pourrait ensuite être faite en classe. Les valeurs et le débat citoyen Idées de débat citoyen : Est-il facile de se connaître soi-même ? Est-il facile de connaître les autres ? Est-il plus facile de se connaître soi-même ou de connaître les autres ? Comment construire son identité ? Antoine est égocentrique : il ne voit que selon son point de vue : il a sa vérité (qui n'est pas celle des autres, comme la fin du roman - brutale pour lui - le révèle). Il recherche sa position de victime et s'y enferme : il ne note que ce qui renforce son point de vue, même lorsqu'il se met en position de voyeur pour savoir quelle place il peut avoir pour eux. Confronter l'idée que l'autre se fait de moi à la mienne… Le voyeurisme : A-t-on besoin de tout savoir sur les autres Projets d’écriture possibles Ecrire une galerie de portraits. Ecrire selon un autre point de vue. Ecrire une nouvelle situation. Si l'on a choisi de rentrer dans l'ouvrage sans montrer la 1ère de couverture, faire écrire un titre et réaliser une première de couverture, avant de questionner celle de l'éditeur. Ecriture d’une lettre à la maman après les évènements Liens pluridisciplinaires Jeu dramatique : faire jouer les scènes où le personnage, caché, observe les autres. Faire exprimer ce que chacun ressent quand il est caché. Document commission Prix Littéraire de la Citoyenneté – octobre 2009 - Page 3 sur 3 Les mises en réseau (auteur, thème, littérature patrimoniale,….) Jean-Côme NOGUES et Anne ROMBY, Le Génie du pousse-pousse, Milan [Chen doit au sens propre et au sens figuré « remonter la pente », celle de sa colline et celle de ses pensées égoïstes, pour être récompensé par la chance.] E. CHEVILLARD, Le Caoutchouc décidément [comment, sous le double poids du remords et de l’ennui, le peuplier orgueilleux devient saule pleureur] > vers les Métamorphoses d’Ovide si c’est toujours le programme de 6ème… François DAVID, ill. Tiziana ROMANI, Te fais pas remarquer, Sarbacane (PLC 2007/2008 sélection CP/CE) → la construction de la personnalité, en lien avec le regard de l'autre. Sur la construction de l'identité, de nombreux passages du Journal d'Anne Frank peuvent également être mis en relation avec le roman : elle évoque fréquemment ce sujet, et analyse comment les relations difficiles avec les autres ont fait évoluer sa personnalité. D'autre part, comme Antoine, elle ne voit ces relations que de son propre point de vue - avant de constater qu'elle a eu une attitude très égocentrique (cf lettre à son père) et de se remettre un peu en question. Karim RESSOUNI-DEMIGNIEUX? Thierry DEDIEU, L'ogre, Rue du monde (PLC 2008/2009 sélection CP/CE) → Le personnage principal se met à l'extérieur, afin de savoir quelle place il a pour les autres, comme un photographe peut se placer à l'extérieur pour capter un autre point de vue. Dans la mythologie : - Gygès, voir sans être vu et son anneau invisible - Narcisse, incapable de se désintéresser de son image reflétée dans l’eau Littérature : - HG Wells « l’homme invisible » ( extrait du livre ou du film) Document commission Prix Littéraire de la Citoyenneté – octobre 2009 - Page 4 sur 4