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La mafia des cigarettes s'en tire bien Malgré un acte d'accusation copieux, l'affaire Montecristo s'est dégonflée lors des deux jugements suisses ciblant la Camorra napolitaine et la Sacra Corona Unita des Pouilles. Le ministère public tente une ultime recours. Le 5 mars 2013, le ministère public de la confédération helvétique a fait savoir qu'il s'oppose à s'oppose au jugement du Tribunal pénal fédéral dans l'affaire Montecristo. Pour la presse suisse et le Ministère public de la confédération helvétique, c'est « la plus grosse affaire de criminalité organisée jamais jugée en Suisse » ( dite « affaire Montecristo »). Des années 1996 à 2000, une organisation internationale dite de la «mafia des cigarettes», contrôlé conjointement par la Camorra napolitaine et par la Sacra Corona Unita des Pouilles, aurait écoulé quelque 215 millions de cartouches de cigarettes blondes, achetées dans plusieurs pays d'Europe, acheminées vers le Monténégro, d'où elles ont traversé l'Adriatique en direction des Pouilles et de Naples Quatre Suisses, trois Italiens, un Français et un Espagnol étaient poursuivis. Le Ministère public de la Confédération a soutenu que ce marché lucratif était contrôlé conjointement par la Camorra napolitaine et par la Sacra Corona Unita des Pouilles, et que l'argent était blanchi en Suisse. Après enquête débutée en mai 2003, un premier jugement en 2009, un deuxième procès s'est tenu en janvier 2012, qui a vu témoigner l'ex-procureure du Tribunal pénal international de la Haye Carla del Ponte et de l'ex-procureur général tessinois Paolo Bernasconi. Le jugement est intervenu en mars 2012. Deux Italiens y ont été condamnés pour soutien à organisation criminelle à des peines de 28 mois de prison avec sursis partiel (la peine ferme couvrant la détention préventive) et 21 mois avec sursis, mais l'accusation de blanchiment d'argent n'a pas été retenue contre eux. Le Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone a par ailleurs confirmé sept acquittements. Les avoirs saisis au cours de la procédure ont été débloqués, aucune preuve n'ayant pu être amenée que ces biens puissent avoir été liés à des activités délictueuses. Les cautions versées par les sept prévenus acquittés leur seront restituées. L'issue de la procédure peut s'analyser comme « un triomphe de la défense et un cuisant échec pour le Ministère public de la Confédération et les trois procureurs qui ont signé l'acte d'accusation de 250 pages ». L'enquête avait pourtant mis en lumière le rôle de plaque tournante que joue la Suisse dans le trafic international de cigarettes de contrebande (au sens de la loi italienne où la vente de cigarettes est soumise au monopole d’État). L'acte d'accusation indiquait que l'argent blanchi introduit dans le système bancaire formel, a permis d'acquérir, sur le marché gris, marché parallèle mondial, des cigarettes hors taxe. Ces stocks étaient transférés au Monténégro, centre logistique servant à alimenter les marchés italiens. Les marchés gris et noir du tabac Pour l'Union internationale contre le tabac, près de 11,6% de la production mondiale de cigarettes serait vendue chaque année sur le marché noir, ce qui soustrayant chaque année quelques 40 milliards de dollars au fisc dans les différents pays de revente. Avec des enjeux accrus pour la santé, des tests en laboratoire ayant établi que ces cigarette de contrebande contiendraient 80% de nicotine de plus que les marques légales, et 130% de surcroît de monoxyde de carbone. Le Monténégro et l'Ukraine passent pour être les principaux relais européens du trafic. La contrebande occuperait 9,8% du commerce des cigarettes dans les contrées riches contre16,8% dans les pays pauvres. D'après le site Rue 89, les groupes intéressés par ce marché mondial auraient des liens avec des réseaux terroristes – Talibans, Al Qaida, IRA véritable, mais aussi les mafias du Monténégro, d'Italie ou de Russie, les cartels de narcotrafic colombiens, des gangs de motards en Amérique du Nord et même les touaregs du Sahara. Avec 400 milliards de cigarettes « pirates » par an, la Chine fournirait plus des trois quarts du tabac illégal parvenant dans l’Union européenne et la quasi totalité de ce qui est écoulé aux États-Unis. En 1997 déjà, l'Union européenne s'était alertée sur l'implication des mafias dans ce lucratif marché parallèle. Cet article est disponible sur : OGC - La Veille | 1 La mafia des cigarettes s'en tire bien Lire toutes les dépêches Cet article est disponible sur : OGC - La Veille | 2