Ilveutconcurrencer l`huîtred`Atlantique

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Ilveutconcurrencer l`huîtred`Atlantique
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L'ACTU
politique
LUNDI 26 DÉCEMBRE 2011
monde
social
économie
société
faits divers
justice
Il veut concurrencer
l’huître d’Atlantique
CRISE
Lagarde : « Une
situation
dangereuse »
pour l’économie
M
GASTRONOMIE. Un conchyliculteur de l’Hérault a fait le pari un peu fou de reproduire artificiellement le cycle
des marées pour améliorer la qualité de ses huîtres. Et ça marche !
HÉRAULT
Aveyron
Gard
Ga
Montpellier
Etang
de Thau
Aude
Au
de
Méditerranée
25 km
F
lorent Tarbouriech voit la vie
en rose, comme le packaging
de ses huîtres haut de gamme :
les Spéciales Tarbouriech. Ce
conchyliculteur de l’étang de
Thau, à Marseillan (Hérault), est aujourd’hui fier de dire qu’il vend
« l’huître la plus chère de France ».
Pour concurrencer les plus célèbres
huîtres d’Atlantique, il a eu une idée à
la fois évidente et folle : reproduire
artificiellement le cycle des marées en
Méditerranée. « Quand j’allais voir les
chefs étoilés avec mes huîtres, ils me
disaient qu’elles étaient bonnes. Mais
ils leur préféraient toujours les huîtres
d’Atlantique. Un jour, je me suis demandé si la différence ne venait pas de
l’absence de marée. J’ai essayé pendant un an d’aller moi-même avec ma
barque sortir une corde de l’eau une
fois par jour. Le taux de chair, la coquille, la nacre… tout a évolué. Ces
huîtres étaient incomparables… » se
souvient le chef d’entreprise.
Faire revivre la profession
Stressée par les sorties hors de l’eau,
l’huître fait des réserves et devient plus
charnue. Exposée aux rayons du soleil,
la coquille élimine algues et colonisateurs et se pare de reflets roses. « Il me
restait à inventer un système qui me
permettrait d’en produire des tonnes.
J’ai travaillé avec un bureau d’études,
déposé un brevet et équipé mes premiers parcs il y a deux ans », explique
Florent Tarbouriech. Contrairement à
l’huître d’Atlantique élevée en casiers,
celle de Méditerranée est collée sur
des barres de palétuviers ou sur des
cordes. Le système breveté par Medithau fait remonter les cordes de l’eau
Florent Tarbouriech est un homme heureux : il produit 50 t par an d’huîtres roses qui
subissent les marées de manière artificielle.
(LP.)
CLÉS
n L’entreprise Medithau a été
créée en 1989
n 50 salariés
n 8 M€ de chiffre d’affaires en 2011
n 200 000 € par an investis en
recherche et développement
n Production : 4 500 t de
coquillages, dont 400 t d’huîtres
n L’étang de Thau représente 10 %
de la production nationale d’huîtres,
mais 90 % de la production de
Méditerranée
en les faisant s’enrouler sur des perches qui tournent grâce à l’énergie de
panneaux solaires. « Elles sont remontées au moins deux fois par semaine et
passent jusqu’à deux jours dehors, développe Florent Tarbouriech, qui reste
volontairement imprécis. Elles grossissent pendant deux ans et demi
contre un an pour des Bouzigues,
mais sont vendues deux à trois fois
plus cher : autour de 4-5 € pièce. » La
société Medithau a investi 3 M€ pour
mécaniser 18 de ses 44 parcs. Ils produisent aujourd’hui 50 t d’huîtres
roses par an, sur une production ostréicole totale de 400 t. « L’huître haut
de gamme est un marché mondial : on
en vend à Hongkong, en Chine, en
Russie. Sur le marché, on concurrence
les Gillardeau », se targue le directeur
général.
Florent Tarbouriech envisage déjà
d’équiper de son invention d’autres
étangs sur le pourtour méditerranéen
« en Corse, en Tunisie » pour produire
de l’huître Spéciale Tarbouriech en
plus grande quantité, dans un calibre
plus petit, mais aussi des moules. « Les
restaurants Léon de Bruxelles, mon
plus gros client avec Carrefour, me
réclament déjà la moule Tarbouriech,
s’enorgueillit le chef d’entreprise. Actuellement, la seule moule avec marée
naturelle, c’est celle de bouchot. Il y a
un véritable marché à prendre. » Et
comme le conchyliculteur a breveté
son procédé pour tous les coquillages,
il voit se dessiner de belles perspectives devant lui.
« La profession d’ostréiculteur se
meurt. Nous avons le moyen de la faire
revivre par la qualité », plaide Florent
Tarbouriech. Fils d’ostréiculteur, sorti
du système scolaire à 16 ans, il a
commencé sa carrière comme pêcheur de moules. « Mon père n’avait
que quatre tables à huître. A sa mort,
j’en ai hérité. La moule m’a permis de
survivre pendant des années, de faire
du volume. Elle représente encore
90 % de notre production en volume
et 80 % de notre chiffre d’affaires. Mais
aujourd’hui, j’ai les moyens de revenir
à mes racines. Avec passion. J’y crois. »
ADELINE DABOVAL
JUSTICE
Des fabricants de fausses Weston condamnés en Chine
LIMOGE (HAUTE-VIENNE)
DE NOTRE CORRESPONDANT
C
’estuncoupdepiedsévèredansle
milieu de la contrefaçon des produits de luxe en Chine. Deux fabricantsdefausseschaussuresWeston
ont été condamnés par la justice chinoise.UnecourdeCantonaprononcé
des peines d’emprisonnement de trois
annéesavecdesamendesde30 000et
22 000 €. Les deux responsables de
cette usine écopent également de
quatre ans de mise à l’épreuve. Un
« tournant » dans la lutte contre la
contrefaçon selon l’Unifab (Union des
fabricants), qui vient de révéler cette
condamnation en date du 29 septembre. « Cette décision est importante, inhabituelle et exemplaire, se félicite Delphine Sarfati-Sobreira, directrice de la communication d’Unifab.
Plus de 70 % des saisies douanières en
France proviennent de Chine. Il s’agit
du premier pays producteur de contrefaçons dans le monde. Aujourd’hui, il
existe une réelle collaboration des autorités chinoises et les mentalités évoluent. Car les Chinois ont créé leurs
propresmarquesets’éveillentauxprincipes de propriété intellectuelle et industrielle. Ils comprennent désormais leur importance. »
300 paires sortaient chaque
semaine de l’usine
Le fabricant de chaussures de luxe, basé à Limoges (Haute-Vienne) depuis 1891, avait été alerté l’an dernier
de la circulation de fausses Weston sur
le marché. Des informateurs avaient
permis de localiser l’usine d’où sortaient 300 paires par semaine. Weston
avait sollicité les autorités chinoises et
l’usine avait fermé en décembre 2010.
«Cettefermetureaétéunedécision
historique », commente Eric
Vallat, directeur général de
l’entreprise limougeaude. « Le juge-
ment, intervenu rapidement avec des
peines lourdes, démontre une sensibilité nouvelle et grandissante de la
Chine à propos des contrefaçons.
Nous menons un combat de tous les
instants avec une équipe spécialisée
ayant des relais dans le monde entier.
Voir nos efforts ainsi récompensés est
3 700 fausses paires
imitant les célèbres
Weston ont été saisies.
(DR.)
très positif. » Les 3 700 fausses paires
saisies et le moule représentant la
marque ont été détruits. Avec cette
condamnation, Weston, qui fête cette
annéeses120ans,nepouvaitpasrêver
plus beau cadeau.
FRANCK LAGIER
ême si ce n’est pas la première
fois que Christine Lagarde, la
patronne de Fonds monétaire
international (FMI), exprime ses
craintes sur l’économie mondiale, elle
estime désormais que « la situation est
dangereuse».Selonelle,dansunentretien au « Journal du dimanche », les
discussions européennes entre notamment Nicolas Sarkozy et Angela
Merkel ne sont pas parvenues à enrayer la crise. « Le sommet du 9 décembre n’était pas assez détaillé sur les
aspects financiers et trop compliqué
sur les principes fondamentaux », explique-t-elle avant d’ajouter : « Il y a eu
des progrès considérables en Europe
maisilssontgraduelsetmalcompris.Il
faut accélérer la mise en œuvre des
mesures. » Selon elle, il faut que les
Européens « parlent d’une seule voix et
annoncent un calendrier simple et détaillé ». Le FMI, qui doit livrer fin janvier
ses prévisions économiques mondiales, tablait jusqu’ici sur une croissance de 4 % pour 2012. Mais Christine Lagarde a déjà prévenu que ce
chiffre serait revu à la baisse.
EN BREF
FRAUDE FISCALE
Les Etats-Unis espèrent un accord
sur le différend fiscal avec la Suisse
« d’ici le printemps 2012 », déclarait
hier l’ambassadeur des Etats-Unis à
Berne (Suisse) dans le journal « NZZ
am Sonntag ». Les Etats-Unis ont
récemment menacé de poursuivre les
banques helvétiques qui refuseraient
de transmettre des informations sur
les comptes bancaires d’Américains
soupçonnés de frauder le fisc. Après
un premier versement effectué par
UBS, Washington attend de nouvelles
compensations financières.
AÉROPORTS
Des grévistes
prêts à jeter
l’éponge
L
’Unsa-FMPS, le premier syndicat
de la branche prévention sécurité,
envisage«trèssérieusement»d’arrêter la grève des agents de sûreté aéroportuaire, après avoir constaté que le
mouvement « s’effritait ». C’est son secrétaire général qui l’a annoncé hier.
Après dix jours de conflit, « les salariés
ont perdu beaucoup d’argent » et, depuis l’intervention de la police et de la
gendarmerie pour remplacer les grévistes, « le mouvement s’épuise », a-t-il
estimé. « On craint l’enlisement », a-t-il
encore dit. Selon le Syndicat des entreprises de sûreté aérienne et aéroportuaire (Sesa, patronat), on comptait dimanche entre 10 % et 50 % de grévistes selon les sites, soit « 20 % de
moins que samedi ». Le Sesa propose
de porter à un mois de salaire le montant de la prime annuelle des agents de
sûreté, sous certaines conditions. Mais
les syndicats réclament une augmentation de 200 € du salaire mensuel, qui
se situe en moyenne entre 1 100 et
1 600 €. Les agents devaient se prononcer de nouveau aujourd’hui sur la
suite du conflit, lors d’une nouvelle assemblée générale à 9 h 30 à l’aéroport
de Roissy-Charles-de-Gaulle. « Si les
patrons ne veulent rien entendre, on
continuera », a dit hier une déléguée
syndicale CGT.

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