Les marches de la mort Désignées ainsi par les prisonniers des

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Les marches de la mort Désignées ainsi par les prisonniers des
Les marches de la mort
Désignées ainsi par les prisonniers des camps de concentration nazis, il s'agit de marches forcées qu'ils
effectuèrent sous forte escorte SS, sur de longues distances et dans des conditions extrêmes lors de
l'évacuation de ces camps face à l'avancée des armées alliées, notamment soviétiques, et durant lesquelles
plusieurs centaines de milliers de prisonniers moururent d'épuisement, de faim ou furent
assassinés.
Les témoignages des survivants sont les sources essentielles sur le sujet. Les rares documents nazis
retrouvés sur le sujet rendent difficiles l'analyse fine de leur organisation, du processus de décision et de
commandement de l'administration SS. Deux grandes phases peuvent toutefois être distinguées.
Entre juillet 1944 et janvier 1945, les évacuations touchèrent les camps des zones centrales et
orientales de la Pologne et ceux de l'espace baltique. Le 28 juillet, la première évacuation, celle du
camp de la rue Gesia, dans les ruines du ghetto de Varsovie, donne un exemple typique de ce que furent
les marches de la mort, aussi bien dans l'organisation que dans le sort subi par les prisonniers. Sur les
4400 prisonniers concernés, les nazis en assassinèrent 430 qui ne pouvaient se déplacer et les 350 qui
restèrent sur place furent libérés le 5 août, lors du soulèvement de Varsovie. Avant d'être transportés en
train, les autres durent d'abord marcher en colonnes sur 130 kilomètres, sans eau ni nourriture, escortés
par les SS qui abattaient tous ceux qui tombaient, à bout de force, trop faibles pour continuer. Moins de
2000 survivants arrivèrent à Dachau, le 9 août.
Dès lors, les marches meurtrières se succédèrent au fur et à mesure de l'avancée des Soviétiques : à la
mi-septembre, les 3 000 à 4 000 prisonniers juifs du camp de Bor en Yougoslavie furent conduits vers
Oranienburg; 35 000 Juifs de tous âges partirent de Budapest le 8 novembre 1944 vers, entre autres,
Dachau et Mauthausen. Le 18 janvier 1945 commença l'évacuation finale du complexe d'Auschwitz.
Plus de 66 00 prisonniers hommes et femmes, dont une très grande majorité de Juifs, se rendirent à pied
pour la plupart d'entre eux à Wodzislaw, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest d'Auschwitz. De
là, ils embarquèrent dans des wagons de marchandises ouverts et fermés pour rejoindre Bergen-Belsen,
Buchenwald, Dachau, Gross-Rosen ou Mauthausen. Environ 15 000 détenus moururent, notamment de
froid, lors de ces transferts.
Dans le même temps, les 47 000 prisonniers, dont plus de 35 000 Juifs, du complexe du Stutthof (Prusse
Orientale) furent évacués lors de marches d'une effroyable brutalité. Ainsi, sur les 5 000 à 7 000 évacués
du 20 janvier vers les rivages de la mer Baltique, 13 survécurent. Au total, entre janvier et avril 1945,
25000 Juifs trouvèrent la mort dans l'évacuation du camp du Stutthof.
Dans un second temps, à l'intérieur du Reich, destination des premières marches de la mort, le
prélude à l'évacuation des camps fut le départ, sous escorte SS, des 40 000 prisonniers du complexe de
Gross Rosen, dont certains avaient déjà été évacués d'Auschwitz.
A la mi-mars 1945, plus de 700 000 prisonniers (dont 200 000 femmes) étaient internés dans les camps
nazis, gardés par environ 40 000 SS. Au moins 250 000 d'entre eux furent alors envoyés vers l'intérieur
de l'Allemagne et de l'Autriche occidentale, parcourant à pied ou en train plusieurs centaines de
kilomètres. Ainsi, entre le 6 et le 10 avril 1945, sur les 40 000 prisonniers qui quittèrent Buchenwald, 13
500 moururent. 21 000 prisonniers étaient restés sur place.
Les évacuations se poursuivirent jusqu'aux derniers jours du Reich, partant de Flossenbürg, de
Sachsenhausen, de Neuengamme, de Mauthausen, de Ravensbrück ou encore de Dachau. Des
prisonniers furent évacués de Reichenau, dans les Sudètes, le... 7 mai 1945 !
Les Juifs formèrent, lors des deux vagues d'évacuation, la majorité des évacués et des victimes.
Poursuivant sa politique génocidaire, l'Allemagne nazie voulait les soustraire aux Alliés et
dissimuler en même temps le crime, même si certains dignitaires nazis ont sans doute pensé utiliser
les déportés juifs survivants dans le cadre de négociations éventuelles avec les Alliés. Entre 250 000 et
375 000 déportés ont succombé lors des « marches de la mort ».

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