Existe-t-il un lien entre le syndrome d`Usher de type II et les problèmes
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Existe-t-il un lien entre le syndrome d`Usher de type II et les problèmes
Existe-t-il un lien entre le syndrome d’Usher de type II et les problèmes d’équilibre ou de vertige? Document-synthèse de veille informationnelle Recherche documentaire Josée Duquette, agente de planification, programmation et recherche Francine Baril, technicienne de documentation Préparation du document Josée Duquette, agente de planification, programmation et recherche Le 21 octobre 2009 SOMMAIRE Le syndrome d’Usher de type II est caractérisé par une surdité congénitale modérée à sévère, une fonction vestibulaire normale et une rétinite pigmentaire qui apparaît habituellement vers la fin de la vingtaine ou le début de la trentaine. Or, les intervenants du programme de surdicécité conjoint de l’Institut Nazareth et LouisBraille et de l’Institut Raymond-Dewar constatent que certains usagers, qui ont cette forme du syndrome, se plaignent de vertiges, d’étourdissements et de pertes d’équilibre. La littérature montre qu’il existe en effet des formes atypiques du syndrome d’Usher II, lesquelles se distinguent entre autres par un dysfonctionnement vestibulaire [1-3]. D’autres cas ont également été rapportés dans la littérature scientifique ou de façon anecdotique [7, 8]. Par ailleurs, des études par questionnaire montrent que les personnes ayant une rétinite pigmentaire (RP) peuvent avoir des problèmes de vertiges et d’équilibre [4, 5]. Les individus ayant une RP présenteraient une déstabilisation visuelle qui résulterait d’une anomalie sur le plan du traitement de l’information visuelle dans le champ visuel subsistant, à la suite à de ces changements rétiniens multiples [6]. AVERTISSEMENT : Ce document ne constitue pas une revue de littérature. Il a été élaboré dans le but de fournir et de rendre plus facilement accessibles certaines informations sélectionnées en fonction de leur lien direct avec le sujet, sans toutefois passer en revue tous les articles ou documents qui pourraient y être associés. Les articles originaux sont disponibles, dans une reliure spéciale, au centre de documentation de l’Institut Nazareth et Louis-Braille. 1 2 EXISTE-T-IL UN LIEN ENTRE LE SYNDROME D’USHER DE TYPE II ET LES PROBLÈMES D’ÉQUILIBRE OU DE VERTIGE ? Le syndrome d’Usher est une maladie génétique caractérisée par une surdité congénitale et une cécité progressive causée par une rétinite pigmentaire (RP). Ce syndrome existe en trois formes. Le type I est la forme la plus sévère; elle se manifeste par une surdité congénitale profonde, des problèmes vestibulaires et l’apparition d’une RP dès l’enfance. Le type II est la forme la plus commune. Elle est caractérisée par une surdité congénitale modérée à sévère, une fonction vestibulaire normale et une RP qui apparaît habituellement vers la fin de la vingtaine ou le début de a trentaine. Le type III se présente avec une perte progressive de l’audition, des problèmes vestibulaires variables et une RP [3]. Comme mentionné précédemment, selon la classification médicale, le syndrome d’Usher de type II n’entraîne pas de problèmes vestibulaires. Or, les intervenants du programme de surdicécité conjoint de l’Institut Nazareth et Louis-Braille et de l’Institut Raymond-Dewar constatent que parmi les usagers qui ont un syndrome d’Usher de type II, certains se plaignent de vertiges, d’étourdissements ou de pertes d’équilibre. À cet effet, la littérature montre qu’il existe des formes atypiques (variations génétiques) du syndrome d’Usher II, qui se distinguent entre autres par un dysfonctionnement vestibulaire [1-3]. Des cas, plutôt rares, ont notamment été identifiés en Tunisie, aux États-Unis et en Chine. Une étude japonaise rapporte également un cas présentant des épisodes de vertiges [8]. Par ailleurs, de façon anecdotique, dans les forums de discussion sur la déficience visuelle, certaines personnes ayant un syndrome d’Usher II disent avoir des étourdissements ou des problèmes d’équilibre [7]. Mis à part le fait que certaines variations génétiques du syndrome d’Usher de type II peuvent entraîner des problèmes vestibulaires ou des vertiges, l’on peut se questionner sur le rôle qui pourrait être attribuable à la rétinite pigmentaire sur ces symptômes. En effet, dans une étude de Lowe & Drasdo (1992), plusieurs des 48 personnes ayant une RP ont rapporté avoir des vertiges dans des diverses situations de marche, par exemple en changeant de direction (n=9), en évitant une collision avec d’autres personnes (n=2), en descendant une pente (n=1) ou en tournant 3 rapidement un coin vitré d’une boutique (n=1). En tout, 20 des 48 personnes ont rapporté des symptômes de vertige ou de confusion induits par un changement de direction dans une rue ou dans un édifice public vaste [4]. Une autre étude par questionnaire a été menée en 2002 au Japon, auprès de 828 personnes ayant une RP. La prévalence des symptômes cochléaires et de problèmes d’équilibre était de 40,5 %. Les chercheurs spéculent que les problèmes d’équilibre chez ces personnes pourraient être causés par un dysfonctionnement des systèmes vestibulaire, visuel et nerveux central [5]. Des études sont nécessaires pour approfondir les connaissances à ce sujet. La revue de littérature de Turano, Herdman & Dagnelie (1993) montre que la stabilité posturale est maintenue par une combinaison d’indices vestibulaires, somatosensoriels et visuels. Les indices visuels incluent la direction du mouvement de l’environnement global, les modifications de la taille de l’image et la disparité rétinienne. L’information sur la vitesse contribue de façon majeure à la stabilisation visuelle de la posture, car elle permet à l’observateur de détecter des oscillations du corps relativement à un arrière-plan stable [6]. Suite à ce constat, ces chercheurs ont effectué une étude auprès de 35 personnes ayant une rétinite pigmentaire et de 20 autres ayant une vision normale, mais qui portaient des lunettes simulant un champ de vision restreint à 26.5º, 15.5º et 6º. Les sujets devaient se tenir debout de façon immobile tandis qu’ils regardaient une cible stable ou qu’ils étaient dans l’obscurité. Les résultats ont montré que les personnes ayant une vision normale avaient une meilleure stabilisation visuelle que celles ayant une RP. Les auteurs expliquent par ailleurs que la progression de la RP est accompagnée d’une diminution de l’index de stabilisation visuelle; les valeurs sont normales au début de la maladie, mais la stabilisation visuelle diminue linéairement avec l’augmentation de la restriction du champ visuel. Toutefois, ils spécifient que la perte de champ visuel considérée seule ne peut pas expliquer totalement le résultat de leur étude. Entre autres raisons, chez les sujets avec vision normale, la restriction artificielle du champ visuel, même à 6º, n’entraînait pas de déstabilisation posturale. Turano et al. émettent l’hypothèse que chez les personnes ayant une rétinite pigmentaire, la déstabilisation visuelle résulte d’une anomalie sur le plan du traitement de l’information visuelle dans le champ visuel subsistant. Les photorécepteurs de leur rétine se détériorent graduellement, ce qui entraîne des changements sur le plan de la sensibilité aux contrastes spatiaux et temporaux, de l’acuité, du seuil de 4 détection du mouvement et/ou de la perception de la position spatiale. Une combinaison de n’importe lequel de ces changements peut causer une déstabilisation posturale visuelle chez ces individus [6]. Conclusion Selon la classification médicale en vigueur, les personnes ayant un syndrome d’Usher de type II ne présentent pas, en principe, de problèmes vestibulaires. Toutefois, certaines variations génétiques peuvent amener une forme atypique du syndrome, laquelle se distingue par un dysfonctionnement vestibulaire. Il est également possible que la rétinite pigmentaire contribue aux problèmes d'équilibre, non seulement en raison de la réduction du champ visuel mais aussi à cause d'une anomalie du traitement de l’information visuelle dans le champ visuel subsistant. 5 Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Dahl, S.P., W.J. Kimberling, M.B. Gorin, M.D. Weston, J.M. Furman, A. Pikus, & C. Möller (1993). Genetic heterogeneity of Usher syndrome type II. Journal of Medical Genetics 30: 843-848. Hmani, M., A. Ghorbel, A. Boulila-Elgaied, Z.B. Zina, W. Kammoun, M. Drira, M. Chaabouni, C. Petit, & H. Ayadi (1999). A novel locus for Usher syndrome type II, USH2B, maps to chromosome 3 at p23-24.2. European Journal of Human Genetics 7(3): 363-367. http://www.nature.com/ejhg/journal/v7/n3/abs/5200307a.html. Liu, X.-Z., C. Hope, C.Y. Liang, J.M. Zou, L.R. Xu, T. Cole, R.F. Mueller, S. Bundey, W. Nance, K.P. Steel, & S.D.M. Brown (1999). 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Visually Impaired Forums (2000). "General Discussions" Usher Syndrome. Retrouvé le 18 septembre 2009 auhttp://www.exjake.com/cgi/ultimatebb.cgi?ubb=get_topic;f=8;t=000001;p=0. Yasuyuki, H., I. Satoshi, N. Mitsuyoshi, T. Satoru, M. Kunihiro, & M. Hiroyuki (2005). Clinical evaluation of 6 patients in Usher syndrome type II and III. Audiol Jpn 48(3): 214-219. Disponible au http://sciencelinks.jp/jeast/article/200517/000020051705A0611179.php. 6