Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La
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Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La
Introduction à Marx – Pascal Combemale, quatrième édition, La découverte, collection repère, 2010 Introduction : Le livre se propose de remonter aux sources des travaux de Karl Marx, voir ce qu'il en est de ses prévisions, notamment de sa remise en question du capitalisme à la vue des récents événements (crise de 2008). La nécessité de ce retour aux sources se fait sentir dans le nombre d'interprétations parfois contradictoires de son oeuvre. Son analyse se veut scientifique, et fait intervenir histoire, sociologie, économie et politique, afin de « comprendre le monde pour le transformer ». I – Itinéraire d'un intellectuel militant et révolutionnaire La jeunesse d'un petit bourgeois rhénan Marx est pris entre la France et l'Allemagne, profitant du renouveau des idées politiques français et la philosophie allemande. Né d'une famille juive, il se rapproche du protestantisme luthérien. Instruit des idéaux des lumières, il ne cessera de conserver une foi en le progrès. Plutôt favorisé, il fréquente en 1835 l'université de Bonn, il écrit alors un pamphlet où apparait pour la première fois sa distinction classes favorisées et classes laborieuses (qui préfigure bourgeois et ouvriers). Il étudie la philosophie d'Aristote à Hegel, beaucoup inspiré par ce dernier, il prétend reprendre et compléter sa conception de l'Histoire. La mouvance néohégélienne Il joint le Doktorklub, de Bruno Bauer, et d'autres néohégéliens qui proposent des interprétations contradictoires de Hegel, sur la base de la citation « Ce qui rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel », ils en tirent des conclusions conservatrices pour les uns, révolutionnaire sur les autres : fonder un nouvel ordre social sur la base de la science et de la raison, l'ambition de Marx ! Souvent censuré, et profondément progressiste, malgré un doctorat de philosophie en 1841, il ne pourra enseigner, et prônera une philosophie de l'action. (Un sport de combat?...). Il luttera avec et contre d'autres par pamphlets interposés pour l'hégémonie intellectuelle. Il clame explicitement son ambition de découvrir un nouveau monde sur la base de la critique de l'ancien ? Il fait pour cela une carrière de rédacteur en chef et journaliste polémiste dans La Gazette, où il rencontre Engels en 1842. La longue nuit de l'exil En 1843 à Paris, il fonde les nouvelles revues franco-allemandes avec Ruge, mêlant théorie politique de pointe allemande, avec pratique politique française. Ce qui sera un échec, il débutera ses travaux intellectuels qui consisteront en la lecture de Smith et Ricardo en économie politique pour en construite une critique, et de ses travaux politiques, en fréquentant organisations ouvrières et révolutionnaires. Il se radicalisera ensuite contre Ruge, pour une révolution sociale, et non un réformisme. Il est expulsé par Guizot en 1845, il retardera alors sa critique de l'économie politique, car il veut finir la critique de la philosophie allemande. La ligue des communistes Vient donc le temps de Bruxelles, il créé le Comité de Correspondance communiste, qui s'oppose à toute forme de socialisme bourgeois, idéaliste, romantique, ou utopique, qu'il qualifie de futile, et dont l'immaturité de la révolte ou l'humanisme idéaliste va à l'encontre de sa volonté de fondé sa révolution sur la science et la raison. Le comité fusionnera avec la ligue des justes, dont la devise sera « Travailleurs de tous les pays unissez vous », préfigurant ainsi l'internationalisme. En 1848, il écrit le Manifeste communiste. Il se détachera ensuite de la base ouvrière par ses stratégies de conquête du pouvoir qui impliquent de passer par la révolution bourgeoise contre la monarchie absolue. En aout 1850, il écrit La lutte des classes en France, dans laquelle il établit une corrélation entre le niveau de développement économique, et la nature des rapports de production (esclavage, servage, salariat...) Une économie de plus en plus inachevée ? Lors des années noires, 1851-1852, alors qu'à cause de la misère il perdra trois de ses quatre enfants, il travaillera notamment pour le Daily Tribune. C'est seulement en 1857 que la crise économique le rappelle à son oeuvre, il écrit L'introduction générale à l'économie (publiée seulement en 1953 !) ou il planifie son Économie en 6 tomes, qui est en réalité une oeuvre d'histoire, sociologie, économie et politique. La première internationale et la Commune Il créé en 1864 l'AIT, l'association internationale des travailleurs, visant à l'émancipation de la classe ouvrière qui doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. Il prépare ainsi à ces derniers la politique. Il peine néanmoins à établir une ligne directrice qui fédère tous les types de courants socialistes. Il voit une ébauche de gouvernement prolétaire avec la Commune, caractérisée par la séparation de l'Église et l'État, et la fin d'une armée permanente. Enfin, le communisme de Marx se base sur une visée claire : l'émancipation, et briser le pouvoir de l'état. Cependant, sa maladie l'empêche de finir son oeuvre, mais ne vient pas à bout de sa foi en la révolution jusqu'à ses derniers jours. II – La critique de toute philosophie L'oeuvre de Marx oscille entre philosophie et science de l'histoire, et il se veut méprisant des seules spéculations théoriques. Grand lecteur de Hegel, il se fonde sur sa logique et ses écrits conservent un style philosophique. Il se place contre les erreurs qu'il nomme idéaliste, qui consistent à ne jurer que par grande théorie et valeur bien loin éloignée du concret, et l'erreur spontanéiste : la révolte romantique en somme. Il veut fonder sa révolution sur le réel et la raison. La critique de la religion Elle aliène, en rendant l'homme étranger à lui même, via le concept théologique d'extériorisation, aliénation néanmoins nécessaire à la conscience de soi. Il critique la religion également le fétichisme de la marchandise, et la philosophie idéaliste, la « religion pour laïques ». Ceci constitue l'opium du peuple, qui le maintient éloigné de la réalité, et manque à faire exiger le bonheur réel. De la critique du ciel à la critique de la terre Reprendre Hegel en soulignant que la critique de la religion est la condition de toute critique, car c'est une image renversée de la réalité qui va de la métaphysique vers le physique. Alors que l'origine n'est pas dans la métaphysique (questions du divin, de l'âme), mais dans les conditions matérielles. L'histoire a pour but d'établir la vérité. Le matérialisme recherche les racines sociales dans les conditions économiques d'existence. Ainsi, l'homme est la racine de tout, et l'émancipation doit passer par la suppression de ce qui l'asservit. La critique de la politique de l'État Se constitue en une critique de l'absolutisme allemand, mais également de la démocratie, dont les valeurs et la constitution s'apparentent en réalité à la religion. Il y a une contradiction entre la sphère civile et la sphère privée, entre l'égalité de droit et l'égalité des situations. L'état prétend substituer l'intérêt général à l'intérêt privé, mais c'est l'intérêt des classes dominantes qu'il fait passer pour l'intérêt général. Critique de la démocratie formelle L'émancipation politique grâce à la démocratie n'est en réalité qu'une étape (et non pas une fin) de la réelle émancipation, un état peut être libre sans que l'homme le soit, car il reste la propriété et la religion par exemple. Cette critique passe par une critique de la bureaucratie, qui impose l'unité et l'intérêt universel d'une « classe » bureaucratique. Le contenu étant hors de l'institution, elle fait passer pour de la forme du fond, et inversement. Elle vénère également l'autorité. La suppression de l'état ne se fait que dans le cadre de l'accomplissement d'un réel intérêt général. La seconde critique passe par la critique des droits de l'homme, avec des droits qui ne s'étendent jamais au-delà de l'égoïsme, et considère implicitement le bourgeois et non directement l'homme. La critique de l'argent L'émancipation de l'homme passe par la suppression de l'argent, il avilit les hommes, et fait passer la force de travail comme une marchandise. L'histoire est le juge, son bourreau le prolétaire La théorie marxiste revêt un fort aspect pratique, car le seul moyen de renverser la domination matérielle, c'est avec des forces matérielles. La théorie devient matérielle à partir du moment où elle saisit les masses. Il faut surpasser la seule action politique et bien considérer le social, il se propose d'un socialisme qui se refuse à l'enveloppe politique. Les manuscrits de Paris Écrits en 1844, il s'agit d'une dénonciation du cynisme des économistes, du culte de l'argent, de l'économie politique qui se base sur un fait sans nécessité : la propriété privée. Marx institue une anthropologie fondée sur le travail, comme essence de l'homme, et la critique de l'aliénation. La production permet l'affirmation et l'objectivation de soi. S'il rejoint l'économie classique pour dire que le travail créé le capital, en mettant en relief le fait que l'ouvrier est soumis au capital dans les rapports de production, on a ainsi une créature (le capital) qui échappe à son créateur (l'homme), ce qui constitue précisément l'aliénation. La solution communiste réside en le retour de l'homme à soi en tant qu'homme social. Marx recense trois manifestations de l'aliénation au travail : (i) le fétichisme de la marchandise ; (ii) le travail ruine l'ouvrier, son travail ne répond pas à ses besoins, mais vient d'une contrainte extérieure ; (iii) le salariat est une forme de prostitution selon Marx, par laquelle l'ouvrier est rendu étranger à son propre travail. La critique de toute philosophie? Marx reprend la conception matérialiste de l'histoire de Feurbach (le progrès est dû aux conditions d'existences matérielles), en lui ajoutant le côté actif avec le travail. Marx vise, avec sa praxis (« philosophie pratique ») à transformer l'homme par lui même, établissant un matérialisme dialectique, avec d'un coté la praxis, qui signifie agir, dont la réalité tient dans l'effectuer. Mais renvoie également à l'action morale et politique chez Aristote, comme une action de l'homme en lui même pour atteindre la perfection. Le deuxième versant de cette dialectique est la poiesis, qui a trait à la production du monde, l'objet de la philosophie de Marx est de surpasser cette opposition. Faire la troisième partie de la dissertation géante qu'est l'Histoire de la philosophie en somme... L'idéologie allemande Hegel conçoit la production de l'homme par lui même comme processus d'objectivation d'aliénation et enfin de suppression de cette aliénation. Le progrès de l'histoire selon son matérialisme passe par une maitrise croissante de la nature qui suppose la coopération des hommes, ce qui engendre conscience et langage. Marx insiste sur la nécessité de s'élever de la terre au ciel. La critique de la division du travail Il s'agit là du moteur de l'histoire, mais aussi de la cause de l'aliénation, car de la division en classe. D'abord sur le principe des genres, des capacités physiques, intellectuelles puis enfin sociales. On retrouve cette division à de multiples niveaux, ne serait-ce qu'en terme de ville campagne. Et l'idéologie ? La domination des élites est fondée sur une domination matérielle et idéologique. Les idées sont avec le temps de plus en plus abstraites et à tendance universaliste. Chaque nouvelle classe révolutionnaire doit être le porte-parole du reste de la société contre l'ancienne classe dominante. Ce discours de plus en plus généraliste travestit les intérêts particuliers d'une classe en l'intérêt général. Le communisme ou le règne de la liberté Tant que l'activité productive n'est pas organisée collectivement la division du travail est aliénante, car contrainte, l'homme est enfermé dans un domaine de compétence exclusif, car les couts pour en changer sont importants. Une « main invisible » selon le concept Ricardien, se voit toute puissante. Dans le communisme, la mobilité professionnelle et le changement d'activité sont rendus possibles et l'individu peut enfin se réaliser. La révolte vers le communisme selon Marx a deux prérequis : (i) une hausse des inégalités, jusqu'à en devenir insupportable ; (ii) un progrès technique qui permettrait de réduire le temps de travail. Le communisme est le mouvement qui abolit l'état des choses. III- La sociologie historique La misère de la philosophie ou de l'économie ? Marx a une approche sociale de la consommation, qui dépend de déterminismes non seulement matériels, mais aussi sociaux. Le passage d'une économie à la laquelle la demande commande à l'offre, puis dans le mode de production capitaliste, d'une économie de l'offre, qui engendrerait sa demande. De là viennent les dépressions cycliques, phases de misère et de progrès. Les forces productives sont le moteur de l'histoire. L'histoire de la lutte des classes La base de celle-ci réside dans les antagonismes sociaux. Les classes se forment d'abord en classes de coalition, avant d'accéder à une réelle conscience de classe et de devenir des classes pour elles même. La bourgeoisie révolutionnaire Par le calcul et la rationalisation due au nouveau mode de production, elle a désenchanté le monde réduisant les rapports sociaux à un individualisme égoïste et un calcul pécunier. La révolution Elle est inévitable, et vise à faire du prolétariat la classe dominante, par l'expropriation foncière, l'impôt sur le revenu, la nationalisation, dans le but de supprimer l'antagonisme de classe. La conception matérialiste de l'histoire Est-ce le mode de production qui détermine les rapports de production ou l'inverse ? Les rapports entre les hommes sont indépendants de leur volonté, et le mode de production domine la vie politique et sociale, pour cela il a un fondement réel (conditions matérielles), et superstructurel : l'idéologie. Quant à l'homme, ce n'est pas sa conscience qui détermine son existence sociale, mais bien son existence sociale qui détermine sa conscience. Marx s'attache ensuite à analyser les structures des modes de production, si dans les sociétés archaïques, le surplus de production n'était pas permis par les forces productives, quand les moyens l'ont permis, une élite l'a extorqué aux travailleurs parle surtravail. Et la fin de l'histoire est la maitrise totale de la nature par l'homme. Le capitalisme créé lui même les conditions de passage au communisme. Où est passée la lutte des classes Si les hommes font leur histoire, mais la fin en est connue, alors ils sont déterminés?... La question apparemment paradoxale, repose sur le fait que si les hommes font bien leur histoire, ils la font à partir de conditions matérielles préexistantes, qui donnent lieux à des rapports sociaux, puis de production entre classes. Marx distingue 4 classes : (1) la bourgeoisie, divisée en aristocratie foncière, aristocratie financière et bourgeoisie industrielle. Sujette à des conflits internes et intérêts divergents, elle s'unit contre d'autres classes. (2) La petite bourgeoise, principalement composée des artisans et commerçants, qui dialoguent avec les extrêmes et tiennent leur existence de par leur position intermédiaire. (3) Le prolétariat opposé à la bourgeoisie industrielle. (4) Les paysans eux-mêmes exploités, isolés, ne sont pas mobilisés en une classe pour soi. Mais il demeure cependant d'autres groupes indépendants de ces classes : la bureaucratie d'état ; l'armée ; le lumpenprolétariat (prolétariat miséreux et criminel). Malgré cela, Marx s'attache à sa prédiction de polarisation de la société. L'existence de classe est due au mode de production, et mène inéluctablement vers l'abolition de toute classe. IV – La critique de l'économie politique La critique de Marx prend une forme philosophique, et il tente de fonder scientifiquement la théorie de l'exploitation, démontrer l'autodestruction à venir du capitalisme, et en déduire l'arrivée du communisme. La valeur des marchandises Selon la théorie ricardienne, une marchandise est ce dont la quantité peut s'accroitre par l'industrie de l'homme, encouragée par la concurrence, et sans entraves. En premier lieu, ce qui distingue les sociétés c'est la façon dont le travail est réparti, les individus produisent séparément conformément à la division du travail et sont coordonnés ex post par la sanction du marché. La production « à perte » avant la vente semble paradoxale, de ce point de vue une planification ex ante semblerait plus logique, à la façon du manageriat qui planifie le travail dans l'entreprise, que l'on appliquerait au niveau macro. De plus, la valeur dépendrait dans la tradition de l'offre et la demande, cependant Marx fait remarquer que ces dernières s'exerçant dans des sens opposés doivent s'appliquer à quelque chose, et s'annulent, c'est ce quelque chose qui est la valeur. Ensuite la marchandise a un caractère double puisqu'elle est à la fois valeur d'usage, qui répond à un besoin de consommation, de fait elle est empreinte de social, et elle a également une valeur d'échange, relative aux autres biens. La valeur est la forme historique de quelque chose présent dans toutes les sociétés. Et dans le mode de production capitaliste, ce quelque chose est le travail abstrait, résultant de la force de travail traitée comme marchandise. S'il y a différentes formes de travail, on abstrait ce travail, en considérant formations et capital engagé à nouveau comme résultat d'un certain travail. De cette façon, à mesure que la productivité augmente, la valeur diminue. Marx note également que ce sont les conditions sociales historiques qui donnent la valeur au produit, et au travail. Subsiste un mystère, puisque la marchandise est le lieu de rencontre du passé (la production) et du présent (la consommation), la marchandise se présente ainsi comme du travail à l'état latent. Les deux théories explicatives de la valeur coexistent : comme travail incorporé, ou comme socialisation économique. La genèse de la monnaie La monnaie permet d'exprimer la valeur des marchandises à partir d'une seule, ce qui est le résultat d'une élection sociale. Elle se retrouve ainsi exclue de l'univers de l'univers des marchandises, et n'est qu'un produit de l'échange. Cependant, Marx élude ainsi la question de sa légitimité et sa souveraineté. Elle n'exprime pas directement le travail, en effet, il ne faut pas croire que la marchandise devient commensurable parce que la monnaie le fait, mais c'est bien parce que la marchandise est commensurable qu'il peut y avoir une monnaie pour le faire. Le fétichisme de la marchandise Le rapport social de l'échange ne se conclut pas directement entre producteur et consommateur, mais par l'intermédiaire de l'argent et de la marchandise. Ainsi s'effectue un rapport social entre deux choses, auxquelles on attribue des propriétés qui sont des rapports sociaux. L'argent exprime le lien social par abstraction, et chacun s'y soumet aveuglément. Cette « prostitution universelle » selon Marx, rend l'argent irrémédiablement aliénant. Marx propose par le communisme une société transparente d'elle-même sans ce type d'abstraction aliénante. V-Dynamique et crises du capitalisme Le processus de valorisation du capital Énigme de la plus-value : alors que le cycle d'échange des sociétés faisait de l'argent (A), un moyen d'obtenir une marchandise, M-A-M', le capitalisme prend pour fin l'accumulation d'argent, selon le schéma A-M-A'. L'ajout de valeur (la plus-value) pour que A'>A, ne peut se faire que par le travail qui seul produit de la richesse. La concentration de richesse et l'augmentation de capital s'auto entretien, fuyant en avant, au détriment du social, des cultures religions, et morales. L'exploitation : la théorie de l'exploitation part de la force de travail, à qui l'on attribut la valeur d'une marchandise, même si elle ne peut être considéré de la même façon elle n'est pas produite. Elle a donc un prix, fonction des normes sociohistoriques de consommation qui permettent au travailleur de s'entretenir, lui et son foyer. Marx fonde à partir de là un taux d'exploitation comme rapport entre ce que le travailleur produit et ce qu'il peut racheter. L'exploitation résulte de la différence entre le temps nécessaire : qui est le temps pendant lequel l'ouvrier travaille en pouvant racheter ce qu'il produit, et le surtravail, temps qui va au-delà du temps nécessaire. Le taux d'exploitation fluctue en fonction des rapports entre les classes antagonistes. Dans le capitalisme les rapports salariaux masquent donc l'exploitation derrière un rapport d'échange d'équivalents. Le droit de propriété pour le capitaliste est de s'approprier du travail étranger impayé. Les formes de la plus value : (i) la plus-value absolue : écart entre le travail créateur et le travail nécessaire ; (ii) La plus-value relative : hausse de la productivité, donc baisse du temps nécessaire ; (iii) La plus-value extra : réservée aux entreprises les plus compétitives, dont la productivité est supérieure à la norme. Celle pousse les entreprises à l'innovation. Le travail ne peut être considéré que comme Capital, c'est le seul créateur de valeur via la plus-value, un gain réalisé ne peut être dû qu'à une plus value empruntée ailleurs. L'organisation capitaliste du travail La coopération : nécessité de la production, la force sociale du travail collectif est supérieure à la somme des forces individuelles. Le capitaliste est le directeur de cette coopération, et commande au nom du capital. La division du travail dans la manufacture : elle peut prendre la forme de la spécialisation d'un artisan dans un domaine, exemple de la manufacture de carrosse, le menuisier et le vitrier seront moins habiles aux compétences du métier non mobilisées dans la manufacture (ils ne sauront bientôt plus que faire des vitres pour carrosse). La seconde forme est la division en taches élémentaires que tout ouvrier est capable d'effectuer, comme dans la manufacture d'épingle, n'effectuant qu'une opération, il est rendu étranger à sa production. La division du travail forme un travailleur collectif, composé de travailleurs parcellaires. Cela présente l'avantage pour le capitaliste de pouvoir employer des ouvriers moins qualifiés, à des salaires plus bas. De plus, la division du travail fait produire séparé, affaiblit la solidarité, et par son coté répétitif et ennuyeux « estropie » le travailleur et limite ses capacités. Ce qui incarne l'asservissement au capital. Le machinisme : permet de dévaloriser la force de travail et marque le passage à la grande industrie. Le rythme de travail est désormais indexé sur la machine, et non plus l'homme qui maniait l'outil. La main d'oeuvre n'a plus besoin d'être qualifiée. La concurrence sur ces bases ne saurait être libre, puisque si dans un accord entre producteurs, les producteurs sont bien sous la sanction et les aléas du marché, il n'en est rien lorsqu'ils sont subordonnés au despotisme de l'entreprise. Un processus de production et de reproduction Le capitalisme reproduit les conditions qui forcent l'ouvrier à se vendre pour vivre. La concurrence se définit comme une tendance extérieure d'une nécessité intérieure, et, comme loi coercitive pour les capitalistes, les contraint à la recherche effrénée du profit, sous peine de sanction du marché. Les dominants sont alors dominés par leur propre domination ? La concurrence entre les capitalistes La concurrence est donc une course à la maximisation du taux de profit, que l'on peut formaliser comme division du profit sur le capital engagé, ce qui créé l'illusion que le capital engendre le capital (à la place du travail). L'égalisation des taux de profit : a lieu entre les branches, où travail et capital se transfèrent des moins productives aux plus productives, augmentant l'offre de la branche, diminuant ses prix et donc la rentabilité. Les prix gravitent ainsi autour des couts de production. Vers la crise finale Des crises cycliques : le capitalisme est empreint de cycles de surproduction, krach, et dépressions, inévitables en partie à cause de la tendance à la sous-consommation des salariés, due aux salaires toujours tirés vers le bas, et la surproduction de marchandises. Mais la sous-consommation est inhérente au capitalisme, car formatrice du profit. Ainsi, les crises ne sont pas conjoncturelles, mais structurelles. Si dans une économie de troc les marchandises s'échangent contre des marchandises, dans une économie monétaire l'argent est sépare la vente de l'achat, par thésaurisation. Cette latence permet une surproduction globale même en cas de débouchés existantes. De plus comme le capitalisme n'a pas pour vocation de combler des besoins sociaux, il peut exister des débouchés et y avoir surproduction, car l'on préfère parfois détruire ses marchandises plutôt que de le vendre. Cependant, cela amènerait à une baisse de salaire, menant à la sous-consommation... Ceci ne fournit pas une explication aux crises. La suraccumulation du capital : la loi de l'accumulation du capital : lorsque que la demande de force de travail augmente, les salaires également, les profits baissent alors, et le travail vivant vient à être sous représenté. Les travailleurs au chômage forment alors une armée de réserve qui tire les salaires à la baisse. La cause des crises est la suraccumulation de capital par rapport aux possibilités de rémunération au profit exigé, en clair une impasse à l'extension de la plus-value. Cette suraccumulation d'argent, de capital productif et de marchandises est due aux grappes d'innovation, à la spéculation excessive, et au manque de liquidité qui entrainent une spirale déflationniste. La solution est alors de dévaloriser le capital, pour baisser salaires et prix. Les crises sont alors nécessaires pour relancer et restructurer l'appareil de production, en plus de constituer une armée de réserve (travailleurs aux chômages, qui augmentent l'offre de travail, donc diminuent les salaires). La baisse tendancielle du taux de profit: le capitalisme doit, pour assurer sa pérennité dépasser ses contradictions, plusieurs facteurs peuvent contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit : la hausse du taux d'exploitation ; la dépréciation du capital constant ; la hausse de la vitesse de rotation du capital pour augmenter le taux de profit par unité de temps ; l'apparition des branches à faible composition en travail vivant ; la hausse du commerce extérieur avec des marchés réservés pour plus de débouchés ; et les crises pour leur rôle fonctionnel. Des crises, mais la Crise ? : Les crises sont l'expression des contradictions du capitalisme, mais également la condition pour qu'il les surpasse. La dernière crise, doit attendre la socialisation des forces productives, via le manageriat, pour que le capitaliste soit lui-même exclu du processus de production. La contradiction entre la montée des forces productives, et l'incapacité à satisfaire des besoins sociaux, la montée des inégalités, la centralisation du capital pour préparer à sa collectivisation, et le progrès technique pour permettre plus de productivité et donc de temps libre. Cependant, le passage au communisme nécessite un purgatoire, la dictature du prolétariat.