Lien vers l`article - L`infirmière clinicienne

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Lien vers l`article - L`infirmière clinicienne
Effet d'un programme de renforcement de la hardiesse sur la
qualité de vie au travail d'infirmières françaises
Philippe Delmasa, André Duquetteb, Marc Bourdeauc, et Anne-Marie Pronostd
a
b
Hôpital Vaugirard de Paris
Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, Québec, Canada
c
École Polytechnique à Montréal, Québec, Canada
d
Université Toulouse, Le Mirail, France
Selon Maddi et Kobasa (1984), la hardiesse apparaît comme une ressource personnelle
permettant aux personnes de demeurer en santé dans un univers pourvoyeur de nombreux
stresseurs. Ce constat a été de nombreuses fois exploré auprès de diverses populations
d’infirmières. Par contre, malgré la contribution des infirmières à préciser les relations proposées
par la théorie de Maddi et Kobasa (1984), il semble exister peu d’études ayant exploré les
relations causales entre les variables couramment utilisées par ces dernières comme par
exemple : l’épuisement professionnel, le stress perçu, le coping. De ce fait, cette étude a pour but
d’élaborer un programme de renforcement de la hardiesse et d’évaluer ses effets sur la
hardiesse, les stratégies de coping, le stress perçu et la qualité de vie au travail d’infirmières
françaises. L’échantillon fut constitué à partir de la population accessible d’un hôpital du sudouest de la France. Une randomisation de cet échantillon de 70 infirmières a permis la
constitution du groupe expérimental et contrôle. Le programme d’intervention fut bâti à partir des
recommandations des concepteurs (Maddi et Kobasa, 1984) si bien que trois techniques furent
retenues : le focusing, la reconstruction de situation et l’approche émotivo-rationnelle. Les
instruments de mesure furent pour la hardiesse, l’échelle PVS II (Maddi, 1987, 1990) en
traduction française (Kérouac et Duquette, 1992) ; pour le stress perçu, l’échelle NSS (Gray-Toft
et Anderson, 1981a) en traduction française (Duquette et al., 1995), pour les stratégies de
coping, l’échelle abrégée en langue française (Bouchard et coll., 1995) du Ways of Coping
Questionnaire (Lazarus et Folkman, 1984), pour la qualité de vie au travail, l’échelle de Elizur et
Shye (1990) en traduction française (Delmas, Escobar et Duquette, 2001). Les résultats montrent
aux trois temps de mesure postérieurs à l’intervention que celle-ci a permis de renforcer le niveau
de hardiesse, les stratégies actives de coping, la qualité de vie au travail des infirmières tout en
diminuant l’intensité du stress perçu et les stratégies de fuite.
Mots-clés : hardiesse – stratégies de coping – stress perçu – qualité de vie au travail – devis
expérimental – programmes d’intervention – santé au travail – infirmières françaises
Problématique
Depuis quelques années, le concept de hardiesse
(Maddi et Kobasa, 1984) semble retenir l’attention
des chercheurs dans le domaine de la prévention et
la promotion de la santé au travail. De façon plus
explicite, la hardiesse apparaît comme une des
________________________________________
principales ressources personnelles permettant à la
personne de percevoir de façon moins importante le
stress au travail par l’adoption en autre de stratégies
socialement perçues comme positive (Maddi et
Kobasa, 1984) ce qui lui permet de demeurer en
santé malgré un univers de travail comportant de
nombreux stresseurs.
Philippe Delmas, inf., M.Sc., Ph.D, est le premier docteur en sciences infirmières français. Il exerce comme cadre infirmier de
nuit à l’hôpital Vaugirard à Paris. Il est aussi Professeur associé à la faculté des Sciences Infirmières de l’Université Laval (Québec).
Correspondance : Monsieur Philippe Delmas, cadre de nuit, hopital Vaugirard, 10 rue Vaugelas, 75730 Paris Cedex 15. Courriel :
[email protected]
L’auteur principal remercie Monsieur Piquemal (ancien directeur du Centre Hospitalier de Rodez) et Madame Guillaudeau (directeur
des soins du Centre Hospitalier de Rodez) de leur collaboration étroite dans l’implantation du projet de recherche.
Revue en ligne http://wer.uqar.qc.ca/revue-inf
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Delmas, Duquette, Bourdeau et Pronost
S’inspirant de la philosophie existentielle, mettant
l’emphase sur le primat de l’existence, la hardiesse
se définit comme une caractéristique de la
personnalité se rapportant à des croyances, des
sentiments, des valeurs qui s’expriment par une
constellation de trois dimensions interreliées, soit, le
sens de l’engagement, le sens de la maîtrise et le
sens du défi (Kobasa et Maddi, 1977 ; Kobasa, 1979 ;
Kobasa, 1982). Le sens de l’engagement fait appel à
une tendance de la personne à s’impliquer dans
toutes les activités entreprises ou situations
rencontrées ; le sens de la maîtrise permet à la
personne de croire qu’elle peut influencer le cours
des événements ; enfin, le sens du défi se rapporte à
la croyance que le changement plutôt que la stabilité
est normal.
Les nombreuses études corrélationnelles auprès
d’infirmières ont permis de mettre en lien la hardiesse
avec d’autres variables psychosociales. Les résultats
obtenus semblent mettre en lumière que l’infirmière
hardie perçoit de façon moins fréquente et importante
le stress occupationnel (Mc Cranie, Lambert et
Lambert, 1987 ; Topf, 1989 ; Hall, 1992 ; Wright,
Blanche, Ralph et Luterman, 1992 ; Lambert et
Lambert, 1993 ; Savignac, 1993 ; Gomez, 1994 ; Van
Servellen, Topf et Leak , 1994 ; Duquette, Kérouac,
Sandhu et Saulnier, 1995 ; Harrisson, 1995 ; Collins,
1996 ; Delmas, Pronost, et Cloutier, 1997), utilise de
façon préférentielle les stratégies de coping
socialement perçues comme positive pour faire face
aux stresseurs (Boyle, Grap, Younger et Thornby,
1991 ; Duquette et al, 1995 ; Simoni et Paterson,
1997 ; Delmas, 1999), mobilise son réseau de
soutien social (Boyle, Grap, Younger et Thornby,
1991 ; Duquette et al , 1995 ; Harrisson, 1997) ce qui
lui permet d’éprouver des niveaux moindres
d’épuisement professionnel (Millet-Smith, 1984 ;
Keane, Ducette et Adler, 1985 ; D’ambrosia, 1987 ;
Rich et Rich, 1987 ; Mc Cranie, Lambert et Lambert,
1987 ; Topf, 1989 ; Langemo, 1990 ; Clarke, 1991 ;
Morisette, 1991 ; Paquette, 1994 ; Major, 1995 ;
Duquette, Kérouac, Sandhu, et Saulnier, 1995 ;
Delmas et al, 1997), de détresse psychologique
(Nowack, 1986 ; Duquette et al, 1995 ; Harrisson,
1997 ),
tout
en
renforçant
son
bien-être
psychologique (Harrisson, 1995 ; Savignac, 1997) et
sa qualité de vie au travail (Delmas, 1999, 2002).
Bref, la hardiesse apparaît comme un protecteur de
la santé des infirmières au travail d’où l’intérêt de la
mobiliser auprès de cette population vulnérable aux
problèmes de santé mentale (Duquette, et Delmas,
2001).
Bien que les études corrélationnelles soient
nombreuses sur le sujet, la revue des écrits met en
évidence l’existence de six études ayant évalué
l’efficacité d’un programme de renforcement de la
hardiesse dont trois en sciences infirmières (Rich,
1985 ; Tierney et Lavelle, 1997 ; Leclerc, 1999 ). Ces
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différents
programmes
de
renforcement
ne
présentent pas de consensus sur leur durée, les
techniques et les contenus de formation utilisés
autant en psychologie qu’en sciences infirmières. En
outre, les différents devis expérimentaux ou quasiexpérimentaux utilisés comportant des limites
(absence de randomisation, mortalité expérimentale
importante, tests statistiques non appropriés,
absence d’homogénéité des groupes avant
l’expérimentation), la validité interne et externe de
ces études en est réduite limitant ainsi l’interprétation
des résultats et leur généralisation. Par conséquent,
la présente étude s’intéresse à l’élaboration et à
l’évaluation d’un programme de renforcement de la
hardiesse auprès d’une population d’infirmières
françaises dans le but de promouvoir leur santé
examiné sous l’angle de la qualité de vie au travail
(Elizur et Shye, 1990).
De ce fait, le but de cette étude est, d’une part,
d’élaborer un programme de renforcement de la
hardiesse et, d’autre part, d’évaluer ses effets sur le
niveau de hardiesse, le stress perçu, sur les
stratégies de coping et sur la qualité de vie au travail
d’infirmières françaises.
Le modèle théorique
Le cadre de référence de la présente recherche
prend appui sur le modèle théorique de Maddi et
Kobasa (1984) raffiné par Maddi (1999). Selon cette
théorie, l’accumulation d’événements stressants
entraîne une montée en tension qui peut se
manifester chez les individus par des réactions
comme l’hypersudation, l’irritabilité et l’anxiété. Ces
réactions reflètent un état d’alerte de l’organisme. La
persistance de cet état peut entraîner l’apparition de
symptômes de maladie d’ordre physique ou mental.
Ces trois variables, événements stressants, tension
et symptômes de maladies constituent la relation
principale à partir de laquelle les auteurs décrivent
une caractéristique de la personnalité, la hardiesse,
qui apparaît, d’une part, comme une variable
modératrice de cette relation et, d’autre part, comme
une des plus puissantes ressources de l’individu pour
faire face aux stresseurs. En effet, la hardiesse
permet de diminuer le potentiel délétère des
stresseurs de produire une tension chez l’individu, et
ce en modifiant sa perception grâce à une évaluation
positive de la situation. Par conséquent, la personne
hardie utilise de façon préférentielle des stratégies de
coping socialement perçues comme positives, tout en
recherchant le soutien des personnes utilisant ce type
de stratégies, lors de confrontations à des situations
problématiques. Ainsi selon cette théorie, la
hardiesse apparaît comme une ressource du coping.
De ce fait, la personne hardie réduit la tension
générée par les stresseurs et demeure en santé
malgré un univers de travail fort exigeant. Bien que
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Effet d’un programme de renforcement sur la hardiesse
Maddi et Kobasa (1984) insistent sur le fait que la
hardiesse s’inscrit dans une approche positive de la
santé (perspective salutogenique), les différentes
recherches sur le sujet ont associé la hardiesse avec
des indicateurs négatifs de santé (perspective
pathogénique). Par conséquent, les chercheurs ont
décidé de respecter cette approche salutogénique
par l’utilisation d’un indicateur positif de santé soit la
qualité de vie au travail. Enfin les relations proposées
par le modèle théorique permettent de suggérer les
hypothèses de recherche suivante.
Les hypothèses de recherche
En lien avec la théorie de Maddi et Kobasa
(1984), cinq hypothèses théoriques sont proposées :
H1 : A la suite d’un programme de renforcement
de la hardiesse, le niveau de hardiesse sera plus
élevé dans le groupe expérimental que dans le
groupe contrôle
H2 : A la suite d’un programme de renforcement
de la hardiesse, le niveau de stress perçu sera moins
élevé dans le groupe expérimental que dans le
groupe contrôle
H3 : A la suite d’un programme de renforcement
de la hardiesse, le niveau de stratégies de coping
socialement perçues comme positive sera plus élevé
dans le groupe expérimental que dans le groupe
contrôle
H4 : A la suite d’un programme de renforcement
de la hardiesse, le niveau de stratégies de coping
socialement perçues comme négative sera moins
élevé dans le groupe expérimental que dans le
groupe contrôle
H5 : A la suite d’un programme de renforcement
de la hardiesse, le niveau de qualité de vie au travail
sera plus élevé dans le groupe expérimental que
dans le groupe contrôle.
Méthode
L’échantillon
La population retenue pour cette étude est
constituée de l’ensemble des infirmières en soins
généraux d’un hôpital de taille moyenne du sudouest de la France (n = 165). Un échantillon aléatoire
de 70 infirmières, stratifié selon les départements de
médecine générale, de chirurgie, de médecine
d’urgence et de long séjour, a été constitué puis par
randomisation, 35 infirmières ont été assignées au
groupe expérimental et 35 infirmières ont été
assignées au groupe contrôle. La taille de
l’échantillon de la présente étude (n = 70) est
compatible avec les exigences statistiques retenues
(alpha à 5 %, bêta à 20 %, delta à 0.4, mortalité
expérimentale prévue 10 %).
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Les caractéristiques socio-démographiques de
l’échantillon des répondantes montrent que la
majorité sont des femmes (97 %) âgées en moyenne
de 40 ans pour le groupe expérimental et de 37 ans
pour le groupe contrôle. Les répondantes vivent en
majorité avec un conjoint (82,9 % et 64,7 %
respectivement pour le groupe expérimental et
contrôle) avec au moins un enfant (65,7 % et 57,1 %
respectivement pour le groupe expérimental et
contrôle). Au niveau professionnel, ces infirmières
travaillent en très grande majorité à temps plein (77
% et 80 % respectivement pour le groupe
expérimental et contrôle) selon un planning de
rotation entre les trois postes de travail (matin, soir,
nuit) (80 % et 77 % respectivement pour le groupe
expérimental et contrôle). Elles ont en moyenne une
expérience professionnelle de 17,5 ans pour le
groupe expérimental et de 12 ans pour le groupe
contrôle et sont issues principalement des services
de médecine (46,2 % et 43,4 % respectivement pour
le groupe expérimental et contrôle).
La collecte des données
Un questionnaire auto-administré regroupant
quatre échelles de mesure et un questionnaire
sociodémographique a été acheminé de façon
confidentielle à chaque infirmière des groupes
expérimental et contrôle et ceci à quatre temps de
mesure : avant l’intervention du chercheur (T1) ;
immédiatement après l’intervention (T2) ; un mois
après (T3) ; trois mois après (T4). De plus, l’échelle
de mesure sur la désirabilité sociale (Strahan et
Gerbasi, 1972) a été ajoutée aux temps T1 et T4.
L’anonymat des répondantes ainsi que la liberté de
participation à l’étude ont été assurés. Une lettre de
rappel a été envoyée à chaque infirmière une
semaine avant le délai de réponse aux
questionnaires et ceci aux quatre temps de mesure.
La mortalité expérimentale fut faible (6 infirmières)
traduisant un taux d’exploitation des questionnaires
de 94, 3 % pour le groupe expérimental et de 88, 6 %
pour le groupe contrôle. L’annexe 1 présente
graphiquement le devis de recherche
Le programme de renforcement de la hardiesse
Le programme de renforcement de la hardiesse
mis en œuvre par le chercheur auprès des infirmières
du groupe expérimental, vise essentiellement à
renforcer les croyances liées à la hardiesse soit le
sens de l’engagement, de la maîtrise et du défi par
l’utilisation de certaines techniques conseillées par
Maddi et Kobasa (1984). De façon plus spécifique,
l’intervention utilise les aspects cognitifs, émotionnels
ainsi que des plans de reconstructions de situations
d’actions efficaces de coping en regard de situations
stressantes liées au travail.
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Delmas, Duquette, Bourdeau et Pronost
Au niveau du contenu, les trois techniques
retenues pour renforcer la hardiesse chez les
infirmières du groupe expérimental sont le focusing,
la reconstruction de situation et l’approche émotivorationnelle. Le focusing (Gendlin, 1962) est une
approche humaniste qui permet, à l'aide d'une
introspection, d'explorer et de caractériser les
sentiments profonds et vrais d'une personne en
regard d'une situation en dehors de toute désirabilité
sociale. De ce fait, la personne prend conscience des
tensions engendrées par certaines situations et peut
entrevoir des façons d’agir afin de diminuer ou
d’éliminer ces dernières. La deuxième technique
porte le nom de reconstruction de situation. Elle
permet à la personne de reconnaître ce qui est
associé en termes de valeurs, de réactions
psychologiques et physiques en regard de
l'événement stressant. Enfin, la troisième technique
s’appuie
sur
l'approche
émotivo-rationnelle
développée par Ellis (1973) et reprise dans une
perspective francophone par Auger (1974) qui
postule que nos émotions sont la résultante de nos
croyances intérieures face à un événement. Auger
(1974) décrit dix croyances, valeurs et attitudes qui
nourrissent notre dialogue intérieur et conditionnent
nos réactions face aux situations rencontrées. De ce
fait, les situations stressantes rencontrées par les
infirmières sont décodées à partir de ces dix
croyances et une reconstruction cognitive est alors
proposée.
Au niveau du processus, le programme se déroule
en trois étapes. La première étape de quatre heures
consiste à présenter aux infirmières du groupe
expérimental un état des connaissances sur la santé
au travail et le concept de hardiesse. La deuxième
étape de sept heures, distante d’un mois de l’étape
précédente, met en pratique les différentes
techniques exposées précédemment. Enfin la
troisième étape est constituée de deux séances de
supervision de deux heures chacune à distance
respectivement de 15 jours et d’un mois et demi de la
seconde étape (voir annexe 1). Pendant les séances
de supervision, les infirmières apportent des cas
concrets sur lesquels elles ont agi selon les nouvelles
techniques apprises. Une analyse de ces cas est faite
de façon collective selon la perspective du
renforcement de la hardiesse.
Un document
contenant un résumé théorique et des exercices est
fourni à chaque participante des le début du
programme. L’espacement des différents temps de
formation a tenu compte, d’une part, de l’intégration
progressive de nouveaux modes de faire face aux
situations stressantes et, d’autre part, des exigences
économiques en matière de mise à disposition du
personnel pour la formation.
Les instruments de mesure
La hardiesse a été mesurée à l’aide de l’Échelle
des Points de Vue Personnels qui est une traduction
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française par Kérouac et Duquette (1992) de l’échelle
Personal View Survey (Maddi, 1990). Cette échelle
de la troisième génération de mesure de la hardiesse
comprend 50 items qui capturent les trois dimensions
de la hardiesse, soit le sens de l’engagement (16
items), le sens de la maîtrise (17 items) et le sens du
défi (17 items). Ce questionnaire auto-administré
offre un choix de quatre réponses selon une échelle
de type Likert en relation avec un ordre variant de
« pas vrai du tout » à « complètement vrai ». Un
score pour chaque dimension peut être obtenu selon
les calculs proposés par Kobasa (1990). La
consistance interne de l’échelle autant de la version
française et anglaise est tout à fait satisfaisant. En
effet, le coefficient alpha de Cronbach de l’ensemble
de l’échelle varie selon les études de 0, 84 à 0, 90)
Le stress perçu en soins infirmiers a été mesuré
grâce à la version française (Duquette et al, 1995) de
l'échelle du Nursing Stress Scale (Gray-Toft et
Anderson, 1981a). Cet outil contient 34 situations
reconnues comme ayant un potentiel stressant. Les
34 items sont regroupés en sept facteurs, euxmêmes regroupés en 3 catégories. La catégorie
environnement physique comprend un facteur : la
charge de travail (6 items). La catégorie
environnement psychologique comprend quatre
facteurs : la mort et la morbidité (7 items ), la
préparation insuffisante (3 items), le manque de
soutien (3 items), et l'incertitude du traitement (5
items). La catégorie environnement social comprend
deux facteurs : le conflit avec les médecins (5 items),
et le conflit avec les autres infirmières et les
supérieurs (5 items). Les répondantes doivent
indiquer la fréquence à laquelle se produit les
situations, selon une échelle de 1 à 4 (1 = jamais, 2 =
occasionnellement, 3 = fréquemment, 4 = très
fréquent). Un score total de 34 à 136 peut être obtenu
par l'addition des choix de chaque participante. La
consistance interne de l’échelle autant de la version
française et anglaise est tout à fait satisfaisant. En
effet, le coefficient alpha de Cronbach de l’ensemble
de l’échelle varie selon les études de 0, 87 à 0, 94.
Les stratégies de coping ont été mesurées à l’aide
d’une version abrégée proposée par Bouchard et coll.
(1995) à partir de la traduction française effectuée par
Mishara (1987), du Ways of Coping Questionnaire
(WCQ) élaboré par Lazarus et Folkman (1984). Cette
échelle tridimensionnelle comprend 21 items répartis
selon trois types de stratégies de coping : la
recherche du soutien social (6 items), la réévaluation
positive/résolution de problème (9 items) et la
distanciation/évitement (6 items). Il s’agit de
stratégies mixtes incluant à la fois le coping centré
sur les émotions et sur la résolution de problèmes.
Les répondantes ont quatre choix de réponse à ce
questionnaire auto-administré suivant une échelle de
type Likert variant de « pas utilisées » à « beaucoup
utilisées ». La consistance interne de l’échelle autant
de la version française et anglaise est tout à fait
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Effet d’un programme de renforcement sur la hardiesse
satisfaisant En effet, le coefficient alpha de Cronbach
de chaque dimension varie selon les études de 0, 76
à 0, 80 pour la recherche de soutien ; de 0, 63 à 0, 76
pour la distanciation/évitement et de 0, 80 à 0, 85
pour la réévaluation positive/ résolution de problème.
La qualité de vie au travail a été mesurée à l’aide
de l’Echelle de la qualité de vie au travail élaborée
par Elizur et Shye (1990) et qui se compose de 16
items qui explorent les différents modes et domaines
de celle-ci. Chaque mode et chaque domaine
comprennent quatre items. Les répondantes ont six
choix de réponse suivant une échelle de Likert variant
de « en très grande partie » à « très peu ». Une
traduction française de cette échelle a été réalisée
par le chercheur (Delmas, Escobar, et Duquette,
2001) selon une procédure de traduction inversée. La
consistance interne de l’échelle est tout à fait
satisfaisant. En effet, le coefficient alpha de Cronbach
de l’ensemble de l’échelle varie selon les études de
0, 87 à 0, 90)
La désirabilité sociale a été mesurée à l’aide de
l’échelle traduite par Cloutier (1993) de Strahan et
Gerbasi (1972) comprenant 20 items et qui est une
version abrégée de l’échelle de Marlowe et Crowne
(1964). La consistance interne de l’échelle est tout à
fait satisfaisant. En effet, le coefficient alpha de
Cronbach de l’ensemble de l’échelle varie selon les
études de 0, 73 à 0, 87).
Un questionnaire sociodémographique élaboré
par le chercheur regroupe des éléments d’ordre
personnel comme le sexe, l’âge, la situation familiale,
le nombre d’enfants ainsi que des éléments d’ordre
professionnel comme le statut d’emploi, le quart et le
temps de travail, le nombre d’années d’expérience
totale et celle en réanimation. De plus des questions
complémentaires ont été rajoutées en regard de la
formation antérieure des infirmières sur la gestion du
stress et l’apparition d’événements stressants
pendant l’expérimentation. Ce questionnaire a été
joint aux différentes échelles de mesure.
Le traitement des données
Les statistiques utilisées pour les variables
descriptives sont des mesures de tendance centrale,
de dispersion et de distribution des fréquences. Au
niveau
de
la
comparaison
des
groupes
expérimentaux et contrôle en regard des variables
socio-démographiques et d'intérêt lors de la mesure
du pré-test, différentes techniques sont utilisées. Plus
finement, pour chaque temps de mesure et pour
chaque variable dépendante, les observations sont
décrites, d'une part, pour une mesure à la fois par
l'utilisation des moyennes, écarts types, coefficients
de variation, répartitions et, d'autre part, pour deux
mesures à la fois par l'utilisation de corrélations. Pour
examiner l’effet dans le temps de l’intervention
proposée, diverses analyses de covariance avec
mesures répétées sont proposées tout en tenant
compte
éventuellement
d’autres
covariables
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pertinentes (ex. l’effet de la désirabilité sociale). Ces
analyses permettent de décrire l’effet du programme
d’intervention dans le temps, et ce sur chaque
variable dépendante.
Résultats
Afin d’apporter des conclusions statistiques
pertinentes sur l’effet d’un programme de
renforcement de la hardiesse sur un certain nombre
de variables dépendantes, il a semblé pertinent de
vérifier l’homogénéité des groupes en regard des
différents variables retenues pour l’étude avant la
mise en place du programme d’intervention. Les
résultats amènent à voir une homogénéité des
groupes au temps T1 en ce qui a trait aux variables
sociodémographiques, à la désirabilité sociale, aux
variables dépendantes (hardiesse, stress, coping,
qualité de vie au travail) (voir tableau 1). De plus, il
faut
souligner
qu’aucune
variable
sociodémographique n’est associée de façon
significative aux variables d’intérêt. En outre, les
corrélations retrouvées entre les variables d’intérêt
sont cohérentes avec les résultats des études
antérieures sur le sujet (Delmas, 1999 ; Carlier,
2000).
Les paragraphes suivants vont présenter les
résultats des différentes variables d’intérêts aux
différents temps de mesure. Par contre, les résultats
en lien avec la désirabilité sociale sont à consulter
dans la thèse de Delmas (2002).
Présentation des résultats en regard de la variable
hardiesse en score global aux différents temps de
mesure
Les résultats (voir tableau 2) montrent une
différence statistiquement significative entre la
moyenne de hardiesse en score global aux temps T2,
T3, T4. De plus, en regard des sous dimensions, il
apparaît une différence statistiquement significative
des moyennes en ce qui a attrait au sens de la
maîtrise dès le temps T2 puis au temps T3 et T4. De
même, au niveau du sens du défi, il apparaît une
différence statistiquement significative entre les deux
groupes à partir du temps de mesure T3 puis au
temps T4. Enfin, pour le sens de l’engagement, il
apparaît une différence statistiquement significative
entre les deux groupes au temps T4. La présentation
des résultats issue des Mancova à mesures répétées
a mis en lumière que le programme de renforcement
de
la
hardiesse
permet
l’augmentation
statistiquement significative du niveau de hardiesse
du groupe expérimental. De ce fait, l’hypothèse H1
est confirmée. De plus, la répétition des mesures
dans le temps a permis de mieux comprendre la
mobilisation des sous dimensions de la hardiesse : le
sens de la maîtrise dès le temps T2, le sens du défi
des le temps T3 et le sens de l’engagement au temps
T4.
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Delmas, Duquette, Bourdeau et Pronost
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Tableau I
Distribution des répondantes, selon les groupes, pour les variables dépendantes avant l’intervention
Variables dépendantes
Groupe expérimental
Moy ± é.t.
Groupe contrôle
Moy ± é.t
Valeur de p
- physique
16,24 ± 2,77
14,71 ± 2,68
p = 0,06
- psychologique
40,34 ± 4,58
38,23 ± 5,55
p = 0,09
- social
18,94 ± 1,92
18,20 ± 2,11
p = 0,13
- physique
16,59 ± 3,76
15,25 ± 3,32
p = 0,12
- psychologique
47,93 ± 8,25
45,89 ± 8,60
p = 0,32
- social
25,75 ± 5,30
23,99 ± 5,30
p = 0,16
- le sens du défi
0,57 ± 0,13
0,61 ± 0,11
p = 0,13
- le sens de l’engagement
0,72 ± 0,13
0,74 ± 0,12
p = 0,56
- le sens de la maîtrise
0,70 ± 0,1
0,70 ± 0,09
p = 0,9
67,26 ± 9,97
68,47 ± 9,07
p = 0,3
- recherche de soutien
2,01 ± 0,53
1,77 ± 0,61
p = 0,08
- réévaluation positive
1,89 ± 0,60
1,73 ± 0,42
p = 0,21
- évitement
1,02 ± 0,54
0,96 ± 0,59
p = 0,68
- mode expressif
3,61 ± 0,63
3,62 ± 0,61
p = 0,67
- mode adaptatif
3,36 ± 0,81
3,37 ± 0,52
p = 0,98
- mode intégratif
3,47 ± 0,70
3,39 ± 0,55
p = 0,62
- mode conservateur
3,57 ± 0,79
3,39 ± 0,56
p = 0,28
- dimension physique
3,41 ± 0,73
3,47 ± 0,55
p = 0,71
- dimension psychologique
3,78 ± 0,74
3,67 ± 0,54
p = 0,49
- dimension sociale
3,33 ± 0,90
3,23 ± 0,78
p = 0,63
- dimension culturelle
3,49 ± 0,84
3,40 ± 0,63
p = 0,61
Fréquence des stresseurs
Intensité des stresseurs
Hardiesse
Score total
Stratégies de coping
Qualité de vie au travail
Tableau 2
Niveau de hardiesse au temps T1, T2, T3, T4 dans les deux groupes
Hardiesse en score global
Au temps T1
Variable
hardiesse
aux
différents temps de mesure
Hardiesse en score global
Au temps T2
Hardiesse en score global
Au temps T3
Hardiesse en score global
Au temps T4
*
p
<
0,
05,
GE : 67,28 ± 9,97
GC : 68,47 ± 9,07
Moyenne
Ecart type
GE : 73,08 ± 7, 83
GC : 66, 90 ± 8, 61
GE : 75, 61 ± 6, 66
GC : 69, 67 ± 9, 37
GE : 75, 63 ± 6, 34
GC : 69, 53 ± 9, 06
GE :
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groupe
0,43
p = 0,51
Valeur de F en regard
du modèle statistique
7, 79
Valeur de p
p = 0,007*
6, 66
p = 0,01*
8, 21
p = 0,005*
expérimental
;
GC :
groupe
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
contrôle
Effet d’un programme de renforcement sur la hardiesse
18
Présentation des résultats en regard de la variable intensité du stress en score global aux différents temps de
mesure
Tableau 3
Intensité du stress occupationnel aux temps T1, T2, T3, T4
dans les deux groupes
Variable intensité du stress
occupationnel
et
de
ses
composantes
Score global au temps T1
Moyenne
Ecart type
GE : 90,27 ± 14,53
GC : 85,13 ± 12,25
GE : 75.03 ± 12.53
GC : 86.06 ± 12.02
GE : 70.12 ± 10.77
GC : 87.25 ± 12.56
GE : 69.65 ± 10.25
GC : 87.83 ± 11.98
Score global au temps T2
Score global au temps T3
Score global au temps T4
*
résultat
significatif
Valeur de F en regard
du modèle statistique
pour
p
<
0,
05.
GE :
Les résultats (voir tableau 3) amènent à voir une
différence statistiquement significative entre la
moyenne d’intensité du stress occupationnel en score
global aux temps T2, T3, T4. De plus, en regard des
sous dimensions, il apparaît une différence
statistiquement significative des moyennes en ce qui
a attrait à l’intensité
de l’environnement
psychologique entre les deux groupes dès le temps
T2 puis au temps T3 et T4. De même, au niveau de
l’intensité de l’environnement social et physique, il
apparaît une différence statistiquement significative
entre les deux groupes à partir du temps de mesure
Valeur de p
2,61
0,11
4.83
0,03*
12.63
0,000*
13.66
0.003*
groupe
expérimental ;
GC :
groupe
contrôle
T3, se confirmant au temps T4. La présentation des
résultats a permis de montrer que le programme de
renforcement de la hardiesse permet une diminution
statistiquement significative du niveau du stress
perçu du groupe expérimental et ceci aux trois temps
de mesure postérieurs à la formation. De ce fait,
l’hypothèse H2 est confirmée.
Présentation des résultats en regard de la variable
stratégie de coping aux différents temps de mesure.
Tableau 4
Présentation des moyennes et des valeurs de p des différentes dimensions du coping aux temps T1, T2, T3,
T4 dans les deux groupes
Dimensions du coping
Réévaluation
positive/résolution de problème
Moyenne
des
Moyenne
des
Moyenne
des
Moyenne
des
groupes et valeurs de groupes et valeurs de groupes et valeurs de p groupes et valeurs de p
p au temps T1
p au temps T2
au temps T3
au temps T4
GE :1.89 ± 0.60
GE :2.30 ± 0.51
GE :2.11 ± 0.47
GE :2.10 ± 0.48
GC :1.73 ± 0.42
GC :1.75 ± 0.49
GC :1.72 ± 0.51
GC :1.74 ± 0.50
p = 0.29
p = 0.02*
p = 0.01*
p = 0.01*
Recherche de soutien
GE :2.01 ± 0.53
GC :1.77 ± 0.61
p = 0.17
GE :2.21 ± 0.41
GC :1.85 ± 0.56
p = 0.008*
GE :2.20 ± 0.36
GC :1.72 ± 0.60
p = 0.000*
GE :2.20 ± 0.36
GC :1.74 ± 0.59
p = 0.000*
Distanciation /évitement
GE :1.02 ± 0.54
GC :0.96 ± 0.59
p = 0.83
GE :0.66 ± 0.42
GC :0.98 ± 0.73
p = 0.04*
GE :0.74 ± 0.41
GC :0.96 ± 0.68
p = 0.15
GE :0.73 ± 0.38
GC :1.01 ± 0.38
p = 0.08
*
p
<
0,
05 ;
GE :
groupe
Les résultats (voir tableau 4) montrent que le
programme de renforcement de la hardiesse
permet l’augmentation statistiquement significative
des stratégies actives de coping entre le groupe
expérimental et contrôle (réévaluation
positive/résolution de problème, et recherche de
soutien), et ce, aux trois temps postérieurs à
Revue en ligne http://wer.uqar.qc.ca/revue-inf
expérimental,
GC :
groupe
contrôle.
l’intervention. Par contre, en regard de la stratégie
d’évitement, bien qu’une diminution de la moyenne
soit apparue aux trois temps postérieurs à
l’intervention pour le groupe expérimental par
rapport au groupe contrôle, cette différence n’est
statistiquement significative qu’au temps T2. De ce
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
Delmas, Duquette, Bourdeau et Pronost
fait, l’hypothèse H3 est confirmée et l’hypothèse
19
H4 est réfutée
Présentation des résultats en regard de la variable qualité de vie au travail en score global aux différents temps
de mesure
Tableau 5
Niveau de qualité de vie au travail en score global aux temps T1, T2, T3, T4 pour les deux groupes
Variable qualité de vie au travail aux
différents temps de mesure
Moyenne
Ecart type
Indice global de
travail au temps T1
Indice global de
travail au temps T2
Indice global de
travail au temps T3
Indice global de
travail au temps T4
GE : 3,51 ± 0,63
GC : 3,45 ± 0,47
GE : 3,81 ± 0,54
GC : 3,46 ± 0,51
GE : 3,65 ± 0,51
GC : 3,35 ± 0,52
GE : 3,70 ± 0,51
GC : 3,36 ± 0,52
qualité de vie au
qualité de vie au
qualité de vie au
qualité de vie au
Valeur de F en
regard
du
modèle
statistique
0,02
Valeur de p
0,87
3.27
0,07
4.36
0,04*
5.13
0,02*
* : p < 0, 05 ; GE : groupe expérimental, GC : groupe contrôle
Les résultats (voir tableau 5) montrent qu’il
existe une différence statistiquement significative
entre les moyennes de la variable qualité de vie au
travail en regard des deux groupes au temps T4 (p
= 0,02*). De plus, il est aisé de remarquer que la
moyenne de l’indice global de qualité de vie au
travail a augmenté entre le temps T 3 et le temps
T4 pour le groupe expérimental. Par contre, pour le
groupe contrôle, cet indice a tendance à se
stabiliser à un niveau inférieur. De ce fait, il
apparaît que, trois mois après avoir reçu le
programme de renforcement de la hardiesse, les
infirmières du groupe expérimental présentent un
niveau de qualité de vie au travail plus élevé que
celui du groupe contrôle. Par conséquent,
l’hypothèse H5 est confirmée.
Discussion
La validité des conclusions statistiques
La pertinence des conclusions apportées est
renforcée par le contrôle d’un certain nombre de
menaces. En effet, plusieurs menaces à la validité
interne et externe ont été contrôlées ; la
randomisation à la fois de la population et de
l’échantillon a permis de diminuer l’impact des
variables étrangères sur les variables de l’étude ;
la présence d’un groupe contrôle a permis
d’apporter des conclusions sur la modification des
variables
dépendantes
retenues
lors
de
l’introduction de la variable indépendante ; la
validité et la fidélité des instruments de mesure
choisis ont permis de contrôler les problèmes liés à
la mesure ; la présence de mesures répétées a
permis d’étudier dans le temps les modifications
induites par la variable indépendante sur les
différentes variables dépendantes de l’étude ; le
contrôle de la non communication entre le groupe
Revue en ligne http://wer.uqar.qc.ca/revue-inf
expérimental et contrôle en s’assurant que les
deux groupes ne travaillent pas dans la même
unité ou selon le même quart de travail a permis de
diminuer les biais de contamination ; enfin,
l’adjonction de covariables à l’étude a permis de
contrôler un certain nombre d’éléments parasites
en regard des variables dépendantes. De ce fait, il
s’avère que les liens de causalité mis en lumière
par les résultats statistiques peuvent être
considérés comme valide.
Une intervention qui renforce la hardiesse des
infirmières ainsi que le sens de l’engagement, de la
maîtrise et du défi.
Les résultats (voir tableau 2) obtenus pour la
hardiesse et ses dimensions sont comparables aux
résultats d’études antérieures sur le sujet (Maddi,
Kahn, et Maddi, 1998 ; Leclerc, 1999 ; Tierney et
Lavelle, 1997) soit qu’un programme de
renforcement de la hardiesse permet une
augmentation du niveau global de hardiesse ainsi
que de ses dimensions. De plus, le score global de
hardiesse obtenu trois mois après l’intervention est
supérieur
à
toutes
les
études
citées
précédemment. Ce constat amène à voir, d’une
part, que la hardiesse est une caractéristique de la
personnalité qui peut être renforcée par une
intervention et, d’autre part, que cet effet n’est pas
temporaire puisqu’il perdure dans le temps. Ces
résultats permettent ainsi d’écarter les critiques
formulées par Carver (1989) et Funk (1992) qui
postulaient que la hardiesse était un trait fixe de
personnalité. Au niveau clinique, les témoignages
des infirmières recueillies lors des supervisions
amènent à voir que celles-ci ont verbalisé une
différence dans leur manière de faire et d’être face
à un événement stressant. En effet, elles
perçoivent qu’une situation non résolue peut être
une source de stress chronique ce qui les motive à
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
20
Effet d’un programme de renforcement sur la hardiesse
adopter plus souvent des stratégies de
confrontation et de réévaluation positive de la
situation. De plus, elles apprennent à prendre du
recul face aux événements, à les analyser, à
demander de l’aide si nécessaire. De ce fait, elles
témoignent d’un meilleur bien-être au travail, d’une
meilleure affirmation de soi par une prise de
conscience de leur limite.
En regard de l’étude des différentes dimensions
de la hardiesse, il apparaît que la mobilisation du
sens de l’engagement, de la maîtrise et du défi se
fait progressivement au cours du temps. En effet,
immédiatement après l’intervention, il apparaît que
le sens de la maîtrise est la première dimension à
être mobilisée ce qui corrobore le fait que
l’infirmière fait plus appel à son contrôle interne
pour faire face aux situations tout en mesurant
l’impact qu’elle peut avoir sur les événements. Au
niveau clinique, il apparaît que les infirmières
utilisaient plus fréquemment le « je » pour
confronter les situations que l’utilisation du « on »
ou du « nous ». Cette réutilisation du « je » dans le
discours est concomitante avec le renforcement du
contrôle interne de l’infirmière et par la même de
son sens de la maîtrise. Un mois après le
programme, il apparaît que le sens du défi est
mobilisé ce qui se traduit par une expression de la
créativité des infirmières lors des changements
proposés. De plus, elles se sentent devenir acteur
dans le changement. Enfin, trois mois après le
programme, le sens de l’engagement est renforcé
ce qui se traduit par l’implication des infirmières
dans toutes les situations qui ont du sens pour
elles. Il semble que cette dimension de
l’engagement représente la mise en mouvement
de la personnalité hardie ce qui expliquerait le fait
qu’elle soit la dernière mobilisée. De plus, ces
résultats amènent à voir que la mobilisation des
différentes dimensions ne s’effectue pas de façon
similaire ce qui conforte l’idée émise par Maddi et
Kobasa (1984) que ces dernières sont à considérer
comme des entités uniques et non comme un
composite. Bref, il apparaît qu’un programme de
renforcement de la hardiesse a permis aux
infirmières de retrouver leur capacité de choix et
de mettre en place les actions adaptées afin de
produire un changement bénéfique pour leur
qualité de vie au travail.
Une intervention qui mobilise les stratégies actives
de coping tout en diminuant l’utilisation de
stratégies d’évitement.
Au regard des résultats sur l’impact du
programme sur les stratégies de coping (voir
tableau 4), il apparaît que suite à l’intervention les
infirmières utilisent de façon moindre les stratégies
d’évitement tout en priorisant l’utilisation de
stratégies actives de coping pour faire face aux
Revue en ligne http://wer.uqar.qc.ca/revue-inf
situations. Ces résultats sont similaires avec les
études corrélationnelles sur le sujet (Beaulieu,
1993 ; Patenaude, 1996 ; Delmas et Duquette,
2000 ) malgré l’utilisation d’échelles de mesure
différente. Au niveau clinique, les infirmières
témoignent du renforcement de la prise de
distance face aux événements afin de les analyser
et d’examiner leur potentiel stressant ce qui leur
permet d’agir selon leur croyance et leur valeur. De
plus, elles font plus appel à leur entourage
professionnel et personnel pour avoir du feedback. Par conséquent, les infirmières se laissent
moins submerger par l’émotionnel ou la fuite face à
un événement ayant un potentiel stressant. En
conclusion, il apparaît qu’un programme de
renforcement de la hardiesse a permis aux
infirmières le renforcement des stratégies actives
de coping tout en diminuant les stratégies
d’évitement face aux stresseurs professionnels
bien que cette dernière hypothèse ne soit pas
statistiquement significative. Ces résultats sont
cohérents avec les aspects théoriques de Maddi et
Kobasa (1984).
Une intervention qui réduit l’intensité du stress
occupationnel
Il apparaît que le programme de renforcement
de la hardiesse a permis une diminution
significative de l’intensité du stress perçu et ceci
aux quatre temps de mesure (voir tableau 3). Ces
résultats sont similaires à ceux de Leclerc (1999)
auprès d’une population d’infirmières québécoises.
Au niveau clinique, les infirmières font état qu’en
confrontant plus souvent les situations, elles
ressentent moins la tension perçue induite par la
non-résolution de ces dernières. De plus, elles
interpellent plus souvent les médecins et les
cadres lorsque leurs paroles ou actes induisent
chez elles une tension. Plus finement, les
infirmières alertent plus rapidement le cadre d’une
intensification de la charge de travail tout en
proposant des réajustements possibles. De même,
elles mettent beaucoup plus de limites quant aux
multiples sollicitations en dehors du soin au patient
diminuant ainsi les interruptions fréquentes de
tache. De plus, elles rapportent aussi que la
confrontation des situations demandent du
courage et produit un certain niveau de stress qui
est nettement moins intense que le stress
chronique généré par une situation non résolue.
De ce fait, il apparaît autant au niveau statistique
que clinique que l’intervention a permis aux
infirmières de percevoir de façon moins intense le
stress au travail.
Une intervention qui renforce la qualité de vie au
travail
On constate que le niveau de qualité de vie au
travail est augmenté suite au programme de
L’infirmière clinicienne, vol. 1, no1, 2004
21
Delmas, Duquette, Bourdeau et Pronost
renforcement de la hardiesse (voir tableau 5). Par
contre, il apparaît avant l’intervention que le niveau
de qualité de vie au travail est modéré. Ce résultat
est similaire à l’étude de Delmas (1999) et Carlier
(2000) auprès d’une population d’infirmières
françaises . Ce constat peut trouver une explication
par le fait des nombreuses restructurations
hospitalières effectuées qui oublient parfois la
dimension humaine au profit d’une dimension
comptable, mais aussi par la non reconnaissance
professionnelle de l’infirmière. De ce fait, le climat
de travail hospitalier français ne permet pas
forcément la promotion de la qualité de vie au
travail. De plus, l’augmentation du score de qualité
de vie au travail ne s’est pas fait de façon linéaire
car on peut remarquer une diminution de ce
dernier un mois après l’intervention. Cette chute
est concomitante avec la négociation de la mise en
place des 35 heures sur l’établissement sur fond
de crise budgétaire ce qui obligeait les équipes de
soin à une réorganisation rapide du travail. Les
infirmières mentionnent avoir été affectées par
cette situation qu’elles ne maîtrisaient pas malgré
les stratégies actives de coping qu’elles
déployaient pour faire face aux nombreux
stresseurs. Par contre, elles soulignent que cette
période de tumulte les a stimulées à mettre en
pratique les différentes techniques proposées par
le programme de renforcement de la hardiesse.
Conclusion
La conclusion de cette étude portera sur les
contributions apportées par cette recherche car il
n’en demeure pas moins que cette dernière a
permis une avancée dans le développement des
connaissances sur la santé des infirmières au
travail. De façon plus explicite, les résultats
obtenus ont permis de mettre en évidence que la
hardiesse est une caractéristique de la
personnalité, mobilisable par l’intermédiaire d’une
intervention de courte durée et facilement
reproductible, que l’infirmière hardie utilise de
façon prioritaire les stratégies actives de coping
pour faire face aux événements stressants, ce qui
lui permet de diminuer leur intensité perçue tout en
renforçant sa qualité de vie au travail. De plus, les
résultats obtenus corroborent les propositions
théoriques de Maddi et Kobasa (1984) renforçant
ainsi la pertinence de cette théorie. Bien que
certaines limites nécessitent des explorations
futures comme la reproductibilité du devis sur
d’autres hôpitaux de France, il n’en demeure pas
moins que cette intervention peut s’intégrer dans
des actions infirmières en vue de promouvoir la
santé au travail, avec des extensions possibles
auprès de patients et des étudiants en soins
infirmiers soumis à de nombreux stresseurs.
Revue en ligne http://wer.uqar.qc.ca/revue-inf
Outre le fait de la pertinence des résultats
obtenus, il apparaît comme le soulignent Delmas,
(1999) et Carlier (2000), que la qualité de vie au
travail est un concept primordial à développer en
sciences infirmières, surtout en période de
restriction budgétaire, où les gestionnaires
devraient l’intégrer comme un concept central de
gestion, ou du moins d’évaluation. Par contre,
parler de qualité de vie au travail impose un
changement de paradigme dans la perception
habituelle de la personne au travail, car ce concept
suggère d’entrevoir celui-ci comme une source de
développement. Dans cette optique, il apparaît
judicieux de suggérer aux institutions de soins,
dont la mission principale est d’offrir des soins de
qualité aux patients, de s’attarder à la santé de
leurs acteurs du soin. En effet, il apparaît
incohérent que les gestionnaires induisent, par des
modes de gestion, par l’utilisation de stratégies de
management inadaptées, des problèmes de santé
mentale chez son personnel. Par conséquent,
explorer la qualité de vie au travail et mettre en
œuvre des politiques qui permettent de la renforcer
sont des moyens parmi plusieurs autres
approches, de prendre soin des acteurs de santé.
Elle permet ainsi d’apposer un regard humain dans
une gestion souvent exclusivement rationnelle.
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