9.32. Le CNIP. Antoine Pinay (1952) Discours d`investiture, 6 mars

Transcription

9.32. Le CNIP. Antoine Pinay (1952) Discours d`investiture, 6 mars
9.32. Le CNIP. Antoine Pinay (1952) Discours d'investiture, 6 mars
Nous sommes en présence d'un triple déficit : les devises, le Trésor, le budget […]
Comment un pays comme le nôtre en est-il arrivé là ? C'est que ce grand pays a subi
de cruelles épreuves. Et notre génération a assumé de lourdes charges. En trente ans,
par deux fois, la France a dû relever ses ruines et reconstituer ses richesses.
Aujourd'hui encore, elle doit défendre la liberté en Asie et s'armer pour sa défense en
Europe. Elle a le devoir de rattraper dans ses équipements fondamentaux le retard des
années sombres de la guerre et de l'occupation. Elle tient à l'honneur d'avoir plus
d'enfants et plus de vieillards. Mais c'est notre génération d'adultes qui supporte ces
charges[…].
Les remèdes ne sont ni de droite ni de gauche. Ils n'ont pas d'étiquette parlementaire.
Ce sont des mesures techniques à prendre dans un climat de trêve politique. Avant
tout, l'État doit tenir ses engagements essentiels. Parce que l'État est le gardien de la
monnaie au même titre que de l'ordre public, le gouvernement, face aux prix, a un
devoir impérieux de vigilance [...]
Si tous les partis ne sont pas d'accord pour que l'État administre, ils sont tous d'accord
pour que l'État gouverne. Je suis en effet attaché au libéralisme, mais à un libéralisme
loyal qui, dans un climat de concurrence saine, doit rechercher sans cesse le progrès
technique et la paix sociale, non pas au libéralisme aveugle de la jungle ou au
libéralisme égoïste des coalitions d'intérêts...
Après le combat contre l'inflation des prix, vient la lutte contre l'inflation budgétaire.
Pour assurer l'équilibre du budget, il faut créer un double climat d'économie
rigoureuse dans la dépense, de civisme intransigeant dans la recette. L'Etat doit
donner l'exemple de la bonne gestion dans tous les domaines. Dans les
administrations, il faut retrancher encore les dépenses inutiles ou différables. […]
L'esprit d'économie doit pénétrer, non seulement l'État mais la Nation. Il faut
pénaliser le gaspillage comme la fraude dont il est souvent l'expression. Il faut
dénoncer le luxe qui insulte à la misère. Il faut que la discipline sociale réduise
volontairement la consommation du pays. Les Français doivent de nouveau,
apprendre à éviter les dépenses inutiles ou à payer très cher le droit de jouir de biens
ou de services que notre époque refuse à beaucoup d'entre eux. C'est pourquoi il faut
rétablir le civisme devant l'impôt, la fraude doit être combattue avec la dernière
rigueur.

Documents pareils