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ULYSSE NUIT GRAVEMENT A LA SANTÉ CIE LE CRI DE L’ARMOIRE © Maxime Flipo JEUDI 16 MARS 19H30 ESPACE JEAN VILAR SQUARE DE NIEDERWERRN 14123 IFS BILLETTERIE 02 31 82 69 69 www.espace-jean-vilar.com ULYSSE nuit gravement à la santé concert épique de et par Marien Tillet slam / récit et Mathias Castagné guitare lumières / son Alban Guillemot durée : 1H10 à partir de 11 ans Production – LE CRI DE L'ARMOIRE Coproduction – Le Théâtre Le Nickel de Rambouillet avec le soutien du festival Rumeurs Urbaines et le Théâtre Le Cormier de Cormeilles-en-Parisis Si l’on qualifie de «héroïque» un acte qui a pour résultat la vie sauve d’autrui, que dire d’Ulysse qui ne ramènera aucun de ses compagnons vivants ? Et pendant ce temps, que fait Pénélope, elle qui passe ces années à être «prétendue» par tous ces hommes vivant dans sa maison... ? ULYSSE nuit gravement à la santé est le concert épique qui vous propose une autre lecture de L'Odyssée. Câblés, pluggés, le guitariste et le chanteur/conteur vont triturer «le rusé» dont les choix mènent souvent à des massacres peu glorieux - pour savoir ce qu’il a à dire pour sa défense. Que ce soit slamé, clamé ou crié, c’est décidé : Écorchons Ulysse, libérons Pénélope ! INTENTION, VOIX-MUSIQUE, MONSTRUOSITÉ Pages 3, 4, 5 ÉQUIPE ARTISTIQUE Page 6 RENCONTRE AVEC LE PUBLIC Page 7 CONDITIONS FINANCIÈRES Page 7 FICHE TECHNIQUE SPECTACLES DE LA CIE / CONTACT Pages 8, 9 Page 10 NOTE D'INTENTION « Ulysse ce héros... Parmi les héros de la culture populaire occidentale, il ne fait aucun doute que l'un des plus connus est Ulysse. Pourtant si l'on s'attache à la définition même du héros, Ulysse ne semble pas en avoir l'étoffe : Non seulement il ne sauve personne, mais en plus, il fait courir ses compagnons à leur perte. L'altruisme lui est totalement inconnu. L'égoïsme le côtoie à la ruse. Et si celle-ci l'extirpe de situations désespérées, c'est pourtant toujours lui qui est responsable de s'y être mis. Enfin, et pour finir, Ulysse n'est pas un modèle de fidélité. C'est pour ces raisons qu'il est un personnage passionnant car il est à l'opposé des figures de héros lisses et sans substances qu'on nous propose aujourd'hui*. Avec Mathias Castagné nous avons voulu le mettre face à ses actes sans jugement de valeur mais sans aucune complaisance. * voir les versions simplifiées de l'Odyssée pour les élèves de 6eme. Et quand bien même les personnages des séries d'aujourd'hui jouent la carte du cynisme, on nous fait bien comprendre qu'au fond ils ont bon coeur (sic). … Pénélope femme au foyer Sous prétexte de tradition, on ne peut pas continuer de véhiculer des images archaïques conçues et arrangées par des hommes au sujet des femmes. On voit bien la tentative d'idéal féminin qui est dessiné dans L'Odyssée... À nous, aujourd'hui, d'être du côté de Pénélope, de la mettre à l'épreuve de l'attente, à l'écoute de son désir. Résumons la situation : 50 prétendants la courtisent jour après jour dans sa propre maison. Un mari absent 20 ans. Une beauté connue de toute la Grèce. Qui peut croire que Pénélope résiste ? Au nom de quel morale devrait-elle résister ? 3 « » Marien Tillet VOIX-MUSIQUE Concert épique Écorchons Ulysse, libérons Pénélope... Pour autant, il est toujours question d'une Épopée. Il fallait en conserver la force, le souffle, la dramaturgie. Très rapidement le format épisode s'est imposé, proche des « chants » de l'Odyssée d'Homère, fidèle à la tradition orale chantée et versifiée. C'est le mode qui nous paraissait le mieux retransmettre les différentes étapes de cette quête du retour. A force d'improvisations musicales et verbales, une structure et un premier squelette sont apparus qui ont amené texte et voix en une orientation évidente : le concert. Car le concert est cette forme qui permet la transversalité du chant au slam, vers le narratif, voire la poésie. Est alors venu le temps de l'écriture musicale et textuelle, cherchant la précision, le juste rapport rythmique, tonal. Concert scénique La forme concert est ici entièrement assumée : micro à main, guitares, câbles, pédales à effet... Marien Tillet et Mathias Castagné sont ici sur scène, comme le seraient un musicien et un chanteur de groupe de rock. À ceci près que leur musique est un cycle narratif, un concert évolutif : un début, un milieu, une fin. Entre chaque chanson, entre chaque épisode, le public respire. Mais il reste la tension de l'épopée qui n'est pas encore achevée. Une tension qui ne peut se relâcher qu'au dénouement. 4 INTERROGER LA MONSTRUOSITÉ Déplacer le curseur C'est un sujet récurrent des spectacles de la Cie LE CRI DE L'ARMOIRE : Qui est monstrueux et surtout qui juge de cette monstruosité ? Dans l'Odyssée, Ulysse va à la rencontre de créatures dites « monstrueuses » dont on lui a toujours parlé au préalable. Il sait que l'île de Ptolémée regorge de cyclopes, il sait qu'il va rencontrer les sirènes et s'y prépare, il a été prévenu des dangers de Charybde et Scylla. Ulysse est toujours curieux comme dans une foire où derrière des barreaux on pourrait apercevoir cet « autre » qui nous fait trembler par sa différence. ULYSSE nuit gravement à la santé traite ces créatures en déplaçant le curseur, en ne jugeant pas leur comportement, en les considérant de façon objective : Des hommes s'introduisent dans l'antre du Cyclope, il les mange. Ce n'est ni bien ni mal. C'est ainsi. C'est un accès de rage ? Qu'en est-il du massacre des prétendants quand Ulysse accompli une purge planifiée ? Le slam, les récurrences textuelles, permettent d'effectuer un parallèle entre le Cyclope et Ulysse : Son regard fait fuir / sa force est à l'ouvrage personne ne peut prédire / l'étendue du carnage. (…) Folie furie « Qui n'a pas été sage ? Qui, dans ma maison ose montrer son visage ? » Le cyclope n'est pas plus un monstre pour Ulysse et ses compagnons, que ne l'est Ulysse pour les prétendants. Le silence des sirènes Quant aux sirènes, leur chant est un vrai mystère musical : Peut-on prétendre essayer de s'imaginer et de reproduire sur scène ce que serait le son de la perdition ? Dans ULYSSE nuit gravement à la santé, le conteur et le musicien font de ce défi à relever un axe d'écriture : Et si les sirènes étaient silencieuses ? Est-ce un silence, provoquées par elles, absorbant tous les sons environnants ? Un silence qui rend fou car il ne peut être défait ? Ou est-ce simplement que les sirènes ne produisent aucun son et qu'elles viennent, spectatrices des hommes qui en font des légendes ? Une chose est certaine, habitué au bruit constant de sa vie tumultueuse, Ulysse subit un choc face au silence des sirènes. 5 ÉQUIPE ARTISTIQUE Marien Tillet (texte) Depuis une quinzaine d'années, Marien Tillet raconte des histoires. Il crée des spectacles de théâtre-récit aux propos singuliers, essentiels, en questionnant l'irruption de l'imaginaire dans le réel. Lauréat du public au Grand Prix des conteurs de Chevilly-Larue en 2000, il rejoint le labo de la Maison du Conte dès 2003 et fait désormais partie de l'équipe pédagogique. Il traverse dans sa formation différentes disciplines artistiques (danse contemporaine, marionnette, musique...) dont il investit ses créations. Auteur, il cherche des formes singulières de mise en scène dans lesquelles il interroge la place du conteur sur la scène de théâtre liée à la place de l'adresse au spectateur. Mathias Castagné (musique) Mathias Castagné est guitariste, compositeur, arrangeur et improvisateur. Membre pendant plus de dix ans du groupe mythique de chanson française La Crevette d'Acier, il est aujourd'hui compositeur et guitariste dans le groupe franco-britannique de folk, Sparky in the Clouds, avec lequel il se produit à Paris, Londres et Berlin. Il a accompagné et enregistré avec divers artistes comme Mami Chan Band (Rock Japonais), collectif Slam Tribu (Slam), Rennen (Hip Hop ), Jeanne Plante (chanson), Maruo (trio Hip Hop rock)... Il est également compositeur pour de nombreux spectacles (dont Quartier République de Christophe Martin, scène nationale du Nord Pas de Calais en 2011, Les Jumeaux Vénitiens compagnie Viva la Comédia 2012-2013...) Alban Guillemot (technique) 6 Alban Guillemot est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Il explore des univers suggestifs à mi-chemin entre le paysage sonore et le documentaire artistique. Il recherche des dispositifs scénographiques d’écoute, adaptés à un public, un moment ou un lieu donné. Depuis 2004, il collabore à la réalisation d’univers sonores pour différents metteurs en scène comme Michel Raskine, Jean Claude Gal ou Anne Monfort. Il travaille également pour des créations originales, commandes d’écritures de Joel Jouanneau, Jeanne Bennameur, Jean-Pierre Cannet. C'est la 4ème proposition artistique qu'il conçoit avec Marien Tillet après JE SUIS PAS SEUL, APRÈS CE SERA TOI, et l'exposition vivante LE CRYPTOSCOPE. RENCONTRE AVEC LE PUBLIC Choix, changements, provocations... Raconter l'Odyssée en une heure nécessite de faire de nombreux choix. Un choix est toujours discutable : lors des premières rencontres public l'équipe a eu l'opportunité d'expliquer le pourquoi du choix d'un épisode et non d'un autre. Les élèves de 6eme ont confronté la version qu'ils étudiaient au collège avec les artistes et les interrogations suscitées par le spectacle ont ouvert des discussions pertinentes sur la notion d'écriture, de choix, de versions... En effet un travail sur Ulysse implique directement les questions passionnantes de l'oralité : Sur quelle version s'appuyer ? Est-ce que ce qui est écrit dans le livre est davantage véridique à ce que dit le conteur ? , etc. La Cie LE CRI DE L'ARMOIRE propose ainsi des interventions auprès des publics intéressés (classes de 6eme par exemple puisque les grands récits étant au programme, L'Odyssée y est souvent abordée) pour intervenir en amont ou en aval de la représentation : Les artistes peuvent proposer différents types de travail allant de la discussion à l'atelier slam-narratif pour s'essayer au récit oral. Le travail peut évidemment dépasser le cadre de l'Odyssée pour s'orienter vers la nouvelle, le conte traditionnel, l'écriture personnelle voire l'épopée quotidienne. CONDITIONS FINANCIÈRES la compagnie n'est pas assujettie à la TVA Prix de cession pour une représentation : 2500 euros T.T.C. Prix de cession pour une scolaire et une tout public : 4100 T.T.C. Prix dégressif à partir de 2 représentations consécutives (contacter la compagnie) 7 SPECTACLES DE LA CIE APRÈS CE SERA TOI thriller – conférence « Une histoire à ne pas rentrer seul la nuit après l'avoir entendue. » La Provence (un des 40 coups de coeur du festival 0FF d'Avignon sur + de 1000 spectacles) Les dernières exécutions officielles pour sorcellerie ont eu lieu à la fin du 18ème siècle. Marc, ethnologue, travaille sur les dynamiques de groupe initiées par la peur et cherche à savoir si ce phénomène a pu perdurer au 20ème siècle. Il trouve un cas isolé, officieux, au sud-ouest de l’Irlande, datant de 1953. Mais depuis quelques jours, de vieux cauchemars reviennent perturber son sommeil : il voit sa maison d’enfance, son frère, ses ogres… Et puis il y a cette jeune femme, fraîchement rencontrée dans un bar. L’histoire commence ici. APRÈS CE SERA TOI est un thriller conférence où l'on verra au cours d'une enquête sur les peurs collectives que : 1/ un journal intime n'est pas fait pour être lu, 2/ la folie et la terreur sont deux soeurs qui aiment se côtoyer, 3/ le spectateur est une sorcière comme les autres. AILLEURS spectacle pour une salle de classe récits alternatifs de la disparition soudaine et inexpliquée d'un groupe de 20 adolescents Comment tout un groupe d'adolescents a-t-il pu disparaître sans laisser de traces ? Que racontent tous ces journaux intimes abandonnés sur ces tables ? On parle d'évènements inexpliqués, d'une chasse sauvage et d'un homme à tête de cerf. On suppose une fugue improbable organisée spontanément pour une destination inconnue. On soupçonne une vengeance de l'un d'entre eux. En s'asseyant à la place même de ces adolescents, en s'immergeant dans leurs pensées, le groupe de spectateurs, divisé en deux, fera l'expérience d'histoires alternatives par des vecteurs diversifiés : récit oral, texte et vidéo. Un effet miroir déroutant... CONTACT DIFFUSION 2C2B PROD Camille Bard 06 20 78 38 19 [email protected] teaser et infos sur lecridelarmoire.fr 10 ULYSSE NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ : Marien Tillet et Mathias Castagné, compères hors pair 6 juillet 2015 —Walter Géhin, PLUSDEOFF.com La Manufacture d’Avignon a pris la bonne habitude de convier chaque juillet un conteur d’élite. Cette année, c’est Marien Tillet, voix et violon en verve, qui nous offre un régal de relecture du mythe d’Ulysse, accompagné à la guitare par une pointure, Mathias Castagné. Ulysse n’en revient pas : voici son mythe sérieusement écorné. La faute à Marien Tillet, qui a vu dans les péripéties lui ayant valu le statut de héros une vaste imposture. Ulysse nuit gravement à la santé de ceux qui l’entourent, son sens du sacrifice s’appliquant aux membres de son équipage plutôt qu’à sa propre personne. Marien Tillet lève un autre lièvre : tandis que Ulysse batifole de nymphe en nymphe et que les années passent, Pénélope continue à sagement l’attendre. De ces deux angles d’attaque du mythe, Marien Tillet fait son miel, dont il régale des spectateurs vite subjugués par sa faconde qu’enrobe l’univers musical fusant de la guitare de Mathias Castagné, qui sample, boucle et épouse le propos. Le cyclope surgit, Calypso séduit, Pénélope frémit… Marien Tillet manie la langue comme un ogre gourmet. On rit beaucoup de ses idées, de ses trouvailles, et lorsque son violon se mêle à la guitare de Mathias Castagné pour évoquer l’épisode des sirènes, on est transporté dans un moment de poésie et de rêve… Marien Tillet et Mathias Castagné, deux compères hors pair qui font honneur à la discipline du conte, dans un spectacle où le fond rivalise avec une admirable beauté formelle. Incontournable. Evènement : Conteurs au 13 Publié le 6 avril 2014 | Par Audrey Jean En partenariat avec la maison du conte de Chevilly-Larue et le centre d’animation Daviel, le Théâtre 13 mettait récemment l’art du conte à l’honneur au travers d’une programmation incroyablement riche puisque ce ne sont pas moins de 10 conteurs différents qui se sont succédés dans la salle jardin du théâtre ! Pour notre part, nous avons eu l’occasion d’assister à deux de ces aventures qui nous ont chacune transportées dans des univers aussi éloignés que réjouissants. Une très belle initiative à saluer ! Chaque conte se jouait malheureusement pour une représentation unique au Théâtre 13 mais gageons que la plupart d’entre eux aura une belle programmation à suivre tant le travail fourni sur cet évènement était précis et abouti. Il ne s’agissait pas ici de présenter un spectacle au rabais basé uniquement sur la présence scénique d’un conteur mais plutôt d’embarquer le spectateur dans un voyage éblouissant nourri par la force de l’imaginaire. Des artistes impressionnants au service d’une forme dramaturgique ancestrale pour autant de paroles libérées, d’histoires magiques à raconter. Il n’en fallait pas plus pour nous hypnotiser et nous séduire ! Le poulpe Directeur et animateur du labo à la maison du conte Abbi Patrix n’en est pas à son coup d’essai. Il nous entraine ici dans un polar trépidant inspiré des aventures du célèbre enquêteur le poulpe. Ce dernier suit frénétiquement les traces d’un mystérieux tueur à une seule oreille, du marché de Rungis à l’exotique île de la Réunion. Abbi Patrix en artiste pluridisciplinaire cherche à moderniser la tradition du conte et immerge le spectateur dans une atmosphère très contemporaine où le son est essentiel. Ainsi avec l’aide de ses compères Phil Reptil et Vincent Mahey il nous délivre une partition sonore extrêmement vaste allant de douces mélodies à des sons d’immersion très réalistes. Le talent de conteur d’abbi Patrix fait le reste, suspendu à ses lèvres le spectateur attend avec impatience l’issue de cette 289 ème enquête du poulpe ! Ulysse nuit gravement à la santé Elève d’Abbi Patrix, Marien Tillet a sans conteste égalé le maître. Accompagné du brillant guitariste Mathias Castagné pour cette création poétique et inventive, il nous subjugue littéralement avec une relecture passionnante du mythe d’Ulysse. Doté d’un humour délicieux ce conte explore les différentes possibilités qui s’offrent au narrateur : chant, slam ou musique, autant de domaines dans lesquels excellent les deux artistes. Avec ce portrait décalé d’un anti-héros Marien Tillet rend grâce à la pauvre Pénélope victime de l’égo démesuré de son Ulysse. A l’instar du poulpe sur le plateau nu les sons se font un relais précieux de la voix du narrateur avec pour ce spectacle une atmosphère musicale d’une rare beauté ! N’hésitez pas à suivre le travail remarquable de ces artistes, ils le méritent ! Audrey Jean Prochaines représentations “Le Poulpe” Samedi 24 Mai à Gonesse (95) Auditorium de Coulanges à 20H30 Du 9 au 29 février 2015 à L’Etoile du Nord “Ulysse nuit gravement à la santé” Le jeudi 17 Avril à 20H30 et le vendredi 18 Avril à 14H30 au Festival Mythos, festival des arts de la parole à Rennes Plus d’infos sur le site de la Compagnie du Cercle http://compagnieducercle.fr et celui de la Cie du Cri de l’armoire http://www.lecridelarmoire.fr — LA GAZETTE ÉPHÉMÈRE DES FESTIVALS — mardi 7 juillet 2015 — LA GAZETTE ÉPHÉMÈRE DES FESTIVALS — mardi 7 juillet 2015 IN OFF DE ALEXIS MICHALIK 4 > 26 JUILLET 2015 À 22H30 — THÉÂTRE DES BÉLIERS EN ROUE LIBRE — par la Jaseuse — A 4 lexis Michalik, désormais auteur et metteur en scène à succès, plusieurs fois récompensé aux Molières en 2014, s’installe en Avignon dans sa deuxième maison qu’est le théâtre des Béliers, pour y présenter une nouvelle fois la création qui a mis le public et la presse à ses pieds : « Le porteur d’histoire ». Un plateau dépouillé, juste quelques accessoires sans grande envergure éparpillés çà et là. Cinq comédiens en tenue neutre, comme surpris en pleine répétition, nous font face. La matière de base du travail de Michalik est bien là, disposée et façonnable. Tout commence avec la simple et banale histoire de Martin Martin, à la fois personne et chacun d’entre nous, traversant la France au volant de sa voiture pour se rendre à l’enterrement de son père. Rapidement la petite histoire personnelle rencontre la grande. Elles se mélangent et tourbillonnent dans un foisonnement incontrôlé de vies qui nous perd quelque peu tant les pistes se multiplient. Les comédiens endossent tant bien que mal une cohue d’illustres inconnus et de personnages célèbres, souvent peu crédibles et précipités par le rythme de la pièce. Les mimes approximatifs et le manque d’exigence dans la direction physique des acteurs peinent à convaincre lorsqu’il s’agit de faire apparaître sur scène l’atmosphère inquiétante d’une tente bédouin ou bien les secousses d’un avion déchaîné en plein vol. Michalik a tout de même, il faut le reconnaître, l’art et le mérite de tisser dans les fibres de notre histoire des fils sortis de son imaginaire de manière si habile qu’on accepte d’y croire sans se poser de questions. De trésors en sociétés secrètes, « Le porteur d’histoire » interroge notre besoin de fiction dans le récit de nos vies, intention malheureusement noyée dans un ensemble brouillon et fragile. MAGIQUE — par Le Théâtre Côté Coeur — Q u’est-ce que l’histoire ? Avec pour seul décor cinq tabourets, deux portants chargés de vêtements, un grand tableau noir, Alexis Michalik nous interroge sur le sens que nous donnons à cette notion et nous emporte dans un récit épique et tourbillonnant qui nous fait voyager dans le temps et dans l’espace, là où la petite histoire rencontre la grande. Au cours de multiples allers-retours dans les époques se croisent les destins d’une trentaine de personnages, tous emportés de près ou de loin dans la quête d’un trésor. Les cinq comédiens changent de personnage avec fluidité dans ce récit à tiroirs qui nous parle avec romantisme de l’occupation de l’Algérie par la France. La force et le talent de conteur d’Alexis Michalik, Molière 2014 du meilleur auteur francophone et du meilleur metteur en scène, sont de multiplier les pistes et les formes de récit. On se demande où les comédiens vont nous emmener, si l’on connaîtra la fin de l’histoire racontée par tel ou tel, et emporté par le mouvement tout prend sens progressivement pour mieux rebondir. Au passage, nous avons croisé Alexandre Dumas, une mère et sa fille toutes deux mystérieusement disparues, Marie-Antoinette, deux frères séparés par l’Atlantique, Delacroix et une certaine Adélaïde. Certains esprits puristes protesteraient contre la vraisemblance historique. Qu’importe. Le souffle épique et l’enthousiasme de la troupe l’emportent. Le succès rencontré dans le OFF depuis 2012 et à Paris depuis trois ans ne se dément pas. Ce sont désormais plus de quinze comédiens qui vivent l’aventure du « Porteur d’histoire » et racontent cette belle et magique histoire à un public à fois fidèle et renouvelé. Laissez-vous surprendre par les méandres du récité et les multiples rebondissements de cette quête littéraire. LA RÉPUBLIQUE DE PLATON DE ALAIN BADIOU — MISE EN SCÈNE DE VALÉRIE DRÉVILLE, DIDIER GALAS, GRÉGOIRE INGOLD 4 > 24 JUILLET 2015 À 12H — JARDIN CECCANO LE PORTEUR D’HISTOIRE AVEC MENTION ! — par Bernard Serf — Q uelque quinze jours après le baccalauréat, les candidats malheureux à l’épreuve de philosophie seraient bien inspirés de passer par le jardin Ceccano : sur de simples bancs de pierre ou de bois, bercés par le chant des cigales et dans un cadre enchanteur, ils découvriraient que la philosophie, bien au contraire d’une épreuve, est une leçon de vie. Et la leçon, pendant les trois semaines du festival, c’est la République. Celle de Platon bien sûr, revisitée et réinterprétée par Alain Badiou. On connaît sa radicalité. On sait l’inlassable contempteur du capitalisme qu’il n’a jamais cessé d’être. On découvrira ici sa truculence, le mordant de sa traduction, sa permanente ironie. Bref, un Socrate moderne. Ce qui, convenons-en, tombe plutôt bien, vu qu’il y a quand même un peu de Platon dans tout cela ! Ce n’est pas à proprement parler un spectacle, c’est une lecture faite par de jeunes acteurs et des amateurs. Passé la première gêne due à la différence de savoir-faire des protagonistes, on se laisse gagner par l’enthousiasme qui se dégage de ces voix qui se répondent et s’interpellent, qui s’apostrophent et se contredisent. Pour cette première représentation – pardon : première leçon ! –, saluons le travail réalisé par Didier Galas, qui a su insuffler à ce collectif l’énergie et l’envie de nous faire partager cette pensée engagée, toujours sur la brèche, et qui s’interroge en permanence sur la place de l’homme dans la cité. C’est dense mais pourtant léger, c’est savant mais jamais ennuyeux, c’est drôle et profond à la fois. Dans ces temps de disette intellectuelle, cette petite heure coruscante est un véritable bain de jouvence. Tu l’auras donc compris, citoyen-festivalier, nous t’encourageons vivement à soutenir cette République-là. AGORA — par Ivan Morane — C ’est une idée généreuse que de proposer dans ce 69e festival, chaque jour à l’heure où le soleil est à son point de culmination, une pensée qui est à son zénith ! Quels plus forts et essentiels propos, en effet, sur la justice et la république que ceux qui sont tenus dans « La République » de Platon ? Mais, au jardin Ceccano, c’est « La République de Platon », d’Alain Badiou – qui fit grand bruit lors de sa sortie, en 2012 –, qui est lue et jouée par de jeunes élèves acteurs de l’Erac, auxquels se joignent quelques amateurs – au sens le plus noble du terme. En 50 minutes, dirigés par trois metteurs en scène aux parcours divers et iconoclastes – Valérie Dréville, Didier Galas et Grégoire Ingold –, ils livrent, de jour en jour, les différentes pages de l’ouvrage de Badiou, dans lequel il ne s’est pas contenté d’une nouvelle traduction de Platon. Le parcours théâtral, politique et philosophique d’Alain Badiou force l’admiration, et cette transmission des idées de Platon à travers des références contemporaines permet à tous les spectateurs d’entrer facilement dans la pensée de Socrate – même s’ils n’ont pas encore lu les ouvrages de Platon (ce que j’encourage toutefois tous les spectateurs à faire avant de se rendre à ces lectures ; leur plaisir n’en sera que décuplé !). En dehors d’une sonorisation qui ne permet pas une écoute confortable du texte dans un environnement relativement bruyant, et à cause de laquelle on perd souvent des mots importants, problème qui devrait se régler, on participe avec plaisir à ces échanges dans ce jardin avignonnais devenu son agora, là où tous les citoyens peuvent donc entendre parler de politique et y réfléchir, comme en Grèce. En ces temps où la réflexion, la philosophie et les idées n’ont pas bonne presse, c’est une initiative qu’il convient de saluer. REGARDS OFF ULYSSE NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ DE MARIEN TILLET — COMPAGNIE LE CRI DE L’ARMOIRE 5 > 14 JUILLET 2015 À 18H45 — LA MANUFACTURE POÉSIE ENIVRANTE — par la Jaseuse — R emettons les choses à leur place, trêve de niaiserie et de tradition intouchable. Ulysse n’était pas un héros mais un fourbe couard qui n’a pas hésité à sacrifier la vie de ses hommes pour échapper au Cyclope et aller se vautrer dans les bras tendus de Calypso. La belle Pénélope, de son côté, n’a raisonnablement pas pu attendre vingt ans comme une sainte le retour de son homme sans quelques pensées et écarts inavouables. Soyons clairs. Marien Tillet offre un voyage incroyable à celui qui aura eu la curiosité de découvrir cet Ulysse. Seul sur scène derrière son micro, accompagné du guitariste virtuose Mathias Castagné, il se propose de nous conter une lecture sans fioritures ni complaisance de la célèbre « Odyssée » d’Homère. Bercés par un phrasé enivrant et un univers sonore inspirant, nous sommes embarqués sans WWW.IOGAZETTE.FR réticence sur le navire d’Ulysse, à l’approche du pays des Cyclopes, portés par les vagues dans la brume nocturne. La connivence naturelle entre les deux artistes donne naissance à une véritable odyssée musicale, la scène de la Manufacture se fait caverne, mer périlleuse et palais d’Ithaque. L’écriture sublimée par la diction impeccable de notre conteur coule sans difficulté jusque dans nos oreilles. Marien Tillet, terriblement charismatique, se fait tour à tour inquiétant, sensuel et même érotique dans la lueur pourpre des rêves de Pénélope. « Ulysse nuit gravement à la santé », par sa force de suggestion et sa poésie hallucinogène, nous fait le même effet qu’un roman épique : les images se succèdent dans nos imaginaires, les monstres côtoient les dieux dans cette petite salle de la Manufacture. Une évasion surprenante et revigorante dans la moiteur des îles grecques. Échappez-vous, c’est permis. SUBLIMÉ CORROSIF — par Pénélope Patrix — L e pari est culotté : raconter « L’Odyssée » en une heure chrono, et à Avignon (bon d’accord, en Avignon, puisque 89,8 % des festivaliers insistent, cf. le « faux chiffre » du numéro 1) en plus, où la quantité d’Ulysse peut, effectivement, « nui[re] gravement à la santé ». Mais le pari est tenu, et le résultat est, à vrai dire, assez surprenant. C’est un spectacle original, hétéroclite, qui se présente comme un « concert épique ». Musique et voix s’y unissent pour proposer une variation détonante et irrévérencieuse sur la fameuse épopée « qu’on fait tous en sixième ». Ulysse « rame », se plante, n’entend pas les sirènes, traîne, Pénélope s’ennuie. Qu’on se rassure, ce n’est ni potache ni racoleur. Intelligemment, sans grande pompe, le duo dégonfle le mythe avec finesse et humour, et nous enivre de mots qui claquent et de sons qui résonnent… Loin de la posture de conteur « traditionnel », Marien Tillet se fait successivement conteur, chanteur, slameur, farceur, poète et violoniste. Mathias Castagné interprète une musique douce et envoûtante, composée pour le spectacle. Le talentueux duo a rassemblé à partir d’improvisations de plateau des réminiscences et des bribes d’épisodes, qu’il triture pour en extraire le sublimé corrosif, autrement dit les attaques à la chair (pourquoi Pénélope ne jouirait-elle pas ?), les dépôts toxiques (les gloses bien-pensantes de l’épopée d’Homère cèdent la place à une énergie dionysiaque), les aseptisations posthumes (Ulysse est remis dans son rôle de héros imparfait, paumé, pas idéal mais très rusé). Mention spéciale au créateur lumière, Alban Guillemot, dont les talents d’illusionniste font sortir d’une lampe sur plateau nu tantôt un œil de cyclope, une lanterne balancée à une barque s’éloignant ou le visage lugubre d’un dieu fâché. Jubilatoire. OFF CHIENNE DE VIE CHIENNE DE VIE* / *LIFE IS A BITCH —COLLECTIF LE BLEU D’ARMAND 4 > 26 JUILLET 2015 À 12H — THÉÂTRE DES CARMES INSOLENCE(S) — par Rick Panegy — UN THÉÂTRE QUI AGIT — par Guislaine Foiret — L e principe est simple, il est même primitif : jouer, distribuer des rôles, désigner le bouc émissaire. Non pas le choisir mais le tirer au sort : absurdité de l’arbitraire. C’est le public qui fait ce geste et détermine lequel des quatre comédiens endossera ce rôle et encaissera les « coups ». Puis tout s’enchaîne. Les comédiens prennent leur fonction et passent en revue, donnent à voir, les situations de vie où le couple bourreau/victime s’incarne. Violence physique et morale faite à un individu à qui l’on demande même de s’excuser d’être cette victime. Et dans ce petit jeu tout le monde est impliqué, pas de « témoins », pas de spectateurs, puisque ce sont eux qui ont désigné la victime. Les comédiens n’en sont d’ailleurs pas vraiment, qui jouent et s’interpellent par leurs vrais prénoms. Aujourd’hui, c’est leur collègue « Nolwenn » qui est la victime, et ils lui donnent des claques en leur propre nom. Le collectif Le Bleu d’Armand propose ici un théâtre du ressenti et démontre par le corps plus que par le discours. En contant, en comptant les lieux où s’actualise ce couple d’enfer structurant les rapports humains, les comédiens tentent de circonscrire la situation. Et donc de la contenir. C’est un théâtre qui agit : dire et faire ensemble, comme un principe rituel. La scénographie, superbe, est organique et matérielle : 1 800 litres de tourbe blonde recouvrent le plateau. La matière est concrète et souligne la performance au sens d’action. Régulièrement, les comédiens interpellent le public, lui jettent un coup d’œil ou le fixent un instant, comme pour s’assurer de sa présence totale. C’est un regard qui cherche la complicité. C’est un regard qui vérifie aussi que tout le monde garde les yeux ouverts jusqu’au bout, jusqu’à l’insupportable. Le processus est en cours. Q ui a dit que la bien-pensance avait définitivement balayé l’insolence ? Que l’incorrect avait été banni de la société, comme l’offense ? Oui, l’offense : celle qui n’est pas timide, qui n’est de nul autre parti que celui de la liberté et de la tolérance. Elle a encore sa place, quelque part. Dans l’art et le spectacle, assurément. « Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Sauf que la limite est fine, à défaut d’être poreuse, entre la connerie et l’audace. Audiard le savait, le collectif Le Bleu d’Armand aussi. Avec son « Chienne de Vie* / *Life is a bitch », il en fait la démonstration. Il s’engouffre dans les possibles de l’insolence et de l’humour noir, brandissant la satire ou le grotesque du cynisme comme armes du rire. Une heure durant, les quatre compères explorent, avec énergie et plaisir, les travers des relations humaines, souvent dévoyées (constatent-ils) par une quasi-impossibilité à coexister. Par le jeu et par une succession de sketches filés, cadencé par des chansons créées par la compagnie, habilement séquencé par des ruptures de rythme inattendues, le spectacle dénonce autant l’habitude collective du « bouc émissaire » que la béatitude niaise de l’« aimez-vous tous ». « Chienne de vie » peut cependant dérouter par sa franchise, son outrance. Mais si chacun se laisse aller à rire de l’odieux, avec distance et second degré (au moins !), l’heure est agréable : tolérez alors qu’on y accumule les humiliations, les insultes, les coups, le rabaissement, le harcèlement ou les blagues sur les communautés (juifs, Arabes, handicapés, homosexuels…). Acceptez aussi qu’on pousse le vice jusqu’à danser sur du Patrick Sébastien. Rien de prétentieux, rien d’autre qu’une spontanéité qui, sous couvert de guignolades entre amis, interroge les rapports humains, sans candeur ni sadisme, mais avec l’intelligence de celui qui ose l’ignoble pour le dénoncer en même temps qu’il s’en amuse. NOUS NE TENTERONS PAS NON PLUS D’ALLER [AU PUBLIC] AVEC DES ŒUVRES ABSCONSES. 5 Pourensavoirplus: SiteInternetdelacompagnie: http://www.lecridelarmoire.fr/index.html Teaser: https://vimeo.com/78290441