Heureux ! « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Heureux !
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… » On connaît ce refrain du regretté
Georges Brassens. Et si la vie ressemblait à ce voyage ? Tantôt beau, tantôt ardu, mais un
voyage quand même. On ne termine pas sa vie comme on l’a commencée, et heureusement.
La vie nous travaille, nous sculpte, nous transforme.
Lorsque je rencontre des personnes âgées, il nous arrive souvent de revivre des temps forts
de ce voyage : des changements, des ruptures, des recommencements, des renoncements
et tout cela s’inscrit dans le voyage d’une personne, celui de sa vie.
Est heureux celui qui est en marche, à son rythme, avec ses haltes et ses repos, ses montées
et ses descentes, mais en marche envers et contre tout.
Dans la dernière étape de sa vie, cela fait du bien de s’arrêter pour regarder derrière soi, voir
le chemin parcouru, et être étonné de s’en être sorti.
Qu’importe le but, l’important c’est le chemin parcouru. En effet que savons-nous du but
ultime de l’existence, de l’autre côté du miroir ? Rien ou si peu… Mais l’essentiel est de vivre
pleinement le voyage de la vie, toutes voiles dehors, poussés par l’Esprit de Dieu pour les
uns, l’instinct de vie ou de survie pour les autres, l’amour, la confiance, l’espérance pour
d’autres encore. Et tous ont raison.
Ulysse le navigateur qui s’en retourne dans sa patrie, affrontant les épreuves du monde.
N’est-il pas ce pèlerin sur la terre retournant vers Celui qui nous a donné la Vie ?
A l’automne de son existence, qu’il est bon de pouvoir dire : « Heureux qui, comme Ulysse, a
fait un beau voyage… »
Jean-Marc Leresche, aumônier dans l’Eglise réformée évangélique du Canton de Neuchâtel.