Alimentation, culture et lien social, des animations territoriales

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Alimentation, culture et lien social, des animations territoriales
ATELIER SANTE VILLE UNE DEMARCHE DE SANTE PUBLIQUE - THEMATIQUE NUTRITION
Groupe Nutrition
Financements
- CODES
- BA
- Panier Garni
- Centre Social
Centre Social
Santé Publique
Ville
ARS
Panier Garni /BA
(petits déj)
Ateliers
Atelier cuisine- Quartier ZUS
Personnes isolées de 10 à 13 personnes
« Cuisiner simple et pas cher »
1 diététicienne CODES + 1 CESF
Evènementiels
Petit goûter /Petite enfance
Équipe Halte Garderie – Quartier ZUS
1 diététicienne CODES
Fête du goût
Relais manifestation nationale
Groupe nutrition + partenaires
Ateliers cuisine qui précèdent
l'évènementiel
Stands sur le marché
Fête du pain
Groupe nutrition + invités
Ateliers cuisines qui
précèdent l'évènementiel
Stands sur le marché
Bibliothèque Ville Santé Publique ….Restauration collective…Centre social …
Collège…FJT-CCAS…Panier Garni…Habitants…Ecoles du territoire…Lycée des
Charmilles…Jardins familiaux…MGEN… Cinéma Apollo…Conseil de
Quartier…CHRS les Ecureuils…Jardins de Velles… Secours Catholique…
Association talents en
partage
Petit déjeuner santé Panier Garni
+ Professionnels du territoire (groupe
nutrition)
Animation territoriale
Alimentation et journées thématiques
- 4 séances en 2011 - 1 séance en 2012
- Ouvertes aux professionnels intéressés par
ces questionnements
Passerelle cuisine du
monde - Centre Social
1 séance 3 h. toutes les 3 semaines le mardi
 Participation d'un euro
 Publics : Maison relais/Foyer St Jean/CMP
Association 55 et +, CHRS, Mission Locale...
Séance d'une 1 h, 1 mardi par mois
 Public : 15 à 20 enfants. + parents
 Découverte de saveur
 Engagement de l'équipe autour d'un projet
alimentation
 A terme atelier enfants/Parents
1 vendredi par mois – 1 h
 Public : Association « Le Panier Garni »*
 Solidarité Partage d'information
 Co-construction de projets
Séances Animées par une Anthropologue
Migration et Santé Rhône- Alpes
Séance animée par un Sociologue .Tours
en moyenne 20
participants.
*Association d'aide alimentaire située dans un quartier politique de la ville
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CONTEXTE :
Une vingtaine de partenaires participent aux actions développées dans le cadre de la thématique nutrition.
Tant pour la prévention au long cours (Ateliers) que pour les évènementiels, les pratiques s'affinent et les partenariats se consolident. Les différents acteurs
soulignent l'intérêt de construire avec d'autres. La complémentarité professionnelle est également mise en avant (exemple diététicienne et conseillère en
économie sociale et familiale).
Il est à noter que le travail mené à partir de la thématique nutrition n'est pas isolé et peut servir de porte d'entrée pour les autres axes de l’ASV que sont
l'accès aux soins et aux droits la santé mentale. En exemple, les Petits Déjeuners santé portés par l'Association d'aide alimentaire le « Panier Garni » qui
représente une partie des habitants les plus fragilisés du territoire. (Dans ce contexte ont été abordées des questions comme les excès de médicaments avec
l'invitation d'un médecin psychiatre en qualité de personne ressource, le racket avec la CPE et l'AS du collège du territoire, puis les premiers secours (oct.
2011), la dépression (nov. 2011), la prévention des cancers ( nov 2012) CREDEP, ONCOBERRY....Pour ne citer que quelques thèmes.)
Ainsi, au fil de l'expérience (Petits Déjeuner, évènementiels...) des questionnements émergent du côté des professionnels et des bénévoles œuvrant
autour de la thématique,
Propos, questions recueillies auprès des acteurs du groupe Nutrition :
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2 CESF : Centre social CAF du quartier
Diététicienne du CODES
Animatrice et stagiaire du FJT
3 Bénévoles administratrices de l'association le Panier Garni.
1 administrateur de la BANQUE Alimentaire
BA  Comment harmoniser les repas en fonction des cultures ?
BA
 Comment on trouve / on harmonise un lieu commun pour toutes ces cultures ?
CS  L'histoire du coût des produits/rechercher les produits qui viennent du pays
DIET La question du rythme (3 repas en Europe), la prise du repas dans quel contexte elle se fait ?
La question du genre/cuisine hommes femmes la place de chacun.
 Cultures et (rites religieux) alimentation/viande hallal
 Problème rencontré pour les personnes pour trouver les produits sur le territoire d'accueil
 Comment les accompagner pour découvrir les produits locaux pour qu'ils puissent les cuisiner ?
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 Le rythme alimentaire/aux enfants/à la nourriture/différents passages/petite enfance nutrition, la difficulté pour une mère/habitude
alimentaire/qu'elle a eu et l'enfant dans sa classe, son groupe qui rentre à la maison avec d'autres demandes. La confrontation des modèles.
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 Un couple mixte : Les questions éducatives autour de l'alimentation: « mon enfant se sert tout seul dans les placards » .
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Le panier garni observe dans le cadre des distributions :
 Refus de beaucoup de choses : produit doute, sans porc, sans graisse, plats cuisinés, pas hallal,
 Plus le Maghreb représenté sur le territoire et les espaces pré-cités (centre social, panier garni)/1 famille turque
 Problème du hallal on le retrouve systématiquement au moment de l'organisation de vernissage, d'animations sur le
quartier/ c'est parfois un frein à la découverte/cuisine du monde où l'intérêt est d'échanger, de gouter les plats des autres . C'est souvent un
point de crispation.
 Perception de l'alcool dans les cultures
 Le FJT observe que certains résidents ne prennent qu'un repas par jour. Jeunesse et précarité
 Alimentation équilibrée quel sens/précarité
 Ces questionnements ont donné lieu à la volonté de mettre en place une formation pour l’'acquisition de compétences culturelles sur le sujet.
Ainsi après deux années de fonctionnement le groupe nutrition invite ses partenaires (professionnels intervenant sur la thématique) à des journées
formations assurées par une anthropologue (Alimentation et petite enfance, alimentation et rituels religieux seront abordés lors des séances de
formation). Démarrage en Décembre 2010. Poursuite en 2011. Nos échanges sur « alimentation et cultures » ont débuté en décembre 2010. En mai,
puis en juin 2011 des apports théoriques en lien avec la petite enfance , puis un éclairage sur alimentation et rites religieux ont été proposés à une
vingtaine de professionnels, de bénévoles venant de secteurs variés ( Sage femme, bénévole BA, enseignante, animatrice...).
1ER VOLET : ALIMENTATION ET CULTURES 4 journées entre 2010 et 2011.
Deux objectifs :
1. Fédérer les professionnels du territoire à partir de séances de formation. (Animation territoriale )
2. Transmettre un éclairage anthropologique pour mieux comprendre les populations dont on s'occupe.
Voici l'argumentaire proposé aux partenaires de l'ASV ( travailleurs sociaux CAS, CCAS, Maison Relais , SAMSAH, CHRS Santé
publique...):« Chacun des actes liés au « manger » (production, ravitaillement, conservation, préparation, consommation, manières de table etc...) même
le plus quotidien, le plus prosaïque en apparence, est un fait de culture. Il est l'expression de savoirs, savoirs faire, techniques, croyances,valeurs, attitudes
et porte en réalité dans sa « banalité » l'épaisseur d'une histoire collective et individuelle.
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Nos pratiques alimentaires disent nos ancrages, nos singularités, notre identité ; elles parlent de la complexité de nos multiples appartenances et
identifications : nationales, régionales, ethniques, sociales, religieuses, familiales, générationnelles....
Dans le même temps notre alimentation est un instrument privilégié de convivialité, de rencontres, de relations aux autres.
Elle raconte, synthétise les rapports des sociétés à travers les lieux et l'histoire ; et si – à certaines périodes - elle peut se prêter conjoncturellement aux
replis, aux réflexes identitaires, elle illustre surtout la fécondité ininterrompue des échanges, des emprunts, des croisements et révèle l'incessante faculté
d'adaptation de l'homme, sa curiosité, son inventivité pour ré-interpréter et ainsi faire vivre des ''traditions'' sans les figer »
Lors de la dernière séance, le groupe a choisi de s'orienter vers une journée complète de formation à l'automne : « approfondir les thématiques précitées et
échanger à partir de situations concrètes, d'observations relevées dans nos pratiques. » :: cf. Brigitte MABE – Paris, Novembre 2010.
Retour sur les séances et perspectives pour le dernier semestre 2011
« Rendus à ce point de nos rencontres, nous espérons que malgré leur brièveté (au regard de la complexité d'un thème multidimensionnel) les 3
réunions précédentes, conçues comme complémentaires, ont permis d'entrevoir combien l'acte de manger est tout sauf anodin et d'ordre exclusivement
nutritionnel, biologique , même si cette fonction première est essentielle...

La consommation de nourriture est une in-corporation, nos aliments deviennent nos substances et cela ne laisse personne indifférent...pas plus
aujourd'hui qu'hier.

L'alimentation a une dimension éminemment sociale, elle joue un rôle central dans nos formes de sociabilité, nos appartenances, les contours « du
Nous » par rapport aux autres...

Elle est aussi intimement liée au sacré, au religieux, nous ingérons autant de symboles que de nutriments !

Nos pratiques sont aussi en relation avec nos représentations et usage du corps, nos canons de l'esthétique à travers les époques.
Les aspects particuliers, « différents », locaux, ici et là de notre alimentation sont l'expression de la diversité des réponses à des problématiques
universelles.
C'est la raison qui nous a fait privilégier une approche transversale aux cultures, comparative, par thème et non par population de telle ou telle origine.
Peut-être avons-nous :

Posé les jalons pour des pratiques professionnelles soucieuses d'interculturalité en particulier,
 Amorcé une posture de « décentrement »: Par la prise de conscience progressive de la spécificité relative de notre propre enracinement culturel nous
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nous donnerons la possibilité d'un dialogue, d'un va et vient avec l'autre différent de soi. En tentant d'éviter l'illusion du « ça va de soi ». Nous
limiterons les mécanismes de projection qui prêtent à l'autre nos propres idées représentations. Mécanismes si préjudiciables à nos interventions
auprès des usagers d'ici et d'ailleurs. » cf. Brigitte MABE – Paris 2011
SECOND VOLET : ALIMENTATION ET LIEN SOCIAL
En 2012, le collectif Nutrition de l'Atelier Santé Ville a choisi de proposer une matinée d’échanges sur « alimentation et lien social » à
partir de l’expérience « atelier cuisine » co-animée par deux institutions le CODES et le Centre Social Saint-Jean, deux corps de métiers :
diététicienne et conseillère en économie sociale et familiale.
Deux objectifs:
1. Rendre compte de l'expérimentation menée auprès des partenaires « prescripteurs »
2. Y intégrer un éclairage théorique pour aller plus loin dans nos pratiques.
Cadre de l'expérience:
Cet atelier se déroule toutes les trois semaines le mardi dans les locaux du centre Social de 10 h à 12 h (il a deux ans d’existence, démarré en
2010, il suit le rythme scolaire). Un repas est conçu et partagé collectivement. Le fil conducteur est « simple et pas cher ». Une participation d’1 euro est
demandée par séance, l’argent est réinvesti dans l’achat de denrées.
Ses objectifs :

Utiliser la médiation cuisine pour faciliter la rencontre entre différents publics (notion de mixité sociale),

Rompre l’isolement des personnes (âgées, isolées, cultures diverses…),

Échanger, partager et/ou découvrir des savoirs,

Bénéficier de conseils culinaires et nutritionnels par des professionnels (conseillère en ESF, diététicienne).
Échanges sur les pratiques
Un questionnaire a été soumis aux participants de l’atelier afin de mieux percevoir la façon dont ces derniers s’en saisissent. Il nous est apparu
important de mieux comprendre : pourquoi on vient ? pourquoi on reste ? qu’est-ce qu’on y trouve ? …
Les portes d’entrée pour l’atelier sont multiples : certains y sont venus par le C.M.P., d’autres par le bouche à oreille entre habitants, par le
soutien et la transmission de l’information par les encadrants de lieux de vie (ex. : foyer résidence pour personnes âgées).
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Les motivations pour la participation sont diversifiées : pour connaître, apprendre mais aussi pour rencontrer d’autres gens. Pour un projet
personnel : « apprendre à cuisiner pour mon fils ».
Le partage du repas est un élément fort, pour la majorité des participants le fait de manger en groupe reste quelque chose d’exceptionnel. Parfois,
c’est même le seul moment (rythme de l’atelier toutes les trois semaines).
Les personnes évoquent un plaisir important à partager ces moments : les termes de joie, agréable, de partage, de convivialité sont utilisés,
« avant j’étais seule, je pleurais et je ne mangeais pas ».
Par contre les recettes réalisées dans le cadre de l’atelier sont peu réinvesties dans le cadre privé, ou sont gardées en réserve « je les referai quand
j’aurai la garde de mon fils ».
Pour présenter l’atelier, les participants mettent en avant la qualité des plats, des recettes, les bonnes conditions d’accueil : une grande cuisine où
on peut cuisiner à plusieurs mais aussi les questions d’apprentissage (apprendre quelque chose).
Pour quasiment la majorité des participants, l’atelier est raconté à l’entourage, on en parle, on raconte son expérience, on a quelque chose à en
dire… On revient parce qu’on s’y sent bien.
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Personne ressource pour l’animation des échanges : M. CORBEAU, sociologue
ARGUMENTAIRE PROPOSE :
« Je propose une approche sociologique et anthropologique de l’information nutritionnelle imbriquée dans une éducation aux cultures
alimentaires pour mieux comprendre des populations multiculturelles qui peuvent cumuler cette caractéristique avec une grande précarité et le fait d’être
souvent en famille mono parentale.
Je propose de cerner les préférences alimentaires à travers trois types de répertoires : celui du comestible (interdits religieux, éthiques,
médicaux), celui du culinaire (mode de préparation, goût pour certaines textures ou pour des catégories d’aliments qui changent selon le genre et les
générations), celui du « gastronomique » qui relève de la construction complexe du plaisir (nouvelles formes de sociabilités alimentaires, symboliques,
histoire des produits, prestige des marques, etc.). Chaque fois, à travers la notion d’incorporation je montrerai comment l’alimentation est en rapport avec
les images du corps, l’envie d’appartenir à ou de se distinguer d’un groupe.
Je peux aussi rapporter les différentes expériences d’éducation autour de l’alimentation (apprentissage sensoriel, classes du goût, ateliers cuisine,
animation, jeux au sens fort du terme) auxquelles j’ai participé ou participe ainsi que les conclusions du groupe de la DGAL sur le goût (2009-2011) dans
l’alimentation collective sociale (scolaire, hospitalière, d’aide alimentaire et de l’univers carcéral) dont j’étais l’un des quatre co-animateurs » :
cf. J. P. CORBEAU. Tours 2012.
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