PC-12NG à l`essai Le couteau suisse de Pilatus
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PC-12NG à l`essai Le couteau suisse de Pilatus
8 pagesPC-12_Mise en page 1 07/06/12 12:04 Page1 www.air-cosmos.com N° 2312 - 11 mai 2012 PC-12NG à l’essai Le couteau suisse de Pilatus Regional Representation pilatus: Contact: Marc Duchesne Tel. +41 (0) 794 566 911 Email: [email protected] 8 pagesPC-12_Mise en page 1 07/06/12 12:04 Page10 DOSSIER Aux commandes du PC-12 NG de Pilatus Le pilote-essayeur d’“Air & Cosmos” a été conquis par le “couteau suisse” de Pilatus, très agréable à piloter, facile et économique à mettre en œuvre. la première innovation du modèle NG. Une seconde innovation est l’assistance aérodynamique (compensateur Flettner) des ailerons qui réduit l’effort du pilote, augmente le taux de roulis et fait que la sensation aux commandes est bien différente sur cette nouvelle génération de machine. Mais la grande nouveauté du NG est son avionique Primus Apex. Cette avionique intégrée d’Honeywell, développée pour les machines de classe inférieure et les jets de milieu de gamme, reprend de nombreux éléments de la suite Primus Epic que l’on retrouve sur des grosses unités de type Falcon. Le PC-12 NG immatriculé HBFVN avec à peine quelques heures Assistance hydraulique des ailerons. de vol au compteur, resplendit sous le ciel clément de cette fin d’hiver en Suisse. L’escalier intégré permet une opération optimale quel que soit l’endroit, car le PC12 est haut perché avec près de 1,30 m “au garrot”. L’aile effilée, malgré la présence des boudins de dégivrage, et prolongée par des ailettes marginales est très “propre” et semblable à celle d’un planeur. La finesse du PC-12 est d’ailleurs de 16, ce qui permet de parcourir près de 64 NM en partant du niveau 240, cela en cas de panne moteur. Nous faisons un tour machine réduit car nous ne voulons pas perdre l’opportunité de ce départ. Avec deux pilotes et un passager, 20 kg de bagages et 2100 lb (950 kg ou 1190 l) de carburant, notre masse au décollage approche les 3950 kg, ce qui nous laisse avec une masse maximale au décollage de 4740 kg, une charge offerte de 790 kg et un centre de gravité situé à proximité de sa limite avant. Démarrage simple et rapide. Je m’installe avec Gilles Glatz, vieux routard des convoyages de PC-12 aux quatre coins du globe, et mets sous tension les batteries principales. Le cockpit prend vie. Avec deux génératrices de 300 A, deux batteries de 24 V/42 Ah et un système EPS électrique d’urgence… autant dire que la panne électrique Une avionique comme sur un avion de ligne Le PC-12 NG se distingue par de nouvelles ailettes marginales. rrivé à Genève en plein Salon de l’automobile, je suis accueilli par notre hôte, Marc Duchesne, directeur commercial de Ruag aviation, qui commercialise le PC-12 NG produit par Pilatus. Nous nous dirigeons de l’autre côté de la piste au FBO de Ruag, où nous avons rendez-vous avec notre pilote Gilles Glatz et notre “monture” du jour. Le PC-12 est un monoturbopropulseur dont le premier vol remonte à 1991 et dont les pre- A mières unités ont été livrées dès 1994 au client de lancement, qui était le Flying Doctor Service australien (“médecins de brousse”). Au fil des années, la machine, arrivée à maturité avec la version NG lancée en 2007, se place en pole position des ventes dans sa catégorie avec plus de 1100 exemplaires livrés à ce jour. Turbine plus puissante pour le NG. NG pour Nouvelle Génération. Cette Nouvelle Génération se distingue par des améliorations du PC-12 “classique”. Propulsé par AIR & COSMOS N° 2312 - 11 MAi 2012 Longueur : Hauteur : Envergure : Surface alaire : Empennage : Diamètre de l’hélice : Cabine Longueur (hors cockpit) : Largeur : Largeur plancher : Hauteur : Volume : 14,40 m 4,26 m 16,28 m 25,81 m2 5,20 m 2,67 m 5,16 m 1,52 m 1,30 m 1,47 m 9,34 m3 une turbine Pratt & Whitney PT6A67P développant 1744 ch et tarée à 1200 ch sur arbre, cette version améliorée voit sa puissance continue augmentée de près de 15 % (la version précédente délivrait 1200 ch pendant cinq minutes puis se limitait à 1000 ch de manière continue). Cela constitue (TCAS) et visualisation du radar météorologique (ou des phénomènes importants envoyés par une liaison satellitaire en option). Au-dessous, le quatrième écran, le second MFD, est généralement configuré pour afficher les informations relatives aux systèmes de l’avion et permet d’agir directement sur ceux-ci. En outre, il est interchangeable avec celui du haut. Celui-ci est divisé en quatre secteurs : L’interface homme-systèmes a été la partie centrale haute de l’écran (la repensée et une des nouveautés plus importante) permet de visualiser notables est l’accès à tous les sysles éléments primaires de vol assiette, tèmes, menus et sous-menus, via inclinaison, vitesse, altitude, directeur un “trackball”, sorte de “souris” de vol, terrain, tandis que la partie embarquée, appelé CCD (Cursor inférieure propose les éléments de Control Device). Le système, parfainavigation latérale avec une visualisatement positionné sous la main Tableau de bord du PC-12 NG. tion de type HSI (Horizontal Situation droite du pilote, permet un net Indicator). En haut à droite sont gain de précision par rapport au visualisés les paramètres moteur et, en bas à gauche, les fréquences sélecteur précédemment utilisé qui était délicat d’utilisation, V/UHF et aides radioélectriques utilisées. Le PFD de la place droite particulièrement lors de turbulences. L’interaction ne se fait pas répète la même disposition ou celle choisie par le pilote. uniquement via le CCD mais aussi directement via les touches des écrans PFD et MFD, et via le clavier de programmation situé sous Au centre et en position haute, l’écran MFD (Multifunction Flight les deux écrans centraux, dans le prolongement de la colonne Display) est généralement utilisé pour les informations de navigacentrale. Ce pavé tactile, qui permet la sélection et la modification tion : position de l’appareil sur les routes, carte défilante, zones de données, est aussi l’interface principale du FMS et du transde navigation, terrain survolé mais aussi représentation du trafic pondeur. ■ PILATUS PILATUS CARACTÉRISTIQUES L’avionique Primus Epic du PC-12 NG est articulée autour de quatre écrans réversibles dont les menus interchangeables sont programmables à la volonté du pilote. Sur la gauche du pilote, il reste un horizon de secours (numérique… nous sommes au XXIe siècle) proche du “gigantesque” écran primaire PFD (Primary Flight Display) de 10 pouces (25 cm). AIR & COSMOS N° 2312 - 11 MAi 2012 8 pagesPC-12_Mise en page 1 07/06/12 12:04 Page12 le PC-12 NG en vol. totale est difficilement envisageable. Gilles insère la route iFR de notre plan de vol avec le départ de Genève, pendant que je copie les informations météo de l’Atis. Avec ces paramètres de base insérés, nous disposons en quelques minutes à peine de tout ce qu’il nous faut pour le vol. Déjà la check-list de mise en route apparaît sur l’écran MFD et nous démarrons de la manière la plus simple possible : bouton-poussoir démarreur, vérification de la température turbine et stabilisation du couple Ng vers 13 avec apport de carburant via la manette “condition lever”, puis manette des gaz avancée en position “ground idle” (réduit). La turbine prend vie et en quelques secondes le régime se stabilise et nous poursuivons par la check-list “après démarrage” et ses différents tests, dont celui du “stick pusher”, qui est le moins simple à comprendre. En quelques minutes à peine nous sommes au roulage qui s’effectue avec la manette des gaz en position réduit et avec un débit carburant minimal. La position haute du cockpit nous assure une excellente visibilité au sol et le freinage s’ef- fectue d’abord via la position “bêta” de la manette des gaz, ce qui économise grandement les freins. Briefing de notre part, check-list avant décollage (carburant, volets à 15°, compensateur, dégivrage, éclairage, transpondeur), alignement en piste 23 et nous lâchons les freins pour la course au décollage en moins de huit minutes. L’obstacle de 50 pieds passé en 700 m. Roulage-décollage. La manette de puissance est avancée jusqu’au bout sans se soucier du dépassement du couple qui est surveillé par un dispositif limiteur, puis l’accélération souple mais franche m’étonne autant que le niveau sonore très faible. Les actions aux palonniers pour le contrôle directionnel sont minimes et à 85 kias j’effectue une rotation avec une assiette de 8° puis 10°. Le train est rentré et la vitesse augmente. Les volets suivent et nous voilà établis à 120 kias en montée, avec plus de 2000 ft/minutes au vario et une pente confortable en cas de panne moteur. Le demi-tour nécessitant une altitude de 1200 ft/sol, cela impose une forte pente dès l’envol. En AIR & COSMOS N° 2312 - 11 MAi 2012 vol en moins de 500 m de roulage et passant les 50 ft en à peine plus de 700 m, j’en ai le souffle coupé car, ces temps derniers, je suis davantage habitué aux performances de machines plus lourdes au départ de Genève. Gilles me laisse piloter et couple le directeur de vol pour le suivi de la trajectoire de départ qui doit nous amener à passer le niveau 100, que nous atteignons en 2 minutes en direction des points de radionavigation Konil puis Sosal. Pendant la montée et après l’engagement du pilote automatique, je demande à Gilles comment l’avion et ses systèmes se comportent en environnement givrant et s’il a eu affaire à des situations de givrage intense dans le Grand Nord. il me répond qu’entre les boudins “heavy duty” de dégivrage des bords d’attaque et de l’empennage, le double réchauffage des sondes Pitot, le dégivrage électrique de l’hélice et du pare-brise, il n’a jamais eu de soucis pendant ses convoyages, hiver comme été. Nous passons rapidement le niveau 150 vers le 250 final pour une courte croisière et je vérifie la pressurisation qui ne demande aucune action. Comme sur les machines pressurisées modernes, celle-ci est automatique et jusqu’à 13 200 ft la cabine est maintenue à une pression ambiante équivalente au niveau de la mer pour être à 8 000 ft lorsque l’appareil croise au FL 250. Le niveau de vol est atteint rapidement, la consommation, quant à elle, est strictement conforme au manuel de vol. Précision suisse oblige. Nous accélérons à 260 kts de vitesse vraie (TAS) en atmosphère iSA + 6, avec une consommation qui s’établit vers 370 lb/h (210 l/h)… oui, je lis bien 370. Le double m’aurait déjà paru faible, comparé aux consommations de biréacteurs qui me sont plus familiers. Mais je dois bien confirmer que les cinq heures d’autonomie en croisière économique ne sont pas un simple argument de vente, mais un fait technique. De retour avec Gilles, et alors que nous croisons vers interlaken, il me propose, maintenant que nous avons vu la partie croisière à haute altitude, de descendre et de rejoindre Buochs par les vallées scéniques suisses avec une météorologie particulièrement favorable. Nous annulons le plan de vol iFR et sommes autorisés à descendre vers 4500 ft (soit 2000 ft/sol) pour poursuivre vers Meringen puis la célèbre Brünig Pass, Alpnach et Buochs. Gilles, en profite pour me montrer une particularité très pratique disponible sous pilote automatique : la protection de vitesse VMO. A l’approche de celle-ci, le pilote automatique ajuste l’assiette de l’avion afin qu’il n’y ait pas d’incursion dans le “bandeau”. Les vallées se succèdent rapidement à 250 kias, 38 psi de couple et 620 lb/h de consommation. Les sommets enneigés sont majestueux. Le PC-12 se comporte particulièrement bien dans les basses Consommation étonnamment faible. couches avec un pilotage doux, des commandes harmonieuses même à fortes inclinaisons et un compensateur de profondeur simple et efficace. Le passage de la Brünig Pass nous offre un paysage extraordinaire ! Très vite nous contactons Buochs pour l’entrée dans leur zone et nous sommes autorisés à passer directement en “vent arrière” main gauche, pour la piste 25. Nous débutons la réduction alors que notre système anticollision TCAS nous informe d’un départ de deux PC21 en route opposée bien avant que nous puissions les apercevoir. La réduction vers 120 kias se fait en début de vent arrière et le train est sorti travers l’entrée de bande. La réduction vers 100 kias se poursuit avec la sortie des volets vers 30° pour l’étape de base et nous poursuivons en finale avec les volets plein sortis et 90 kias pour un passage du seuil vers 85 kias. L’arrondi ne pose aucun souci et le toucher est souple. La course à l’atterrissage est étonnamment courte (de l’ordre de 400 m), spécialement avec la position “pleine reverse” de la manette de puissance, et nous dégageons déjà vers le parking Pilatus et sa célèbre traversée de route. Vol vers Lausanne. Mais l’heure tourne et nous devons nous mettre en route pour terminer notre journée, menée jusqu’à présent tambour battant. La mise en route, l’ouverture du portail par contact sur l’alternat et l’alignement en piste 07 à Buochs deviennent presque familiers. Le décollage avec 1900 m disponibles et la montée vers 1500 ft sol sont un plaisir. Nous croisons alors à 220 kias dans les superbes vallées suisses en direction d’Engelberg puis Munster où Gilles voudrait me montrer les capacités de la machine en termes d’approches fortes pentes et atterrissages courts. Cependant la piste est toujours recouverte d’une importante quantité de neige et nous nous contentons donc d’un survol. Un aménagement simple mais luxueux Les aménagements cabine de Designwork BMW sont aussi La porte cargo est impressionnante (1,35 m × 1,32 m) et pratiques que luxueux : les sièges en cuir, inclinables et ajustables permet le chargement d’une palette standard complète, ce qui, latéralement, à la finition impeccable, sont très confortables. Les pour une machine de ce type, est unique. Ouverte, elle offre un tablettes en bois précieux peraccès direct au compartiment cargo mettent de mener une réunion séparé de la cabine par un filet. à quatre, la présence de LED Celui-ci atteint 1,13 m3 de volume Un intérieur signé BMW Designwork. disponible et peut accueillir jusqu’à ajustables individuellement, de une masse de 180 kg de bagages, lire très confortablement et le ces chiffres pouvant être étendus niveau sonore en cabine, de à 2,26 m3 et 227 kg avec un dispoconverser sans élever la voix. sitif filet différent. On peut brancher un iPad et disposer de sa propre musique Le PC-12 NG est une machine de et bientôt, en option, il sera taille plus que respectable : possible de se détendre en 14,40 m de long pour 16,30 m regardant un film ou en jouant d’envergure qui “passe pourtant sur écran. De quoi passer conforpartout”, me précise Gilles. Pas tablement quatre ou cinq heures étonnant qu’avec une voie de train de vol en famille, entre amis ou de près de 4,54 m et une garde au sol sous l’hélice de 32 cm, les avec des collaborateurs. La place offerte aux jambes est pistes sommairement équipées, non revêtues, en herbe ou en conséquente et les déplacements en cabine se font sans être pliés terre deviennent accessibles. Les trappes de service pour les en deux (à part pour les très grands d’entre nous). La vraie toilette pleins et compléments d’oxygène, d’hydraulique ou d’huile privative de taille respectable est aussi un argument important de moteur sont directement et facilement accessibles. ■ plus en faveur de la cabine PC-12. PILATUS PILATUS DOSSIER AIR & COSMOS N° 2312 - 11 MAi 2012 8 pagesPC-12_Mise en page 1 07/06/12 12:05 Page14 PILATUS Le PC-12 “Spectre” équipé de sa tourelle rétractable. DR un toucher souple et nous laisse une marge ample pour la reconfiguration volets et la reprise de l’accélération jusqu’à la rotation. Nous passons exceptionnellement directement en vent arrière, alors que la procédure à Lausanne demande un éloignement pour représentation quinze minutes après une remise de gaz pour cause de nuisances, pour une nouvelle finale. Notre pilote Greg Cellier aux commandes. Cette fois j’utilise la position “bêta” de la manette de puissance dès le toucher des un plaisir à mettre en œuvre et à roues et le freinage est immédiat piloter. Ses qualités aérodynaet optimal : nous nous retrouvons miques, son avionique et la qualité Atterrissage final. quasi à l’arrêt au bout de moins de de sa finition en font le leader du L’établissement en longue finale 300 m, bien avant la bretelle de marché. Au-delà de la catégorie ne pose pas de problèmes particudégagement vers les parkings, soit des monomoteurs à turbine, le PCliers et il me demande d’attendre une distance d’atterrissage d’à peu 12 NG est aujourd’hui un des le dernier moment pour réduire, près 500 m. il est alors temps de avions d’affaires parmi les plus sortir les traînées et approcher terminer notre journée en se faufiefficaces concurrençant de nomsous une pente plus forte que les lant dans l’emplacement exigu qui Atterrissage breux jets car, malgré sa vitesse 3° à 5 % standard… je reste étonné lui est réservé avant son retour sur 500 m. inférieure, il offre une rare versatipar la capacité de la machine à vers Genève le jour suivant. Gilles lité et une capacité à emporter des réduire la vitesse pour pouvoir se me reprend les commandes pour passagers de quasiment n’importe configurer. La finale tenue à 80 reculer très légèrement “en puisquel aérodrome à un autre dans kias et volets 40° me donne un bon sance” et faire un créneau, m’étant un environnement extrêmement point de vue de la piste qui me garé comme le pilote de “70 tonnes” confortable, et cela pour un coût à paraît alors bien courte et étroite que je suis. l’heure de vol très compétitif. pour notre type de machine. Pour ce qui est de l’avis du pilote, L’arrondi aux “peignes” permet il est sans appel. Le PC-12 NG est 770 dollars l’heure de vol. En termes de coûts, le prix d’un PC-12 NG va de 3,8 millions à 4,55 millions de dollars dans sa version “executive” avec toutes options. Le chiffre à mettre en concurrence, cependant, est le coût direct d’exploitation d’une telle machine. Ce prix prend en compte une provision pour le coût du carburant, la maintenance, l’approvisionnement en pièces détachées, le changement moteur, la révision de l’hélice. Avec un gallon américain de jet fioul à 3,28 dollars (et une moyenne de 66 gal/h sur des segments de 500 NM incluant montée, croisière, descente), on approche les 770 dollars l’heure de vol; ce prix est parmi les plus faibles du marché. L’escalier intégré du PC-12 NG permet une utilisation optimale sur tous les terrains. Greg Cellier Nous poursuivons pendant une demi-heure dans ces paysages enneigés magnifiques, contactant les organismes civils comme militaires pour les autorisations de survol grâce à la carte défilante et discutant des expériences de convoyage de notre pilote expert. Le pilotage “à la main” est un réel plaisir avec une belle harmonie de commandes. Trop tôt se profilent déjà les abords de l’aérodrome de Lausanne ou nous terminerons notre périple, Genève restant saturé de trafic. Avec 800 m de piste disponible et un gradient positif de plus de 2,5 % en piste 18, Gilles me propose un “touch and go” suivi d’un atterrissage complet. PILATUS DOSSIER AIR & COSMOS N° 2312 - 11 MAi 2012 Le PC-12 NG s’équipe pour les missions spéciales L’avionneur suisse Pilatus propose une solution économique basée sur son PC-12 NG pour répondre aux besoins des utilisateurs d’avions de missions e PC-12 a encore quelques beaux jours devant lui. Lancé au début des années 1990, le monoturbopropulseur d’affaires de l’avionneur suisse Pilatus a profité en 2008 d’une seconde jeunesse, sous la forme d’une remotorisation et d’un nouveau cockpit tout écran. C’est aujourd’hui ce PC-12 NG, dont le carnet de commandes est rempli sur vingt-quatre mois, qui sert de base au constructeur pour proposer un appareil multimission reconfigurable à souhait. L Couteau suisse. L’objectif est simple : séduire les agences gouvernementales (sécurité civile, gendarmerie, police, etc.) en proposant une solution économique et facile à mettre en œuvre pour effectuer un large panel de missions “spéciales” : surveillance des frontières, patrouille côtière, lutte contre le narcotrafic, identification d’objectifs, largage de parachutistes, etc. Autant de capacités qui doivent pouvoir être associées à des missions plus traditionnelles, qu’il s’agisse de liaison, d’évacuation sanitaire, de reconduite à la frontière ou de largage de fret, par exemple. Pour ce faire, Pilatus a développé quelques modifications substantielles pour son PC-12. La plus importante transforme l’avion en PC-12 “Spectre” et concerne l’installation, dans le puits de dérive, d’un ascenseur destiné à accueillir un capteur optronique : caméra LE PC-12 NG EN CHIFFRES Longueur Hauteur Envergure Volume cabine Masse à vide Masse maxi. au décollage Charge utile maxi. Propulsion Vitesse de croisière maxi. Plafond pratique Taux de montée à la masse maxi. Distance de décollage Distance d’atterrissage 14,40 m 4,26 m 16,28 m 9,34 m³ 2974 kg 4740 kg 1710 kg 1×P&W PT6A-67P (1.200 ch sur l’arbre) 519 km/h 9144 m 585 m/min 808 m 558 m AIR & COSMOS N° 2157 - 30 JANViER 2009 infrarouge, TV ou radar. Pour l’heure, trois charges utiles différentes ont été testées et sont certifiées pour opérations sur PC-12. Toutes sont des tourelles optroniques iR/TV présentant des caractéristiques sensiblement similaires : Wescam MX-15, Flir Systems Safire ii et Safire iii et boule Gyrocam. Monté sur son pylône rétractable et protégé par des trappes refermables, le capteur n’est déployé qu’une fois sur la zone d’opérations, réduisant d’autant la traînée lors des phases de croisière. C’est également un gage de discrétion appréciable, selon le constructeur, puisqu’il évite d’attirer l’attention sur des appareils gouvernementaux qui opèrent souvent à partir d’aéroports civils très fréquentés. Pour contrôler le capteur et exploiter les informations recueillies, une station opérateur est installée dans la cabine pressurisée de l’avion et dotée d’un ou deux écrans selon les besoins. Dans le cockpit, l’un des deux écrans multifonctions centraux peut également afficher la copie des images saisies par la boule Flir. Mieux : à la manière d’un véritable “gunship”, le pilote automatique de l’appareil peut être asservi à la tourelle optronique pour orbiter autour d’un point désigné par le capteur. Détail d’importance pour les missions longue durée : le kit de modification comprend également l’installation de toilettes à bord. 8 pagesPC-12_Mise en page 1 07/06/12 12:05 Page16 DOSSIER Parachutistes. Pour renforcer le caractère multirôle de sa plate-forme, Pilatus propose également l’installation d’une porte spéciale pour le largage de parachutistes. En effet, une fois la station opérateur démontée (une opération qui se veut simple et rapide), la cabine du PC-12 peut accueillir six hommes équipés “forces spéciales” ou quatorze parachutistes sportifs. Associée à un système d’ouverture électromagnétique et de dépressurisation, cette nouvelle porte d’1 mètre de haut sur environ 65 cm est découpée dans la porte cargo préexistante sur le côté gauche de l’appareil. Elle peut également être utilisée pour le largage de fret, qu’il s’agisse de matériel médical ou d’une chaîne SAR. L’équipement bénéficie également d’un STC détenu pour l’heure par une société tierce. Autre mission envisagée : l’évacuation sanitaire (Evasan). La cabine du PC-12 peut ainsi accueillir deux civières pour le transport de blessés ainsi que deux sièges pour le personnel d’accompagnement médical. Trente appareils dans cette configuration sont déjà utilisés en Australie au sein des “Royal Flying Doctors”, qui assurent des missions de désenclavement sanitaire. ici encore, le kit Evasan peut être installé et démonté rapidement dans la cabine, selon les besoins de l’utilisateur. Le passage du PC-12 au standard NG s’est traduit non seulement par l’arrivée d’une avionique tout écran mais aussi par une remotorisation de l’appareil pour un gain de puissance d’environ 15 %. L’appareil affiche aujourd’hui une vitesse maximale de 519 km/h et une distance franchissable maximale de près de 4.200 km. L’avionneur annonce une autonomie maximale de neuf heures, qui permet d’envisager sereinement des missions de surveillance longue durée. L’avion est également capable de décoller et d’atterrir sur des distances très courtes à partir de terrains non préparés. Prospects. L’industriel suisse est engagé activement dans plusieurs campagnes de vente, en Amérique du Sud et en Europe notamment. En France, des vols de démonstration ont déjà été réalisés au profit de plusieurs agences gouvernementales. Pilatus compte bien surfer sur les exigences PILATUS Au total, ce chantier d’installation ne dure pas plus de trois semaines sur un avion sorti d’usine. Le certificat de type complémentaire (STC) pour l’intégration de l’ascenseur et des trappes est actuellement détenu par une filiale de Pilatus aux EtatsUnis, PilBAL. Le STC européen est programmé pour le premier trimestre de 2013. de réduction des dépenses publiques contenues dans la RGPP (Révision générale des politiques publiques) pour placer son PC-12 à tout faire. En plus des économies réalisées en combinant les besoins de plusieurs agences (police, gendarmerie, sécurité civile) dans une même plateforme, l’avionneur promet également de faibles coûts d’opération directs, de l’ordre de 500 euros par heure de vol. D’autant plus que Pilatus se dit prêt à mettre en place des financements innovants, comme la location d’une flotte d’avions de surveillance à l’heure de vol. Un avion unique pour des missions variées. Adopté par l’Afsoc Pilatus n’en est pas à sa première aventure sur le secteur des avions de missions. En 1996, l’avionneur lance le développement d’un PC-12 “Eagle” équipé d’un radar à ouverture synthétique SAR couplé à une boule optronique, tous deux fixés sous le ventre de l’appareil. A l’époque, le projet ne séduit pas les clients potentiels et est officiellement annulé en 2001. Mais l’idée fait son chemin et traverse l’Atlantique pour être reprise par le commandement des forces spéciales de l’US Air Force (Afsoc), qui confie à la société amé- La station opérateur installée en cabine. ricaine Sierra Nevada le soin de racheter des PC-12 d’occasion pour les modifier. Ces avions, dont dixhuit exemplaires sont aujourd’hui en service, ont été rebaptisés U28A et sont utilisés quotidiennement pour des missions en Irak et en Afghanistan. Peu d’informations filtrent quant à leur configuration exacte, mais certains appareils ont été aperçus dotés d’équipements de recueil électronique (Comint), de liaisons satellite pour le transfert d’images et d’éjecteurs de paillettes et de leurres thermiques. ■ Avantages. Sur ce marché, l’avionneur suisse est le seul à proposer un monomoteur. Son concurrent le plus sérieux n’est autre que le Raytheon/ Beechcraft B200GT, dernière évolution du célèbre King Air 200. Un avion plus cher à l’achat (5,8 M$ contre un peu moins de 4,5 M$ pour le PC-12 NG) mais également au niveau du coût global sur le cycle de vie de l’appareil. Un gain estimé à environ 40 % sur vingt ans par l’avionneur de Stans. Reste toutefois à faire tomber une réticence persistante parmi la communauté des pilotes : celle des vols longue durée sur un seul moteur. A cette opposition de principe, Pilatus répond en avançant les qualités aérodynamiques de son PC-12 qui affiche une finesse de 16, et peut ainsi parcourir plus de 160 km en cas de panne moteur à son altitude de croisière de 30.000 pieds. Guillaume Steuer Texte mis à jour avec les données 2012 AIR & COSMOS N° 2157 - 30 JANViER 2009