Alice, Agnès et Cassandra - Serge Comte

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Alice, Agnès et Cassandra - Serge Comte
DOSSIER DE PRESSE
Alice, Agnès et Cassandra
une exposition de Serge Comte
Exposition du 05 au 29 juillet 2015
Vernissage samedi 04 juillet 2015 à 18h
caves du centre culturel Romain Rolland
rue Romain Rolland - 58500 Clamecy
Alice, Agnès et Cassandra / sommaire
communiqué de presse
visuels
Serge Comte (biographie)
informations pratiques
p.3
p.5
p.14
p.16
Visuel de couverture : 12 packs, crayon de couleur sur papier millimétré A3, 2011.
Alice, Agnès et Cassandra / communiqué de presse
Barbe Bleue 2.0
Elles sont toutes là, ses préférées. Légèrement somnolentes – le contrecoup d’un hiver islandais
trop long – elles ont ramené leurs petits culs moulés dans des minishorts quadricolores jusque sur
les murs de Clamecy, où elles arborent maintenant la moue apprêtée des indifférentes.
Pour les vacances estivales en Bourgogne, Serge a choisi celles pour qui il avait le plus d’affection,
de douces amies au regard interrogateur, mais aussi deux ou trois autres au caractère pas piqué
des vers et enfin quelques indolentes à bousculer un peu. Il sait que si d’habitude elles restent
bien sagement dans leur coin d’atelier à attendre preneur, ensemble elles risquent de ne pas trop
s’entendre, et ça l’amuse beaucoup – il espère même quelques crêpages de chignon entre toutes
ces donzelles, histoire de mettre un peu d’ambiance.
Pourtant il les aime bien, ses petites précieuses, et il garde un doux souvenir de ses débuts avec
elles. C’était à l’époque où il traînait bien à l’abri chez lui, les mains dans les poches pleines de Postit. Il en sortait un de temps en temps, y déchargeait une pensée ennuyeuse, une image idiote, un mot
pernicieux, puis jetait le petit carré jaune, libérant ainsi de l’espace dans sa mémoire très encombrée.
Depuis sa chambre, il s’octroyait quelques sorties sur des sites Internet peu fréquentables mais tout
de même pas mal fréquentés. Il y regardait tranquillement les corps souples des filles apparaître
au fur et à mesure du chargement des images, opération qui pouvait alors prendre quelques
minutes. Une fois découvertes et appréciées dans leur intégralité, Serge accommodait à celles qui
lui plaisaient une petite alvéole confortable dans sa ruche électronique où, contrariant toutes les lois
de la nature, c’était lui le roi.
Serge était un roi seul et impuissant : les pucelles qu’il devinait délicieuses le narguaient depuis
leur fenêtre, toute glacées et inaccessibles qu’elles se savaient être. Il avait beau les regarder bien
fort dans le blanc des yeux, elles étaient là sans pour autant lui appartenir. Serge frétillait, il les
voulait, il butait sur un refus, mais il avait de la ressource. Usant d’une technologie de morphing
toute nouvelle mais vite désuète, il trouva le moyen de passer à l’acte et de prendre pour de bon
possession des belles. Il délaissa leurs corps usés par trop d’autres regards et introduisit tout en
douceur un peu de lui-même sur chacun de leurs visages extasiés, jusqu’à ce qu’elles deviennent
à moitié lui à moitié elle.
Il multiplia ainsi les conquêtes, y trouva beaucoup de satisfaction, et puis moins, et puis plus du tout.
Elles glissaient désespérément sous ses doigts. Serge voulait palper du dur, apprécier la flexibilité
de la matière, caresser des bosses et des creux, et pour ça il fallait qu’il trouve le moyen de leur faire
reprendre corps. Dans la logique des choses et n’ayant rien d’autre sous la main pour accomplir son
dessein, Serge se mit à fourrer des Post-it dans son imprimante. Et les filles du net jaillirent dans le
monde réel sous forme de petits carrés de papier autocollants et juxtaposables, comme autant de
pixels arrachés un à un à l’écran de l’ordinateur et que Serge pouvait manipuler à sa guise. De ces
petits carrés composites il passa aux rondeurs des gommettes, puis aux formes plus généreuses
des perles Hama. Il n’eut vite plus besoin d’imprimante, et pouvait recomposer lui-même grâce à
ces petites billes de couleur thermosoudables le joli minois de ses bien-aimées.
Serge prit vite goût à son jeu de modéliste, et il cherchait toujours plus de partenaires. Son état
fébrile mêlé à une audace grandissante – et peut-être aussi quelques vieilles histoires à régler – le
rendirent quelque peu gredin. Serge fut alors capable des plus grands élans d’amour comme des
pires vilenies. Il ramassait les filles de partout, sans même prendre la peine de se présenter, sans
même plus prendre le temps de les gratifier de sa présence génétique. Toutes celles croisées sur
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Alice, Agnès et Cassandra / communiqué de presse
les réseaux qu’il arpentait étaient bonnes à prendre, telles quelles. Les biches attrapées lors de
parties nocturnes de billard et qui lui mettaient des coups de queue sur les doigts, il les bouclait dans
des boîtiers de disquettes transparents. Les prophétesses dont les présages ne s’accordaient pas
avec ses projets, il leur passait la bouche au papier de verre. S’il en trouvait une qui faisait trop sa
crâneuse, il lui rasait la tête, la tamponnait de bleu et de rouge et la mettait derrière des barreaux
invisibles. Quant aux vieilles filles négligées et trop prudes laissées à l’abandon dans un dossier
sans nom du disque dur, Serge s’en débarrassait sur de vieux kleenex.
Mais comme tout bon seigneur il avait ses favorites, qu’il avait soigneusement choisies – longues
jambes, jolie échancrure de la petite culotte, rangée harmonieuse de muscles saillants – et qu’il avait
chacune parée d’un petit nom charmant. Celles-ci, il les bichonnait, il prenait le temps d’apprendre à
les connaître, il voulait construire avec elles une relation durable. Et il y allait lentement, petit carré
après petit carré sur la trame fixe et délimitée de feuilles de papier millimétré, fil rouge après fil bleu
sur le canevas à broder. Les coquines savaient se laisser désirer et lui savait ne pas les achever
trop vite.
Dans le petit atelier tout ce beau monde commençait à se sentir un peu à l’étroit et Serge rencontrait
quelques difficultés. Le papier peint se décollait, les perles se délitaient, et les filles de plus en plus
nombreuses commençaient à le rendre zinzin. Devenues de beaux objets, elles n’en étaient pas
moins instables et fragiles, et si le quotidien s’écoulait généralement sans trop de résistance, Serge
n’était jamais à l’abri d’un débordement de sentiments inopportun, d’une crise de jalousie ou d’un
coup en dessous de la ceinture. Il avait beau s’affairer dans tous les sens et leur être dévoué corps
et âme, elles ne lui permettaient pas un seul instant de répit. S’il se relâchait, il était foutu, elles
allaient le manger tout cru.
L’invitation à la Galerie Minimum Exemplaire tombait donc à point nommé, Serge avait besoin de
prendre l’air et débarrasser encore une fois sa mémoire et son atelier. Il était surtout ravi d’avoir
l’occasion d’offrir une petite partie de campagne à ses belles. Ici, elles allaient pouvoir gambader
joyeusement, se donner éhontément en spectacle, et dévoiler aux amateurs les multiples facettes de
leur personnalité. Qui sait, peut-être même qu’une fois bien installées, certaines allaient s’acoquiner
avec les gars du cru, et le laisser souffler un peu.
Serge sait que quand il va rentrer, il va s’en prendre plein la tête, c’est sûr, celles qu’il aura laissées
derrière vont bien lui faire comprendre qu’elles aussi auraient voulu être de la fête. Mais tant pis, il
fera l’idiot, il inventera des problèmes de logistique, de manque de place, et de toute façon à Clamecy
les rues sentent l’andouillette et il sait que ses jolies petites n’aiment pas ça, les andouillettes. Non,
elles sont définitivement bien mieux là, avec lui, au chaud à la maison. Sans doute qu’il en entendra
parler pendant des lustres, mais il s’en fiche, il a déposé les armes depuis longtemps. Et puis les
choses reprendront vite leur cours, Serge remplira d’amour et de mots doux ses petites cases et
elles tomberont peu à peu sous le charme et lui souriront en silence. Serge a beau les aimer, il
préfère quand elles se taisent.
Anaëlle Pirat-Taluy
juin 2015
4
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Chinoise
perles Hama®
21 x 15 cm
2012 - ...
5
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Coccinelle
crayon à papier sur papier millimétré A5-3D
2012
6
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Maman extrait de la série Merde de Ma Mémoire
collage sur Post-it®
7,6 x 7,6 cm
1994
7
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Solitude, Gredin Vilain Coquin, C’est pas mal d’être tricéphale
briques Lego®
23 x 24 x 10 cm, 50 x 28 x 12 cm, 95 x 16 x 15 cm
2013, 2012, 2014
8
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Margot extrait de la série Pizza Tonton
perles Hama®
Ø 30 cm
2015
9
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Rachel
crayon à papier sur papier millimétré
29,7 x 21 cm
2010 - ...
10
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Prizonnière
impresssion manuelle sur palette de transport EPAL®
120 x 80 cm
2004
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Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Silencieuse
impression jet d’encre sur papier abrasif
20 x 30 cm
2006
12
Alice, Agnès et Cassandra / visuels
Céline
crayon à papier sur papier millimétré
65 x 50 cm
2007 - ...
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Alice, Agnès et Cassandra / Serge Comte (biographie)
Serge Comte vit et travaille à Reykjavik (Islande). Il s’intéresse à ce qui fait une image, au numérique
et ses esthétiques, à l’intime et au « train-train-train quotidien ». Il ne cesse d’expérimenter au
travers d‘une production essentiellement domestique en explorant les outils « grand public » et
formes standardisées telles que les Post-it®, les briques Lego®, le papier millimétré ou les réseaux
sociaux. Cette inflexion vers ce qui pourrait être une esthétique ProAm (pro-amateur) est en réalité
à relier à l’un des concept de travail de Serge Comte, celui du Safe at Home. Le Safe at Home est
une façon de travailler qui en appelle à des notions telles que la tranquillité, l’autonomie, l’indolence
nécessaire. En résumé, une sorte de « Vivons heureux, vivons tranquilles ».
Serge Comte a également mis en place un projet d’école d’art (l’école βÊTA) et des résidences
d’artistes (La≠Prizon, la Résidence Silence).
Il montre régulièrement son travail en France et à l’étranger. Ses œuvres font partie de collections
privées et publiques (Centre Georges Pompidou, Frac Corse, Frac Aquitaine).
Biographie complète : http://sergecomte.free.fr/bio_francais_SergeComte.pdf
Grand Moment de Solitude extrait de la série Grands Moments de Solitude
vidéo, 12 s environ, en boucle
https://instagram.com/comteserge/
2015
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Alice, Agnès et Cassandra / Serge Comte (biographie)
Serge Comte en un minimum de dates exemplaires
1966 Naissance à la Tronche dans l’Isère.
1973 Myopie de croissance avérée.
1983 Accident de vélo, chirurgie faciale.
1987 Premier voyage en avion.
1988 Service militaire dans les cuisines du CRSSA à la Tronche.
1990 Beaux-Arts de Grenoble. Apparition de Philippe Dorain.
1992 Achat de sa première caméra Handycam. Premières vidéos et chansons. Apparition de
Bastien. Premier ordinateur.
1993 Premières expositions et festivals.
1995 Revue «Crème de la Crème» imprimée sur Post-it®. Sort de l’école d’art sans diplôme en
poche.
1996 Première exposition personnelle en galerie à Paris.
1997 Villa Médicis Hors les murs, destination : Islande. Sortie du CD audio «iwannabeyourfavoritebee».
Toutes premières connections à internet.
1998 Collaboration avec la société 3M pour la production de Post-it® en papier noir. Edition du livre
«visAvis, the light house project».
1999 Premières statues en Lego®. Résidence à Schloss Solitude. Premier appareil photo
numérique.
2000 Exposition «attack de lux» sur le site archéologique de Glanum. Statues Lego® misent en
cause dans l’affaire de l’exposition «Présumés Innocents» au CAPC de Bordeaux.
2001 Premiers essais avec des perles thermosoudables Hama®. Production de t-shirt à l’effigie de
Bastien par une grande marque.
2002 Fin de collaboration avec sa galerie parisienne. Création du site internet <sergecomte.free.fr/
om.france>.
2004 Invitation au collectif Dick head man Records à partager l’espace d’exposition «Paradise»,
Printemps de Septembre,Toulouse. Premières œuvres sur palettes.
2005 Impression des Silencieuses sur papier abrasif. Mort de sa troisième imprimante.
2006 Réalisation de portraits géants en gommettes colorées. Départ définitif de Paris.
2007 Résidence à la Villa Vilayet en Corse. Premiers coloriages millimétrés.
2008 Exposition «Mammmmma» en collaboration avec des enfants islandais.
2009 Développemnent du projet «papA» à la résidence Silence à Sauðárkrókur en Islande.
2010 Impression des Ex-Girlfriends, Hymens et Fake Santas sur mouchoirs kleenex.
2013 Début de la broderie 3D. Premier smartphone : Reykjaville, SC! et Mono Gant.
2014 Rencontre avec Lazhar, jeune rappeur grenoblois.
2015 Première Pizza Tonton. Décès de sa mère.
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Alice, Agnès et Cassandra / Informations pratiques
Alice, Agnès et Cassandra
une exposition de Serge Comte
du 05 au 29 juillet 2015
vernissage le samedi 04 juillet 2015 à 18h
Ouvertures - horaires :
du mercredi au dimanche / 14h - 19h
Adresse :
caves du centre culturel Romain Rolland
rue Romain Rolland
58500 Clamecy – FRANCE
Galerie Minimum Exemplaire / contact :
[email protected]
Serge Comte / site web :
http://sergecomte.free.fr/
L’ exposition Alice, Agnès et Cassandra est soutenue par :
l’Association pour l’Agencement des Activités :
http://www.0-aaa-0.com/
La≠Prizon :
http://theprizon.tumblr.com//
la Résidence Minimum Exemplaire :
http://residenceminimumeexmplaire.blogspot.fr/
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