Georg Baselitz – Eugène Leroy. Le récit et la

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Georg Baselitz – Eugène Leroy. Le récit et la
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Georg Baselitz – Eugène Leroy. Le récit et la condensation
MUba Eugène Leroy, Tourcoing
Du 11 octobre 2013 au 24 février 2014
« Je suis absolument heureux quand je me trouve
face à un tableau de Leroy. Je suis profondément
touché et je trouve cela magnifique. » Pour Georg
Baselitz, la rencontre avec le travail d’Eugène
Leroy dans les années 1960 fut « un choc inaugural ». Admiratif, ce dernier n’en est pas moins critique, allant jusqu’à comparer l’œuvre du peintre
Georg Baselitz. Johann danse et ma mère.
1996, huile sur toile. Collection particulière.
Eugène Leroy. Autoportrait rouge. 1968, huile sur toile, 73 x 54 cm. MUba Eugène Leroy, Tourcoing.
Georg Baselitz. Ma mère Madame Cézanne.
1996, huile sur toile. Musée d’Art moderne, Paris.
français à un « sol de colombier ». Entre les deux
artistes, pas d’influence picturale mais un réel
respect quant aux recherches de l’un et de l’autre
sur la peinture en tant que telle. Chez Baselitz,
si le sujet reste toujours identifiable, il n’en est
pas moins secondaire tant il est vidé de tout son
sens au profit de la peinture en elle-même. Dans
les trente-huit tableaux réalisés entre 1996 et
1998 et présentés au MUba, le peintre prolonge
ses recherches débutées en 1969 en représentant
ses figures, ici des membres de sa famille, la tête
en bas. Si la couleur est toujours très vive, elle
devient plus fluide et fine, l’artiste privilégiant
le trait du dessin. Alors que Baselitz impose une
distanciation vis-à-vis de sa peinture, Leroy invite
quant à lui à y plonger pour entrevoir le sujet à
travers les nombreuses couches de peinture. Dans
ces empâtements aux limites de l’abstraction, le
sujet se révèle dans les jeux de couleurs et de
lumière que le peintre de Tourcoing a inlassablement cherché à retranscrire. Pour Rainer Michel
Mason, commissaire de l’exposition, « Baselitz est
le plus français des peintres allemands et Leroy le
plus nordique des peintres français ». C’est en cela
qu’ils s’attirent et s’opposent tout à la fois. Ainsi,
la soixantaine d’œuvres présentée au MUba se lit
non pas sur le simple registre de la confrontation
stylistique mais comme un dialogue, une réflexion
sur la peinture et l’exploitation de ce médium par
deux artistes du XXe siècle.
Pauline Mirete