un deux trois soleil

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un deux trois soleil
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(financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.
Ceci n’est pas une Recommandation, mais une OBLIGATION, y compris pour les
troupes amateurs.
LE DON D’ETIENNE
de Jo Cassen
Journée Mondiale du Don d’Organes
Distribution
(par ordre d’entrée en scène)
VALERIE, jeune greffée, puis Pauline ……
…………........
CECILE, étudiante puis Cousine …………………..……..
Professeur PARESI, chirurgien, Puis Père de Pauline ….
Hélène BECQ, maman de Valérie puis l’infirmière ……...
Pierre BECQ, père de Valérie, puis le facteur …………..
Mlle HERMAND, infirmière, puis Aurélie ………………..
Père AZANNAH, aumônier puis M. Le Maire …………….
Héliette DUPONT, mère d’Etienne, puis mère de Pauline
Paul DUPONT, père d’Etienne, puis le docteur ….………
Gwendoline Poisson
Céline Gumez
Paul Catteloin
Nathalie Cuisset
Patrice Poisson
Marie-Agnès Duvivier
Paul Charlesège
Marielle Delobelle
Michel Lecler
Mise en scène Michel Lecler
Production Théâtre de l’Etincelle
Maison Folie - Place Vauban – Porte de Mons – Maubeuge
Le samedi 18 octobre 2009 à 19h30
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PLAN 1
PROLOGUE
(La scène est dans le noir. Un lit avant scène cour. Une jeune fille dort. Elle semble
sporadiquement agitée… Un filet de lumière vient sur son visage…)
NOIR
PLAN 2
(La scène est dans le noir. Une jeune fille est assise milieu scène - jardin. Un filet de lumière
vient cerner son visage. Elle est calme, posée, sereine…)
VALERIE
J’avais 9 ans.
Bien sûr j’avais soif. Toujours soif. Alors je buvais.
J’adorais la danse, j’allais chez AURELIE, une super prof, une danseuse, mon amie… Tous les
ans, je faisais le gala, souvent devant, jamais derrière, danse classique, demi pointes, barre à
terre, depuis 2 ans, je faisais des pointes… C’était un rêve ! Mon rêve.
Mais, j’avais vraiment soif. Alors comme j’allais au studio trois fois par semaine, je mettais
çà sur le compte de la transpiration ! de la fatigue. D’un petit surpoids peut-être ? pourtant
j’étais mince, une libellule ! le manque de condition physique, alors ?
C’était plus simple.
Des examens, d’abord chez le docteur puis chez un spécialiste, un néphrologue, ont établi
que j’avais du diabète… pire, j’étais diabétique insulino dépendante…
Un coup de casque sur la cafetière !
Et vogue la galère !
Depuis cinq ans, mon horizon s’est rétréci ; je ne serai pas danseuse.
La maladie a pris mon adolescence. Des piqûres quatre ou cinq fois par jour, on appelle çà le
test sanguin, Dextro. Le matin dès le lever, à midi deux fois, avant le déjeuner et après ; en
milieu d’après-midi, vers quatre heures, et le soir bien sûr : avant le dîner, après et juste
avant d’aller au lit… Et je vous parle pas de la litanie des visites chez les médecins, de la
pesée des aliments, des prises de sang plus que régulières… Ras la casquette ! çà m’pompe
les babouches !
C’est pas hyper valorisant de devenir différente ! marginale.
Le traitement a été dur, mais la souffrance… c’est quand on m’a dit que mes reins étaient
très abîmés. Foutus.
Il paraît que c’est rare. Belle consolation.
NOIR
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PLAN 3
CECILE
(debout à l’avant scène face au public- une découpe sur Elle)
Madame La Présidente
Mesdames et Messieurs les Professeurs
Mesdames Messieurs
Je m’appelle Cécile DUVAL, je suis ici pour vous présenter le mémoire de fin d’études que j’ai
réalisé au cours de ces douze derniers mois.
Demain je serai journaliste. Un métier, une vocation, plus une Responsabilité.
Ne dit-on pas de la presse qu’elle est le 4ème pouvoir.
Je suis intimement convaincue de la responsabilité qui aujourd’hui devient la mienne.
C’est aussi cette conscience qui a inspiré le choix de la somme que je vais défendre devant
vous aujourd’hui.
Etre journaliste c’est être acteur et témoin de son temps. Témoin lucide et conscient.
Journaliste c’est oser le danger pour que tous sachent ; c’est enquêter, investiguer, valider
ses choix et ses dires.
Pour d’aucuns, le journaliste, le seul, le vrai, le grand, c’est le grand reporter qui agit sur le
théâtre des guerres, des attentats, des séismes ou des tsunamis, des famines…
Pour moi, être journaliste, c’est aussi être témoin de mon temps. Etre témoin des luttes, des
souffrances, des espoirs et des révoltes, des recherches, des solidarités qui constituent le
quotidien de la vie de nos semblables.
Je vais vous parler de la VIE. Un sujet « bateau » n’est-ce pas ?
Non : Le sujet !
Le DON D’ORGANES.
Quand il s’agit de la souffrance, de l’attente, de l’espoir, de la peur…quand il s’agit de
combattre l’indifférence, et de préparer à une vie citoyenne.
J’ai rencontré des gens, j’ai questionné d’abord, riche des méthodes et techniques apprises,
j’ai voulu conduire avec professionnalisme mes entretiens, les 5 W… la thèse, l’antithèse, la
synthèse… J’ai renoncé.
Les gens qui étaient devant moi étaient de chair et de sang, leur propos se dispensait
naturellement de mise en scène, je devenais simplement, naturellement le clown blanc du
cirque, le faire-valoir…
J’ai écouté et j’ai appris.
Je pense même que parfois, je me suis prise à essuyer une larme au coin de l’œil.
NOIR
3
PLAN 4
CECILE
(avant scène cour)
J’avais voulu appréhender l’essentiel de ce qui « touche » au Don d’Organes. Saisir et
restituer honnêtement la pensée d’autrui. Analyser une masse documentaire importante et
en tirer une synthèse fidèle, quels que soient mes points de vue personnels sur la question.
L’espoir des uns, le malheur des autres, la démarche scientifique, la position de l’Eglise,
éthique et morale, le travail obscur et inlassable des professionnels de santé, l’avis toujours
« autorisé » du commun des mortels…
Je voulais une démarche claire et j’ai choisi de rencontrer d’abord le Docteur PARESI.
(déplacement fond de scène cour et se retourne vers le Dr Parési qui est assis à une table
avant scène cour)
Bonjour Professeur. Et merci d’avoir bien voulu distraire un moment de votre temps
précieux pour me recevoir.
Je vous ai présenté ma mission.
Voulez-vous me dire qui vous êtes et parler du don d’organes ?
(Noir progressif sur Elle et lumière sur le Dr Paresi)
Docteur PARESI
Bonjour
Soyons simples et clairs.
Une greffe d’organes implique qu’il y ait un donneur et un receveur. Et c’est bien là que
réside la grande difficulté à laquelle nous sommes confrontés.
Difficulté au plan humain comme au plan technique et scientifique.
CECILE
Et pourquoi donc ?
Docteur PARESI
Une greffe, c’est l’arrivée dans le corps humain d’un organe ou d’un fragment d’organe qui
lui est devenu nécessaire.
Cette greffe va remplacer ou suppléer un organe défaillant dont la fonction est vitale.
Elle va permettre à celui que j’appellerai le « malade » de retrouver une existence normale.
CECILE
Que peut-on greffer ?
Docteur PARESI
La différence que la science fait communément tient aux tissus et organes prélevés du vivant
du donneur, et ceux que l’on ne prélèvera qu’après la mort.
Pour faire simple, du Vivant du donneur je citerai :
- La moelle osseuse, le rein, la peau, des fragments osseux, des lobes de foie ou de
poumon.
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CECILE
(toujours dans le noir)
Et après la mort du donneur ?
Docteur PARESI
Le cœur, immense ouverture depuis le Professeur Barnard, le foie, le rein, le poumon, le
pancréas, les os et les cartilages, parfois mais rarement l’intestin, et aussi la cornée ou la
peau.
Vous remarquerez que l’on ne prélève pas l’œil, mais exclusivement la cornée qui est une
partie transparente du globe oculaire.
Cécile
(toujours dans le noir)
Depuis quand greffe-t-on ?
Docteur PARESI
Nous dirons depuis les années 55-59 pour le rein, 67 pour le cœur, 72 pour le foie…
Les conditions de réussite sont draconiennes. C’est ce que l’on qualifie : la « Compatibilité »
tissulaire. Il nous faut aussi maîtriser tous les phénomènes de rejet.
Depuis le début des années 80, un médicament nous aide beaucoup : la ciclosporine. Le
phénomène rejet, est au demeurant « naturel ». C’est la destruction d’un corps étranger qui
vient de pénétrer dans l’organisme ; c’est une réaction bénéfique quand il s’agit d’un
microbe ; c’est une réaction regrettable qui doit être combattue quand il s’agit d’une greffe.
Cécile
(toujours dans le noir)
Qui est donneur ? Est-ce que tout le monde peut être donneur ?
Docteur PARESI
Toute personne en état de mort encéphalique est un donneur potentiel.
Un sujet est déclaré en situation de mort encéphalique lorsque toute activité cérébrale est
arrêtée.
Il n’y a pas de limite d’âge légale. Tout dépend des organes concernés. Le critère
déterminant est la qualité des organes à prélever. C’est l’état physiologique du donneur et
les circonstances de sa mort qui en décident.
Mais pour être Donneur, il est impératif de ne pas avoir émis un refus catégorique.
Ce refus, s’il est manifeste peut être inscrit sur le REGISTRE NATIONAL des REFUS Celui-ci est
géré par l’Agence de la biomédecine.
En revanche, si vous êtes résolument pour le don d’organes, si vous voulez alors vous devez
être vigilant et le faire savoir :
- Le plus simple est de porter sur soi, la Carte de Donneur d’Organe. Elle exprime une
position claire et sans ambiguïté. Elle facilitera aussi, s’agissant d’un mineur, la prise de
5
-
position des parents qui seront obligatoirement questionnés et dont l’accord sera
requis.
Enfin je dois parler autour de moi, à mes parents, à mes proches. Ceux-ci, que j’aie une
carte de donneur ou non, pourront ainsi témoigner de ma volonté.
Je peux encore limiter le don à un organe voire exclure un ou plusieurs organes….
Cécile
(la lumière vient sur Elle)
Professeur, pouvez-vous me confirmer la différence qui semble exister entre Don d’Organes
et don de son corps à la science ?
Docteur PARESI
Il s’agit là de deux choses très différentes.
Léguer son corps à la science est un acte définitif.
Entrée de Mlle Hermand
Docteur PARESI
Mlle Hermand, ma plus proche et aussi précieuse collaboratrice. (présentations,
salutations) ; Mlle Duval étudiante rédige un mémoire sur le Don d’Organes et a sollicité nos
lumières…
Je reviens à mon explication ;
Léguer son corps à la science est un acte définitif.
Le corps ne sera pas restitué, il est donné à une faculté de médecine pour ses travaux et ses
recherches. Il suppose une démarche auprès d’un CHU ou d’une faculté et est payant.
En revanche, le Don d’Organes est un don pour la VIE ; La mort du donneur permet la vie du
receveur. Au décès de la personne qui donne, ses organes sont maintenus en état de
fonctionner jusqu’au prélèvement. Après celui-ci, le corps, objet des soins du corps médical
est restitué à la famille.
(se lève)
Je vais devoir prendre congé, mes obligations imposent.
Je vous remercie Mademoiselle, pour votre intérêt pour le Don d’Organes et la pertinence
de vos questions…
Si vous avez d’autres interrogations, et je ne doute pas que vous en ayez, ma collaboratrice
Mlle Hermand est tout à fait l’interlocutrice qu’il vous faut.
Je vous salue Mademoiselle.
(il sort)
NOIR
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PLAN 5
CECILE
J’ai souhaité rencontrer une des ces six mille familles de personnes en attente de greffe dont
me parlait le Docteur PARESI.
J’ai été reçue par Madame et Monsieur BECQ ; Je ne savais pas que j’allais être conduite à les
revoir…
Hélène BECQ
Notre fille VALERIE avait à peine 7 ans quand nous avons appris qu’elle était atteinte d’une
maladie rénale chronique : le défaut d’insuline. Et l’insuline nous a-t-on expliqué est
fabriquée par le pancréas, qui se trouve derrière l’estomac dans l’abdomen. L’insuline
permet de stocker le glucose et de le libérer petit à petit suivant les besoins de l’organisme.
Le Glucose c’est capital : c’est un « carburant » au même titre que les graisses. L’insuline a
un rôle de régulation. Et Valérie était diabétique insulino-dépendante. Les conseils qui nous
étaient donnés, c’était de ne pas nous affoler, ne pas perturber Valérie, lui permettre de
continuer à jouer, à faire du sport, de la danse et d’étudier…
Pierre BECQ
On nous disait toujours… Un enfant qui a un problème de diabète c’est un enfant normal ! Il
suffit de surveiller, d’être vigilant !
Tu parles Charles !
C’a été un choc terrible. Pour Elle et pour nous.
Et personne ne savait dire pourquoi.
Hélène BECQ
J’avais remarqué qu’elle avait toujours soif.
Il a fallu adapter notre vie quotidienne à son traitement. Des injections d’insuline, d’abord 2
à 3 fois par jour… puis, très vite plus souvent…
Pierre BECQ
Des analyses de sang, souvent, très souvent… VALERIE continuait toutes ses activités, sa
dépense d’énergie était très variable et il fallait constamment adapter le traitement…
CECILE
Quelles conséquences sur la vie scolaire de VALERIE ?
Pierre BECQ
Au départ rien… A priori rien. VALERIE était comme ses copines.
Hélène BECQ
Les capacités intellectuelles sont intactes. De même que ses capacités sportives…
NOIR
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PLAN 6
CECILE
Mlle Hermand, je voudrais revenir à une synthèse.
Qui est donneur ? Qui décide ? Qui est interrogé ? Y-a-t-il un coût ?
Des multitudes de questions se bousculent ?
Les médecins peuvent-ils décider seuls de prélever un organe ?
Mlle HERMAND
Je vais essayer de répondre à vos interrogations.
D’abord sur le fond !
Le consentement présumé :
Toute personne est considérée comme donneur si elle n’a pas exprimé de son vivant un
refus. Ce consentement s’exprime par tout moyen, mais notamment par l’inscription au
Registre National des Refus qui existe depuis 10 ans.
Mais , si le médecin n’a pas connaissance de la volonté du défunt, il doit recueillir auprès des
proches la non-opposition au don d’organes.
Ensuite, la gratuité.
on ne peut pas vendre, ni acheter un organe.
Enfin, l’’anonymat :
ni la famille du donneur, ni le receveur ne peuvent avoir connaissance de leur identité
réciproque.
L’Acte de vouloir donner : l’expression de la volonté :
Il est possible de s’inscrire sur le Registre National des Refus à partir de l’âge
de treize ans. Celui-ci est consulté systématiquement dès que la mort encéphalique
est avérée et que le patient est potentiellement donneur.
Les personnes qui souhaitent donner leurs organes peuvent également posséder
une carte de donneur mais celle-ci n’a aucune valeur légale.
CECILE
Et si le « donneur » est mineur ?
Mlle HERMAND
Les mineurs sont protégés.
Si nous sommes confrontés à un donneur potentiel mineur, ou d’un majeur sous tutelle, il
sera nécessaire d’obtenir une autorisation de prélever de la part des deux
représentants de l’autorité parentale ou tutorale. Dans le cas où il y a impossibilité
de consulter l’un des titulaires de l’autorité parentale, le prélèvement pourra être
effectué uniquement si l’autre titulaire y consent par écrit.
(silence)
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CECILE
Qui décide « finalement » de qui est donneur ?
Mlle HERMAND
Puisque vous m’interrogez sur le donneur ; c’est je suppose, du donneur décédé que vous
voulez parler. Il faut donc évoquer la mort encéphalique qui est une forme très rare de
décès. Elle fait souvent suite à un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral et
elle conduit en quelques heures à la destruction définitive du cerveau. C’est un arrêt brutal
ou progressif de la circulation cérébrale.
Un examen est nécessaire pour affirmer le diagnostic de mort encéphalique.
Ce diagnostic se fait tout d’abord cliniquement : il faut éliminer tout autre
trouble sévère (métabolique, acido-basique, endocrinien.) On retrouve chez un
patient en état de mort encéphalique les éléments suivants :
● coma profond, flasque ; aréactif,
● abolition des réflexes du tronc cérébral,
● abolition de la respiration spontanée.
Il est complété par des examens para cliniques :
L’écho-doppler : il n’a pas de valeur légale mais cependant il permet de mettre en évidence
l’arrêt du flux sanguin des artères irriguant l’encéphale ;
L’électroencéphalogramme et L’angiographie cérébrale : Le but de cet examen est de
montrer l’absence de circulation sanguine dans les troncs cérébraux. C’est l’examen le plus
parlant de l’inactivité cérébrale.
L’affirmation du diagnostic de mort encéphalique doit se faire par deux médecins titulaires
ne devant ni faire partie de la même unité fonctionnelle, ni du
service effectuant le prélèvement.
CECILE
C’est très « scientifique » tout cela ! Mais, revenons au concret, au réel. Vous êtes
confrontés à la mort et en devoir de demander l’autorisation de prélever un organe. Dans
ces moments de tension extrême, de tristesse… Comment parvenez-vous à rester calme et
lucide ? Le temps presse !
Mlle HERMAND
Oui. C’est très scientifique comme vous le dîtes. Mais c’est indispensable.
Une fois le diagnostic de mort encéphalique posé, vient l’étape de l’annonce du diagnostic
qui se fait par le médecin réanimateur. D’autres personnes peuvent
être présentes lors de cet entretien comme l’infirmier coordinateur ou d’autres
membres de l’équipe soignante. Cet entretien a pour but :
d’annoncer le décès de la personne,
CECILE
Cest tout ! comme çà !
Mlle HERMAND
Non. Nous nous faisons un devoir d’informer, de rechercher un consensus…
● d’informer sur la mort encéphalique et sur ses implications thérapeutiques,
● de rechercher la prise de position du défunt ou dans le cas du décès d’un enfant,
laprise de décision des parents ou tuteurs,
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● de donner les informations permettant à cette famille de se prononcer. Il faut tout
d’abord informer sur la mort encéphalique (forme peu connue de mort),
d’expliquer les conditions du prélèvement d’organes, l’absence de frais , le respect…
Et après, la restitution du corps.
CECILE
Pédagogie et assistance sociale ?
Mlle HERMAND
Un peu… peut-être.
Nous devons aider les proches dans les démarches administratives.
L’annonce est faite par le médecin ayant en charge l’enfant. Mais, si possible,
souhaitable que l’infirmier s’occupant de lui soit également présent,
Il faut aussi présenter l’équipe médicale aux proches.
il est
Cet entretien se déroule à un moment difficile et douloureux pour la famille
car c’est également celui de l’annonce du décès.
Lors de l’entretien « pré don », il n’est pas demandé une réponse immédiate
pour le don d’organes. En effet, il est préférable de laisser les proches se retrouver et
en discuter entre eux.
Cependant, ce temps de prise de décision ne doit pas être trop long
non plus car il faudra conserver un état hémodynamique stable pour permettre le
don d’organes. Plus le temps entre le diagnostic de mort encéphalique et le don de
d’organes est long, plus il devient difficile d’assurer cet état hémodynamique stable.
Il n’y a pas de règle générale, ce temps est variable en fonction des familles et de chaque
patient. Ce temps de prise de décision permet donc aux familles d’entendre le diagnostic qui
a été posé et de pouvoir envisager le don d’organes.
NOIR
(lentement sur les derniers mots)
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PLAN 7
(debout avant scène)
VALERIE
Aujourd’hui je sais et je suis prête.
Mon énergie est farouche et ma volonté déterminée.
Peut-être mon amour de la vie, de la danse, mes parents, leur présence constante et
chaleureuse mais jamais pleurnicharde.
Bien sûr que j’ai respecté les contraintes de mon traitement au-delà du possible. Mais j’évite
d’en parler. A la danse, au collège, tout le monde sait et j’en ai marre des questions et des
attitudes de compassion, les regards… Tout çà me met mal à l’aise.
Depuis un an, j’ai pas mal manqué au collège, et même à la danse. J’avais du mal à
équilibrer mon Diabète …
Parfois, j’ai menti pour des sorties et des balades entre potes et même pour des galas. J’ai
organisé ma vie autour des piqûres journalières, des tests sanguins huit fois par jour, des
fatigues, des étourdissements, des malaises qui arrivent sans crier gare.
Quand on a 14 ou 15 ans, le regard est sans pitié. Alors je ne parle pas, de peur du rejet !
Un matin, j’y voyais quasiment pas ! J’ai eu peur. On m’avait avertie mais j’ai eu très peur.
J’ai subi des séances pour les yeux, çà va mieux de ce côté.
J’ai 14 ans, le diabète a abîmé mes yeux, j’ai perdu pas mal de dizièmes. ma tension est
souvent trop élevée ; les derniers examens confirment que mes reins ont lâché.
Quand j’ai appris pour mes reins, le moral était flagada ! Maman et Papa étaient là,
confiants, solides, forts et sereins. Ils m’ont aidé. Les médecins aussi, mon spécialiste du
diabète et celui qui s’occupe de mes reins.
Ils m’ont expliqué.
Ensemble on a décidé. Je vais me faire opérer. Une double transplantation : Rein-Pancréas.
On en a parlé à la maison. Beaucoup. J’ai accepté.
Je suis inscrite sur la liste officielle de greffes et double greffe en plus Rein- Pancréas.
Il n’y a pas beaucoup de donneurs. J’ai confiance. J’attends.
NOIR
11
PLAN 8
CECILE
(revenue à l’avant scène jardin)
Depuis le début de mes rencontres, souvent les arguments que j’entendais me ramenaient à
la foi, à la religion, à des interdits majeurs.
Je devais savoir.
J’ai rencontré le Père AZANNAH, aumônier de l’hôpital. Un grand Monsieur à l’approche
froide, sévère. Il est confronté quotidiennement au malheur, à la souffrance, à la mort. Je
voulais avoir son regard sur le don d’organes.
PERE AZANNAH
Nous parlons de Don, le mot « merveilleux » qui contient en substance l’expression de la
charité.
Donner est le strict contraire de profiter. En contrepartie du don, on n’attend pas de retour.
Comme la mère donne son affection à son enfant et l’entoure de soins. Elle aime son enfant,
pas pour profiter ni se faire payer. L’Amour est un don de soi.
Pour qu’il y ait don, il faut un donneur, et dans la grande majorité des cas un donneur
décédé.
Le deuil est un état consécutif à la perte d’un être cher mais également à
toutes les pertes. Être en deuil signifie être en souffrance, le travail de deuil
confronte celui qui le vit à la déchirure de son quotidien, de ses habitudes et de ses
repères de vie.
On définit classiquement le deuil en quatre phases : le déni, la colère, la
négociation avec soi-même et la reconstruction.
Quand il s’agit de la perte d’un enfant, la mort paraît intolérable et d’inacceptable. C’est
souvent décrit comme un scandale qui efface l’avenir qui lui était promis et qu’attendaient
ses parents. La mort d’un enfant est également très lourde à porter pour tous ceux qui en
ont la charge, infirmiers, aides soignants…
CECILE
Un tel malheur ne s’inscrit pas dans les modèles de mentalités proposées par notre
culture…
PERE AZANNAH
Dans l’ordre normal des évènements, on vieillit avant de mourir et non
l’inverse, ceci ne paraît donc pas « normal » qu’un enfant décède avant ses parents
et encore moins avant ses grands parents. La mort de l’enfant est une rupture dans
l’existence qui vient bouleverser les repères de vie.
La mort d’un enfant fait naître un sentiment de culpabilité et d’injustice.
En outre la mort encéphalique est d’autant plus difficile à admettre que le
reste du corps continue à fonctionner quelque temps, l’enfant paraît donc juste
endormi. C’est un traumatisme occasionné par une nouvelle forme de mort qui va
perturber les processus psychiques de la perception de celle-ci et ceux du deuil. Le
problème se pose : accepter la mort d’un enfant apparemment en vie.
12
CECILE
Face à ces grands événements de la vie, à ces souffrances, à ces choix, quelle est la position
de la religion ?
Père AZANNAH .
Dans la religion chrétienne, rien ne s'oppose à un prélèvement d'organes. Mais, la liberté
doit rester entière, tant chez le donneur que chez le receveur...
« Le don de tissus ou d’organes, dans la mesure ou il est décidé librement en esprit de
solidarité avec ceux qui souffrent est une des formes les plus éloquentes de la a fraternité
humaine… ».
Chez les protestants: Le pasteur soutient l'importance du don d'organes qui sauve la vie
d'autrui,
il
n’y
a
pas
d’ambiguïté.
Les préconisations de la religion juive sont plus restrictives. L’interdiction d'inciser le corps
d'un mort devrait rendre les prélèvements et les greffes impossibles. Mais, depuis la fin des
années 70, le prélèvement d'organes est autorisé lorsqu'il s'agit de sauver autre personne
en danger. Dans ce cas, l'organe ne doit être prélevé que si le donneur a préalablement
donné
son
accord
par
écrit.
Le Talmud n’édicte-t-il pas : « Celui qui sauve une vie fait comme s’il sauvait l’univers tout
entier ».
CECILE
Les Musulmans ?
Père AZANNAH
Pour les musulmans, "l'intérêt des vivants passe avant le respect des morts".
Si l'implantation d'un organe sur un malade en danger de mort correspond à une action
bénéfique et charitable, le prélèvement d'organes, lui, constitue une mutilation hautement
condamnable car il porte atteinte à l'intégrité du corps humain. Le prélèvement est admis
très exceptionnellement dans le cas d'un danger imminent pour le receveur.
Pour
les
témoins
de
Jéhovah:
Chacun est libre pour déterminer en toute conscience face à ce choix thérapeutique, la Bible
ne
renfermant
aucun
commandement
précis...
CECILE
On peut dire que dans l'ensemble à quelques exceptions prés, les religions ne s'opposent pas
au don d'organe et considèrent que c'est primordial de sauver une vie quand cela est
fondamentalement nécessaire.
Père AZANNAH .
Parfaitement. Hélas, il existe parfois des oppositions de la famille pour des raisons
personnelles ou religieuses. En France, la loi permet le prélèvement d'organe chez la
personne cliniquement décédée si on ne trouve pas d'opposition par écrit et s'il n'y a aucune
opposition de la famille. De nombreuses vies n'ont pas pu être sauvées en raison de cette
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opposition et il est regrettable que le message des responsables religieux ne soit pas
clairement énoncé.
NOIR
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PLAN 9
Pierre BECQ
Une infection des reins. Une pyélonéphrite. C’est çà, sans doute, qui a accéléré la
dégradation de l’état de santé de Valérie.
Hélène BECQ
Elle avait 11 ans. Elle apparut de plus en plus lasse, exténuée même. On du faire de
nouvelles analyses et la sanction fut nette sans contestation possible. Il fallait avoir recours à
la dialyse.
Pierre BECQ
Elle était courageuse, ma p’tite. Superbe. Elle avait repris l’école et même la danse.
Hélène BECQ
C’est le 23 octobre 2006 ; La première dialyse a été extrêmement pénible. Valérie était très
mal, elle a vomi. Des maux de tête insupportables. Un œdème cérébral nous a- t-on dit…
Pierre BECQ
C’était la première fois que j’assistais à une dialyse. Celle de ma fille.
Hélène BECQ
Je me sentais impuissante, dépassée.
Pierre BECQ
Tout était arrivé de façon si inexorable, sans que personne ne puisse arrêter le processus de
sa maladie. Je voyais cette machine, ces tubulures dans lesquelles circulait son sang… ces
filtres qui le nettoyait, l’épurait de tout ce qui l’empoisonnait…
Hélène BECQ
Elle restait là, allongée, un brassard à tension au bras…
Pierre BECQ
Elle était liée à cette machine ; d’elle dépendait sa survie… elle se mettait en alerte…il fallait
régler…
(silence)
Hélène BECQ
Valérie était courageuse.
NOIR
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PLAN 10
(un faisceau de lumière sur Cécile)
Cécile
L’autre côté du miroir ! J’ai aussi vu cela, des êtres qu’on croyait forts devenir soudain,
fragiles, détruits, des êtres de chair et de sang confrontés au plus abject, à l’indicible… la
perte d’un enfant, d’un ado pétillant de vie, d’entrain, de désirs. Et parce que gamin avait
aussi réfléchi, soupesé, analysé et décidé…
Peut-être une carte, une bête carte… un morceau de carton glissé dans une poche ou un
portefeuille, ou bien, la coïncidence, le hasard qui, le jour J, à l’heure H va amener un
médecin lambda à poser la question. La question improbable ! la question insoutenable !
(Noir)
(LUMIERE)
Héliette DUPONT
Viens. Je vais t’aider. Viens. Ne pleure plus. Ne pleure pas. Il aurait voulu que tu sois fort. Tu
l’avais appris à être solide. A garder toujours raison et sang froid.
Paul DUPONT
Il me manque. Il est partout. Il est là. Il nous regarde. Il est triste de nous voir tristes.
Héliette DUPONT
Je vais ranger la mallette.
(elle s’approche d’une mallette de motard, la pose sur la table et commence à ranger,
lentement…)
Paul DUPONT
Cinglée ! T’es cinglée ou quoi ? On n’touche pas à ses affaires. On n’touche pas !
Héliette DUPONT
Je ne touche pas… je range.
Je range.
Je range.
(silence, elle sort des vêtements, des accessoires, et plie et range)
Tiens. Une lettre. C’est pour nous…. Pour Papa et Maman…
C’est pour nous…
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Paul DUPONT
Donne !
Héliette DUPONT
Une lettre… pour nous…. Pour Papa et Maman…
C’est pour nous
Paul DUPONT
Merde donne !
(il prend la lettre et commence à lire)
Maman
Tu sais combien je t’aime !
Maman, j’ai toujours su que je pouvais compter sur toi, ta chaleur, tes yeux, ton amour.
Papa, je t’aime… bien sûr on n’a jamais beaucoup causé tous les deux mais je t’aime. Je sais
ta force et l’ambition que tu as pour moi…
Les plus belles émotions de vie tu me les as offertes… l’athlé, les entraînements de
« malade », les encouragements toujours, les reproches parfois .. Tu m’as appris à être moi
… à aller au bout de mes efforts, au bout de mes compétences. Tu voulais l’excellence !
Merci Papa.
Héliette DUPONT
Tu me la donnes… (elle prend la lettre)
…Tu voulais l’excellence ! merci Papa !
(silence- elle reprend haleine)
Si vous lisez cette lettre aujourd’hui, c’est parce que je vais vous faire souffrir. Je le sais. J’ai
toujours su que je ne ferais pas un centenaire… Je sentais çà ! on sent toujours çà ! Ne
pleurez pas ! C’est aussi çà la vie. J’ai été très heureux près de vous et je veux que vous
gardiez en vous seulement le souvenir de ces instants de bonheur, de complicité.
J’ai 17 ans et je resterai éternellement près de vous.
Paul DUPONT
Donne !
… près de vous. Aujourd’hui je veux que vous sachiez que j’ai pris une décision. Une décision
irrévocable. Je veux remercier du bonheur que vous m’avez offert. Je veux être utile. Je ne
veux pas partir comme çà, pour rien.
Je veux que mon voyage vers où on ne revient pas serve à celui qui quelque part souffre et
va mourir peut-être sans avoir connu un instant du bonheur que vous m’avez offert.
Les médecins doivent aujourd’hui faire face à une pénurie d’organes. Cette pénurie fait que
nombreux sont celles et ceux qui meurent. A l’origine de ce terrible bilan, le refus, un
nombre de refus qui est trop élevé.
Je veux donner mes organes pour qu’une vie soit sauvée.
Le don d’organes, c’est la vie au-delà de la mort… Je sais que c’est difficile à envisager pour
vous. On ne se voit jamais donneur ou receveur.
(silence)
Maman, Papa… on vous aura peut-être posé la question tout à l’heure… parce que, peutêtre… et si quelque part dans le monde quelqu’un m’attend un peu, le docteur aura du vous
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poser la question… Je suis mineur et c’est vous qui devrez décider…Valider mon choix.
Accepter ma décision.
Maman, Papa… pour l’amour de la vie, pour l’amour de moi… Vous direz oui.
Votre garçon qui vous aime et vous vénère
Etienne
(silence)
Eliette…
Appelle le docteur.
(long silence)
Eliette DUPONT
Nous sommes restés une heure dans une salle d’attente avant d’apprendre qu’Etienne, mon
Etienne, qui venait de faire ses 17 ans était en état de mort encéphalique et que c’était fini.
Il avait été transféré dans un service d’ultime réanimation. Cette heure s’était passée pour
nous dans une ambiance irréelle. Quand la grande femme en blouse blanche s’est approchée
de nous, je savais ce qu’elle allait demander… j’ai dit : « Oui. Etienne est d’accord pour
donner… »
NOIR
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PLAN 11
(Elle est assise avant scène jardin)
VALERIE
Il y a six mois aujourd’hui, je renaissais à la vie. Six mois déjà. Je suis greffée depuis six mois.
L’opération a eu lieu à Lille le 26 janvier 2009.
Je me sens hyper bien. Cool, décontractée. Mes analyses sont bien et ma forme s’améliore
de jour en jour.
Je suis surtout beaucoup moins chez les médecins. Plus de piqûre d’insuline, plus de régime
alimentaire. J’ai même repris la danse. Je ne fais pas d’effort inutile mais je me sens pleine
de vie.
Bien sûr, je n’ai plus le même niveau qu’avant ! les pointes c’est trop tôt. Les « copines »
sont un peu moqueuses, mais je ne leur en veux pas. J’ai la santé c’est capital.
Depuis six mois je vis avec et grâce au rein et au pancréas d’une jeune fille ou d’un jeune
homme qui a eu moins de chance que moi.
Mes angoisses d’avant la greffe s’estompent peu à peu… La peur de l’opération, la peur que
çà ne marche pas, l’échec, le rejet… la peur aussi qu’il n’y ait pas de donneur… Pas de
donneur compatible…Des craintes irraisonnées m’envahissaient ainsi souvent, avant.
Maintenant, il faut surtout que ces reins et ce pancréas qui m’ont été donnés, deviennent
miens. Que je les accepte avec une générosité égale à celle ou celui qui m’a permis de sortir
de cette spirale infernale. A Elle ou à Lui, je dois de vivre, heureuse et sans culpabilité.
Cela aussi je le dois à toute l’équipe soignante qui m’a toujours soutenue, réconfortée et à
Maman, dont les bras m’entourent toujours et à Papa dont je lis le bonheur dans les yeux.
NOIR
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PLAN 12
(Filet de lumière sur le visage de Valérie, couchée dans son lit, avant scène cour, les autres
protagonistes sont debout, en demi cercle de côté jardin à fond scène jardin. La lumière en
contre plongée éclaire leur visage faiblement)
Pierre BECQ
Valérie, tes reins sont foutus…
Docteur PARESI
Il va falloir t’opérer….
Père AZANNAH
Il faut que tu acceptes…
Mlle HERMAND
Aujourd’hui les greffes, çà marche !
Hélène BECQ
C’est l’heure du test sanguin…
Paul DUPONT
c’est l’heure….
CECILE
Tu es pâle
Tu as l’air bien nerveux !
As-tu bien respecté ton régime ?
VALERIE (voix off)
J’ai des palpitations…
J’ai faim
Docteur PARESI
Un fait tout a fait inattendu peut entraîner un malaise,
Mlle HERMAND
Une perte de connaissance, sans que l’on s’y attende.
Hélène BECQ
A l’école , au travail,
Héliette DUPONT
J’ai été très heureux près de vous…
Paul DUPONT
Non ! non !
(Silence)
Pierre BECQ
Tu as perdu du poids
VALERIE (Voix off)
Ils vous font tous ressentir que vous êtes malade
Leur attitude, leur regard
Tout çà vous met mal à l’aise
Pierre BECQ
Tu es faible…
Tu es lasse
(silence)
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Hélène BECQ
Notre fille avait à peine 7 ans
Docteur PARESI
Une greffe d’organes…
Hélène BECQ
Elle avait toujours soif.
CECILE
Que peut-on greffer ?
Pierre BECQ
C’a été un choc terrible. Pour Elle et pour nous.
Docteur PARESI
Cette greffe va remplacer ou suppléer un organe défaillant dont la fonction est vitale.
Hélène BECQ
Elle avait toujours soif.
(Silence)
Mlle HERMAND
On ne peut pas vendre, ni acheter un organe.
CECILE
Que peut-on greffer ?
Docteur PARESI
Toute personne en état de mort encéphalique est un donneur potentiel.
CECILE
Et après la mort du donneur ?
Docteur PARESI
.. Un donneur et un receveur.
Hélène BECQ
Des injections d’insuline
Mlle HERMAND
L’expression de la volonté :
CECILE
Est-ce que tout le monde peut être donneur ?
Mlle HERMAND
Rejet…
Docteur PARESI
C’est la destruction d’un corps étranger …
Mlle HERMAND
…d’un corps étranger qui vient de pénétrer dans l’organisme
CECILE
Qui est donneur ?
PERE AZANNAH
En contrepartie du don, on n’attend pas de retour
Hélène BECQ
Des injections d’insuline
Pierre BECQ
Elle était courageuse, ma p’tite. Superbe.
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Paul DUPONT
J’m’en fous d’ce con !
J’m’en fous !
J’l’emmerde !
Héliette DUPONT
C’était sa volonté…
Paul DUPONT
Non !
J’m’en fous !
On touchera pas à mon fils !
On touchera pas à mon fils !
Pierre BECQ
…ma p’tite. Superbe.
Héliette DUPONT
Calme toi !
CECILE
Est-ce que tout le monde peut être donneur ?
Mlle HERMAND
L’Acte de vouloir donner
Docteur PARESI
Léguer son corps à la science est un acte définitif.
Pierre BECQ
Des analyses de sang, souvent, très souvent…
CECILE
Quelles conséquences ?
Pierre BECQ
…comme ses copines.
à suivre
Il y a une suite…
Si vous désirez la recevoir pour la lire et pourquoi pas la jouer, ultérieurement, je vous
adresserai par mel le texte intégral sur simple demande.
Merci de me dire seulement qui vous êtes, votre compagnie, amateure ou pro, votre
« projet » et plus tard, si vous jouez la pièce, pensez à moi, une photo, une affiche, une
vidéo, un article de presse… Ce serait super. Merci
Jo Cassen
[email protected]
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