Prévention RDR

Transcription

Prévention RDR
En es-tu sûr?
> Tout sur la question de savoir si l’on peut se protéger
sans préservatif
En règle générale, le VIH/sida n’est plus aujourd’hui la maladie
inévitablement mortelle qu’elle était au début de l’épidémie.
Nombre d’entre nous se demandent donc si le préservatif est toujours aussi indispensable ou, du moins, s’il n’y a pas certaines
alternatives.
Cette brochure a pour but de faire un tour d’horizon de la situation
actuelle.
Nous aborderons différentes pratiques sexuelles ainsi que ce qui
peut les rendre plus douloureuses qu’agréables. Un partenaire
sexuel m’avouerait-il spontanément qu’il
est séropositif? Et si je mets une capote
juste avant de jouir, suis-je protégé?
Que faire si aucune sorte de préservatif n’est adaptée à ma bite?
C’est à de telles
questions et à
bien d’autres
que tu trouveras des
r é p o ns e s
dans cette
brochure.
Quelques informations préliminaires
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Que font et que préfèrent les gays au lit?
Sont-ils insatiables?
A propos du sexe anal
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Comment s’y prendre? Et si ça fait mal?
Conseils, trucs et positions! Et le sida?
Safer sex! Sans moi?
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Les raisons généralement invoquées pour renoncer
au préservatif.
Impossible sans capote?
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Qu’en est-il des pratiques censées limiter le risque?
Tout savoir sur le préservatif
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Le déballer, l’enfiler et choisir un lubrifiant adapté.
Problèmes d'érection avec une capote? Et si elle lâche?
Suck my cock!
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Tailler une pipe – sans risque! Et tout ce qu’on peut faire
d’excitant en plus de la sodomie et des fellations.
VIH: les faits
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Le VIH/sida, qu’est-ce que c’est? Faut-il faire un
dépistage? Qu’en est-il des autres MST?
Adresses importantes et liens
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> Quelques informations préliminaires
L’homosexualité existe depuis l’aube de l’humanité. Deux hommes
peuvent tomber amoureux l’un de l’autre, devenir amis, s’intéresser l’un à l’autre, vivre ensemble, se quereller, rire, pleurer, se faire
plaisir et souffrir ensemble. En fonction de l’époque et du lieu, on
pouvait – on peut – l’avouer plus ou moins franchement.
Aujourd’hui encore, l’homosexualité est un délit dans bien des
pays, alors qu’ailleurs, chez nous par exemple, elle est plus ou
moins entrée dans les mœurs.
Nous sommes insatiables, le sexe est notre élixir de vie: cliché
ou réalité? Il est vrai que les homosexuels ont fréquemment des
partenaires multiples: la moitié d’entre nous ont plus de dix partenaires sexuels différents par an, pratiquement sans limite au sommet de l’échelle. Une nette majorité d’entre nous souhaiterait pourtant un partenaire fixe.
Dans près de la moitié des relations stables, les partenaires ont
également des rapports sexuels en dehors du couple. Si certains
en parlent franchement, d’autres préfèrent garder le secret.
Pas de véritable rapport sexuel sans pénétration, le reste
est tout au plus une mise en appétit? Neuf gays sur dix apprécient
les fellations, se masturber réciproquement, se caresser et se
masser. Ils aiment aussi le sexe anal: trois sur quatre disent la pratiquer plus ou moins régulièrement.
Les adeptes de jeux sexuels plus «hard» sont un peu moins
nombreux: environ un sur sept déclare les pratiquer.
Le VIH/sida concerne toujours dans une large mesure
les hommes ayant des rapports sexuels avec des
hommes: dans les lieux fréquentés par des homosexuels
(bars, clubs, fêtes, discothèques, saunas, darkrooms, dans
d’autres lieux de rencontre et sur des sites Internet spécialisés), tu peux partir du principe qu’en moyenne, environ un
homme présent sur dix est séropositif. Bien souvent
d’ailleurs, ces hommes ne savent pas qu’ils sont séropositifs.*
La grande majorité des homosexuels ont contracté – et
contractent toujours – le virus lors d’une pénétration anale
sans préservatif; dans une mesure nettement moindre en
ayant eu du sperme dans la bouche au cours d’une fellation.
Il y a chaque année 700 à 800 dépistages positifs. C’est nettement moins qu’il y a quinze ans, mais toujours beaucoup
trop. Environ un quart de ces nouveaux cas concernent des
homosexuels – alors que les homosexuels et les bisexuels
représentent tout au plus 10% de l’ensemble de la population.
L’âge des hommes infectés lors d’un rapport homosexuel est
extrêmement variable et va de 18 à nettement plus de 70 ans.
* Zürich Men’s Study, ZÜMS – «12% des hommes (dans ce milieu) sont séropositifs. Seuls deux tiers d’entre eux connaissent leur statut sérologique.»
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> A propos du sexe anal
Si les hétérosexuels semblent avoir de la peine à évoquer le thème
de la sodomie, il en va souvent de même pour les homosexuels,
surtout lors des premières expériences. Ce tabou a certainement
des origines culturelles: comment un orifice d’où sortent les excréments pourrait-il être une source de plaisir? Bien des personnes
éprouvent un véritable blocage à cet égard.
Et pourtant! L’anus peut procurer du plaisir tant à celui qui y introduit sa verge (le partenaire actif) qu’au partenaire dit passif. Le
rôle favori relève des préférences personnelles et de nombreux
homosexuels aiment les alterner.
D’innombrables cellules nerveuses, extrêmement sensibles,
sont concentrées dans et autour de l’anus (gros intestin, rectum),
un peu comme sur le gland. Ces cellules réagissent au contact, aux
caresses et aux lèchements sexuels par un feu d’artifice de sensations – que cet anus soit celui d’un hétéro ou d’un homosexuel.
Vessie
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Rectum
Pénis
Urètre
Epididyme
Prostate
Testicule
Périnée
Plus à l’intérieur, devant le
rectum, se trouve la prostate, une glande de la taille
d’une châtaigne dont la plus
grande partie participe à la
fabrication du sperme.
La prostate est, elle aussi,
très sensible au contact. Tu
peux t’en rendre compte si tu
introduis ton doigt dans
l’anus et que tu appuies vers
l’avant (ne pas oublier le
lubrifiant!). Lors d’une pénétration anale, le pénis stimule
la prostate, ce qui procure
une sensation très agréable à
la plupart des hommes et
certains parviennent même à
un orgasme sans aucune stimulation du pénis.
Mais le sexe anal fait également appel à des sentiments
tournant autour d’une forme
de fusion, de la confiance, du
don de soi, de la domination
ou de la soumission.
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> «Sois sage, ô ma douleur...»
Si la pénétration anale fait mal: arrêter, attendre que la
douleur s’apaise et refaire prudemment une tentative. Si tu as
mal, dis-le à ton partenaire et demande-lui d’attendre.
Certains associent automatiquement la sodomie à la douleur.
Avoir mal est pourtant un signe que quelque chose ne se
déroule pas normalement! Le but est de réussir à se faire
pénétrer sans souffrir et pour cela, il faut avant tout se détendre,
ce qui est plus facile si l’ambiance s’y prête. On conseille aussi de
respirer calmement et profondément.
Les douleurs éprouvées lors d’une pénétration anale sont souvent
causées par les releveurs de l’anus, également appelés muscles
«élévateurs»: il s’agit de muscles en forme d’anneaux qui tirent
sur l’angle du rectum et le sphincter anal, afin de contenir les selles. Lorsque ces muscles ne sont pas totalement détendus, la
pénétration peut effectivement être très douloureuse si quelqu’un
tente malgré tout d’introduire son pénis.
Quand tu vas aux toilettes, tu constates que les releveurs de l’anus
sont relâchés. Apprendre à détendre ces muscles est une question de «lâcher prise» et peut éventuellement exiger une certaine
pratique. Tu peux t’y entraîner à l’aide d’un godemiché ou de tes
doigts.
Pas de jeux avec l’anus sans lubrifiant. Les muqueuses
dans et autour de l’anus sont très sensibles aux blessures. Il
faut donc suffisamment de lubrifiant pour que «tout baigne».
Si tu veux en savoir plus au sujet du lubrifiant, parcours la
page 37. Les mains doivent être propres et les ongles bien
coupés si tu tripotes l’anus.
Beaucoup d’hommes se font un lavement pour se préparer:
de l’eau tiède est injectée dans le gros intestin. Tu peux te procurer le matériel nécessaire en pharmacie, dans un sex-shop
ou sur Internet. Le tuyau de la douche, dont on retire le pommeau, peut également être utilisé à condition de faire preuve
de prudence: il doit être introduit délicatement en évitant
d’ouvrir l’eau trop fortement en raison des risques de blessures. Du fait qu’à la longue, les lavements peuvent détériorer la
flore intestinale, on recommande de les limiter à un ou deux
au maximum par semaine. D’autre part, les lavements augmentent le risque de contamination par le VIH lors de rapports
sexuels non protégés.
Le stress et la précipitation ne font pas bon ménage avec
le sexe anal. Comme n’importe quel autre muscle, il faut un certain temps aux releveurs de l’anus pour s’habituer à l’extension. Si
pour l’instant tu n’es pas certain de vouloir t’y essayer, sache qu’il
y a beaucoup d’autres choses excitantes que deux hommes peuvent faire ensemble (voir p. 47)!
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> Adopter une position
Les variantes et positions pour faire l’amour sont innombrables. Si
tu débutes, il vaut mieux adopter une position propice à la détente.
En raison des nombreuses courbures du gros intestin et du fait
que chaque verge a une forme et une taille différentes, les positions ne sont pas forcément toutes aussi agréables ou stimulantes.
Position du missionnaire: Le partenaire passif est couché
sur le dos, le partenaire actif entre ses jambes. Il est vrai que
dans cette position, le niveau de pénétration de la verge est
plus difficile à contrôler, mais c’est une position romantique,
puisqu’elle permet de s’embrasser et de se regarder dans les
yeux.
Debout: Très pratique, surtout en plein air (mais les observateurs involontaires y prendront peut-être moins de plaisir que
toi...).
A plat ventre: Pour le partenaire passif, l’une des meilleures
manières de se détendre consiste à se coucher à plat ventre ou
sur le côté. Tu peux essayer de glisser un coussin sous les reins.
Dans cette position, seul le partenaire actif impose le rythme.
L’imagination n’est guère limitée que par l’anatomie et les préférences de ton partenaire. Essaie tout ce qui te tente et qui
te fait plaisir! Et abandonne ce que tu n’apprécies pas. C’est
ton droit de dire non si une pratique te dérange.
Position du cavalier: Si tu es le partenaire passif, cette position
te permet de contrôler la situation en t’asseyant sur ton partenaire
qui est allongé sur le dos. En effet, c’est toi qui détermines à quelle profondeur et à quelle vitesse son pénis peut te pénétrer (aussi
longtemps que tu as suffisamment de force dans les jambes...).
En penchant le haut de ton corps vers l’avant ou vers l’arrière, tu
influences l’angle de pénétration du pénis et peux le modifier
selon tes sensations. Autre avantage: ton propre pénis est accessible à toutes sortes de stimulations.
La levrette: Le partenaire passif s’agenouille devant le partenaire actif en s’appuyant sur ses mains tandis qu’il est pris «par
derrière». C’est l’une des positions favorites. Le partenaire actif
peut pénétrer très profondément et le rythme est influencé par
chacun des deux partenaires.
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Lorsque tu es toi-même le partenaire actif, c’est à toi de faire preuve
d’égards pour ton partenaire: sois doux et n’essaie jamais de le
pénétrer de force. Parle-lui et montre-lui que tu prends ses désirs
au sérieux. Sois également attentif à sa respiration ainsi qu’à tout
signe qui pourrait exprimer une douleur et respecte son rythme.
> Le revers de la médaille!
On peut faire beaucoup de choses très agréables avec son propre
cul ou celui du partenaire, mais chaque médaille a son revers: le
VIH/sida et d’autres maladies sexuellement transmissibles. La grande majorité des homosexuels séropositifs ont été
contaminés lors d’une pénétration anale sans préservatif. C’est la
pratique sexuelle la plus risquée en ce qui concerne la transmission des agents pathogènes.
> Pourquoi une sodomie sans
préservatif est-elle la pratique
sexuelle la plus risquée?
• Pour le partenaire passif: Les muqueuses rectales
jouent notamment un rôle important dans l’absorption des
nutriments par l’organisme et, essentiellement, de l’eau.
C’est également la raison pour laquelle certains médicaments sont administrés par suppositoire rectal, une manière efficace d’accéder dans le sang. Malheureusement,
c’est vrai également en ce qui concerne le virus du sida.
• Pour le partenaire actif: Dans le rectum d’un homme
séropositif, il y a des sécrétions qui contiennent le virus.
Une pénétration anale peut ainsi être à l’origine d’une
transmission, du fait que les muqueuses du pénis (prépuce, gland, urètre) constituent des portes d’entrée réceptives au VIH. De plus, une pénétration anale provoque
presque toujours de petites lésions de la muqueuse avec
des saignements susceptibles d’accroître le risque de
transmission.
C’est pourquoi le risque de transmission du VIH lors
d’une pénétration anale non protégée est le plus
élevé.
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> «Il m’avait pourtant dit...»
«Quand j’ai appris que j’étais séropositif, j’ai eu envie de baiser au
maximum. Qui sait combien de temps il me reste? Je n’ai qu’à rien
dire, surtout pour un coup vite fait. Finalement, chacun doit savoir
comment se protéger.» Cyril 25 ans
«Moi, je pense qu’il me le dirait, non? C’est lui qui est responsable
de ne pas transmettre le virus! Sinon, ce serait vraiment immoral.» Philippe, 38 ans
Penses-tu toi aussi que ton partenaire sexuel te le dirait forcément s’il était séropositif? L’immense majorité des
hommes séronégatifs partagent cette opinion, et, le
cas échéant, renonceraient à baiser avec le type en
question...
Cela n’encourage évidemment guère les séropositifs à avouer
qu’ils le sont. D’autres raisons peuvent également les inciter à
se taire, surtout à l’occasion d’une rencontre occasionnelle.
Rappelons ici qu’à condition de s’en tenir aux règles du sexe à
moindre risque, il est sans danger d’avoir un rapport sexuel
avec un homme séropositif (en ce qui concerne les fellations,
voir aux pages 44 à 46).
Si un partenaire ne te dit pas qu’il est séropositif, cela
ne veut pas dire qu’il ne l’est pas. Même s’il est charmant
et que tu penses qu’il pourrait devenir ton ami, il ne t’avouera
pas forcément tout le premier soir – peut-être également par
crainte que tu le rejettes.
A propos: il n’y a pas en Suisse de véritable obligation légale à
révéler son statut sérologique en dehors du risque concret de
transmission du VIH. Par conséquent, on ne peut pas non plus
exiger d’une personne qu’elle le révèle. Seule exception: si un
préservatif se déchire, une personne séropositive est tenue
d’informer le partenaire sexuel de son statut (voir page 43,
PEP).
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> Safer sex! Sans moi?
«Je n’y arrive tout simplement pas. Je débande quand je mets un
préservatif. Je n’ai donc pas le choix: c’est ou je renonce à faire
l’amour ou je ne mets pas de capote. Et sans faire l’amour, la vie
ne vaut pas vraiment la peine d’être vécue, non?» Jean-Luc, 45
ans
Des problèmes d’érection liés au préservatif sont la raison
la plus fréquemment invoquée pour expliquer des rapports
sexuels non protégés. D’un point de vue scientifique, si quelqu’un
parvient à obtenir une érection sans préservatif, il n’y a aucune
raison biologique que ce ne soit plus le cas avec. En d’autres termes: le problème est généralement dans la tête. Et il y a des solutions (voir aux pages 38 à 40).
«Il m’arrive parfois d’être tellement pris par l’action que j’oublie
tout simplement. Non, ce n’est pas que j’oublie, c’est plutôt que je
fais abstraction des conséquences, que je ne veux pas y penser.
Quand un mec m’excite vraiment, le désir est tout simplement le
plus fort et il peut alors arriver que je me moque de ne pas avoir ou
de ne pas utiliser de préservatif. Après coup, je réalise que je viens
de risquer ma vie. Un sentiment merdique.» Joël, 21 ans
Dans le feu de l’action, les meilleures résolutions peuvent flancher. Ne compte plus que le moment présent. Seulement voilà:
après, cette peur au ventre d’avoir risqué sa vie est présente pendant au moins trois mois.
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«En réalité, j’aimerais trouver un ami stable, former un couple.
Mais c’est incroyablement difficile, je n’y arrive pas. Tu rencontres
quelqu’un, tu tombes amoureux, tu places tous tes espoirs en lui...
et c’est un nouvel échec, tu as encore tiré le mauvais numéro pour
l’exprimer avec cynisme. C’est si dur à supporter, tu te sens tellement seul, blessé et mal-aimé, oui, surtout mal-aimé et sans
aucune valeur. Alors si tu peux baiser, tant mieux, c’est toujours ça
de pris, et je m’en fous que ce soit avec ou sans capote.» François,
45 ans
Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Lorsqu’on se sent au
fond du trou, on a tendance à se désintéresser du lendemain. Si l’on finit par surmonter les passages à vide, le VIH reste.
qui a vraiment envie le lendemain de devoir se demander s’il a
attrapé le VIH?
Parler à des inconnus, lier connaissance, n’est pas toujours
facile, surtout si tu es nouveau dans le milieu ou si tu es
quelque part où tu ne connais personne. La tentation est
grande de se cacher dans un coin du bar en ayant l’air cool.
Mais cela ne facilite pas non plus aux autres la tâche de
t’aborder. Un sourire reste l’un des meilleurs moyens d’établir
le contact. Si l’autre y répond, le premier pas est déjà accompli! Tu peux aussi avouer que tu es nerveux. Cette franchise te
fera paraître sympathique et prépare le terrain, parce que ton
interlocuteur est sûrement tout aussi nerveux que toi!
Et ce ne sera certainement pas plus facile de trouver un compagnon une fois séropositif.
«C’est tout simplement plus excitant. Oui, et selon ce que j’ai
ingurgité ce jour-là, je me moque de savoir avec qui je fais quoi,
pourvu que je baise. Le pire, c’est quand on ne sait plus le lendemain si c’était avec ou sans. Alors là, c’est la panique.» Blaise,
28 ans
Beaucoup d’entre nous ont de la peine à rencontrer des
hommes, à les aborder, à engager la conversation. Ce n’est pas
toujours facile de prendre une veste. Alors l’alcool et d’autres drogues semblent faciliter la chose.
«Tu te retrouves dans un sauna ou une darkroom où tout le
monde baise autour de toi sans l’ombre d’une capote. Qu’estce que je dois faire? Etre le seul à vouloir insister? J’aurai l’air
ridicule et ils vont tous penser que j’ai le sida. Je n’y arrive
pas, je n’ai tout simplement pas le courage de me comporter
différemment des autres.» Jonathan, 20 ans
Pose-toi la question: qui est en train de baiser ici sans préservatif? Des séropositifs ou des hommes qui ont envie de le
devenir? Toi aussi?
La réalité est particulière dans les lieux où se pratiquent des
rapports sexuels rapides et anonymes: ne pas trop parSi tu aimes boire de l’alcool quand tu sors ou expérimenter d’autres substances: réfléchis avant, quand tu as encore toute ta tête,
à ton attitude face au préservatif. L’alcool et les drogues augmentent parfois la prise de risque. Mais en plus d’une gueule de bois,
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ler, s’exprimer par le regard, les gestes, le langage du corps,
etc. Il s’agit avant tout de satisfaire un désir. Ici, on discute
rarement du sida et du sexe à moindre risque.
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Qu’en penses-tu: si tu ne te sens pas la force de te protéger dans
un tel environnement, ne vaudrait-il pas mieux renoncer à t’y rendre? Parce que ce ne sont sûrement pas les autres qui vont te protéger.
«Aujourd’hui, on ne meurt plus du sida, les médicaments sont efficaces. Il y a bien des gens qui ont, je ne sais pas moi, le diabète ou
une autre maladie chronique et qui vivent très bien avec. Ceux qui
font de la prévention propagent une panique inutile. Il y a quelques
années, d’accord, mais aujourd’hui? Moi en tout cas, je ne m’en
fais pas trop. On peut vivre en étant séropositif et j’accepte de
prendre ce risque.» Ludovic, 19 ans
On ne guérit toujours pas de l’infection à VIH, les traitements
disponibles permettent simplement de ralentir la progression vers
le sida. Ce sont des médicaments qu’il faut prendre à vie, tous les
jours, souvent à heure fixe, 7 jours sur 7 même pendant les vacances; ils ont fréquemment des effets secondaires plus ou moins
sévères. Leur efficacité n’est pas identique chez tout le monde.
Rien ne changera à cette réalité dans un proche avenir et aucune
révolution médicale n’est en vue.
En outre, les virus ont la faculté de se modifier et de s’adapter. Ils
peuvent développer une résistance aux médicaments. Si tel devait
être le cas, tu te retrouverais peut-être dans la même situation que
celle d’un séropositif dans les années 80. On parvient parfois aux
limites de l’arsenal thérapeutique actuel, avec un degré de résistance tel que les médicaments perdent leur efficacité.
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«Une semaine plus tard, j’ai dû faire un test de résistance.
C’était encore pire que le premier choc, pire que le résultat du
dépistage, pire que tout. ‹Vous êtes résistant aux quatre combinaisons usuelles.› D’abord, on te donne de l’espoir en te disant qu’avec le traitement, ton état s’améliorera rapidement.
Et on t’assène ensuite cette nouvelle. J’étais complètement
effondré.» David, 26 ans
T’es-tu déjà posé la question de savoir comment les personnes de ton entourage réagiraient à l’annonce de ta séropositivité?
Une infection par le VIH, ce n’est pas «seulement» devoir
prendre des médicaments à vie, à heure fixe, et supporter des
effets secondaires lourds. Ou vivre constamment avec la
crainte qu’un jour, les médicaments pourraient perdre leur
efficacité. Ou être sous traitement médical régulier pour le
reste de ses jours.
Dans leur environnement social, de nombreuses personnes
séropositives sont confrontées à des discriminations et
réactions de rejet de la part d’amis et de collègues, de l’employeur ou de partenaires sexuels.
Bien souvent, elles ont aussi à se défendre du reproche que
ce serait «de leur faute», parce que chacun sait comment se
protéger. Il n’est pas étonnant que dans de telles conditions
les dépressions et crises existentielles soient fréquentes.
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Etre séropositif veut également dire être celui qui est susceptible
de contaminer les autres. Les séropositifs sont donc régulièrement confrontés à la question de leur responsabilité face aux
autres. Est-ce à eux d’éviter la propagation du virus? Protéger les
autres peut-il être considéré comme une responsabilité éthique et
morale? Ou les autres, les séronégatifs, doivent-ils se protéger
eux-mêmes?
«Je dis toujours d’entrée de jeu que je suis séropositif, mais certains mecs semblent s’en moquer totalement. Ils ne sont pourtant
pas tous séropositifs, simplement cela leur est égal. Parfois, il
m’arrive alors de baiser sans – si c’est eux qui en ont envie? Mais
c’est vrai que je ne suis pas tellement à l’aise.» Roger, 52 ans
Il est souvent très difficile pour une personne séropositive
de protéger ses partenaires. Comment se comporter, par
exemple, à l’égard de quelqu’un qui semble se désintéresser totalement du statut sérologique de son partenaire? Insister quand
même sur le port du préservatif? Ou, à l’occasion, accepter d’avoir
un rapport non protégé? Renoncer à tout rapport sexuel avec cette
personne? Lui dire qu’on est séropositif? Cela exige un certain
courage face à une éventuelle réaction de rejet, de méfiance ou de
peur. Alors que ce courage et la volonté de protéger les autres
mériteraient au contraire notre respect.
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> Impossible sans capote?
C’est évident: beaucoup d’entre nous préféreraient faire l’amour
sans préservatif. Même si on le sent à peine, on sait bien qu’il est
là. Qu’il sépare. Il faut également s’interrompre pour le mettre. Bref,
c’est souvent tout sauf simple.
Le partenaire passif peut être contaminé même s’il n’y a pas
d’éjaculation, c’est-à-dire sans contact avec du sperme,
entre autres par du liquide préorgasmique. Celui-ci contient
en effet le virus, bien que dans une concentration moindre.
Dans le cas d’une fellation en revanche, cette concentration
n’est pas suffisante pour être à l’origine d’une transmission
(nous en expliquons les raisons à la page 44). Il en va différemment lors d’une pénétration anale en raison de la fonction
d’absorption de la muqueuse rectale.
Est-il possible d’avoir des rapports sexuels sans préservatif en
limitant les risques? Les idées et théories sur le sujet ne manquent pas. Nous en présentons quelques-unes sur les pages qui
suivent. Certaines te seront peut-être familières.
Disons-le d’emblée: elles sont malheureusement fausses.
> Se retirer avant de jouir?
Beaucoup d’hommes pensent que la pénétration anale est une
pratique beaucoup plus risquée pour le partenaire passif. Et ils
sont tout aussi nombreux à être d’avis que le risque est nettement
réduit s’ils n’éjaculent pas à l’intérieur de leur partenaire.
Les faits
Le virus du sida peut s’infiltrer dans l’organisme lors d’une pénétration anale non protégée, en raison du contact étroit entre le
pénis et les sécrétions des muqueuses rectales. Le prépuce, le
gland et l’urètre sont des portes d’entrée potentielles pour le virus
du sida. De ce fait, même le partenaire actif encourt un risque
évident lors de ces pratiques, qu’il y ait ou non éjaculation.
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La pratique logiquement la plus dangereuse est donc une pénétration anale entre un partenaire actif séropositif et un partenaire
passif séronégatif avec éjaculation, puisque du sperme contenant
le virus dans une concentration plus ou moins élevée entre en
contact direct avec les muqueuses et s’y dépose. Ce comportement sexuel représente le risque le plus élevé en matière de transmission du sida.
Mais: de nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer le risque concret de transmission lors d’un rapport
non protégé. Pénétrer ou être pénétré, éjaculer ou non,
n’en constituent que deux aspects, et pas forcément les
plus importants.
La concentration virale dans le sang ou le sperme du partenaire séropositif est de loin le facteur d’influence prépondérant dans
l’évaluation du risque de transmission, bien avant le choix d’adopter un rôle actif ou passif. Plus la charge virale est élevée, plus ce
risque augmente. A l’inverse, est-ce que cela signifie que si la
charge virale n’est plus détectable, la contagiosité n’existe plus?
Malheureusement non:
– La charge virale indique le nombre de copies virales «libres»
présentes dans le sang. Toutefois, le sida ne se transmet pas
uniquement par ces virus libres, mais aussi par les cellules
infectées. Et ce risque demeure même lorsque la charge virale
est inférieure au seuil de détection.
– La charge virale effective est toujours une valeur momentanée
susceptible de remonter – même sous traitement.
– La charge virale mesurée dans le sang reflète souvent la
concentration virale dans le sperme – mais pas toujours justement.
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Conclusion: personne ne peut déterminer la charge virale au
moment où vous faites l’amour. Ce qui veut dire qu’il est
impossible de connaître la nature précise du principal facteur
de risque.
Si toi ou ton partenaire avez contracté une autre maladie
sexuellement transmissible, par exemple une blennorragie ou la syphilis, le risque de transmission du sida peut
également être multiplié. En effet, ces maladies ouvrent la
voie à de nouvelles infections et provoquent généralement
des foyers infectieux superficiels sur le pénis, les testicules,
dans la bouche ou l’anus. Ces foyers (vésicules, ulcères, etc.)
abritent des cellules particulières qui sont beaucoup plus vulnérables aux agents pathogènes qu’une peau ou une
muqueuse saine.
Il y a un tel nombre de facteurs d’influence qui interagissent
qu’il est impossible d’évaluer correctement et de réduire suffisamment le risque effectif par un mode de comportement
(rôle actif, se retirer avant, etc.).
C’est malheureusement clair: la pénétration anale sans préservatif te fait courir un risque maximal, même sans éjaculation, même pour le partenaire actif, indépendamment de la
quantité de lubrifiant et de l’intensité du rapport.
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> Pas de rapport sexuel
avec un séropositif?
> Moins de partenaires,
moins de risques?
«Si un mec est séropositif, je le sens. Il y a pas mal de signes.
Personnellement, je préfère les jeunes qui n’ont pas encore eu
beaucoup de rapports. Leur manière de se comporter est révélatrice. Comment se présentent-ils? Ont-ils l’air soigné? Globalement, je pense que cela confirme assez bien mon jugement.»
Christophe, 37 ans
«Maintenant, j’ai fortement réduit le nombre de mes partenaires, même pas la moitié d’avant. Pourquoi l’ai-je fait?
Sûrement en partie à cause du sida. C’est tout simplement
pénible de devoir se poser plusieurs fois par mois la même
question: <Est-ce que j’y ai eu droit?› Il faut alors refaire un
test et attendre les résultats, c’est un stress permanent.»
Alexandre, 33 ans
Tu connais la blague: un homme saute du sommet d’un gratte-ciel.
Arrivé au deuxième étage, il s’écrie: «Jusqu’ici, tout va bien!»
Dans le milieu gay, environ un homme sur dix est séropositif. On
ne porte pas son statut sérologique sur le visage: ni la jeunesse ni la beauté ne constituent une garantie.
Logique: si tu n’as qu’un seul rapport non protégé par an, tu
ne prends qu’un seul risque. Et 20 si tu as 20 rapports sans
préservatif. Si tous les gays divisaient le nombre de leurs partenaires sexuels par deux, nous aurions moins de cas de
transmission.
Si ton partenaire ne veut pas mettre de préservatif, cela ne veut
rien dire. Il peut être séropositif et penser: «S’il accepte de se faire
baiser sans capote, c’est qu’il est sûrement séropo comme moi.»
Mais cela n’a malheureusement aucune influence sur le
risque réel à chaque fois! Ce risque existe à chaque rapport non protégé, peu importe ce que tu as fait la nuit
d’avant ou ce que tu feras le lendemain et le surlendemain.
Tu as peut-être tes raisons de vouloir des rapports sexuels non
protégés. Mais «l’allure» du partenaire avec les hypothèses
qu’elle t’inspire quant à son statut est sûrement l’une des plus
mauvaises. Pars plutôt du principe que chaque partenaire potentiel est séropositif.
28
Tu peux avoir eu de la chance deux, trois ou même vingt fois.
Mais cela peut t’arriver n’importe quand, comme à la roulette
russe. Un nombre non négligeable de personnes ont été
infectées à l’occasion de leur premier rapport sexuel.
29
> Nous nous aimons.
Il ne me ferait jamais de mal!
On plane complètement, amour, confiance et sécurité, désirer et
être désiré, romantisme, étincelles érotiques et sexe torride.
Se mettre à parler de maladies et de mort? Du passé sexuel? De la
fidélité et des coups de canif dans le contrat? Du test du sida?
«Je suis quelqu’un qui fait rapidement confiance. Lorsque j’ai rencontré mon ex, nous avons tout de suite ressenti quelque chose de
très fort, de profond. Je me sentais tellement en sécurité avec lui
que je ne lui ai tout simplement jamais posé la question. Comment
aurait-il pu me faire du mal? Une pensée absurde, impossible. Et à
l’époque, il ne couchait avec personne d’autre. Bien sûr, il avait un
passé, mais nous n’en parlions pas. Il n’y avait que lui et moi.
A l’époque, il ne savait pas qu’il était séropositif.» Marc, 29 ans
Beaucoup de gays sont infectés dans le cadre d’une relation stable. Souvent parce qu’ils n’avaient jamais abordé
la question du VIH.
Parler du sida dans le cadre d’une relation stable et insister sur le
port du préservatif n’est pas une question de méfiance, mais de
responsabilité et de respect envers l’autre et envers soi-même.
Quoi de plus naturel dans une histoire d’amour?
> Fidélité et confiance?
Sous certaines conditions, un couple peut décider de
renoncer au préservatif, ce qui implique avant tout la
capacité de dialoguer.
Si tu as un ami fixe, vous pouvez décider d’effectuer tous deux
un dépistage après avoir respecté les règles du sexe à moindre risque pendant trois mois. C’est en effet le délai nécessaire après une situation à risque pour pouvoir exclure totalement une contamination éventuelle. Si le résultat est négatif,
vous pouvez renoncer au préservatif entre vous, mais seulement entre vous et à condition de vous protéger lors d’un rapport en dehors du couple!
Cette «sécurité négociée» exige une bonne dose de confiance
mutuelle et la possibilité de pouvoir aborder tous les sujets
avec ton ami. Tu dois avoir la certitude absolue qu’il t’avouerait un écart éventuel, même si vous vous étiez promis fidélité. Parlez-en dès que vous envisagez de renoncer au préservatif. Si tu n’es pas absolument certain que ton partenaire
respectera les règles, dis-le-lui! De nombreux cas de transmission dans le cadre d’une relation stable se produisent
parce que l’un des partenaires n’a pas tenu – ou pas pu tenir
– les engagements pris.
«Je ne sais vraiment pas comment expliquer à mon ami qu’il
faudrait que nous fassions de nouveau attention, après plus
de deux ans. Il comprendrait immédiatement que je l’ai trompé, et sans capote.» Antoine, 19 ans
30
31
> Un test remplace-t-il la capote?
> Tu es séropositif?
Se rassurer sur son propre statut sérologique au moyen d’un test
a sûrement du bon. Mais en soi, un résultat négatif ne veut pas
dire grand-chose, la question décisive étant de savoir ce que tu as
fait dans les trois mois précédant le test et après: as-tu toujours pris toutes tes précautions? Sinon, tu as
peut-être été contaminé entre-temps, sans
le savoir, et tu te berces – ainsi que tes partenaires – d’une sécurité illusoire (voir
aussi à ce propos aux pages 53/54).
Si tu es séropositif, tu envisages peut-être d’avoir des rapports sexuels non protégés avec d’autres séropositifs. Dans
ce cas, tu dois être conscient de deux choses:
En bref: le test confirme simplement qu’il y a trois mois, tu
étais séronégatif.
Il en va de même si quelqu’un t’affirme que son
dernier test était négatif.
Beaucoup de choses ont
pu se passer depuis et tu
n’en as pas la moindre
idée.
A propos: un résultat négatif après une situation à
risque ne veut pas dire que
tu es immunisé ou particulièrement résistant au VIH, mais
simplement que tu as eu de la
chance.
32
Ton partenaire est-il vraiment séropositif? Ou en as-tu
seulement l’impression? Dans ce cas, tu t’exposes à des
poursuites pénales en cas de transmission du virus. Un tribunal pourrait l’interpréter comme des lésions corporelles
graves et t’infliger plusieurs années de prison.
Le préservatif ne protège pas que du sida, il réduit
aussi le risque de contamination par d’autres maladies sexuellement transmissibles. Si tu es séropositif,
il est important d’éviter toute infection supplémentaire qui
risquerait d’affaiblir encore ton système immunitaire et
d’être à l’origine de complications. En outre, elle pourrait
influencer négativement le cours de l’infection à VIH. Il faut
également savoir que les MST accroissent fortement le risque
de transmission du VIH.
Le risque d’une infection secondaire par le VIH (surinfection) n’est pas à exclure, peut-être par une souche virale différente contre laquelle tes médicaments pourraient être
inopérants.
Pour en savoir plus sur la gestion de ces questions au sein
d’un couple, nous te recommandons la brochure «Rapports
amoureux & sexualité» (commandes, voir à la page 60).
33
> Tout savoir sur le préservatif
Tout le monde sait utiliser un préservatif! O.K., si tu es un spécialiste... mais tu trouveras quand même à ce chapitre des informations sur les préservatifs et lubrifiants. Ainsi que des réponses à
certains problèmes concrets.
> Comment l’utiliser?
Ouvrir: Déchirer l’emballage sur
Dérouler: Le préservatif doit
être facile à dérouler sur
toute la longueur du pénis et
«bien aller». Sinon, il est probablement trop large ou trop
étroit.
Si tu es bien exercé, la mise
en place du préservatif perturbera beaucoup moins les
jeux amoureux.
un côté avec précaution et retirer délicatement le préservatif.
Lubrifier: Appliquer une quantité suffisante de lubrifiant à
base d’eau ou de silicone sur la verge (le préservatif). Si possible, il faudrait en enduire aussi l’anus du partenaire.
Mettre en place: Tirer d’abord
Sodomie: Plus la pénétration
le prépuce vers l’arrière. Retenir
le préservatif sur le gland par le
réservoir avec le pouce et l’index, afin de chasser l’air. Veiller à
ce qu’il soit mis du bon côté
(bourrelet à l’extérieur) et puisse
se dérouler sans problème.
anale est longue et vigoureuse,
plus il est important de vérifier
régulièrement que le préservatif
est toujours intact et bien en place.
Remettre du lubrifiant de temps en
temps.
Après: Après l’éjaculation, se retirer en tenant le préservatif à la
base du pénis pour éviter qu’il s’enlève et que du sperme se dépose
dans le rectum. Jeter le préservatif
à la poubelle, et non dans les toilettes ou dans la nature.
34
35
> Quel préservatif choisir?
N’importe quel préservatif peut être utilisé pour un rapport anal, à
l’exception des modèles extrafins, à stries ou à pointes. L’essentiel
est de veiller à la présence du label «OK» (en France: NF).
Ce label de qualité confirme que les préservatifs ont été contrôlés
rigoureusement. Les préservatifs portant le label CE ont eux aussi
fait l’objet de contrôles, mais selon des normes moins strictes.
En cas d’urgence, mieux vaut n’importe quel préservatif que pas
de préservatif du tout! Néanmoins, des modèles purement fun ne
réunissent pas les garanties de sécurité nécessaires.
Ne conserve pas les préservatifs dans ton portemonnaie, mais
plutôt dans une petite boîte ou un étui où ils seront à l’abri de la
lumière, de la chaleur et des objets pointus. Et les préservatifs ont
une date limite d’utilisation.
> Aucun préservatif n’est adapté
à mon pénis!
Normalement, les préservatifs font 51 à 54 mm de large et 170 à
185 mm de long. Chaque pénis ayant une morphologie différente,
c’est donc à toi de trouver le modèle qui te convient. Il y a même
des préservatifs extralarges ou extra-étroits.
Si le préservatif est trop large, il risque de glisser lors d’un rapport
alors que s’il est trop étroit, il sera trop tendu et se déchirera plus
36
facilement. Un préservatif adapté se déroule et se met en
place facilement. En bref: la taille est le critère décisif pour ton
confort et ta sécurité. Tu n’achètes pas non plus des vêtements qui ne te vont pas!
Si tu ne trouves vraiment pas de préservatif assez large,
essaie un Fémidom (préservatif féminin): il s’agit d’une petite poche de 17 cm de long qui est en réalité destinée à être
introduite dans le vagin de la femme. Mais on peut aussi l’utiliser pour un rapport anal! Dans ce cas, tu dois retirer l’anneau
qui se trouve à l’intérieur. Enfile le Fémidom sans anneau
comme une chaussette sur ton pénis avant la pénétration.
Avantages: Le Fémidom est plus grand et ne serre pas, de
plus, tu n’es pas obligé de te retirer immédiatement après l’orgasme. Inconvénients: Son utilisation exige une certaine
habitude, revient relativement cher, il n’est pour l’instant
disponible qu’en pharmacie ou sur www.shop.aids.ch et il produit un léger bruit de frottement pendant le rapport.
> Quel est le meilleur lubrifiant?
Une seule chose importe: le produit doit être à base d’eau ou
de silicone s’il est associé à l’usage d’un préservatif. Toutes
les substances grasses altèrent le latex et le rendent poreux.
Donc: pas de crème pour les mains, vaseline, lotion corporelle,
huile de massage, crème solaire, graisse à traire, huile à salade, etc.
Un conseil: Mets une goutte de lubrifiant dans le réservoir
du préservatif avant de l’enfiler. Certains trouvent que cela
augmente le plaisir!
37
> Où les acheter?
ambiance agréable, dépourvue de stress, avec des bougies et
une musique douce.
Tu peux trouver des préservatifs et du lubrifiant dans n’importe
quel grand magasin, supermarché, en pharmacie et dans les sexshops. Les boutiques de préservatifs et certains sites Internet (p.
ex. www.shop.aids.ch, www.caphot.ch) proposent un grand choix
de modèles, et même des préservatifs extralarges, en polyuréthane, de toutes les couleurs et avec divers parfums.
Dès que tu parviendras à penser à autre chose qu’à l’érection
(et à la conserver) lorsque tu baises, tout devrait rentrer dans
l’ordre. Si tu ne réussis pas à te débarrasser de ce stress ou
s’il t’est impossible d’en parler avec des amis, tu pourrais profiter des conseils d’un professionnel, un sexologue par
exemple. Il t’expliquera également comment entraîner le plancher pelvien et, ainsi, contrôler l’érection. Tu peux trouver des
exemples de tels exercices sur différents sites Internet (p. ex.
http://etmoi.free.fr/index.php?rub=reeducation&p=pc-pc).
> Dès que j’enfile un préservatif,
je débande!
Tu n’es pas le seul! Ce genre de défaillance est normal et nous arrive à tous, avec ou sans préservatif.
Si tu parviens à avoir une érection quand tu te masturbes ou lors
d’un rapport sexuel non protégé, tu n’as aucun problème organique. Sinon, il te faut consulter un médecin et rechercher les causes de ce trouble de l’érection (il peut s’agir d’un diabète, d’un faible taux de testostérone, d’effets secondaires de médicaments
contre le VIH, etc.) et chercher des solutions avec lui.
Des difficultés répétées à obtenir une érection suffisante ou à la
conserver peuvent être à l’origine de problèmes psychologiques: la
fois d’après, tu auras probablement peur de vivre un nouvel échec.
On entre alors dans un cercle vicieux, puisqu’une érection est très
improbable en situation de stress ou de peur. Un seul conseil: relâcher la pression, se détendre! Parles-en si possible avec ton
partenaire et recourez à des pratiques qui n’exigent pas que tu
sois en érection, peut-être également à des massages dans une
38
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> Quoi d’autre pour bien bander?
> D’autres problèmes de capote?
Alcool: Un ou deux verres de vin, à l’occasion par exemple d’un
Chaque fois que j’ai besoin d’un préservatif, je n’en ai
pas sous la main! On ne sait jamais ce qui va se passer: il
dîner romantique avec ton amant, peuvent atténuer la crainte
d’une défaillance et t’aider à refaire quelques expériences valorisantes. N’exagère pas – l’excès d’alcool est un nouvel ennemi de
l’érection! C’est à toi d’apprendre à connaître tes limites.
Cockring: Ce sont des anneaux en plastique, en cuir ou en métal
de différentes tailles à placer autour du pénis et des testicules
pour les serrer et empêcher le sang de se retirer. Ils permettent
ainsi de prolonger l’érection. Les anneaux en plastique sont les
mieux adaptés. Mais attention: l’anneau ne doit pas rester en place
trop longtemps sous peine d’endommager des vaisseaux
sanguins.
Viagra et Cie: De tels médicaments peuvent aider en dernier
recours. Mais il est indispensable de consulter un médecin!
Associer le Viagra à des poppers peut être très dangereux et provoquer un accident cardiaque mortel.
faudrait donc toujours avoir une réserve de préservatifs à la
maison et un sur soi. Beaucoup de clubs proposent gratuitement des préservatifs, renseigne-toi!
Dès que je mets un préservatif, mon pénis devient
tout rouge et me démange! C’est probablement une réaction allergique. Comme celle-ci est généralement provoquée
par le latex, des préservatifs spéciaux sont proposés en polyuréthane (p.ex. des marques Avanti ou Ceylor). Le Fémidom
(préservatif féminin) est généralement aussi en polyuréthane. Il se peut également que tu sois allergique aux substances utilisées pour lubrifier le préservatif. Dans ce cas, tu
peux essayer un modèle recouvert de talc.
En cas de réaction allergique, consulte un médecin pour lui
expliquer tes symptômes avant d’essayer d’autres sortes de
préservatif.
Et: Tout ce qui est bon pour la forme, le cœur et le corps l’est aussi
pour la bite!
40
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> A l’aide, la capote a lâché!
En général, une défaillance du préservatif n’est pas due au hasard,
mais à des erreurs de manipulation:
– emballage déchiré avec les dents ou un objet tranchant;
– emballage abîmé (plus de coussin d’air);
– préservatif enfilé comme une chaussette après avoir été
déroulé;
– préservatif trop grand ou trop petit;
– lubrifiant inadapté;
– préservatif non retenu à la base du pénis au moment de se retirer;
– réutilisation d’un préservatif usagé.
Si un préservatif s’est déchiré au cours d’un rapport en dehors du
couple, il faut en informer ton ami régulier et, dans tous les cas, te
protéger avec lui pendant trois mois jusqu’à ce que tu puisses faire
un test. Réciproquement, tu t’attendrais sûrement à la même
chose, non?
Si tu es séropositif, tu as non seulement le devoir moral, mais
aussi l’obligation légale d’en informer ton partenaire en cas de problème avec un préservatif. C’est le seul moyen de lui permettre de
recourir éventuellement à la possibilité d’un traitement d’urgence
(voir page suivante). Si possible, accompagne ton partenaire à la
consultation.
Que peut-on faire après une situation à risque?
PEP
Si ton partenaire sexuel est séropositif (ou si tu as
toutes les raisons de le supposer) et après une situation
à risque, c’est-à-dire un rapport anal non protégé (ou
avec un préservatif qui s’est déchiré), ou du sperme
dans la bouche, tu devrais te rendre le plus rapidement
possible – au plus tard le lendemain – à l’unité sida de
l’hôpital universitaire le plus proche, où on te dira ce qu’il
faut faire (adresses à la page 59). Dans toute la mesure
du possible, le partenaire séropositif devrait t’accompagner.
En fonction de ta/votre description de la situation, le
risque sera évalué et on te proposera éventuellement un
traitement d’urgence (prophylaxie de postexposition,
connue sous le sigle anglais de PEP). Il s’agit d’un traitement prophylactique à suivre sur plusieurs semaines,
avec des médicaments contre le VIH qui réduisent nettement le risque d’infection, mais ne l’excluent pas.
L’efficacité est maximale lorsque le traitement est introduit le plus rapidement possible après la situation à
risque.
Le traitement d’urgence n’est pas une «pilule du
lendemain»! Il s’agit d’un traitement pénible, qui
s’étend sur plusieurs semaines, a souvent des effets
secondaires lourds et ne réussit pas toujours!
42
43
> Suck my cock!
Faire ou recevoir une pipe fait partie des pratiques les plus excitantes entre mecs. Difficile de résister au plaisir de caresser, lécher,
sucer, mordiller, tendrement ou avec fougue, une queue dans sa
bouche. Rien d’étonnant donc si la plupart des hommes adorent les
fellations.
La fellation représente une pratique à risque si tu reçois du
sperme infecté dans la bouche.
Fais en sorte que ton partenaire n’éjacule pas dans ta bouche (ou
toi dans la sienne) et n’avale surtout pas de sperme. En cas d’accident: recrache le sperme et rince-toi la bouche à l’eau tiède (en évitant de te brosser les dents immédiatement).
Entendez-vous au préalable avec ton partenaire sur certains signes
indiquant que c’est le moment de se retirer ou dis-lui clairement
que tu ne veux pas qu’il jouisse dans ta bouche. Si c’est impossible,
observe-le afin de détecter des signaux éventuels (accélération de
la respiration, gémissements, etc.).
Et qu’en est-il du liquide séminal? Le liquide préorgasmique
d’une personne séropositive contient le virus, mais dans une
concentration insuffisante pour être, en l’état actuel des connaissances, à l’origine d’une transmission, indépendamment de la
quantité des sécrétions. Une muqueuse buccale intacte constitue
une barrière essentielle contre les substances indésirables qui entrent dans la bouche. Elle est moins perméable aux agents pathogènes que les muqueuses anales et rectales. De plus, la salive a
des propriétés antivirales et antibactériennes.
44
45
Ne vaudrait-il pas mieux utiliser un préservatif pour les fellations?
Si tu en éprouves la volonté et le désir, fais-le. Seul le préservatif
assure une protection contre les autres MST, comme par exemple
une blennorragie ou la syphilis (voir aussi à ce propos aux pages 55
à 57). La fonction de barrière de la muqueuse buccale et la salive
n’assurent en effet aucune protection contre ces maladies.
Une fellation sans sperme dans la bouche est-elle sûre à
100%? La sécurité à 100% n’existe pas, ni dans la vie de tous les
jours ni dans le domaine de la sexualité. Les règles du sexe à moindre risque – pas de sperme dans la bouche, ne pas avaler de
sperme – constituent néanmoins des mesures de précaution d’une
grande fiabilité. Tous les experts s’accordent à dire qu’elles assurent une protection suffisante.
Exception: D’éventuelles inflammations ou infections dans la bouche, en raison par exemple d’une maladie sexuellement transmissible, peuvent augmenter le risque de transmission du VIH. Ces maladies provoquent souvent des foyers infectieux superficiels sur le
pénis, les testicules, autour et dans l’anus ou, justement, dans la
bouche. De tels foyers (vésicules, ulcères, etc.) abritent des cellules particulières qui sont beaucoup plus vulnérables aux agents
pathogènes qu’une peau/muqueuse saine. Dans de telles conditions, une transmission peut se produire même sans sperme dans
la bouche.
Tu trouveras aux pages 56/57 des conseils sur la manière d’agir
face aux symptômes d’une maladie sexuellement transmissible.
De plus, la brochure «Pompier – bon œil» de l’Aide Suisse contre
le Sida contient beaucoup d’autres informations utiles sur le thème
des fellations. Commandes: voir à la page 60.
> Quelques autres
pratiques sexuelles
Baiser, sucer, c’est tout ce qu’on peut faire? Bien sûr que non!
Le corps de l’homme et ton imagination t’inspireront sûrement d’innombrables jeux érotiques.
Embrasser: Le jeu des lèvres et de la langue peut faire partie des expériences les plus intenses. Pour beaucoup d’hommes, c’est plus intime qu’une pénétration. Et cela ne présente
aucun risque de transmission du VIH.
Frottement (corps à corps, se blottir l’un contre l’autre):
Peau contre peau, être tout proche de son partenaire. Sentir
l’autre avec toutes les fibres de son corps. Là aussi, inutile de
penser au sida. Si vous utilisez des huiles de massage et passez ensuite à d’autres occupations, il ne faut pas oublier que
celles-ci contiennent fréquemment des substances pouvant
altérer le latex. De ce fait, on conseille plutôt des huiles de
massage à base de silicone.
Masturbation (se branler): Si tu le fais seul, la pratique
sexuelle la plus sûre du monde et une merveilleuse occasion
de découvrir tes goûts et préférences. A deux, c’est également la pratique sexuelle la plus répandue parmi les homosexuels. Le risque du VIH est presque égal à zéro, à condition
de ne pas utiliser le sperme du partenaire comme lubrifiant
lors d’une masturbation. Et si tu en as dans l’œil, rince-le à
l’eau tiède.
Rimming (lécher l’anus): Stimuler l’anus du partenaire avec
la langue peut provoquer des sensations très intenses!
46
47
Certains l’apprécient, d’autres pas. Tu ne risques pas d’attraper le
VIH, mais par contre une hépatite A ou des parasites intestinaux.
Tous les hommes qui ont des partenaires sexuels multiples
devraient se faire vacciner contre les hépatites A et B!
Pratiques uro (douche dorée, «golden shower» en anglais):
Même si tu en bois, l’urine de ton partenaire ne présente pas de
risque en ce qui concerne le VIH, mais ce n’est pas le cas pour l’hépatite A et certains agents pathogènes. Il existe cependant un vaccin contre l’hépatite A et B.
Scatologie (tout ce qui a trait aux selles et à la défécation):
Beaucoup moins répandues que celles liées à l’urine, ces pratiques
ne sont définitivement pas du goût de tout le monde. Si tu fais partie
de leurs adeptes, tu trouveras certainement des partenaires partageant les mêmes intérêts sur Internet ou dans la presse spécialisée.
Là non plus, le risque du VIH n’entre pas en considération,
contrairement à l’hépatite et à d’autres agents pathogènes.
Rasage: Il peut être excitant de se raser mutuellement les
poils pubiens. En plus d’une certaine habileté, cette pratique
exige impérativement d’utiliser une lame distincte pour chacun, en raison des risques de transmission de l’hépatite C (il
n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C!).
Fist (abréviation de l’anglais «fist fuck» qui signifie baiser
avec le poing): On introduit la main (ou davantage) dans
l’anus du partenaire. Sans lubrifiant, beaucoup de confiance
et de sensibilité, cette pratique est impossible. Et il est évident que les ongles doivent être courts, en utilisant des gants
en latex. Il faut aller doucement. Si tu débutes et que tu as
envie d’essayer, fais-toi initier à cette pratique par un partenaire expérimenté, du fait qu’elle peut provoquer de graves
lésions (p. ex. déchirure intestinale). Si elle est suivie d’une
sodomie, le risque de transmission du VIH augmente nettement en raison de la fragilisation du rectum! Les lubrifiants
gras (p. ex. Crisco) ne sont pas compatibles avec l’usage d’un
préservatif.
Gadgets sexuels: Les plus répandus sont les godemichés
48
(godes), c’est-à-dire des pénis artificiels en de nombreuses
formes et dimensions. Sur Internet et dans les sex-shops, tu
trouveras un grand choix de tels articles. S’ils ne sont pas trop
grands, les godemichés sont un bon moyen de s’initier à la
pénétration anale. Lorsque plusieurs partenaires partagent
les gadgets sexuels, ceux-ci peuvent devenir des vecteurs de
maladies. Il faut toujours bien nettoyer les godemichés et autres objets avec d’alcool à 70% et rincer avec de l’eau et éviter
de les faire circuler d’une personne à l’autre. Le godemiché
peut aussi être recouvert d’un préservatif.
49
S/M (sadomasochisme) Pratique sexuelle hard: soumission et
domination par plaisir de la douleur. Le maître (sadique) satisfait
son esclave (masochiste), le détient en son «pouvoir». La
confiance et l’expérience sont essentielles. Les variantes: bondage (ligoter le partenaire), pinces à mamelons, fouetter, corrections, mais aussi dressage, humiliations, etc. Le «maître» assume
une lourde responsabilité pour éviter les dérapages. Important: il
faut s’entendre d’avance sur le fait que «stop» veut vraiment dire
«stop». C’est l’esclave qui décide jusqu’où il veut et peut aller. En
ce qui concerne le VIH, la prudence s’impose en présence de saignements et de plaies ouvertes.
Piercing: Il ne s’agit pas à proprement parler d’une pratique
sexuelle. Mais des piercings sur la langue, les mamelons, le gland
ou ailleurs peuvent exercer un effet stimulant et, ainsi, augmenter
les sensations. Un piercing sur la verge risque d’être à l’origine de
déchirures du préservatif. D’autre part, la zone du piercing peut
ouvrir une voie d’accès au VIH et à d’autres agents pathogènes,
surtout si celui-ci est récent, voire encore enflammé.
servatif qui glisse ou se déchire, et la minimisation de ce
risque, tu l’as dans tes mains (voir aux pages 34/35 et 42/43).
Nous recommandons par ailleurs de se faire vacciner
contre les hépatites A et B (surtout si tu as des partenaires sexuels multiples). Demande conseil à ton médecin en ce
qui concerne le contrôle des autres maladies sexuellement
transmissibles (lire également à ce sujet à la page 57).
Si tu t’en tiens aux règles du
safer sex, tu es bien protégé
face au risque du VIH. Ni des
boutons ouverts, ni des
ongles cassés, petites peaux
du contour de l’ongle,
ni d’autres plaies
bénignes ne représentent un
risque quelconque.
Toutes ces pratiques sont donc sans incidence sur le
risque de transmission du VIH, à condition de respecter les
mesures de précaution décrites plus haut. Mais cela ne s’applique
pas à d’autres maladies sexuellement transmissibles dont certaines se propagent par le simple contact des corps (voir aux pages
55 à 57).
Les deux règles du sexe à moindre risque – pénétration toujours avec capote, pas de sperme dans la bouche – constituent
une excellente protection contre le VIH. Si le préservatif est
intact, il protège contre tous les agents pathogènes. Ne reste donc
que le risque très faible d’une défaillance du préservatif: un pré50
51
> VIH: les faits
> La maladie
Aujourd’hui encore, bien des gens confondent VIH et sida.
L’abréviation VIH vient de Virus de l’Immunodéficience Humaine
et désigne donc le virus qui attaque le système immunitaire de
ses porteurs et peut être à l’origine du SIDA (Syndrome
d’Immuno-Déficience Acquise).
Le VIH affaiblit à tel point le système immunitaire que l’organisme
n’est plus capable de se défendre contre d’autres agents pathogènes. C’est la raison pour laquelle différentes maladies peuvent se
développer après une phase asymptomatique. Ce n’est qu’à ce
stade que l’infection à VIH prend le nom de sida. Certaines de ces
maladies peuvent avoir une issue mortelle.
Les traitements administrés contre le VIH ont pour but de
freiner, au moyen de médicaments, l’affaiblissement du système
immunitaire par le virus et, ainsi, l’apparition du sida. Tu trouveras
de plus amples informations sur les thérapies anti-VIH aux pages
21/22.
> Le dépistage
Dès le moment d’une contamination par le VIH, l’organisme
produit des anticorps pour lutter contre «l’envahisseur». Les
tests utilisés actuellement pour diagnostiquer le VIH visent à
identifier entre autres ces anticorps dans le sang. S’ils n’en
détectent pas, le résultat est dit «négatif». Lorsque des anticorps sont mis en évidence, le dépistage est «positif». Le
test des anticorps VIH permet donc d’exclure une infection à
VIH («négatif») ou de l’établir («positif»).
Le test des anticorps VIH ne peut exclure une infection
avec certitude que trois mois après une situation à
risque. C’est en effet le délai approximatif qu’il faut à l’organisme pour produire des anticorps en quantité suffisante
pour les détecter. Un test effectué avant cette échéance n’offre aucune garantie qu’il n’y a pas eu transmission du virus
dans la situation à risque.
Un résultat de test positif a souvent de multiples répercussions sur les plans personnel, médical, juridique et social. De
ce fait, on recommande toujours de demander conseil
avant d’effectuer un dépistage, que ce soit auprès d’une
antenne sida, de ton médecin de famille ou de centres de test
anonymes (adresses voir à la page 59).
Envie d’en savoir plus? Consulte le site www.aids.ch!
52
53
> Dans quels cas un dépistage
est-il recommandé?
> Autres maladies sexuellement
transmissibles
– Tu as peur d’avoir contracté le VIH, parce que tu as vécu une
situation à risque.
– Tu as un partenaire régulier et vous souhaitiez renoncer au préservatif. Vous voulez vous assurer que vous n’êtes pas porteurs
du virus.
– Tu présentes des symptômes pouvant évoquer une infection à
VIH* et ton médecin voudrait en avoir le cœur net.
A part le VIH, un rapport sexuel peut être à l’origine de la propagation de divers agents pathogènes (virus, bactéries,
champignons). Certaines de ces infections sont plus fréquentes que celle à VIH, par exemple l’hépatite, la blennorragie
ou la syphilis, et pas toujours moins graves.
* Dans les premières semaines suivant la transmission du virus, des symptômes pouvant ressembler à une grippe apparaissent fréquemment (p. ex. fièvre,
inflammation des ganglions lymphatiques, courbatures, etc.). En présence de
tels symptômes après l’exposition à un risque, tu devrais consulter un médecin,
afin d’en déterminer les causes.
Par la suite, souvent plusieurs années après la transmission du virus, des
maladies plus graves se déclarent (p. ex. certaines formes de pneumonie,
mycoses profondes dans la bouche et le pharynx, tuberculose, etc.).
Tu trouveras de plus amples informations au sujet du
dépistage du VIH sur www.aids.ch!
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– Une maladie sexuellement transmissible (MST) non diagnostiquée et non traitée peut avoir de lourdes conséquences: celles-ci vont de fortes démangeaisons et
sécrétions de l’urètre en passant par des ulcères et vésicules sur la verge ou les testicules jusqu’à des lésions du
foie ou certaines formes de cancer.
– Les MST préparent le terrain à d’autres infections.
Elles augmentent ainsi en particulier – mais pas uniquement – la vulnérabilité face au VIH.
– Si tu es séropositif, il est important d’éviter toute infection supplémentaire, afin de ne pas affaiblir davantage ton
système immunitaire. En outre, la nouvelle infection peut
influencer négativement le cours du VIH.
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Si tu respectes les règles du sexe à moindre risque, celles-ci te protègent efficacement contre une transmission du VIH. Elles réduisent aussi sensiblement le risque de contracter une autre maladie
sexuellement transmissible. Aucun agent pathogène des MST
citées ne peut traverser un préservatif intact.
Toutefois, certaines MST se transmettent même en respectant les
règles du safer sex, par exemple si la zone contagieuse d’une infection se trouve sur une partie du corps non protégée par le préservatif ou lors de pratiques bucco-génitales même sans sperme
dans la bouche.
Fort heureusement, on peut soigner – et même guérir – de la plupart de ces maladies, à condition de les diagnostiquer à temps.
Les symptômes suivants permettent de penser à la présence
d’une MST:
–
–
–
–
sécrétions venant de l’urètre en quantité et couleur variables
brûlures en urinant, démangeaisons dans la zone de l’urètre
douleurs et gonflements au niveau des testicules
abcès, grosseurs, rougeurs et démangeaisons sur le pénis,
vers les testicules ou l’anus
– douleur diffuse dans le côlon
– sécrétions de l’anus
– palais et pharynx très enflammés.
Il est important de consulter un médecin en qui tu as confiance, avec lequel tu te sens à l’aise et capable d’aborder tous
les sujets. S’il le faut, n’hésite pas à changer de médecin.
Et si tu as contracté une MST: informes-en ton partenaire, afin
qu’il puisse lui aussi se faire soigner. Sinon, vous continuerez
de vous infecter mutuellement. Si possible, informes-en également d’éventuels partenaires occasionnels, afin d’éviter
une propagation plus large.
Il existe des vaccins contre les hépatites A et B (isolés
ou combinés). Ceux-ci sont vivement recommandés, en particulier si tu changes souvent de partenaire. Les caisses maladie remboursent les frais de vaccination contre l’hépatite B,
mais généralement pas ceux d’une vaccination combinée.
Tu trouveras de plus amples informations sur les maladies
sexuellement transmissibles dans la brochure «Love
Bugs» de l’Aide Suisse contre le Sida. Commandes: voir à la
page 60.
Si tu constates de tels symptômes (ou en cas de doute!), tu
devrais impérativement consulter un médecin ou une policlinique de dermatologie. Tu trouveras des adresses de médecins
bienveillants vis-à-vis de l’homosexualité auprès des associations
gays locales (p. ex. Dialogai, Genève, tél. 022 906 40 40).
56
57
> Adresses importantes et lines
Consultations
Dr. Gay www.drgay.ch répond à toutes les questions autour de
l’homosexualité, l’amour, le couple, le VIH/sida, etc. Service anonyme, compétent, gratuit.
0848 80 50 80 RainbowLine: Lu-ve, 19–21 heures (autres
heures: répondeur). Questions concernant l’homosexualité et la
bisexualité, le coming-out, la santé, des demandes d’adresses.
Questions juridiques, p. ex. en matière de droit successoral,
autorisations de séjour pour étrangers, etc.: [email protected]
Antennes régionales: Consultations personnelles et téléphoniques sur tout ce que tu as envie de savoir à propos du sida, des
MST et de bien d’autres thèmes. Tu peux obtenir les adresses des
antennes de ta région auprès de l’Aide Suisse contre le Sida et sur
www.aids.ch
Associations d’homosexuels
Pink Cross (l’association faîtière des organisations de gays au
niveau suisse) www.pinkcross.ch avec une liste d’adresses dans
toute la Suisse. Zinggstrasse 16, case postale 7512, 3001 Berne,
tél. 031 372 33 00, [email protected]
Vogay (Lausanne/Vaud): www.vogay.ch, tél 021 601 46 15
Dialogai (Genève): www.dialogai.org, tél 022 906 40 40
Les associations gaies ont souvent des groupes de jeunes
homos ou bis. Renseigne-toi auprès de ces associations ou de
la RainbowLine.
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Unités sida
(tests anonymes/consultations)
Aarau, Kantonsspital: 062 838 68 12
Bâle, Universitätsspital: 061 265 50 62
Berne, Inselspital: 031 632 25 25
Coire, Kantonsspital: 081 256 63 39
Genève, Hôpitaux universitaires: 022 372 96 17 ou
Checkpoint/Dialogai, test VIH rapide avec résultat en 1 heure.
Rendez-vous au 022 906 40 40 ou infos sur www.dialogai.org
Lausanne, Centre hospitalier universitaire: 021 314 10 22
ou 021 314 66 66
Lugano, Ospedale regionale Lugano: 091 811 60 21
Lucerne, Aids-Hilfe Luzern: 041 410 69 60 (pas de tests,
conseils uniquement)
Saint-Gall, Kantonsspital: 071 494 10 28
Zurich, Universitätsspital: 044 255 33 22 ou 044 255 20 27
Traitements d’urgence
(PEP) Permanence téléphonique 24 heures sur 24
Aarau, Kantonsspital: 062 838 41 41
Bâle, Universitätsspital: 061 265 25 25
Berne, Inselspital: 031 632 21 11
Coire, Kantonsspital: 081 256 61 11
Genève, Hôpitaux universitaires: 022 372 33 11
Lausanne, Centre hospitalier universitaire: 021 314 11 11
ou 021 314 38 77
Lugano, Ospedale regionale Lugano: 091 811 61 11
Lucerne, Kantonsspital: 041 205 11 11
Saint-Gall, Kantonsspital: 071 494 11 11
Zurich, Universitätsspital: 044 255 11 11
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«Je ne peux et je ne veux pas renoncer aux contacts sexuels
rapides avec des partenaires changeants. J’ai tout simplement
besoin de me sentir désiré. Bien sûr, je pense à me protéger,
mais c’est secondaire. Et se protéger ne veut pas forcément dire
utiliser un préservatif: il y a aussi certaines règles de comportement. Arrêter une pipe avant l’éjaculation, par exemple. A
chaque fois qu’on drague, il faut développer de nouvelles stratégies.» Fabien, 43 ans
Pour commander des exemplaires supplémentaires ou d’autres brochures
Aide Suisse contre le Sida, case postale 1118, 8031 Zurich
Commandes: tél. 044 447 11 13, fax 044 447 11 14
[email protected], www.shop.aids.ch
Autres informations: tél. 044 447 11 11, fax 044 447 11 12
[email protected], www.aids.ch
L’indication des sources des chiffres et statistiques publiés dans cette brochure
peut être obtenue auprès de l’Aide Suisse contre le Sida.
Impressum
Edité par: Aide Suisse contre le Sida, Office fédéral de la santé publique
Texte et rédaction: Urs Wittwer, Lukas Meyer
Conception graphique: www.schloss-ludwig.ch
Impression: www.basisdruck.ch
Tirage: 8’000
© Office fédéral de la santé publique, Aide Suisse contre le Sida, 2005