La Terre, elle, ne ment pas…

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La Terre, elle, ne ment pas…
La Terre, elle, ne ment pas…
On se souvient de la phrase, écrite par Emmanuel Berl et prononcée par le Marechal Pétain le 25
Juin 1940. Le but était bien sur de mettre la Terre, qui ne mentait pas en opposition avec les
politiciens qui eux mentaient…
Dans ce petit papier, je ne veux pas revenir sur le concept moral que cherchait à mettre en
lumière Berl (que du reste j’aime beaucoup) mais bien plutôt à expliquer que…le Prix de la
Terre, lui ne ment pas.
Dans le Figaro Magazine du 29 Mai 2015, j’ai trouvé le prix des terres agricoles par hectare
labourable en Europe en 2012.
Les voici.
Pays Bas :
49 300 E.
Irlande
23 800 E.
Angleterre
20 500 E.
Italie
20 000 E
Allemagne
19 800 E
Danemark
17 800 E
Espagne
9 700 E.
Suède
6 500 E.
France
5 500 E.
Pologne
Roumanie
5 000 E
4 000 E.
Et pour mémoire USA 6 900 E, Canada et Brésil 3 000 E et Australie 1 000 E …
La terre Française parmi les moins chères en Europe !
Sully doit se retourner dans sa tombe…
Comment est ce possible?
La terre représente un bien en capital comme un autre. Il n’y a aucune raison de penser que la
productivité de la terre Danoise soit supérieure à celle de la terre Française. Un hectare de terre
reste un hectare de terre. De plus, les paysans de tous ces pays opèrent dans une zone
commune, régie par la fameuse politique agricole commune ou PAC et l’on peut penser qu’ils
disposent tous d’un bagage technique similaire. La valeur de l’hectare labourable devrait donc
être à peu prés la même partout en Europe, or il n’en est rien, à l’évidence.
Comment donc expliquer les différences de valorisations d’un pays à l’autre ?
Pour comprendre les raisons (probables) de ces écarts étonnants il me faut faire un peu, un tout
petit peu de théorie financière.
La VALEUR de tout actif est égale à la somme escomptée des revenus futurs que le propriétaire va
en tirer après impôts, auquel il faut ajouter la valeur de la revente à la fin de la période. Il est donc
très probable que la rentabilité immédiate (cash flow dégagé/ capital investi) de l’agriculture Française
soit très inferieure à la rentabilité de l’agriculture dans les autres pays… Si cela n’était pas le cas, les
agriculteurs Hollandais par exemple vendraient leurs terres pour en acheter quatre fois plus en France.
Il est donc probable que la rentabilité de l’agriculture Hollandaise soit au moins quatre fois supérieure
à celle de l’agriculture Française, ce qui est pour le moins surprenant.
De plus, contrairement aux autres biens en capital, la terre n’a pas besoin d’être amortie… Il est
donc tout aussi probable que la facilité avec lequel le propriétaire pourra vendre sa propriété aura un
impact important sur la valeur finale de la terre. On peut donc légitimement penser que la transmission
du capital au plus offrant souffre énormément dans notre beau pays, le but essentiel étant sans doute
d’empêcher le « riche » d’accroitre son domaine (voir les Safer etc.…) au détriment du « pauvre ». On
donne donc plus de facilités au mauvais serviteur qu’au bon, ce qui n’est pas vraiment conforme à la
parabole des talents. Ces freins à la transmission libre de la propriété font bien sur baisser la valeur
de la terre pour tous ceux qui voudraient vendre ce qui appauvrit considérablement le «pauvre
paysan», cher à Fernand Reynaud et n’enrichit personne.
Enfin l’agriculture reste une activité saisonnière, ce qui suppose que les propriétaires bénéficient
d’un statut du travail saisonnier qui ne soit pas trop contraignant. Ayant eu des cultivateurs dans ma
famille, je peux garantir que les trente cinq heures étaient et restent une idée qui apparait aussi
farfelue au paysan qu’au docteur de base à l’Hôpital ; connaissant notre pays, on peut craindre le pire
dans ce domaine.
Enfin, je me suis laissé dire que dans certains départements, le nombre d’employés du Ministère de
l’agriculture est supérieur au nombre de paysans et comme en fin de parcours la seule utilité du
fonctionnaire de l’agriculture est de vérifier que les réglementations sont respectées, on peut penser
que nos braves agriculteurs souffrent des mêmes maux que nos pauvres industriels. Et comme ces
réglementations, dans le fond, ne sont souvent qu’une forme de nationalisation larvée, il arrive sans
doute à notre agriculture ce qui est arrivé à notre Education Nationale ou à notre Industrie, les mêmes
causes produisant les mêmes effets. Après tout, chacun sait que la marge brute d’autofinancement des
entreprises Françaises est de 60 % INFERIEURE à la même marge pour une entreprise Allemande ou
Britannique… Et donc une entreprise Française produisant en France se vend à 25 % ou 50 % du prix
qu’atteint une entreprise similaire en Allemagne ou en Angleterre, ce qui est bien normal puisqu’elle
est grevée de taxes et d’impôt et de réglementations plus stupides les unes que les autres. Pourquoi
n’en serait pas de même pour l’agriculture ?
Et donc la Terre ne ment pas, en effet.
De tous les pays du monde, la France est sans doute celui qui a le plus grand potentiel à créér de
la valeur dans le domaine agricole. Pas plus que dans l’industrie ou le commerce on ne peut
rendre les travailleurs Français responsables des désastres sans fin crées par mes Oints du
Seigneur car ils en sont les premières victimes. De fait, je n’ai pas et je n’ai jamais eu le moindre
doute sur la capacité des travailleurs Français à être productifs. Il suffit de se balader dans nos
campagnes et dans nos villes pour voir que le Français, depuis la nuit des temps créait presque
naturellement de la beauté et de la richesse.
Et puis un groupe mortifère s’est emparé du pouvoir, dont le mot d’ordre était «on s’en fout de
réussir, pourvu que les autres échouent», je veux parler bien sur des « Oints du Seigneur » et non
pas seulement des socialistes.
Et pour empêcher les autres de réussir, c’est-à-dire ceux qui ont du talent, on ne peut que
constater, leur immense réussite.
Pour la première fois depuis vingt siècles, la France n’a plus aucun grand intellectuel et ce désastre
date bien sur de l’invention du Ministère de la Culture par de Gaulle et Malraux. Supprimer le Ministère
de l’inculture devrait être la première tache de tout responsable politique nouvellement élu…
Les grandes entreprises Françaises qui restent compétitives sont rachetées les unes après les autres
par leurs concurrents étrangers : Peugeot, Alsthom, Lafarge, Club Med, Norbert Dentressangle… et ces
noms célèbres sont apparus dans les tous derniers mois et la liste est longue. Le grand capitaliste n’en
peut plus et vend.
Les petites entreprises Françaises, que personne ne veut racheter, pendant ce temps ferment par
milliers et de précieux savoir faire sont perdus à tout jamais.
Soixante à quatre vingt pour cent des diplômés de nos meilleures écoles ou Universités quittent la
France pour travailler, souvent dans des entreprises non Françaises, voire pour créer leurs entreprises
à l’étranger. Bon nombre d’entre eux ne reviendront jamais et Londres est maintenant la quatrième
ville Française.
Ce que Louis XIV a fait aux Protestants, nous sommes en train de le faire à ceux qui ont de la
fortune au travers de l’impôt sur la fortune. Mais après tout, la France a toujours fait la même
chose : se débarrasser des gens compétents qui font de l’ombre à la classe étatique. La
République n’a besoin ni de savants, ni d’entrepreneurs.
Et ce que les incompétents qui nous gouvernent ont fait à l’ensemble des activités créatrices en
France, je ne vois pas pourquoi ils ne le feraient pas à l’agriculture. Tout le monde sait que si un
ministre socialiste était nommé responsable de la production de sable au Sahara, deux ans plus tard il
faudrait en importer. Par exemple, l’Allemagne aujourd’hui a une balance commerciale de ses produits
agricoles plus excédentaire que la notre. … et nos terres agricoles ne valent donc même pas le tiers
de ce que valent les terres agricoles chez nos voisins. Je ne peux pas songer à une seule autre période
de l’histoire de France et de l’Allemagne où une telle chose ait pu se produire
La bonne nouvelle est cependant, comme l’avait dit Mrs Thatcher dans un débat contre le
candidat Socialiste « le socialisme ne dure que tant que les socialistes trouvent de l’argent à voler
chez ceux qui ne le sont pas ». Ce qui rejoint Bastiat : « Dans le fonds, il n’y a que deux façons de
se procurer les biens dont on a envie. Soit on travaille pour les acquérir, soit on les vole ». Le
socialisme est partisan de la seconde solution, mais il y a de moins en moins d’argent à voler. Il
touche donc à sa fin.