Interaction Client Producteur Et Choix Strategiques Dans La
Transcription
Interaction Client Producteur Et Choix Strategiques Dans La
ASAC 2009 Niagara Falls, Ontario Carole Donada Management Department ESSEC Business School - France Inigo Echeveste Marketing Department Ecole hôtelière de Lausanne INTERACTION CLIENT-PRODUCTEUR ET CHOIX STRATEGIQUES DANS LA PERFORMANCE DES ENTREPRISES DE SERVICES Cette recherche postule que la performance dans les services dépend d’autres variables que celles généralement admises pour les entreprises industrielles. Elle met l’accent sur l’influence de l’interaction client-producteur et ses effets modérateurs sur les choix stratégiques de positionnement et de portefeuille de ressources et compétences. L’étude porte sur l’industrie hôtelière. This research postulates that the performance of services depends on different variables than those generally acknowledged for industrial companies. It highlights the influence of the customer-supplier interaction and its moderating effects on the strategic choices of positioning and resources and competencies portfolio. The study concerns the hospitality industry. Dans tous les pays de la zone OCDE, ce sont les entreprises de services qui contribuent le plus à la croissance économique. Leur importance dans le PIB a quasiment doublé les 25-30 dernières années et leur contribution à la valeur ajoutée dépasse aujourd’hui les 70%. Pourtant, nous connaissons mal les leviers de la performance des entreprises de services. Les économistes ne s’accordent pas sur les choix d’indicateurs à retenir et se focalisent sur les seules sources macroéconomiques sociales, démographiques et politiques de la performance. De leur côté, les chercheurs en marketing établissent des typologies de services en accord avec des segments de clients (Lovelock et Wirtz, 2006) sans lier leurs propositions à des mesures de performance. Enfin, les chercheurs en management stratégique proposent des outils de positionnement et des audits de ressources et compétences stratégiques créatrices de valeur mais ils ne prennent pas en compte les spécificités des services. En résumé, les uns traitent de l’économie des services et des services mais pas de la performance; les autres traitent de la stratégie et de la performance mais pas des services. L’objectif de cette recherche est de combiner ces approches pour identifier et évaluer des sources de performance des entreprises de services. Son postulat est que la performance de ces entreprises dépend d’autres variables que celles généralement admises pour les entreprises industrielles. Ce postulat repose sur l’acceptation que les spécificités des services (hétérogénéité, intangibilité, périssabilité et indissociabilité) font de l’interaction client-producteur un élément séminal et original de la performance des services. Si de nombreux chercheurs en marketing ont révelé l’importance de l’interaction client (Lovelock & Wirtz, 2006; Skaggs & Youndt, 2004; Skaggs & Huffman, 2003), aucuns n’avaient encore mesuré son l’influence directe sur la performance d’unités de services. Le cadre théorique de la recherche est celui du management des services (principalement du marketing des services) mais aussi celui de l’approche stratégique par les ressources et compétences. L’étude empirique porte sur 165 unités de service de l’industrie hôtelière. Ce terrain permet de distinguer des unités de services comparables mais indépendantes et présentant des niveaux différents d’interaction. Les tests des six hypothèses révèlent une influence positive et très significative de l’interaction sur la performance des unités alors que Chase prédisait une influence négative (1981). Ces résultats ouvrent la discussion sur le choix d’un positionnement au regard de la personnalisation des offres aux clients et de l’étendue des gammes. Les analyses confirment aussi l’importance des ressources et compétences stratégiques dans la production des services principaux. La structure de l’article est en trois parties. La première pose les bases théoriques. La deuxième présente l’étude empirique et les modes d’opérationnalisation des variables. La troisième discute des résultats. Les limites et les pistes pour le développement de nouveaux travaux concluent l’article. Cadre théorique Par opposition au produit manufacturé, les économistes définissent le service comme un bien immatériel. Un service revêt pourtant bien d’autres dimensions car c’est autant une action qu’un résultat. Dans les premiers articles du Journal of Marketing, Judd (1964) définissait le service comme « une transaction réalisée par un entrepreneur ou une entreprise où l’objet de l’échange est autre que le transfert de la propriété d’un bien tangible » et Rathmell (1966) comme « un acte, une performance, un effort ». Cette conception marketing du service ouvrait la voie à de nouvelles recherches sur les caractéristiques intrinsèques d’un service et les déterminants de sa performance. Les caractéristiques intrinsèques d’un service La liste des caractéristiques intrinsèques d’un service peut être longue mais le modèle HIPI développé par Zeithman et al. (1985) la synthétise avec parcimonie. Largement repris par les chercheurs (Grönroos, 2000; Lovelock et Gummeson, 2004 ; Vargo et Lusch, 2004), ce modèle insiste sur quatre caractéristiques : - L’Hétérogénéité: Un service est hétérogène parce qu’il n’existe jamais deux clients égaux, deux fournisseurs identiques et deux offres homogènes. La comparaison entre les offres est donc très délicate. Un service de qualité pour l’un sera juste un service de base pour l’autre (Eiglier & Langeard, 1989). La mise en place de systèmes de production standardisés à l’image de ceux développés pour l’industrie manufacturière est alors difficile. - L’Itangibilité : On ne peut toucher un service ni en faire un objet de propriété. Son évaluation est un exercice mental qui place les clients en situation de risque et d’incertitude. Pour limiter ces effets, les clients multiplient leurs sources d’informations auprès du producteur et plus largement auprès de toute personne ou institution capable de le renseigner sur la pertinence de l’offre. - La Périssabilité : Un service ne peut pas être stocké. Sa production et sa consommation sont effectuées au même moment. Le producteur doit prévoir au mieux la demande pour planifier la fabrication car le stock n’est plus une variable d’ajustement comme dans la production manufacturière. - L’Indissociabilité : Un service est une co-production entre un client et son producteur. Il résulte d’une interaction dont le niveau et la qualité déterminent son issue. La production massive de services est donc plus difficile car les économies d’échelle ne proviennent pas forcément de la mise en place d’une organisation indépendante et centralisée de la production. L’énoncé de ces quatre caractéristiques révèle les différences entre un service et un produit. Il permet d’appréhender le service comme une action intangible, hétérogène selon les clients, immédiatement périssable, dont on ne peut séparer la production de la consommation et dont l’évaluation passe par des représentations mentales. Pour une approche comportementale de la performance des services Pour améliorer la performance des entreprises de services, consultants et chercheurs ont travaillé sur des modèles micro-économiques d’ajustement offre-demande et des outils d’aide à la décision pour les managers. Leurs recherches ont donné naissance au yield management, aux classifications et aux matrices de positionnement stratégique des offres de services (Metter et Vargas, 2000). Elles ont également débouché sur le développement d’une approche comportementale de la performance avec notamment le modèle de contact client développé par Chase (« Customer Contact Model » - CCM). En 1977, Chase et Aquilano posent les bases du premier modèle CCM liant la performance d’un système de production de services à l’interaction client-producteur. L’interaction y est définie comme le rapport entre le temps de contact liant les interlocuteurs (client et producteur) et le temps total nécessaire à la création du service. En 1981, Chase affine son modèle et suggère que l’interaction perturbe les systèmes de production et crée de l’incertitude nuisible à la performance. Pour illustrer, l’issue d’une vente avec interaction à un guichet est plus incertaine que celle effectuée, sans interaction, par un distributeur automatique fonctionnant correctement. Cette idée a été immédiatement reprise par quelques grands fournisseurs de services comme le tour opérateur Nouvelles Frontières qui a décidé, dès le milieu des années 1980, de mettre librement à disposition de sa clientèle le catalogue exhaustif de ses offres. Disposant de toutes les informations nécessaires à la composition de leur voyage (prix, dates et horaires, compagnies de transport, caractéristiques des hôtels et des services additionnels), les clients préparaient chez eux leur commande. Le temps d’interaction nécessaire à la vente dans une agence Nouvelles Frontières était alors réduit d’un tiers par rapport aux concurrents qui devaient gérer une asymétrie d’information et la plus grande incertitude de leurs clients. Le travail de Chase a donc posé les bases d’une approche comportementale de la performance des services dont le niveau ne dépendait plus seulement de variables exogènes isolées par les économistes (la demande des marchés, le niveau de l’emploi ou l’amélioration de la productivité). Acceptant l’idée que les comportements des interlocuteurs co-produisant les services influencent l’efficacité des systèmes de production, l’interaction client-producteur devient alors une variable explicative très importante de la performance. Reste à mieux opérationnaliser cette variable et à tester statistiquement ses effets. Les approches stratégiques de la performance des services : positionnement, ressources et compétences Les approches stratégiques de la performance analysent les choix des entreprises en matière de positionnement et de composition de leur portefeuille de ressources et compétences. Directement inspirée de l’économie industrielle, l’approche du positionnement identifie les sources de la performance à l’aune du couple produit-process. A son origine, les travaux de Hayes et Wheelright (1979a, 1979b) montrent que la productivité maximale d’une unité de production est toujours obtenue lorsque les procédés de fabrication sont en phase avec les caractéristiques des produits sortis de l’unité. Dans ce cadre, la performance globale dépend de la taille du marché, des volumes fabriqués et de la technologie mais aussi du degré de personnalisation -vs standardisation- car plus un produit est personnalisé, plus il est difficile de bénéficier d’économies d’échelle sur des process de fabrication standardisés (Hayes et Wheelright, 1984). Bien que très manufacturière, cette approche a inspiré les chercheurs sur les services. Ils ont établit des matrices de positionnement services-process et dressé des typologies de services performants. La matrice de l’école de Warwick (Silvestro et al., 1992) identifie par exemple trois grands groupes de services (les services professionnels, les services atelier et les services de masse) à partir du niveau de gamme (focalisation sur quelques services ou gamme étendue sur un large éventail) et du volume d’opérations effectuées par unité de services. Kellog et Nie (1995) distinguent quant à eux les services « experts » et « atelier » de « l’usine de services » à partir du degré de personnalisation du service (service unique, sélectif, restreint ou générique) et du degré d’influence client sur son process de fabrication (forte influence du client pour le service « expert », co-influence du client et du fournisseur pour le service « atelier », faible influence du client pour « l’usine de services »). Plusieurs autres chercheurs ont lié les stratégies de positionnement à la performance des services (Collier et Meyer, 1998 ; Metters et Vargas, 2000) et tous ont insisté sur l’importance de la variable « client ». Or, cette variable se révèle autant dans le degré de personnalisation des offres, dans le choix de la largeur des gammes que dans l’organisation du système de production à mettre en place (répartition de la production entre le back office et le front office). Il est alors intéressant d’établir un lien entre cette approche du positionnement et le modèle comportemental de Chase. De leur côté, les théoriciens des ressources et compétences (Resource-Based View – RBV) affirment que la performance durable des entreprises repose moins sur le choix d’un bon couple produit-process, en référence à une certaine quantité d'inputs, que sur une capacité à se procurer des ressources productives, à les exploiter et à les valoriser dans le temps. A l’origine de cette approche, la proposition d’Édith Penrose (1959, p.24) qui voit chaque firme comme « une collection de ressources productives » particulière et différente des autres. Puis, viennent les travaux de Rumelt (1984), Wernerfelt (1984), Barney (1991), Conner (1991), Mahoney et Pandian (1992) ou Peteraf (1993) sur les caractéristiques des ressources stratégiques créatrices de valeur. Les recherches proposées révèlent un effet direct positif entre ces ressources « stratégiques » et la performance des entreprises qui les détiennent. Combinant cette approche à celle de Chase, il serait intéressant de voir si la capacité d’une bonne gestion de l’interaction client-producteur constitue une ressource stratégique au sens de la RBV. Hypothèses Les hypothèses de cette recherche sont issues des approches précédentes. Elles proposent tout d’abord de tester les relations directes entre la performance d’une unité de services et (1) son niveau d’interaction client-producteur, (2) son positionnement marketing et stratégique et (3) le caractère stratégique de ses ressources. Elles proposent ensuite le test d’un effet modérateur de l’interaction. Ces hypothèses concernent la performance d’une unité d’affaires au regard de son environnement concurrentiel direct. Bien qu’appartenant souvent à une grande structure qui définit les process, le responsable d’une unité d’affaires dispose toujours d’un P&L. Il est le maître de sa gestion et le premier intéressé par l’identification de nouvelles sources de performance. En formulant des hypothèses sur la performance des unités d’affaires, nous offrons une analyse complémentaire de la perspective macro-économique et corporate des précédentes études sur le sujet. Nous répondons aussi au besoin de recherche sur les entreprises « multi-units » qui sont très présentes dans les secteurs de services tels que la banque, le commerce de détail ou l’hôtellerie-restauration (Garvin et Levesque, 2008). L’interaction client-producteur et la performance. Les travaux de Chase (1978 ; 1981) supposent un lien négatif entre l’interaction clientproducteur et la performance d’une unité de services. Souvent mesurée par le temps de contact entre les interlocuteurs, l’interaction peut être source d’incertitude car elle introduit du bruit dans le système de production du service. Ce bruit rallonge le process de fabrication et perturbe le client, ce qui, selon Chase, diminue significativement la performance de l’unité de services. D’où une première hypothèse à tester : H1a. Plus l’interaction client-producteur est élevée, moins la performance de l’unité de services est élevée. Cependant, une interaction ne peut se résumer à un temps de communication (Kellog et Chase, 1995). C’est un lieu d’échange qui rapproche les interlocuteurs. Elle réduit leur asymétrie d’information et leur incertitude débloquant ainsi la transformation des intentions d’achat en achats effectifs. C’est aussi un véhicule d’émotions qui facilite l’intimité et l’empathie des interlocuteurs. Elle aide le vendeur à mieux présenter ses offres pour répondre aux besoins et attentes idiosyncrasiques des clients. Elle lui donne enfin les moyens de convaincre, expliquer, négocier et vendre au mieux. D’où une hypothèse (H1b) proposant un lien positif entre le niveau d’interaction client-producteur et la performance d’une unité de services. H1b. Plus l’interaction client-fournisseur est élevée, plus la performance de l’unité de services est élevée. Le positionnement et la performance. Les travaux de recherche analysant la relation entre le positionnement et la performance insistent tous sur la justesse des choix marketing et stratégiques au regard des process et des marchés. Les auteurs évaluent ainsi la bonne adéquation des décisions sur l’étendue de gamme à couvrir et le degré de standardisation des process de production compte tenu des volumes cibles. Dans les entreprises de services de grande consommation (banques, commerces de détail, hôtels, restaurants etc.), le meilleur positionnement est celui qui propose une large gamme de services sur des process de production relativement standardisés. La réussite de ce positionnement « orienté volume » permet au plus grand nombre de trouver chaussure à son pied (effet de la gamme large) sans que le fournisseur ait à personnaliser ses offres pour chaque client (effet d’un process de fabrication standardisé). Dès lors, la performance commerciale d’une unité de services de grande consommation est directement liée à son choix pour un positionnement orienté volume. D’où l’hypothèse : H2. Plus le positionnement est orienté volume plus la performance de l’unité de services est élevée. Les ressources et compétences et la performance. En complément de l’approche par le positionnement, les théoriciens de la RBV établissent un lien entre la performance des entreprises et le caractère stratégique de leurs ressources et compétences. La RBV postule quatre conditions pour définir ce caractère stratégique : - Les ressources des firmes sont toutes différentes. C'est l’hypothèse de l'hétérogénéité de Penrose qui permet d'obtenir des rentes monopolistiques ou ricardiennes. - Il existe des mécanismes isolants qui, selon Rumelt (1984), bloquent les concurrents et les empêchent de reproduire les mêmes facteurs clefs de succès. Les rentes sont donc maintenues malgré le dynamisme de l'environnement concurrentiel. - La mobilité des facteurs de production est imparfaite. Ce qui permet de conserver les rentes à l'intérieur des firmes. - Il est impossible de connaître à l'avance les ressources qui procurent un avantage concurrentiel. La concurrence frontale et simultanée sur les mêmes ressources ne peut donc exister et l’avantage concurrentiel est préservé. Dans ce cadre, les ressources et compétences sont stratégiques lorsqu’elles sont spécifiques à l'organisation qui les exploite, qu’elles ne sont pas facilement disponibles sur les marchés et reproductibles par les concurrents. Leur détention explique la performance supérieure. D’où l’hypothèse : H3. Plus les ressources et les compétences sont stratégiques, plus la performance de l’unité de services est élevée. L’effet modérateur de l’interaction client-producteur sur les autres variables explicatives de la performance. L’analyse de l’effet modérateur de l’interaction client-producteur sur les autres variables explicatives de la performance se justifie par la caractéristique intrinsèque d’indissociabilité donnant au client une position clef dans le processus de production d’un service. Cette analyse permet de valider si l’interaction renforce les effets positifs du positionnement (H2) et ceux des ressources et compétences (H3) sur la performance. D’où la proposition de deux hypothèses modératrices. H4 : L’interaction client-producteur renforce l’effet positif du positionnement orienté volume sur la performance de l’unité de services. H5 : L’interaction client-producteur renforce l’effet positif des ressources et compétences stratégiques sur la performance de l’unité de services. Etude empirique Choix de l’industrie hôtelière et base de données Pour cette recherche axée sur la performance des seules unités des services, il était indispensable de choisir un terrain empirique où chaque unité de services est dirigée par un directeur responsable de son organisation et de son propre P&L. Il fallait également choisir un terrain où le niveau d’interaction client-producteur variait suffisamment selon les unités pour dégager une tendance statistique significative. L’industrie hôtelière répondait à ces contraintes. Même en appartenant à des groupes, chaque directeur d’hôtel organise son unité, assure la comptabilité des charges et produits et oriente le niveau d’interaction souhaité vis-à-vis du client. Les deux plus grands groupes hôteliers européens (Accord et Louvre Hôtels) ont été contactés. Il aurait été possible de limiter l’étude aux unités d’un seul groupe mais il semblait plus riche de diversifier la base et tester les éventuels biais d’appartenance. La construction du questionnaire a fait l’objet de plusieurs étapes. Un premier document pilote a été testé auprès de directeurs d’hôtels sélectionnés dans l’annuaire des anciens de l’Institut de Management Hôtelier International. Ce prétest a permis de modifier certaines questions pour en faciliter la compréhension par les répondants. L’analyse des réponses ne révélait pas de biais particuliers ni d’effets d’interaction entre les questions. Le questionnaire final a été envoyé par courrier électronique à 700 directeurs d’hôtels. Les précautions dictées par Dillman (2000) sur les questionnaires électroniques ont été suivies. Le taux de réponse a été de 26%. Ce taux est supérieur à celui de beaucoup d’études traitant de la performance. Au final, la base de données parfaitement exploitable rassemble les réponses de 165 directeurs d’hôtels. La mesure des variables Les items du questionnaire correspondant aux variables du modèle ont été repris de recherches précédentes et adaptés pour les spécificités de l’industrie hôtelière. Ainsi, la mesure de la performance est reprise de McGrath (1995) et Skaggs (1999) à l’exception de leur dernier item portant sur l’appréciation des valeurs mobilières du groupe auquel l’unité de services appartient. Les pré-tests de l’étude ont révélé l’impossibilité pour un répondant d’évaluer correctement ces valeurs. La performance est donc évaluée par quatre dimensions : performance opérationnelle, commerciale, sociale et financière. L’interaction client-producteur définie ici n’a encore jamais été mesurée. Dans sa première définition de 1978, Chase restreignait l’interaction à une dimension opérationnelle correspondant à une durée de contact et de communication entre un client et un fournisseur de services. En 1995, Kellog et Chase proposent un indicateur de richesse des informations échangées et de degré d’intimité créé dans l’interaction. La variable proposée dans cette recherche intègre toutes ces dimensions. Enfin, les mesures des autres variables indépendantes sont reprises des travaux de deux auteurs et/ou coauteurs : Nayyar et Skaggs (Nayyar, 1990, 1992, 1993; Nayyar & Templeton, 1994 ; Skaggs, 1999; Skaggs & Huffman, 2003; Skaggs & Youndt, 2003; Skaggs & Snow, 2004). La variable ressources et compétences distinctives est issue du travail de Skaggs (1999). Celui-ci distingue les ressources et compétences indispensables à la création des services principaux (services justifiant la raison d’être de l’entreprise) de celles liées à la création des services secondaires complémentaires. Ces derniers sont par exemple, les services de restauration, de salle de sport ou d’activités touristiques pour un hôtel. Par ailleurs, l’hôtellerie étant une industrie très travaillistique où la très grande majorité des employés peut être en contact direct avec les clients, il est indispensable de considérer la ressource humaine comme un actif stratégique. C’est pourquoi, des items du questionnaire renseignent aussi sur les investissements dans les ressources humaines (dépenses de formation) et le niveau de compétence des employés. Toutes les échelles sont construites sur un format Likert et chaque item représente la perception d’un répondant au regard de son concurrent direct (Tableau 1). Tableau 1 Échelles de mesure : items et références Variables Performance PERF Interaction client-producteur IN Positionnement orienté volume POSI Ressources et compétences RC Items Performance opérationnelle : efficacité opérationnelle, qualité du service, satisfaction des clients. Performance commerciale : part de marché, croissance des ventes. Performance sociale : productivité, moral des employés. Performance financière : rentabilité financière. Dimension opérationnelle : temps d’interaction au front office, temps de communication avec les clients. Dimension relationnelle : confidences partagées, confiance, évaluation immédiate, sujets personnels abordés lors de la communication. Positionnement orienté vers le volume : pas de focalisation sur une niche d’offre et de clients. Process standardisé : services et procédures identiques pour tout client Existence de R&C distinctives sur le service fondamental et les services complémentaires. Niveau des ressources humaines : formation des employés et compétences. La fiabilité et la validité de l’échelle de mesure ont été évaluées par des tests d’alpha de Cronbach et des analyses en composantes principales. Les items mesurant la performance ont été réunis par une analyse factorielle en composantes principales à un facteur (PERF) dont l’alpha est de 0.838. Confirmant les propositions de Chase, le résultat révèle deux facteurs d’interaction client-producteur. Le premier facteur illustre la dimension opérationnelle de l’interaction (IN_OPE) telle qu’elle avait été définie par Chase dans le modèle de 1978. Cette mesure présente une excellente fiabilité pour un alpha supérieur à 0.83. Le second facteur illustre la dimension relationnelle de l’interaction (IN_REL) telle qu’elle a été précisée dans le modèle de Kellog et Chase (1995). La fiabilité de cette échelle est supérieure à 0.78. La variable « positionnement orienté volume » apparaît comme étant aussi bi-dimensionnelle : la première dimension traduit l’étendue de la gamme des services offerts (POSI_LARGE), la seconde dimension exprime le niveau de standardisation du service offert (POSI_STAND). Ces deux dimensions étaient déjà présentes dans les matrices de Salestro et al. (1992) ou de Kellog et Nie (1995). Les alphas respectifs sont de 0.72 et 0.83. Les résultats confirment la proposition de Skaggs (1999) sur la mesure des ressources et compétences sur les services principaux et secondaires en distinguant deux facteurs RC_CORE (alpha de 0.78) et RC_SECON (alpha de 0.85). Enfin, les items du questionnaire qui renseignent sur les investissements dans les ressources humaines (dépenses de formation) et le niveau de compétence des employés se regroupent sur deux facteurs RC_INV et RC_COMP. Concernant les variables de contrôle, les chercheurs en stratégie ont souvent mis en garde contre l’influence des caractéristiques de l’industrie sur la performance (Porter, 1986). Cette source de biais est absente dans notre étude qui ne porte que sur une industrie unique. La taille de l’unité de services (mesurée par le logarithme du nombre d’employés par chambre) est en revanche un indicateur reconnu par les spécialistes du secteur comme potentiellement explicatif de la performance. Cet indicateur est retenu dans cette recherche. Tableau 2 Variables indépendantes, items, alpha de Cronbach et axes factoriels (varimax) Variables Ressources et compétences sur le service principal RC_CORE Interaction clientproducteur (mode relationnel) IN_REL Ressources et compétences sur les services secondaires RC_SECON Ressources et compétences (compétences RH) RC_COMP Positionnement orienté volume (standardisation) POSI_STAND Ressources et compétences (investissements RH) RC_INV Positionnement orienté volume (large gamme) POSI_LARGE Interaction clientfournisseur (mode opérationnel) IN_OPE Variance cumulée % items v14 V15 V19 v7 v39 v40 v41 v38 v37 v20 v21 v25 v23 v58 v9 v60 Alpha 1 , 823 ,832 ,811 ,721 ,624 ,786 v9r v7r ,833 ,859 ,866 2 3 4 5 6 7 8 ,807 ,770 ,740 ,468 ,468 ,901 ,893 ,812 ,512 ,864 ,855 ,824 ,928 ,907 v57 v56 ,823 ,874 ,824 v3r v2r ,720 v35 v34 ,838 ,912 ,901 ,811 ,690 12,26 24,49 36,25 47,12 54,88 62,54 70,15 77,22 Tableau 3 Corrélations 1 Performance PERF 1 Ressources et compétences (service principal) RC_CORE ,315(**) 2 3 4 5 6 7 8 9 1 ,000 Interaction client-fournisseur (mode relationnel) IN_REL Ressources compétences (services secondaires) RC_SECON Ressources et compétences (compétences RH) RC_COMP Positionnement orienté volume (standardisation) POSI_STAND Ressources et compétences (investissements RH) RC_INV Positionnement orienté volume (large gamme) POSI_LARGE Interaction client-fournisseur (mode opérationnel) IN_OPE Taille TAILLE ,448(**) ,421(**) 1 ,000 ,000 ,238(**) ,417(**) ,356(**) ,002 ,000 ,000 ,279(**) ,404(**) ,333(**) ,308(**) ,001 ,000 ,000 ,000 ,096 ,132 ,074 -,018 ,064 ,227 ,093 ,349 ,824 ,445 ,071 ,354(**) ,197(*) ,314(**) ,405(**) ,423 ,000 ,024 ,000 ,000 ,088 -,128 -,150 -,144 -,201(*) ,271 ,109 ,059 ,071 ,015 ,415(**) ,308(**) ,456(**) ,203(**) ,303(**) ,000 ,000 ,000 ,009 ,000 -,056 ,120 ,035 ,070 ,006 ,505 ,145 ,673 ,394 ,941 1 1 1 ,057 ,521 ,128 ,107 ,056 ,477 ,035 ,669 1 -,110 1 ,213 ,231(**) ,001 ,008 ,993 ,221(*) ,230(**) ,015 ,005 1 ,086 ,297 ** Correlation is significant at the 0.01 level (2-tailed). Correlation is significant at the 0.05 level (2-tailed). Analyse des résultats et discussion Deux modèles de régressions linéaires ont été opérés sur la variable performance (Tableau 4). Le modèle 1 teste les trois premières hypothèses sur les liens directs. Table 4 Résultats des régressions Modèle 1 H1 – Interaction client-producteur et performance Interaction client-producteur (mode opérationnel) IN_OPE Interaction client-producteur (mode relationnel) IN _REL H2 – Positionnement orienté volume et performance Positionnement orienté volume POSI_STAND Positionnement orienté volume POSI_LARGE H3 – Ressources compétences et performance R&C (principales) RC_CORE R&C (secondaires) RC_SECON R&C (compétences RH) RC_COMP R&C (investissements RH) RC_INV H4 & H5 - Effets modérateurs de l’interaction IN_OPE* POSI_STAND IN _REL* POSI_STAND IN _OPE* POSI_LARGE IN _REL* POSI_LARGE Variable de contrôle Taille (Constant) R² F Modèle 2 β t .264*** .381*** 3.381 .193* 4.974 .316*** 2.353 3.877 .105 .175* 1.373 .107 2.195 .170* 1.322 2.107 .338*** .068 .135† -.022 4.399 .885 1.758 -.274 .291*** .132 .088 .020 3.764 1.606 1.137 .248 .030 .026 -.127 -.174† .360 .294 -1.368 -1.814 -.075 .406 7.735*** β -.887 -.053 1.363 t -.584 1.128 .451 6.193*** † p<.10, *p<.05, **p<.01, ***p<.001 La première hypothèse lie l’interaction client-producteur à la performance. Le résultat de H1 suggère qu’une unité de services qui favorise l’interaction opérationnelle et relationnelle affiche une performance supérieure à celle du premier concurrent. La portée managériale de ce résultat est importante à plus d’un titre. Tout d’abord, il inscrit l’interaction client dans l’ensemble des facteurs généralement reconnus par les économistes pour expliquer la performance dans les services (croissance, emploi, innovation). Dans une perspective de management stratégique ce résultat inscrit également l’interaction comme une véritable source d’avantage compétitif créateur de richesse. Sachant que les stratégies de différenciation dans les services sont peu durables et que les barrières à l’entrée sur la plupart des offres sont faibles, le maintien d’avantages comparatifs dans ce secteur est faible. La validation de l’hypothèse H1 montre justement qu’un avantage soutenable peut être atteint grâce à une forte interaction client-producteur. Ce résultat met alors en valeur les bénéfices directs des contacts humains et des richesses d’informations exploitables qui en découlent. Le temps passé pour expliquer, former, comprendre ou écouter un client est bien créateur de valeur dans les services hôteliers. D’un point de vue théorique, la validation de l’hypothèse H1 contredit le modèle de Chase qui voyait dans l’interaction un moment créateur d’incertitude. Cette recherche montre au contraire que c’est bien « un moment de vérité » et le point de départ d’un cercle vertueux de performance. Son résultat est en ligne avec les propositions des théoriciens de l’échange social qui voient dans le bon déroulement et la poursuite des relations inter-personnelles ou inter-organisationnelles des sources de performance (Dyer et Singh, 1998 ; Grönroos, 2000). Pour ces auteurs, les investissements sociaux et l’établissement des normes relationnelles facilitent la dynamique des interactions et la création de valeur sur le long-terme. Leurs propositions ont été testées et validées dans de nombreuses études en business to business. Notre recherche s’inscrit dans cette ligne en apportant cette fois une perspective business to customer. La deuxième hypothèse H2 portait sur la justesse d’un positionnement orienté volume dans une industrie de grande consommation et la performance. Cette hypothèse est partiellement validée. Il ressort tout d’abord que plus l’offre de services est étendue, plus la performance est élevée. Ceci laisse supposer que les clients sont plus enclins à acheter des services complémentaires à ceux qu’ils étaient venus chercher initialement lorsque ceux-ci leur sont proposés. Toutefois, il n’est pas statistiquement significatif d’affirmer l’influence positive de la standardisation des services pour tous les clients sur la performance du fournisseur. Cette absence de significativité peut être liée à la spécificité des services hôteliers qui doivent toujours apparaître comme étant particuliers à chaque client. Ces résultats ouvrent une nouvelle lecture des théories stratégiques du positionnement qui réclament un choix définitif entre focalisation ou stratégie de volume (Porter, 1982). La troisième hypothèse portait sur l’importance des ressources et compétences stratégiques de l’unité de services et sa performance. Sur les quatre dimensions représentant les ressources et compétences, seules les deux dimensions traduisant la supériorité des ressources sur le service central et le niveau élevé des compétences humaines sont significativement créatrices de valeur. Ces résultats sont en ligne avec les propositions de Hamel et Prahalad (1995) qui identifiaient les origines de la performance dans les seules « core » ressources et compétences. Ils rappellent aussi les travaux sur l’importance des ressources humaines dans le secteur hôtelier et tout particulièrement ceux de Hoque (2000) sur le niveau de qualification du personnel en front office. Le modèle 2 teste les effets modérateurs de l’interaction client-producteur. Les résultats ne confirment pas les hypothèses H4 et H5. Il est toutefois intéressant de constater le lien négatif entre la dimension relationnelle de l’interaction et la largeur de la gamme de services offerte. Une forte interaction relationnelle dans une unité présentant une large gamme de services diminue la performance. Ce résultat suggère que trop d’informations sur trop de produits crée la confusion et l’incertitude qui, selon Chase (1978), diminue la performance. Conclusion Bien que le secteur des services tire la croissance des nouvelles économies post-industrielles, nous connaissons mal les leviers de sa performance. Le postulat de cette recherche est que la performance des entreprises de services dépend d’autres variables que celles généralement admises pour les entreprises industrielles. Ce postulat repose sur le constat de caractéristiques spécifiques aux services (hétérogénéité, intangibilité, périssabilité et indissociabilité) qui font de l’interaction clientproducteur l’élément séminal de la performance. L’interaction donne naissance à ce que les auteurs appellent le « moment de vérité » que Heskett et al. (1994) jugent être une des étapes les plus importantes dans la chaîne de valeur des entreprises de services. Si de nombreux chercheurs en marketing ont fait le même postulat (Lovelock et Wirtz, 2006; Skaggs et Youndt, 2004; Skaggs et Huffman, 2003), aucun n’avait encore mesuré l’influence directe de l’interaction sur la performance. Notre étude suggère qu’une unité de services qui informe davantage ses clients, qui leur dédie du temps ou laisse supposer une intimité plus grande avec eux, crée un avantage compétitif soutenable. Dès lors, l’interaction client-producteur devient une variable stratégique qui se décide et pour laquelle il faut allouer les ressources nécessaires. L’interaction n’est pas une conséquence, c’est un choix stratégique. Dans une perspective contingente, la structure organisationnelle et le niveau de complexité d’un système de production de services doivent alors dépendre du niveau d’interaction clientproducteur. Cette recherche montre aussi l’intérêt et la nécessité d’une mise en perspective de deux approches complémentaires, l’approche comportementale issue du marketing et l’approche classique de la stratégie d’entreprise, pour identifier et évaluer les déterminants spécifiques de la performance des entreprises de services. Les principales limites de l’étude sont d’ordre méthodologique. Les choix d’une analyse en coupe instantanée et d’un traitement des données par régression linéaire ne permettent pas de dessiner des relations causales entre les variables proposées. Il est alors possible de contredire notre résultat principal en disant que les entreprises les plus performantes sont les seules capables de disposer des ressources nécessaires à un fort niveau d’interaction. Nous pensons cependant que notre proposition de « causalité » a priori est robuste car une forte interaction client-producteur n’implique pas nécessairement plus de charges. Le contact avec le client peut être plus efficient en réallouant autrement les ressources, en augmentant la motivation des personnes aux interfaces ou en créant une culture organisationnelle orientée vers le client. Basée sur des évaluations psychométriques (bien que déjà testé dans d’autres recherches), l’interprétation des résultats imposent une certaine prudence ou un travail supplémentaire de triangulation par des données secondaires. Références Barney, J. B. (1991). Firm Resources and Sustained Competitive Advantage. Journal of Management, 17, 99-120. Chase, R.B., Jacobs, F.R. & Aquilano, N.J. (2006). Operations management for competitive advantage. Mc-Graw-Hill: New York. Chase, R. (1978). Where does the customer fit in a service operation? Harvard Business Review, 56 (November-December), 137-142. Chase, R.B. (1981). The customer contact approach to services: theoretical basses & practical extensions. Operations Research, 29:698-706. Chase, R.B., & Aquilano, N.J. (1977). Production & Operation Management: A life Cycle Approach. Richard D. Irwin, Inc: Homewood, Illinois. Collier, D.A. & Meyer, S.M. (2000). An empirical comparison of services matrices. International Journal of Operations & Production Management, 20(6): 705-729. Dillman, D. A., (2000). Mail and Internet Surveys: The Tailored Design Method, New York, Wiley & Sons, Interscience. Conner, K. R., (1991). A Historical Comparison of Resource-Based Theory and Five Schools of Thought within Industrial Organization Economics : Do we have a New Theory of the Firm? Journal of Management, 17, 121-154. Dyer, J., & Singh, H., (1998). The Relational View: Cooperative Strategy and Sources of Interorganizational Competitive Advantage. Academy of Management Review, 23, 660-679. Garvin, D. A., & Levesque, L. C., (2008). The Multiunit Enterprise. Harvard Business Review, 86, (6), 106-117. Grönroos, C., (2000). Service Management & Marketing. John Wiley & Sons:Chichester, England. Hamel, G., & Prahalad, C. K., (1995). La conquête du futur, InterEditions, Paris. Hayes, R.H. & Wheelwright, S.C., (1979a). Link manufacturing process and product life cycles. Harvard Business Review, 57(1):133-140. Hayes, R.H. & Wheelwright, S.C. (1979b). The dynamics of process-product life cycles. Harvard Business Review, 57(2):127-136. Heskett, J. L.; Jones, T.O., Loveman, G.W.; Sasser Jr., W. Earl; Schlesinger, Leonard A., (1994). Putting the Service Profit Chain to Work. Harvard Business Review, March-April, 164-174. Hitt, M.A., Bierman, L., Shimizu, K., Kochhar, R. (2001). Direct and moderating effects of human capital on strategy and performance in professional service firms: a resource-based perspective. Academy of Management Journal, 44. 13-28. Judd, R.C. (1964). The case for redefining services. Journal of Marketing, 28(January), 58-58. Kellogg, D.L., & Chase, R.B. (1995). Constructing an empirically derived measure for customer contact. Management Science, 41(11), 1734-1749. Kellogg, D.L., & Nie, W. (1995). A framework for strategic service management. Journal of Operations Management, 13(4). 323-337. Lovelock, C.H. & Wirtz, J. (2006). Services Marketing, Pearson Prentice Hall: New York. Lovelock, C. & Gummenson, E. (2004). Whither services marketing? In search of a new paradigm and fresh perspectives. Journal of Service Research, 7(1), 20-41. Mahoney, J. T., & Pandian, J. R., (1992). The Resource-Based View within the Conversation of Strategic Management, Strategic Management Journal, 13, 363-380. McGrath, R.G., MacMillan, I.C. & Venkatraman, S. (1995). Defining and Developing Competence: A Strategic Process Paradigm. Strategic Management Journal, 16, 251-75. Metters, R. & Vargas, V. (2000). A typology of de-coupling strategies in mixed services. Journal of Operations Management, 18, 662-682. Nayyar, P.R. & Templeton, P.L. (1994). Seller Beware: Information Asymmetry and the Choice of Generic Competitive Strategies for Service Businesses, in T. A. Swartz, D. E. Bowen and S. W. Brown (eds) Advances in Services Marketing and Management, pp. 95-126. Greenwich, CT: JAI Press. Nayyar, P.R. (1993). Performance effects of information asymmetry and economics of scope in diversified service firms. Academy of Management Journal, 36. 28-57. Nayyar, P.R. (1990). Information Asymmetries: A Source of Competitive Advantage for Diversified Service Firms. Strategic Management Journal, 11. 513-19. Nayyar, P.R. (1992). Performance effects of three foci in service firms. Academy of Management Journal, 35. 985-1009. Penrose, E., (1959). The Theory of the Growth of the Firm, Oxford Basil Blackwell. Peteraf, M. A, (1993). The Cornerstones of Competitive Advantage : A Resource-based View, Strategic Management Journal, 14, 179-191. Porter, M. E., (1982). Choix stratégiques et concurrence, Economica, Competitive Strategy, New York, Free Press,1980. Porter, M. E., (1986). L'avantage concurrentiel, InterEdition, Trad. Française de Competitive Advantage, New York, Free Press, 1985. Rathmell, John M. (1966). What Is Meant by Services? Journal of Marketing, 30 (October), 32-36. Rumelt, R. P., (1984). Towards a Strategic Theory of the Firm, in Competitive Strategic Management, Lamb R. B. (Ed.), Prentice-Hall, Englewood Cliffs, NJ, 556-570. Silvestro, R., Fitzgerald, L., Johnston, R. & Voss, C., (1992). Towards a classification of services processes. International Journal of Service Industry Management, 3(3), 62-75. Skaggs, B.C., (1999) The effects of information asymmetry and competitive positioning on competency-based competition in service sector firms, Unpublished doctoral dissertation, Pennsylvania State University. UMI services: Ann Arbor. Skaggs, B.C., &. Huffman T.R, (2003). A Customer Interaction Approach to Strategy and Production Complexity Alignment in Service Firms. Academy of Management Journal, 46, 775-786. Skaggs, B.C., & Snow, C.C. (2004). The strategic signalling of capabilities by service firms in different information asymmetry environments. Strategic Organization, 2, (3): 271-291. Skaggs, B.C., & Youndt, M., (2004). Strategic positioning, human capital & performance in service organizations approach: a customer interaction approach. Strategic Management Journal, 25, 85-99. Vargo S., & Lusch R., (2004). The four service marketing myths: remnants of a goods-based, manufacturing model. Journal of Service Research, 6, (4). 324-335. Wernerfelt, B., (1984), A Resource Based View of the Firm, Strategic Management Journal, 5, 171180. Zeithaml, V.A., Parasuraman, A. & Berry L.L. (1985). Problems and strategies in services marketing. Journal of Marketing, 52, 35-48. Hoque K. 2000 Human Resource Management in the Hotel Industry: Strategy, Innovation and Performance, Routledge.