La croissance s`enlise au Canada après les feux de Fort McMurray

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La croissance s`enlise au Canada après les feux de Fort McMurray
Publié le 31 août 2016 à 08h46 | Mis à jour à 11h18
Clément SABOURIN
La Presse Canadienne
Montréal
La croissance s'enlise au Canada après les
feux de Fort McMurray
Si l'on exclut l'incidence de la baisse marquée de la production de pétrole brut, qui est attribuable à la faiblesse
continue du secteur de l'énergie et des feux de forêt de Fort McMurray, le PIB réel a progressé de 0,1%.
Photo Larry MacDougal, ARCHIVES La Presse Canadienne
Les gigantesques feux de forêt en Alberta au printemps, en paralysant pendant plusieurs
semaines la production pétrolière, ont frappé de plein fouet la croissance économique canadienne
déjà plombée depuis deux ans par la chute des prix du brut sur le marché mondial.
Le produit intérieur brut a reculé de 1,6% en rythme annuel au deuxième trimestre, soit le plus
important repli trimestriel depuis 2009, et la crise financière mondiale, a annoncé mercredi
l'institut canadien de la statistique.
Ce repli est «somme toute en ligne avec les attentes, il n'y a pas eu de grande surprise sur le
chiffre total, mais ce qui a été le plus surprenant a été le repli du niveau des exportations», a
commenté à l'AFP Charles St-Arnaud, économiste à la banque Nomura.
Le contraste est saisissant entre une activité économique amorphe au Canada quand pour la
même période, le voisin américain, premier partenaire commercial, a enregistré une hausse de
son PIB de 1,2%.
Sans l'impact des feux de forêt au mois de mai qui ont nécessité un arrêt de l'exploitation
pétrolière de l'Alberta (ouest) pendant plusieurs semaines, le PIB aurait à peine progressé
(+0,1%) entre avril et juin, a noté l'institut de la statistique.
Pire catastrophe naturelle de l'histoire du Canada, selon l'association canadienne des assureurs,
ce gigantesque brasier avait forcé début mai l'évacuation de 100 000 habitants dans la région de
Fort McMurray, coeur de l'extraction des sables bitumineux.
Sixième producteur mondial de pétrole, le Canada avait en conséquence accusé une chute sévère
de sa production, de l'ordre de 1,2 million de barils en moins par jour.
Pas juste le pétrole
«Ce n'est pas juste l'histoire des incendies en Alberta, car en excluant leur impact, le PIB aurait
progressé d'à peine 1 à 2% en taux annuel», a relevé dans une note Avery Shenfeld, économiste à
la Banque CIBC. «Les exportations sont aussi en cause», souligne-t-il.
Le repli de 4,5% des exportations au deuxième trimestre, qui suit une hausse de 1,9% au
trimestre précédent, a ainsi «contribué en grande partie à la baisse du PIB», a abondé Statistique
Canada.
Là aussi, l'arrêt de la production pétrolière se fait sentir. Les exportations de brut ont reculé de
9,6% et celles de minerais et de minéraux non métalliques de 17,5%, «ce qui représente la baisse
la plus prononcée depuis le premier trimestre de 2009», souligne l'institut.
«On ne peut pas blâmer uniquement la baisse des exportations des produits énergétiques: la
faiblesse des exportations est généralisée», a fait valoir Charles St-Arnaud.
Les dépenses des ménages canadiens ont pour leur part progressé au même rythme qu'au cours
des quatre trimestres précédents, avec une hausse d'un demi-point.
Ce qui, selon M. St-Arnaud, constitue un «élément positif car la demande intérieure réelle
montre qu'il y a un peu de vigueur au niveau local».
En revanche, l'endettement des ménages a continué de croître et la surchauffe des prix de
l'immobilier, particulièrement sur les centres urbains de Vancouver et Toronto, sont autant de
motifs d'inquiétude.
La consommation des ménages devrait toutefois soutenir l'activité grâce à la politique de relance
budgétaire pratiquée par le gouvernement libéral.
Le Canada devrait donc échapper à une nouvelle récession après celle des deux premiers
trimestres 2015 provoquée par l'effondrement des prix du pétrole à l'été 2014.