Italie : Une reprise soutenue par la demande intérieure
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Italie : Une reprise soutenue par la demande intérieure
Italie Une reprise soutenue par la demande intérieure Après trois années de contraction de l’activité et malgré une contribution négative des échanges extérieurs, l’Italie est sortie de récession en 2015. Le redressement doit à la demande intérieure, qui a contribué positivement à la croissance pour la première fois en cinq ans. Les ménages ont bénéficié de la reprise de l’emploi, qui continue d’être portée par des embauches en contrats stables. L’investissement a progressé de 0,8%, à la faveur d’une nouvelle hausse des dépenses en recherche-développement (R&D). Rapportées au PIB, ces dernières restent inférieures au seuil fixé par l’agenda Europe 2020, et, pour encourager ces dépenses, le gouvernement a introduit de nouvelles mesures fiscales, comme le régime de taxation de la propriété intellectuelle ou « Patent box ». ■ L’Italie sort de récession L’année 2015 a sonné le glas de la récession en Italie. Après trois années de contraction de l’activité, qui ont amené l’économie à 9 points de pourcentage sous le niveau de 2007, le PIB a progressé de 0,8%. La reprise a donné des signes d’essoufflement au cours de l’année, le taux de croissance trimestriel ralentissant de 0,4% au premier trimestre, à 0,1% au quatrième. La situation s’améliore dans le secteur manufacturier. La valeur ajoutée y a progressé de 1,5%, cachant des performances contrastées : net rebond dans les matériels de transport (+16%), mais décélération dans le textile et la métallurgie. L’activité manufacturière reste sur une dynamique positive au début de 2016, avec une progression de 2% (glissement annuel) en janvier. Dans les services, la croissance a été inférieure à 0,5% en 2015, le même taux qu’en 2014, tandis que le secteur du bâtiment était toujours à la peine, avec une valeur ajoutée inférieure de plus de 30 points de pourcentage à son niveau d’avant-crise. En 2015, les exportations nettes ont amputé la croissance du PIB de 0,3 point de pourcentage, les importations ayant augmenté davantage que les exportations (respectivement +6% et +4,3%). En valeur, les exportations de biens et de services ont crû de près de EUR 500 mds atteignant, pour la première fois, plus de 30% du PIB. Les ventes à l’international ont fait un bond marqué vers certains pays développés comme les Etats-Unis (+20,9%), l’Espagne (+10,1%) et le Royaume-Uni (+7,3%). En revanche, les échanges se sont effondrés avec la Russie (-25,2%), tandis que les exportations vers la Chine ont légèrement diminué (-0,7%). Au début de 2016, les exportations italiennes ont décéléré, sous l’effet du ralentissement économique dans les principaux pays émergents. La reprise italienne a bénéficié de la demande intérieure qui a contribué positivement à la croissance (+0,5 point de pourcentage) pour la première fois depuis cinq ans. Après avoir chuté de plus de 30% depuis le début de la crise, l’investissement a rebondi de 0,8%. ■ Raffermissement du marché du travail Pendant la crise, les ménages italiens ont nettement réduit leurs dépenses, avec une baisse cumulée de près de 8 points de pourcentage en termes réels. La consommation est repartie à la hausse au second semestre 2013. L’année dernière, les dépenses privées ont progressé de près de 1%, soit au même rythme qu’en 2014. Les dépenses sont en nette progression dans l’habillement et la chaussure (+1,4%), les biens et services de santé (+1,9%) et les transports (+5,5%), avec une envolée de plus de 15% des immatriculations automobiles. La consommation de produits economic-research.bnpparibas.com 1- Synthèse des prévisions Variations annuelles, % 2015 2016 e 2017 e PIB GDPYY 0,6 1,0 0,9 Consommation priv ée PRCONYY 0,9 1,2 0,7 Inv estissement GFCFYY 0,6 4,2 2,5 Ex portations EXPYY 4,1 2,5 3,6 Indice des prix à la consommation (IPC) HCPIYY 0,1 -0,0 0,9 IPCH hors alimentation et énergie HCPICOREYY 0,7 0,6 0,6 Taux de chômage (%) URATE 11,9 Balance courante (% PIB) CURBAL% 2,1 2,0 2,0 Solde des Adm. Publiques (% PIB) GGOVBAL% -2,7 -2,8 -2,3 Dette publique (% PIB) GGOVDEBT% 133,0 133,3 133,2 11,0 10,7 Source : estimations et prévisions BNP Paribas Recherche économique Groupe. 2- PIB réel Glissement annuel, % 6 4 2 0 -2 -4 -6 2000 Source : Istat. 2003 2006 2009 2012 2015 alimentaires et de boissons non alcoolisées a stagné, après les sept replis enregistrés au cours des huit années précédentes, se maintenant 13 points de pourcentage sous le niveau de 2006. Les ménages ont bénéficié de l’amélioration de la situation sur le marché du travail ainsi que du redressement de leur patrimoine financier. En conséquence, le moral des consommateurs s’est maintenu à des niveaux historiques, malgré le tassement de ces derniers mois. Le taux de chômage, qui a reculé à 11,5% au début de 2016, est néanmoins toujours aussi élevé (40%) chez les jeunes (15-24 ans). La composition de l’emploi continue de s’orienter vers des contrats plus stables, suite aux réformes du marché du travail et, notamment, l’introduction de nouvelles règles de licenciement et les allégements de charges sociales. Entre décembre 2014 et janvier 2016, plus de Italie 2ème trimestre 2016 12 230 000 emplois ont été créés. Si le nombre d’auto-entrepreneurs a nettement reculé, celui des emplois salariés a progressé, avec la signature de 366 000 contrats à durée indéterminée. 3- Italie : investissements fixes 2008=100 ▬ Total ; — Research & Development Au second semestre 2015, la valeur totale des actifs financiers détenus par les ménages italiens a augmenté de près de EUR 3,9 mds, effaçant une partie des pertes enregistrées au début de la crise. Au cours des dernières années, la composition du patrimoine a sensiblement évolué sous l’effet conjugué des incertitudes persistantes entourant les perspectives économiques et de la faiblesse des taux d’intérêt. Les ménages italiens ont nettement réduit la part des titres de dette publique et privée et augmenté celle des titres de fonds de placement et des dépôts. ■ 110 100 90 80 La R&D en soutien à la croissance La formation brute de capital fixe a progressé en 2015 (+0,8%). Les investissements ont continué à reculer pour la huitième année d’affilée (environ -40%) dans la construction ; ils ont augmenté d’environ 20% dans les transports et de plus de 1% dans les technologies de l’information et de la communication (TIC). De plus, les investissements en machines-outils et équipements ont enregistré un taux de croissance positif, quoique limité, surtout par rapport aux niveaux antérieurs à la crise. Les investissements en R&D ont progressé pour la troisième année consécutive (+0,8%) ; cette composante représente désormais 7,8% de la formation brute de capital fixe (2,6 points de pourcentage sous le niveau de 2007). Selon les données de l’Istat, le ratio R&D/PIB a progressé à 1,3% (contre 1,1% en 2007). Ce chiffre reste faible, notamment face aux performances allemandes ou françaises (respectivement, 3,8% et 2,3%). Il est, de plus, nettement inférieur au seuil de 1,5% fixé par l’agenda Europe 2020 (stratégie européenne pour une « croissance intelligente, durable et inclusive »). L’effort de R&D des entreprises est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE, à 0,6% du PIB (contre 1,8% en Allemagne et 1,2% en France), tandis que la part des investissements des entreprises en R&D, financés par des filiales de groupes étrangers, est élevée (23,3%). L’investissement en R&D est très concentré : les grandes sociétés (d’au moins 250 salariés), soit 0,1% à peine de l’ensemble du secteur, financent 73% de cet effort contre 10,3% pour les petites et très petites entreprises (99,3% du secteur). De plus, 69% des dépenses sont financées par des entreprises manufacturières, en particulier dans le secteur automobile (13,9% de l’investissement manufacturier en R&D), les machines-outils et les équipements (12,1%) ainsi que l’électronique (10,9%). L’Italie accuse également un retard par rapport à ses principaux partenaires de l’UE en ce qui concerne le nombre de demandes de brevets déposées dans le cadre de la procédure PCT1. Si l’écart se creuse pour les demandes relatives aux secteurs high-tech et TIC, il est moins important, en revanche, dans les biotechnologies et les technologies vertes. Dans une définition plus large de l’innovation, les entreprises italiennes sont bien mieux classées. 70 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : Istat. ■ Taxation de la propriété intellectuelle Selon les données d’Eurostat, les entreprises italiennes sont relativement nombreuses à innover, c’est-à-dire à « introduire régulièrement un certain type d’innovation dans leurs produits ou (plus fréquemment) dans leurs procédés d’élaboration » : 41,5% des entreprises italiennes de plus de 10 salariés sont « innovantes » contre 36,7% en France et 55% en Allemagne. L’innovation est un moteur de la croissance économique et l’investissement en R&D est un facteur clé d’innovation. Le gouvernement italien encourage l’effort de R&D des entreprises par l’introduction de mesures fiscales, dont les plus importantes sont le crédit d’impôt R&D et le « Patent box », un régime fiscal spécial, applicable aux droits de propriété intellectuelle et autorisant les entreprises à bénéficier d’une réduction du taux effectif d’imposition sur les bénéfices tirés de la propriété intellectuelle dont les brevets et savoir-faire (procédés, formules et informations dans les domaines industriel, commercial ou scientifique) éligibles à la protection juridique ainsi que les marques commerciales. Le régime « Patent box » a été introduit avec le projet de loi de Finances 2015 (Legge di Stabilità). D’après les services fiscaux italiens (Agenzia delle entrate), 4 500 demandes avaient été présentées au 31 janvier 2016, essentiellement situées dans les régions septentrionales de Lombardie (1 200 demandes), de Vénétie (706) et d’EmilieRomagne (636). La plupart de ces demandes émanent de grandes entreprises, réalisant un chiffre d’affaires de EUR 10-50 mn (1 300 demandes). Ces demandes portent principalement sur la baisse du taux effectif d’imposition des bénéfices découlant des marques déposées (36 %), savoir-faire (22 %) et brevets (18 %). Paolo Ciocca [email protected] Simona Costagli [email protected] Le PCT est un traité international qui compte plus de 145 États contractants. Ce traité permet d’obtenir simultanément la protection d’une invention dans un grand nombre de pays en déposant une demande « internationale » unique au lieu de déposer plusieurs demandes de brevet nationales ou régionales distinctes. 1 economic-research.bnpparibas.com Italie 2ème trimestre 2016 13