Les bénéficiaires de la CMU-C déclarent plus de pathologies

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Les bénéficiaires de la CMU-C déclarent plus de pathologies
n° 173 - Février 2012
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Les bénéficiaires de la CMU-C
déclarent plus de pathologies que le reste de la population
Résultats des enquêtes ESPS 2006-2008
Caroline Allonier (Irdes), Bénédicte Boisguérin (Drees), Philippe Le Fur (Irdes)
Les bénéficiaires de la CMU-C, plus jeunes et plus souvent des femmes, se déclarent en moins
bonne santé que le reste de la population selon les résultats des Enquêtes santé et protection
sociale 2006 et 2008. À âge et sexe équivalents, ils mentionnent plus de pathologies que le
reste de la population, jusqu’à deux fois plus pour certaines affections comme la dépression et
le diabète. L’exposition aux facteurs de risque comme le tabac et l’obésité est également plus
élevée au sein de cette population, 1,6 fois supérieure au reste de la population pour le tabac
et 1,7 fois pour l’obésité, en lien avec les affections digestives hautes et maladies cardiovasculaires qu’ils déclarent davantage.
Parmi les principaux motifs de la dernière consultation chez un médecin généraliste ou spécialiste, les maux de dos, la dépression, les problèmes respiratoires, digestifs et hépatiques sont
plus fréquemment évoqués par les bénéficiaires de la CMU-C, conformément aux pathologies
déclarées. En revanche, alors qu’ils déclarent davantage souffrir de maladies de l’oreille et des
dents, ils invoquent moins que les autres ces motifs de recours.
C
ette étude propose une approche
de l’état de santé des bénéficiaires de la CMU-C à partir
des données de l’Enquête santé protection sociale (ESPS) 2006-2008 (encadré
Source et données). Elle se fonde principalement sur les déclarations des personnes
interrogées en matière de pathologies,
d’une part, et concernant les motifs de
leur dernière consultation chez un médecin, d’autre part. Elle confirme les résultats
des précédentes études qui ont souligné le
moins bon état de santé des bénéficiaires
de la CMU comparativement au reste de
la population (Le Fur, Perronnin, 2003 ;
Boisguérin, 2004). Parmi celles-ci, l’étude
exhaustive de la Cnamts effectuée à partir
des données d’affections de longue durée
(ALD) des patients du Régime général
a montré qu’à âge et sexe comparables,
les bénéficiaires de la CMU-C étaient
1,8 fois plus souvent en ALD que le reste
de la population (Païta et al., 2007). Pour
la tuberculose, la fréquence des ALD des
bénéficiaires de la CMU-C était cinq fois
plus élevée que celle des non-bénéficiaires,
elle était trois fois plus élevée pour l’ensemble des pathologies liées à une anomalie de l’hémoglobine et hémolyses, les
cirrhoses et maladies du foie, ainsi que
pour les infections VIH et autres déficits
immunitaires, et plus de deux fois supérieure pour des affections psychiatriques,
le diabète et l’hypertension artérielle
sévère. Enfin, au-delà de la surmorbidité,
une récente publication de la Cnamts
(Tuppin et al., 2011) signale que le taux
de mortalité des perInstitut de recherche
et documentation en
économie de la santé
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
sonnes bénéficiaires de la CMU-C est plus G1
élevé que celui de la population générale :
3,32 pour 1 000 versus 1,36 pour 1 000,
cet écart étant plus prononcé pour les
hommes que pour les femmes.
L’approche détaillée permet d’analyser
plus finement les maladies les plus fréquemment déclarées parmi ces grands
groupes de pathologies.
Les bénéficiaires de la CMU-C
déclarent plus de maladies
que le reste de la population
Écart de
prévalencea
Maladies et troubles mentaux
Prévalence
standardisée (%)
1,84*
Symptômes
1,61*
Maladies digestives
1,57*
Maladies de l’oreille
1,56*
Maladies du système nerveux
1,52*
Tumeurs
1,37*
Maladies de la bouche et des dents
1,36*
Maladies génito-urinaires
1,28*
Maladies endocriniennes et du métabolisme
1,25*
Maladies ostéo-articulaires
1,18*
Maladies de l’appareil circulatoire
1,17*
Maladies de l’appareil respiratoire
1,17*
Maladies de la peau
1,14*
Une approche de l’état de santé
des bénéficiaires de la CMU-C
par les pathologies
et leurs facteurs de risque
Cette étude montre qu’à âge et sexe équivalents, presque tous les grands groupes
de pathologies sont surreprésentés chez les
bénéficiaires de la CMU-C1 (graphique 1).
Les troubles mentaux, symptômes (douleur, toux, vertige, sans autres indications), maladies de l’appareil digestif, de
l’oreille et du système nerveux central sont
les groupes de pathologies qui concentrent
les plus gros écarts de prévalence entre les
deux populations.
Écarts de prévalence par grands groupes de pathologies
pour les bénéficiaires ou non de la CMU-C
Maladies infectieuses et parasitaires
1,01
Facteurs influant sur l’état de santé
0,91*
Maladies de l’œil et port de lunettes/lentilles
0,88*
11,9
21,9
Bénéficiaires
de la CMU-C
Oui
7,3
4,6
Non
19,3
12,3
10,2
6,5
14,3
9,4
4,0
2,9
20,0
27,1
10,2
8,0
22,8
18,2
27,1
23,0
22,5
19,2
24,4
20,9
11,3
9,9
1,8
1,8
33,5
37,0
45,8
52,2
1
Standardized morbidity ratio (SMR).
* : Écarts significatifs.
Guide de lecture : En ce qui concerne les maladies de l’œil et le port de lunettes ou de lentilles, le rapport
entre les bénéficiaires de la CMU-C et les autres assurés est de 0,88 (46/52). En effet, à âge et sexe comparables au reste de la population, 46 % des bénéficiaires de la CMU-C déclarent au moins une maladie
de l’œil ou le port de lunettes et de lentilles versus 52 %, l’écart étant significatif.
Champ : personnes de moins de 65 ans
Ainsi, sur les 31 pathologies ou entités pathologiques les plus fréquemment
déclarées (par au moins 1 % de la population), 22 sont, à âge et sexe comparables,
significativement plus souvent déclarées
par les bénéficiaires de la CMU-C que par
les autres personnes (graphique 2).
Sur 100 personnes de moins de 65 ans
bénéficiaires de la CMU-C, 17 déclarent
des problèmes de dos (lombalgies, sciatiques…) et près de 12 de l’arthrose, versus respectivement 14 et 9 chez les nonbénéficiaires de la CMU-C. Comme
évoqué précédemment, les bénéficiaires
de la CMU-C déclarent plus souvent des
troubles mentaux identifiés surtout à travers deux pathologies : l’anxiété (déclarée
par 16 % d’entre eux versus 9 % pour le
1
Les grands groupes de pathologies sont proches
des regroupements effectués dans la Classification
internationale des maladies (Cim 10).
Questions d’économie de la santé n° 173 - Février 2012
Source : ESPS 2006-2008, Irdes.
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reste de la population) et la dépression
(10 % versus 5 %).
Par ailleurs, les affections gastro-intestinales sont également plus fréquentes,
notamment celles de la partie haute du
tube digestif, comme les ulcères de l’estomac ou du duodénum, le reflux œsophagien (11 % versus 7 %). Une partie de
ces troubles est probablement à mettre en
relation avec la plus grande fréquence des
troubles anxieux et de certains facteurs de
risque comme l’obésité.
Concernant les maladies cardiovasculaires, la prévalence de l’hypertension
artérielle est également plus élevée parmi
les bénéficiaires de la CMU-C (11 % versus 8 %). Quant aux troubles du rythme,
2
aux pathologies coronariennes ou artéritiques et au diabète, ils sont deux fois plus
souvent déclarés par les bénéficiaires de la
CMU-C. Il en va de même pour la prévalence de l’asthme et des bronchites chroniques. Ces résultats tiennent en partie à
une plus grande exposition aux facteurs de
risque que sont le tabagisme et le surpoids
(graphique 3).
Les affections de type « angines, sinusites, rhinopharyngites » touchent 12 %
des personnes disposant de la CMU-C
contre 10 % des autres enquêtés. On
observe aussi une prévalence plus importante de la surdité chez les bénéficiaires de
la CMU-C (6 % versus 4 %) et des otites
(5 % versus 3 %).
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
G2
G1
Enfin, 9,5 % des bénéficiaires déclarent
souffrir de migraine, versus moins de 7 %
pour les autres, et les femmes signalent
plus souvent des troubles des règles.
Écarts de prévalence des pathologies les plus fréquentes
pour les bénéficiaires ou non de la CMU-C
Écart de
prévalencea
Problèmes de vue
et port de lunettes/lentilles
0,88*
Problèmes de dents
1,36*
Prothèses dentaires
0,86*
Problèmes de dos
1,22*
Anxiété
1,39*
Angines, sinusites, rhinopharyngites
1,19*
Troubles digestifs hauts
1,52*
Hypertension artérielle
1,31*
Maladies et troubles veineux
Migraines
2,27*
1,39*
1,01
Rhinites allergiques
0,94
Asthme
1,48*
Symptômes
1,64*
Troubles digestifs bas
1,43*
Eczémas
1,30*
Surdité
1,56*
Troubles neurologiques
2,04*
Bronchites chroniques
2,39*
1,73*
Troubles du rythme
2,01*
Diabètes
1,85*
Troubles des règles
Cancers
Pathologies coronariennes
1,50*
1,29
2,03*
Pathologies thyroïdiennes
0,80
Psoriasis
0,96
Problèmes de foie
Acné
Accidents vasculaires cérébraux
51,7
27,1
20,0
26,0
29,6
17,1
14,0
16,3
9,1
11,9
8,6
11,6
9,7
11,4
7,5
10,5
8,1
10,4
2,90*
1,32
1,89*
Bénéficiaires
de la CMU-C :
Oui
Non
4,6
10,1
10,2
0,99
Troubles du cholestérol
Otites
45,3
1,79*
Arthroses
Dépression
Prévalence
standardisée (%)
9,5
6,8
8,2
8,1
7,4
7,8
7,2
4,9
7,1
4,3
6,8
4,8
6,5
5,0
5,9
3,8
5,3
2,6
En revanche, les bénéficiaires
de la CMU-C déclarent porter
moins de lunettes et de prothèses
dentaires que le reste de la population
Les déclarations de port de lunettes et
de verres de contact – qui permettent de
mesurer les affections ophtalmologiques
dans ESPS – et de port de prothèses dentaires, sont moins fréquentes parmi les
bénéficiaires de la CMU-C que parmi le
reste de la population. En effet, les bénéficiaires de la CMU-C sont seulement 43 %
à déclarer porter des lunettes contre 51 %
pour le reste de la population, alors que
la prévalence des difficultés pour voir2 est
comparable (44 % versus 46 %). De même,
le port de prothèses dentaires concerne,
pour sa part, significativement moins les
bénéficiaires de la CMU-C (26 % versus
30 %). Pourtant, ils déclarent plus souvent
des caries qui, n’étant pas ou mal soignées,
auraient dû impliquer la pose de prothèses
dentaires. C’est donc probablement un
moindre recours qui est mesuré ici.
Les lunettes comme les prothèses dentaires
sont des soins onéreux et peu remboursés
par l’Assurance maladie dont les dépassements forfaitaires sont pris en charge au
titre de la CMU-C. Le moindre « appareillage » observé pour les bénéficiaires
de la CMU-C pourrait s’expliquer par
un renoncement aux soins en lien avec le
statut précaire et l’histoire des personnes
bénéficiant de la CMU-C (Després et al.,
2011) ou être induit par une offre de soins
non adaptée (Gilles, 2011), ce qui témoignerait de difficultés d’accès malgré la gratuité théorique de ces soins.
5,2
2,2
4,6
2,7
4,2
2,1
4,2
2,3
4,1
2,8
3,1
2,4
2,8
1,4
2,6
3,3
2,6
2,7
1,9
0,7
1,3
1,0
1,0
0,5
Le tabagisme et l’obésité :
deux facteurs de risque plus répandus
chez les bénéficiaires de la CMU-C…
1
Standardized morbidity ratio (SMR).
* : Écarts significatifs.
Guide de lecture : A âge et sexe comparables au reste de la population, 27 % des bénéficiaires de la
CMU-C déclarent des problèmes dentaires versus 20 %, l’écart étant significatif.
Champ : Personnes de moins de 65 ans
Source : ESPS 2006-2008, Irdes.
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3
L’obésité, facteur de risque de diabète et
de maladies cardiovasculaires, est beaucoup plus répandue chez les bénéficiaires
de la CMU-C : le pourcentage de personnes présentant une obésité est 1,7 fois
2
L’enquête ESPS recueille également les incapacités
visuelles (difficultés à voir de près et/ou de loin).
Questions d’économie de la santé n° 173 - Février 2012
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
plus élevé : 15 % versus 9 % (graphique 3).
Ce résultat avait déjà été démontré pour
les classes défavorisées dans leur ensemble
(Allonier et al., 2007). En revanche, la fréquence du surpoids est comparable dans
les deux populations et s’élève à 24 %.
Calculée pour les 16 ans et plus dans l’enquête ESPS, l’exposition au tabagisme des
bénéficiaires de la CMU-C est également
plus grande : à âge et sexe comparables,
le taux de fumeurs des bénéficiaires de la
CMU-C est 1,6 fois plus élevé que celui
du reste de la population. En effet, près de
la moitié d’entre eux fume : 49 % versus
29 %. Cette situation résulte notamment
d’un arrêt du tabac moins fréquent des
bénéficiaires de la CMU-C : 13 % d’entre
eux ont cessé de fumer alors qu’ils sont
24 % parmi les non-bénéficiaires.
… mais pas la consommation d’alcool
Contrairement aux idées reçues mais
conformément à d’autres enquêtes, les
bénéficiaires de la CMU-C sont deux
G3
G1
Prévalence des facteurs de risque
pour les bénéficiaires ou non
de la CMU-C
Bénéficiaires
de la CMU-C :
Oui
Non
Prévalence standardisée (%)
48,6
Fumeurs*
29,4
15,4
Personnes
obèses*
Consommateurs
d’alcool à risque
chronique*
S
Au total, les bénéficiaires de la CMU-C
ayant répondu à l’enquête déclarent souffrir plus souvent que les autres de la plupart des maladies et troubles de santé,
et présentent plus de facteurs de risque.
L’étude des motifs de consultations, que
ce soit en médecine générale ou en médecine de spécialité, permet-elle le même
constat ?
OURCE ET DONNÉES
Source
En France, actuellement, l’Enquête santé
protection sociale (ESPS) recueille la morbidité
déclarée de façon détaillée tous les deux ans.
Sa spécificité repose sur une base de sondage
unique, constituée d’un échantillon représentatif d’assurés de l’Assurance maladie, ce qui
permet de réaliser des photographies régulières et simultanées de la santé, de l’accès aux
soins et de la couverture maladie complémentaire depuis 1988.
Échantillon
Depuis 2006, l’enquête dispose d’un suréchantillon de personnes bénéficiant de la
CMU-C. Afin de travailler sur l’échantillon
complet (la moitié de l’échantillon étant interrogée tous les deux ans), les données des
années 2006 et 2008 ont été groupées pour
cette étude.
Parmi les 44 423 individus ayant répondu
à cette enquête en 2006-2008, 33 204 ont
complété un questionnaire santé. Parmi ces
derniers, 28 569 ont moins de 65 ans dont
2714 bénéficiaires de la CMU-C. Seules les
personnes disposant d’une adresse individuelle sont enquêtées, ce qui exclut les bénéficiaires de la CMU-C les plus fragiles, en particulier les personnes sans domicile.
Les caractéristiques sociodémographiques
des bénéficiaires de la CMU-C
Du fait même des principes qui ont conduit
à sa conception, la CMU-C concerne les
9,0
Consommateurs
d’alcool à risque
ponctuel*
fois plus nombreux à déclarer ne jamais
consommer d’alcool : 44 % versus 22 %.
(Com-Ruelle et al., 2008). Toutefois,
les bénéficiaires de la CMU-C se déclarent plus souvent à risque d’alcoolisation
chronique (10 % versus 8 %) et moins
souvent à risque ponctuel (18 % versus
27 %).
personnes dont la situation est plus précaire
que celle de la majorité de la population : dans
l’échantillon, la proportion de bénéficiaires de
la CMU-C vivant dans un ménage d’ouvriers
non qualifiés est de 30 % contre 9 % dans le
reste de la population. Pour les ménages d’employés de commerce, cette proportion est de
16 % versus 4 %. Quant au taux de chômage
déclaré, il est de plus de 60 % parmi les bénéficiaires de la CMU- C contre 8,5 % parmi les
autres actifs.
Les bénéficiaires de la CMU-C sont jeunes,
plus de 70 % d’entre eux ont moins de
40 ans (48,5 % parmi les autres enquêtés).
Inversement, les personnes âgées de 65 ans
et plus sont très peu nombreuses à bénéficier
de la CMU-C. En effet, le minimum vieillesse
versé aux personnes les plus démunies à partir
de 65 ans (ou à 60 ans en cas d’inaptitude au
travail) est supérieur au seuil de ressources qui
permet de bénéficier de la CMU-C. Il y a également un peu plus de femmes parmi eux (56 %
versus 52 %).
Ce déséquilibre des structures par âge, et dans
une moindre mesure par sexe, a conduit d’une
part, à limiter cette étude aux personnes de
moins de 65 ans et, d’autre part, à présenter les
résultats concernant la morbidité et les recours
aux soins après avoir effectué une standardisation directe des données des bénéficiaires
de la CMU-C en prenant comme référence
la structure d’âge et de sexe des non-bénéficiaires.
18,4
27,1
9,6
7,8
* : Écarts significatifs.
Guide de lecture : À âge et sexe comparables au
reste de la population, 49 % des bénéficiaires
de la CMU-C déclarent qu’ils fument actuellement versus 29 %.
Champ : Personnes de moins de 65 ans
Source : ESPS 2006-2008, Irdes.
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Questions d’économie de la santé n° 173 - Février 2012
Données
Dans l’Enquête santé protection sociale (ESPS),
l’état de santé est recueilli à partir des données
issues de l’auto-questionnaire santé portant
sur la morbidité déclarée, les facteurs de
risque et les motifs de dernière consultation
médicale.
Les personnes interrogées déclarent l’ensemble des pathologies dont elles souffrent. Un
médecin code ensuite ces pathologies à partir
de la Classification internationale des maladies (Cim 10e révision). Ces pathologies sont
alors classées par grands chapitres proches
de ceux de la Cim 10. Les enquêtés déclarent
également le port de prothèses dentaires et de
lunettes qui, dans ESPS, permet de compléter
les chapitres de la Cim intitulés « Maladie de
4
l’œil et troubles de la vue » et « Autres facteurs
influençant l’état de santé ».
L’enquête recueille aussi les facteurs de risque
comme les consommations de tabac et d’alcool (cf. Test Audit C (Com-Ruelle et al., 2008)),
ainsi que le poids et la taille déclarés par l’individu. Ces dernières informations permettent le
calcul de l’indice de masse corporelle (ou IMC)
et le classement des personnes en surpoids
ou souffrant d’obésité (normes de l’OMS, voir
p. 69 Allonier et al. (2010).
Enfin, les individus interrogés renseignent
également le motif médical de leur dernière
consultation de généraliste ou de spécialiste.
Ces motifs sont codés en Cim 10.
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
Une approche de la morbidité
des bénéficiaires de la CMU-C
par les motifs
de la dernière consultation
L’examen des derniers motifs de consultation médicale constitue une façon d’approcher les problèmes de santé qui affectent les
bénéficiaires de la CMU-C, en les comparant aux motifs des non-bénéficiaires.
Les motifs de consultation3 analysés ici
sont déclarés par les personnes interrogées
en réponse à une question concernant leur
dernière consultation de médecin généraliste et/ou de spécialiste effectuée au
cours des douze derniers mois précédant
l’enquête en 2006 et 2008. Outre le caractère déclaratif de l’information recueillie,
l’observation de la dernière consultation
entraîne certains biais de sélection (encadré ci-dessous). Ainsi, les consultations
ponctuelles qui concernent en majorité
un problème de santé nouveau ou aigu
sont surreprésentées au sein des dernières
consultations décrites, au détriment
des consultations de suivi des maladies
chroniques.
T
G1
Les dix motifs
de consultation les plus fréquents
pour les bénéficiaires ou non de la CMU-C
NonBénéficiaires
de la CMU-C bénéficiaires
de la CMU-C
Motifs de consultation
premier lieu la sphère psychique, avec
la dépression qui a motivé 3,4 % des
consultations chez les bénéficiaires de la
CMU-C contre seulement 1,6 % des dernières consultations des non-bénéficiaires.
Dans la sphère respiratoire, l’asthme et
la bronchite chronique occupent respectivement 2,1 % et 1,2 % des motifs de
consultation pour les bénéficiaires de la
CMU-C,1,5 % et 0,7 % chez les nonbénéficiaires (graphique 4). Dans la sphère
digestive, les troubles de la sphère digestive
haute (regroupant ulcère de l’estomac ou
du duodénum, reflux gastro-œsophagien
et gastralgie) et les problèmes hépatiques
apparaissent également significativement
Les motifs de consultation déclarés
par les bénéficiaires de la CMU-C
sont très proches de ceux
des non-bénéficiaires
On retrouve les mêmes motifs de consultation, que les personnes soient bénéficiaires ou non de la CMU-C, parmi les
dix motifs de consultation les plus fréquents même si leur proportion est légèrement différente (tableau). Parmi eux, les
problèmes de santé de la sphère ORL et
les problèmes de dos arrivent en tête dans
les deux catégories de population, pour
les personnes de moins de 65 ans et après
standardisation des taux sur la structure
par âge et par sexe4.
Toutefois, certains motifs
de consultation sont significativement
plus fréquents pour les bénéficiaires
de la CMU-C...
Ces motifs de consultation plus fréquents
concernent quatre grandes sphères : en
3
Ne sont pas pris en compte dans les motifs de
consultation les renouvellements d’ordonnance
sans autre précision, les non réponses et les
« maladies illisibles ».
4
La standardisation est effectuée en appliquant
la structure par sexe et âge des non-bénéficiaires
âgés de moins de 65 ans et ayant consulté au moins
un médecin au cours des douze derniers mois aux
bénéficiaires de la CMU-C.
Encadré. Limites de la représentativité des motifs de recours
Les motifs de recours analysés ici concernent la dernière consultation de médecin généraliste et/ou de
médecin spécialiste effectuée au cours des douze derniers mois précédant l’Enquête santé protection
sociale (ESPS) en 2006 et 2008. Ces résultats ne sont pas représentatifs de l’ensemble des consultations
de généralistes et de spécialistes effectuées au cours de l’année par les personnes interrogées dans l’enquête.
Dans l’échantillon observé, la consultation ponctuelle d’une personne consultant une fois dans l’année un
médecin généraliste a le même poids que la dernière consultation d’une personne ayant consulté dix fois
son médecin généraliste pour une maladie chronique. De même, la consultation d’une personne ayant
vu un seul médecin spécialiste dans l’année a le même poids que la dernière consultation d’une personne
ayant vu plusieurs fois le même médecin spécialiste ou que la dernière consultation d’une personne ayant
vu plusieurs médecins spécialistes. Aucune pondération n’a permis de corriger ces biais.
ORL
11,1 %
13,2 %
Dos
4,8 %
4,0 %
Ainsi, les consultations ponctuelles qui concernent en majorité un problème de santé nouveau ou aigu
sont surreprésentées au sein des dernières consultations décrites, au détriment des consultations de suivi
des maladies chroniques.
Dépression
3,4 %
1,6 %
Les effectifs étudiés pour le recours sont les suivants :
Problèmes de vue
3,1 %
4,1 %
• 1 936 motifs de consultations pour les bénéficiaires de la CMU-C, dont 1 294 motifs de consultation de
médecins généralistes :
Hypertension artérielle
2,9 %
2,9 %
Grossesse, contraception
2,8 %
2,8 %
Asthme
2,1 %
1,5 %
Arthrose
2,0 %
1,5 %
Cancer
1,9 %
2,3 %
Otite
1,6 %
2,1 %
Champ : Motifs de dernière consultation de médecin généraliste et/ou spécialiste des personnes
âgées de moins de 65 ans en 2006 et 2008.
Sources : ESPS 2006 et 2008, Irdes. Calculs Drees.
 Télécharger les données :
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• 19 148 motifs de consultation pour les non-bénéficiaires, dont 12 144 motifs de consultation de médecins généralistes.
Au total, 89 % des bénéficiaires de la CMU-C ont consulté au moins un médecin (généraliste ou spécialiste
confondus) au cours des douze derniers mois et 91 % des non-bénéficiaires. Toutefois, les bénéficiaires de
la CMU-C sont 84 % à avoir eu recours à un médecin généraliste au cours des douze derniers mois contre
81 % des non-bénéficiaires, l’écart étant significatif après standardisation sur l’âge et le sexe1. Leur recours
au médecin spécialiste, toutes spécialités confondues, est en revanche moins fréquent : 38 % versus 46 %
pour le reste de la population. Ces résultats sont cohérents avec les travaux concluant que les personnes
défavorisées recourent plus fréquemment au généraliste qu’au spécialiste (Raynaud, 2005).
Les bénéficiaires de la CMU-C recourent donc plus fréquemment au médecin généraliste et moins
fréquemment au médecin spécialiste que les non-bénéficiaires. Cette différence a des répercussions sur
la composition des dernières consultations. Ainsi, les consultations de spécialistes constituent 31 % des
dernières consultations pour les bénéficiaires de la CMU-C et 36 % pour les non-bénéficiaires. Parmi les
dernières consultations dont le motif de consultation est renseigné, les proportions sont de 33 % pour les
bénéficiaires de la CMU-C et de 37 % pour les non-bénéficiaires.
5
Questions d’économie de la santé n° 173 - Février 2012
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
G4
G1
Les motifs de consultation PLUS fréquents pour les bénéficiaires de la CMU-C que pour les non-bénéficiaires
Dernière consultation médicale des enquêtés
Bénéficiaires de la CMU-C
4,8 %
Non-bénéficiaires de la CMU-C
4,0 %
3,4 %
2,1 %
1,6 %
2,0 %
1,5 %
1,5 %
1,6 %
1,5 %
1,1 %
1,1 %
1,2 %
0,7 %
0,9 %
0,9 %
0,5 %
0,2 %
Dépression*
Dos
Asthme*
Arthrose
Sphère digestive
haute
Anxiété
Bronchite
chronique
Foie**
Rythme cardiaque
Motifs de consultation
Les astérisques signalent les motifs pour lesquels l’écart de fréquence entre les bénéficiaires de la CMU-C et les autres assurés est significatif.
** : significatit à 95 %. * : significatif à 90 %.
Guide de lecture : Les problèmes de dépression sont indiqués dans 3,4 % des cas comme motifs de recours de la dernière consultation par les bénéficiaires de la
CMU-C, contre 1,6 % par les non-bénéficiaires.
Champ : Motifs de dernière consultation de médecin généraliste et/ou spécialiste des personnes âgées de moins de 65 ans en 2006 et 2008.
Sources : ESPS 2006-2008, Irdes. Calculs Drees.
 Télécharger les données : www.irdes.fr/Donnees/Qes173_PathologiesBeneficiairesCMUC.xls
plus fréquents comme motifs de consultation pour les bénéficiaires de la CMU-C
que pour les autres assurés. Ce dernier
problème de santé, dont la prévalence est
relativement faible, a cependant motivé
1 % des dernières consultations des bénéficiaires de la CMU-C, contre 0,2 % des
non-bénéficiaires. Enfin, dans la sphère
cardiovasculaire, les problèmes de rythme
cardiaque concernent 1 % des motifs pour
G5
G1
les bénéficiaires contre 0,5 % pour les
non-bénéficiaires. En revanche, les problèmes de dos et d’arthrose apparaissent
plus fréquents, mais l’écart n’est pas significatif. Ces résultats sont globalement en
cohérence avec les écarts de prévalence mis
en évidence précédemment. Autrement
dit, les bénéficiaires de la CMU-C déclarent des motifs de recours qui correspondent aux troubles qu’ils ont signalés.
… alors que d’autres motifs de consultation apparaissent moins fréquents
C’est le cas des problèmes ORL (regroupant sinusites, rhinopharyngites, angines)
qui ont motivé 11,1 % des dernières
consultations, contre 13,2 % pour les
non-bénéficiaires, des otites (1,6 % versus 2,1 %) et des rhinites allergiques (graphique). Toutefois, ce résultat ne permet
Les motifs de consultation MOINS fréquents pour les bénéficiaires de la CMU-C que pour les non-bénéficiaires
Dernière consultation médicale des enquêtés
13,2 %
Bénéficiaires de la CMU-C
Non-bénéficiaires de la CMU-C
11,1 %
4,1 %
3,1 %
1,9 % 2,3 %
ORL**
Problèmes
de vue**
1,6 %
2,1 %
Otite*
Cancer
0,9 % 1,3 %
0,9 % 1,2 %
Rhinite
allergique*
Thyroïde
0,2 % 0,5 %
Surdité**
Motifs de consultation
Les astérisques signalent les motifs pour lesquels l’écart de fréquence entre les bénéficiaires de la CMU-C et les autres assurés est significatif.
** : significatit à 95 %. * : significatif à 90 %.
Lecture : Les problèmes ORL constituent 11 % des motifs de dernière consultation pour les bénéficiaires de la CMU-C, et 13 % pour les non-bénéficiaires.
Champ : Motifs de dernière consultation de médecin généraliste et/ou spécialiste des personnes âgées de moins de 65 ans en 2006 et 2008.
Sources : ESPS 2006-2008, Irdes. Calculs Drees.
 Télécharger les données : www.irdes.fr/Donnees/Qes173_PathologiesBeneficiairesCMUC.xls
Questions d’économie de la santé n° 173 - Février 2012
6
LES BÉNÉFICIAIRES DE LA CMU-C DÉCLARENT PLUS DE PATHOLOGIES QUE LE RESTE DE LA POPULATION
pas de conclure à un recours insuffisant
par rapport aux besoins, compte tenu des
limites de l’étude.
Les problèmes de vue constituent 3,1 %
des motifs de recours des bénéficiaires
de la CMU-C, moins que pour les nonbénéficiaires (4,1 %), avec un écart significatif. Ces résultats sont directement liés
à la proportion des consultations d’ophtalmologistes parmi les dernières consultations observées qui s’élèvent à 4 % pour les
bénéficiaires et 6 % pour les non-bénéficiaires, en lien avec le moindre recours des
bénéficiaires de la CMU-C aux ophtalmologistes (Allonier et al., 2010). En effet,
9 % des bénéficiaires de la CMU-C ont
consulté un ophtalmologiste au cours de
l’année alors que cette proportion atteint
15 % pour les autres assurés, après ajustement sur l’âge et le sexe.
***
Depuis son instauration en 1999, la
CMU-C a très nettement amélioré le
recours aux soins de ses bénéficiaires en
facilitant l’accessibilité financière aux soins
(Boisguérin et al., 2010). Ce dispositif est
d’autant plus important que la population couverte présente une sur-mortalité et
une sur-morbidité très nette, aussi bien en
2002 qu’en 2008.
Cependant, même s’ils consultent plus
souvent le médecin généraliste, ils sont
moins nombreux à recourir à un spécialiste quand bien même leur pathologie le
nécessiterait. Les dépassements plus fréquemment pratiqués par les spécialistes,
comme les tarifs proposés en optique et en
soins dentaires pour les soins hors panier
CMU-C, expliquent en partie ce comportement (Després, 2009). Ce dernier est
également lié à tout un ensemble de facteurs individuels en lien avec la précarité
présente et passée, comme l’ont montré
de récents travaux sur le renoncement aux
soins (Després et al., 2011). L’adaptation
de l’offre de soins à ces patients, comme
l’apprentissage des bénéficiaires de la
CMU-C de l’usage du système de soins,
constitue ainsi toujours des enjeux de la
politique de santé publique qui prolonge
l’effort réalisé sur le seul accès financier
avec la CMU-C.
Au-delà du champ d’action du système
de soins, les résultats de notre étude montrent que les facteurs de risque comme le
tabac et l’obésité sont toujours plus fréquents dans la population ayant recours à
la CMU-C, de même que les troubles de
la sphère psychique, vraisemblablement en
P•
lien avec la précarité sociale, économique
et professionnelle vécues par ces bénéficiaires. Ce résultat pose la question des
interventions spécifiques complémentaires
pouvant agir sur les facteurs de risque et la
précarité elle-même auprès de cette catégorie de population, interventions qui sont
à inscrire dans le cadre global de la réduction des inégalités de santé dans un spectre
d’interventions plus large que le seul système de soins, et qui concerne la protection sociale dans son ensemble.
OUR EN SAVOIR PLUS
Allonier C., Dourgnon P., Rochereau T. (2010). « Enquête sur la santé et la protection sociale 2008 »,
rapport Irdes n° 1800.
• Allonier C., Guillaume S., Sermet, C. (2007). « De quoi souffre-t-on ? État des lieux des maladies
déclarées en France . Enquête décennale santé Insee 2002-2003 ». Irdes, Questions d’économie de
la santé n° 123, juin.
• Boisguérin B., Després C., Dourgnon P., Fantin R. et al. (2010). « Étudier l’accès aux soins des assurés
CMU-C, une approche par le renoncement aux soins » in Allonier C., Dourgnon P., Rochereau T.
(2010). « Enquête sur la santé et la protection sociale 2008 », rapport Irdes n° 1800.
• Boisguérin B. (2009). « Quelles caractéristiques sociales et quel recours aux soins pour les
bénéficiaires de la CMU-C en 2006 ? ». Drees, Etudes et Résultats n° 675, janvier.
• Boisguérin B. (2004). « État de santé et recours aux soins des bénéficiaires de la CMU. Un impact
qui se consolide entre 2000 et 2003 ». Drees, Etudes et Résultats, n° 294, mars.
• Cambois E. (1996). « La mesure des inégalités sociales face à la santé : les problèmes
méthodologiques » p. 422-431 dans : Morbidité, mortalité : problèmes de mesure, facteurs
d’évolution, essai de perspective. Colloque international de Sinaia (2-6 septembre 1996)
par Association internationale des démographes de langue française.
• Com-Ruelle, L. Dourgnon P., Jusot F., Lengagne P. (2008). « Les problèmes d’alcool en France :
quelles sont les populations à risque ? ». Questions d’économie de la santé n° 129 janvier.
• Després C., Dourgnon P., Fantin R. Jusot F. (2011) : « Dépense de santé et accès financier aux
services de santé : une étude du renoncement aux soins. », in Comptes de la santé 2010, Drees.
• Després C. (2009). Le refus de soins à l’égard des bénéficiaires de la Couverture maladie universelle
complémentaire à Paris, Irdes. Rapport pour le Fonds CMU.
• Gilles L., Lautié S. (2011). Étude sur les circonstances de la consommation de soins optiques à
l’origine des restes à charge chez les bénéficiaires de la CMU-C, Credoc. Intervention au colloque
sur le renoncement aux soins, 22 novembre 2011. En ligne sur le site de la Drees :
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/7_RS_Leopold_Gilles.pdf
• Le Fur P., Perronnin M. (2003). « L’état de santé des bénéficiaires de la couverture maladie
universelle complémentaire en 2002 ». Irdes, Questions d’économie de la santé n° 76, décembre.
• Païta M., Ricordeau P., de Roquefeuil L., Studer A. et al. (2007 ) « Les affections de longue durée
des bénéficiaires de la CMU complémentaire ». Cnamts, Points de repère n° 8, août.
•
Raynaud D. (2005). « Les déterminants individuels des dépenses de santé : l’influence de la
catégorie sociale et de l’Assurance maladie complémentaire ». Drees, Études et Résultats n° 378,
Drees, février.
• Tuppin P., Blotière P.-O., Weill A., Ricordeau P., Allemand H. (2011) . « Surmortalité et
hospitalisations plus fréquentes des bénéficiaires de la Couverture médicale universelle
complémentaire en 2009 ». La Presse Médicale, vol. 40, p. e304-e314.
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Diffusion : Sandrine Béquignon, Suzanne Chriqui • Abonnement annuel : 60 € • Prix du numéro : 6 € • ISSN : 1283-4769.
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L’enquête SHARE :
bilan et perspectives
Actes du séminaire organisé par l’Irdes
à Paris au ministère de la Recherche
le 17 mai 2011
Les rapports
de recherche détaillent
l’intégralité des résultats
d’études et de recherches
ainsi que les méthodes utilisées.
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LES RAPPORTS DE L’
n° 1848 • septembre 2011
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