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Chroniques bleues
Les bleus des Bleus, un destin aléatoire
vendredi 13 août 2010, par Bruno Colombari
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Mercredi à Oslo, huit joueurs ont porté leur premier maillot bleu le jour des débuts de Laurent Blanc. Entre 1969 et
2004, ils sont 29 à en avoir fait autant. Que sont-ils devenus ? Cette sélection inaugurale a-t-elle lancé une série ou
est-elle restée sans lendemain ?
En appelant à Oslo Ruffier, Rami, Cissokho, M’Vila, N’Zogbia, Hoarau, Ménez et Cabaye, Laurent Blanc s’est placé dans la lignée des
sélectionneurs ayant pris des risques pour leurs grands débuts, faisant même mieux que Stefan Kovacs (7 nouveaux), Michel
Hidalgo (6) ou Raymond Domenech (5). Mais attention, une première sélection avec un nouveau coach n’est pas toujours synonyme
de carrière triomphale, bien au contraire. Voici une étude portant sur les 29 bleus des Bleus appelés par chaque nouveau
sélectionneur depuis 1969.
On pourrait classer ces joueurs en quatre catégories. Les éphémères tout d’abord, à savoir ceux qui ne comptent qu’une seule
sélection. Ils sont plutôt rares sur les 29, puisqu’on en trouve seulement trois, preuve que lorsqu’un nouveau sélectionneur teste de
nouveaux joueurs, il le fait généralement sur plusieurs rencontres. Les trois à ne pas avoir été rappelés sont Jean-Claude Osman
(1973, Stefan Kovacs), William Prunier (1992, Gérard Houllier) et Jean-Pierre Cyprien (1994, Aimé Jacquet).
Viennent ensuite les anonymes, ceux qui comptent entre deux et neuf sélections. Ceux-là ont eu leur chance mais ne l’ont pas
saisie. Il s’agit de Daniel Ravier, Christian Sarramagna, Roger Jouve et Pierre Repellini (1973, Stefan Kovacs), Robert Pintenat et
Gilles Rampillon (1976, Michel Hidalgo), Michel Bibard (1984, Henri Michel), Laurent Fournier (1992, Gérard Houllier), Frédéric Déhu
et Tony Vairelles (1998, Roger Lemerre), Bruno Cheyrou (2002, Jacques Santini) et Rio Mavuba (2004, Raymond Domenech).
La troisième catégorie regroupe les habitués, ceux qui comptent entre 10 et 29 sélections. Sans avoir fait une carrière
exceptionnelle, ils ont suffisamment porté le maillot bleu pour qu’on se souvienne d’eux. On y trouve Jean-Paul Rostagni (1969,
Georges Boulogne, 1969), Marc Berdoll (1973, Stefan Kovacs), Patrice Rio (1976, Michel Hidalgo), Alain Roche et Christian Perez
(1988, Michel Platini), Gaël Givet et Sébastien Squillaci (2004, Raymond Domenech).
Enfin, le dernier groupe de joueurs, les piliers, constitue ceux qui à des degrés divers, ont écrit l’histoire de l’équipe de France, et qui
comptent trente sélections et plus. Ce groupe comprend Bernard Lacombe (1973, Stefan Kovacs), Didier Six, Michel Platini et
Maxime Bossis (1976, Michel Hidalgo), Sidney Govou (2004, Jacques Santini), Patrice Evra et Eric Abidal (2004, Raymond
Domenech). Si aucun d’eux n’a été champion du monde 1998 ou champion d’Europe 2000, on trouve quand même quatre
champions d’Europe 1984 et deux vice-champions du monde 2006.
Deux sélectionneurs ont donc brillé par leur intuition pour leurs débuts. Il s’agit tout d’abord de Michel Hidalgo. En mars 1976 face à
la Tchécoslovaquie (championne d’Europe trois mois plus tard), il lance six joueurs. Deux d’entre eux ne feront que passer (Robert
Pintenat et Gilles Rampillon, trois sélections chacun), le troisième s’installera quelques temps dans la défense tricolore (Patrice Rio,
17 sélections). Et les trois derniers seront tout simplement les cadres de la grande équipe des années 80 : Didier Six (52 sélections),
Michel Platini (72) et Maxime Bossis (76). Difficile de faire mieux !
Le second n’a pas connu la même réussite, mais il convient de saluer sa clairvoyance. Raymond Domenech n’a fait fausse route
qu’avec un seul de ses cinq nouveaux d’août 2004 contre la Bosnie : Rio Mavuba, qui ne compte que six sélections, mais qui n’a pas
dit son dernier mot. Le duo monégasque Givet-Squillaci n’a certes pas été impressionnant (33 sélections à eux deux), mais il a
constitué la toute première charnière défensive de Domenech, jusqu’au retour de Thuram. Quant à Evra (32) et Abidal (48), il n’est
pas encore exclu de les revoir en bleu s’ils parviennent à faire oublier leurs piètres performances sud-africaines.
A ce petit jeu, les moins bons auront été Aimé Jacquet (un testé jamais rappelé), Gérard Houllier (4 sélections pour le duo FournierPrunier), Henri Michel (6 sélections pour le seul Bibard), Roger Lemerre (Déhu-Vairelles, 13 sélections), et Stefan Kovacs (donc 5 des
7 nouveaux n’ont jamais atteint les 10 sélections).
Il faudra attendre quelques années pour savoir si Laurent Blanc, que les circonstances ont amené à écarter 22 internationaux (plus
Carrasso qui n’a pas encore de sélection), aura trouvé dans les nouveaux appelés d’Oslo des grands noms de demain.