la consommation de café ne semble pas aggraver le

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la consommation de café ne semble pas aggraver le
RHUMATOLOGIE
A LA UNE
CAFÉ ET GOUTTE
Une action sur l'acide urique ?
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EN BREF
• La consommation de café ne semble pas aggraver le risque d'ostéoporose
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• Pas de relation entre le café et la polyarthrite rhumatoïde
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CAFÉ ET GOUTTE
UNE ACTION SUR L'ACIDE URIQUE ?
Le rôle de l'alimentation dans la goutte est connu et validé depuis
longtemps. Une revue récente de la littérature basée sur les données de
53 études sur les facteurs de risque et la prévention de la goutte conclut
que, au niveau de la prise alimentaire, la consommation d'alcool, de
viande, de crustacés, de boissons gazeuses sucrées par des
édulcorants et d'aliments riches en fructose augmente le risque de
goutte. Par contre la prise de produits laitiers, d'acide folique et de café
diminue le risque de développer la maladie ou de souffrir d'épisodes
aigus (1).
LA CONSOMMATION DE CAFÉ RÉDUIRAIT LE RISQUE
DE DÉVELOPPEMENT DE LA GOUTTE
Dans des travaux publiés en 2007, l'équipe de Choi (Canada et USA), a
évalué l'impact de la prise de café sur deux grandes cohortes d'hommes et de
femmes.
• La première étude (2) concerne une cohorte de 45 859 hommes sans
antécédents de goutte, suivis pendant 12 ans grâce à un questionnaire
alimentaire établi tous les 4 ans. Durant cette période, 757 cas de goutte ont
été observés. Il existe une relation inverse entre l'accroissement de la
consommation de café et le risque de goutte. Les niveaux de risque
multivariés pour le développement de la goutte en fonction des groupes de
consommateurs (0, < 1, 1-3, 4-5 et ! 6 tasses de café par jour) étaient
respectivement de 1, 0,97, 0,92, 0,60 (IC 95 % : 0,41-0,87) et 0,41 (IC 95 % :
0,19-0,88), p = 0,009. Les résultats obtenus étaient du même ordre de
grandeur avec le café décaféiné (RR multivarié de 0,73 pour la consommation
d'au moins 4 tasses de café/jour). Par contre la prise totale de caféine et la
consommation de thé n'étaient pas associées à une réduction du risque de
goutte.
• La même équipe (3) a également suivi de façon prospective, pendant 26
ans, les femmes de la cohorte de la Womens' Health Study. La consommation
de café, de thé et de caféine de toute provenance a été évaluée par le biais
d'un questionnaire réalisé tous les 2 à 4 ans. Durant cette période, 896 cas de
goutte ont été dépistés. Comme chez les hommes, on observe une relation
inverse entre l'accroissement de la consommation de café et le risque de
goutte. Les consommatrices de café étaient réparties en plusieurs groupes :
0, 1 à 237 ml/j, 238 à 947 ml/j et ! 948 ml/j ; leur risque relatif de développer
une crise de goutte était respectivement de 1, 0,97, 0,78 (IC95 % : 0,64-0,95)
et 0,43 (IC95 % : 0,3-0,61 ; p < 0,0001). Pour le café décaféiné, la
consommation d'au moins 238 ml/j réduit le risque relatif à 0,77 (IC95 % :
0,63-0,95 ; p = 0,02). Enfin, pour la caféine totale, le risque relatif de goutte
pour une consommation de plus de 498 mg/j comparée à une consommation
inférieure à 131 mg/j était de 0,52 (IC95 % : 0,41-0,68 ; p < 0,0001).
«LA CONSOMMATION DE
CAFÉ SUR LE LONG
TERME SEMBLE
ASSOCIÉE A UN RISQUE
RÉDUIT DE DÉVELOPPER
LA GOUTTE»
EN SAVOIR PLUS
1. Singh JA, et al. Risk factors for
gout and prevention: a systematic
review of the literature. Curr Opin
Rheumatol. 2011 ; 23 : 192-202.
2. Choi HK et al. Coffee consumption
and risk of incident gout in men. A
prospective study. Arthritis Rheum
2007 ; 56 : 2049-2055.
3. Choi HK, Curhan G. Coffee
consumption and risk of incident
gout in women: the Nurses' Health
Study. Am J Clin Nutr 2010 ; 92 :
922-7.
4. Kiyohara C et al. Inverse
association between coffee drinking
and serum uric acid concentrations
in middle-aged Japanese males. Br
J Nutr 1999 ; 82 : 125-30.
5. Choi HK et al. Coffee, tea, and
caffeine consumption and serum
uric acid level: the third national
health and nutrition examination
survey. Arthritis Rheum 2007 ; 57 :
816-21.
6. Pham NM et al. The relation of
coffee consumption to serum uric
acid in Japanese men and women
aged 49-76 years. J Nutr Metab
2010, Epub ahead of print.
7. Fam AG. Gout, diet, and the insulin
resistance syndrome. J Rheumatol
2002 ; 29 : 1350-5.
8. van Dijk AE, et al. Acute effects of
decaffeinated coffee and the major
coffee components chlorogenic acid
and trigonelline on glucose
tolerance. Diabetes Care 2009 ;32 :
1023-5.
9. Richelle M, et al. Comparison of the
antioxidant activity of commonly
consumed polyphenolic beverages
(coffee, cocoa, and tea) prepared
per cup serving. J Agric Food
Chem 2001 ; 49 : 3438-42.
En conclusion, les données de ces deux études suggèrent que la
consommation de café sur le long terme est associée à un risque réduit de
développer la goutte. Cet effet est retrouvé chez les hommes comme chez les
femmes, obtenu avec du café contenant de la caféine ou décaféiné. La
caféine seule ne se révèle efficace que chez les femmes, pas chez les
hommes.
LA CONSOMMATION DE CAFÉ RÉDUIRAIT AUSSI LA
CONCENTRATION SÉRIQUE D'ACIDE URIQUE
Trois études ont observé un effet modérateur du café sur les concentrations
circulantes d'acide urique :
• Une étude japonaise datant de 1999 (4) a porté sur 2240 officiers. La
consommation moyenne de café et de thé vert était respectivement de 2,3 et
3,1 tasses/jour. Les individus consommant moins d'une tasse de café/jour
avaient une concentration sérique d'acide urique de 60 mg/L qui baissait à 56
mg/L chez les consommateurs d'au moins 5 tasses quotidiennes. La
consommation de thé vert était sans effet. La relation inverse entre la prise de
café et la concentration d'acide urique est indépendante de l'âge, de l'indice
de masse corporelle, de la pression artérielle systolique, des concentrations
sériques de créatinine, cholestérol total et HDL-cholestérol, du tabagisme, de
la consommation d'alcool, de bière et de produits laitiers.
• Une étude plus récente réalisée par l'équipe de Choi au sein de la cohorte
de The third national health and nutrition examination survey a inclus 14 758
américains âgés de 20 ans et plus, suivis de 1994 à 1998 (5). Les auteurs ont
retrouvé, après ajustements, une baisse significative du taux d'acide urique
qui passe d'une valeur de base de 53 mg/L chez les non-consommateurs à
50 mg/L en moyenne pour les deux genres confondus (IC 95% : 0,11-0,41) et
49 mg/L (IC 95 % : 0,23-0,65), p < 0,001pour une consommation respective
de 4-5 tasses et ! 6 tasses de café par jour. La fréquence de l'hyperuricémie
était réduite de 43% chez les consommateurs de 6 tasses ou plus de café par
jour par rapport aux non consommateurs. Par contre, la consommation de thé
et de caféine seule était sans effet (5).
• Enfin, l'équipe japonaise de Pham et al. a réalisé une étude séparant
femmes et hommes (6). Les sujets proviennent d'une cohorte étudiant les
maladies liées au mode de vie, soit 11 662 hommes et femmes âgés de 4976 ans sans antécédents de goutte, de cancer ou de maladie rénale, suivis de
2004 à 2007. Là encore, les auteurs ont observé une association inverse
entre la consommation de café et les concentrations d'acide urique et
l'hyperuricémie. Chez les hommes, la concentration sérique d'acide urique
passe de 60 mg/L chez les non-consommateurs à 57 mg/L pour les
consommateurs d'au moins 7 tasses de café quotidiennes. Chez les femmes,
l'association est moins marquée (46 mg/L chez les consommatrices et 45
mg/L chez les consommatrices d'au moins 6 tasses de café). Il existe aussi
une relation inverse entre l'incidence d'hyperuricémie et la consommation de
café chez les hommes mais pas chez les femmes. Enfin, les auteurs n'ont
observé aucun lien entre la consommation de caféine et les taux circulants
d'acide urique.
COMMENT LE CAFÉ AGIT-IL ?
La plupart des études n'observent aucun effet de la consommation de caféine
seule ou de la consommation de thé sur les concentrations d'acide urique
et/ou le développement de la goutte. Les mécanismes impliqués dans cette
prévention sont donc plutôt à rechercher du côté des autres constituants du
café. Il existe un lien très marqué entre la résistance à l'insuline et/ou
l'hyperinsulinémie et l'hyperuricémie (7). Or, l'un des composés antioxydants
majeurs du café, l'acide chlorogénique diminue la concentration d'insuline (8).
De plus, le café contient aussi des substances qui inhibent l'activité de la
xanthine oxydase, l'enzyme qui convertit la caféine en acide 1-méthylurique.
Toutefois, à ce jour le mécanisme d'action du café n'est pas éclairci. Enfin, le
thé contient comme le café des antioxydants mais ils sont un peu moins
concentrés que dans le café (9) et auraient visiblement des propriétés
différentes.
EN SAVOIR PLUS
LA CONSOMMATION DE CAFÉ NE SEMBLE PAS
AGGRAVER LE RISQUE D'OSTÉOPOROSE
La plupart des études réalisées chez des femmes ménopausées n'ont
retrouvé aucune association entre la consommation de caféine et le risque
de fracture ostéoporotique de la hanche (11 études), de l'avant-bras (2
études), de la colonne vertébrale (1 étude) et du poignet (1 étude). Cette
absence de corrélation entre la consommation de café et la densité
osseuse est retrouvée chez la femme ménopausée ou jeune (1, 2). Enfin,
une large étude de cohorte suédoise avec un suivi sur 10 ans montre
qu'une augmentation du risque de fracture n'est retrouvée que chez les
femmes consommant moins de 700 mg de calcium/jour et buvant plus de
4 tasses de café/jour (3).
Dans cette pathologie, les autres facteurs de risque sont le petit poids,
l'activité physique insuffisante, la faible consommation de calcium et la
susceptibilité génétique. Cette dernière est liée au polymorphisme du gène
du récepteur de la vitamine D qui existe sous deux formes alléliques
différentes : t ou T. Les femmes qui possèdent un génotype tt souffrent de
pertes osseuses plus marquées bien que modérées (8 %) par rapport à
celles qui possèdent le génotype TT (0,3 %) si leur ingestion de caféine
est supérieure à 300 mg/jour, soit 3 tasses de café/jour (4).
1. Waugh EJ et al. Risk factors for
low bone mass in healthy 40-60
year old women : a systematic
review of the literature. Osteoporos
Int 2009 ; 20 : 1-21.
2. Wetmore CM et al. Association
between caffeine intake and bone
mass among young women :
potential effect modification by
depot medroxyprogesterone acetate
use. Osteoporos Int 2008 ; 19 :
519-27.
3. Hallström H et al. Coffee, tea and
caffeine consumption in relation to
osteoporotic fracture risk in a cohort
of Swedish women. Osteoporos Int
2006 ; 17 : 1055-64.
4. Rapuri PB et al. Caffeine intake
increases the rate of bone loss in
elderly women and interacts with
vitamin D receptor genotypes. Am J
Clin Nutr 2001 ; 74 : 694-700.
5. Hallström H, et al. Coffee
consumption and CYP1A2
genotype in relation to bone mineral
density of the proximal femur in
elderly men and women: a cohort
study. Nutr Metab (Lond). 2010 ; 7 :
12.
De même on observe une interaction entre cytochrome P4501A2
(CYP1A2) associé au métabolisme de la caféine et la densité minérale
osseuse. Une étude récente sur un échantillon de 359 hommes et 358
femmes d'un âge moyen de 72 ans a fait état d'une diminution de 4 % de
la densité minérale osseuse chez les hommes consommateurs de plus de
4 tasses de café quotidiennes par rapport aux non-consommateurs. Cette
différence n'a pas été observée chez les femmes. La densité minérale
osseuse était significativement plus réduite au niveau du col du fémur (p =
0,01) et du trochanter (p = 0,03) chez les hommes métaboliseurs rapides
(génotype C/C) par rapport aux métaboliseurs lents de la caféine
(génotypes T/T and C/T) (5).
En conclusion, il apparaît qu'une consommation modérée de café (jusqu'à
2 ou 3 tasses quotidiennes) n'a pas d'impact significatif sur le risque de
fracture ostéoporotique, surtout s'il est associé à une prise suffisante de
calcium, en particulier chez les femmes.
EN SAVOIR PLUS
PAS DE RELATION ENTRE LE CAFÉ ET LA
POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
Walitt B, Pettinger M, Parks C. Coffee
and tea consumption and method of
coffee preparation in relation to risk of
rheumatoid arthritis and systemic lupus
erythematosus in postmenopausal
women. Ann Rheum Dis 2010 ; 69 :
350.
La consommation de café influence-t-elle le risque de développer une
polyarthrite rhumatoïde ? Des études contradictoires ont été publiées sur
le sujet, certaines mettant en cause une influence possible du mode de
préparation. Une récente étude montre une absence de relation entre
consommation de café et polyarthrite rhumatoïde.
Les auteurs ont utilisé la cohorte de la Women's Health Initiative
Observational Study (WHI-OS), comprenant 96 676 femmes âgées de 50
à 79 ans. Parmi elles, 76 643 ont rempli un auto-questionnaire fournissant
des informations sur leur consommation quotidienne de café. La
consommation a été stratifiée selon le nombre de tasses par jour et selon
la méthode de préparation (filtré par rapport à non filtré et contenant de la
caféine par rapport à décaféiné). Le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde
à 3 ans a été déterminé en utilisant une méthode d'auto-évaluation et en
suivant l'utilisation de médicaments anti-rhumatismaux. Au terme du suivi,
185 femmes étaient atteintes de polyarthrite rhumatoïde.
Les relations entre la consommation de café et le risque de polyarthrite
rhumatoïde ont été évaluées dans des modèles ajustés selon l'âge, la
pratique d'un sport, le niveau d'éducation, les antécédents de tabagisme,
la consommation d'alcool, l'indice de masse corporelle, et l'utilisation
d'hormones.
Il n'y avait pas d'augmentation du risque relatif de développer une
polyarthrite rhumatoïde chez les femmes qui buvaient du café par rapport
à celles n'en buvant pas (HR : 1,09, IC à 95 % de 0,77 à 1,54, p = 0,63).
Ce risque n'était pas significatif non plus en fonction la quantité de café
consommée (p = 0,16), que la café contienne de la caféine ou non. En
outre, la méthode de préparation du café n'a montré aucune association
significative (p = 0,08 et p = 0,38, respectivement) avec le développement
de la pathologie.
Dans cette grande cohorte, on n'a donc pas observé d'association entre la
consommation de café et le risque de développement d'une polyarthrite
rhumatoïde, même en prenant en compte la présence ou non de caféine
et la méthode de préparation.
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