2013 - Apport de l`e-santé et de la télémédecine dans les maladies
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2013 - Apport de l`e-santé et de la télémédecine dans les maladies
Symposium Gambro Apport de l’e-santé et de la télémédecine dans les maladies rénales chroniques Sous la Présidence du Professeur Philippe ZAOUI GRENOBLE 19-20 septembre 2013 HCFR15857_1 © 2013.08. Gambro Lundia AB 34 ème SYMPOSIUM GAMBRO 2013 GRENOBLE, 19‐20 septembre « Apport de l’e‐Santé et de la télémédecine dans les maladies rénales chroniques » Sous le haut patronage de Madame Geneviève Fioraso Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Jeudi 19 septembre – après‐midi 12h00 Cocktail d’accueil 13h40 Ouverture : P. ZAOUI, CHU AGDUC Grenoble ‐ S. PERRIN, Gambro ‐ O. VERAN, Député de l’Isère Session 1 ‐ Télésurveillance & Télé‐Expertise en Hémodialyse Modérateurs : J. CHANLIAU – P. PALACIN 14h00 Expérience de télésurveillance à Saint‐Brieuc C. CHARASSE, Saint‐Brieuc 14h20 Gestion délocalisée des consultations et du suivi des dialysés C. MESGUEN, Nouvelle‐Calédonie 14h40 Bioscan : un outil informatique pour gérer les indicateurs de qualité en dialyse M. BAUWENS, Poitiers 15h00 Les systèmes‐experts en dialyse J. CHANLIAU, Nancy 15h20 Télésurveillance et télédynamique : de l’intégration des résultats de biologie F. GUERBER, Grenoble dans le dossier dialyse du patient à la prescription connectée V. MENOYO, Nantes 15h50 ‐ 16h10 PAUSE Session 2 ‐ Maladies Chroniques ‐ Dossier patient – Plan de soins – Lien Ville/Etablissement de Santé Modérateurs : P. SIMON – G. MICK 16h10 Dossier régional et dispositif ZEPRA au service de la coordination des soins : Expérience de Thonon M. EUDES‐CADDOUX, Allinges 16h30 Outils permettant de faciliter l’échange d’information avec la ville et les patients 16h50 Parcours de Soins 1° recours J‐P. DESCOMBES, Grenoble G. MICK, Voiron 17h10 Télégéria : ergonomie d’une solution de télémédecine au service des spécialistes et des patients, solution mutualisable avec la ville P. ESPINOZA, Paris Plénière 17h30 – 18h20 A qui profite la Télésurveillance des maladies chroniques ? 20h00 Dîner J. DEMONGEOT, TIMC Grenoble Vendredi 20 septembre Session 3 ‐ Transplantation Rénale Modérateurs : M. KESSLER – P. ZAOUI 08h20 e‐Santé du greffé : la télémédecine au service du transplanté M. KESSLER, Nancy 08h40 Télésuivi PHRC Nantes A. MEURETTE, Nantes Session 4 ‐ Maladie Rénale Chronique : Télésuivi ambulatoire Modérateurs : A CAILLETTE‐BEAUDOIN – F. KUENTZ 09h00 Télésurveillance en DP G. COMTET, Lyon A. CAILLETTE‐BEAUDOIN, Vienne 09h20 e‐Tablet de suivi à domicile des MRC stade 3‐4 P. ZAOUI, Grenoble 09h40‐10h30 Controverse : Unité de Dialyse Médicalisée Télésurveillée (UDM‐TS) CONTRE J‐P. ORTIZ, Perpignan POUR P. SIMON, Saint‐Brieuc TABLE RONDE : D. BOUGEARD, St‐Brieuc A. GUERRAOUI, Vienne I. LANDRU, Lisieux J. BRASSEUR, Rouvroy V. MENOYO, Nantes 10h30‐11h00 PAUSE 11h00 Responsabilités – Aspects juridiques Maître L. WILLIATTE‐PELLITTERI, Lille Session 5 ‐ Apport d’Expériences et Partenaires I 11h20 Diabète type 1 Modérateurs : Q. MEULDERS – X. MOREAU‐GAUDRY P‐Y. BENHAMOU, Grenoble 11h50 Diabète type 2 DEJEUNER O. MARCHESINI, Pays‐Bas 12h15‐13h40 Session 5 (suite) ‐ Apport d’Expériences et Partenaires II 13h40 Insuffisance cardiaque A. BELIN, Caen Q. MEULDERS, Avignon L. VEGA, Nancy 14h10 Gestion de sites : ‐ Société de Néphrologie ‐ Applications de télémédecine : rappel des contraintes et des tendances 15h00 CONCLUSIONS 1 Télésurveillance et télé-expertise en Hémodialyse : expérience de télésurveillance de Saint Brieuc Christophe Charasse Service de Néphrologie-Dialyse, Hôpital Yves Le Foll, Saint Brieuc Le vieillissement de la population d’hémodialysés, souvent porteurs de nombreuses Co morbidités, et d’abords vasculaires fragiles, leur souhait de bénéficier d’un traitement de proximité et la rareté de la ressource en néphrologues et/ou la nécessité d’utiliser cette ressource de manière optimale (au profit des consultations, des actions de prévention, d’information et d’éducation thérapeutique), bousculent l’organisation du traitement par dialyse dans les territoires de santé. Les progrès technologiques, le contexte réglementaire et la dynamique relative à la télémédecine permettent aujourd’hui de proposer à une partie de ces patients un traitement dans des Unités de Dialyse Médicalisées Télé-surveillées (UDMT) de proximité. Cette modalité de traitement complète les autres modalité susceptibles de répondre, différemment, aux besoins de cette nouvelle population, qu’il s’agisse de l’élargissement des indications de greffe, du déploiement de la dialyse péritonéale à domicile ou en institution, de la dialyse longue, de la dialyse quotidienne à domicile… L’objet de cette présentation est de décrire les modalités de fonctionnement de ces UDMT, leur intérêt et leurs insuffisances, en insistant sur l’apport télésurveillance des séances permise par télétransmission en temps réel des paramètres de dialyse. Le fonctionnement des UDMT repose techniquement sur trois dispositifs imbriqués entre eux : la visioconférence, la télétransmission des données de dialyse en temps réel, le dossier informatisé partagé entre UDMT et centre de référence. La téléconsultation lors de la séance de dialyse en UDMT s’appuie simultanément sur ces trois dispositifs qui nécessitent tous trois : - un environnement nécessairement sécurisé que nous ne détaillerons pas ici - leur mise en connexion dès l’ouverture de l’unité satellite afin de pouvoir intervenir en cas d’urgence - le support d’une équipe informatique en temps réel (avec dans notre établissement une procédure de gestion d’appel en ligne dénommée « Info15 » et un numéro de téléphone unique) - la formation continue des infirmiers travaillant dans ces unités - un plateau technique de proximité disposant d’un SMUR, et si possible d’un laboratoire de biologie et d’imagerie. ♦ La visioconférence : Conditions de fonctionnement en routine: • Bonne qualité audio visuelle • Mini transmissions inaugurales éventuelles entre soignants distants et soignants du centre de référence • Horaire de la téléconsultation en milieu de séance, quand les soignants distants sont libérés des branchements • Echange premier entre infirmiers distants et néphrologue • Visite des patients un par un, la visioconférence se faisant en trio (patient/infirmier/néphrologue) grâce à une station mobile et sauf demande expresse par le patient d’un entretien singulier. Points forts : • Convivialité 2 • • • • • Bonne acceptation y compris par les patients les plus âgés Confidentialité équivalente sinon meilleure qu’en visite traditionnelle, grâce à au micro-casque qui isole les interlocuteurs de leur environnement Equivalence entre les interlocuteurs de par leur position d’égal à égal devant une caméra et un écran Echange pluridisciplinaire apprécié par les patients (car ils sont partie prenante dans l’échange infirmier/médecin) et plus aisé qu’avec un simple téléphone Ce que confortent les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des patients. Inconvénients et améliorations souhaitables : • Examen clinique incomplet ; il explique probablement en partie le taux de dialyse en repli (18 % de séances sur 5 années dans notre expérience), le patient étant rapatrié sur le centre de référence en cas de doute clinique. • Solidité perfectible des micro-casques qui sont utilisés intensivement et par de nombreux professionnels. ♦ Le dossier partagé: Conditions de fonctionnement en routine: • Intégration maximale des diverses applications − Dossier infirmier d’hémodialyse − Dossier médical du patient − Imagerie − Biologie − Logiciel de prescription médicamenteuse Intérêt : • Support commun garant de la transmission des informations, de la sécurité des patients, et du confort de travail des professionnels • Réalisation des prescriptions en ligne • Pas de redondances, pas de recopies • Accès aisé du patient à son dossier depuis l’UDMT Inconvénients et améliorations souhaitables : • Pas de signature électronique des ordonnances • Pas d’intégration des résultats biologiques du laboratoire distant : en dehors des bilans d’urgence, soit les prélèvements mensuels sont acheminés au laboratoire de Saint Brieuc pour être intégrés à sa base de données biologiques, soit le patients se fait prélever lors d’une dialyse trimestrielle au CH de Saint Brieuc ♦ La télétransmission des données de dialyse en temps réel: Conditions de fonctionnement en routine: • Connexion effectuée dès l’ouverture de l’UDMT et Néphrologue disponible • Réseau haut débit • Application logicielle spécifique (EXALIS, Bed Net,) pour la transmission des paramètres du générateur vers le dossier du patient 3 • • Support informatique efficace en temps réel (procédure d’appel en ligne) Ecrans multiples côté régie (centre de référence) : ceci permet de visualiser sur des écrans différents : le patient, ses paramètres de dialyse et son dossier ; ainsi idéalement 3 écrans simultanés sont nécessaires pour une meilleure convivialité, sinon le médecin se détourne excessivement de l’entretien avec le patient. Avantages : • L’accès aux paramètres de séance est le complément habituel d’une visite traditionnelle, non télé-surveillée, en hémodialyse • La visualisation instantanée d’une série de données présentées de manière graphique et ergonomique : − facilite la détection d’événements indésirables ou dérives ; par exemple, la visualisation simultanée des courbes de dialysance, de débit de pompe à sang effectif et des pression artérielle et veineuse de l’abord vasculaire, renseigne instantanément sur la performance de ce dernier (figure 1), de même celle des courbes de fréquence cardiaque, pression artérielle systolo-diastolique, perte de poids, variation de volémie et transfert de masse pour l’analyse hémodynamique (figure 2) − facilite le contrôle de l’exécution des prescriptions − facilite le contrôle de l’efficacité (figure 3) ou de l’inefficacité (figure 4) d’une prescription − facilite le contrôle de la qualité de la surveillance des dialyses par les infirmiers − conforte les soignants distants dans leur accompagnement − favorise la relation de confiance avec les patients qui se sentent étroitement suivis − permet d’analyser la séance ou un incident de séance avec l’infirmier sur un fait objectif et non sur une interprétation, une transmission orale ou la recopie d’une mesure − permet de partager les connaissances − facilite l’appropriation des outils, par les soignants : par exemple, en vue du suivi préventif des dialysances, des variations volémiques, ou de la dose de dialyse • Cette analyse en temps réel peut être complétée par l’analyse des historiques sur une période donnée (figure 5); présentés de manière ergonomique, ces historiques permettent de mieux détecter de minimes dérives (figure 6) ou bien de mieux confronter des paramètres les uns aux autres (figure 7). Difficultés rencontrées : • Pertes de données (rares) • Manque de temps médical pour une exploration exhaustive en routine • Présentation graphique imparfaite des données, obligeant à des manipulations consommatrices de temps (figure 8) voire source de mauvaise interprétation • Complexité des présentations graphiques et des tableaux de données lorsqu’on exploite des générateurs différents exportant des paramètres différents ou dans des formats différents : par exemple la volémie peut être 4 • indiquée en pourcentage ou en variation de la volémie de départ selon le générateur utilisé (figure 9) Complexité de l’analyse en rapport avec la diversité des données : intérêt des systèmes experts visant à sélectionner les événements critiques ou d’intérêt ; ainsi certains modèles pourraient aider la détection d’une sténose ou une thrombose de fistule artério-veineuse avec une bonne valeur prédictive (figure 10) Ce triple dispositif complète la consultation mensuelle réglementaire en face à face avec le patient, et s’enrichit d’une communication par messagerie pour les problèmes mineurs, des visioconférences ou des visites sur site par les cadre, médecins, biomédicaux, et, concernant les paramètres de dialyse, leur analyse médicale différée par le néphrologue. En effet avec l’expérience il s’avère plus pratique de mener cette dernière en dehors (ou en préparation) de la téléconsultation (ou de la consultation) car elle détourne le médecin du patient et immobilise les infirmiers lorsque elle est réalisée pendant celles-ci. L’effectif médical doit donc être adapté. En conclusion, la dialyse en UDM télésurveillée a permis au Centre Hospitalier de Saint Brieuc de proposer à une catégorie de patients sélectionnés mais non indemnes de Co morbidités, relativement âgées (âge médian de 74 ans pour les premiers 41 patients pris en charge dans ces unités) et, pour 25 % d’entre eux, traités sur cathéter, un traitement de proximité où diligenter des médecins néphrologue était impossible et consommateur de temps. Le dispositif technique utilisé (dialogue partagé via la visioconférence, dossier partagé, inspection partagée en temps réel des paramètres de dialyse) intègre au mieux ces unités déportées dans le centre de référence. Il ne répond pas à tous les besoins puisque les patients les plus lourds de certains secteurs restent tributaires de lointains déplacements. Décliné de manière diverse en fonction de la morbidité des patients traités, et selon qu’on privilégie le contact audiovisuel ou le suivi des paramètres de dialyse, il peut améliorer la prise en charge de patients hémodialysés dans d’autre type de structure comme l’autodialyse. Dans les UDM et pour des patients ayant le profil de ceux que nous y avons installés, le suivi en temps réel des paramètres de dialyse nous paraît indispensable compte tenu de la fragilité relative des patients traités, comme de leur abord vasculaire, qui implique un suivi préventif de leurs performances. De plus il a une vocation didactique vis à vis de soignants relativement isolés qui se savent ainsi non pas tant surveillés qu’accompagnés et sécurisés dans leur précieux exercice. 5 Fig. 1 : Surveillance de l’abord vasculaire : données instantanée d’une séance (logiciel SINED Medware) Fig. 2 : Confrontation des données hémodynamiques au cours d’une séance avec l’application Querywiew, SINED Medware (patient ici sous protocole Hemocontrol™) 6 Fig. 3 : Amélioration de la dialysance ionique après changement des aiguilles (Application Vascontrol) Fig. 4 : Souffrance d’une fistule artério-veineuse avec dérive des pressions et baisse de la dialysance ionique lors d’une tentative d’augmentation du débit de pompe (Application Vascontrol) 7 Fig. 5 : Historique par défaut d’un patient, affichant ici simultanément la courbe de 10 paramètres; on peut zoomer sur chaque graphique pour une meilleure analyse (Application Querywiew, SINED Medware): Fig. 6 : Dérive des pressions et dialysances ioniques en rapport avec une sténose de la fistule artério-veineuse (Application Vascontrol) 8 Fig. 7 : Amélioration progressive de l’état général d’un patient en retour de greffe, avec augmentation progressive de son « poids sec » ; confrontation à son évolution tensionnelle : Fig. 8 : Historique d’un patient sur 5 mois, chez lequel on a remonté progressivement le « poids sec » ; la variation de volémie per dialytique devient modeste, la tension artérielle reste normale. La présentation des mêmes résultats sous forme d’une droite régression (graphiques de droite) facilite l’appréciation de la tendance : Fig. 9 : Historique d’un patient sur 6 mois : variation de la volémie per dialytique. La courbe du haut affichée par défaut représente toutes les séances sur la période ; dans la 9 courbe du bas, les séances réalisées sur le générateur exportant les variations de volémie en % de diminution par rapport à la volémie de départ sont supprimées, donnant une courbe où seules subsistent les volémies estimées en % de la volémie de départ, rendant l’analyse plus aisée. 10 Fig. 10 : Principes d’un système expert pour la détection des sténose des fistules artérioveineuses (Application Vascontrol) : les innombrables mesures concernant les paramètres d’intérêt (ici pressions artérielle et veineuse, débit sanguin effectif et dialysance ionique) sont affectées d’un score tiré des observations cliniques ; un réseau Bayesien dynamique simulant l’analyse humaine permet d’établir un algorithme qui pourrait déclencher des alertes selon des critère prédéfinis. Des relations de cause (ici les dérives des paramètres d’intérêt) à effet (ici la thrombose ou sténose de fistule) sont probabilisées à partir de l’observation (1) 11 Haemodialysis with on-line monitoring equipment: tools or toys? Locatelli F, Buoncristiani U, Canaud B, Köhler H, Petitclerc T and Zucchelli P, Nephrol Dial Transplant (2005) 20: 22–33 A decision support system for the monitoring of patients treated by hemodialysis based on a bayesian network Smaili C, Rose C and Charpillet F _EMBEC http://hal.inria.fr/docs/00/04/10/90/PDF/ArticleEMBEC.pdf Apport d’un système expert dans la définition du poids sec. Chanliau J, Rose C, Vega L, Charpillet F. In: XXXIVèmes Séminaires d'Uro-Néphrologie. Paris, éd. Association Uro-Néphrologique de la Pitié Salpêtrière ; 2009, p. 43-47 Automatic Evaluation of Vascular Access in Hemodialysis Patients. Rose C, Béné B, Charpillet F, Chanliau J. In Proceedings of the XXXVII European Society for Artificial Organs Congress - ESAO’10, Skopje, R. Macedonia, sept. 2010 Int J Artif Organs. 2010 Jul; 33(7): 422-90 « Etude clinique rétrospective d’un système expert d’évaluation de la fistule artério-veineuse » Stanescu C, Boulahrouz R, Charasse C, Leonetti F, Le Cacheux P, Potier J, Bene B: 14ème réunion commune de la Société de Néphrologie Francophone de Dialyse, 2-5 octobre 2012, GENEVE (Communication affichée) Nephrol Ther 8 (2012) AD 35 p. 310 Téléconsultation et Téléprésence robotisée : suivi optimisé des patients hémodialysés en Nouvelle-Calédonie Caroline Mesguen, Jean-Michel Tivollier, Mathieu Sacquépée Service de néphrologie-hémodialyse, centre hospitalier territorial de Nouméa, Nouvelle-Calédonie Hémodialyse, association pour le traitement de l’insuffisance rénale en Nouvelle-Calédonie (ATIR NC) 1. PRESENTATION DE LA NOUVELLE-CALEDONIE La Nouvelle-Calédonie est située dans l’océan Pacifique, à 1500 km à l’est de l’Australie et, à 1800 km au nord de la Nouvelle –Zélande. Il s’agit d’un pays d’outre-mer distant de 17000 km de la Métropole. Cet archipel, d’une superficie de 18575,5km2, est composé d’une île principale, la Grande Terre, et de petites îles : les îles Belep, l’île des Pins, et les îles Loyauté (Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré). La superficie de la Grande Terre est d’environ 16374 km2 (soit 7,4 fois l’île de La Réunion), elle s’étend sur 400 km de long et 50 à 70 km de large. Le transport intérieur est limité à une route principale longeant les côtes Est et Ouest et de 4 transversales reliant ces 2 côtes à travers le massif montagneux. Il n’existe pas de réseau ferroviaire. Des lignes intérieures permettent d’assurer en avion la liaison entre Nouméa, la capitale, et les villes de la Grande Terre, ainsi qu’avec les îles adjacentes. Celles ci sont également accessibles par le transport maritime. La GrandeTerre est divisé administrativement en 3 provinces : la province Sud, la Province Nord, et la province des îles Loyauté. Au recensement de 2009 la Nouvelle-Calédonie comptait 245 580 habitants avec une répartition géographique très déséquilibrée : 74,52% des personnes résidaient en Province Sud avec plus de 97500 habitants dans le « GrandNouméa », 18,4% vivaient en Province Nord et 7,1% aux Iles Loyautés. La densité d’habitants était seulement de 4,71 habitants/km2 en province Nord contre 26,1 habitants/km2 en Province Sud. Il s’agit d’une population jeune, les moins de 20 ans représentant 34,4% et l’espérance de vie est de 76 ans soit 6 ans de moins qu’en métropole. La population est cosmopolite, les Mélanésiens ou Kanaks (population native) représentent 40,3% de la population, suivis des Européens (29,2%), des Wallisiens et Futuniens (8,66%), des différents groupes asiatiques (Indonésiens, Vietnamiens, et Chinois) (3,3%) et enfin des Tahitiens et des Ni-Vanuatu (1). Les cultures et mode de vie de chaque ethnie différent. Les Kanaks sont attachés à un mode de vie traditionnel, ainsi, en 2009, plus de la moitié d’entre eux déclaraient résider en tribu. Celles ci sont majoritairement situées à l’est et au nord de la Grande-Terre. 2. DESCRIPTION ET MODALITE DE PRISE EN CHARGE DE L’IRCT EN NOUVELLECALEDONIE Les principales causes de l’IRC en Nouvelle-Calédonie sont le diabète de type 2 (27%) et l’HTA (15%) (2). En rapportant le nombre de patients à la population concernée (comprenant la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna dans la mesure où ces patients sont pris en charge par la Nouvelle-Calédonie), on obtenait en 2010 un taux de prévalence de l’insuffisance rénale chronique terminale traitée (par dialyse ou greffe) égal à 1 695 par million d’habitants (pmh) (2). Pour comparaison, la même année, le Registre REIN (Réseau Épidémiologie Information Néphrologie) incluant 23 régions françaises, indiquait un taux de prévalence de 1060 pmh (3). Des unités d’hémodialyse de proximité (UHP) et des unités de dialyse médicalisée (UDM) ont été créés et réparties sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie ainsi qu’à Wallis de façon à favoriser le maintien à domicile de ces nombreux patients hémodialysés. L’UHP est une entité spécifique de la Nouvelle-Calédonie, elle est située à proximité d’un hôpital ou d’un dispensaire. Les patients sont hémodialysés sur FAV et stabilisé sur le plan hémodynamique et infectieux mais peuvent présenter de lourdes comorbidités et ont un degré d’autonomie variable. Au vu de l’étendue du territoire, 12 UHP et 2 UDM ont été implantées en NouvelleCalédonie et à Wallis entre 1996 et 2011. Elles sont gérées par l’Association de prévention et de Traitement de l’Insuffisance Rénale de Nouvelle-Calédonie (ATIR NC, secteur associatif) pour la plupart et par l’Unité de Néphrologie-Hémodialyse (UNH, secteur privé). Cette organisation, adaptée aux besoins des patients, implique toutefois un éloignement du centre lourd de Nouméa, lieu d’exercice des néphrologues. Les médecins, la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales (DASS) et le gouvernement de Nouvelle-Calédonie ont donc, depuis une dizaine d’années, développé la télémédecine en néphrologie. « Souvent les situations difficiles sont l’occasion de voir émerger des nouvelles organisations » (4). 3. TELECONSULTATION ET TELEPRESENCE ROBOTISEE La télémédecine est définie dans la loi du 21 juillet 2009 (5) portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. » Les actes de télémédecine sont : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale, et la réponse médicale. A Nancy la télémédecine a tout d’abord été expérimentée en dialyse péritonéale à domicile avec la saisie par le patient des données cliniques (poids, tension artérielle, diurèse) par internet sécurisé. Les données étaient alors stockées sur le serveur Diatelic consultable par le néphrologue mais également le médecin traitant. Une messagerie sécurisée permettait une communication aisée entre le néphrologue et le patient. Les résultats montraient une diminution du nombre de jours d’hospitalisation, des déplacements auprès du néphrologue, une amélioration du contrôle du poids et un meilleur contrôle tensionnel. Par la suite cette expérience a été étendue aux unités d’autodialyse (6). Le Dr Charasse, exerçant à St Brieuc a présenté en 2012 lors de la Société Française de Néphrologie les résultats de cinq années de suivi par téléconsultation de patients hémodialysés, entre le centre de Saint Brieuc et les UDM de Paimpol et Lannion (7, 8). Les travaux du Dr Simon, coauteur du document « Place de la télémédecine dans l’organisation des soins », en novembre 2008, ont permis de grandes avancées dans l’analyse de la télémédecine, de ses enjeux et des précautions à prendre concernant son utilisation (4). A Madrid la télémédecine a été évaluée en dialyse péritonéale sur une période de deux ans. Un groupe de patients étaient suivis par téléconsultation à domicile en alternance avec des consultations à l’hôpital contre un groupe contrôle suivi uniquement en consultation à l’hôpital. L’étude a montré un temps d’hospitalisation plus court et une prise en charge moins onéreuse chez les patients suivis par téléconsultation (9). Au Japon la télémédecine est également utilisée en dialyse péritonéale. Les paramètres de surveillance du patient (pression artérielle, fréquence cardiaque, et glycémie pour les patients diabétiques) sont transmis à un ordinateur portable de la taille d’un téléphone mobile (via une connexion directe avec le tensiomètre, lecteur glycémique voir podomètre). Ces données sont alors accessibles au médecin et au patient par internet sécurisé (10). Au Canada le projet Télénéphro en 2001 a étudié la télésurveillance, la téléexpertise et la téléformation dans différents centres de dialyse. Ce projet a été mené dans le Nouveau –Brunswick, où seulement 6 néphrologues prennent en charge 850 patients hémodialysés, dialysés péritonéaux ou greffés. L’expérience a été concluante en terme de satisfaction des patients et du personnel médical ainsi qu’en terme de qualité de prise en charge (11). En dehors de la dialyse, la télémédecine s’applique à bien d’autres pathologies chroniques qui sont majoritairement le diabète, l’insuffisance cardiaque, l’hypertension, et les maladies respiratoires chroniques (22, 13, 14). Le décret du 10 février 2012 intègre la télémédecine à la prise en charge des patients hémodialysés (15) et autorise le fonctionnement d’UDM située à distance du centre lourd de dialyse. Il s’agit d’une nouvelle option de prise en charge, adaptée aux patients ne répondant pas aux critères d’autodialyse. La prise en charge comporte une visite médicale sur site une fois par mois et une téléconsultation une à trois fois par semaine. En Nouvelle-Calédonie le dossier médical informatisé existe depuis 1997 via le logiciel « Cedrim ». Les téléconsultations sont réalisées depuis quelques années par vidéoconférence avec du matériel Polycom et plus récemment à l’aide d’un serveur vidéo, le logiciel de communication Vidyo (application utilisée par Google). Les consultations sur site ont lieu toutes les cinq semaines, à l’exception de Wallis, situé à 2088 km de Nouméa, où le rythme est trimestriel. Le rythme des téléconsultations est en cours de réflexion. En 2012, un robot de téléprésence « JAZZ », commercialisé par Gostai puis Aldebaran Robotics, a été importé par l’ATIR NC et installé au centre de dialyse de Poindimié à 320 km de Nouméa. Il est utilisé de façon hebdomadaire par le néphrologue qui le pilote à distance dans le centre de dialyse. Cet outil est utilisé aux Etats-Unis au centre médical Ronald Reagan en Californie. A notre connaissance ce type d’interface n’est pas encore utilisé en France. Cette nouveauté dans le domaine de la prise en charge des patients hémodialysés a été récompensée du deuxième prix du public lors de la seconde édition des Etats généraux de la Santé en Régions en septembre 2012. Malgré l’apport de ces nouvelles technologies et l’évolution de la législation en métropole, il n’existe pas de cadre réglementaire définissant la place de la téléconsultation dans le suivi des patients hémodialysés chroniques en NouvelleCalédonie. Nous avons donc souhaité évaluer et valider ce mode de prise en charge par une étude menée entre octobre 2012 et mars 2013. 4. ETUDE Nous avons comparé deux groupes de patients hémodialysés dans les UHP : les patients situés dans les centres les plus éloignés de Nouméa étaient suivis par téléconsultation en alternance avec une consultation sur site et les patients situés à proximité de Nouméa étaient suivis par consultation sur site uniquement. La fréquence de suivi était mensuelle. Notre objectif était de comparer ces patients en terme de paramètres biologiques, de complications d’abord vasculaire, d’événements perdialytiques, de replis et d’hospitalisations. Les deux groupes étaient composés d’un effectif de 61 patients. Une revue de la littérature en 2006 dénombrait 130 études dans le monde sur la télémédecine (comprenant une analyse du devenir des patient, du personnel et une évaluation économique). Seule la moitié de ces études présentait plus de 50 patients dans chaque bras (16). Dans notre étude les patients ne présentaient pas de différence significative en terme d’âge, de sexe, de temps passé en hémodialyse, d’IMC, de comorbidités (calculées par l’indice de Charlson), et d’autonomie. Les hommes représentaient la majorité des patients des deux groupes, l’âge était de 56,6 ans dans le groupe suivi avec téléconsultation et 59,9 ans dans le groupe sans téléconsultation. Les patients étaient diabétiques à 45,9% et 44,2% respectivement. Nous n’avons pas recueilli l’ethnie des patients mais il s’agissait en majorité de patients Mélanésiens et Wallisiens. Les habitudes alimentaires et la sédentarité liées à un mode de vie occidentalisé expliquent cette proportion de diabète avec un IMC moyen de 29,4 et de 30,4. Pour comparaison l’IMC moyen chez les patients dialysés sur les 23 régions françaises en 2010 était de 25,5 (3). L’index de Charlson était élevé, de 5,7 et 6,1 respectivement, démontrant une certaine comorbidité malgré une moyenne d’âge de moins de 60 ans. Les patients ont été suivis durant 15 semaines soit un total de 3,8 et 3,9 consultations dans chaque groupe. Les téléconsultations ont représentées 58% des contacts dans le premier groupe dont 37,6 % via une tablette Samsung. En raison de problème de connexion wifi les autres téléconsultations ont été réalisées par ordinateur classique une fois la séance de d’hémodialyse terminée. Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative entre les deux groupes en fin d’étude concernant les paramètres biologiques à l’exception du taux moyen d’albuminémie qui est resté plus élevé dans le groupe avec téléconsultation. Ceci peut indiquer que ces patients situés à distance de Nouméa sont moins sujets aux sollicitations de la grande distribution et ont conservé une alimentation plus rurale. L’albumine était toutefois satisfaisante dans les deux groupes en moyenne de 39,2 et 38 g/l. Les résultats sont à interpréter prudemment en raison de la courte durée de l’étude, particulièrement pour les dosages de ferritinémie et PTH qui sont des paramètres mesurés tous les 3 mois selon les recommandations (17, 18). Tous les patients étaient hémodialysés sur une FAV, les patients porteurs de cathéters centraux étant hémodialysés en centre lourd à Nouméa. Nous n’avons pas constaté de différence significative en terme de nombre de thrombose, et de geste d’angioplastie entre les 2 groupes malgré un suivi des débits plus étroit dans le groupe suivi sans téléconsultation. Ce groupe était équipé de générateurs avec le module BTM, outil de mesure de débit par thermodilution. Les débits de FAV dans le groupe suivi par téléconsultation étaient réalisés par échodoppler par les médecins lors des visites sur site. Une infection de FAV est survenue dans le groupe avec téléconsultation et traitée médicalement. Nous n’avons pas retrouvé de différence significative entre le nombre de complications perdialytiques survenues dans les deux groupes. De même la nature de ces évènements ne différait pas et était majoritairement représenté par des problèmes de volémie à 52,8% et 48,3% respectivement. En revanche les médecins ont été significativement plus sollicités lors de ces complications dans le groupe suivi avec téléconsultation. On pourrait donc penser que les problèmes survenus étaient plus sévères mais on constate qu’il n’y a pas de différence significative entre les groupes concernant le nombre de replis, de transferts aux urgences et d’hospitalisations. Il est possible d’avancer comme hypothèse que le personnel des unités de dialyse situées à proximité du centre hospitalier et des néphrologues se sente faussement sécurisé par cette proximité physique et contacte moins souvent le néphrologue d’astreinte. Les résultats sont encourageants pour la poursuite de la téléconsultation mais il faudra confirmer ces données sur un temps d’observation plus long. Concernant la téléprésence robotisée, le robot Jazz présent dans l’UHP de Poindimié a l’avantage d’apporter au médecin une certaine autonomie. Nous avons mené le même profil d’étude pour comparer les patients suivis par téléprésence aux patients suivis par visite sur site avec une fréquence de suivi cette fois hebdomadaire. Le suivi a été de 25 semaines et a comparé deux groupes de 18 et 36 patients. Les résultats n’étaient pas statistiquement différents entre les deux groupes en terme de paramètres biologiques, de nombre de « séances évènements » par patient, et d’hospitalisations. En revanche les replis et les transferts aux urgences ont été statistiquement plus nombreux dans le groupe suivi par téléprésence. Le taux de thrombose de FAV n’était pas différent mais deux épisodes infectieux sont survenus dans le groupe suivi avec le robot. Ces résultats sont à interpréter avec prudence car le suivi a été moins soutenu dans le groupe suivi par téléprésence en raison de problèmes technologiques. Ces contraintes sont toute fois à prendre en compte de façon à mieux les anticiper et recourir alors à des mesures dégradées voir au déplacement sur site. 5. CONCLUSION La téléconsultation est donc une opportunité pour la prise en charge des patients hémodialysés chroniques en Nouvelle-Calédonie, zone de faible densité démographique avec un découpage culturel important. L’enjeu est de maintenir les patients de plus en plus âgés à domicile tout en leur assurant une qualité de prise en charge optimale. Les téléconsultations demandent une organisation par processus compte tenu de la complexification technique de la consultation. Ceci ne peut se concevoir que dans un travail d’équipe optimal. La téléprésence robotisée nous semble une alternative très intéressante aux techniques de communication classique, avec de nouvelles perspectives du fait de l’ amélioration constante des technologies de réseau et de robotique, donnant plus d’autonomie au professionnel situé à distance. Références 1. ITSEE : Institut Territorial de la Statistique et des Etudes Economiques 2. Direction des affaires sanitaires et sociales : « Situation sanitaire en Nouvelle–Calédonie »; Les insuffisants rénaux chroniques. 2010 3. Registre REIN (Réseau, Epidémiologie, information, Néphrologie). Rapport annuel 2010. Agence de la Biomédecine 4. Simon P, Acker D. Place de la télémédecine dans l’organisation des soins, ministère de la Santé et des Sports, DHOS, novembre 2008. 5. Loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires. Journal Officiel de la République Française 2009; 22 Juillet. 6. Durand PY, Chanliau J, Kessler M. Télémédecine par Diatelic : résultats préliminaires d’une expérience pilote régionale. VIIIe Symposium du registre de Dialyse Péritonéale de Langue Francaise. Avril 2005 7. Communication orale du Dr Charasse à la Société française de Néphrologie en 2012. 8. Charasse.C, Boulahrouz R, Leonetti F, Potier J, Stanescu C, Le Cacheux P, Kim Sen Ang, Baluta S. Hémodialyse en unité de dialyse médicalisée télésurveillée :une expérience de cinq années. Néphrologie et Thérapeutique. Available online, 12 februar 2013 9. Gallar.P, Vigil A, Rodrigez I. Two years experience with telemedicine in the follow up of patients in home peritoneal dialysis. J telemed Telecare. Septembre 2007. Vol 13. N°6: 288-292. 10. Nakamoto.H. Telemedicine system for patients on continuous ambulatory peritoneal dialysis. Perit Dial int. 2007 juin. Vol 27. Suppl 2 S21-S26. 11. Dorval M. La télésurveillance, expérience canadienne. Journal de l’association des techniciens de Dialyse. Mars 2001. N°12. 12. Sicotte C, Mogadem K, Vasilevsky M, Desrochers J, St Gelais M. Use of telemedicine for haemodialysis in very remote areas : the Canadian first Nations. Journal of telemedicine and telecare 2011; 17 : 146-149 13. Whitten PS. Systematic review of cost effectiveness studies of telemedicine interventions. BMJ 2002 ; 324 : 434-37. 14. Pare G, Mogadem K. La téléseurveillance à domicile au service des maladies chroniques et du réseau de la santé. Juin 2008. (9 ème symposium franco-québéquoise sur la télésanté) 15. Décret n° 2012-202 du 10 février 2012 modifiant les conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé qui exercent l'activité de traitement de l'insuffisance rénale chronique par la pratique de l'épuration extrarénale. Journal Officiel de la République Française 2012;12 février. 16. Bensik M, Hailey D, Wooton R. A systematic review of successes and failures in home telehealth: preliminary results. Journal of Telemedicine and Telecare 2006;12 (Suppl. 3): 53:8-16. 17. KDIGO: Clinical Practice Guidelines for Anemia in Chronic kidney Disease. Vol 2; Issue 4. Aout 2012 18. KDIGO: Clinical Practice Guidelines for the Diagnosis, Evaluation, Prevention, and Treatment of Chronic Kidney- Mineral and Bone Disease (CPK-MBD)Vol 76;Suppl 113. Aout 2009. BIOSCAN : outil informatique d’aide à la gestion des indicateurs de qualité en hémodialyse. M. Bauwens, F. Plasse, S. Belmouaz Service de néphrologie-hémodialyse-transplantation rénale CHU Poitiers INTRODUCTION Dans le centre lourd de dialyse du CHU de Poitiers, nous avons eu l’opportunité, en collaboration avec le service R&D de Gambro Industries, de tester un logiciel nommé BIOSCAN dont le but est d’accéder rapidement à une masse de données concernant aussi bien les séances de dialyse que les résultats biologiques du patient afin d’adapter le traitement aux indicateurs de qualité. MATERIEL ET METHODES Notre unité comporte 19 postes de dialyse et 3 postes de repli fonctionnant 6 jours sur 7 avec 3 séances par jour. En 2012 nous avons réalisé un peu plus de 17000 séances de dialyse avec une file active de 106 patients au 31 décembre 2012. La modalité de dialyse dans l’unité est l’hémodialyse conventionnelle. Le parc de générateur est homogène fait d’AK 200 S Ultra. L’informatisation repose sur HEMADIALYSE avec, sur chaque générateur, une Hémabox. Le logiciel en développement Bioscan est connecté depuis mars 2011 et subit régulièrement des modifications afin de répondre aux exigences des utilisateurs. Il extrait chaque semaine à partir de la base de données Hémadialyse les données de la séance issues du générateur ainsi que les données de la surveillance standard clinique et biologique du patient. L’ensemble de ces données est ensuite trié et classé grâce à un système expert afin de pouvoir être analysé dans les chapitres correspondant aux indicateurs de qualité choisis. RESULTATS Ainsi nous avons choisi de réaliser un classement de la population du centre en fonction de la position de la donnée dans la cible recommandée ou un peu en dehors ou encore franchement en dehors, selon un code numérique (1, 2, 3) et couleur (vert, orange, rouge). Le paramétrage de la cible est ajusté par l’utilisateur. Les données recueillies portent sur une période de 6 mois avec possibilité pour l’utilisateur, de modifier cette période de 6 mois sur un temps plus court ou plus long afin de juger de la stabilité du patient dans une cible choisie. L’absence de recueil de données patient depuis plus d’un mois exclu le sujet de l’analyse. Les données correspondant au fonctionnement de l’abord vasculaire, à la dose de dialyse, au métabolisme phosphocalcique, à l’anémie, à la pression artérielle, à la nutrition, aux kaliémies pré dialytiques et à la qualité du respect de la prescription de la dialyse, sont traitées dans différents chapitres du logiciel, permettant un analyse globale de la population tout en ayant un accès instantané aux données individuelles. Il offre également la possibilité d’identifier rapidement les patients présentant une situation à risque par rapport aux indicateurs de qualité retenus, et d’évaluer les effets d’un nouveau traitement administré à un sous groupe de patients. CONCLUSION L’installation de ce logiciel est facile lorsque les générateurs de l’unité sont connectés à Hémadialyse via l’Hémabox et que les données biologiques sont intégralement collectées dans Hémadialyse. L’appropriation du logiciel par les utilisateurs médecins est simple et permet à l’occasion des staffs médico-infirmiers, une prise en charge optimale des malades en impliquant l’ensemble des acteurs ce qui nous a permis de renforcer l’utilisation des outils de recueil des informations par l’ensemble de l’équipe. Les systèmes experts en dialyse Dr Jacques Chanliau ALTIR Le développement des systèmes d’information et des possibilités de transmission de données mettent à la disposition des médecins une masse de plus en plus importante d’informations, dont l’analyse doit lui permettre d’améliorer la qualité des soins aux malades. L’insuffisance rénale, maladie chronique dont l’évolution des complications peut facilement se prêter à une modélisation, est un terrain privilégié pour le développement de systèmes experts. De plus, la dialyse, et en particulier son générateur, est source d’une importante collection de données, qui sont en général peu ou pas exploitées. Il nous a paru nécessaire de mettre en place des systèmes experts pour pouvoir exploiter cette masse de données. Les systèmes experts développés ne vont pas modéliser le raisonnement humain, mais tenter de fournir une performance comparable à l’expert humain, qui va fournir non seulement sa connaissance, mais aussi des heuristiques qu’il aura acquises. Ces heuristiques seront des méthodes de calcul fournissant rapidement une solution, sans pour autant que cette solution soit optimale. Les systèmes experts les plus classiques, à base de règles, peuvent être d’un apport précieux du fait de facilité offerte par l’informatique pour réunir les différentes données et pour les analyser ensemble. C’est ce qui est utilisé pour l’optimisation du traitement de l’anémie. Les algorithmes d’inférence utilisés sont les chainages avant ou arrière. Dans le cadre du traitement de l’anémie par les agents stimulants l’érythropoïèse (ASE), on ne peut en effet se contenter du seul résultat d’un dosage d’hémoglobine pour décider d’une modification de la dose de médicament. L’informatique permet de faciliter grandement la recherche et l’analyse des différents éléments menant à la décision. Ainsi, à chaque fois qu’un nouveau résultat de dosage d’hémoglobine, de dosage de fer ou de saturation ou de ferritine, et d’un dosage de CRP, une analyse complète est lancée : - Le dernier résultat d’hémoglobine est-il dans les cibles fixées par le médecin ? - Sinon, le résultat constaté est-il susceptible d’être en relation avec une modification de l’état d’hydratation du patient (hémodilution ou hémoconcentration : utilisation de la variation du taux de protéines comme approche) ? - Si le taux d’Hb est inférieur à la cible, le patient dispose-t-il d’un stock de fer suffisant (statut martial) ? - Si oui, ce fer est-il mobilisable (utilisation de la CRP) ? - D’autres évènements peuvent-ils expliquer le résultat (hospitalisations, saignements, coagulation d’un circuit extra-corporel, événement autre) ? Il est donc nécessaire de réunir tous ces résultats, ce qui est instantané si l’on dispose d’un fichier informatique bien tenu. L’étape ultérieure va concerner les recommandations d’usage des ASE, recherchant par exemple si ce résultat intervient après une modification récente de la dose, contre-indiquant une nouvelle modification, ou si l’évolution après une modification de la dose d’ASE n’est pas trop rapide. Ceci facilitera le respect des règles et du contrat de bon usage de ce médicament, dont tout gestionnaire d’établissement connaît l’importance, et les répercussions financières en cas de non respect. Un élément important à la décision nécessite encore de savoir si le dernier résultat constaté se situe dans un contexte d’augmentation ou de diminution du taux, ce qui nécessite l’analyse des résultats précédents pour estimer la tendance de l’évolution, et le résultat suivant probable si on ne modifie pas la prescription. L’introduction d’une logique, plus ou moins floue, pour prévoir les conséquences les plus probables d’une action thérapeutique, constitue l’étape suivante de l’élaboration du système expert, mais on voit déjà les apports de l’analyse des données par l’utilisation des données collectées dans le logiciel. Les systèmes à base de connaissance sont en effet plus élaborés, et tentent de reproduire le raisonnement d’un expert à partir de sa connaissance lui permettant d’analyser des faits (données recueillies par le système d’information). Il se compose d’une base de faits, d’une base de connaissance, et d’un moteur d’inférence lui permettant d’avoir une certaine action de raisonnement. C’est ce qui a été développé dans le système de prédiction des problèmes d’abord vasculaire à partir des relevés de dialysance ionique fournis par certains générateurs de dialyse. Un moteur d’inférence incertain peut être utilisé dans le cadre d’une approche probabiliste de type bayesien. C’est le modèle utilisé dans le système expert d’optimisation du poids sec et de diagnostic de troubles de l’hydratation, qui donne comme résultat une probabilité d’être dans un certain état d’hydratation. Dans cet exemple, le système expert ne tente pas d’appliquer des règles sur la base d’un algorithme (si …, alors…), mais de reproduire les conclusions qu’un expert humain déduirait de l’analyse de l’évolution de la dialysance ionique au cours d’une séance sur l’état de l’abord vasculaire. Il est calibré de telle façon qu’il signale les cas douteux méritant l’attention de l’expert humain, proposant des éléments d’interprétation, mais laissant la conclusion à l’expert humain, qui pourra y apporter toute son attention, puisqu’il aura été libéré de la nécessité d’analyser tous les cas normaux, qui ne seront pas portés à son attention par le système expert. C’est ce type de modèle qui a été utilisé pour la télé-surveillance des patients en dialyse péritonéale, utilisant un système expert capable de diagnostiquer et de prédire une évolution vers un trouble de l’hydratation. Ainsi, on a pu assister à la disparition totale des hospitalisations pour œdème pulmonaire des malades télé-surveillée, alors que cette complication représentait auparavant 10% des causes d’hospitalisation pour les malades en dialyse péritonéale. Outre les améliorations constatées de la qualité de vie et de la sensation de sécurité chez ces patients, la durée des hospitalisations a été diminuée de moitié, le poids mieux contrôlé, ainsi que la tension artérielle avec une diminution du nombre de médicaments hypotenseurs chez les malades lorrains qui ont bénéficié de ce suivi. Il est très probable que ces résultats et l’intérêt médico-économique de ces systèmes seront confirmés à plus large échellepar le programme ENephro qui se met actuellement en place. Sélectionné dans le cadre de l'appel à projets E-Santé n°2 des Investissements d'Avenir, ce programme, d'une durée de 39 mois, d’un budget de 6 M€ présent sur 3 Régions (Lorraine, Nord, Aquitaine) regroupe des industriels (Pharmagest, Diatelic, Domedic), des CH (CHU de Lille, Bordeaux, Nancy, CHR de Dunkerque et Boulogne) des associations de dialyse (Altir, Aurad) et des Universitaires (Telecom Bretagne) afin de proposer une solution innovante et adaptée aux besoins des utilisateurs. ENephro s’adresse à tous les stades de l’IRC incluant la transplantation Il propose une chaine complète de services, utilisant : - Un système d’information expert destiné à la télésurveillance des patients en IRC qui permet le partage des données entre intervenants auprès du patient et l’analyse des données cliniques et biologiques afin de réaliser les alertes appropriées - Des solutions de télémédecine facilitant la détection et le suivi des patients - La coordination entre les réseaux de soins, les services hospitaliers, les associations de dialyse, les médecins traitants et les pharmaciens. En conclusion, le système expert est un outil innovant qui ne va pas remplacer le médecin dans son expertise, mais va sélectionner les cas méritant son attention, et lui donner la tranquillité de savoir que cependant tous ont été analysés, puis le guider dans son action en vérifiant sa conformité aux bonnes pratiques. Télésurveillance et télédynamique : « de l’intégration des résultats de biologie dans le dossier dialyse du patient à la prescription connectée ». Dr Fabrice GUERBER, Biologiste médical ; laboratoires Oriade - Isère- France Contact : [email protected] Des difficultés existent encore à l'heure actuelle pour un médecin qui travaille avec des laboratoires publics ou privés, différents. L'obstacle principal est le déficit d’interfaçage entre les systèmes informatiques gérés par des prestataires indépendants sans intérêts communs forts. Ceci explique l’absence actuelle d’un mode d'identification unique des patients et des codes examens. Par ailleurs, en ambulatoire notamment , la déontologie laisse au patient le choix de son prestataire de santé, donc de son laboratoire. Malgré sa nécessité, le système "universel" n'existe pas à ce jour, ni coté laboratoires, ni coté logiciels prescripteurs. La nouvelle norme LOINC constituera un progrès, mais le projet est assez ambitieux et donc compliqué à mettre en place qui devrait déboucher sur un schéma du type : Prescription en LOINC, Retour résultats en LOINC, identification patient unique via DMP. La question est dans combien de temps sera-t-il opérationnel ? Cependant nous progressons ! Bioserveur, sur la partie connectique, a constitué un progrés grâce au serveur unique multi-laboratoires. Il faut se souvenir qu’au départ, les connexions devaient être paramétrées laborieusement entre chaque laboratoire et chaque prescripteur ! Par ailleurs, les laboratoires se regroupent à une échelle départementale ce qui signifie un système Informatique laboratoire ( SIL) unique donc un seul prestataire informatique et des biologistes plus motivés et disponibles pour améliorer leur service. Les agduc reçoivent leurs résultats directement dans médial, donc sans re-saisies manuelles. Pour la suite, les lignes directrices sont là, mais dans la pratique cela prendra encore du temps…Le plus concret vient de partenariats "régionaux" étroits, comme ce qu'Oriade est en train d'essayer de développer avec la Néphrologie par exemple : Outre l’intégration des résultats de biologie, le projet 2014 sur lequel Oriade travaille est la prescription informatisée et connectée au laboratoire avec passage à la norme LOINC. (Logical Observation Identifiers Names and Codes) : La classification internationale LOINC, élaborée en anglais, maintenue et diffusée par le Regenstrief Institute, comporte 58 967 références (codes examens) réparties dans 217 chapitres. Malgré l’inconvénient d’une codification numérique non structurée, les avantages de LOINC s’imposent : classification internationale, unicité terminologique facilitant l’interopérabilité lors de la transmission des résultats. Des extensions françaises existent. De plus, le Regenstrief Institute accepte d’incorporer à LOINC les analyses manquantes qui lui sont proposées par les grands groupes hospitaliers (ex : AP- HP) et qu’il estime pertinentes. A plus long terme, le passage aux normes de communication internationales (HL7 2.5), Profil IHE LCSD (Laboratory Code Set Distribution) sera obligatoire. Intérêts de la prescription informatisée et connectée, pour le prescripteur ? • • • • • • • • L’expertise des applications est actuellement verticale (par métier) et non transversale sans partage des données entres tous les soignants, (ex : le pharmacien a les infos médicaments mais pas les résultats de DFG , le laboratoire a le DFG mais pas les médicaments et rarement un contexte clinique exploitable). Il est pourtant fondamental de mutualiser les ressources, des serveurs, des données, des compétences… Partage des bonnes pratiques actualisées, en interprofessionnel, Pour le clinicien, la création d’une base de données en prescription connectée constituera un gain de temps (la programmation de tous les suivis biologiques du service sera simplifiée grâce au logiciel pré paramétré) Une aide à la prescription (surtout dans des disciplines connexes où il est difficile au clinicien d’assurer une veille technologique intégrale dans tous les domaines de la biologie et notamment concernant l’évolution permanente de la nomenclature des actes de biologie, les reco HAS, KDIGO, etc, : (exemple d’alerte sur l’écran de prescription « L’examen D dimères ne sera pas interprétable chez un patient sous anticoagulant. Cet examen est indiqué uniquement après estimation de la probabilité clinique d’embolie pulmonaire ou de thrombose veineuse profonde »). Possibilité de planification des examens à réaliser sans oubli et sans redondances, Transmission par le médecin d’objectifs biologiques pour les relais d’éducation thérapeutique du patient en ambulatoire (ex : si DFG baisse > 20 % ou EUA augmente de 20 %, faire…, contacter sans délai mon service au …. ) Renvoi d’indicateurs d’arrivée de nouveaux résultats de laboratoire, Accès possible depuis les résultats via des hyperliens à des arbres décisionnels de conduite à tenir devant un résultat anormal de découverte fortuite. Intérêts pour le préleveur en ambulatoire ou dans un service de soins ? • • Pour l’IDE en charge des prises de sang : gain de temps (édition d’un plan de prélèvement pour ses tournées), Réduction du risque d’erreurs : grâce à l’édition au cabinet des étiquettes échantillons avec nature et quantité de tubes à prélever, et consignes pré analytiques à respecter : jeûne, renseignements à prendre.. , plus jamais d’identification manuscrite, laborieuse et hasardeuse de chaque tube prélevé ! Intérêts pour le patient ? • • • garantie d’un bon suivi de sa pathologie aigue ou chronique (propositions de bilans planifiés de suivis (= sans oubli) ; paramétrages de valeurs paniques ou nécessitant de la réactivité du biologiste, simplification pour les patients âgés car les prescriptions informatisées sont partagées entre professionnels de soins (le patient ne constitue plus l’unique relai pour la transmission du support de travail partagé que constitue l’ordonnance) meilleure réactivité des acteurs de la chaine de soins en cas de soucis (paramétrage par le médecin d’alertes émises à l’intention du biologiste labo). Intérêts pour le laboratoire : • Gain de productivité : les tubes transmis sont juste douchés à l’arrivée (lecteur code barre) : moins de temps d’enregistrement, ni d’étiquetage • Plus de tubes piqués en trop (cout) ou en moins (nécessitant un temps aliquotage manuel avec risque d’erreurs à la clé), • évite les erreurs de retranscription, ou des déchiffrage ( ! ) des prescriptions par les secrétaires du laboratoire, • Maitrise des référentiels de prescription vis-à-vis des tutelles et dans l’intérêt du patient : possibilité de prescription pr le médecin soit par examen ou par bilans selon pathologie, d’ajout automatique d’examens de 2 em intention en cascade (ex : troponine n°2 si trop 1 en zone grise), de plans de prescriptions (J0; J3 mois; J-6mois), de prescriptions connexes (pour apparentés : ex bilan de thrombophilie) ; ou pour les partenaires du patient : (ex chlamydiae) • Raccourcissement des délais de conservation du sang total (le temps d’enregistrement du dossier n’impacte plus comme actuellement sur la centrifugation des tubes : ils pourront être centrifugés dés leur arrivée) • Obtention d’infos cliniques (que le laboratoire peut rendre à saisie obligatoire : comme le nom du pays de séjour si recherche de paludisme, le n° de mobile si demande de troponine, D dimère, ..) • Transmission en simultané d’infos pratiques au clinicien : (ex : attention analyse HN : penser à prévenir le patient ; Attention pour l’examen cross laps : à faire prélever impérativement avant 9h le matin ; attention : recueil d’urine à effectuer au laboratoire de manière synchronisée à la prise de sang). • Maitrise de la traçabilité du pré analytique dont le laboratoire a l’entière responsabilité depuis la réforme de 2010. (ex : heures de prélèvement par les IDE externes : Suivi des dossiers avec des analyses ayant un délai dépassé), • Production de statistiques d'activité des laboratoires, comparables, • Création d’une plate forme de réception centralisée des échantillons transmis avec robotisation du tri des échantillons : réduction des délais de résultats rendus : en dissociant l’accueil physique des patients sur les sites périphériques (par du personnel sélectionné pour ses qualités d’accueil) sans perturbation par l’arrivée concomitante des dossiers transmis par les IDE qui déposent leurs tubes sur ces sites périphériques. Les freins • Dans les expériences de prescription connectée réalisés depuis un an en libéral, difficultés de sensibiliser les Médecins libéraux indépendants (ex : Laboratoires à Nantes en prescription connectée effective avec cliniques et maisons de retraite; mais pas les libéraux peu réceptifs à la culture du changement; les Laboratoires CIO au Luxembourg : seuls 10 % des médecins indépendants sont passés en prescription connectée, par contre tous les centres de santé) • • Les Sociétés d’informatiques médecins proposent un module de prescription en biologie mais pas harmonisé et pas connectable avec le laboratoire = prescription informatisée et non connectée : intérêt moindre. Le secteur hospitalier vise des logiciels globaux pour la maitrise de toutes les prescriptions (médicaments biologie, imagerie) : cela est effectif à l’hôpital Georges Pompidou Paris, mais pas connecté avec les laboratoires de ville. Mais savoir que moins de 10% des établissements publics de soins utilisent une prescription électronique de biologie. Les accélérateurs • Dossier médical partagé ( DMP) • Certification par la HAS (loi du 13 aout 2004) des logiciels d’aide à la prescription, mais peu de réactivité de l’ HAS pour les actualisations (ex : suivi de grossesse ). • Les IDE de nouvelle génération : attrait des nouvelles technologies et sensibles aux gains de productivité et à la maitrise de la qualité. Le cahier des charges biologique prescription connectée • Fournir une Base de donnée unique (moteur des règles de prescription + conditions de prélèvement + questionnaire clinico biologique ; identification du patient avec une seule base de donnée partagée entre le serveur de prescription et le SIL du laboratoire : ainsi, si modifications d’indentification, le partage permet la gestion de l’actualisation en temps réel, • Fournir une configuration d’ outil, d’emploi simple pour les prescripteurs et accessible directement depuis leur logiciel médecin, • Comment récupérer les données cliniques ? Extraites automatiquement du dossier clinique ou récupérées et mises à jour ? Le dossier clinique patient de spécialité avec questionnaire spécifique d’une discipline (exemple anesthésie) ou d’une pathologie (exemple HTA) ? but : produire un compte rendu médical textuel « phrases types » = textes codés exploitables. • Positionner le projet dans une approche de globalité du service fournit par la chaine de soins : 1 : besoin de diagnostic ou de suivi > 2: référentiel/aide à la prescription > 3: résultats de biologie produits > 4: aide à l’interprétation > 5 : le tout = réponse à la question posée en 1 • Créer un serveur d’identité patient partagé avec un numéro de prescription unique généré par le serveur de prescription : Serveur d’identité SIM (service clinique) Logiciel métier médecin SIL laboratoire Serveur de prescription En secteur hospitalier le positionnement interne du serveur d’identité est simplifié car le CHU constitue une entité juridique dont le laboratoire fait partie, il est donc aisé de concevoir les flux d’information correspondant à la prescription connectée car tous les intervenants de la chaine de soins partagent les informations d’identification du patient à partir du serveur d’identité du Système d’Information Hospitalier, avec un numéro de prescription unique généré par le serveur de prescription. En hospitalisation privée, la prescription connectée existe sur un schéma proche, à partir du serveur d’identité de la clinique. A l’opposé, en milieu libéral ambulatoire le problème est beaucoup plus complexe car la référence unique à un serveur d’identité n’existe plus et le patient a le choix du laboratoire exécutant et du préleveur qui peut être indépendant du prescripteur et du laboratoire (infirmier). Se pose le problème des droits d’accès à l’information déposée dans le serveur de prescription par le médecin : Le préleveur peut-il récupérer les informations nécessaires à la réalisation du prélèvement du fait qu’il dispose de la carte Sésame Vitale du patient ? Des exemples concrets de prescription connectée émergent en France en biologie libérale, avec génération du dossier patient à partir du serveur d’identité du SIL du laboratoire et prescription connectée sur un serveur de prescription connecté au SIL du laboratoire. Conclusion : Une volonté commune en termes de gain de productivité, de fiabilité et de qualité du service rendu est désormais partagée entre certains prescripteurs à l’avant-garde et des laboratoires motivés et dont la taille critique est suffisante pour influencer significativement l’offre de leur prestataire informatique institutionnel. Si les solutions d’intégration des résultats sont désormais fonctionnelles quoiqu’ imparfaites, tout reste à faire en termes de dossier patient partagé et de prescription non seulement informatisée, mais au-delà, connecté directement au SIL du laboratoire. Sur ce plan, les essais réalisés depuis un an sur 2 laboratoires libéraux, l’un français et l’autre Luxembourgeois ainsi que plusieurs sites hospitaliers, sont parfaitement probants et ouvrent de perspectives de travail innovantes. Les laboratoires Oriade avec leurs 24 sites s’impliquent activement pour rendre ce projet prioritaire opérationnel dans les meilleurs délais. La concrétisation de ce projet de prescription connectée en 2014 avec un partenaire prescripteur "beta-testeur" assurera pour chaque patient la continuité de la maitrise opérationnelle : depuis la prescription, mieux encadrée par des bonnes pratiques, l'identification du prélèvement dans les unités de soins, les cabinets infirmiers (choix des tubes et étiquetage), à la réception automatisée du tube dans les unités analytiques, pour finir par le rendu du résultat dans des délais bien plus courts et sa meilleure exploitation finale. Télésurveillance et Télédynamique : de l’intégration des résultats de biologie dans le dossier dialyse du patient à la prescription connectée Victorio MENOYO CALONGE – Médecin DIM à l’ECHO Administrateur du GIE MEDIAL e-mail : [email protected] La fonction du rein est de réguler la composition du milieu intérieur mais aussi par le biais de l’oxygène la concentration en hémoglobine du sang. En cas d’insuffisance rénale terminale (stade 5), l’épuration extrarénale doit prendre en charge ces fonctions. La biologie en dialyse est fondamentale. Ainsi des surveillances périodiques mais aussi des bilans diagnostics sont prescrits à nos patients. La masse d’information circulante est gigantesque et les sources d’erreur ou de perte très nombreuses. En 2004, l’association ECHO de Nantes a mis au point un dossier patient informatisé, MEDIAL, pour gérer son activité médicale mais aussi les activités de pharmacie et facturation. A ce jour, MEDIAL gère pas moins de 4500 patients actifs en dialyse et d’innombrables patients suivis en consultation car il est utilisé par 8 associations et 5 hôpitaux. Par diverses méthodes nous avons connecté pas moins de 70 laboratoires de ville et des laboratoires hospitaliers. En 2012, nous avons pu récolter par ce biais plus de 2 900 000 résultats de laboratoire. Le néphrologue fait un usage extensif de la biologie. C’est la raison pour laquelle les résultats doivent être intégrés dans le dossier du patient. Voici une liste des objectifs de l’intégration : • • • • Bannir la retranscription Evaluation du patient – Ajustement du traitement individuel • Syndrome urémique • Nutrition, etc. – Sécurité des Soins • Alertes valeurs « Paniques » – Respect des Recommandations Professionnelles – Assistance au traitement • Système Expert ASE – Diagnostic & pronostic • Mesures calculées • Marqueurs tumoraux • Enzymes cardiaques, etc Evaluation d’une structure – Bilan médical – Renseignement d’indicateurs externes (ex: IPAQSS) Recherche Les transferts se font soit directement en allant chercher les résultats dans un dossier dans un serveur, méthode FTP, soit par des méthodes sécurisées, pratiquement obsolète à ce jour. Les méthodes sécurisées sont le protocole KERMIT, apparenté au fax en désuétude car saturable, puis les méthodes impliquant des boîtes à lettres sécurisées, ex : APICRYPT, ou les protocoles internet, ex : HPRIM. NET. Ces deux méthodes permettent de crypter les messages mais aussi de traiter l’envoi et la réception des messages comme le ferai un service de lettre RAR. Le processus de récupération commence par le rapprochement d’identités entre l’identifiant du laboratoire et celui du dossier patient. Une fois le rapprochement validé, le patient sera reconnu immédiatement lors des prochains bilans. L’Identifiant National de Santé devrait pouvoir nous épargner cette phase avec diminution inhérente du risque d’erreurs. HPRIM ou Harmonisation et Promotion de l’Information Médicale (aujourd’hui associée à HL7 ou Health Level 7) est un organisme qui édite des normes pour la transmission des données de santé. Plusieurs normes sont utilisées à ce jour : HPRIM Santé, gère des données médicales et autres, HPRIM Médecin, norme véhiculant des données médicales, HPRIM XML, réalise des échanges surtout en interne au sein des établissements, HPRIM Image, qui véhicule des documents en plus des données de biologie. Le plus souvent ces résultats contiennent une partie lisible par l’homme et une partie structurée. Cette dernière permet à l’ordinateur de lire et d’extraire les données intéressantes. Malheureusement, ces normes ne régulent que la forme du fichier transmis. Le contenu est extrêmement variable d’un laboratoire à un autre. En effet, le contenu recommandé est celui régulé par LOINC (Logical Observation Identifiers Names & Codes) extrêmement précis et exhaustif. Les laboratoires renseignent les résultats avec leur propre code laboratoire. La logique et l’organisation de ces codes est très variable. Par exemple, il peut exister un code de moment avant dialyse et à d’autres endroits le code du résultat contient le renseignement sur le moment. La normative sur les codes n’est pas obligatoire et tout changement déclenche des frais pour le laboratoire. Etant donnée la politique restrictive actuelle, cela représente un vrai frein à la démarche. Au départ, nous avions construit des tables de correspondance pour chaque laboratoire. Mais le nombre de laboratoires allant croissant, cette façon de faire est devenue impossible à maintenir. Les laboratoires ne mettent pas régulièrement à jour leurs tables. Un nouveau module de traitement de la biologie est en train d’être développé par notre équipe informatique. Le logiciel est capable d’attraper les codes laboratoires orphelins et permet de les mettre en relation avec nos codes. Il crée aussi une table intermédiaire qui fera le lien entre ces deux codes et les codes LOINC et les codes de la Nomenclature d’Actes de Biologie Médicale (NABM), ce qui nous permettra de savoir le poids en euros de notre prescription. Le module sera en capacité, de façon naturelle, d’inclure des nouveaux laboratoires ou de mettre en évidence des examens de biologie prescrits mais pour lesquels il n’y a pas de résultat. Si cette démarche peut apparaître comme gagnante dans un premier abord, ceci est soumis à condition. En effet ce n’est pas rare qu’un laborantin puisse changer sans préavis les codes de son laboratoire. Cela nous oblige à prévoir des codes de correspondance multiples. Les résultats de microbiologie présentent un niveau de difficulté supérieur. Le code laboratoire du germe peut-être généraliste, ex : germe, ou peut comporter dans son libellé la nature du prélèvement, ex : cbugerme. Parfois le laboratoire n’adresse pas le code de la nature du germe. Le nom du germe n’est pas issu d’une classification internationale. Quand plusieurs germes viennent à pousser dans une culture, les codes laboratoires des antibiotiques peuvent varier, ex : AMOX devient AMOX1 pour le premier germe et AMOX2 pour le deuxième. Certains laboratoires estiment que les examens de virologie sont confidentiels et cachent le résultat dans les commentaires. Il n’y a aucune parade à cette problématique. Un traitement spécifique est obligatoire pour chaque laboratoire. Le Guide de Bonne Exécution des Analyses, dans sa version de 2009 impose aux laboratoires : « si les résultats sont transmis par un procédé télématique à un autre laboratoire ou au médecin prescripteur, le biologiste doit utiliser un système de transmission fiable qui garantit la conformité des résultats transmis et le respect du secret professionnel ». Or pour le moment, seulement ceci est pris en compte par les biologistes : « le biologiste d'un établissement de santé doit pouvoir s'assurer que le dispositif mis en place pour l'acheminement des comptes rendus vers les unités de soins répond aux critères de confidentialité et de conformité établis en coordination avec les cliniciens et l'équipe de direction ». Pour satisfaire cette normative, nous allons reconstruire à l’écran un facsimilé du résultat de laboratoire. Mais face à cette réalité un peu obscure, un horizon plus clair apparaît. Le DMP a adopté et impose la norme Clinical Document Architecture Release 2 (CDA R2) préconisé par Integrating Healthcare Entreprise (IHE) pour le transfert de résultats y compris de biologie. Ce format comme HPRIM.NET permet de savoir si un examen est arrivé à destination et autres traitements similaires à la lettre RAR. Par ailleurs, la partie structurée exige le code LOINC. Il existe une alternative à ce code qui est celle proposée par la Société Française d’Informatique de Laboratoires (SFIL) et l’AP-HP. Ce référentiel s’appelle Référentiel de Codes de Laboratoires Univoque d’Actes de Biologie Médicale (CLUABM). Elle met en relation de façon native les codes LOINC et de la NABM. L'autre avantage est que les libellés sont en français. La mise en place est très couteuse et très peu de laboratoires se sont mis à la norme CDA. Seul le succès du DMP imposera cette norme aux laboratoires. Certains d’entre eux souhaitent mettre en place la Prescription Connectée (PC). Il s’agit pour nous de pouvoir faire la prescription directement à travers notre logiciel de gestion de dossier patient et de la transmettre au laboratoire. Ceci à de nombreux avantages pour le patient et le médecin, rapidité du traitement, mais aussi pour le laboratoire, facilitation de la gestion, diminution du risque d’erreurs qui seront expliqués en détail par M Fabrice GUERBER. Pour nous, dans notre position d’éditeurs, la PC pourrait être utilisé comme monnaie d’échange avec les laboratoires. En conclusion, la récupération et l’intégration de la biologie couvrent les besoins de sécurité des soins et d’évaluation. Elle doit être administrable, intègre et fidèle. Elle doit garantir l’interopérabilité avec le DMP et autres SI. Du chemin reste à faire entre les laboratoires de biologie et les éditeurs de logiciels de gestion de dossier patient. Le DMP et la PC pourraient être des leviers puissants. Merci à Michel Orefici pour son aide. Bibliographie 1. Différents types HPRIM. Annie Bastide - EPU 8 janvier 2007 2. Communication entre les SGL et le DMP. Les Outils français. Alain Cœur -Vittel 2005 3. Normalisation dans le contexte d’IHE, HL7. CDA et DMP. Anna Estelrich & Dr Charles Rica -Mission Normalisation 4. Ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale. JORF N° 0012 15 janvier 2010 5. GBEA Arrêté 26 novembre 1999 6. IHE, CDA, LOINC : des composantes d’interopérabilité au service du partage des résultats de biologie médicale. François Macary –Spectra Biologie N°158 Avril 2007 7. La biologie et le DMP. Alain Cœur –JIB 2005 8. HPRIM Médecin Version 3.0 –Janvier 2000 9. HPRIM.NET Version 1.0 -22 septembre 2000 10. HPRIM Santé Version 2.4 –février 2013 11. Référentiel français des Codes et Libellés Univoques des Analyses en Biologie Médicale. SFIL 12. Le Système International d’unités. Bureau International des poids et des mesures 8ème version 2006 13. Activités de Biologie Médicale et Certification des Etablissements de Santé. HAS – Novembre 2012 14. Biologie Médicale : Nomenclature des Actes. Document de Travail -Janvier 2012 15. Guide Technique d’Accréditation en Biologie Médicale. Document SH GTA 01 Révision 00 –Mai 2011 16. Spécifications françaises : Guide d’Implémentation de l’entête de Documents CDA. Version 1.0 -25 février 2009 17. Normalisation dans le contexte d’IHE, HL7,CDA et DMP. Anne Estelrich & Dr Charles Rica, Mission Normalisation -22 janvier 2008 18. Aide à la rédaction du volet interopérabilité des cahiers de charges des établissements de santé. GMSIH Version 1.0 -28 novembre 2008 19. LOINC User’s Guide. C. McDonald et al. Décembre 2012 20. EFS : Echanges de donnés avec les ES. Etat des lieux et perspectives. Jean Casteauble – Chalon en Champagne 8 novembre 2011 Dossier Régional et dispositif ZEPRA au service de la coordination des soins ; Expérience de Thonon Monique Eudes-Caddoux, médecin généraliste, Allinges La région Rhône-Alpes possède une plateforme de télésanté et le Système d’Information en Santé SISRA permet la mise à disposition d’un dispositif de partage et d’échanges. Le Dossier Régional de Santé, DPPR1, permet le partage d’information entre différents professionnels de santé autorisés par le patient et l’outil ZEPRA «Zéro Echange de Papier en Rhône-Alpes» est un service de notifications pour envoyer et recevoir de manière instantanée et sécurisée les courriers médicaux, dans le cadre de la continuité du parcours de soins du patient. La prise en charge des patients insuffisants rénaux chronique, comme pour d’autres pathologies chroniques, est complexe et hautement pluridisciplinaire, faisant intervenir des médecins de différentes spécialités, des professions paramédicales tant à l’hôpital qu’en ville, en particulier lorsque le patient est dialysé. Le lien ville/hôpital est primordial. Le risque de ré-hospitalisation évitable après un séjour pour événement grave est le résultat de la réussite ou non de la transition entre l’hôpital et la ville. L’organisation de cette transition exige une approche stratégique globale, en grande partie fondée sur la communication entre professionnels. Les nouvelles technologies de l’information représentent aujourd’hui une opportunité dans l’organisation de la prise en charge du parcours de soins du patient, à partir du début de sa maladie, pendant les séjours hospitaliers souvent multi-sites et tout au long de son cheminement au domicile, cheminement complexe dans le cas de polypathologies. Ces nouveaux outils doivent permettre, par leur usage, une facilitation du travail des professionnels, du médecin traitant pilier de cette organisation du parcours de soins, à l’ensemble des praticiens intervenant auprès du patient. Le travail mené en Rhône-Alpes depuis le début des années 2000, qui a consisté à développer un Dossier Patient Partagé Régional, puis à le relier à une messagerie, et à organiser les développements d’outils dans une architecture globale, urbanisée autour de ce dossier patient, intègre parfaitement la notion de coopération, de circulation d’informations, et répond à l’enjeu national, plus général de partage d’information entre professionnels. L’ARS3 Rhône-Alpes a souligné en mai dernier l’intérêt de la plateforme SISRA qui a passé le cap des dix millions de documents partagés, dans un communiqué de presse. Cependant, ce qui compte vraiment c’est l’usage qu’en font les professionnels, c’est à dire l’utilisation et l’exploitation des documents partagés. Nous comptons aujourd’hui environ 20’000 consultations de pièces par mois sur 200’000 accessibles chaque mois, ce qui est important et prometteur. Les utilisateurs sont environ 3’800 (en mai 2013) avec une progression rapide du nombre de nouveaux adhérents ces derniers mois, représentés à 70% par des médecins généralistes. L’enjeu aujourd’hui, après cette phase d’innovation, de construction des outils, c’est de déployer le dispositif dans l’usage, pour le plus grand nombre de professionnels, des professionnels de santé pour qui l’échange et le partage d’information n’est pas toujours une évidence. Le but de cette présentation est donc double. En premier lieu, il est important de montrer le fonctionnement des outils par une démonstration de ZEPRA et du Dossier Patient Régional, sous forme de « copies d’écrans » dans le but d’en montrer l’accessibilité, la facilité d’utilisation et le bénéfice immédiat pour le PS, notamment dans le cas de la réception d’une notification ZEPRA. Cette étape est un élément clé du processus d’information, de maîtrise de la technique. Elle permet également de comprendre que la messagerie ZEPRA, au delà d’une simple correspondance entre praticiens, présente l’avantage de la constitution progressive du dossier dématérialisé du patient, accessible au partage. En pratique, pour un établissement connecté à la plateforme SISRA, et c’est le cas du CHU de Grenoble, ainsi que plusieurs autres établissements Rhônalpins, CHU ou CH, lorsque le praticien hospitalier a dicté un compte-rendu concernant un patient, ce document est intégré au dossier informatique interne à l’établissement et en même temps poussé vers la plateforme SISRA, dans le dossier du patient. Si la secrétaire paramètre le nom des correspondants autorisés pour ce patient, le système envoie une notification mail dans la boite au lettre « classique », non sécurisée de chacun des correspondants. Cette notification sous la forme « Le Dr X vous envoie un courrier concernant l’un de vos patients » contient un lien qui permet après une phase d’authentification par la carte de professionnel de santé (CPS) du récepteur d’accéder directement au courrier adressé sous format pdf. Ce document peut alors être exploité par le praticien, intégré à son propre dossier informatique. Le respect de la sécurité est assuré par la lecture de la carte CPS du professionnel de santé validée par son code secret, la confidentialité pour le patient est totale puisque son nom n’apparaît pas dans le mail qui n’est pas sécurisé. Si le professionnel de santé utilise la messagerie « Apicrypt » il peut recevoir cette notification dedans, dans ce cas le nom du patient peut apparaître puisque le mail est crypté. A partir de la plateforme, le professionnel de santé peut accéder à l’ensemble des documents du dossier du patient pour lesquels il a été destinataire ou auteur. L’accès au dossier complet nécessite une habilitation préalable par le patient ou l’authentification par sa carte vitale et son accord. Mais l’appropriation dans l’usage, de ces notions de dématérialisation, de partage d’information par les professionnels de santé, ne se résume pas simplement à l’utilisation d’un outil. L’enjeu ce cette appropriation c’est aussi l’adaptation à la pratique médicale, peutêtre à une évolution de la pratique, vers plus de communication entre les praticiens. C’est la notion de « travailler ensemble » qu’il faut développer, bien sûr dans le respect de la sécurité des données, de la confidentialité et de la volonté du patient à autoriser l’accès ou non aux professionnels de santé qui s’occupent de lui. Les recommandations de la HAS3, qui « entend promouvoir une vision rénovée de la prise en charge des maladies chroniques en centrant leur organisation autour du parcours de soins permettant le plus possible un accompagnement personnalisé et coordonné » 4 vont tout à fait dans ce sens et confortent cette volonté d’augmenter les liens, la coordination entre professionnels, ce qui passe par la communication. L’information organise les processus, les circuits, les parcours ; sa dématérialisation en augmente la facilité et la rapidité d’accès. L’usage et l’appropriation par les praticiens ne pourront être optimaux que si ces deux composantes se rejoignent; la maîtrise de la technique qui doit apporter à l’utilisateur sécurité, fiabilité, utilité et facilité d’utilisation et l’adaptation organisationnelle de la pratique médicale dans le sens d’une volonté de meilleure coopération à travers plus de communication. L’expérience de Thonon : en 2011 l’ARS, qui avec le GCS5 SISRA avait jusqu’alors développé le Dossier Régional de Santé dans le sens de l’alimentation en documents par les établissements hospitaliers a fait le constat que les dossiers des patients commençaient à se remplir mais que cette information était trop peu consultée. Un appel à projet pour le déploiement dans l’usage a été lancé et trois coordinations ont été crées sur la région dont celle de Thonon. Ce projet avait donc pour objectif d’informer et d’accompagner les médecins de ce secteur pour une utilisation du Dossier Régional dans le sens de la lecture des pièces et dans le même temps de travailler avec les établissements concernés pour la mise à disposition de l’information, de manière à ce que l’usage soit pertinent. C’est la construction d’un réseau territorial qui s’opère entre les différents partenaires du projet qui sont les 3 centres hospitaliers de la Haute-Savoie nord à savoir les hôpitaux de Thonon, Annemasse et Sallanches, le réseau de cancérologie ONCOLEMAN, l’Hôpital Privé des Pays de Savoie et le centre de radiothérapie de Contamines qui sont des établissements privés de la Générale de Santé, le CSSR de la MGEN sur les sites de Saint-Jean d’Aulps et d’Evian et la médecine de ville. L’évaluation de ce projet montre que l’utilisation du dossier régional de santé par les praticiens soit en proposant une habilitation par les patients soit en accédant par la carte vitale est surtout pertinente dans des petites structures et dans le domaine de la cancérologie, le réseau ONCOLEMAN et plusieurs oncologues l’utilisent en routine. Par contre la pratique médicale, dans son organisation actuelle, n’est pas aujourd’hui axée sur la démarche d’aller chercher l’information dans un dossier partagé mais plutôt de recevoir cette information et de l’intégrer à un dossier interne au cabinet ou à la structure. C’est là que la messagerie ZEPRA montre tout son intérêt puisque entre 30 et 50% des pièces notifiées sont lues par les praticiens sur notre secteur (en fonction des établissements émetteurs). Le retour qualitatif de la part des utilisateurs est dans ce cas très positif. Un exemple concret d’usage dans le domaine de la néphrologie atteste de cette tendance. Un patient pris en charge en néphrologie à l’hôpital de Thonon, consulte un chirurgien vasculaire au CHU de Grenoble (à 200km) pour une indication opératoire semi-urgente, dès son retour le lendemain il revoit le néphrologue à Thonon los de sa séance de dialyse. Le compte-rendu de cette consultation a été transmis via ZEPRA et consulté en instantané par le praticien de Thonon ; toutes les informations sont disponibles pour l’organisation de cette chirurgie, la programmation du bilan préopératoire et l’organisation des dialyses entre les deux hôpitaux. Dans le même temps le médecin traitant a été informé, et le sera en temps réel lors de la chirurgie programmée, ce qui lui permet de prévoir le retour à domicile, en collaboration avec l’équipe infirmière. Le dossier patient régional est enrichi de ses documents ce qui pourra permettre dans le futur une consultation par un urgentiste par exemple en cas de besoin. 1Dossier Patient Partagé et Réparti 2 Agence Régionale de Santé 3 Haute Autorité de Santé 4 La HAS, Communiqué de presse du 15 mai 2012, Promouvoir les parcours de soins personnalisés pour les malades chroniques, http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1247611/fr/promouvoir-les-parcours-de-soins-personnalises-pour-lesmalades-chroniques 5Groupement de Coopération Sanitaire Bibliographie : 1-La HAS, Comment éviter les réhospitalisations évitables des personnes âgées, points clés & solutions, organisation des parcours, http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201306/fiche_parcours_rehospitalisations_evitables_vf.pdf, consulté le 28 juin 2013 2-La HAS, Communiqué de presse du 15 mai 2012, Promouvoir les parcours de soins personnalisés pour les malades chroniques, http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1247611/fr/promouvoir-les-parcours-de-soinspersonnalises-pour-les-malades-chroniques, consulté le 28 juin 2013 3-La HAS, Maladies chroniques : une vision rénovée du parcours de soins, lettre d’information N°33, Oc tobredécembre 2012, http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1301349/fr/maladies-chroniques-une-vision-renovee-duparcours-de-soins?xtmc=&xtcr=3, consulté le 28 juin 2013 4-ARS Rhône-Alpes, Dématérialisation des données médicales entre médecine de ville et établissements de santé en Rhône-Alpes > 10 millions de documents déposés sur la plateforme de télésanté, une action du PRS, communiqué de presse du 11 juin 2013, http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/fileadmin/RHONEALPES/L_ARS_RhoneAlpes/Relations_presse/Communiques_de_presse/20130611_ARSRA_CP_PlateformeTelesante.pdf, consulté le 28 juin 2013 5-ARS Rhône-Alpes, PRS (Projet Régional de Santé 2012-2017), Systèmes d’information en Santé, pages 31 à 47, http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/fileadmin/RHONEALPES/RA/Direc_strategie_projets/PRS_Programmes_CNP/prs_30112012/DSPRO_Thematiques-transversalescommunes-schemas-regionaux-Vdef.pdf, consulté le 28 juin 2013 6- Mme Marisol Touraine, Ministre de la Santé, Stratégie e-santé, intervention du 28 mars 2013, http://www.social-sante.gouv.fr/actualite-presse,42/discours,2333/strategie-e-sante-intervention-de,15698.html, consulté le 28 juin 2013 Ergonomie d’une solution de télémédecine au service des patients, des généralistes et des spécialistes : une solution mutualisable entre la ville et l’hôpital est-elle possible ? Dr P. Espinoza – Coordonnateur de Télégéria HEGP, AP-HP 34ème Symposium Gambro - Grenoble 19 - 20 septembre Pourquoi cette question est-elle à l’ordre du jour ? Quelle est la motivation pour déployer la télémédecine? Force est de constater que notre système de santé est confronté à « une déferlante démographique » inéluctable qui conduit des territoires de santé à l’isolement par disparition progressive de générations de spécialistes mais aussi de généralistes. Le mouvement est déjà enclenché et les missions que nous avons réalisé en Picardie, région centre, Bourgogne en témoignent ainsi que les multiples visites de médecins, cadres de santé, gestionnaires venus visualiser la solution Télégéria. Cette réalité démographique existe dès aujourd’hui. Quelles sont les solutions ? Comment notre système de santé, considéré comme un des meilleurs au monde, s’adaptera-t-il à ces nouveaux enjeux ? Il est vrai, de plus, que l’histoire nous a aussi confronté à un cloisonnement entre la ville et l’hôpital, entre le médical et le social. C’est à partir de cet état des lieux de l’existant que des solutions pragmatiques devront émerger. La télémédecine associée à la collaboration entre professionnels de santé est de nature à contribuer à une nouvelle organisation sur les territoires de santé. Cette conviction nous devons maintenant la concrétiser sur le terrain à travers des projets de déploiement industriel significatifs. Le temps des expérimentations préliminaires est dépassé pour « ouvrir la porte » à de véritables déploiements opérationnels en régions. La dimension régionale est le bon niveau sous réserve d’atteindre « une masse critique » car nos régions françaises, à quelques exceptions près, sont souvent plus petites que les régions en Allemagne, Italie ou Espagne. Pour atteindre une masse critique efficiente le périmètre doit être significatif et mutualisé. Le cadre législatif, règlementaire, les textes du conseil de l’ordre ont créés un contexte favorable dans notre pays par rapport aux autres pays européens. Les recommandations de l’HAS de juillet 2013 pour le déploiement et pour l’évaluation économique constituent des aides indiscutables pour le développement de la télémédecine. Nous espérons que la tarification sera un point d’orgue que nous atteindrons en 2014, sans cette dernière étape toute perspective de déploiement industriel sera précaire et non pérenne. La pérennité des projets est l’enjeu majeur pour 2014. Nos travaux de 2004 à 2013 contribuent à la réflexion sur les nouvelles pratiques professionnelles dans une perspective d’aménagement du territoire en favorisant le lien ville hôpital. Nous avons successivement exercé la télémédecine en visioconférence en ADSL, en haute définition (HD), en multipoint et plus récemment en téléexpertises sur photos et fiches cliniques (Dermatologie, plaie et pansements). Dès le début, et de manière suivie, nous avons porté notre attention sur les règles éthiques et sur les bonnes pratiques professionnelles. Il en résulte que le respect des bonnes pratiques conduit à l’absence de conflit éthique, à une acceptation facilitée des usages par les patients, les professionnels. C’est ce contexte qui définit des facteurs clés dans une perspective d’accès équitable aux soins sur les territoires de santé. 1. Le projet Télégéria et son évolution de 2004 à 2013. Ce projet a été initié en 2004 et nous distinguons 4 étapes : l’expérimentation initiale, Télégéria ADSL avec réalisation de 250 actes dans 10 spécialités, Télégéria Haute Définition (HD) avec réalisation de 1 500 actes de télémédecine dans 25 spécialités. Télégéria IF est en cours de déploiement industriel en 2013-2014 avec un déploiement programmé dans 30 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) dans le 75 et 95 connectés à deux hôpitaux pivots l’HEGP et le CH de Gonesse. Dr P. Espinoza – Coordonnateur de Télégéria HEGP, AP-HP 34ème Symposium Gambro - Grenoble 19 - 20 septembre Page 1 Une première conclusion s’impose : Il est essentiel de bien différencier un projet de recherche d’une solution déjà éprouvée et de prendre en compte les facteurs clés du déploiement : Les projets type POC « preuve du concept.» L’usage est à démontrer : nous avons franchi ce seuil à travers nos projets successifs. Dans l’avenir pour étendre les usages selon les pathologies et les spécialités des études scientifiques randomisées seront probablement nécessaires pour prouver que la méthode permet dans un contexte défini de soigner aussi bien sinon mieux que lors des consultations traditionnelles. Les projets type « Déploiement territorial » Le point clé est la construction d’une solution opérationnelle répondant aux usages d’une ou plusieurs spécialités. L’enjeu technologique induit un coût élevé de la construction « d’une plateforme » au cœur du financement. Les contraintes métiers rendent difficile la construction d’une solution automatisée d’emblée mutualisée pour plusieurs spécialités. Les projets type « Solution territoriale mutualisée » Le point clé sera le succès de la construction d’une solution technologique répondant aux besoins de plusieurs spécialités. La maturité industrielle est envisagée pour les prochaines années mais aucune plateforme industrielle n’existe à ce jour. Le préalable pour chaque projet est : quel est l’objectif médical de votre projet de télémédecine ? En effet choisir la technologie préalablement expose à un échec si le projet médical n’est pas défini. Décrire comment les usages sont mis en œuvre ouvre la voie aux réflexions éthiques et aux modalités d’exercice des médecins et bien au-delà car la coopération professionnelle est fortement impliquée en télémédecine. Le secret médical est un secret partagé par le médecin, le kinésithérapeute, l’IDE … La publication des recommandations de l’HAS pour le déploiement et pour l’évaluation économique constitue une aide au déploiement pour les régions et les porteurs de projets. Les enjeux sont multiples professionnels, techniques, organisationnels, juridiques, médico-économiques. La complexité qui en résulte ne doit pas faire oublier les objectifs de soins et les bonnes pratiques cliniques. 2. L’expérimentation initiale Télégéria intra-hospitalière en 2004. Notre expérimentation de TLM sur l’intranet de l’HEGP en 2004, avec le consentement des patients a révélé des résultats d’acceptabilité favorables pour les patients et ls spécialistes. Une première conclusion s’impose, ce sont des prés requis sur le plan technologique : la télémédecine nécessite un réseau sécurisé (Confidentialité des données médicales), l’outil pour le demandeur doit être ergonomique, acceptable par le patient et le demandeur, l’outil du spécialiste à l’hôpital, clinique ou ville doit être acceptable, accessible. 3. L’expérimentation Télégéria ADSL : du concept en 2005 au rapport d’évaluation en 2008 Le succès d’un projet est fonction d’un cahier des charges du déploiement : de la conception à l’installation, du fonctionnement à l’évaluation. Télégéria ADSL a atteint ses objectifs. Nous avons individualisé des facteurs clés de succès mais aussi des facteurs clés d’échec. Parmi les facteurs de succès, en premier lieu c’est la définition d’un projet médical avec un périmètre clairement établi, identification des critères d’inclusion, d’exclusion, du périmètre géographique… Notre objectif a été la réalisation des téléconsultations ou téléexpertises entre des EHPAD et des hôpitaux en Ile de France et Franche-Comté. La Télégériatrie programmée offrait également l’opportunité de tester l’outil avec diverses spécialités : orthopédie, dermatologie, cardiologie, neurologie … Dr P. Espinoza – Coordonnateur de Télégéria HEGP, AP-HP 34ème Symposium Gambro - Grenoble 19 - 20 septembre Page 2 Choisir un porteur de projet conditionne le succès, il doit être disponible, communicant, organisé et disposé d’un savoir-faire en management, crédible aux yeux des partenaires, des médecins, de l’administration… Constituer un consortium c’est associer une équipe académique et plusieurs industriels Audisoft Technologie (producteur du PDA), Cisco Systems (fournisseur de bornes WiFi et de matériel réseau ) et l’intégrateur de l’ensemble de la chaine technologique (Dynetcom- Orange). Coordonner le déploiement technique et l’appropriation métier par les soignants impose : d’identifier des « référents métiers » sur site, point clé de la conduite du changement, de coordonner le calendrier du déploiement technique avec la formation des utilisateurs, de veiller à une maintenance technologique structurée, réaliste sur le plan industriel et budgétaire, de maitriser l’usage d’un outil mobile. Dès l’initialisation nous avons écrit une charte éthique, une note d’information pour les patients et leur famille, une fiche de consentement écrite et signée par le patient ou son tuteur ou la personne de confiance. Le conseil de la vie sociale est informé. L’application de ces règles a été acceptée par les professionnels, les patients, leurs familles sans aucun incident pendant la phase d’expérimentation. Quel est le retour d’expérience, les conclusions principales ? La mobilité induit des contraintes fortes pour l’usage professionnel : cadrage de l’image, qualité du son, préparation des actes, validation des prés requis par spécialité. Nous avons défini l’adaptation de l’outil aux besoins des utilisateurs. Nous avons également identifié les contraintes du Wifi en termes de sécurisation, de stabilité. 4. Télégéria HD : nouvelles pratiques, nouveaux métiers, émergence d’un modèle économique Une plateforme Cisco HealthPresence a été installée entre l’HEGP et le centre hospitalier Vaugirard GabrielPallez (VGR), elle fonctionne depuis plus de 4 ans et a permis 1500 actes dans 25 spécialités Le projet débute en juin 2009, l’objectif était de valider l’organisation de téléconsultations spécialisées en pour 6 spécialités aux heures ouvrables entre deux stations fixes HD. L’établissement VGR de 340 lits associe une unité gériatrique aigüe (10 lits), un service de soins de suite et rééducation (124 lits), un service de soins longue durée (184 lits) un hôpital de jour (10 lits). Les pré requis techniques étaient remplis avec un réseau très haut débit sécurisé et disposant d’une bande passante très élevée 100 Méga Octets symétriques, autorisant la réalisation des téléconsultations dans d’excellentes conditions. L’expérience métier était déjà acquise pour préciser les contraintes en termes de cadrage, de besoins métiers (accès à la radiologie, au dossier médical …) et d’une qualité de son … Une note d’information des patients, une charte, des fiches de consentement élaborées avec le service juridique l’AP-HP établies pour Télégéria ADSL, ont été réactualisées pour Télégéria HD. Ce projet permettait d’élargir le champ des investigations, de comparer l’usage d’une station fixe en HD et les contraintes en ADSL, d’envisager un fonctionnement répondant aux besoins d’un établissement. Quel est le bilan d’activité de Télégéria HD après 4 ans? La solution CiscoHealthPresence est toujours fonctionnelle au 1/09/2013. Nous avons identifié les principaux usages et les pré requis métiers exprimés par les spécialistes. La publication du décret a conduit à vérifier que nos compte-rendus d’actes de TLM respectent les recommandations du décret : traçabilité et qualité des soins sont les mots clés. De nouvelles pratiques « acceptables » par 60 praticiens dans 25 disciplines s’exercent en routine. Une fonction d’assistante de TLM a été identifiée avec définition d’un profil et d’une fiche de poste. De nouvelles organisations ont été mises en place. L’automatisation des fonctionnalités est souhaitée pour Télégéria IF. Dr P. Espinoza – Coordonnateur de Télégéria HEGP, AP-HP 34ème Symposium Gambro - Grenoble 19 - 20 septembre Page 3 Des procédures technologiques, logistiques, cliniques ont été élaborées constituant un guide de TLM. Les formations pour les utilisateurs, assistantes de TLM et porteurs de projet sont validés. La consolidation des procédures métiers est validée en routine. C’est l’ergonomie d’une solution globale de TLM associant la transmission de la radiologie et l’accès au dossier médical qui a été configurée autour de la visioconférence. La modélisation d’une salle de TLM a été validée, c’est un lieu de soin qui doit obéir aux règles d’hygiène et respecter les contraintes de la TLM (Accessibilité, sécurité, confidentialité, disponibilité, aménagement de l’éclairage, du son …). Nous avons installé un paravent pour que les patients ne se déshabillent pas sous l’œil d’une caméra, cet aspect est fondamental pour la confiance des patients. 5. Préparation au déploiement industriel de Télégéria en Ile de France Quels sont les enseignements clés de Télégéria ADSL et IF qui conditionnent le déploiement ? Nous avons identifié les avantages et inconvénients de chaque solution technique utilisée ce qui permet de choisir entre portabilité, mobilité et station fixe en fonction de chaque projet. Une solution ergonomique complète associe plusieurs briques : accès à la radiologie, au dossier médical, aux équipements biomédicaux et à la visioconférence. Le projet médical conditionne le choix technologique en cohérence avec le réseau disponible. La boite à outil métier (Procédures, formation, accompagnement …) est disponible. Notre expérience entre 2010 et 2013 témoigne de l’évolutivité très prometteuse des TIC: Nos travaux sur ces 3 dernières années ont permis l’élargir notre vision d’usage des technologies. Nous avons testé diverses stations de visioconférence : Vidyo, Polycom … Plus de 200 actes en dermatologie, pansements, cardiologie, oncogériatrie et dans 5 autres spécialités ont été réalisés avec la solution vidyo avec une configuration conforme aux besoins. L’approche métier est ainsi validée sur ces outils. Nous avons modélisé l’approche métier des téléexpertises sur photos et fiches cliniques qui sont complémentaires de la téléconsultation ou téléexpertise vidéo dans l’organisation territoriale. TELDERM 1 est une étude de faisabilité en oncodermatologie en partenariat avec ETIAM, TELDERM 3 est une étude de faisabilité pour les plaies et cicatrisation en partenariat avec Covalia. Ces deux solutions sont en fonction pour « une évaluation métier ». La sécurisation des réseaux et des outils est un point clé de nos pratiques. 6. Conclusion : Ces étapes d’apprentissage de Télégéria (2004-2013) nous ont permis d’acquérir l’expérience et d’identifier de nombreux facteurs clés de succès ou d’échec. Pour le déploiement territorial les enjeux organisationnels sont au cœur du déploiement, les pré requis doivent être précisés, la stratégie doit s’adapter aux objectifs médicaux et le choix technologique être déterminé en cohérence au budget et aux objectifs. L’enjeu éthique est directement lié aux bonnes pratiques cliniques de télémédecine. L’objectif est un accès équitable aux soins afin d’offrir une qualité des soins quelle que soit la géographie territoriale et l’éloignement des centres spécialisés support majeur. L’engagement des sociétés savantes devra définir des limites d’usage en cardiologie, neurologie, rééducation fonctionnelle …. L’Université devra Intégrer l’enseignement de la TLM dans les facultés, les diplômes des médecins et des professionnels de santé pour accélérer les programmes de déploiement. Des campagnes d’informations sont indispensables en direction des patients, des professionnels. Un parcours de santé cohérent suppose des coopérations entre professionnels de santé associés à la TLM pour réorganiser notre tissu sanitaire. L’assurance maladie devra adapter son approche et l’émergence de modèles économiques sera le point clé d’un déploiement territorial significatif. Dr Pierre Espinoza Coordonnateur Télégéria - [email protected] - Tél 06.68.71.13.76 Dr P. Espinoza – Coordonnateur de Télégéria HEGP, AP-HP 34ème Symposium Gambro - Grenoble 19 - 20 septembre Page 4 Parcours de soins premiers recours Dr Gérard MICK, Voiron ([email protected]) D’un rêve devenant souhait, en passant par une attente se transformant en objectif, le partage d’informations de santé entre l’hôpital et la ville de manière confidentielle et dématérialisée est aujourd’hui devenu un défi dont certains pensent qu’il est déjà au-delà de nos illusions. Pourtant, la communication de données médicales sans délai entre équipes hospitalières et équipes de premiers recours bénéficie déjà de quelques lettres de noblesse dans le monde de la néphrologie. Au-delà de l’expérimentation, on peut citer la Plateforme d’Echanges des Professionnels de Santé (PEPS) déployée par le réseau TIRCEL dans la région Rhône-Alpes, qui répond à des exigences de suivi médical ambulatoire et envisage une évolution au niveau du volet social et de l’aide, dans le contexte d’une prise en charge globale dite bio-psycho-sociale, clé des parcours de santé. L’échange n’est dans ce cadre plus considéré comme partant de l’équipe hospitalière, mais comme centré sur l’équipe de premiers recours, qui collige des informations de diverses origines et donc non uniquement hospitalières, et répond de façon adaptée et rapide, car en proximité, aux besoins ressentis au domicile, à la lumière du suivi médical nécessaire. L’outil informatique, au-delà des problèmes d’interfaçage entre systèmes résidants, qui peuvent être contournés, devient ici le support matériel de la nécessité de coordination et d’intégration entres multiples acteurs, à l’intention première des médecins généralistes qui, selon la loi mais avant tout les principes de réalité et d’engagement, sont les premiers à envisager une réponse concertée directement auprès du patient et de son entourage, ainsi que des acteurs de proximité. L’expertise néphrologique se situe alors à un niveau d’intervention non pas secondaire mais parallèle, l’outil informatique faisant cohabiter les deux niveaux, avec leurs accès spécifiques. Il reste à déterminer quand doit être prise une décision médicale, où est réalisée la concertation pluriprofessionnelle une fois les données partagées. La téléconférence devient un lieu dédié à disposition de tous les acteurs identifiés au sein du dossier du patient, solution déjà utilisée en pratique par des réseaux d’acteurs dans divers pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Enfin, l’accès aux données du dossier néphrologique peut être idéalement réalisé auprès du médecin traitant au travers du DMP, qui se place comme collecteur d’informations de toutes origines, au-delà d’une thématique spécifique. L’enjeu est alors le pilotage de l’organisation permettant de partager toutes les données, étroitement lié au financement des moyens techniques pour les acteurs du service public et qui doivent être cohérents avec la réalité des choix individuels dans le monde libéral. e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé Professeur Michèle Kessler CHU de Nancy et réseau Néphrolor L’une des applications de la télémédecine est la télésurveillance à domicile, que l’on définit comme la transmission à distance de données physiologiques et biologiques aux fins de suivi, d’interprétation et de prise de décision clinique. Cette application joue un rôle novateur dans la prise en charge des maladies chroniques à domicile, dont les plus fréquentes sont le diabète, les maladies pulmonaires, l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle. L’insuffisance rénale chronique terminale est une maladie chronique grave qui touche près de 70000 patients dans notre pays dont plus de 30000 vivent avec un greffon fonctionnel. La technologie « DIATELIC » est le fruit de la collaboration entre le monde de la Néphrologie et celui de l’informatique en Lorraine. Depuis 10 ans elle a développé des produits innovants actuellement utilisés pour la télésurveillance des patients traités par dialyse péritonéale à domicile et par hémodialyse à domicile ou en unité d’autodialyse. Forts de cette expérience nous avons souhaité adapter ce système au suivi à domicile des transplantés rénaux. • Pourquoi ? les raisons sont multiples. La prise en charge des transplantés rénaux est complexe en particulier sur le plan thérapeutique et leur adhésion au traitement est un élément fondamental dans la réussite de la greffe L’évolution de la greffe peut être émaillée de nombreuses complications pouvant rapidement engendrer une morbidité importante et nécessiter des consultations et des hospitalisations non programmées. Le suivi « classique » de la greffe comporte des consultations régulières, fréquentes au cours de la 1ère année (une vingtaine selon les recommandations de la HAS), face à un problème de démographie médicale particulièrement préoccupant dans certaines régions. Un suivi partagé par le centre de transplantation, le service de néphrologie en charge du patient avant la greffe, le médecin traitant et de plus en plus d’autres professionnels de santé tels qu’infirmières, diététiciennes, psychologues, biologistes et pharmaciens d’officine nécessite la mise en place d’outils de communication performants. Comme tous les malades, les transplantés ont non seulement des droits mais aussi des capacités de décision et peuvent opérer des choix thérapeutiques. La télésurveillance devient alors un outil à part entière de l’éducation thérapeutique qui a pour objectif d’amener le patient à jouer un rôle actif dans la gestion de sa maladie grâce à l’acquisition de 1 compétences en matière de connaissance de la maladie et de son traitement, d’auto observation, d’auto surveillance et d’auto adaptation du traitement en fonction des circonstances de la vie. On peut alors espérer de nombreuses retombées positives pour les greffés, pour les professionnels de santé et pour la société. La télésurveillance à domicile, qui requiert la participation active du patient permet un suivi plus serré de chaque patient avec une amélioration de sa satisfaction (sécurité, limitation des déplacements, diminution des hospitalisations). Elle est un complément naturel de l’éducation thérapeutique. Elle permet une détection précoce des signes avant-coureurs de détérioration de l’état de santé. Théoriquement, une maîtrise accrue de la maladie chronique offre à son tour la possibilité de diminuer la consommation de services de santé, notamment en ce qui concerne les consultations non programmées et les hospitalisations, et ainsi de réduire de manière substantielle les coûts pour le système de santé. Elle permet enfin d’améliorer la coordination de tous les professionnels de santé intervenant auprès du patient • Comment ? La revue de la littérature et la réalisation d’une étude de faisabilité réalisée en 2006-2007 nous a apporté de nombreux enseignements sur les conditions pour une implantation réussie de ce mode de prestation des soins. Elles se regroupent en trois grandes catégories 1- Conditions associées aux patients visés par la télésurveillance à domicile La télésurveillance à domicile ne convient pas à tous les malades. Les patients qui présentent une déficience cognitive, visuelle ou physique, modérée ou grave ne peuvent y participer mais une alternative est d’impliquer une personne de l’entourage familial ou médico-social. Les effets bénéfiques de la télésurveillance à domicile sur l’état de santé se font sentir surtout chez les patients qui désirent jouer un rôle actif dans la gestion de leur maladie et ceux qui sont motivés à utiliser ce type de dispositifs technologiques. 2- Conditions associées aux dispositifs technologiques utilisés La convivialité du dispositif technologique mis à la disposition des patients et la non-intrusion de la technologie dans la vie de ces derniers constituent des critères d’acceptation importants. Ces dispositifs technologiques doivent répondre à leurs besoins spécifiques, et être adaptés à leur habileté technologique, leurs contraintes professionnelles et leur style de vie. 2 Les patients doivent retirer un bénéfice direct de la télésurveillance qui ne doit pas se faire à sens unique du soigné vers les soignants. Les dispositifs mis à la disposition des patients doivent donc favoriser leur accès aux connaissances en vue de les aider à accroître leurs capacités de réflexion et d’action en matière de santé personnelle. Ils deviennent alors partie intégrante des programmes d’éducation thérapeutique en permettant une meilleure compréhension de l’état de santé, une meilleure maîtrise des symptômes associés à la maladie chronique et un plus grand respect de la diététique et du régime médicamenteux. Nous avons donc conçu un dispositif de télémédecine proposé aux patients greffés disposant d’un accès internet et volontaires. Ce système d’Information se compose : • d’un dossier Médical partagé et dynamique • d’une Messagerie Sécurisée, permettant un accès par : le Néphrologue du patient, le Médecin Traitant du patient, le Pharmacien d’officine habituel du patient, les Paramédicaux intervenants auprès du patient, le Patient lui-même • D’un outil permettant la gestion des parcours d’éducation thérapeutique • d’une aide à l’Observance et au suivi du traitement médicamenteux par le pharmacien d’officine du patient Le vrai problème de la télésurveillance médicale réside dans la quantité d’informations générées par l’acquisition de données des patients et qui dépasse rapidement les capacités d’analyse par le médecin. Pour résoudre ce problème DIATELIC a développé avec le concours du Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications (LORIA), un système expert d’alerte et d’aide au diagnostic sophistiqué, basé sur une modélisation mathématique. Déjà mis en place pour la dialyse péritonéale et l’hémodialyse, nous l’avons adapté à la greffe rénale pour analyser les données cliniques fournies par les patients et les données biologiques provenant des laboratoires de biologie médicale. Ce système expert doit permettre de détecter très précocement les aggravations de l’état de santé des malades greffés afin de mettre en œuvre les actions adaptées et de n’attirer l’attention de l’équipe médicale que lorsque c’est nécessaire, lui évitant ainsi d’être submergé par les données. Le système expert a pour objectifs d’analyser, et d’alerter sur • Une dégradation de la fonction rénale pouvant être liée à un rejet, une toxicité du traitement, une complication urologique, une IRA fonctionnelle • Une modification de la Pression Artérielle cliniquement significative • Un trouble de l’Hydratation • La survenue d’évènements Intercurrents Les données analysées sont : le poids, la présence d’œdèmes, la présence d’une dyspnée, les pressions artérielles mesurées par un dispositif d’auto mesure, la température, 3 l’appréciation par le patient de son état de santé, les données biologiques et les taux sanguins d’immunosuppresseurs. Les dispositifs technologiques mis à la disposition des patients doivent également intégrer un tutoriel qui présente des informations sur la détection des symptômes, les signes de détérioration de l’état de santé (sous forme d’alertes) et les comportements à adopter en cas de détérioration (sous forme de conseils répétés). 3- Conditions associées à l’organisation d’un programme de télésurveillance à domicile La télésurveillance à domicile doit être conçue et implantée en considérant qu’il s’agit d’un mode d’intervention complémentaire dans la prise en charge globale du patient. Celle-ci doit donc comporter une coordination des soins définissant le rôle de chacun autour d’un dossier médical partagé avec et alimenté par tous les soignants et des référentiels. La mise en place d’un programme de télésurveillance à domicile requiert l’intervention d’infirmières affectées au télé soin et une étroite collaboration entre ces infirmières et les autres professionnels, notamment les médecins. Pour cela il serait sans doute utile de nommer au sein des équipes un binôme médecin référent du système-infirmière, sachant que ce binôme serait notamment en relation avec les informaticiens pour tous les problèmes liés à l’amélioration du programme. Ce binôme serait aussi chargé d’organiser de formations régulières sur le système au sein de l’équipe. En ce qui concerne la durée du suivi à distance, il paraît souhaitable de concevoir la télé surveillance à domicile comme étant un mode d’intervention permanent. Le suivi des greffés évolue dans le temps avec des contrôles fréquents au cours de la première année et qui s’espacent ensuite. La forme et la fréquence de ce suivi doivent donc être modulées en fonction du temps et de l’évolution de l’état de chaque patient. • Conclusions et perspectives Il reste à démontrer que la télésurveillance à domicile des patients greffés a des effets positifs cliniques (état de santé des patients), comportementaux (observance du traitement, prise en charge de la maladie, etc.), structurels (consommation des services et de soins de santé) et économiques. Nous avons cette opportunité grâce au projet eChronic/eNephro porté par la Société Pharmagest qui a été retenu dans le cadre de l’appel à projet « Santé et autonomie sur le lieu de vie grâce au numérique » lancé dans le cadre des investissements d’avenir (e santé 2). Il s’agit de l’évaluation médico-économique d’un système de télémédecine proposé à des 4 patients à différents stades de la maladie chronique : IRC stades 3 et 4, patients dialysés hors centre et transplantés rénaux. Cette étude randomisée contrôlé sera réalisée dans 3 régions Françaises (Lorraine, Nord Pas de Calais et Aquitaine), les premiers patients devraient être inclus début 2014, la période d’inclusion est de 1 an, les patients seront suivis pendant 1 an et les résultats sont attendus pour 2016. Durand PY, Chanliau J, Kessler M, Romary L, Thomesse JP, Charpillet F, et al. Diatelic: new intelligent telemedicine system to avoid hydration disorders in CAPD patients. Perit Dial Int 2000;20(Suppl.1):577. Kessler M, Erpelding M.-L, Empereur F, Rose C. Transplantélic : une application de télémédecine en transplantation rénale. Eur Res Telemed. 2013 ; 2 : 5-10 5 Etude randomisée ouverte d’évaluation d’une prise en charge par TELECONSULTATION versus un suivi STANDARD de patients Transplantés Rénaux en fonction d’un score de risque précoce d’échec de greffe (KTFS) : TELEGRAFT Dr Aurélie Meurette (CHU de Nantes) Il s’agit d’une étude prospective, multicentrique, randomisée associant 3 centres du réseau DIVAT (Necker, Lyon et Nantes). L'objectif principal de ce projet est l'amélioration de la qualité de la prise en charge médicale des patients transplantés rénaux grâce à un suivi personnalisé en fonction d’un score statistique prédictif de risque d’échec de greffe (KTFS, Kidney Transplant Failure Score) et d’un suivi comprenant des téléconsultations.. L’évaluation se fait selon les indicateurs classiques de survie des patients, de la survenue de complications sérieuses, rejets, retour en dialyse ou perte de fonction rénale) Les objectifs secondaires sont : • L'évaluation des retombées médico-économiques de ce suivi (ratio coût-efficacité incrémental). • L'amélioration de la qualité de vie avec évaluation de la qualité de vie et du retentissement psychologique selon les différents modes de suivi (évaluation par questionnaires de qualité de vie et psychologiques :MOS Short Form 36, EuroQol EQ5D et Renal TransQOL, échelles de stress, coping, HAD, PTGI et entretiens semidirectifs) Cette étude concerne des patients transplantés à 1 an de greffe, ce qui permet de calculer le score KTFS, prédictif du risque de perte du greffon rénal à 8 ans de greffe. Ce score permet de déterminer 2 groupes de patients : -groupe à faible risque de perte du greffon à 8 ans (7%) -groupe à plus haut risque de perte du greffon à 8 ans (30%) Il s’agit de personnaliser le suivi médical en fonction de ce risque. En effet, nous faisons l’hypothèse que le suivi peut être allégé pour les patients à plus faible risque alors qu’il doit être plus rapproché pour les patients à plus haut risque. Les patients sont donc dans un premier temps randomisé « TELECONSULTATION » versus « CONSULTATION STANDARD » ; puis, dans chaque groupe, les modalités du suivi sont déterminées par le score KTFS prédictif de perte du greffon : Pour les patients à plus faible risque : le suivi habituel (tous les 2 mois la 2e année de greffe puis tous les 3 mois durant la 3e année de greffe) sera réalisé soit par téléconsultation, soit par consultation standard (en dehors du bilan annuel fait systématiquement au CHU). Pour les patients à plus haut risque : le suivi habituel réalisé (en consultation standard au CHU), sera intensifié par la réalisation d’une téléconsultation intermédiaire entre les consultations standard, pour le groupe « téléconsultation ». Patient greffé depuis 1 an Critères de pré inclusion Consentement et inclusion Randomisation CONSULTATION STANDARD CS TELECONSULTATION TC Calcul du score KTFS Calcul du score KTFS Low Risk KTFS< 4,17 6 CS par an 4 CS Par an High Risk KTFS>4,17 9 CS par an 6 CS Par an Low Risk KTFS< 4,17 2e année de greffe 3e année de greffe 1 CS au CHU + 5 TC Par an 1 CS au CHU + 3 TC par an High Risk KTFS>4,17 9 CS au CHU + 9 TC par an 6 CS au CHU + 6 TC par an Afin de pouvoir évaluer la faisabilité d’un tel suivi par téléconsultation, en dehors d’un protocole de recherche clinique, la téléconsultation est réalisée au domicile du patient selon des « conditions habituelles », c’est à dire à partir de son équipement informatique personnel (prêt éventuel d’un micro et d’une caméra si besoin). La connexion à la téléconsultation se fait au moyen d’une clé USB nominative et sécurisée. A un an d’inclusion, il est intéressant d’analyser la faisabilité de la téléconsultation selon ces modalités, et de montrer les écueils « technologiques » nécessitant une adaptation des outils. Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon Naissance du projet CALYDIAL, Etablissement de santé lyonnais s’est lancé dans le développement d’un programme de télémédecine sur tous ses domaines d’activité autorisé : dialyse péritonéale, hémodialyse et insuffisance rénale chronique non dialysée. Dès 2006, pour optimiser la prise en charge de ses patients traités par dialyse péritonéale, il a mis au point une télésurveillance par « stylo communiquant ». Ce projet consistait en la remontée d’informations journalières cliniques simples (poids, tension…) via un téléphone GSM et un stylo numérique enregistrant l’écriture. Une application permettait de générer des alertes selon des protocoles médicaux établis, induisant une modification des pratiques pour les infirmiers responsables du suivi à domicile. Ce travail d’équipe, pluridisciplinaire, permettait ainsi de ne faire remonter aux médecins que les « problèmes critiques ». CALYDIAL a capitalisé sur cette expérience en identifiant les freins technologiques et humains induits par ce type d’organisation. La distribution de l’outil a malheureusement été interrompue, le « stylo communiquant » arrivant à la fin de son cycle de vie sur le marché des TIC. Aussi, en 2011, au‐delà des applications en dialyse, CALYDIAL a souhaité travaillé à la création d’un pilote, avec le soutien d’un partenaire industriel ORANGE®, contribuant à l’élargissement des usages et permettant de valider la réplicabilité de son expérience à un autre centre. Ce pilote a permis la réalisation d’une étude la télésurveillance de l’insuffisance rénale chronique pilotée par le CHU Grenoble dans le cadre d’un appel à projet PREQHOS. L’absence de maturité du marché dans le champ de la télésurveillance de la maladie chronique a malheureusement conduit cet industriel à prendre du recul par rapport à la poursuite de ce développement. Sans plus aucune solution technologique pérenne, il s’agissait pour Calydial de réfléchir à de nouvelles modalités de construction d’un outil de télésuivi, dans un laps de temps relativement court, permettant de prendre le relais de son usage, particulièrement en dialyse péritonéale. Avec le soutien de Astrh@, association de télémédecine en Rhône Alpes, Calydial est entré en relation avec le Cluster I‐Care Rhône Alpes qui a proposé de conduire le développement de la solution dans un mode de partenariat innovant du type laboratoire Living Lab. Cluster I care Rhône Alpes propose une rencontre professionnel / industrie en mode Living Lab Le cluster « I‐Care », est un cluster économique Rhône‐alpin, mis en place fin 2009 à l’initiative du Conseil Régional et soutenu par lui. A côté des pôles de compétitivité, plus tournés vers l’amont et la R&D, la région voit les clusters économiques comme des structures visant des actions plus tournées vers le marché et les conditions à son accessibilité. Le cluster I‐Care est une structure d’animation chargée de soutenir les entreprises du secteur des technologies pour la santé (conférences, groupes de travail, veille des appels à projets nationaux et Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon internationaux,…). C’est aussi un lieu de soutien de l’innovation (aide au montage de projets collaboratifs avec entreprises et laboratoires), d’information et d’accès aux standards ou aux normes (réglementation en santé) et d’aide au développement à l’international. Le cluster a fait depuis sa création l’objet d’une réflexion plus poussée sur la dimension économique pour offrir des services nouveaux aux entreprises régionales. Trois types de prestations ont été identifiées, dont une s’appuie précisément sur le concept de « Living Lab » (LL). L’intérêt pour le cluster I‐Care de s’intéresser aux LL est d’en faire des instruments opérationnels pour entretenir un espace de conception entre les besoins/les attentes utilisateurs (professionnels et patients), les offres et les usages. La démarche engagée se veut la plus fédérative possible vis à vis de ressources aujourd’hui à la fois multiples, multiformes et réparties principalement autour des trois pôles géographiques que sont Lyon, Grenoble et Saint‐ Etienne. Ces ressources sont des organismes de recherche (laboratoires, écoles, universités) et des organisations d’aide au développement associées d’outils technologiques et de prestations de service aux entreprises. La caractérisation de Living Lab reflète la diversité des compétences, des prestations fournies aux entreprises, des acteurs et des marchés cibles : les activités de normalisation, d’intégration, d’expérimentations conçues autour de plateformes ouvertes s’intéressent autant à l’organisation des soins qu’aux actes techniques mobilisant des dispositifs médicaux. Les pathologies visées sont réparties en trois domaines : le cancer, les maladies chroniques et les maladies neuro‐dégénératives et psychologiques, correspondant à trois LL distincts. Chaque domaine/LL est décliné en termes de soins en trois phases : prévention, traitement et suivi. Les domaines/LL mobilisent par ailleurs des plateformes permettant des expériences de type technique, organisationnel ou relevant des sciences humaines et sociales. Sous l’angle technologique, la problématique d’intégration est associée à celle du cycle de soin. Elle distingue les niveaux : dispositifs médicaux, réseaux et intégration de services. Les autres enjeux TIC et Santé pour la région concernent notamment comme la personnalisation des implants, la chirurgie assistée par ordinateur, le diagnostic en situation ambulatoire (« Point of Care »). Une caractéristique attendue de Living Lab est l’implication de l’utilisateur des futures solutions : utilisateur final/patient versus utilisateur professionnel/praticien. Les lieux où cette rencontre entre la personne et l’environnement technologique peut avoir lieu sont d’ores et déjà nombreux et répartis dans les trois métropoles de Grenoble, Lyon et Saint‐Etienne et sur tout le territoire régional. Nous rappelons les phases clés de ces interactions utilisateur‐concepteur : Exploration – Co‐création – Prototypage – Tests – Validation – Services support. La valeur ajoutée de l’approche LL Santé en Rhône‐Alpes est présentée comme un « service » au sein du cluster I‐Care dont principalement : Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon - l’organisation des échanges entre acteurs permettant le développement d’offres intégrées ; - la fourniture de services aux entreprises adaptées aux contraintes du secteur ; - la recherche de la participation des professionnels de santé et des patients au processus ; - l’aide au management et à la contractualisation entre les parties prenantes dans des projets complexes et partenariaux. Il s’agit non pas de construire de nouvelles infrastructures, car beaucoup d’organismes font déjà « du LL sans le savoir », mais de faciliter, à partir de ce qui existe déjà, l’évolution de l’organisation sanitaire en préparant les acteurs aux évolutions de leurs rôles. Par ailleurs, les acteurs économiques sont en recherche de partenaires pour concevoir des projets en adéquation avec les nouveaux besoins. Le Living Lab doit pouvoir contribuer à accélérer les rapprochements. En effet, jusqu’à ce jour, les démarches sont multiples et restent assez artisanales. La région Rhône Alpes encourage la démarche Living Lab en ce qu’elle accorde une place centrale aux usages et à l’innovation ouverte. Application à la dialyse péritonéale C’est dans ce mode Living Lab, que le Cluster I‐Care a permis la mise en relation de deux industriels, TMM et SOLWARE, avec l’association Calydial, elle‐même en lien avec le CISSRA, des établissements de santé partenaires lyonnais, stéphanois et grenoblois, de tous modes d’exercice, pour le développement d’un programme de télésurveillance de la maladie rénale chronique avec un développement initial en dialyse péritonéale, mais très rapidement applicable à la maladie rénale chronique non dialysée , et le suivi de transplantation. L’ARS, sans intégrer à proprement dit le Living Lab, a choisi de soutenir ce projet dans le cadre d’un appel à projet FMESPP (Fonds pour la Modernisation des Établissements de Santé Publics et Privés) dans la mesure où il était concordant avec le SROS 4 Rhône‐Alpes dans le cadre du projet de téléassistance aux patients porteurs de maladies chroniques. Une conception orientée vers les Usages patients et professionnels La coconstruction s’est faite de façon rapide, efficace, en 12 mois, avec développement d’une interface patient orientée vers l’Usage : ergonomique, très proche d’un cahier de dialyse péritonéale, elle est très interactive. La saisie est simplifiée et adaptable, avec possibilité d’intégrer de la chronologie, bien au‐delà de la journée de suivi (semaine, mois) telle que peut le permettre un agenda électronique. De plus, Le terminal utilisé par le patient ainsi que la Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon connexion sont, si ceux‐ci existent, ceux du patient, ce qui n’obligent pas à des investissements matériels forts coûteux. Le patient se voit proposer et programmer sur son terminal son parcours de patient dialysé péritonéal. Pour chaque patient est définie la notion d’activité de soin à savoir l’échange de dialyse péritonéale, le suivi du diabète, la validation de l’injection d’agent stimulant de l’érythropoïèse. De façon transparente, pour le patient, est créé ainsi par le professionnel de santé, un véritable parcours de soin personnalisé. Le patient, par ses saisies quotidiennes, adaptée à ses souhait ou capacités, pourra valider les étapes parcourues, et transmettre toute information à l’équipe soignante. Au‐delà du soin spécifique dialyse péritonéale, peuvent être ajoutées d’autres activités du type évaluation de la douleur, commandes, ou toute autre activité qui pourrait être intégrée dans le parcours patient. L’ergonomie est paramétrable pour chaque patient en fonction de ses capacités et de ses souhaits. Les usages pour les professionnels sont également totalement paramétrables : définition des valeurs à suivre et des alertes pouvant survenir, puis création des activités regroupant ces valeurs. A titre d’exemple, regroupement du poids de la poche drainée, du poids de la poche infusée, du type de poche et de l’ultrafiltration, le tout permettant de paramétrer un suivi adapté au parcours de soin individualisé du patient en dialyse péritonéale, et de paramétrer les protocoles de suivi. Des courbes de suivi sont produites, permettant une vision des évolutions des paramètres cliniques du patient. Des données biologiques peuvent être intégrées, à ce jour renseignées par le patient. Enfin, la connexion au DMP demandée par la société Solware, éditeur de logiciel reconnu dans le secteur médicosocial, est en cours d’examen. Un modèle économique réaliste Avec l’explosion des maladies chroniques, la situation de crise économique impliquant des programmes d’économie drastiques, l’équilibre entre les usages et les couts a été au cœur même de la conception. La possible utilisation des terminaux et connexion du patient est un élément contributif de l’économie du système. Au‐delà de cet aspect, l’application hors cout de connexion et terminaux est proposée à un prix modique de l’ordre de 15 Euros par mois, bien inférieur au nouvel acte de surveillance médicale en DP de 56€ Euros « Forfait hebdomadaire de prise en charge d’un patient insuffisant rénal en dialyse péritonéale » incluant: « …la télésurveillance des constantes du patient et des paramètres de la dialyse… ». En région Rhône Alpes, l’usage sera facilité, dans le cadre de la convention conduite au sein du LL, du fait du soutien de l’ARS, avec gratuité pour les trois premières années, Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon permettant, nous l’appelons de nos vœux, la conduite d’une évaluation des usages larges. Cet usage est au‐delà de la DP, à la MRC sévère au regard de l’étude pilote de télésurveillance conduite en partenariat avec le CHU Grenoble. Vers un modèle organisationnel Le modèle organisationnel ainsi pensé est un modèle au‐delà de la simple télésurveillance de la maladie chronique, avec enregistrement, transmission, analyse des données et génération d’alertes. Il est un modèle télé suivi basé sur les usages et devant trouver un équilibre dans une relation triptyque : usage patient / usage professionnel de santé / coût. De part cette conception basée sur les usages, le modèle est applicable aux patients avec polypathologies chroniques, permettant une assistance au parcours de soins pluridisciplinaire, intégrant télémédecine et évaluation des programmes d’éducation thérapeutique. L’ensemble des compétences du modèles sont transparentes pour le patient et l’outil est parfaitement adaptable à l’état de santé du patient : pourront être ainsi différenciées des télésurveillances simples de patients avec maladie chronique « en bonne santé » et des télésurveillances plus intenses de patient avec maladie chronique présentant une complication (sortie d’hospitalisation après angioplastie coronarienne par exemple). Conclusion Au final, le partenariat industriels / Calydial dans le mode de Living Lab, réunissant l’ensemble des parties prenantes, a permis de mettre la production d’un outil de télésurveillance de dialyse péritonéale, répondant à un scenario de santé réaliste et extensible à la maladie rénale chronique non dialysée et à la transplantation à très courts termes, et nous espérons pouvoir obtenir un financement pour conduire une évaluation des usages conformes aux nouveaux référentiels de la HAS. La gestion des informations au domicile du patient est désormais possible, ainsi que la connexion avec les logiciels établissements santé et le DMP en Région Rhône‐Alpes via la plateforme SISRA. L’évaluation des programmes thérapeutiques dont la mise en place et l’évaluation restent encore largement insuffisantes sera facilitée par ces outils. Cet outil permet désormais d’envisager un outil universel de gestion de la maladie chronique polypathologique au domicile, grâce à la réunion de l’ensemble des parties prenantes , apportant un élément de démonstration du caractère performant du mode Living Lab en santé autonomie, Télésurveillance en DP Une opportunité nouvelle de développement par l’approche « living lab santé » en Rhône-Alpes Agnès Caillette-Beaudoin, Jean-Pierre-Grangier - Calydial Gérald Comtet - Cluster I-Care Lyon pour proposer de nouvelles organisations en santé, pérennes, co‐responsables et utiles pour le patient en termes d’accessibilité aux soins et de sécurité. Bibliographie o Lasbordes Pierre, La télésanté : un nouvel atout au service de notre bien‐être ‐ Un plan quinquennal éco‐responsable pour le déploiement de la télésanté en France, Ministère de la santé et des sports, Novembre 2009. o Gordon Elisa J. Fink Jeffrey C, Fischer Michael J., Telenephrology: a novel approach to improve coordinated and collaborative care for chronic kidney disease, Nephro Dial Transplant (2013) 28: 972–981. o Grangier J‐P, et al. Impact organisationnel de la mise en place d’un télésuivi de maladie rénale chronique observé par les professionnels de santé participant à l’étude d’évaluation de l’efficacité d’un tel télésuivi au domicile du patient, EurRes Tel (2012). o Early referral strategies for management of people with markers of renal disease : a systematic review of the evidence of clinical effectiveness, cost‐effectiveness economic analysis – Health Technology Assessment 2010 ; Vol 14 : No 21. o Guy Paré, PlacidePoba‐Nzaou, Claude Sicotte, Home Telemonitoring for Chronic Disease Management: An Economic Assessment, ISSN 1713‐1383, No 12‐01 – Août 2012. o Rapport d’évaluation médico‐économique ; Efficience de la télémédecine : état des lieux de la littérature internationale et cadre d’évaluation – Haute Autorité de Santé – Juillet 2013. o Evaluation et amélioration des pratiques ; Grille de pilotage et de sécurité d’un projet de télémédecine – Haute Autorité de Santé – Juin 2013. Contacts: [email protected] gerald.comtet@i‐carecluster.org www.tmm‐software.com Télésuivi par e-tablettes des évènements porteurs de risque dans une cohorte MRC 3-4 – Etude ouverte randomisée avec groupe contrôle. A. Caillette-Beaudoin1; JP Grangier1 ; M.A. Le Pogam3 ; C. Grangier3 ; F. Kuentz2 ; R. Galland1; P. Serusclat4 ; C. Collin3 ; C. Jouet2 ; Y. Gagneux1; P. Zaoui2 1 CALYDIAL Mont Salomon - Vienne ; 2Centre de Santé Rénale Mounier AGDUC, CHU Grenoble ; 3CEPPRAL Lyon ; 4Clinique Mutualiste Les Portes du Sud Vénissieux Conflits d’intérêt : Partenariat Orange, Soutien Fondation Roche Il s’agit d’une étude randomisée, contrôlée, dicentrique, ouverte, prospective, à unité de randomisation individuelle comparant un groupe de patients télésuivis (groupe intervention) à un groupe de patients suivis selon un schéma conventionnel (groupe contrôle) (Promoteur CHU Grenoble). L’intervention étudiée consiste en la télésurveillance clinico-biologique et le « coaching » personnalisé des patients insuffisants rénaux chroniques non encore au stade d’IRT, à leur domicile, par e-tablette digitale et par centre d’appel téléphonique disponible 24 heures sur 24. Ce mode d’organisation des soins permet au patient d’échanger des informations concernant le suivi de son insuffisance rénale chronique quasiment en temps réel avec l’équipe pluridisciplinaire qui le prend habituellement en charge dans son centre de Néphrologie référent (néphrologue, IDE, cadre de santé spécialisé, diététicienne, endocrinologue) soit par le biais de l’e-tablette soit par appel téléphonique (central d’appel téléphonique 24/24 situé au centre CALYDIAL). En pratique, le patient est équipé gratuitement à son domicile par l’entreprise Orange® d’une etablette (tablet-PC grand public connectée à un réseau internet RTC sécurisé). Il se connecte à l’application de télésuivi développée par la société TELUS® grâce à la saisie d’un identifiant et d’un mot de passe lors de l’allumage de la e-tablette. La page d’accueil ou interface de coordination-patient de l’application TELUS lui propose 3 alternatives : - Saisir les données cliniques et biologiques qui lui sont demandées (nature et rythmicité définie par l’investigateur lors de l’inclusion du patient), - Saisir spontanément des informations cliniques et biologiques, - Accéder à la messagerie qui permet des échanges sécurisés de courriels entre le patient et l’équipe. Notamment, le patient peut solliciter l’équipe en cas de survenue d’un évènement porteur de risque ou d’une complication liés à ses traitements, en particulier aux bloqueurs du système rénine-angiotensine-aldostérone ou à des facteurs environnementaux. L’équipe pluridisciplinaire du centre de Néphrologie référent s’engage à relever les informations 1 fois par jour (6 jours sur 7) Critère de jugement principal : Fréquence de survenue des évènements porteurs de risque (EPR) ou des complications à 6 mois de suivi. Les EPR à recueillir sont cliniques : Œdème des membres inférieurs, Prise de poids comprise entre 5% (≥) et 10% (<) du poids de référence, Dyspnée d’effort, hypotension orthostatique (vertige), Hypertension artérielle modérée (valeur cible spécifique à chaque patient) et biologiques : Hyperkaliémie modérée comprise entre 5,2 (≥) et 5,6 mmol/l (<) liée à l’IRC, augmentation de 10% (≥) à 20% (<) de la créatininémie. Complications cliniques : Œdème aigu du poumon, Prise de poids ≥ 10% du poids de référence, Dyspnée de repos (en position assise ou au déshabillage) avec ou sans orthopnée, hypotension artérielle symptomatique (malaise, chute, intolérance totale, nécessitant l’appel d’un médecin ou une hospitalisation), Hypertension artérielle non contrôlée (valeur cible spécifique à chaque patient), Complications biologiques : Hyperkaliémie ≥ 5,6 mmol/l, augmentation > 20% de la créatininémie. Autres critères de jugement - Fréquence des facteurs environnementaux à 3 et à 6 mois de suivi, - Fréquence des hospitalisations, des consultations et des examens complémentaires non programmés à 3 et à 6 mois de suivi, - Evolution du débit de filtration glomérulaire, de la protéinurie (microalbuminurie), de l’hémoglobine glyquée (pour les patients diabétiques) et de la pression artérielle entre M0 et M6, - Fréquence d’échappement aux cibles thérapeutiques et fréquence des réajustements thérapeutiques à 3 mois et à 6 mois de suivi, Fréquence des déplacements des patients, Délai moyen d’aggravation de la fonction rénale (passage au stade supérieur), Délai moyen de survenue d’un EPR ou d’une complication liée à un facteur environnemental, Délai moyen des réajustements thérapeutiques, Score de qualité de vie à 3 mois et 6 mois de suivi, Score de satisfaction des patients à 3 mois et 6 mois de suivi, Score d’observance thérapeutique à 3 mois et 6 mois de suivi, Coûts directs de prise en charge des patients supportés par l’Assurance Maladie. Sélection des patients Sont inclus dans cette étude, les patients insuffisants rénaux chroniques suivis dans les centres CALYDIAL et AGDUC et présentant les caractéristiques suivantes : − Critères d’inclusion - Clairance de la créatinine (Débit de filtration glomérulaire) inférieure à 60 ml/min/1,73 m² - Avec au moins un facteur cardio-vasculaire tel que microalbuminurie pathologique >30mg/l, diabète de type 1 ou 2 ou évènement cardiovasculaire dans ses antécédents - Traitement par bloqueur du système rénine-angiotensine ; - Variation de + 10% de la créatininémie au cours des 6 derniers mois ; - Eligibilité technologique (accessibilité à une installation internet par réseau téléphonique RTC à leur domicile, capacité à utiliser la tablette tactile) ; - Consentement éclairé et écrit à participer à l’étude obtenu après délai de réflexion de 8 jours. − Critères d’exclusion : - Insuffisance rénale chronique terminale nécessitant un traitement de suppléance ; - Insuffisance rénale chronique stade 1 ou 2 ; - Insuffisance rénale chez un patient porteur de greffe rénale quel que soit le stade ; - Contre-indication aux traitements bloqueurs du SRA (IEC, ARA II, anti-aldostérones et inhibiteurs de la rénine) ; - Période d’absence pour convenance personnelle (vacances) supérieure à 3 semaines ; - Hospitalisation datant de moins de 3 mois ; - Inéligibilité technologique (connexion ADSL impossible, incapacité à utiliser la tablette) ; - Refus de participation à l’étude exprimé auprès du néphrologue référent. Recueil des données Les données des patients sont collectées dans un cahier de recueil de données électronique (e-CRF) propre à chaque patient quel que soit son groupe de randomisation. Il est complété par le néphrologue référent lors des consultations à M0, M3 et M6. Le nombre de sujets nécessaires est estimé à partir du critère de jugement principal : Fréquence de survenue des évènements porteurs de risque (EPR) ou de complications à 6 mois ; soit au moins 33 patients par groupe pour mettre en évidence une réduction de 25% statistiquement significative de la fréquence des EPR ou des complications à 6 mois dans le groupe intervention par rapport au groupe contrôle. Afin de tenir compte des perdus de vue et d’augmenter la puissance statistique, le recrutement est de 40 patients par groupe soit 80 patients au total soit 20 patients de chaque groupe de randomisation par établissement. 80 18 70 16 60 14 12 50 10 40 8 30 6 Cumul inclusion Patients inclus / semaine Graphique des inclusions globales 20 20 4 10 2 0 0 2010 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 semaines Suivi conventionnel Suivi tablette Cumul Objectif 1/12/10 -1/06/11 . Résultats Le principal frein au recrutement a été l’inéligibilité technologique requise pour permettre le branchement de la e-tablette sur le réseau RTC du domicile des patients inclus dans le groupe télésuivi. Le profil des patients est néphro-gériatrique (âge médian 74.5 ans [40-90 ans]) avec un âge plus élevé dans la cohorte e-tablette (76.2 vs 70.4 ; p = 0.03) dont 2/3 d’urbains/semi-urbains avec un sex ratio 3H/1F identique dans les 2 groupes et un niveau de formation plus bas dans le groupe e-tablet (51% niveau primaire vs 37% ; Fisher = 0.03). L’estimation médiane de la clairance de la créatinine (MDRD) à l’inclusion est de 35+24 ml/mn dans les 2 groupes. 84% des patients étaient diabétiques et/ou hypertendus et présentaient quasiment tous 1 ou plusieurs facteurs de risque ou antécédents cardiovasculaires. 229/240 visites théoriques ont été analysables. Le système a permis d’enregistrer 367 alertes concernant 33/40 patients soit 1.69 alerte par patient sur 6 mois. Il s’agissait surtout d’alertes cliniques (dyspnée, TA, signes fonctionnels) ayant nécessité 146 appels téléphoniques du personnel « télésurveillant », 39 recours au néphrologue référent et 17 changements de traitement. 11EPR et 4 complications dans le groupe e-tablette contre 4 EPR et 1 complication dans le groupe conventionnel étaient enregistrés à la visite d’inclusion. Au cours du suivi, à 3 mois les EPR du groupe tablette se réduisent à 2 (complications 0) et plus aucun évènement n’est observé à 6 mois. A l’inverse, et c’est le résultat le plus important de cette étude, ces items restent stables et identiques aux valeurs d’inclusion à 5 et 4 complications et EPR dans le groupe conventionnel. Parmi les variables cliniques suivies, 99% des patients présentaient un risque cardiovasculaire (syndrome œdémateux, dyspnée, HTA non contrôlée…), 76% un risque digestif (nausée, défaut d’alimentation) et la réadaptation des traitements bien que globalement identique, a été 2 fois plus fréquente au cours des consultations de suivi conventionnel, la moitié des adaptations thérapeutiques ayant lieu dans le groupe e-tablet au cours du suivi. Pour les variables quantitatives clinico-biologiques, on observe surtout un meilleur contrôle tensionnel dans le groupe e-tablet (-11 mm Hg) par rapport au suivi conventionnel (+ 4 mm Hg) et une tendance à 6 mois au déclin du DFG plus marquée dans le groupe conventionnel (-4.5 ml/mn) que dans le groupe e-tablette qui reste inchangé. Les autres paramètres clinico-biologiques (poids, potassium, protéinurie, hémoglobine, saturation de la transferrine) ne sont pas discriminants. Les patients les plus fragiles (DFG inférieur à la médiane 35 ml/mn) présentent plus d’EPR et de complications à l’inclusion que dans le groupe contrôle mais s’améliorent et rejoignent le profil du groupe contrôle après 6 mois de télésuivi. Discussion - Conclusion L’analyse des données recueillies est encore incomplète pour évaluer la satisfaction des patients, les coûts et le suivi post-étude. De plus, l’étude manque de puissance du fait de la taille de la cohorte limitée par l’accessibilité au réseau et par la logistique du centre d’appel, de la durée du suivi à 6 mois ce qui est court pour des patients chroniques. Il ressort cependant de cette étude pilote des critères d’acceptabilité et de faisabilité, de sécurité et de non infériorité du système de télésuivi. L’efficience en termes de ratio des heures de télésuivi (144h), de consultations (240h) soit 1h30 par patient par mois apparaît raisonnable d’autant que le temps de télésuivi est réduit par rapport au temps médical. Ces résultats justifient des projets d’extension à plus grande échelle, probablement sur les populations les plus fragiles (isolement géographique et social, stades 4-5, polypathologies, suivi post-hospitalisation, suivi post-greffe) pour définir un modèle économique acceptable pour tous les acteurs de la prise en charge, les patients, les soignants, les industriels et les organismes payeurs. 1 Controverse Unité de dialyse télésurveillée (UDM-TS) : POUR Plaidoyer pour une amélioration du parcours de santé des patients dialysés Dr Pierre SIMON Président Association Nationale de Télémédecine (ANTEL) 5, rue Jules Jouy 75018 Paris La télémédecine, acte médical à distance est une pratique devenue légale par la loi HPST du 20 juillet 2009. Elle a pour objectif principal d’améliorer le parcours de santé des patients atteints de maladies chroniques, la santé devant être compris, selon l’OMS, comme le bien-être d’une personne et pas seulement l’absence de maladie. Les conditions de mise en œuvre de la télémédecine ont été précisées dans le décret du 19 octobre 2010. La télémédecine1 2 3 peut améliorer la continuité des soins entre l’hôpital, la médecine de ville et le domicile des patients souffrant de maladies chroniques. Elle peut maintenir les patients à leur domicile ou substitut (EHPAD) en prévenant les adressages aux urgences et les hospitalisations évitables. Elle peut améliorer la coordination des soins entre les professionnels de santé et favoriser ainsi la coopération entre ces professionnels4. Elle permet de réaliser un parcours de soins gradués entre les établissements de santé au sein d’un territoire ou d’une région sanitaire. Elle assure, dans certaines zones isolées, un meilleur accès aux soins et permet ainsi de réduire le risque de perte de chances. L’usage de la télémédecine doit répondre à un besoin de santé clairement identifié par les professionnels de santé. Elle doit être un réel service médical rendu aux patients5. La télémédecine permet le juste soin au bon endroit et au meilleur coût. L’insuffisance rénale chronique fait partie des principales maladies chroniques liées au vieillissement. Aujourd’hui, les patients dialysés sont en majorité des personnes âgées de plus de 65 ans et la greffe rénale leur est proposée au delà de 70 ans, voire 80 ans. Près de 50% des patients dialysés âgés de 70 ans et plus cumulent plusieurs maladies chroniques. Les principales faiblesses du parcours de santé d’un patient en insuffisance rénale chronique sont bien identifiées. Elles méritent d’être rappelées : une insuffisante prise en charge des patients parvenus à un stade avancé de leur maladie ( stade IV), responsable pour une grande part des 30 à 40% d’arrivées en dialyse en urgence sans suivi néphrologique préalable, un développement trop important de la dialyse en Centre, au détriment parfois de la qualité de vie des patients lorsque les horaires de traitement sont incompatibles avec une vie sociale adaptée à l’âge, une saturation des 1 Simon P, Acker D. La place de la télémédecine dans l'organisation des soins. Paris: Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins; novembre 2008 ; 162p. 2 Simon P. De nouvelles organisations et pratiques de soins par télémédecine. Médecine des maladies Métaboliques. Mai 2010 ; 4(3):1-6. 3 Simon P. Télémédecine : un levier pour la restructuration de l’offre de soins. Revue Hospitalière de France, Janvier 2010 ; 532 : 10-15. 4 Simon P. The role of telemedicine in the organization of care. Soins, 2010 Nov ; 750 :29-31. 5 Simon P. La recherche clinique en télémédecine : évaluer le service médical rendu aux patients. Clinical research in telemedicine: Evaluation of the medical service to patients European Research in Telemedicine. 2012 ; 1(1):1-5. 2 consultations de suivi des patients greffés dans les centres de transplantation à l’origine de grandes insatisfactions et frustrations des personnes concernées. Chez les patients en insuffisance rénale sévère à risque d’évolution vers la dialyse, des solutions de télémédecine commencent à apparaitre pour améliorer le suivi de ces patients et ainsi retarder ou prévenir le stade terminal de la maladie. Pour les patients greffés, les équipes de transplantation commencent à développer des solutions organisationnelles nouvelles, structurées par la télémédecine, afin de désengorger les consultations des Centres de greffe, grâce à une meilleure collaboration avec les équipes néphrologiques des établissements périphériques et les médecins généralistes. Ces initiatives prises au cours des toutes dernières années par de plusieurs équipes, tant en France6 et qu’à l’étranger7, n’ont pas déclenché de controverses. Pourquoi l’application de la télémédecine aux patients dialysés serait-elle alors l’objet de controverses ? La pratique très réglementée de la médecine dans notre pays a été probablement un frein au développement de la télémédecine. Mais il nous faut aujourd’hui montrer les bénéfices apportés par ce nouveau mode de prise en charge. Tout d’abord, de façon générale, l’activité de soins dans les établissements de santé en France est très réglementée. De nombreux décrets ont été publiés ces dix dernières années pour organiser les activités de soins au niveau des établissements de santé. Ils sont intégrés au Code de la santé publique8. C’est ainsi que le traitement de l’insuffisance rénale chronique par dialyse a été sanctuarisé dans un décret en date du 23 septembre 2002. Ce décret a certes amélioré la prise en charge des patients dialysés dans certaines régions, mais a laissé peu de place à des innovations organisationnelles de prise en charge pour mieux répondre aux nouvelles demandes sociétales. L’échec de la plupart des SROS III (2007-2012) dans le champ de la dialyse illustre les limites de la réglementation. Le SROS III voulait s’appuyer sur le décret de septembre 2002 pour améliorer le parcours de santé des patients dialysés, en réduisant notamment la dialyse en Centre au profit du développement de la dialyse péritonéale à domicile, prise en charge moins couteuse pour l’Assurance maladie. Malgré le caractère opposable des modes de prise en charge en dialyse les objectifs du SROS III n’ont pas été atteints. A la fin du SROS, en 2012, on retrouvait dans de nombreuses régions sanitaires la même répartition des modes de prise en charge qu’en 2007, notamment en dialyse péritonéale et une accentuation des prises en charge en Centre d’hémodialyse. La pratique innovante de la télédialyse en Bretagne à partir de 2002 a longtemps été considérée comme illégale. Il a fallu la volonté d’une Directrice d’ARH devenue ensuite Directrice Générale de la DGOS pour que cette pratique de la télémédecine soit reconnue en janvier 2010 par la HAS 9 comme un nouveau mode de prise en charge des patients dialysés, assurant autant la qualité et la sécurité des soins que les prises en charge usuelles. Après les recommandations de la HAS pour une pratique de la télédialyse en Unité de Dialyse Médicalisée (UDM), et après la parution du décret de télémédecine en 2010, le décret de septembre 2002 sur l’organisation du traitement de 6 M. Kessler, M.-L. Erpelding, F. Empereur, C. Rose : Transplantélic : une application de télémédecine en transplantation rénale. Transplantelic: An application of telemedicine in kidney transplantation European Research in Telemedicine 2013 ;2 (1) : 5-10 7 Gordon EJ, Fink JC, Fischer MJ. Telenephrology : a novel approach to improve coordinated and collaborative care for chronic kidney disease. Nephrol Dial Transplant (2013) 28:072-981 8 ème er Code de la santé publique, 6 partie, Livre 1 , Titres I et II 9 HAS Les conditions de mise en œuvre de la télémédecine en unité de dialyse médicalisée ; synthèses et recommandations, janvier 2010. medicalisee www.has-sante.fr/.../synthese-les-conditions-de-mise-en-oeuvre-de-la-telemedecine-en-unite-de-dialyse- 3 l’insuffisance rénale pouvait enfin être revu et modifié dans son article D.6124-7610. Le nouveau décret du 11 février 2012 intégrait les conditions réglementaires de mise en œuvre de la télémédecine dans la prise en charge des patients en UDM. Il est donc aujourd’hui légal et réglementaire de développer des UDM-TS. La controverse ne peut plus porter sur les questions de responsabilité médicale ou institutionnelle. Quels sont les bénéfices démontrés de la télédialyse en UDM-TS ? On peut en retenir au moins trois, essentiels à nos yeux. Le premier bénéfice de la télédialyse est qu’elle permet de prendre en charge à distance des patients qui pouvaient être contraints, de par leur état clinique de co-morbidités, d’être traités en Centre d’hémodialyse pour une surveillance médicale rapprochée11. Une telle contrainte peut toucher des patients très éloignés d’un Centre. Ce que la HAS a désigné comme les trois actes indissociables de la télédialyse (télésurveillance médicale, téléassistance médicale et téléconsultation) permet d’apporter à ces patients une qualité et une sécurité des soins au moins équivalentes celles qu’ils ont en Centre où le néphrologue est présent. Comme pour les autres maladies chroniques sévères (insuffisance cardiaque stade III-IV NYHA, diabète complexe de type I, l’insuffisance respiratoire, etc.), l’usage de la télémédecine, au domicile du patient ou au plus proche de celui-ci, peut apporter un service médical aux patients, au moins équivalent à celui obtenu sans télémédecine, avec souvent l’avantage de réduire les épisodes de complications et les hospitalisations 12. Pour les patients insuffisants rénaux traités en UDM-TS, le protocole validé par la HAS doit être appliqué avec rigueur. Les infirmiers qui sont au contact des patients doivent pouvoir entrer en contact avec le néphrologue du Centre d’hémodialyse en cas de problème survenant en cours de séance. C’est l’acte de téléassistance médicale13. La télésurveillance en synchrone des principaux paramètres de la séance permet la qualité et la sécurité de la télédialyse. Elle nécessite l’usage de générateurs qui soient de vrais dispositifs médicaux communicants, c'est-à-dire en capacité d’envoyer vers le Centre de surveillance, plusieurs fois par heure, les paramètres de la séance qui permettront au néphrologue, lors de la téléconsultation, d’évaluer la qualité de la séance. Au moment où il intervient, le néphrologue doit disposer des données de séance comme le niveau moyen du débit sanguin pendant la séance, la dialysance moyenne obtenue, les pressions veineuse et artérielle au niveau de la fistule artério-veineuse, la perte de poids horaire, la tension artérielle et le rythme cardiaque pré et per dialytiques. Ces données sont retraitées par des logiciels experts et traduites en courbes qui permettent au néphrologue de croiser les différentes valeurs. Ainsi, l’application des technologies de l’information et de la communication (TIC) à la surveillance d’une séance de dialyse a vu l’apparition d’une sémiologie nouvelle du traitement par dialyse, laquelle permet désormais d’anticiper la survenue de certaines complications, comme un débit de fistule insuffisant ou inadéquat, une insuffisance de dialysance ou de Kt/V, une menace de thrombose de fistule, l’apparition sournoise d’une hypertension volume-dépendant lorsque le poids sec est mal 10 ème er Code de la santé publique, 6 partie, Livre 1 , Titre II Equipements sanitaires, sous-section 4 Insuffisance rénale chronique, paragraphe 5 : unité de dialyse médicalisée (Articles D6124-75 à D6124-77) 11 Simon P. La télédialyse. Une application de la télémédecine à la surveillance médicale de séances d'hémodialyse réalisées à distance. Techniques Hospitalières 2005;692:60-4. 12 Reference 5 13 Bougeard D, Le Sann K, Domalain M, Burel S, Le Goff G. : Telemedicine and nursing practices in teledialysis. Soins. 2010 Nov; (750):43-4. 4 ajusté à chaque séance14. Grâce aux TICs il est désormais possible d’avoir des éléments objectifs d’un état stabilisé ou non d’un patient traité par dialyse. Ce sont les patients stabilisés dans leur état qui peuvent bénéficier d’un traitement réalisé en dehors du Centre d’hémodialyse, au plus proche de leur domicile, dans une UDM-TS de proximité15. Intégré aux autres formes de prise en charge en dialyse, l’UDM-TS améliore le parcours de santé des patients dialysés16. Un deuxième bénéfice de la télédialyse en UDM-TS est de pouvoir offrir à des patients âgés des horaires de traitement plus conformes au maintien d’une vie sociale. Lorsqu’un patient âgé est éloigné d’une centaine de kilomètres du Centre d’hémodialyse le plus proche, il subit, avant chaque séance de dialyse, un long temps de transport, et parfois des contraintes d’horaires de traitement qui peuvent altérer sa santé. En effet, malgré leur volonté de satisfaire les patients, les gestionnaires d’un Centre d’hémodialyse n’ont pas toujours la possibilité de leur offrir des horaires de traitement qui prennent en compte les contraintes de l’éloignement. C’est ainsi qu’une des raisons, et non la moindre, qui a poussé les responsables du Centre d’hémodialyse de Saint-Brieuc à développer des 2004 les UDM-TS a été la volonté d’offrir à des patients âgés, résidant dans la région de Lannion (80 km de Saint-Brieuc) et de Paimpol (65 km) un traitement de proximité à un horaire plus adapté17. Au lieu d’être réveillé et souvent habillé par l’ambulancier à 5h du matin pour un début de séance au Centre de Saint-Brieuc à 7h ou de revenir à leur domicile après une séance de l’après-midi qui se termine à 19-20h, avec une fatigue post-dialyse importante aggravée ensuite par la durée de transport, l’UDM-TS de proximité offre désormais à ces patients un confort indiscutable pour une vie sociale meilleure. Lorsque ces patients âgés ont vécu les bénéfices personnels du traitement de proximité par UDM-TS, ils ne veulent plus revenir en Centre, sauf bien entendu si des raisons médicales le justifient. Quelque soit l’âge, les patients s’adaptent très bien à la procédure de la télédialyse en UDM-TS et estiment être aussi bien traités qu’en Centre18. Par contre, les médecins peuvent avoir plus de difficultés à accepter ce nouveau mode de prise en charge19. Un troisième bénéfice concerne l’Assurance maladie, puisque le traitement en UDM de proximité est moins couteux que le traitement en Centre, notamment parce qu’il réduit les coûts de transport20. Encore faut-il que ce bénéfice ne soit pas effacé par des hospitalisations qui seraient plus fréquentes. Les populations étudiées jusqu’à présent sont peu nombreuses. Une récente publication à 5 ans montre que la fréquence des hospitalisations chez les patients traités en UDMTS n’est pas supérieure à celle des patients ayant le même profil de co-morbidités et traités en 14 Léonetti F, Stanescu C. Apport de la télémédecine chez l'insuffisant rénal. In: Simon P, dir. L'insuffisance rénale : prévention et traitements. Paris: Masson; 2007. p. 149-57. 15 Charasse C, Boulahrouz R, Leonetti F, Potier J, Stanescu C, Le Cacheux P, Ang KS, Baluta S. : Teledialysis in satellite hospital : 5-year practice in Saint-Brieuc. Nephrol Ther. 2013 Jun;9(3):143-53. 16 Chanliau J, Simon P. Apports de la télémédecine dans la graduation des soins. Revue Hospitalière de France, 2010 ; 532 : 18-23. 17 ANAP, la télémédecine en action : 25 projets passés à la loupe. 2012, tome 2, pp. 116-123. 18 Simon P, Ang KS, Stanescu C, Boulahrouz R, Charasse C, Leonetti F: « la qualité et la sécurité du traitement par hémodialyse : un défi pour le développement de la télédialyse ». Société Francophone de Néphrologie, Nancy, septembre 2005 (Communication) 19 Ang KS, Boulahrouz R, Charasse C, Le Cacheux P, Leonetti F, Stanescu C, Simon P: Télémédecine et hémodialyse : bien être pour le malade ou gadget pour le médecin ? l’expérience d’une unité de dialyse télésurveillée de Saint Brieuc ». Université d’été de la société francophone de dialyse. Compiègne, juin 2008. (Communication) 20 HAS. Evaluation médico-économique des stratégies de prise en charge de l’insuffisance rénale chronique terminale en France (à paraitre) 5 Centre d’hémodialyse21 Une évaluation médico-économique fiable ne pourra être réalisée qu’avec une étude à plus grande échelle. C’est un des objectifs que se donne l’étude E-chronic /E-nephro qui a reçu récemment un financement public22 L’étude se déroulera sur une période de 36 mois avec l’inclusion d’une cohorte se 1500 patients. Cette étude inclut un programme de prédépistage de l’insuffisance rénale à risque d’évolution vers la dialyse, ainsi que les différentes prises en charge de l'Insuffisance Rénale Chronique à tous les stades de la maladie. Depuis la parution du décret de télémédecine en octobre 2010, une cinquantaine de projets d’UDM-TS ont été pris en compte dans les 26 programmes régionaux de télémédecine pilotés par les ARS. Tous auront une évaluation médico-économique, mais les résultats ne seront pas connus avant 3 à 5 ans. Le financement actuel de la télédialyse, lorsqu’elle est sous la responsabilité des établissements de santé publics et privés, relève du droit commun de la Sécurité sociale, notamment de la T2A, pour son fonctionnement. Les nouveaux projets d’UDM-TS inclus dans les programmes régionaux de télémédecine seront financés par le fond d’investissement régional (FIR). En conclusion, s’il y a réellement une controverse sur le déploiement des UDM-TS de proximité, on ne voit pas quel pourrait en être aujourd’hui son fondement. L’UDM-TS vient compléter la prise en charge graduée des patients en insuffisance rénale terminale traités par dialyse, à côté des autres modes de prise en change hors centre que sont la dialyse péritonéale, l’autodialyse et, depuis peu, l’hémodialyse quotidienne à domicile. La télémédecine contribue ainsi à améliorer le parcours de santé des patients atteints de cette maladie chronique (figure 1). 21 22 Référence 15 Le projet E-Chronic /E-Nephro a été sélectionné dans le cadre de l'appel à projets E-Santé n°2 des investissements d'avenir et est conduit par un consortium d’établissements de santé et d’industriels piloté par la société Pharmagest. 6 Figure 1 Le nouveau parcours de santé des patients en IRT avec la télémédecine Décret de sept 2002 Décret de fev 2012 Telédialyse Cs/ mois Cs et visite/mois Équipe néphrologique sur place Visite/sem Consentement du patient Dialyse à domicile Autodialyse simple Autodialyse assistée UDM-TS UDM Patient stabilisé dans son traitement Centre Télémédecine et responsabilités juridiques Lina Williatte-Pellitteri Professeur Faculté libre de droit et Avocat au Barreau de Lille. Cabinet SHBK Directrice du Master 2 droit de la responsabilité médicale Usage de la télémédecine et responsabilité des organisateurs Le décret du 19 octobre 20101 indique dans son article 3 les conditions d’organisation de l’activité de télémédecine. Ces dernières se classent sur plusieurs niveaux. Au sommet : celles contenues dans les textes qui prévoient dans leur objet l’organisation de l’activité de télémédecine. En deçà : celles contenues dans les textes qui conçoivent les modalités pratiques de cette organisation. Sans s’exclure l’une l’autre, ces conditions doivent être satisfaites de manière complémentaire. L’organisation générale de l’activité de télémédecine • L’activité de télémédecine doit faire l’objet soit d’un programme national, soit d’une inscription dans un Contrat pluri annuel d’objectifs et de moyens (CPOM) ou un Contrat ayant pour objet d'améliorer la qualité et la coordination des soins (CAQCS)2, soit d’un contrat particulier conclu entre le directeur général de l’Agence régionale de la santé (ARS) et le professionnel de santé ou le cas échéant, tout organisme concourant à cette activité. Ce premier niveau de texte doit non seulement respecter le programme relatif au développement de la télémédecine mais aussi préciser les conditions selon lesquelles l’activité de télémédecine va s’exercer en tenant compte des spécificités de l’offre de soins du territoire concerné. Concernant le programme national. A vocation plus générale, il a pour ambition de définir les enjeux ainsi que les objectifs de déploiement de l’activité de télémédecine et ses modalités de déclinaison à l’échelon territorial. Il reste ainsi le texte de référence au niveau régional. Juridiquement, il fait office de contrat cadre fixant les objectifs opposables aux acteurs régionaux. Concernant l’inscription au CPOM, au CAQCS3 ou dans tout contrat particulier. Dans les trois cas, il s’agit de contrat conclu entre l’ARS et les acteurs du secteur sanitaire ou médicosocial. Ces contrats ont pour vocation d’identifier des objectifs à atteindre en contrepartie desquels une compensation financière peut être ou non versée. Juridiquement, si la sanction n’est pas celle classiquement prévue par le droit des contrats4, il n’en reste pas moins que la non satisfaction d’un objectif contractualisé implique des conséquences unilatérales à l’égard de l’acteur de santé qui s’est engagé. Ce constat amène d’ailleurs à souligner une inadéquation du vocabulaire employé par le législateur dans le décret de 2010. De connotation principalement juridique, les termes usités n’en ont ni le sens, ni les conséquences. 1 N°2010-1229 relatif à la télémédecine. Dans cette hypothèse, ces contrats doivent respecter les prescriptions du programme relatif au développement de la télémédecine prévue à l’article L1434-2 du Code de la santé publique (CSP). 3 Article L1435-4 CSP. 4 Classiquement en droit des contrats, la non exécution ou la mauvaise exécution d’une obligation contractuelle entraine une responsabilité civile contractuelle qui prend la forme d’une indemnisation qui doit être versée par le contractant défaillant. Article 1147 du Code civil. 2 Certains points de la loi en témoignent. Il est connu de tous désormais que le législateur de 2009 à travers la loi HPST a souhaité faire transparaître sa volonté de contractualiser les relations entre les acteurs de santé et les institutions étatiques en l’occurrence l’Agence régionale de santé (ARS). L’idée étant de faire état de plus de souplesse dans l’identification des objectifs et principalement dans leurs négociations. De manière sous-jacente, il est également à noter une volonté de responsabiliser les acteurs de santé, maîtres (officiellement) de leurs objectifs et de leurs actions. En leur confiant la négociation des objectifs qu’ils vont être amenés à atteindre, l’autorité de tutelle est d’autant légitime à sanctionner les mauvais élèves. La sanction est donc unilatérale alors que la négociation et la conclusion sont dites et se veulent consensuelles et synallagmatiques. Une utopie textuelle loin des réalités du terrain : un directeur d’établissement de santé est-il en position d’équilibre contractuel devant le préfet sanitaire lui même tenu de contractualiser des objectifs fixés en amont… Si le consensuel contractuel est bien présent dans les textes il semble être absent de facto. En tout état de cause, si responsabilité il y a, nul ne peut infirmer l’idée que celle-ci est à sens unique au plus grand dam des acteurs du monde sanitaire ou médico social. L’organisation opérationnelle de l’activité de télémédecine. • Les conventions ayant pour objet les modalités pratiques de l’organisation de l’activité de télémédecine. De prime abord, doit être exclue de ces conventions, l’activité de régulation médicale. Cette dernière a été intégrée dans le décret de 2010 afin de lui confier un cadre textuel jusqu’alors manquant, fragilisant ainsi sa pratique d’un point de vue juridique. Aujourd’hui bien que prévue par le texte, elle fait office d’exception dans la mesure où elle semble pouvoir bénéficier d’un traitement distinct. Pour le reste, le texte est clair et partant permet d’identifier les obligations ainsi que les responsabilités des acteurs organisationnels de l’activité de télémédecine5. En amont, il est utile de préciser que toutes modalités prévues dans les conventions engagent la responsabilité des parties qui les ont signées et qu’à ce titre elles peuvent être amenées à en répondre. Ainsi, il appartient à l’Agence régionale de santé (ARS) de vérifier que les actes tels que définies dans la convention relèvent d’une activité de télémédecine et qu’elles répondent à ce titre à l’une des définitions prévues à l’article R 6316-1 du Code de la Santé publique. Par ailleurs, il lui appartient également d’acter que l’organisation telle qu’exposée répond aux prescriptions du programme relatif au développement de la télémédecine (PRT)6 et qu’enfin l’activité est bien conforme à l’ensemble des conditions d’exercice prévue au décret du 19 octobre 2010. Le(s) co contractant (s) s’oblige(nt) quant à lui à mettre en œuvre une organisation conforme au décret du 19 octobre 2010 et respectueuse des droits fondamentaux du patient. Et vérifier ainsi que des modalités sont prévues pour informer le patient sur le procédé de télémédecine usité et pour recueillir son consentement éclairé. Ce consentement n’exclut pas celui relatif à la prise en charge médicale qui est dû en application de l’article L1111-4 du CSP. 5 L’utilisation de termes génériques tels que « organisateur » ou « acteurs de santé » démontre l’intention du législateur de ne pas limiter le développement de l’activité de télémédecine. Celle-ci peut donc être initiée par toutes sortes d’initiatives et peut être mise en œuvre via n’importe qu’elle support juridique sous réserve toutefois de respecter les principes et conditions fondamentaux prévus par le Décret de 2010. 6 Le PRT détermine les objectifs quantitatifs, qualitatifs et les modalités de fonctionnement qui doivent être satisfaits. Il doit par ailleurs garantir le secret médical au patient et sécuriser le transfert des données médicales ainsi que leur hébergement7. A ce titre, il doit se conformer non seulement aux exigences des textes8 mais aussi aux référentiels de sécurité tels qu’établis par l’Agence nationale des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé)9 et aux recommandations de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)10. Toutes failles du système laissant s’échapper des données de santé engageraient non seulement la responsabilité pénale de l’organisme11 et ou de l’organisateur ou son représentant mais aussi sa responsabilité civile. Il se doit également de garantir la tenue d’un dossier patient dont l’accès doit être aisé à tout professionnel de santé intervenant à l’acte. Ce dossier doit être également l’outil de traçabilité de l’entrevue médicale à distance. Il peut à ce titre être un vrai outil de défense devant les prétoires en cas de contentieux12. L’organisateur est également responsable des professionnels de santé qu’ils intègrent dans l’exercice de l’activité de télémédecine en ce sens où il doit garantir au patient que le professionnel qui le prend en charge en a légalement les compétences13 ; au risque d’être susceptible de poursuite pour complicité d’exercice illégal de la médecine14. Dans le même sens, il doit veiller à ce que les professionnels de santé (médecin, infirmière comme psychologue) intervenant soient formés à l’activité même de la télémédecine. Le cas est évident lorsqu’il s’agit de la pratique de la téléconsultation. L’appareillage exige une certaine technicité non évidente pour le profane. Cette formation est donc à la charge de l’organisateur. En outre, il se doit de mettre en place des procédures d’authentification des professionnels de santé intervenant dans l’acte15. Une différence notable peut être faite au regard de la lettre du texte du décret du 19 octobre 2010, car si l’organisateur se doit de garantir l’authentification des professionnels de santé intervenant à l’acte il ne doit garantir en revanche que l’identification du patient. La différence ne se situe pas uniquement au niveau du vocabulaire employé mais des conséquences que cela implique. Cette subtilité s’explique par le fait que le secret médical s’oppose à ce que le dossier du patient puisse être accessible à d’autres personnes que celles qui ont été autorisées. Ainsi, si la simple identification du patient suffit, le professionnel de santé doit quant à lui répondre à des processus de vérification des habilitations. La carte de professionnel de santé (CPS) ou tout dispositif équivalent agréé par l’organisme chargé d’émettre la CPS semble répondre aux exigences sans préjudice toutefois 7 Les hébergeurs de données de santé ont pour activité l’organisation du dépôt et la conservation des données personnelles de santé. Plus précisément, ils sont chargés d’assurer l’externalisation, la détention et la conservation des données personnelles de santé recueillies ou produites à l’occasion d’un acte de prévention, de diagnostic ou de soins. Le décret du 4 janvier 2006 définit, organise la procédure d’agrément et fixe le contenu du dossier qui doit être fourni à l’appui de la demande. 8 Articles R6316-10 CSP. 9 Agence nationale des systèmes d’information partagés de santé. 10 Guide des professionnels de santé. CNIL édition 2011. 11 La violation du secret médical est une infraction pouvant être poursuivie non seulement à l’égard des personnes morales mais aussi des personnes physiques qui la dirigent ou la représentent. Article 226-13 du Code pénal : les personnes physiques encourent une peine d’1 an et 15000 euros d’amende. Selon l’article L 131-38 du Code pénal : les personnes morales encourent une peine de 75 000 euros d’amende. 12 Selon l’article R6316-4 CSP Sont inscrits dans le dossier du patient tenu par chaque professionnel médical intervenant dans l'acte de télémédecine et dans la fiche d'observation 1° Le compte rendu de la réalisation de l'acte ; 2° Les actes et les prescriptions médicamenteuses effectués dans le cadre de l'acte de télémédecine ; 3° L'identité des pr ofessionnels de santé participant à l'acte ; 4° La date et l'heure de l'a cte ; 5° Le cas échéant, les incidents techniques s urvenus au cours de l'acte. 13 Rappelons à ce titre que l’article L1142-2 CSP oblige les professionnels de santé à s’assurer pour leur activité. 14 Article L4161-5 CSP : puni de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. 15 Pour rappel selon l’article R1110-3 CSP : « en cas d’accès par des professionnels de santé aux informations médicales à caractère personnel conservées sur support informatique ou de leur transmission par voie électronique, l’utilisation de la carte de professionnel de santé est obligatoire ». des standards actuellement en cours d’élaboration par l’ASIP Santé16. L’organisateur doit également au patient une fiabilité au regard des tiers intervenants de quelque manière que ce soit à l’activité de la télémédecine. A ce titre, il garantit la fiabilité de l’hébergeur de données comme celle du fournisseur d’accès. Il répondra par conséquent des défaillances du système sans préjudice pour lui d’un recours subrogatoire contre les principaux concernés. Enfin, l’organisateur est en charge de la responsabilité consécutive à la défaillance du matériel utilisé dans le cadre de l’activité de télémédecine. En application des principes de la responsabilité civile du fait des choses17, il appartient à celui qui détient la garde des choses de répondre des préjudices dont elles sont la cause. Ainsi, le patient victime d’un préjudice causé par le dispositif médical, outils de l’activité de la télémédecine a qualité et intérêt à agir contre l’organisateur de ladite activité pour obtenir une indemnisation ; à charge pour l’organisateur d’agir dans un second temps contre le fabricant du matériel responsable en dernier lieu18. Ce recours n’exclut pas, par ailleurs, la responsabilité pénale de l’organisateur et / ou celle du fabricant dès lors que les faits sont pénalement qualifiables. Force est de constater que les hypothèses de responsabilité civile comme pénale sont nombreuses dans le cadre de l’organisation de l’activité de télémédecine. Il doit être précisé que si à la base la responsabilité de cette organisation incombe à la fois à l’organisateur et à l’ARS en leur qualité de co contractant, le risque judiciaire est plus évident pour l’organisateur que pour l’autorité de tutelle qui, pour autant n’est pas dégagée de toute responsabilité. En effet, rien n’interdirait à l’usager du système de santé d’agir contre l’Agence régionale de santé qui aurait co signé et partant validé un contrat de télémédecine dont les dispositions ne sont pas conformes aux exigences légales et réglementaires. L’ensemble se justifie par le droit fondamental que détient désormais tout patient à une prise en charge médicale sécurisée. Ce droit est d’autant plus présent lorsque l’on place le curseur sur la relation plus intimiste du professionnel de santé intervenant dans l’activité de télémédecine et son patient. Usage de la télémédecine et responsabilité des professionnels de santé Que le praticien exerce via une plateforme de télémédecine ou non, sa responsabilité ne peut être engagée que lorsqu’il aura commis une faute19. A ce titre, les obligations médicales usuelles restent en vigueur lors de l’utilisation de la télémédecine, obligeant le professionnel à un devoir d’information, de recueil de consentement de son patient. Il convient simplement d’adapter ces règles à la pratique (en expliquant au patient le déroulement et le suivi médical spécifique à la télémédecine, ou encore en s’assurant qu’il ait bien compris et accepté cette procédure particulière). Le secret médical et la confidentialité des données personnelles mises en jeu doivent également être assurés, prenant en compte le nombre accru d’intervenants (voir supra). Dès lors, ce qui pose d’avantage problème dans l’utilisation de la télémédecine, c’est justement ce qui devait rendre la pratique attractive : le nombre d’acteurs intervenant autour d’un malade, leur pluridisciplinarité ainsi que la multitude de leurs statuts juridiques. • Pour ce qui est du nombre croissant d’acteurs médicaux engendré par la télémédecine, la 16 Dans le cadre national d’interopérabilité et de sécurité. Article 1384 alinéa 1er du Code civil. Articles 1386-1 et s. du Code civil. 19 Article L.1142-1 du Code de la Santé Publique. 17 18 situation n’est pas nouvelle. Avec l’hyperspécialisation médicale actuelle, il n’est pas rare qu’un patient rencontre différents médecins au long d’un parcours de soins. La télémédecine s’approprie d’ailleurs ces règles de droit médical commun. A cet effet, rappelons que chaque médecin exerce personnellement sa pratique médicale et est responsable des actes médicaux qu'il opère20. Afin d’assurer la sécurité du patient, il peut à tout moment proposer la consultation d’un confrère ou accepter celle demandée par le malade ou son entourage21. Dans ce cas, le médecin requérant est responsable des informations qu'il transfère à son confrère, ainsi que du choix final de la thérapeutique qu'il envisagera après ces échanges. Le médecin requis est quant à lui personnellement responsable de son propre diagnostic qui pourra être repris par le médecin l'ayant sollicité22. Ces règles furent appliquées à l’exercice de la télémédecine dans le jugement du TA de Grenoble23. Dans cette affaire de télé-expertise, il fut jugé que l’hôpital requérant et le CHU requis devaient être condamnés in solidum pour la mort d’un patient suite à une mauvaise lecture de scanner. Le tribunal estime qu’à partir du moment où le praticien du CHU requis n’a pas soulevé de réserves dans son diagnostic, quant à la qualité des clichés par exemple, ne sollicitant aucune information complémentaire de ses confrères hospitaliers, il engage sa responsabilité. L’hôpital requérant fut lui condamné car la lecture du cliché était évidente, ne nécessitant pas à priori l’intervention du CHU. Cette première jurisprudence en la matière replace chaque acteur dans son rôle afin de se positionner sur sa responsabilité. • La pluridisciplinarité des praticiens conséquence une fois de plus de l’hyperspécialisation médicale est également reconnue par le droit commun qui s’applique à la télémédecine24. Pourtant, la concertation prend une dimension nouvelle avec la télémédecine car il ne s'agit plus « d'un simple avis entre confrères mais d'un acte médical à part entière »25. A ce titre, si la responsabilité du fait d'autrui peut s'envisager pour un médecin chef de service envers son équipe médicale et ses auxiliaires médicaux, « tel n'est pas le cas entre médecins collaborant au traitement d'un même patient en raison de leurs compétences distinctes mais non hiérarchisées »26. Concernant l’intervention des professions paramédicales, la mise en place du principe de coopération entre professionnels de santé27 et du transfert d’activité, permet aux infirmiers de mieux accompagner le patient dans sa formation à la télémédecine ou lors d'un acte de télésurveillance ou de téléconsultation. Ce transfert élargit considérablement les conditions de prise en charge médicale mais il est lourd de sens, car il signifie que « les professionnels qui réalisent l’activité sont responsables, autonomes (dans la décision et la réalisation), compétents et qualifiés »28. • La diversité des statuts juridiques (public, privé), des intervenants en télémédecine est probablement le point le plus délicat. Même si, une fois de plus, c’est le droit commun qui 20 Article R. 4127-32 du Code de la Santé Publique. Article R. 4127-60 du Code de la Santé Publique. Si les deux médecins participent à la formulation du diagnostic, chacune de leur responsabilité pourrait bien être engagée. 23 Tribunal Administratif de Grenoble 21 mai 2010, n°0600648. 24 Article R. 4127-61 du Code de la Santé Publique. Si le niveau de compétence des professionnels est pris en considération (3ième chambre, CA Versailles, 18 février 2005, R.G n° 03/04530), il ne suppose pas pour autant une ir responsabilité totale de la part du requérant (Cour Administrative d'Appel de Bordeaux, 2ième chambre, 12 octobre 1998, n°97BX019 78). 25 « La télé-expertise : un acte médical à reconnaître... et à rémunérer », Pr Liliane Dusserre, rapport adopté à la session de janvier 1999 du Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM). Disponible sur : http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/teleexpertise.pdf. 26 « L'évolution juridique amorcée », M. CONTIS, Revue de droit sanitaire et social, 2010, p235. 27 Article 51 de la loi HPST et « La coopération entre les professionnels de santé », article mis en ligne le 22 septembre 2010 et disponible sur http://www.sante.gouv.fr/la-cooperations-entre-les-professionnels-de-sante.html. 28 « Coopération entre professionnels de santé / Élaboration d’un protocole de coopération, Article 51 de la loi HPST», Guide méthodologique tome 2, HAS et disponible sur http://www.sante.gouv.fr. 21 22 s’applique. Prenons le cas de la téléconsultation. Si l'acte de télémédecine est réalisé par le patient téléconsultant un praticien du secteur public, le patient est usager du service public hospitalier29 et c'est l'établissement qui répond des actes de télémédecine réalisés par ses praticiens agents du service public, sauf cas d’une faute personnelle détachable des fonctions de ces derniers. Ceci s’applique également si l’acte de télémédecine est passé entre deux établissements publics de santé30, avec deux praticiens exerçant en secteur public. En pratique, le patient recherchera la responsabilité du médecin requérant, son référant, qui disposera ensuite d’actions subrogatoires. Maintenant, si l'acte de télémédecine est réalisé auprès d’un médecin exerçant dans le secteur privé, il convient de distinguer selon que ce dernier dispose d'un statut de salarié ou de libéral. En effet, un médecin libéral (exerçant en ville ou dans un établissement de soins) reste seul responsable en cas de dommage subi par le patient lié à un acte de télémédecine, alors que les suites de la mise en cause de la responsabilité du médecin salarié seront prises en compte par son établissement de référence31. Ainsi, dans l’hypothèse où le patient se trouve auprès d'un médecin libéral et qu’ils consultent ensemble un second médecin libéral, chaque médecin peut voir sa responsabilité personnelle engagée en réponse aux dommages causés par leurs actes respectifs. Toute convention conclut entre les médecins organisant leurs relations32, est inopposable au patient33. A contrario, pour une situation dans laquelle le patient se trouverait dans un établissement de soins auprès d'un médecin salarié consultant ensemble, un second médecin salarié, c’est l’établissement accueillant le patient qui répondrait de la mise en cause de la responsabilité de son praticien. Enfin, si l’on envisage un acte de télémédecine réalisé entre un établissement public de santé et un établissement privé de santé, « les médecins intervenant en télémédecine sont autonomes les uns par rapport aux autres, mais agissent ensemble au moment de l'acte de téléconsultation »34. Il faut donc envisager le statut de chaque participant. A ce titre, tout médecin libéral, même vacataire d’un établissement de soins, reste personnellement responsable. Il en va donc de même des praticiens hospitaliers choisissant d’exercer en secteur privé, dans leur établissement référant35 ayant signé une convention avec ce dernier. Pour autant, leur responsabilité ne pourra pas être engagée en cas de faute commise du fait d’un mauvais fonctionnement du service public. Par exemple, un praticien exerçant à titre libéral une activité de télémédecine dans un hôpital ou dans un établissement exerçant une mission de service public ne sera pas responsable en cas de faute commise par un membre du personnel auxiliaire de l’établissement qui lui aura été mis à disposition pour l’aider, ni en cas de problème de locaux, de produits médicaux, ou d’appareils36 (voir supra). 29 Loi n°70-1318 du 31 décembre 1970 portant réforme hospitalière. Dans ce cas, le CNOM recommande une convention entre les établissements. 31 Pour un médecin de secteur privé, on appelle cela le régime du préposé, Cour de cass, Ass Plén, 25 février 2000, n°9717.378, Bulletin 2000 A.P. N°2, p3. 32 Article R. 6316-8 du Code de la Santé Publique. 33 « Responsabilité des médecins libéraux participant à la régulation du centre 15 : de l’épilogue judiciaire à l’épilogue législatif », Panorama de jurisprudence, 6 août 2009, Patrick Flavin, disponible sur : http://www.fhf.fr. Analyse des jurisprudences : Tribunal Administratif de Toulouse, 3 février 2009, n°0508479 et Conseil d’État, 14 janvier 2009, n° 296020. 34 Mission thématique « La place de la télémédecine dans l'organisation des soins », Pierre Simon et Dominique Acker, Ministère de la Santé et des Sports – Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins, Novembre 2008. 35 Article R.6152-4 du Code de la Santé Publique. Si le praticien hospitalier exerce une activité à temps plein dans son établissement de référence, il ne pourra exercer son activité en secteur privé qu’au sein dudit établissement. A contrario, si son activité en secteur public est une activité à temps partiel, son activité en secteur privé pourra parfaitement s’exercer en ville. 36 CAA Bordeaux, Ch2, 8 mars 2011, n° 10BX01343. 30 Quelle place pour la télémédecine dans la prise en charge du diabète de type 1 ? Pierre Yves Benhamou Clinique d’Endocrinologie, Pôle DigiDune, CHU de Grenoble, BP 217X, 38043 Grenoble, e-mail [email protected] Les règles de l’insulinothérapie moderne du diabète de type 1 sont complexes. De nombreux patients ne bénéfient pas encore d’une éducation thérapeutique adaptée. En outre, le défaut d’investissement du patient et l’inertie clinique contribuent à une prise en charge insuffisante du diabète. Ces obstacles pourraient être levés par les outils informatiques et Internet. Après deux décennies d’expérimentations pilotes aux résultats équivoques, la technologie met désormais à la disposition des patients des outils ergonomiques, fiables et accessibles (les smartphones) permettant l’essor de la télémédecine. Des dossiers de santé personnels, partagés avec le soignant, favorise la mise en œuvre des comportements inhérents au diabète. Ces programmes Web fournissent plusieurs fonctions : dossier médical, téléchargement des glycémies capillaires, tenue d’un carnet glycémique, messagerie sécurisée, feedback manuel ou automatique sur les glycémies, site Web éducatif, journal en ligne (exercice, alimentation, médicaments). L’étude TeleDiab-3 évalue chez 700 diabétiques de type 1 une telle plateforme Web de suivi télémédical du diabète. Par ailleurs, l’étude TeleDiab-1 conduite chez 180 diabétiques de type 1 a montré l’intérêt d’un logiciel installé sur un smartphone (Diabeo) permettant au patient d’avoir en temps réel une aide à la décision sur la dose d’insuline, un carnet glycémique électronique communiquant par Internet avec le médecin, et se prêtant ainsi à des consultations téléphoniques. L’essai TeleSage, visant à obtenir une reconnaissance de Diabeo par le système de soin, teste simultanément une technologie, et un mode de délivrance de la télémédecine impliquant à la fois médecins et infirmières d’éducation. Le site IndiGo-Diabete teste une approche d’e-learning visant à l’éducation thérapeutique du diabétique de type 1. Une question est celle de la durabilité des effets de la télémédecine ; en d’autres termes, quels sont les facteurs motivant un patient à mettre à disposition des professionnels de santé, jour après jour, des indicateurs de sa santé ? un retour d’information en temps réel paraît un élément-clé. Le développement de jeux en ligne avec valorisation instantanée connaît un grand engouement et pourrait être utile à la prise en charge motivationnelle de certains patiens diabétiques de type 1. Les obstacles au déploiement de la télémédecine sont l’adhésion du patient et des soignants à la technologie, l’ergonomie et l’intégration des divers dossiers médicaux électroniques, et la rétribution financière des soignants. Les études en cours devraient étayer l’intérêt thérapeutique de la télémédecine en diabétologie et appuyer sa reconnaissance institutionnelle. Summary GAMBRO COMMODITY12 COMMODITY12 IST–7-287841 COntinuous Multi-parametric and Multi-layered analysis Of DIabetes TYpe 1 & 2 . Summary Gambro Project funded by the European Community under the “Information Society Technology” Program 20011/14 COMMODITY12 Consortium. All rights reserved. No part of this document may be reproduced, used or transmitted except as authorised by the terms of the contract or by written explicit permission from the COMMODITY12 consortium. Code: COMMODTIY12 30/08/2013 Page 1 Summary GAMBRO L’APPORT COMMODITY12 DE LA TELEMEDECINE DANS LE TRAITEMENT DU EXEMPLES DES PAYS BAS ET D IABETE, COMMODITY12 Olivier Marchesini et Ron van’t Land Introduction Cette communication a été préparée en collaboration entre monsieur van ’t Land, Médecin généraliste, initiateur du programme régional diabète des médecins généralistes et actuellement responsable d’une clinique anticoagulation et monsieur Olivier Marchesini, Ingénieur, responsable projet Commodity12, manager qualité des dispositifs médicaux et responsable export France de Portavita BV. Monsieur van ’t Land, aussi conseiller médical de Portavita ne peut pas être présent au Gambro. Portavita est une PME néerlandaise spécialisée dans les systèmes informatiques pour le traitement des maladies chroniques et la prévention des complications (anticoagulations). Portavita supporte le traitement de 360.000 patients aux Pays Bas, Allemagne et Russie. La télémédecine participe à la migration des soins de l’hôpital à la ville et au patient. Le traitement du diabète au Pays Bas est transféré de l’hôpital à la ville, sous la forme de Centres de Soins du Diabète, organisation de tous les intervenants dans le traitement. Ce transfert est poursuivi par la recherche de l’implication du patient dans son traitement avec des moyens d’auto management contrôlé et coaching. Dans la suite de la communication nous présentons l’état des Centres de Soins du Diabète et le projet COMMODITY12 pour l’extension de la chaîne des soins. Les Centres de Soins du Diabète Le principal impact de la télémédecine sur les soins du diabète a été de permettre une coordination transparente des actions de tous les intervenants. Le premier pilote d’envergure (10 centres de soins) a été réalisé en 2006 par le gouvernement en collaboration avec les organisations de patients et de médecins avec l’inclusion de 80.000 patients. Un tarif abonnement de 300 à 450 euros (dépendant des contrats entre les centres de soins et les assureurs) a été introduit en 2009. Ce tarif comprend : Les contrôles par le généraliste ou bien l’infirmier(e), contrôles du sang et urine, rétinographie, traitement de l’insuline, diététique, consultation de l’interniste (pas adressé) et le système informatique. Sont exclus du tarif : les patients adressés à l’interniste, les médicaments, l’analyseur portable auto mesure couverts autrement. En 2013 il y a 120 centres de soins et environs 80% (7200) des médecins généralistes participent dans un ou plusieurs centres de soins. Les études montrent un enthousiasme des patients, une certaine résistance des médecins et des interrogations des assureurs. Le système des centres de soins s’étend lentement à d’autres pathologies (BPCO, Risques Cardio-vasculaire). En 2012 un premier rapport qualité a été publié par les centres avec les résultats suivants : Moyenne Variance Hémoglobine glycolysée mesuré: 91,40% 70 – 100% Hémoglobine glycolysée obtenue < 7: 68,80% 55 - 80% Code: COMMODTIY12 30/08/2013 Page 2 Summary GAMBRO COMMODITY12 Moyenne Variance Analyse de lipides: 85,30% 70 – 100% LDL (lipoprotéines de basse densité) < 2,5: 53,10% 30 – 70% Évaluation de fonction rénale réalisée: 85,10% 50 – 100% L’analyse de l’urine (protéine) réalisée: 78,30% 50 – 90% Rétinographie annuelle réalisée: 65,90% 30 – 95% La tension artérielle mesurée: 89,90% 80 – 100% TA systolique < 140 mm Hg: 52,30% 40 – 65% Index de masse corporelle calculé: 79,00% 50 – 100% Résultats de 49 des 120 centres et portant sur 260.000 patients. L’apport des systèmes dans les centres : • • • • • • • un dossier médical facilement accessible, paramétré et protégé par les CDS, les autres professionnels médicaux et les patients ; la banque de données sur le processus et les résultats permettant la transparence des traitements et l’analyse qualité. Voir par exemple les indicateurs de la fonction rénale et analyse d’urine ; le soutient du processus de travail avec des listes de taches, des alertes et des indicateurs de processus ; un fichier d’histoire individuelle avec des indices de qualité permettant un mécanisme de rétroaction par comparaison avec les buts de traitement ; la communication électronique entre les patients et les acteurs du CSD ; l’autocontrôle surveillé, chaque 3 mois (45% des diabètes) de la tension artérielle, l’analyse du glucose, le poids corporel, un questionnaire ; la posologie de l’insuline : autogestion de posologie de l’insuline rapide avec (courbe journalière du) taux de glucose. Le projet Commodity12 : extension de la chaîne de soins Le projet COntinuous Multi-parametric and Multi-layered analysis Of DIabetes TYpe 1 & 2 a pour objectif de construire et valider un système intelligent pour le traitement de données médicales multiparamétriques. La plateforme combinera les technologies de réseaux, d’interopérabilité des logiciels et des d'intelligence artificielle afin de réaliser le concept de médecine translationnele au moyen d'un système de santé personnelle. En outre, le système COMMODITY12 réalisera un nouveau niveau dans le patient empowerment, fournissant les outils pour le soutien de l'autogestion. Code: COMMODTIY12 30/08/2013 Page 3 Summary GAMBRO COMMODITY12 Ce projet est partiellement financé par la commission européenne dans le programme FP7, Small or medium ‐ scale focused research project (STREP) ‐ Objective ICT ‐ 2011.5.1.b: Personal Health Systems (PHS), Proposal No 287841. La validation médicale sera effectuée dans les Hôpitaux de Lausanne (Suisse) et Lodz (Pologne), Imperial College (grande Bretagne) apporte son expertise en capteurs, les universités Royal Holloway of London (Grande Bretagne) et HES-SO Sierre (Suisse) apportent leur expertise en Intelligence Artificielle. Le CNRS de Lille apporte la science génétique et les deux PME Bodytel (Allemagne) et Portavita (Pays Bas) apportent leur infrastructure industrielle pour la réalisation et la dissémination des résultats. Enfin, le centre d’intelligence Artificielle DFKI de Sarrebruck (Allemagne) coordonne le projet et contrôle la sécurité du système. Les défis de ce projet sont de réaliser une plate-forme avec les caractéristiques suivantes : • • • • • • des capteurs de données médicales sur le patient qui sont acceptés par les patients (convivialité et consommation d’énergie ; des modules d’intelligence artificielle permettant de soumettre un conseil de traitement aux médecins ; des modules d’intelligence permettant de développer de nouveaux traitements (médecine translationele) ; prouver la conformité d’une telle plate-forme aux lois européennes sur les dispositifs médicaux et la médecine ; Avoir des modules conviviaux de communication avec les patients ; Avoir des modules avec interface standards afin d’assurer l’interopérabilité avec les systèmes installés et la pérennité de la plate-forme. Code: COMMODTIY12 30/08/2013 Page 4 GESTION DE SITE : LA SOCIÉTÉ DE NÉPHROLOGIE Dr Quentin Meulders - Avignon BREF HISTORIQUE Le site web de la Société de Néphrologie est né à Courchevel en 1998, au cours du séminaire qui lui a été consacré à l’initiative du Pr Patrice Deteix, président du Groupe Néphrologique de Pédagogie et Formation Continue (GNPFC). Ce séminaire été animé par les fondateurs de la liste de diffusion Renaliste. Le site initial a été hébergé par la Médiathèque de l’Université de Lyon 1, puis transféré sur un serveur commercial mutualisé. Depuis 2004, le site est placé sur un serveur privé et dédié. La Société de Néphrologie peut donc gérer toute la partie technique et les logiciels de manière indépendante, ainsi qu’exercer l’hébergement d’autres sites web. La maintenance du serveur et du site est assurée par une équipe composée du webmestre et depuis 2003, d’une assistante, Mme Isabelle Mione (également secrétaire du bureau de la Société de Néphrologie, au sein du CH d’Avignon). Le bureau de la Société de Néphrologie est étroitement impliqué dans la gestion du contenu éditorial depuis les débuts. Depuis un an, un Comité du site a été créé avec une fonction de comité éditorial et de soutien du webmestre. LES MÉTIERS DU WEB La création et la maintenance d’un site web est habituellement l’affaire de plusieurs personnes. Les différents métiers ou fonctions habituellement impliqués dans la gestion d’un site sont les suivants : - La gestion de projet : chef de projet web (dirige la conception et la réalisation du site), architecte de l'information (organise et classifie l'information à publier), - Programmation et développement : développeur (conçoit et réalise les éléments techniques du site), programmeur (crée les applications ou sous parties en langage informatique), animateur (crée des images animées, des applications flash, ou autres), intégrateur (organise et intègre les différentes "briques" du site), spécialiste bases de données (conçoit, crée, gère les bases de données du site), - Graphisme et webdesign : webdesigner (conçoit le site, avec ses différentes parties qui seront réalisées par lui-même ou d'autres intervenants), graphiste (conçoit et crée les éléments graphiques), illustrateur (crée les parties images du site), ergonome (renforce l'accessibilité du site pour des publics particuliers, s'assure que les informations sont facilement accessibles à tous), - Administration : webmestre (gère au quotidien le site web et le met à jour) - Gestion de l'information : documentaliste (collecte les informations qui seront publiées, il les vérifie et les valide avant publication), juriste (vérifie la légalité des informations publiées), gestionnaire de contenus (gère le contenu du site), journaliste internet (écrit les textes, en prenant en compte les besoins du référencement moteurs de recherche), - Animation : animateur de site (gère l'ensemble des contributeurs de contenus du site, gestionnaire de communauté (anime la communauté au travers du site, des réseaux sociaux, forums, listes de diffusion, newsletters), - Marketing et promotion : référenceur (favorise le référencement naturel du site auprès des moteurs de recherche, il intervient des la conception du site), webmarketeur (élabore et met en place avec les autres acteurs, la stratégie marketing internet du site ou de l'organisation), auquels il faut ajouter la maintenance du serveur, les sauvegardes, la gestion de la sécurité, de l’anonymat, etc... Toutes ces fonctions ne sont pas effectuées de façon complète par l’équipe, mais la plupart d’entre elles sont réalisées en interne et seules la captation et le rendu des conférences des Réunions communes de la Société de Néphrologie et de la Société Francophone de Dialyse, ainsi que quelques opérations de maintenance lourde sur le serveur sont sous-traités. ÉVOLUTION DU WEB ET DU SITE 1990 : Début du web statique Le web a connu une évolution extraordinaire depuis les premières pages HTML mises en ligne en 1990 et aujourd’hui. En 1994, lorsque le consortium W3C, né sous l’impulsion de Tim Berners-Lee, avec pour vocation de rendre le web universel, le langage HTML se limite à des hyperliens, des titres, des listes et du texte brut. C’était l’époque des sites web statiques et d’une architecture client-serveur quasiment exclusive (le code HTML reçu par le poste client depuis un serveur web est interprété et affiché par le navigateur). L’interactivité est alors quasiment inexistante. 1995 : Web orienté client Pour remédier au manque d’interactivité et aux problèmes d’engorgement des réseaux et de saturation des serveurs web, les navigateurs se sont vus dotés de technologies permettant de traiter des tâches côté client. Lorsque qu’une requête HTTP appelle une page HTML contenant un script, le serveur web la retourne au poste client. Le script est alors interprété par le navigateur (côté client) dès que survient l’événement pour lequel il a été programmé. Exemple : les calculateurs de débit de filtration glomérulaire du site de la Société de Néphrologie, lorsque l’on clique sur « calculer ». C’était la grande époque de la guerre de monopoles et de technologies navigateurs puisque Netscape avait créé Javascript et Microsoft Jscript ! De plus, ces technologies clients ont soulevé quelques problèmes de sécurité. 2000 : Web orienté serveur Ces problèmes ont entraîné une migration progressive des applications côté serveur. L’extraordinaire développement de langages serveurs comme le PHP ou l’ASP a permis en outre la gestion de serveurs de bases de données relationnelles également côté serveur (MySQL). En quelques années, la majorité des sites ont subi des refontes structurelles complètes pour s’adapter à une infrastructure web exploitant principalement des applications côté serveur, malgré une organisation du serveur web beaucoup plus complexe. Lorsque l’interactivité est placée côté serveur, ce dernier doit disposer d’un préprocesseur PHP afin de traiter les scripts PHP intégrés dans la page, avant d’envoyer une page HTML générée à la volée au poste client. Un grand avantage est que les langages côté serveur sont indépendants de la plate-forme du client ou de la version de son navigateur . Un inconvénient par contre est que la réaction d’un script côté serveur est un peu plus lente en comparaison avec un script côté client. Exemples : les annuaires du site de la Société de Néphrologie, les agendas, la bourse aux emplois, la médiathèque. L’utilisateur peut effectuer de multiples requêtes, simples ou avec plusieurs variables combinées, et obtenir les informations souhaitées sur quelques pages servant de « canevas ». Des scripts d’authentification permettent à l’utilisateur de gérer ses informations personnelles sur le site, de cotiser en ligne, ou d’utiliser une plate-forme de vote. 2005 : le compromis client-serveur attendu Un juste équilibre entre applications serveur et client semble maintenant atteint, mais de nouvelles technologies peuvent encore améliorer l’expérience utilisateur, toujours tributaire de l’inertie des requêtes HTTP. Les actions de l’internaute sont toujours bloquées par les envois de requêtes. La technologie Ajax (Asynchronous JavaScript and XML) permet par exemple permet de gérer l’envoi d’une requête au serveur de façon asynchrone, la requête au serveur étant effectuée en tâche de fond sans pour autant bloquer l’activité de l’application client. A la réception de la réponse du serveur, la donnée (et non toute la page HTML) s’insérera automatiquement dans la page web en cours, sans que s’opère un rafraichissement complet de la page. Les applications de ces technologies sont actuellement réservées à quelques grands sites bien connus, mais vont se généraliser. Feuilles de style normalisées par le W3C Parallèlement aux scripts et applications, une évolution majeure du web a été l’introduction progressive des feuilles de style en cascade (CSS pour cascade Style Sheet), sous la houlette du consortium W3 C. Ici encore, le respect de ces règles par les navigateurs concurrents a considérablement retardé leur utilisation, mais cette situation est quasiment réglée à ce jour. Le concept est clairement de séparer le contenant du contenu en libérant les pages HTML de tout ce qui détermine l’affichage, le positionnement des éléments, les propriétés des listes, titres, tableaux, formulaires etc… en les reliant à des feuilles de style CSS qui détermine pour chaque élément position et affichage. Les avantages sont trop nombreux pour être détaillés ici, mais on retiendra que les pages CSS n’étant téléchargées qu’une fois et les pages HTML étant beaucoup plus légères, l’affichage est très accéléré. De plus, modifier une feuille de style permet de modifier un site constitué de milliers de pages HTML en une seule fois. Exemple : la version actuelle du site de la Société de Néphrologie (qui date de 2005) a été conçue aux formats XHTML et CSS2, ce qui était très novateur à l’époque. Les dernières normes préconisées par le W3C sont le CSS3 avec HTML5 (le XHTML est en cours d’abandon). QUELQUES RÉALISATIONS Médiathèque de la Société de Néphrologie L’utilisation du serveur de bases de données MySQL avec PHP a permis de créer quelques outils utiles à la communauté néphrologique francophone. La médiathèque est une banque de liens vers les différentes présentations orales, posters électroniques, diaporamas des plus importantes manifestations et congrès de notre spécialité. Plus de 2200 présentations des Réunions communes de la Société de Néphrologie et de la Société Francophone de Dialyse, des Séminaires de formation continue de la Société de Néphrologie, des Actualités Néphrologiques Jean Hamburger (Necker), des Séminaires d'uro-néphrologie (SUN - Pitié Salpêtrière), du Club des jeunes Néphrologues (CJN), des Symposium Amgen, Gambro, Hemotech et Néphro Agora sont ainsi disponibles au format Flash audio et vidéo. Les requêtes peuvent être réalisées par mots clés et en mode recherche avancée. Baladodiffusion (Podcast) Les communications orales sont également disponibles en podcast. Un balado est un fichier RSS enrichi d’audio ou de vidéo, destiné à être lu en différé sur un baladeur numérique (iPod, iPhone ou iPad par exemple). Les formats sont le plus souvent des MP3 pour l'audio et du MP4 pour la vidéo. Cotisation en ligne Une plate-forme de paiement sécurisé en ligne est un défi réel lors de la réalisation d’un site web. Elle s’appuie également sur les applications serveurs en PHP et notamment sur les méthodes de hashage (méthode d’encryptage à sens unique), la communication avec des serveurs bancaires et leurs outils de sécurisation via appel aux téléphones mobiles des utilisateurs. Plate-forme de vote électronique Une plate-forme de vote en ligne (conseil d’administration et commissions) doit répondre à plusieurs exigences : il faut que le vote soit réalisé de façon anonyme (« hashage » de l’identifiant de l’électeur), que l’électeur ne puisse voter qu’une seule fois (…) et que toutes les tentatives de bourrage des urnes soit rendue impossible. Il faut donc appliquer de façon sécurisée la métaphore de la petite enveloppe bleue (contenant le vote) insérée dans la grande enveloppe blanche (contenant les identifiants de l’électeur). Tableaux de bord pour la gestion et le Bureau de la Société de Néphrologie Des tableaux de bord détaillés permettent au Bureau de suivre en temps réel et de façon graphique les inscriptions, les cotisations, les résultats des élections et les statistiques globales de la Société de Néphrologie. La mise à jour des différentes bases de données est très facilitée par l’utilisation de formulaires activant des scripts côté serveur. Fonds documentaire et historique Une des finalités du site de notre société est de conserver et de rendre disponible au public un certain nombre de documents qui intéressent les sociétaires, mais aussi l’ensemble de la spécialité et, pourquoi, pas le grand public. On peut y trouver de nombreux films et photos des assemblées générales et les annonces concernant l’avenir de notre profession, les remises de médailles, la vie de la société… L’exposition photographique et les films du Cinquantenaire de la Société de Néphrologie (F. Martinez), les films réalisés autour d’interviews des pionniers (G. Piccoli, G. Richiero) sont autant d’éléments rendus disponibles par leurs auteurs pour enrichir notre mémoire. Une photothèque et une vidéothèque sont en préparation sur le modèle de la médiathèque. LA COMMUNICATION Un site web spécialisé ne se suffit pas et resterait peu fréquenté sans communication. Infolettres Les infolettres (newsletters) émanant de la Société de Néphrologie, mais aussi de certains de ses partenaires, informent les abonnés (2700 adresses courriel) à propos des nouveautés du site et des événements importants de la profession. Un blogue et un flux RSS Un flux RSS ou fil RSS ("RSS feed" en anglais), sigle de "Really Simple Syndication" ou de "Rich Site Summary" est un format de syndication de contenu Web. Il permet de syndiquer du contenu comme des actualités. Les informations proposées contiennent généralement un titre et une description synthétique de l'article ainsi qu'un lien sur la page complète de l'information proposée. Le flux RSS permet donc de disposer très simplement d'informations diverses sur son site afin, par exemple, de développer son trafic. Chaque contenu intégré en flux RSS permet un renvoi vers le site ayant produit le contenu initial. Lorsque qu'une information est intégrée au format RSS, un programme (lecteur RSS) vérifie automatiquement les mises à jours réalisées sur les flux qui sont mis à jour automatiquement sur les sites affiliés. Le flux est réalisé grâce à un fichier XML dynamique dont votre lecteur RSS affiche le contenu qui est mis à jour en permanence. Pour mieux comprendre, retenons qu'un lecteur RSS est au flux RSS (adresse commençant par feed://) ce qu'un navigateur est à un contenu web (adresse commençant par http://). Ces flux (dont l'adresse commence par feed://) peuvent être lus grâce à des lecteurs en ligne. Les iPod et iPhone possèdent leur propre lecteur de flux. Forums Un forum a été mis en place à l’intention de groupes de travail et des instances de la société, mais cet outil qui pourtant offre beaucoup de possibilités, n’a pas rencontré le succès escompté. Listes de diffusion La liste de diffusion Renaliste , créée en 1997 (C. Verger, D. Erbilgin, Q. Meulders) est indépendante de la Société de Néphrologie. PARTENAIRES La Société de Néphrologie est honorée d’héberger plusieurs partenaires proches sur son site : la Société de Néphrologie Pédiatrique (SNP), le Groupe Néphrologique de Pédagogie et Formation Continue (GNPFC), le Club des Jeunes Néphrologues (CJN), les principaux centres de références néphrologiques et un espace réservé aux industries. PROJETS, ENJEUX La fréquentation du site est en constante augmentation et a atteint pour la dernière année 424 000 visites et plus d’un million de pages visitées. Les enjeux d’un site web de société scientifique deviennent de plus en plus importants, à mesure que le web et les outils de l’Internet prennent une place prépondérante comme vecteurs d’information et de communication. Les technologies évoluant, le site devra se renouveler, utiliser les nouveaux outils disponibles, anticiper les besoins de ses utilisateurs et développer de nouveaux projets. ADRESSES Société de Néphrologie : http://www.soc-nephrologie.org Blogue : http://soc-nephrologie.blogspot.fr Flux RSS : feed://soc-nephrologie.blogspot.com/feeds/posts/default Applications de télémédecine : rappel des contraintes et des tendances Luis VEGA – Ticbee BP 80046 F-54601 Villers-lès-Nancy [email protected] 1. Introduction L’objectif général des applications informatiques est de faciliter les tâches et d’améliorer la performance d’une activité. Dans les applications de télémédecine, l’objectif est de faciliter le processus de soins et d’améliorer la prise en charge de patients par une amélioration de la coordination et du partage d’information entre les professionnels de santé concernés. Cet article se place sur un point de vue purement informatique et rappelle les caractéristiques et les exigences particulières que les applications de télémédecine doivent respecter et qui devront être prises en compte dans toutes les étapes : conception, développement, déploiement, exploitation, maintenance, évaluation. 2. Les contraintes Toute application informatique est assujettie à des exigences de fiabilité, des contraintes fonctionnelles, de robustesse, … Des exigences et des contraintes qui dépendent de la nature du domaine où l’application est déployée et qui doivent être prises en compte dès la conception et le développement de l’application jusqu’à son exploitation et maintenance. Las contraintes des applications informatiques sont imposées par la nature de la pratique de la télémédecine : l’acte de télémédecine est un acte médical [1]. L’état affiche la volonté de développer la télémédecine qui s’est concrétisé par la parution de décrets, sur l’hébergement de données de santé [2], la télémédecine [3] et la téléconsultation dans les unités de dialyse médicalisés [4]. Un organisme national est crée en 2009, l’Agence de Systèmes d’Information Partagés de santé (ASIP), pour fournir la maîtrise d’ouvrage publique et un socle technique commun et cohérent à l’échelle nationale pour le développement de la télémédecine. Dans ce contexte les contraintes sont clairement identifiées, les applications de télémédecine doivent garantir : • l'identification sécurisée : des professionnels de santé intervenant dans l’acte ; du patient [3]. • la traçabilité des actes : le compte rendu de la réalisation de l’acte ; les actes et les prescriptions médicamenteuses effectués dans le cadre de l’acte de télémédecine ; l’identité des professionnels de santé participant à l’acte ; la date et l’heure de l’acte ; le cas échéant, les incidents techniques survenus au cours de l’acte. • La sécurité et la confidentialité : l’infrastructure informatique doit permettre la sécurité et la confidentialité des données de santé [3]. • L’interopérabilité : les applications de télémédecine doivent être capable de communiquer avec les composants de l’infrastructure régionale et nationale. L’interopérabilité est aussi une exigence dans le cadre de la politique nationale de système d’information de santé [7]. Un autre point important est l’évaluation du dispositif : l’objectif d’introduire la télémédecine dans le processus de soins est d’améliorer le service médical rendu aux patients et la performance des professionnels de santé. La recherche clinique en télémédecine semble incontournable pour valider les nouvelles organisations de soins au service des patients [5]. En 2007, l’Association Nationale de Télémédecine (ANTEL), société savante dont l’objectif est de soutenir et promouvoir la recherche en télémédecine, voit le jour. Le premier numéro du journal Eurtelemed qui est dédié à la recherche en télémédecine, est publié en mars 2012 [5]. Dans l’idéal, l’intégration des indicateurs et des fonctionnalités qui permettront de réaliser l’évaluation clinique de l’application, doit être effectuée dès la conception de l’application. 3. La politique d’urbanisation et de sécurité L’état a élaboré une Politique Générale de Sécurité des Systèmes d’Information de Santé (PGSSI-S) pour définir le cadre de la sécurité des SI de santé. La PGSSI-S est une base documentaire constituée du document avec les principes fondateurs [6] et d’un ensemble de documents référentiels classés par thématique. Cadre juridique de la sante Référentiels organisationnels Principes fondateurs PGSSI-S Référentiels techniques Bibliographie des bonnes pratiques SSI Référentiels spécifiques Référentiels juridiques Figure 1. Base documentaire PGSSI-S Dans ce contexte l’ASIP mène des travaux pour fournir un cadre technique avec des méthodologies, des référentiels, des outils, des services et une infrastructure pour un développement cohérent dans le respect des contraintes propres à télémédecine. L’objectif de ce résumé n’est pas de donner une présentation exhaustive ni détaillée de tous les chantiers que l’ASIP met en place pour l’urbanisation des SI de santé : • L’infrastructure et solutions : DMP (Dossier Médical Personnel) , la Messagerie Sécurisée de Santé (MSS), INS (Identifiant National de Santé), CPS (Carte de Professionnels de Santé), Répertoire Partagés des Professionnels de Santé (RPPS), Référentiel des Acteurs Santé Social (RASS), … • La normalisation et référentiels : CDA R2 (norme pour véhiculer de données médicales en format XML), référentiels d’interopérabilité, spécifications techniques du DMP, … • Les services autour de l’agrément, l’homologation et la labélisation : l’agrément des hébergeurs de données de santé, logiciels labellisés « Maisons et centres de santé », homologation de logiciels DMP compatibles, … mais de présenter une vision globale et de donner quelques références utiles. Toutes les informations et référentielles se trouvent sur le site de l’ASIP dans la rubrique Pro (http://esante.gouv.fr/services). Les rapports [7] et [8] fournissent des informations concrètes et pragmatiques pour la mise en place des projets de télémédecine. La référence [7] décline les recommandations sur les axes prioritaires établis par la DGOS : la permanence des soins en imagerie, la prise en charge de l’AVC, la santé des personnes détenues, la prise en charge de maladies chroniques et les soins en structure médico-sociale ou en HAD. Lors de la réalisation d’un projet de télémédecine, il faudra tenir compte de cette politique de sécurité et d’urbanisation des SI de santé pour être conforme aux exigences et assurer la pérennité des solutions techniques du projet. La démarche d’urbanisation est basée sur les principes suivants : 2/4 • Une infrastructure nationale fournissant les services de base : le DMP, la MSS, l’identification sécurisée des professionnels et patients, la couche sécurité pour les dispositifs mobiles, … • Des régions avec une politique et une gouvernance cohérente et efficace : mutualisation des ressources, utilisation des solutions standards, contractualisation des projets. • Des logiciels métiers interopérables pour s’intégrer aux applications de télémédecine. • Des hébergeurs de données de santé agrées offrant toutes les garanties de sécurité. Infrastructure nationale : DMP, MSS, CPS, INS, RPPS, … Région Région Infrastructure régionale : PACS, logiciels métier, réseaux, … Acteurs : Patients, MT, Spécialistes, IDE, … Organismes : ARS, GCS, sociétés Région Figure 2. Urbanisation des SI de santé Le comité d’agrément pour l’hébergement de donnés de santé est en place depuis février 2009 : 49 décisions d’agrément ont été prononcées. Une bonne base de référentiels est en place. La CPS est opérationnel et les autres chantiers sur l’identification continuent à progresser. Les travaux sur la MSS ont démarrés en 2012. Le projet DMP est en cours de réorientation : les résultats n’ont pas été à l’hauteur de l’investissement réalisé, probablement parce que le périmètre était trop large et ambitieux. Il sera désormais réorienté vers l'accompagnement du parcours des soins des ALD et des maladies chroniques. Le Dossier Pharmaceutique (DP) est sans doute à prendre comme exemple, son périmètre est limité sur un seul objectif : sécuriser la dispensation médicamenteuse. L’ASIP mène une démarche de communication très active auprès de tous les acteurs concernés. Il organise régulièrement des réunions pour communiquer sur l’état d’avancement de ses projets et constitue des groupes de travail pour impliquer les acteurs concernés. 4. Conclusion L’état affiche une volonté pour développer la télémédecine et la politique d’urbanisation des SI est claire et cohérente. Mais le chantier est vaste et le chemin à parcourir sera long. Les projets de télémédecine en développement doivent tenir compte des recommandations. Il faut s’insérer dans la stratégie régionale en se rapprochant du GCS télésanté régional. Les choix des systèmes informatiques doivent porter sur des solutions standards, homologuées, compatibles avec la stratégie régionale et les solutions métier. 3/4 Il semble clair que la tendance est de labéliser et de certifier les solutions. L’agrément pour l’hébergement de données de santé et le label pour les logiciels utilisés dans les maisons et centres de santé sont un premier pas. Les logiciels et les infrastructures informatiques utilisés pour la télémédecine devront être à terme certifiés, homologués, labélisés. Une logique de certification doit être intégrée dès la conception de l’application. Si un projet de télémédecine est en place avec des bons résultats et une application informatique propriétaire, il faudra rendre l’application interopérable et connectée aux solutions métier. Entamer la démarche de proposer la solution propriétaire à d’autres régions et territoires, pour essayer de la faire devenir une solution standard, permettra de garantir sa pérennité à terme. Cette démarche d’urbanisation va dans le bon sens mais l’on peut faire deux remarques. La mise en place de cette démarche a un coût important, tant pour la collectivité que pour les entreprises. Or ces dernières, doivent investir sans qu’il est encore un modèle économique clair en perspective. Cela peut créer de problème d’adhésion de la part des industriels et des éditeurs de logiciel. En fin, il est important d’intégrer les couches de sécurité informatique dans les SI mais il faut que cela n’empêche pas la convivialité d’utilisation et la facilité d’accès pour les utilisateurs qui seront confrontés à utiliser les applications au quotidien. 5. Références [1] La place de la télémédecine dans l’organisation des soins. Pierre Simon, Dominique Acker, Conseillers généraux des établissements de santé. CGES – Rapport Mission thématique n° 7/PS/DA. Novembre 2008. [2] Décret no 2006-6 du 4 janvier 2006 relatif à l’hébergement de données de santé à caractère personnel et modifiant le code de la santé publique. [3] Décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine. [4] Décret N° 2012-202 du 10 février 2012 modifiant les conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé qui exercent l’activité de traitement de l’insuffisance rénale chronique par la pratique de l’épuration extrarénale.. [5] La recherche clinique en télémédecine : évaluer le service médical rendu aux patients. P. Simon. Eurtelemed, Journal de la Recherche Européenne en Télémédecine (Ed. ElsevierMasson), Vol 1, N°1. p. 1-5, Mars 2012. [6] POLITIQUE GÉNÉRALE DE SÉCURITÉ DES SYSTÈMES D'INFORMATION (PGSSI). Direction des systèmes d’information (DSI). Juin 2011. [7] Recommandations pour la mise en œuvre d’un projet de télémédecine, Déploiement technique : Urbanisation et infrastructure. PLAN NATIONAL DE DEPLOIEMENT DE LA TELEMEDECINE, Groupe de travail technique / Systèmes d’information. Mars 2012 [8] La télémédecine en action : 25 projets passés à la loupe, Un éclairage pour le déploiement national, Tome 1 : les grands enseignements. ANAP. Mai 2012. 4/4