Génocide arménien: Paris et Ankara poursuivent leur bras de fer

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Génocide arménien: Paris et Ankara poursuivent leur bras de fer
Génocide arménien: Paris et Ankara poursuivent leur bras de fer | Philippe Rater | Euro... Sayfa 1 / 1
Publié le 20 décembre 2011 à 11h38 | Mis à jour le 20 décembre 2011 à 11h38
Génocide arménien: Paris et Ankara poursuivent leur bras de fer
Philippe Rater
Agence France-Presse
Paris
Faisant fi de vives critiques turques, l'Assemblée nationale française a décidé mardi,
avec l'assentiment du gouvernement, d'examiner jeudi une proposition de loi condamnant
la négation du génocide arménien, au risque d'une grave crise avec Ankara.
«Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de loi (...) qui dénie le droit
de rejeter des accusations infondées et injustes contre notre pays et notre nation», a
réagi dans un communiqué le chef de l'État turc, Abdullah Gül, en exhortant Paris à
renoncer à une loi «inacceptable».
Le texte prévoit un an de prison et 45 000 euros (60 600 $) d'amende en cas de négation
d'un génocide reconnu par la loi. Paris a admis en 2001 l'existence d'un génocide
d'Arméniens entre 1915 et 1917 ayant fait 1,5 million de morts.
«Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de loi (...) qui
dénie le droit de rejeter des accusations infondées et injustes contre notre
pays et notre nation», a réagi dans un communiqué le chef de l'État turc,
Abdullah Gül, en exhortant Paris à renoncer à une loi «inacceptable».
Photo: Olivia Harris, Archives Reuters
Si elle reconnaît que jusqu'à 500 000 personnes sont mortes lors de cette période, la
Turquie considère qu'elles ont été les victimes des aléas de la Première Guerre mondiale
et non d'un génocide.
Deux délégations turques, l'une composée d'industriels, l'autre de parlementaires, ont été
envoyées à Paris pour tenter d'empêcher un examen du texte de loi. Ces parlementaires
devaient rencontrer mardi Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président
français Nicolas Sarkozy, puis le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
Si elle n'était pas entendue, la Turquie a menacé la France de représailles diplomatiques,
économiques et culturelles.
En premier lieu, Ankara devrait rappeler pour consultations son ambassadeur et parle de déclarer persona non grata son homologue français en Turquie.
La crise franco-turque, si elle se confirme, survient à un très mauvais moment pour la France dans un contexte régional où la Turquie est désormais incontournable
dans le règlement des dossiers iranien et syrien, sur lesquels Paris se veut en pointe.
En matière économique, «si cette loi est adoptée, il y aura beaucoup de dommages et conséquences pour les deux pays», a estimé lundi le patron de l'Union des
Chambres de commerce et des Bourses de Turquie (TOBB), Rifat Hisarciklioglu.
La Turquie «est membre de l'Organisation mondiale du commerce et est liée à l'Union européenne par un accord d'union douanière. Ces deux engagements
juridiques impliquent un traitement non discriminatoire à l'égard des entreprises de l'UE», a répliqué mardi le ministère français des Affaires étrangères.
La Turquie compte près de 12 milliards d'euros (16 milliards de dollars) d'échanges en 2010 avec la France. Le millier d'entreprises françaises opérant en Turquie
pourrait se voir priver de marchés publics dans les domaines des transports, de l'armement et du nucléaire.
La coopération culturelle, scientifique et technologique turco-française pourrait être également gelée par Ankara, selon une source proche du gouvernement turc.
Ces derniers jours, Ankara a notamment accusé le gouvernement français de vouloir, avec cette loi, récupérer lors de la présidentielle de 2012 le vote de quelque
500 000 «Arméniens de France».
Nicolas Sarkozy leur avait promis avant son élection en 2007 de soutenir un tel texte. En octobre dernier, il avait à nouveau jugé «pas acceptable» la négation du
génocide arménien.
«Tous les cinq ans, cette question revient avant les élections» présidentielle et législatives pour obtenir les voix des Français d'origine arménienne, s'est insurgée Ümit
Boyner, présidente du patronat turc, TUSIAD.
Mardi, l'opposition socialiste française a annoncé son intention de voter la proposition de loi déposée à l'Assemblée nationale par un député membre du parti
présidentiel UMP.
http://www.cyberpresse.ca/international/europe/201112/20/01-4479618-genocide-arm... 22.12.2011