ensemble tout devient possible

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ensemble tout devient possible
ensemble tout devient possible
sarkozy.fr
Le Candidat
Paris le 20 AVR. 2007
Monsieur le Président,
A la veille de la douloureuse commémoration du génocide arménien, je souhaitais vous adresser un
message très personnel d'amitié et de soutien.
L'Arménie réveille le sentiment d'amitié et d'émotion envers votre peuple qui a trop souffert du
négationnisme durant son histoire. Le nom d'Arménien évoque le courage face à l’indicible barbarie. Vos
aïeux ont été victimes d'un génocide inqualifiable, insupportable et parfaitement inimaginable. Les
massacres d’Erzeroum, de Sassoun ou encore de Zeitoun, autant de noms qui blessent votre mémoire. Vos
aïeux ont pris le chemin de l'exil, souvent avec pour seul bagage leur détermination. Beaucoup se sont
tournés vers la France et ont espéré trouver chez nous une nouvelle vie. Ils ont trouvé une alliée pour
dénoncer ces massacres et pour que jamais personne n'oublie, Je n'ai pas vécu votre drame. Mais, comme
vous je suis le descendant d'une famille fière de ses origines, de sa terre. Et vous aussi, vous êtes dans
votre grande majorité des exemples de l'ascenseur social, des exemples de réussite, une réussite que vous
devez d’abord à votre volonté.
Je souhaite que la France retrouve cette ambition de la réussite par l’effort, la fierté des grandes
civilisations que ne faiblissent devant aucune barbarie. Certains ont sacrifié leur vie pour lutter contre la
barbarie nazie. La France se grandit en en défendant votre mémoire.
La France a pleinement reconnu le génocide arménien. Elle l'a reconnu par la loi et notre loi s'impose à
tous. La France condamne toute provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale. Jo
partage pleinement votre volonté que la France s'oppose au négationnisme d'État, à une propagande qui
vous meurtrit, une propagande indigne. Et la France doit non seulement condamner le négationnisme par
la loi, mais ne jamais accepter une quelconque propagande d'État.
C'est au Parlement, aux représentants de la Nation, de donner à notre pays ses lois. Il lui appartient de
tracer la frontière entre l'acceptable et l'inacceptable. Et il peut, à ce titre décider que la négation du
génocide est un acte qui franchit cette frontière. Au-delà de l'insulte à la mémoire des victimes et à leurs
descendants, la négation porte atteinte à l'ensemble de la société. La liberté d'expression, ce n'est pas celle
de manipuler l'histoire ni celle de nier les évidences historiques.
Je suis pour la liberté d’expression individuelle, pour la liberté de pensée des historiens et chercheurs,
même si la réalité du génocide est indéniable. Par contre, je n'accepte pas que les Arméniens de France
soient menacés ou empêcher de dénoncer le négationnisme en France. Vous êtes libres et vous devez
rester libres d'organiser en France des manifestations, des commémorations, des expositions pour
dénoncer ce massacre. Le travail de mémoire d'un peuple est un exercice qui doit réconcilier un peuple
avec son passé, un exercice qui d’affronter des heures noires de son histoire.
Au-delà de la loi, j'ai proposé que le Parlement puisse à l'avenir adopter des « résolutions », c'est-à-dire
des engagements au-delà des partis. Nous sommes une République où la dignité des Arméniens, leur
mémoire, doit être respectée. Et il appartient à l'État de ne céder à aucune pression.
La reconnaissance du génocide arménien doit-elle constituer une condition à l'entrée de la Turquie dans
l'Union ? Je veux vous dire la vérité ; Je suis oppos6 à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Et il
faut être cohérent. On ne peut pas vouloir dénoncer la négation du génocide arménien d’un côté sans poser
cette question à la Turquie de l’autre. Je suis attaché à un projet, qui est celui des pères fondateurs de
l'Europe, celui d'une Europe politique forte et intégrée, Je ne veux pas renoncer à ce projet quelles que
soient les difficultés actuelles.
En trois ans, entre 2004 et 2001, l'Union sera passée de 15 à 21 États membres : il n'est que temps de poser
franchement la question de la capacité d’absorption de l'Union et de ce que nous voulons faire ensemble.
Je veux dire une chose simple : l'adhésion d’un nouveau membre est d'abord une décision que l’Union
prend elle-même, en fonction de ses propres objectifs, dans la limite de ses possibilités et de ce que ses
peuples consentent, avant d’être une décision relevant de la politique extérieure de l’Union et de son souci
d’encourager les réformes chez autrui.
S’agissant de la question de la Turquie, je n'expliquerai pas aux petits écoliers français que les frontières
de l’Europe, se sont l’Irak et la Syrie. Si l'on considère que la Turquie est européenne, il faudra alors
penser également au Liban, à Israël ou au Maghreb, sans parler de l’Ukraine. Si elle veut rassurer et non
inquiéter, l'Europe doit avoir des frontières claires. Nous devons approfondir nos liens avec la Turquie.
Mais, cela ne conduit pas à l’adhésion pleine et entière. Il est urgent de définir le statut de « partenaire
privilégié ».
Enfin, j'ai demandé la suspension des négociations tant que ce pays n’aura pas ratifié et véritablement mis
en oeuvre, de bonne foi, le protocole d’Ankara, c'est-à-dire tant qu'il n'aura pas pleinement reconnu
Chypre, qui est un État-membre de l’U.E.
Arméniens de France, vous êtes des traits d’union entre notre pays commun, la France, votre terre
d'adoption, et le Caucase de vos ancêtres. La Genèse raconte que l'arche de Noé se serait posée, après le
déluge, au sommet du Mont Ararat. Vous avez survécu aux pires cataclysmes. Vous devez garder cette
force vitale qui est la vôtre et qui donne à la France un supplément d'âme.
Si je suis élu, je m'emploierai à promouvoir, les relations entre l'Arménie et la France dans tous les
domaines. Je m'engagerai aussi dans la recherche d'une solution aux conflits dans le Caucase. Je
m’attacherai enfin à lutter, en France, contre toute approche négationniste à l’égard du génocide arménien.
Restant à votre écoute, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de ma considération
distinguée.
Nicolas SARKOZY
à
Monsieur Alexis GOVCIYAN
Président du CCAF