Slow Food Slow Food - FDSEA du Bas-Rhin
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Slow Food Slow Food - FDSEA du Bas-Rhin
Slow Food : « Bon, propre et juste » Que savons-nous de ce mouvement, créé par le chroniqueur gastronomique Carlo Petrini en 1986, et qui prône une alimentation « bonne, propre et juste » ? Après quelques précisions au travers d’un abécédaire, des témoignages et des points de vue des membres de l’association, ainsi que des expériences de cette communauté forte de 100 000 membres. 12 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 A limentation : Slow Food soutient le droit de tous à une alimentation « bonne, propre et juste ». Le concept de qualité exprimé par le biais des mots bon (organoleptique), propre (écologique) et juste (social) insiste sur une approche holistique, la seule valable lorsqu’il est question de Terra Madre (terre mère). À chaque étape de la filière agro-alimentaire, y compris lors de la consommation, il est nécessaire de préserver les écosystèmes et la biodiversité, tout en protégeant la santé du producteur et du consommateur. A rche du Goût : Inventaire des produits à sauver. L’arche du goût a été créée en 1996 ; elle recense les aliments en risque de disparition. Les produits doivent être excellents, liés à un terroir, et produits à petite échelle. Ils pourront devenir Sentinelles (voir S.). C onvivium : Il s’agit d’une antenne locale de Slow Food constituée de personnes qui s’intéressent à ce qu’elles mangent. On compte environ 1 000 conviviums actifs dans 50 pays et une vingtaine en France. Ils s’appellent « condotte » en Italie ; ils sont tous pilotés par un responsable. Un convivium organise des activités telles que dégustations, leçons, ateliers, visites auprès des producteurs, repas, marchés…. D ates : - 1986 : Carlo Petrini (voir P.) lance un manifeste prônant « le slow food » par opposition au « fast food » pour protester contre l’implantation d’un Mac Do sur la place d’Espagne, à Rome. - 1989 : lancement officiel, depuis l’Opéra comique de Paris, du mouvement Slow Food. - 2003 : création d’une Université des sciences de la gastronomie, en Italie. Photos Slow Food Dossier | À la découverte de Slow Food À la découverte de Slow Food | Dossier - 2004 : l’Université accueille ses premiers étudiants, ils sont 70 venus de 13 pays. - 2005 : ouverture, à Turin, de Eataly, un supermarché pour fines bouches. - 2008 : première soirée Slow Food en France. - 2009 : première édition de la biennale du goût et de l’alimentation, Euro Gusto (voir E.) E urogusto : L’édition 2011 (la deuxième) s’est tenue du 18 au 20 novembre, à Tours (37). G ap : Le Salon Savoirs et Saveurs de Montagne aura lieu les 19-20 mai 2012 à Gap. La quatrième édition de cet exemplaire Salon Slow Food se tiendra au Quattro de Gap. Imaginé et construit par l’équipe de bénévoles de Slow Food Coolporteur : http://www.slowfood-coolporteur.fr/accueil/ R éseau mondial : Le mouvement Slow Food compte plus de 100 000 membres actifs autour du monde. Ses sièges nationaux se trouvent en Italie, en Allemagne, en Suisse, en France, aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Par ses activités et ses nombreux projets, le mouvement rassemble des millions de personnes. S entinelles : Elles sont aujourd’hui plus de 300 dans le monde, et ont été créées en 2000. Il s’agit de produits qui risquent de disparaître, et qui représentent la biodiversité agricole et le patrimoine culinaire. Quelques producteurs restent et les rendent encore viables. En France, on compte 13 sentinelles, parmi lesquelles le porc noir de Bigorre, le mouton de Barèges-Gavarnie, la lentille blonde de Saint Flour… 500 délégués s’y rendent. Depuis sa première édition en 2004, Terra Madre s’est développé au-delà de ces rassemblements pour devenir un réseau mondial de ces communautés alimentaires. I talie : L’association internationale Slow Food a son siège à Bra, en Italie. L’Université des sciences de la gastronomie, se trouve à Pollenzo, à la sortie de Bra. T uste : La communauté Terra Madre donne la parole à « qui ne se résigne pas au modèle d’homologation, inhumain et totalisant », affirme-t-elle. Qui produit la nourriture doit recevoir une juste rémunération et reconnaissance pour son travail. O uvrage : L’ouvrage « Terra Madre » de Carlo Pétrini, sorti en octobre 2011 permet de redéfinir les bases du mouvement Slow Food et propose de restaurer la souveraineté alimentaire, l’économie locale, la diversité naturelle et le plaisir de manger. D.R. J T erra Madre : Un projet conçu par le mouvement Slow Food. C’est une association parallèle, financée de façon autonome. Elle travaille à la coopération et au développement. Elle rassemble tous les deux ans à Turin des paysans du monde entier. S low Food : est une association à but non-lucratif fondée par Carlo Petrini (voir C.) avec un réseau d’acteurs (Terra Madre, voir T.) qui travaillent à la mise en place d’un modèle « bon, propre et juste » de production et de consommation alimentaire. Le rapport entre Slow Food et Terra Madre correspond à l’image d’une couverture en patchwork : Slow Food et ses membres constituent la trame, Terra Madre et ses communautés de la nourriture sont les morceaux de tissu colorés. Ensemble, ils forment une vaste chaîne, dont les composantes sont interdépendantes et parfois superposées. Q D.R. P etrini C. : Carlo Petrini, né le 25 juin 1949, chroniqueur gastronomique, a fondé l’association Slow Food en 1989 en Italie ; il en est encore aujourd’hui le président international. Là où certains prônent le label HQE (haute qualité environnementale), lui défend un concept plus large de qualité alimentaire (voir A.). urin : Du 25 au 29 octobre 2012, Turin accueillera, au Lingotto Fiere et à l’Oval, le nouveau Salone del Gusto et Terra Madre qui s’unissent en une manifestation unique. Le Salone del Gusto, avec le succès remporté par les huit éditions précédentes, dispose d’un patrimoine d’excellents producteurs, de chefs, d’ateliers du goût, de sentinelles et d’institutions. Claire Nioncel L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 13 Dossier | À la découverte de Slow Food Q Activités Au cœur des conviviums Clefs de voûte de Slow Food, les conviviums organisent à la fois des activités pour leurs membres et des manifestations pour sensibiliser le public au bien manger. Relativement peu nombreux, les adhérents cherchent les moyens pour donner un second souffle au mouvement. L ’une des spécificités du mouvement Slow Food est d’être décentralisé à l’extrême. Basé à Bra, dans le Piémont, son siège ne le dirige pas. Il promeut une philosophie, des valeurs que chacun doit interpréter chez soi et à sa manière. Pour son fondateur, Carlo Petrini, il faut laisser libre cours à l’intelligence affective et à l’anarchie austère qui sont ainsi les deux piliers du mouvement. Cette organisation accorde ainsi un rôle primordial aux conviviums, les structures locales autonomes. Chacun propose les activités de son choix : repas, dégustations, ateliers du goût, leçons de cuisines, visites de fermes et d’artisans de l’alimentation… Lesquelles ont pour but l’éducation du goût, la découverte de saveurs locales oubliées ou en voie de disparition et de savoir-faire artisanaux. Au nombre de plus d’un millier dans le monde, ils sont quarante-trois en France, répartis aux quatre coins du pays, aussi bien en zones rurales que dans les grandes villes. Trois, pour Paris Paris en compte ainsi trois, chacun de taille équivalente. Ils sont actifs dans diffé- 14 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 rents quartiers de la capitale et collaborent entre eux à l’occasion. Créé il y a 10 ans, le convivium Paris Bastille rassemble une petite centaine d’adhérents dont une légère majorité de femmes. « Les effectifs sont stables, et si les origines sociales sont variées il y a néanmoins une majorité de CSP + », précise Bastien Beaufort, son président, âgé de 24 ans, qui prépare un master en sciences humaines et sociales. Ceci dit, il le reconnaît, les jeunes sont sous-représentés dans le mouvement. « En France, Slow Food souffre d’une image vieillotte, bourgeoise, et ses adhérents sont vus comme des gens d’un certain âge, ayant les moyens de déguster des produits chers. Pour accroître l’audience du mouvement, il faut le rajeunir ». À cet effet, pour toucher de nouvelles personnes, en décembre 2010 il a été à l’initiative d’un « eat in » dans les rames de métro de la ligne 2. Plus classiquement, en décembre 2011, les trois conviviums parisiens se sont réunis dans un restaurant pour un repas autour de produits sentinelle : la tomme de Pie Noire de Bretagne, et la viande de bœuf de Gascogne, dont deux producteurs étaient présents. Des déplacements sont aussi organisés pour aller découvrir des tables d’hôtes ou des restaurants d’Ile-de-France mettant en avant les bons produits locaux. Parfois chez des agriculteurs d’autres régions. « Mais, compte tenu de notre situation géographique, faire le lien entre les producteurs et les consommateurs n’est pas très facile ». Enfin, les adhérents sont invités à participer aux événements organisés par le mouvement, tel Eurogusto, ou par d’autres conviviums. Par exemple, en mai, à Gap, où le convivium local organise le Salon « Saveurs et Savoirs de montagne » (voir article p. 19). En Province À Clermont-Ferrand, le convivium Volca’niac fait feu de tout bois en proposant au minimum une activité par mois et un programme très varié (plusieurs registres). Visites d’exploitations pour comprendre les méthodes de production et les problématiques des agriculteurs. Accompagnement d’agriculteurs dans leur réflexion sur le développement de produits sentinelle, comme la lentille blonde de Saint-Flour et le fromage de vache Salers. Goûters show pour les enfants. Repas à thème commenté sur un aliment avec évocation de ses origines, de son histoire, de son mode de culture, de son intérêt nutritionnel, des rai- Photos Slow Food À la découverte de Slow Food | Dossier sons d’une éventuelle désaffection. Baptisé « Rave Party », le dernier a ainsi porté sur ces légumes. Depuis septembre, le convivium a également mis en place des apéros slow qui se tiennent de 17 h à 21 h dans des lieux qui changent. « Cela nous permet de toucher une nouvelle audience, plus jeunes, et des classes sociales qui varient selon l’endroit », explique Véronique Jal, sa présidente. Comprenant la dégustation d’un ou deux vins et un ou deux aliments, ces apéritifs sont soumis à un droit d’entrée modique, de 5 à 6 €. « Ils sont payants car l’un des crédos du mouvement est qu’il faut une juste rétribution des producteurs. Mais je suis très attentive au niveau de prix pour ne pas entretenir le rumeur selon laquelle Slow Food s’adresse à des gens aisés qui aiment manger des produits assez chers ». Ayant des dirigeants aux profils différents qui ont chacun apportés leur réseau de connais- sance, Vulca’niac a toutefois déjà des adhérents d’origines variées. Si leur nombre est stable, fluctuant entre 50 et 70, celui des participants aux activités est par contre en hausse et tourne désormais autour de 300. « Comme dans tout le milieu associatif, il est difficile de trouver des gens prêts à s’engager », note Véronique Jal. D.R. Évolution ? « Paradoxalement, nous avons du mal à recruter alors que l’on parle de plus en plus de la Slow attitude dans de nombreux domaines », ajoute Anna Closa, secrétaire du convivium Midi Toulousain, créé en 2004, dont le nombre d’adhérents toujours fluctuant stagne aujourd’hui autour d’une petite quarantaine. « Ce sont plutôt des gens de plus de 50 ans mais aucun ouvrier, ce qui est regrettable. Par ailleurs, certaines personnes rejoignent un convivium après leur adhésion à Slow Food International ou France, comme ils y sont invités, mais ensuite on ne les voit pas ». Découverte d’exploitations, réunions pour dégustations de bons aliments, organisation d’ateliers du goût et soutien aux produits sentinelle locaux sont là aussi au programme. Mais une volonté d’évolution se manifeste. « Jusqu’à présent nous avons proposé beaucoup d’activités très ciblées sur la gastronomie. Pour toucher un public plus large et notamment les jeunes, je milite pour que nous collions plus à la philosophie Slow Food : « bon, propre et juste ». Pour cela nous devons nous intéresser à tous les étages de la filière alimentaire, regarder ce qui se fait dans le monde, juger les pratiques des agriculteurs non seulement sur l’utilisation de produits phytosanitaires mais aussi sur leur comportement vis-à-vis de leurs salariés, étudier comment nos habitudes alimentaires ont un impact sur l’environnement et la rémunération des producteurs ». Pour Véronique Jal, en ces temps de crises, Slow Food doit aussi se pencher sur la question de l’alimentation avec peu de ressources. « Il faut apprendre aux gens à cuisiner les bas morceaux de viande, les restes, les fanes… ». Information sur la PAC Par ailleurs, 2012 sera dans tous les conviviums une année d’explication de la PAC, comme le souhaite Carlo Petrini. « Nous allons informer les gens sur sa réalité car elle reste mal connue bien qu’elle soit très médiatisée et le domaine où il y a la plus grande intégration entre les États. Elle a un côté technocratique qui induit un détachement des citoyens », souligne Bastien Beaufort qui, de son côté, va également s’impliquer au développement du mouvement jeune de Slow Food en France. Q Thierry Joly L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 15 Dossier | À la découverte de Slow Food Q Euro Gusto 2011 Un marché, des produits et des hommes… EuroGusto* : une manifestation qui veut représenter l’esprit de Slow Food. A Tours, plus des 18 500 participants, ont pu goûter, s’informer, échanger. Le Marché des Goûts et des Saveurs d’Origine, avec ses 150 exposants a permis aux visiteurs de découvrir des goûts, des saveurs, des hommes et femmes de passion… L es vins avaient toute leur place à l’œnothèque, avec plus d’une centaine de vignerons qui, à tour de rôle, présentaient leur travail et la philosophie de leur démarche. Le Café Gourmand, de son côté, a offert des débats animés, notamment sur « rat des villes et rats des champs ». Le stand et l’exposition du projet européen 4Cities4Dev ont souligné l’implication de Slow Food en Afrique et rappelé la nécessité d’une solidarité Nord/Sud. La beauté du geste D. R. 4CITIES4DEV Le projet 4Cities4Dev, co-financé par l’Union Européenne, est issu de la collaboration de quatre villes européennes – Turin, chef de file du projet, Tours, Bilbao, Riga – et de Slow Food. Il associe le rôle des villes – actrices efficaces des politiques locales et de coopération décentralisée – et l’approche de Slow Food, basée sur l’implication des communautés de la nourriture, des citoyens et des consommateurs. Les quatre villes européennes « adoptent » sept communautés de la nourriture situées à Madagascar, au Sénégal, au Kenya, au Mali, en Mauritanie, en Ethiopie et en Côte d’Ivoire. « L’adoption » d’une communauté de la nourriture c’est, d’une part permettre aux villes européennes de connaître, de près, des réalités de terrain, et d’autre part établir des relations institutionnelles entre les villes partenaires, les communautés de la nourriture et les autorités locales. 16 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 L’Espace Transmission montrait la beauté du geste, en expliquant la différence entre productions industrielle et artisanale, et présentait des métiers oubliés. Les Ateliers du Goût ont été l’occasion, pour des chefs connus, de remettre au goût du jour des produits devenus méconnus, comme les abats entre autres… Le Bistrot Paysan a servi 1 250 repas tout au long de la manifestation qui a été bien relayée dans les médias… « Ce sont toujours un peu plus de graines “bonnes, propres et justes” semées auprès du grand public », soulignent, satisfaits, les organisateurs. Q Texte et photos Claire Nioncel * EuroGusto : s’est tenu du 18 au 20 novembre 2011, au Parc des expositions de Tours. Il est organisé par le convivium Slow Food Tours Val-de-Loire, IMPACT 37 et Convergences Bio. Les partenaires : SEB, CNIPT, Interfel, ville de Tours, communauté d’agglomération Tour(s), Conseil Général d’Indre-et-Loire et la région Centre. CLAUDE BLACQUEBELAIR, UN PROMOTEUR Depuis 5 ans, Claude Blacquebelair fait partie de Slow Food, convaincu, par son épouse. Il explique sa démarche et sa motivation sur le stand Slow Food, à Eurogusto. « Nous cherchons à aller à la découverte du terroir »… Avec son épouse et des amis, ils viennent de créer une antenne de Slow Food, en Charente-Maritime et invitent tous les adeptes du bien-manger à les rejoindre. Slowfood.saintonge.tk À la découverte de Slow Food | Dossier Q Xavier Beulin à Euro Gusto Il faut que ces créneaux singuliers s’expriment et se développent L’Information Agricole – Que vous inspire la visite à Euro Gusto ? Xavier Beulin Q Quand le producteur et le consommateur, quand l’urbain et le paysan se rencontrent c’est toujours intéressant. Partout en France, dans le monde, des agriculteurs continuent de faire vivre des dizaines de produits alimentaires liés à un territoire, issu d’un savoir-faire ancestral, dans une démarche d’agriculture durable, c’est une grande richesse pour nous tous. Parfois, le renouveau d’un produit oublié part d’une démarche sympathique de ne pas laisser tomber dans les limbes de l’histoire un mode de fabrication, une variété, une race. Mais si l’on veut durer, on s’aperçoit rapidement qu’il faut structurer la filière, professionnaliser la démarche. Il s’agit, d’un bout à l’autre de la chaîne, que les maillons soient de qualité, que l’on soit dans une Amap, un marché ou un rayon de grandes surfaces. Oui y compris les GMS (grandes et moyennes surfaces, ndlr) et les restaurants collectifs, car il ne faut pas oublier qu’au moins cinq jours sur sept, la grande majorité de nos concitoyens y fait ses courses et s’y nourrit. I. A. – On a parfois l’impression d’une dualité entre deux agricultures, une qui serait plus éthique que l’autre ? X. B. Q Qu’on ne compte pas sur moi pour alimenter la division qu’elle quelle soit. Division entre agriculteurs bio et conventionnels, division entre circuits courts et circuits longs. Pas question de stigmatiser une agriculture de niches, et de circuits courts à celle de grands volumes que l’on exporte. L’agriculture de France dispose de potentiels agronomiques, différents d’une région Philippe Guilbert Présent à Tours où il a participé aux journées de la coopération internationale aux côtés d’Alain Raguin président d’Afdi Touraine, Xavier Beulin, le président de la FNSEA, a tenu à découvrir la biennale Eurogusto. Il a fait part de ses réactions aux journalistes. Morceaux choisis. à une autre. Il faut tous les exploiter, avec 7 milliards d’habitants sur terre à nourrir, il serait irresponsable d’extensifier. Chez nous, si on peut installer autour des villes un maximum d’agriculteurs formés sur des projets viables pour alimenter les circuits courts là où la population se concentre, je dis banco. Je dis aussi aux élus, n’ayez pas de double discours en installant de petits îlots agricoles « bonne conscience » tout en continuant d’étaler autour des agglos des océans de pavillons, de zones industrielles, de béton et de goudron sur les champs. Le mouvement Slow Food cherche à créer de nouveaux modes de consommation et de distribution dans un souci de durabilité sociale et envi- ronnementale, je trouve ça très bien. Il faut partout où c’est possible faciliter ces modes dits pour l’instant alternatifs parce qu’ils sont nouveaux ou remettent en selle des habitudes anciennes quand chaque Français avait au moins un agriculteur comme voisin et dans sa famille proche ou allait au marché deux fois par semaine. Il faut que ces créneaux singuliers, encore militants s’expriment et se développent. Il faut éduquer les enfants au goût, à la diversité alimentaire. Pour nous, le combat syndical est clair, c’est la reconquête de la valeur ajoutée par les producteurs ». Q Philippe Guilbert, Terre de Touraine L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 17 Dossier | À la découverte de Slow Food Q Témoignage Purement méditerranéens Le convivium Provence Méditerranée organise, pour ses adhérents et leurs amis, des repas découverte, des sorties, et des rencontres. Il défend des productions et des savoir-faire rares, sur terre comme en mer. «P de la région se sont lancés dans la production pour laquelle une demande d’AOC est en cours. Bons, propres et justes « Nous favorisons la venue des producteurs de brousse du Rove sur les salons Slow Food et avons édité une plaquette de présentation, financée par la région Paca », précise le président du convivium. La même démarche a été suivie pour le petit épeautre de Haute Provence (AOC). Cette céréale, qui pousse sur des sols pauvres, a peu à peu retrouvé sa notoriété. « Quand nous organisons des ateliers du goût dans diverses manifestations, nous la faisons découvrir à travers des recettes sucrées ou salées, imaginées par des chefs de la région », ajoute-t-il. Le convivium Provence Méditerranée compte aujourd’hui 80 membres. Il organise des repas dégustations au lycée hôtelier de Marseille, avec des produits sentinelles de toute la France, ou sur des thèmes « tout chocolat », « épices d’ici et d’ailleurs », © SophieH-Marty ar gourmandise », Lucien Biolatto découvre Slow Food à Turin, il y a une douzaine d’années. Il adhère tout de suite aux principes fondateurs de l’association : repérer des produits de qualité, explorer leur histoire, et relancer une production. Il crée un groupe méditerranéen, à Marseille en 2001. « Nous faisons en sorte de donner un coup de main aux produits ancrés dans le terroir, clairement identifiés, et qui ont tendance à disparaître, à cause de la grande distribution et d’une agriculture industrielle ». Parmi les produits sentinelles repérés par Slow Food en France, le convivium Provence Méditerranée défend la brousse du Rove. Ce fromage frais de forme conique – que l’on déguste comme un dessert avec du miel ou un trait huile d’olive et une pincée de fleur de sel – a bien failli disparaître. Les chèvres du Rove (village aux portes de Marseille) ont un faible rendement. André Gouiran, le dernier chevrier du Rove, s’est battu pour maintenir sa production et la valoriser, soutenu par Lucien Biolatto et ses acolytes. D’autres chevriers 18 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 « cuisine traditionnelle et moléculaire ». Le groupe invite des producteurs et fait des visites chez eux. « Slow Food est passé à un discours plus militant. Nous défendons des produits bons (gustativement), propres (respectueux de l’environnement) et justes (qui permettent aux producteurs de vivre) », explique Lucien Biolatto. Il se réjouit que ces idées soient de plus en plus partagées par les consommateurs comme par de nombreux producteurs. Son groupe s’est ainsi rapproché des prud’homies de la côte varoise qui soutiennent la petite pêche artisanale. Sur le port de Sanary-sur-Mer, l’été dernier, 250 personnes ont découvert des variétés de poissons « pas nobles, pas chers, que les consommateurs achètent peu et qui sont à valoriser ». Lucien Biolatto compte faire venir certains pêcheurs varois au prochain salon Terra Madre (à Turin, en octobre 2012). Il prépare un livre sur les modalités d’une pêche respectueuse, recettes culinaires à l’appui. Q Alexie Valois À la découverte de Slow Food | Dossier Q Gap Gourmandises de nos montagnes © Slow Food Coolporteur Le convivium Slow Food de Gap (05) organise, les 19 et 20 mai prochains, la 4e édition du salon « Savoirs et Saveurs de Montagne ». Une soixantaine de producteurs d’altitude, français et italiens, viennent rencontrer le public, et le régaler. «L es coolporteurs » est le nom qu’ils se sont donnés. L’idée motrice du convivium Slow Food du Gapençais est de « franchir les cols pour voir ce qu’il y a dans l’assiette du voisin », explique Patrick Rostain, président fondateur. À deux heures de route du siège international de Slow Food (Bra, Italie), Gap accueille ce printemps des producteurs et productrices venus des Alpes françaises et italiennes, mais aussi des Pyrénéens, du Pays Basque et du Massif central. « Le succès est tel que nous devons refuser des exposants », déclare celui qui a conçu le salon « Savoirs et Saveurs de Montagne ». « Les producteurs paient 50 euros pour les 2 jours, soit le prix d’un marché de village. Pour la plupart, il s’agit du seul salon auquel ils participent », poursuit-il. Toute l’organisation et l’animation repose sur une trentaine de bénévoles de Slow Food. Aussi, ce salon a lieu tous les deux ans. Le concept plaît beaucoup. La dernière édition a accueilli quelque 2 000 visiteurs. Au milieu du marché des producteurs, trônent une cuisine et des rangées de chaises. Des cuisiniers professionnels et amateurs mitonnent des plats en direct, devant leurs spectateurs attentifs. Ils ont 30 minutes pour démontrer que l’on peut manger des plats très goûteux sans passer sa journée devant les fourneaux. Ces chefs préparent des recettes traditionnelles ou des créations à base de produits de montagne. L’idée est, bien entendu, de valoriser les productions locales comme la viande d’agneau de Sisteron, le petit épeautre de Haute-Provence, les herbes sauvages… Un producteur intervient, et parle de sa façon de travailler ses produits pendant qu’ils sont cuisinés. Dégustations et connaissances Un peu plus loin, se tiennent les ateliers du goût. Quatre à cinq thèmes sont retenus. Sur une scène, une salle de classe. Au pupitre, se place un spécialiste. Sur les tables sont posés une assiette et des couverts. L’aliment est abordé dans sa globalité : son histoire, son mode de production, ses saveurs… La dégustation est commentée. Il sera question cette année de la défense du lait cru, avec une sélection de fromages d’estive produits par des fromagers basques, des Alpes-de-Haute-Provence, et des HautesAlpes. On évoquera aussi la valorisation du patrimoine fruitier avec, pour exemples, le cidre de glace – une recette québécoise –, et la résinée – une préparation ancestrale suisse, où le jus de pomme très évaporé a concentré ses sucres et son acidité. Enfin, avec le Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet (expert en viticulture qui étudie des variétés de vigne), il sera question du patrimoine des cépages et vins de montagne, dégustation à l’appui. « Au début du mouvement Slow Food, beaucoup se demandaient : qui sont ces zozos ? » se souvient Patrick Rostain. Aujourd’hui, ce salon exalte les notions de plaisir, de convivialité et crée du lien entre consommateurs et producteurs. Q Alexie Valois AU QUATTRO Les 19 et 20 mai 2012 – entrée libre www.salon-saveursdemontagne.fr Participation aux ateliers du goût de 5 à 15 € / personne, 1 € / enfant. L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 19 Dossier | À la découverte de Slow Food Pirenopolis à l’heure du Slow Food Le Brésil compte à peine 900 adhérents Slow Food pour 160 millions d’habitants. À Pirenopolis, petite ville coloniale renommée pour sa gastronomie, située à 120 km de Brasilia au cœur d’une nature exubérante entre forêts et cascades, le travail de fourmi d’un jeune convivium commence à porter ses fruits, malgré les réticences initiales. «E n 2007, nous étions 6. Nous sommes 42 aujourd’hui avec deux nouveaux adhérents : une Française et un Italien, spécialistes de la collecte de fonds. Ils devraient nous aider à développer de nouveaux projets », dit Katia Karam, tête du convivium de Pirenopolis, professeur d’anthropologie et d’alimentation(1) à l’Université de Brasilia et productrice de lait (150 l/Jour). « Les gens avaient du mal à comprendre pourquoi on s’intéressait à l’alimentation quand le plat quotidien est à base de haricot noir et de riz, et que le bénévolat n’est pas une tradition ici. Avec Muriel, propriétaire de la Table d’Hôtes, nous avons mis plusieurs années pour fédérer les gens autour de la philosophie Slow Food, les familiariser avec les produits à sauvegarder avant de commencer les visites chez les petits producteurs. » Muriel Dargaud coordonne un stage pendant le Festival Slow films. 20 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 Cours de cuisine à la table d’hôtes. « Au début, je passais pour un ovni, dit Muriel, parce que j’allais tous les jours m’approvisionner chez des maraîchers des environs pour mon restaurant. Les jeunes commencent à s’intéresser, mais pas assez ». Katia, outre ses cours, intervient à l’Université dans le cadre Slow Food. Muriel cible les 9-12 ans, dans les écoles : préparations simples et dégustations de produits locaux de saison qui surprennent toujours les petits, stages sensoriels en partenariat avec la Comunidade Educational de Pirenopolis. « J’ai fait récemment une conférence à la Chambre des Députés de Brasilia sur les produits du cerrado (végétation de la région type savane d’une grande richesse en matière de biodiversité), en partie dévasté (déforestation) au profit d’une agriculture intensive », raconte Muriel. Le convivium se réunit une fois par mois, organise des visites techniques chez des producteurs, par exemple, ou une réunion festive autour d’une pamonhada dans la propriété de Geraldo, le maraîcher voisin de Katia. La pamonhada, à base de maïs frais rapé, est une vieille tradition locale, détournée depuis l’essor du tourisme et des résidences secondaires. « Une occasion conviviale de rappeler la façon de cuisiner les aliments traditionnels tout en socialisant les gens de la ville autour du produit », résume Katia. Le premier jeudi de chaque mois, retrouvailles à Brasilia dans un restaurant où un chef est invité à servir un dîner à partir de produits locaux. « Nous sommes présents au Salon de l’alimentation, où notre restaurant permet de récolter des fonds. Nous étions aussi partenaires du 1er Festival Slow films 2011 à Pirenopolis. Parmi les quatre participants brésiliens, Ouro negro da floresta a été primé en Italie ». Le convivium veut protéger le baru(2), noix type caju, riche en protéine (26 %) pouvant se conserver trois ans. Pirenopolis s’était spécialisée dans son exploitation, autrefois Salades et manioc. À la découverte de Slow Food | Dossier abondante. Mais aujourd’hui, le baru est menacé. Le bois de son arbre est réputé pour sa dureté et sa qualité, ses graines pour leurs vertus aphrodisiaques. « Le baru est devenu une fortaleza (forteresse) dont je suis responsable, explique Katia. Avec nos fonds, et la collaboration de deux associations(3) de Brasilia, nous avons construit un entrepôt pour stocker les noix fraîchement cueillies. Nous développons leur condition- cerie bio de la ville a fermé ses portes quand trois nouveaux supermarchés ont ouverts les leurs. Q Danièle Grobsheiser nement avec une entreprise. Nous aidons financièrement et techniquement les producteurs à améliorer les infrastructures nécessaires au grillage et au stockage des noix*. Nous orientons les familles vers une cueillette et un développement durable ». Plusieurs agriculteurs de Pirenopolis ont recommencé à cultiver et commercialiser le baru (utilisé aussi dans la reforestation, car il pousse très rapidement). Mais la petite épi- Photos D. R. (1) Il existe un cursus gastronomie à l’Université. La noix de baru s’obtient en faisant griller la coque qui la protège. Elle se mange grillée et est utilisée dans les desserts. (3) L’ADCC Associação de Desenvolvimento Comunitário do Caxambu et le CENESC, Centro de Estudos e Exploração Sustentável do Cerrado. (2) Slow Food, en Espagne aussi Slow Food a pris racine chez nos voisins, dans les régions à forte identité. port à l’État central incarné par Madrid. « D’ailleurs, Slow Food n’est pas présent en Castille la Mancha », relève encore Daniela Conte. Yann Kerveno Reste la crise D e culture latine comme les Français, les Espagnols n’en sont pas moins très prudents quant au centralisme qui leur rappelle parfois de bien mauvais souvenirs. « Il n’y a pas en Espagne d’association nationale comme il y avait en France, ce sont des conviviums autonomes qui sont réunis par un bureau national, mais sans plus » explique Daniela Conte de Slow Food international en Italie. De fait, si le mouvement est présent depuis longtemps au pays de Cervantès, il n’a pas pris partout la même ampleur. « On le trouve principalement dans les régions avec une forte identité », ajoute Daniela Conte qui cite la Catalogne, le Pays Basque, la Galice… Toutes régions étant aux prises avec un mouvement nationaliste fort qui leur a permis d’acquérir, à ce jour, une plus grande autonomie que les autres régions par rap- D’autres provinces, comme l’Andalousie, elle aussi à forte identité régionale, ne comptent que peu de conviviums mais des adhérents très actifs, notamment des producteurs qui y défendent leurs produits. « Mais le développement de Slow Food dépend aussi beaucoup des personnes qui s’y engagent. Nous sommes confiants parce que nous enregistrons régulièrement des adhésions sur l’ensemble du pays. » Reste la crise économique espagnole qui va nécessairement freiner cet engouement tranquille pour Slow Food. Avec un quart de la population active au chômage les préoccupations changent. « C’est vrai, nous le constatons déjà, avec la crise qui sévit, les producteurs sont plus enclins à rester chez eux qu’à participer à des opérations montées par les conviviums », conclut Daniela Conte. Q Yann Kerveno L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 21 Dossier | À la découverte de Slow Food Q Jean Lhéritier, ex-président de Slow Food France C’est une remise en cause plus large que celle de la simple alimentation Défenseur du bien manger et du manger local, Slow Food continue de s’implanter en France et tente de se faire entendre au milieu d’une foule de discours contre la malbouffe. Entretien avec Jean Lhéritier, ex-président de Slow Food France. I. A. – Vos propos sont quelque peu contradictoires, vous dites qu’il existe une forte attente de la société et dans le même temps, votre mouvement semble avoir du mal à se faire entendre… J. L. Q Je crois que c’est très long de parvenir à implanter un projet de la sorte. Et la contradiction que vous pointez fait partie des contradictions de la nature humaine, mais aussi de l’esprit français. Je crois que sur ces questions, les Français sont comme Obélix, ils sont tombés dedans quand ils étaient petits. Ils considèrent, peut- 22 | L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 chez eux alors qu’ils sont capables de perdre deux heures dans les embouteillages le samedi pour aller au supermarché… Les questionnements que nous faisons naître sont beaucoup plus larges que la simple question de l’alimentation. Cela nous conduit à la remise en cause de tout un système, celui de l’industrie et de la distribution. Le système industriel nous empêche de cuisiner et d’aller sur les marchés. D.R. L’Information Agricole – Où en êtesvous du développement de Slow Food en France ? Jean Lhéritier Q Nous constatons qu’il existe toujours une grande attente dans la société française quant à nos combats, c’est-à-dire pour une approche différente que celle proposée par l’alimentation industrielle. Mais ce n’est pas facile pour une association comme la nôtre de percer en France et de se faire entendre. Il existe déjà beaucoup d’intervenants sur ces questions liées à l’alimentation… C’est pour cela que nous avons décidé de changer notre organisation et de nous appuyer sur les adhérents locaux. Nous comptons une quarantaine de conviviums, des regroupements locaux, qui sont répartis dans toute la France. Après le sud, nous en ouvrons cette année en Bretagne, en Normandie, et bientôt dans le Nord Pas-de-Calais… être, qu’ils n’ont pas de leçons à recevoir d’un mouvement qui est né à l’étranger. Toujours est-il que s’ils sont capables, en effet, de faire attention à ce qu’ils préparent pour les repas du week-end en famille, ils sont aussi capables de manger au fast-food dans la semaine… I. A. – Ces questions liées à la qualité des aliments ne passent-elles pas au second plan aujourd’hui, dans le contexte économique que nous connaissons ? J. L. Q Ce n’est pas uniquement une question de prix. Aujourd’hui, les gens supportent mal de passer deux heures à cuisiner I. A. – Les crises sanitaires ont obligé l’État à investir ce domaine, en apportant des garanties sanitaires, et des systèmes d’approvisionnement alternatifs ont pourtant vu le jour… J. L. Q Oui, les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, ndlr) ont beaucoup de succès mais elles touchent une toute petite frange de la population. L’État, pour sa part, se contente de dire que le produit est conforme à la loi. Le problème central vient de l’industrie, car elle détruit l’agriculture artisanale et que l’État n’a pas mis en place de dispositif de maintien de la petite agriculture de qualité et de voisinage. Nous réaffirmerons lors de notre congrès mondial annuel, à l’automne, la centralité de la nourriture, pour rappeler que bien manger n’est pas un luxe et que les produits locaux sont des produits sains, déjà parce qu’ils n’ont pas perdu leur valeur nutritionnelle dans le transport. Propos recueillis par Yann Kerveno À la découverte de Slow Food | Dossier Q Autres domaines Slow tourisme Le mouvement Slow Food a fait des émules dans de nombreux domaines. Dans le tourisme, cela se traduit par des voyages peu émetteurs de CO2, privilégiant rencontres avec les populations et découvertes des produits locaux. L e Slow est à la mode et son éloge dépasse désormais largement les frontières de l’alimentation. De nombreux secteurs surfent sur cette tendance, et en particulier celui des loisirs. Un mouvement Slow Tourisme est ainsi officiellement né en 2007, là encore en Italie. S’il ne compte des branches qu’en Bulgarie et en Bosnie, le concept, lui, repris par les professionnels du tourisme, s’est diffusé dans le monde entier. Inspiré du mouvement Slow Food, il en reprend les valeurs – bon, propre et juste – en les adaptant aux spécificités du secteur. Il promeut donc un tourisme responsable, peu émetteur de CO2, respectueux des diversités naturelles et culturelles grâce auxquelles le voyageur prend le temps de découvrir les lieux moins connus, de goûter les spécialités locales et d’échanger avec les habitants. Vacances de proximité Les plus engagés prônent même des vacances de proximité, dans sa région, voire chez soi, un phénomène né outreManche où cela s’appelle le « staycation » dérivé des mots « stay » et « vacation », rester et vacances, en anglais. En phase avec les préoccupations écologiques, cette philosophie séduit de plus en plus de vacanciers qui, en raison de la crise, ont moins de moyens pour partir à l’autre bout de la planète. De ce fait, bon nombre de départements français incluent désormais le slow tourisme dans leurs campagnes de communication et développent leur offre en la matière. La mobilité douce y tient une place prépondérante. Déplacements à vélo rendus plus faciles par la création de voies vertes sans cesse plus longues : « La Loire à vélo », itinéraire cyclable de 800 km le long du fleuve, ou « Vélodyssée », piste cyclable de 1 200 km qui longe le littoral atlantique, de la Bretagne à l’Aquitaine. Randonnées pédestres au rythme familial parfois en compagnie d’ânes servant à la fois de bête de bât et d’animaux de compagnie pour les enfants. Balades en roulottes tirées par des chevaux. Croisières en pénichettes sans permis le long de canaux ou de cours d’eau navigables. Randonnées équestres de plusieurs jours. Avec les habitants Quant à l’hébergement, c’est la chambre d’hôtes qui est privilégiée pour favoriser les contacts avec les habitants, lesquels sont également rencontrés dans le cadre d’activités visant à la découverte des traditions, de l’artisanat et de l’agriculture des régions traversées. Des versions confortables du camping comme « Lit au Pré » ou Huttopia » sont également à l’honneur. Par ailleurs, restaurants et tables d’hôtes sont sélectionnés sur des critères favorisant les menus composés de produits locaux. Ceux-ci, et notamment les produits sentinelle de Slow Food, sont de plus en plus mis en avant par les Centres départementaux du tourisme. Dernière nouveauté, en Italie, l’hiver dernier a vu l’apparition du Slow Ski. Dans la station de ski de Breuil-Cervinia, des parcours dédiés aux skieurs qui veulent jouir du paysage ont ainsi été aménagés et ponctués de bancs aux endroits offrant des vues panoramiques. À Alta-Badia, des chefs ont monté un parcours « Skier avec goût », qui passe par dix restaurants d’altitude où sont servis des plats préparés avec des produits locaux. Q Texte et photos Thierry Joly L’Information Agricole - N° 856 Avril 2012 | 23