Amélioration de l`indice de consommation de lapins en

Transcription

Amélioration de l`indice de consommation de lapins en
Amélioration de l’indice de consommation de lapins en engraissement par
une distribution nocturne de l’aliment
D. WEISSMAN, G. TROISLOUCHES, E. PICARD, C. DAVOUST, C. LEROUX, C. LAUNAY
1
INZO°, Rue de l’Eglise, B.P. 50019, 02407 Chierry Cédex, France
Correspondance : [email protected]
Résumé. Afin de mimer le comportement naturel du lapin, une distribution nocturne (entre 16h et 23h) de
l’aliment est comparée à une distribution diurne (entre 8h et 14h) lors de l’engraissement sur deux rangées de 24
cages collectives nourries en alimentation automatique. Dans les deux lots, les animaux sont rationnés de 35 à 56
jours puis sont nourris à volonté jusqu’à 71 jours. Aucun effet de la période de distribution sur le statut sanitaire
des animaux n’est observé (morbidité <2,6% ; mortalité <2,5% dans les 2 lots). De 35 à 56 jours d’âge, alors que
les animaux consomment 107.4g/j en moyenne dans les 2 lots, une amélioration significative de l’indice de
consommation de 9,7% est permise par l’alimentation de nuit (3,09 vs 2,79). Les deux lots présentent le même
poids moyen à l’abattage (2597g) pourtant, la consommation globale est de 4,4% inférieure dans le lot nourri de
nuit (140,5g/j vs 134,3g/j dans le lot nocturne). Ainsi, une alimentation nocturne lors de l’engraissement permet
d’améliorer l’efficacité alimentaire.
Abstract. A feed distribution during the night improved the feed conversion ratio of fattening rabbits. To
respect the natural rabbit behaviour, a feed distribution during the night (from 4pm to 11pm) is compared to a
feed distribution by day (from 8am to 2pm) during the fattening period. Two groups of 24 cages fed by
automatic distribution are compared. In the 2 groups, animals are feed restricted first from 35 to 56 days of age,
and fed ad libitum from 57 to 71 days of age. No effect of feed distribution programs (day / night) is observed on
the sanitary status of animals (morbidity <2.6% ; mortality <2.5% in the 2 groups). From 35 to 56 days of age,
whereas animals eat the same quantity of diet (in average 107.4g/day), the night distribution of feed allows a
significant decrease of feed conversion ratio by 9.7% (3.09 in the day group and 2.79 in the night group). The 2
groups show the same average weight at slaughtering (2597g), nevertheless, the total consumption is 4,4% less
important in the group of rabbits fed by night (140.5g/j in the day group and 134.3g/j in the night group). Thus,
feeding fattening rabbits during night improved the feed efficacy.
Introduction
Le comportement alimentaire naturel du lapin
consiste en une ingestion majoritaire la nuit
(Prud’hon et al., 1975). En élevage, en alimentation
ad libitum, lorsque l’obscurité dure 10h (21h à 7h), le
lapin consomme l’aliment principalement de 17h à 8h
(Prud’hon et al., 1975). En effet, dans le cas d’un
rythme de 12h de lumière par jour, plus de 60% de
l’aliment est consommé lors de la phase obscure, le
matin étant réservé au comportement de caecotrophie
(Gidenne et Lebas, 2005).
Or en élevage cunicole, la pratique du rationnement se
généralise pour des raisons économiques, incluant des
raisons sanitaires et d’économie d’aliment. L’aliment
est alors souvent distribué le matin vers 8h. En cas de
rationnement, les animaux ont faim et mangent alors
l’aliment dès qu’il est distribué, c'est-à-dire en début
de période lumineuse perturbant ainsi le rythme
naturel de l’animal qui consiste à consommer la nuit
en conditions ad libitum (Prud’hon et al., 1975). Cet
essai a pour but de savoir si le respect du
comportement naturel d’ingestion nocturne du lapin
conduit à de meilleures performances dans un
contexte d’élevage en alimentation rationnée. Deux
distributions d’aliment ont été comparées, l’une se
réalisant de jour, l’autre de nuit afin de comparer
l’effet de chacune sur les performances en
engraissement et sur le statut sanitaire des animaux.
1. Matériel et méthodes
L’essai a eu lieu du 22 octobre 2007 au 27 novembre
2007, sur une bande d’animaux, dans le Centre de
Recherches Zootechniques Appliquées (CRZA)
d’INZO°.
1.1 Animaux
L’essai s’est déroulé du sevrage à 35 jours à
l’abattage à 71 jours d’âge. 240 lapereaux de souche
Hyplus (Grimaud Frères sélection) issus de l’élevage
du CRZA sont sevrés à 35 jours d’âge avec un poids
moyen de 1065 g (+/- 117g). Ils sont mis en lot sur le
critère du poids au sevrage, de l’origine paternelle et
maternelle et sont répartis en 2 lots homogènes : le lot
Jour alimenté de jour et le lot Nuit alimenté de nuit.
L’aliment est distribué entre 16h et 23h dans le lot
Nuit et entre 8h et 14h dans le lot Jour.
1.2 Logement
L’essai est mené en cages collectives à raison de 5
lapins par cage et de 24 cages par lot. Les 24 cages
d’un lot sont côte à côte et constituent une rangée de
cages indépendante possédant sa propre trémie
d’alimentation et son horloge de programmation des
heures de distribution d’aliment. Les cages collectives
utilisées sont des cages des Ets Chabeauti, d’une
surface de 0,346m², équipées chacune d’une
mangeoire en quart de cercle et d’un abreuvoir
stilligoutte. L’aliment est distribué automatiquement,
les quantités d’aliment distribuées par cage sont
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
prédosées. Des doseurs situés au dessus des cages,
dont le contenu est libéré en même temps dans toutes
les mangeoires par l’ouverture de trappes, permet de
distribuer une quantité d’aliment égale dans toutes les
cages. Afin de maintenir la quantité d’aliment
disponible par animal constante, tout animal mort est
remplacé par un lapin hors-essai lors de
l’engraissement, ces lapins de remplacement ayant été
nourris avec le même aliment auparavant. Les deux
rangées de cages disposent chacune d’une trémie
contenant l’aliment expérimental. Les heures de
distribution de l’aliment dans chacune des rangées
sont programmées de manière indépendante.
L'éclairement est de 10 heures par jour, de 7h à 17h.
1.3 Alimentation
Tableau 1. Composition des aliments en %
Composant
Luzerne
Son de blé
Pulpes de betteraves
Tourteau de tournesol
Blé
Tourteau de pépins de raisin
Mélasse
Paille
Graines de soja extrudées
Huile de soja
Sel
Phosphate bicalcique
Carbonate de Ca
L-Lysine
DL-Méthionine
Prémélange oligo / vitamines
Pourcentage (%)
26.4
20.0
16.4
12.0
6.5
5.0
4.9
3.4
2.5
1.0
0.50
0.45
0.19
0.18
0.13
0.50
L’eau est apportée à volonté. Le même aliment est
distribué dans les 2 lots. Il est sans supplémentation.
Les animaux sont rationnés sur les 3 premières
semaines d’engraissement à raison de 82 ; 107 et
129g/j/lapin lors de la première, seconde et troisième
semaine d’engraissement respectivement. L’aliment
est distribué à volonté lors des 2 dernières semaines
d’engraissement.
Tableau 2. Analyse des aliments
Humidité
Protéines
Cellulose
Amidon
Pourcentage (%)
10,4 %
14,3 %
18,8 %
9,6%
1.4 Données enregistrées
Le poids des lapins est enregistré individuellement à
35 jours et de manière collective par cage à 56 et 70
jours d’âge. La mortalité est relevée quotidiennement
avec enregistrement de la cause apparente. Un
contrôle de morbidité est effectué à 56 et 70 jours
d’âge. Le Gain de poids Moyen Quotidien (GMQ) est
calculé pour chaque cage pour les périodes 35-56j ;
56-70j et 35-70j. La consommation est mesurée sur
les mêmes périodes de manière globale par lot et
ramenée en consommation moyenne par animal et par
jour ainsi que l’Indice de Consommation (IC). La
quantité distribuée est identique pour chaque cage lors
de la période rationnée. Un contrôle des refus est
réalisé lors de la période rationnée (35-56j).
1.5 Analyse statistique
L’analyse statistique des résultats de poids vif,
mortalité et morbidité des résultats a été effectuée à
l’aide du logiciel SAS 6.12 via la procédure GLM,
selon un modèle d’analyse de la variance prenant en
compte l’effet de la période de distribution de
l’aliment. Les moyennes ont ensuite été comparées
par un test de Bonferroni. Les taux de mortalité et de
morbidité exprimés en pourcentage ont été comparés
par un test du khi deux.
2. Résultats
2.1. Etat sanitaire et performances zootechniques
Tableau 3. Mortalité, morbidité et index de risque
sanitaire (IRS) en %
Lots
Morbidité
A 56 jours
A 70 jours
Mortalité
A 56 jours
A 70 jours
IRS
A 56 jours
A 70 jours
Jour *
Nuit *
Χ² **
0 (0)
1,71 (2)
0
2,54 (3)
NS
NS
0,83 (1)
2,50 (3)
0
1,67 (2)
NS
NS
0,83 (1)
4,17 (5)
0 (0)
4,17 (5)
NS
NS
*Les chiffres indiqués entre parenthèse indiquent l’effectif
équivalant au %.
**L’effet de la période de distribution est non significatif
(NS) au seuil de P=0.05.
Les mesures de mortalité et de morbidité n’indiquent
aucun effet de la période de distribution de l’aliment
sur l’état sanitaire des lapins (voir tableau 3), sachant
que le nombre de cas est faible.
A 56 jours d’âge, après 3 semaines de rationnement et
alors que les animaux des 2 lots ont consommé la
même quantité d’aliment, les animaux nourris la nuit
pèsent 64g (+3.5%) de plus que ceux nourris le jour
(P<0,05). Cette différence à 56 jours d’âge ne se
traduit pas de manière significative à l’abattage
puisque le poids moyen entre les 2 lots ne diffère que
de 14g (P=0,738). Le poids supérieur à 56 jours des
animaux nourris la nuit traduit un GMQ supérieur de
10.8% dans ce lot par rapport au lot nourri le jour
(P<0,0001). En seconde partie d’engraissement, de 56
à 70 jours d’âge, une différence significative
(P=0,0002) de GMQ est également observée, à
l’avantage, cette fois du lot nourri le jour puisque
celui-ci a une croissance 11.4% supérieure au lot
nourri la nuit.
Concernant la consommation, les animaux étant
rationnés, celle-ci est identique entre les 2 lots de 35 à
56 jours d’âge (107,2g/j/lapin et 107,5g/j/lapin en
moyenne). Aucun refus n’est observé dans les cages
lors de la période de rationnement. Par contre, elle est
de 16g/j/lapin, soit 9,2% supérieure dans le lot Jour
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
lorsque les animaux sont nourris à volonté de 56 à 70
jours d’âge. En première partie d’engraissement,
l’indice de consommation est plus faible (0,3 point en
moins) dans le lot Nuit (P=0,0001). Au passage à
l’aliment à volonté, les indices de consommation sont
équivalents entre les 2 lots. Ces observations se
traduisent de manière globale sur l’engraissement par
un indice de consommation apparemment inférieur
dans le lot nourri de nuit (3,14 au lieu de 3,30).
Tableau 4. Performances zootechniques
Lots
Poids en g
A 35 jours
A 56 jours
A 70 jours
GMQ en g/j
35-56 jours
56-70 jours
35-70 jours
Consommation
en g/j
35-56 jours
56-70 jours
35-70 jours
IC**
35-56 jours
56-70 jours
35-70 jours
Jour
Nuit
ETR*
P
1068
1837
2604
1049
1901
2590
105
100
127
0,561
0,045
0,738
34,9
54,8
42,7
38,7
49,2
42,8
2,8
4,3
2,0
<0,0001
0,0002
0,784
107,2
190,4
140,5
107,5
174,4
134,3
0
-
<0.0001
-
3,09
3,51
3,30
2,79
3,56
3,14
0.23
-
0.0001
-
*ETR : Ecart-Type Résiduel
** IC : Indice de Consommation
3. Discussion
Entre 35 et 56 jours d’âge, alors que l’aliment est
rationné, la distribution nocturne de l’aliment conduit
à un GMQ significativement meilleur de 10,9% pour
une consommation identique. Ainsi, le fait de
favoriser une consommation de nuit induit une
meilleure valorisation de l’aliment en début
d’engraissement. Cette amélioration peut être
expliquée par le fait que ce rythme respecte davantage
le rythme d’alimentation et de caecotrophie naturel du
lapin par rapport au rythme lumineux. Par ailleurs,
avant le sevrage, le lapereau a de l’aliment à
disposition en permanence et consomme plutôt la
nuit. Ainsi, lors du passage en engraissement, du fait
du rationnement, le lapereau a tendance à consommer
l’aliment dès sa distribution. Une distribution
rationnée de nuit permet donc de conserver le rythme
déjà suivi par le lapereau avant sevrage. Lors du
passage à l’aliment à volonté deux semaines avant
l’abattage, le bénéfice de la distribution nocturne de
l’aliment sur l’indice de consommation n’est plus
observé. En effet, les lapins nourris de nuit qui ont eu
un GMQ de 10,8% supérieur sur la période
précédente consomment alors spontanément 8,4%
d’aliment en moins. Ceci se traduit de manière
logique sur le GMQ et l’indice de consommation est
alors équivalent, que l’aliment soit distribué de jour
ou de nuit. Ainsi, les animaux nourris de jour ont une
croissance compensatrice plus importante que les
animaux nourris de nuit en fin d’engraissement,
période pendant laquelle l’IC est dégradé. Ainsi, la
distribution nocturne de l’aliment a pour effet
d’améliorer l’IC lorsque l’aliment est rationné mais
n’a plus d’effet lorsque celui-ci est distribué à
volonté. Il serait intéressant de savoir si les animaux
qui se voient imposer un rythme d’alimentation en
début d’engraissement alors qu’ils sont rationnés
conservent ce rythme lorsqu’ils passent en
alimentation à volonté.
Les résultats observés sur les deux périodes
permettent de mettre en évidence un intérêt
significatif de la distribution nocturne de l’aliment sur
la globalité de l’engraissement. En effet, pour une
consommation globale de 4,4% inférieure dans le lot
Nuit (-6,2g/j/lapin en moyenne), le GMQ est
identique à celui observé dans le lot Jour (42,7 contre
42,8g/j). L’amélioration de l’IC est ainsi de 0,15
point, soit 4,8%. Le bénéfice d’une alimentation de
nuit ne se justifie qu’en contexte rationné puisqu’en
situation à volonté l’animal choisit son heure de
consommation. Toutefois en situation de très forte
chaleur, un libre accès à l’aliment à volonté toute la
journée est à recommander par rapport à un accès à
volonté de nuit (20h-8h) ou de jour (8h-20h)
(Rashwan et al., 1996).
Conclusion
La distribution d’un aliment rationné de nuit plutôt
que de jour conduit à l’amélioration de l’indice de
consommation lors des 3 premières semaines
d’engraissement. Ce bénéfice se traduit sur la
globalité de l’engraissement dont la fin est menée en
alimentation à volonté L’observation des lapins en fin
d’engraissement lors du passage à l’alimentation à
volonté permettrait de savoir si le rythme imposé aux
animaux pendant les 3 semaines après sevrage est
maintenu. Par ailleurs, il serait intéressant de répéter
un tel essai en alimentation rationnée du début à la fin
de l’engraissement pour étudier l’intérêt d’une
alimentation nocturne dans un tel contexte. Une
mesure de la consommation ad libitum par cage de 56
à 70 jours permettrait de mesurer le bénéfice de
l’aliment nocturne en fin d’engraissement.
Remerciements
Merci aux Ets Chabeauti et au personnel du CRZA
pour la mise au point du matériel de distribution.
Références
GIDENNE T., LEBAS F., 2005 (29-30 novembre), Le
comportement naturel du lapin, 11èmes Journées de la
Recherche Cunicole (Paris), 183-196.
PRUD’HON M., CHERUBIN M., GOUSSOPOULOS J., CARLES Y.,
1975, Evolution au cours de la croissance des
caractéristiques de la consommation d’aliments solide et
liquide du lapin domestique nourri ad libitum, Ann.
Zootech., 24, 289-298.
RASHWAN A.A, NASR A.S., ABDINE A.M., ATTIA A.I., IBRAHIM H.,
1996, Effects of nocturnal and diurnal feeding on growth
performances of New Zealand White weanling rabbits in
hot summer climate of Egypt, Egyptian Journal of Rabbit
Science, vol 6, n° 2, p. 121-128
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Impact d’une restriction alimentaire sur quelques paramètres
zootechniques et biologiques chez la lapine.
N.MULLER1, B.SILIART1, J.HURTAUD2, B.DILE 3.
1
1
Ecole nationale vétérinaire de Nantes, route de Gachet 44000 Nantes, France
Ecole Nationale vétérinaire de Nantes service de Biochimie route de Gachet 44000 Nantes, France
2
Grimaud frères 49450 Roussay, France
3
Labovet conseil Réseau cristal 49600 Beaupreau, France
Résumé - Un lot de 10 lapines a subi une restriction alimentaire de 50 % sur 96 h de l’ingéré volontaire pour
évaluer les impacts zootechniques et biochimiques sur des indicateurs sanguins en comparaison d’un lot de 20
témoins alimentés à volonté. Une baisse de 43 % de la production laitière, de 64g sur le poids moyen des
lapereaux au nid sont constatés. Des paramètres biochimiques sanguins ont été analysés pour comparer les deux
lots .
Abstract – Effect of a food restriction on some production and biological parameters in the rabbit does. A
batch of 10 female rabbits, compared with 20 control does, got a 50 p.cent dietary restriction during 96 hours, for
testing biochemical and zootechnical impacts on some blood indicators. We observed à 43 p.cent milk
production reduction and the weight of young rabbit was 64g lower. Some biochemical blood parameters were
analyzed to compare the two batches .
Introduction
L’objectif de l’atelier maternité est de produire un
grand nombre de lapereaux par cage mère qui
s’adaptent aux conditions d’engraissement. Il faut
maîtriser les performances et la longévité des
femelles. A l’image d’autres productions animales
(vaches laitières), il est important de prendre en
compte certains aspects métaboliques en maternité.
Les constats faits en élevage montrent un impact fort
de la bonne préparation du lapereau pour la phase
engraissement, celui-ci ayant une longue dépendance
lactée à sa mère. Cet essai étudie les répercussions
d’une restriction alimentaire, mimant un stress
métabolique ou sanitaire, sur des critères de
production ainsi que sur des paramètres
zootechniques et sanguins des lapines. Il contribue
également à établir des valeurs de référence pour
quelques paramètres sanguins de la lapine en
production.
1. Objectifs
L'objectif est de déterminer les variations et des
valeurs de référence des concentrations sanguines liès
au métabolisme énergétique : triglycérides, acides
gras libres, β-hydroxybutyrate et cholestérol, au cours
du cycle de production de la lapine Nous avons
utilisé un groupe de lapines soumises à un rythme de
production comparable à celui qui est pratiqué en
élevage intensif et une partie du lot a subi une
restriction alimentaire de 96 heures L’impact de la
restriction alimentaire a été évalué sur quelques
paramètres métaboliques sanguins et sur les
performances des femelles et des lapereaux en
engraissement.
2. Matériel et méthodes
2.1. Les animaux
40 lapines reproductrices de souche PS19 HYPLUS
(GRIMAUD Frères Sélection), en 5ème IA, ont été
utilisées. Le jour de la mise bas, 30 lapines ont été
retenues au hasard pour former les lots Témoin (20
individus) et Essai (10 individus). Les portées sont
égalisées à 10 lapereaux, remplacés avant la
restriction alimentaire en cas de mortalité.
2.2. Protocole
Le tableau 1 récapitule l’ensemble des opérations
réalisées sur les animaux de l’essai.
Tableau 1. Planning des interventions
J
J-3
J0
J7
J 11
J 14
J 16
J18
J 21
J 23
J 30
J 35
J 37
Cycle
Interventions
Nb de PS
PS et pesée des mères
MB-3
40
N°1
MB
Mise bas
PS et pesée des mères
IA-4
30
N°2
IA
IA pesée des mères
IA + 3 Pesée des lapereaux
PS et pesée des mères et
IA + 5
30
lapereaux N°3
IA + 7 Pesée des lapereaux
IA + 10 Pesée des lapereaux
PS et pesée des mères N°
IA + 12
30
4
PS et pesée des mères N°
IA + 19
30
5
IA + 24 Sevrage
PS et pesée des mères N°
30
IA + 26
6
PS=Prise de sang
2.3. Logement des animaux
Les animaux sont en cage de type flat deck ( 62x45
cm) au sein des installations de GRIMAUD FRERES
SELECTION pendant toute la durée de l’essai.
2.4. Alimentation
Les lapines sont nourries avec un aliment de type
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
commercial dont les valeurs nutritives théoriques sont
les suivantes :
ED : 2575kcal/kg..Protéines :17,8.%. MG : 2,9%.
Amidon : 13,7% ; Lignine : 4,8%
Les femelles du lot témoin sont nourries
manuellement à volonté pendant toute la durée de
l’expérimentation, les femelles du lot essai subissent
une restriction alimentaire de 50% de leur ingéré
volontaire de J14 à J 18 par pesée .
2.5. Prises de sang
Les prises de sang (PS) sont toujours réalisées en
début d’après-midi. Le sang est prélevé sur tube sec à
l’artère centrale de l’oreille. Les tubes sont ensuite
centrifugés décantés et les sérums congelés.
L’ensemble des tubes est acheminé sous couvert du
froid, au laboratoire d’analyses du Centre Hospitalier
Universitaire Vétérinaire (CHUV) de l’Ecole
Nationale Vétérinaire de Nantes (ENVN).
2.6. Inséminations
Les lapines sont inséminées avec 0,5 ml d’un
mélange polyspermique. L’insémination est suivie
d’une injection intramusculaire de 0,2 ml de
Réceptal® (acétate de buséréline).
2.7..Variables mesurées
Les consommations d’aliment sont mesurées par
pesée avant et après remplissage. Les femelles sont
pesées à chaque prise de sang, les lapereaux le sont
avant et après allaitement contrôlé par fermeture des
boites à nids jusqu’à 21 j. Le poids retenu est la
moyenne des deux valeurs. La production laitière est
mesurée le jour de l’IA par pesée des lapines avant et
après tétée, puis par la différence de poids des
lapereaux avant et après tétée. Les mesures de
performances des femelles en 6° mise bas ont été
enregistrées ainsi que les performances de croissance
des lapereaux sevrés en engraissement.
2.8. Les analyses sanguines
Les analyses sont réalisées au laboratoire d’analyses
du CHUV de l’ENVN, sur un automate de
spectrophotométrie commercialisé par Tokyo Boeki®
de type Prestige 24i. avec :
- pour les triglycérides, le test « Triglycérides Mono
SL New » commercialisé par ELITECH®.
- pour les acides gras libres (AGL), le test « NEFA C
» commercialisé par WAKO®.
- pour le cholestérol, le test « Cholestérol SL »
commercialisé par ELITECH®.
- pour le β-hydroxy-butyrate, le test « RANBUT »
commercialisé par RANDOX®.
2.9. Les analyses statistiques
Les comparaisons des moyennes des deux lots ont été
réalisées à l’aide du logiciel Excel édité par
Microsoft® en réalisant un test-t de Student, nous
avons conclu à une différence significative lorsque le
risque d’erreur statistique était inférieur à 5% . Les
taux de mortalités ont été étudiés grâce aux courbes
de survies et comparés avec le test Log Rank.
3. Résultats
3.1 Consommation alimentaire
La réduction de consommation est effective à 42 %
sur le lot essai. Les lapines du lot Essai ont une
consommation significativement supérieure (560 vs.
525 g/j et p = 0,02) à celles du lot Témoin pendant
les 4 j suivants la période de restriction. La moyenne
des consommations du lot Essai est significativement
inférieure à la moyenne du lot témoin sur les périodes
précédentes (J10-J11 et J12-14 : respectivement 445
vs. 478 g/j et p = 0,03 ; 458 vs. 500 g/j et p = 0,04)
(figure 1).
Figure1. Evolution de la consommation journalière.
3.2 Poids des lapines
Il n’y a pas de différence significative de poids entre
les lots ( figure 2).
Figure 2. Evolution du poids des lapines
3.3 Production laitière
La moyenne des mesures de la production laitière du
lot Essai est significativement inférieure à la valeur du
lot Témoin dès J16 (217 vs. 329 g/j et p < 0,01) ; la
restriction alimentaire ayant été mise en place dès J14.
Cette différence reste significative au moins pendant 5
jours (à J18 et à J21 : respectivement 191 vs 349 g/j et
p < 0,01 ; 209 vs. 324 g/j et p = 0,02) (figure 3).
Figure 3. Evolution de la production laitière
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
3.4 Croissance des lapereaux
Le poids vif des lapereaux du lot essai à J16 est
inférieur de 23 g (272 vs. 295 g et p = 0,01) à la
moyenne du lot Témoin, l’écart est de 47 g à J18 et
69 g à J21 ( 284 vs. 331 g et p < 0,01 ; 309 vs. 378 g
et p <0,01). (Figure 4).Cette différence est de 64 g à
J35 (816g vs 880g).
Figure 4. Evolution du poids moyen des lapereaux
3.5 Paramètres sanguins
La concentrations en cholestérol des lapines du lot
Essai, inférieure (0,30 vs. 0,39 g/l et p = 0,003) au lot
Essai pendant la période de restriction(Figure 5)
Figure 5. Evolution de la concentration sérique en
cholestérol
Figure 6. Evolution de la concentration sérique en
triglycérides.
Figure 7. Evolution des concentrations sériques en
acides gras libres.
La concentration en triglycérides des lapines du lot
Essai, est inférieure (0,27 vs. 0,43 g/l et p = 0,0002)
pendant la restriction . (Figure 6)
La concentration en AGL des lapines du lot Essai est
inférieure (0,13 vs. 0,27 mmol/l et p = 0,01) à la
moyenne du lot Témoin lors dès la deuxième prise de
sang alors que les deux lots sont encore soumis aux
mêmes conditions. (Figure 7)
Figure 8. Evolution des concentrations sériques en
béta-hydroxybutyrate.
La moyenne des concentrations en β-hydroxybutyrate des lapines du lot Essai est supérieure (0,06
vs. 0,08 mmol/l et p = 0,03) à la moyenne du lot
Témoin lors de la quatrième prise de sang. il n’y a pas
de différence ensuite. Le coefficient de variation
atteint des valeurs importantes lors de l’essai (0,84 à
J30 dans le lot Témoin, 0,79 à J37 dans le lot
Essai).(figure 8)
3.6 Suivi des animaux
La mortalité des lapereaux du lot Essai est supérieure
à celle du lot Témoin(Tx de survie de 0,79 vs 0,90 et
p < 0,001) . Cette différence plus marquée en période
d’engraissement (de J35 à J70) : taux de survie de
0,85 vs 0,93 et p <0,001). (Figure 9)
Figure 9. Mortalité des lapereaux en engraissement
4 Discussion
4.1 Corps cétoniques
Les concentrations en corps cétoniques du lot Essai ne
sont pas différentes de celles du lot témoin à J16. Ces
résultats sont en contradiction avec les résultats de
Jean-Blain et Durix (1985b) : augmentation de 6 à 10
fois de la valeur basale précedent le jeùne , dès le
premier jour du jeûne. Dans leur étude les lapines
étaient non gestantes et subissent un jeùne complet.
4.2 Cholestérol
Les variations des valeurs de la cholestérolémie sont
comparables à celles observées par Viard-Drouet et
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
al. (1984). On observe une lente et progressive baisse
des valeurs au cours de la gestation. Les valeurs du lot
Essai lors du rationnement sont inférieures à celles du
lot Témoin, en revanche ces valeurs sont comparables
dès le retour à une alimentation ad libitum. La
cholestérolémie semble être le reflet du niveau
d’ingéré, les baisses observées correspondent au
rationnement puis à la baisse de l’ingestion des
femelles classiquement observée en fin de gestation.
Les valeurs du coefficient de variation des
cholestérolémies sont relativement faibles (moyenne
de 0,35 sur les 6 PS du lot Témoin). Les variations
des concentrations sériques en cholestérol semblent
refléter fidèlement le niveau d’apport énergétique.
4.3 Triglycérides
Nous observons la baisse des concentrations sériques
en triglycérides au cours de la lactation décrite par
Viard-Drouet et al. (1984). Ils décrivent également
une augmentation progressive des valeurs au cours de
la gestation, avec une forte baisse en toute fin, mais
les lapines ne sont pas simultanément allaitantes. La
valeur du coefficient de variation de ce paramètre
(moyenne de 0,53 sur les 6 PS du lot Témoin),
indique que ce paramètre est moins intéressant que le
cholestérol en raison des fortes variations
individuelles.
4.4 Acides gras libres
Il existe de nombreuses contradictions dans la
littérature concernant l’évolution des concentrations
sériques en acides gras libres. Gilbert et al. (1984)
décrivent une légère augmentation des valeurs au
cours du dernier quart de la gestation, avec des
valeurs maximales équivallentes à celles du début de
gestation. Jean- Blain et Durix (1985 a) ont observé
des valeurs entre les 15ème et 21ème jours de
gestation, 4 fois supérieures à celles de femelles non
gestantes. Ces valeurs atteignent un pic en fin de
gestation. Dans une autre étude Jean-Blain et Durix
(1985b) ont observé une forte augmentation (de 0,07
à 0,31mmol/L) des concentrations chez de jeunes
lapins soumis à un jeune. Fortun-Lamothe (2005)
observe que les lapines gestantes ou allaitantes ont
des taux d’AGL libres circulants supérieurs à ceux de
lapines non gestantes, la baisse des valeurs de
femelles gestantes et allaitantes lors du dernier tiers
de la gestation est dû à l’épuisement des réserves
lipidiques. Cette évolution correspond à celle
observée dans notre étude.
4.5 Suivi des animaux
L’écart significatif du taux de survie des animaux en
engraissement montre l’importance de la qualité de
l’alimentation lactée sur les performances et la
viabilité des animaux en engraissement.
Conclusion
Les troubles métaboliques peuvent avoir un impact
économique et zootechnique important en élevage
cunicole. Les variations de la concentration sanguine
en cholestérol décrivent relativement bien les
variations du niveau d’ingéré. La concentration en
acides gras libres semble être le reflet du niveau de
lipomobilisation. Les variations des concentrations en
triglycérides et en β-hydroxy-butyrate sont plus
difficiles à interpréter, notamment à cause de fortes
variations individuelles.
Références
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of the nutritional deficit of foetal survival and growth and
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la lapine d’élevage. Thèse de doctorat vétérinaire ENVN
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VIARD-DROUET F, PROVOT F ; COUDERT P . 1984. Evolution de
paramètres plasmatiques chez les lapines reproductrices
en fonction de l’état physiologique et du rationnement
alimentaire. Ann Rech Vet, 15, 417-424.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Effets d’un apport de paille en complément d’un aliment granulé pauvre en
fibres sur la digestion, la croissance et le rendement à l’abattage de lapins
de population locale algérienne
G. LOUNAOUCI –OUYED1, D. LAKABI1, M. BERCHICHE1, F. LEBAS2
1 Unité de Recherches, Faculté des Sciences Biologiques et Agronomiques, Université M. Mammeri,
Tizi-Ouzou, Algérie.
2 Cuniculture, 87A chemin de Lasserre, 31450 Corronsac, France
Résumé- Deux lots de 40 lapins de population locale algérienne, sevrés à 35 jours, d’un poids moyen de 454 g,
ont servi à étudier les effets d’un apport à volonté de paille de blé entière, en complément d’un aliment granulé
complet, mais pauvre en fibres (4% CB), pendant la croissance (35 à 84 jours d’âge), sur la digestibilité, les
performances zootechniques et la qualité des carcasses de lapins de population locale algérienne. Le lot V, nourri
avec du granulé ad libitum, sert de témoin et le lot G+P (granulé + paille) a reçu chaque jour de la paille de blé à
volonté en complément du granulé. La distribution de paille à volonté, en complément de l’aliment granulé, a
significativement déprimé la digestibilité (-5,2 point) de la MS et de l’énergie, réduit la vitesse de croissance (1,8 g/j), le poids vif moyen d’abattage (-118 g soit un déficit pondéral de 7%) ainsi que le rendement en carcasse
froide (-1,8 point). Cette pratique alimentaire a amélioré la viabilité des lapereaux (mortalité 35-84j = 10 vs 20
%), et l’efficacité de transformation alimentaire (2,86 vs 3,12) si l’on considère la seule consommation du
granulé (similaire 3,12 en moyenne) si on inclus la consommation de paille). Elle a diminué l’adiposité des
carcasses (Gras périrénal/Carcasse Froide = 1,49 vs 1,80%, P<0,05).
Abstract. Effect of a distribution of straw in complement of pelleted diet lower on fibres on digestibility,
growth and slaughter performances of rabbits from a local Algerian population. Two groups of 40 rabbits
weaned at 35 days of age, with an average weight of 454g, were used to measure the effects of an ad libitum
distribution of whole wheat straw in complement toa pelleted complete feed with a low fibre level (4.7% of
crude fibre), during the growing period (35 to 84 days of age), on digestibility, growth and slaughter
performances of rabbits from local Algerian population. Control group (V) is fed pelleted diet ad libitum and
group G+P receive every day wheat straw ad libitum in complement of pelleted diet. The distribution of straw
induced a significant reduction of dry matter and energy digestibility (-5.2 point on average), of the average daily
gain (-1.8 g/d) and of the slaughter yield of cold carcass (-1.8 point). However, this feed strategy improvethe
viability of rabbits (mortality rate 35-84d=10 vs 20%), and the feed efficiency (2.86 vs 3.,12) if we consider
only the consumption of pelleted diet (similar if we include the straw consumption: 3.12). It significantly
decreased the carcass adiposity (perirenal fat/ cold carcass = 1.49 vs 1.80%).
Introduction
La cuniculture suscite un vif intérêt en Algérie,
toutefois les éleveurs rencontrent des difficultés qui
freinent le développement de cet élevage, notamment
à cause de l’indisponibilité d’aliment granulé
respectant les besoins nutritionnels du lapin en
engraissement, surtout du point de vue de l’apport en
fibres (Berchiche et Lebas, 1990, Berchiche et al.,
1996). L’aliment granulé commercial disponible est
souvent caractérisé par sa faible teneur en fibres (4%
de cellulose brute en moyenne) et son utilisation
entraîne des pertes importante d’animaux par diarrhée
(jusqu’à 50 %). Face à ces problèmes, les éleveurs ont
recours à des pratiques alimentaires spécifiques, telles
que compléter l’aliment granulé par une distribution
de paille. Le recours à la distribution de paille est
utilisé comme traitement préventif des diarrhées ,
constatées lors de la distribution d’un aliment granulé
déficient en fibres (Gidenne et al., 1998., Gidenne,
2003). Notre étude a donc pour objectif d’étudier les
effets d’un apport de paille à volonté, en complément
d’un granulé pauvre en fibres (4% de cellulose brute),
et appliqué tout le long de la période d’engraissement
(35 à 84 jours d’âge), sur la viabilité, la digestibilité,
et les performances de croissance et d’abattage de
lapins de population locale algérienne.
1. Matériels et méthodes
1.1. Animaux et mise en lot
L’essai d’engraissement, qui s’est déroulé entre les
mois de juillet et septembre, est réalisé dans
l’animalerie de l’université de Tizi-ouzou, qui dispose
d’un local d’engraissement non climatisé (la
température a varié entre 26 et 32°C), dont l’aération
se fait à l’aide de 2 ventilateurs et l’éclairage est
naturel et est assuré par 2 fenêtres.
Les animaux sont des lapins de population locale
algérienne (Lakabi et al., 2004; Zerrouli et al., 2004),
provenant d’un élevage cunicole fermier qui n’a
jamais compté de reproducteurs améliorés et les
lapins n’ont fait l’objet d’aucune sélection. La
répartition des lapereaux par lot expérimental (40 par
régime) est basée sur leur poids au sevrage et leur
appartenance à une même portée.. Les animaux sont
logés individuellement, dans des cages grillagées
disposées en flat-deck. Les cages (50cm de longueur,
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
40cm de largeur, et 25 cm de hauteur) sont munies
d’une trémie pour le granulé et d’une mangeoire pour
la paille. L’abreuvement est assuré en permanence.
Les lapins sont sevrés à 35 jours d’âge, à un poids
moyen de 454 g et sont abattus 7 semaines après, soit
à 84 jours d’âge.
1.2.. Aliment et dispositif expérimental
L’aliment granulé utilisé, le même pour les 2 lots, est
d’origine
commerciale
et
se
caractérise
principalement par un taux d’incorporation élevé de
gros son et par l’absence de luzerne (Tableau 1). La
paille utilisé en complément de l’aliment est de la
paille de blé entière (non hachée).
Tableau 1 : Composition centésimale et chimique de
l’aliment granulé et de la paille
Ingrédients (%)
Tourteau de soja 44
Mais
Gros son
Remoulage
Calcaire
CMV
Composition chimique (% du brut)
Granulé
M.S. (%)
89,0
M.A.T (%)
18,2
C.B. (%)
4,7
M. M. (%)
7,5
E. B. (Kcal / Kg)
4151
10,0
31,0
51,5
5,0
1,5
1,0
Paille
89,6
1,1
39,4
7,2
L’expérimentation a été conduite sur deux lots de
lapins comme suit : un lot témoin " V" nourri à
volonté avec l’aliment granulé ; et un lot "P+G"
nourri chaque jour, à heure fixe (10h ) et en même
temps, avec de la paille de blé entière à volonté, et
une quantité de granulé estimée à 80% d’une
consommation à volonté de lapins de population
locale d’un essai précédant (non publié), où le même
aliment granulé avait été utilisé (Tableau 2). Cette
restriction de la quantité de granulé est faite dans le
but de prévenir les troubles digestifs, engendrés par la
consommation fluctuante du lapin qui suit
habituellement le sevrage (Gidenne et al., 2003)
Tableau 2 : Consommation théorique ad libitum et
quantité de granulé distribuée par jour pour les lapins
du lot P+G (g/j)
Age (jours)
35 42 49 56 63 70 77 84
Consommation
50 60 87 87 94 94 94 94
théorique (g/j)
Quantité
40 50 70 70 75 75 75 75
distribuée
En parallèle à l’essai d’engraissement, un test de
mesure de la digestibilité a été mené, selon la
procédure européenne standardisée par le groupe
EGRAN, sur 10 lapins par lot (Perez et al., 1995).
1.3. Contrôle des performances et qualités bouchères
Le contrôle de la mortalité et la distribution du
granulé et de la paille pour le lot (P+G) sont faits
chaque jour. La croissance de l’ensemble des lapins et
la consommation du granulé du lot à volonté (Lot V)
ont fait l’objet d’un contrôle hebdomadaire. A la fin
de l’engraissement, un échantillon représentatif de 16
lapins / lot a été sacrifié sur la base du poids vif
moyen, et les données d’abattage et de composition
corporelle
ont
été
mesurées
selon
les
recommandations de Blasco et al. (1993).
1.4. Analyses physico-chimiques.
Les analyses chimiques de l’aliment et des fèces ont
été réalisées par l'UMR Tandem (INRA Toulouse),
selon les procédures européennes harmonisées
(EGRAN, 2001), pour l’humidité, les cendres, les
matières azotées totales (N x 6,25, méthode Dumas,
Leco), l’énergie et la cellulose brute de Weende.
1.5. Analyses statistiques
L’ensemble des résultats obtenus a été soumis à une
analyse de variance, à l’aide de la procédure GLM
(SAS, 1987), avec comme effet fixe le facteur
aliment.
2. Résultats et discussion
2.1. Mortalité en engraissement
La distribution de paille à volonté, en complément de
l’aliment granulé pauvre en fibres s’est traduit par une
amélioration de la viabilité des lapereaux du lot P+G
(mortalité globale = 10 vs 20 %; P=0,058), ce qui
confirme les observations de Gidenne (2003) sur
l’intérêt des fibres alimentaires pour prévenir les
troubles digestifs chez le lapin en croissance.
2.2. Composition chimique de l’aliment et digestibilité
des nutriments
L’analyse chimique de l’aliment granulé (Tableau 1)
fait ressortir, comme cela était attendu, un important
déficit (-63%) en cellulose brute par rapport aux.
recommandations de Lebas (2004) pour la période
péri-sevrage, et de –57% par rapport aux besoins en
CB en période de finition.
La distribution de paille a eu un effet dépressif
significatif sur la digestibilité de la matière sèche et de
l’énergie (-5,2 points en moyenne) comparativement à
celle du lot témoin (Tableau 3).
Tableau 3: Coefficient d'utilisation digestive (CUD)
moyens des nutriments
CUD
(%)
MS
MAT
CB
EB
ED (Kcal/Kg)
PD (g/100g)
Rapport PD/ED
Lot
V
64,4a
70,1
14,7
63,9a
2674
12,7
47,5
Lot
G+P
59,2b
73,8
15,5
58,6b
2460
13,4
54,4
CVr
(%)
5,8
3,8
34,9
6,1
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Pr>F
0,01
0,07
NS
0,01
La digestibilité des matières azotées totales tendrait
(P=0,07) a être supérieure dans le lot G+P. Une
digestibilité relativement faible de la fraction
énergétique, associée à une bonne utilisation digestive
des protéines, se sont traduites par des rapports
PD/ED
élevés,
surtout
pour
le
lot
G+P, comparativement aux recommandations de
Lebas(2004) : 47,5 et 54,5 vs 45 à 48 g de PD / 1000
Kcal d’ED.
2.3. Consommation, croissance et efficacité
alimentaire
Sur l’ensemble de la période d’engraissement,
l’ingestion de paille a significativement pénalisé les
performances de consommation et de croissance des
lapins du lot G+P, mais n’a par contre pas affecté les
indices de consommation (Tableau 4).
Tableau 4. Poids vif et performances moyennes de
consommation et de croissance pour la période 5–12
semaines en fonction du lot.
Lot
V
Lot
G+P
CV
(%)
Pr>F
PV
35 jours
PV
84 jours
CMQ
(g/j)
GMQ
(g/j)
IC
461
1734
70,7
22,7
3,12
446
1616
64,9
20,9
3,12
24,8
8,8
11,3
11,5
13,3
NS
0,002
0,003
0,02
NS
PV : Poids vif CMQ : Consommation moyenne quotidienne
de granulé seul (lot V) ou de granulé et de paille (lot G+P)
GMQ : Gain moyen quotidien IC : Indice de consommation
CVr : Coefficient de variation résiduel
Pr>F : Signification de l'effet lot (ns : non significatif)
La consommation globale (granulé + paille) des lapins
du lot G+P est significativement pénalisée par la
distribution de deux aliments (granulé et paille). Le
lapin ayant des préférences alimentaires, son choix va
souvent vers l’aliment le plus appétant (fourrages) qui
n’est pas nécessairement le plus performant (Reyne et
Salcedo-Miliani (1981).
Dans ce sens, il s’est avéré que les lapins du lot G+P
ont ajusté leur consommation de granulé par rapport à
la paille distribué à volonté, puisqu’ils n’ont pas
consommé la totalité de l’aliment granulé : sur les 66g
de granulé distribué/jour (80% d’une consommation
théorique à volonté) , seuls 60 g ont été consommé
par jour en moyenne, De plus, il est intéressant de
souligner que les lapins du lot G+P consomment leur
granulé dès sa distribution ce qui a permis de limiter
les pertes d’aliment par gaspillage, ce qui n’est pas le
cas des lapins du lot V (près de 15% du granulé se
retrouve hors des trémies). La quantité de paille
ingérée par le lot G+P est en moyenne de 5,1g/j, ce
qui représente prés de 8% de l’ingéré total et un
apport supplémentaire moyen de 2% de CB, par
rapport à celui fourni par l'aliment granulé seul. Cette
valeur est proche de celles enregistrées dans les études
antérieures de Berchiche (1990) et Berchiche et al.
(1996), avec respectivement un apport total de CB de
7 vs 7,9 et 8,5%, bien que la quantité de paille
consommée par le lot G+P de cet essai est de 50%
inférieure (resp. : 5,1 vs 10 et 11,4 g de paille /jour).
Du fait d’une vitesse de croissance plus lente (- 1,8
g/j ; P =0,02), les lapins du lot G+P accusent à 84
jours d’âge un déficit pondéral de 118g (-7%).
L’indice de consommation global est similaire pour
les 2 lots (3,12 en moyenne). Mais, si l’on considère
uniquement la consommation de granulé, il est
meilleur pour le lot G+P (2,86 vs 3,12). Ainsi, la
complémentation du granulé par de la paille, a réduit
l'ingéré d'énergie digestible (tableau 5) et aussi
l'efficacité énergétique. Il en de même pour la fraction
protéique de la ration.
Tableau 5. Ingestion de nutriments et efficacité
alimentaire
Ingestion énergétique
Kcal d’ED/j
Efficacité énergétique
Kcal ED /g de GMQ
Ingestion protéique
g de PD/j
Efficacité protéique
g de PD/g de GMQ
Lot V
189
Lot G+P
147
8,31
7,03
8,98
8,01
0,39
0,38
2.4. Rendement à l’abattage et caractéristiques des
carcasses
La distribution de paille à volonté, en complément du
granulé, a pénalisé les poids vifs à l’abattage des
lapins du lot G+P et par conséquent a réduit leur
degré de maturité (Tableau 6). Ce dernier (59,8%) est
cependant supérieur au taux optimum de 55% du
poids vif adulte (lequel est de 2,8 Kg pour cette
population locale de lapins selon Zerrouki et al.,
2004), recommandé par Ouhayoun (1989) pour
déterminer le poids optimal d’abattage. Le poids du
tube digestif plein des lapins du lot G+P est
significativement plus élevé que celui des lapins
nourris à volonté (TD /PV = 19,5 vs 17,9 %) et
pourrait être le résultat des effets conjugués du faible
niveau de consommation (Ledin,1984., Gidenne et
Feugier, 2009), mais ausside l’ingestion de paille qui
stimulerait selon Gidenne et al. (1998) le
développement du tractus digestif des lapins en
croissance. On peut noter que l’adiposité de la
carcasse des lapins du lot G+P est moins importante
(p=0,01) comparativement à celle des lapins nourris
ad libitum (Gras périrénal/carcasse froide = 1,49 vs
1,80%). Le
déficit
pondéral,
associé
au
développement plus important du tube digestif, ont
significativement réduit le rendement en carcasse
froide des lapins du lot G+P de prés de 2 points
(carcasse froide/poids vif = 64,8 vs 66,6 ., p=0,02).
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau 6 : Rendement à l’abattage et caractéristiques de la carcasse en fonction du lot.
Nombre de lapins abattus
Degré de maturité (%)
Poids vif à l’abattage (PVa) (g)
Poids de la peau (g)
Poids du tube digestif plein (g)
Poids de la carcasse chaude (CC) (g)
Poids de la carcasse froide (CF) (g)
Poids du gras péri-rénal (GPR) (g)
Proportion de la peau / PVa (%)
Proportion du tube digestif / PVa (%)
Proportion du GPR / CF (%)
Rendement CC / PVa (%)
Rendement CF / PVa (%)
Lot V
16
61,9
1740
166,9
312,9
1204
1159
21,25
9,6
17,9
1,80
69,2
66,6
Lot G+P
16
59,8
1680
158,5
327,6
1134
1091
16,31
9,4
19,5
1,49
67,4
64,8
CVr (%)
Pr>F
6,8
13,2
12,5
8,2
8,3
22,3
10,2
12,8
19,2
3,4
3,2
0,04
NS
NS
0,01
0,01
0,01
NS
0,05
0,01
0,05
0,02
CVr : Coefficient de variation résiduel;
Conclusion
La distribution de paille à volonté, en complément
d’un granulé pauvre en fibres, a ralentit la croissance
et réduit de prés de 2 points le rendement à l’abattage
des lapins. Toutefois, cette pratique alimentaire
palliative à l’absence d’un aliment respectant les
besoins en fibres du lapin a amélioré la viabilité des
lapereaux. Elle a ainsi permis une économie d’aliment
(86 vs 94 dinars algériens pour produire1 Kg de poids
vif) et a réduit l’adiposité de la carcasse. Une étude
technico-économique plus large permettrait de
préciser nos premiers résultats, tant sur la santé du
lapin, que du point de vue économique, en particulier
pour compenser le déficit pondéral et la baisse du
rendement en carcasse des lapins ainsi alimentés.
Références
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13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Ingestion restreinte et mode de distribution de la ration. Conséquences sur
le comportement alimentaire, la digestion et la qualité de la carcasse
T. GIDENNE1,2, A. TRAVEL3, S. MURR1,2, H. OLIVEIRA1,2, E CORRENT4, C. FOUBERT5,
K. BEBIN6, L. MEVEL7, G. REBOURS8, B. RENOUF9, V. GIGAUD3
1
INRA Centre de recherche de Toulouse; UMR 1289 Tandem F-31326 Castanet-Tolosan, France.
2
Université de Toulouse ; INPT ENSAT, F-31326 Castanet-Tolosan, France.
3
ITAVI, UMT BIRD ITAVI-INRA , Unité de recherches Avicoles, 37380 Nouzilly, France
4
INZO, Chierry, BP 19, 02402 Château-Thierry; France
5
Evialis, BP 235, 56006 Vannes, France
6
CCPA, CCPA - ZA du Bois de Teillay, 35150 Janzé, France
7
PRIMEX, Gare de Baud, BP 21, 56440 Languidic, France
8
TECHNA, BP 10, 44220 Couëron, France
9
SANDERS, ZAC Cicé Blossac CS 17228, 35172 Bruz Cedex, France
Résumé. L'effet de deux stratégies de restriction de l'ingestion (-25% de 35 à 63j d'âge), avec distribution unique
ou fractionnée en 2 (1D vs 2D), a été analysé sur le comportement alimentaire du lapin, sa digestion et sa qualité
de carcasse. L’étude a été réalisée dans un réseau de 5 stations d’expérimentation cunicole (groupe GEC) et sur
un total de 2444 animaux élevés en cages collectives. Le fractionnement de la distribution ne modifie pas la
quantité d'aliment ingérée (121g/j en moy., 35-63j.). Sept jours après l'application du rationnement (42j.), le
profil quotidien d'ingestion est profondément modifié, avec une consommation du tiers de la ration quotidienne
de 8h30 à 10h30, contrairement aux témoins qui en ingère moins de 10%. La distribution fractionnée accroit
l'ingestion du matin chez les lapins restreints (>40%), en revanche cela accroît l'ingestion "nocturne" chez les
animaux nourris à volonté (85-90%). Les animaux restreints du groupe "1D" ont en moyenne consommé 90% de
la ration avant 16H30. La distribution fractionnée n'interagit pas avec le niveau alimentaire sur l'efficacité
digestive, cette dernière étant améliorée avec une ingestion réduite de 25% (+3 unités pour l'énergie, +6 pour les
protéines, et +4 pour le NDF, P<0,01). Le poids final (73j) est réduit de 7% chez l'animal restreint, tandis que le
mode de distribution n'a pas d'effet. La restriction a réduit le rendement de la carcasse (-1,92%, P<0,01) et a
limité son adiposité (P<0,01), mais n'affecte pas la qualité de la viande (couleur, pHu, etc.). Le mode de
distribution n’affecte pas le rendement carcasse, ni les critères de qualité de la carcasse et de la viande.
Abstract. Restricted intake and feed distribution mode – impact on feeding behaviour, digestion and
carcass quality. The effect of two strategies to restrict the intake (-25% from 35 to 63j of age), with single or
split in 2 (1D vs. 2D) distribution, was analyzed on the feeding behaviour, digestion and carcass quality of
rabbits. The study was conducted in a network of 5 experimental units (GEC group) on a total of 2444 animals
raised in collective cages. The splitting of the distribution did not change the feed intake between 35 and 63d
(121g/d on average). Seven days after restriction, the intake profile is deeply modified, with one third of the
daily intake within 2 hours (8h30-10h30), unlike to control group who consume less than 10%. A splitted feed
distribution increased the morning intake in restricted rabbits (> 40%), however it increased the "night" intake
for control group (85-90%). Thus, restricted animals (1D) ate 90% of their daily ration before 16H30. The
distribution mode did not interact with the intake level on the digestive efficiency, which was improved when
intake is restricted by 25% (+3 units for energy, +6 for proteins and +4 for the NDF, P <0.01). The final weight
(73j) was reduced by 7% in restricted animal, while the mode of distribution had no effect. The restriction
reduced the dressing percentage (-1.92%, P <0.01) and limited its adiposity (P<0.01), but did not affect meat
quality (colour, pHu, etc.). The mode of distribution did not influence performances or carcass quality.
Introduction
Restreindre l'ingestion du lapereau après sevrage est
une stratégie d'alimentation maintenant couramment
utilisée en France, en raison d'une meilleure résistance
aux troubles digestifs (Gidenne et al., 2009b), mais
aussi pour réduire le coût alimentaire. De plus, il a été
montré par Boisot et al. (2003) que le rationnement
pouvait réduire les effets d'une inoculation
expérimentale d'entérocolite épizootique (EEL). Dès
2003, le GEC (Groupe d’Expérimentation Cunicole) a
recommandé de réduire le niveau alimentaire d'au
moins 20%, afin de réduire la mortalité post-sevrage
par troubles digestifs (Gidenne et al., 2003).
Cependant, les mécanismes physiologiques impliqués,
tel que l’importance de la durée de vacuité digestive,
restent à élucider.
Cette étude du GEC a pour but d'identifier si la durée
de la vacuité digestive (modifiée via le mode de
distribution de l'aliment) peut influencer l'effet du
niveau d'alimentation sur le comportement
alimentaire, la digestion et la qualité de la carcasse et
de la viande, sachant que les résultats d'état sanitaire
ont fait l'objet d'une première publication (Gidenne et
al., 2009a). Par rapport à l'étude précédente menée par
le GEC en 2002, la période de restriction est ici plus
longue (4 semaines) et avec un retour à une
alimentation ad libitum sans transition.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
1. Matériel et méthodes
1.1. Alimentation et conditions expérimentales
Un aliment expérimental, a été formulé sans
anticoccidien ni antibiotique pour répondre aux
recommandations nutritionnelles courantes pour le
lapin en croissance (Gidenne, 2000). A l'analyse, il
contenait 19,9% de lignocellulose (ADF) et 16,3% de
protéines brutes (Gidenne et al., 2009a).
Un schéma expérimental bi factoriel, à 2x2 niveaux, a
été utilisé, afin de combiner le niveau d'alimentation
"à volonté=100%" vs "75%" (code 100 et 75), et le
mode de distribution de l'aliment "un ou deux repas"
(code 1D et 2D). Les lots d'animaux avec une seule
distribution d'aliment (entre 7h30 et 8h30) seront
nommés : 1D100, 1D75, tandis que ceux soumis à
deux distributions d'aliment seront nommés : 2D100,
2D75. Pour les 2 lots nourris en deux distributions
(2D100 et 2D75), l'accès à la mangeoire est interdit de
10h30 jusqu'à 16h30, afin de créer une vacuité
digestive. L'application du rationnement a été
effectuée du sevrage (35 jours d’âge) à 63 jours d'âge.
Le calcul du rationnement journalier a été
prédéterminé à partir d’une courbe d'ingestion
volontaire établie à l’INRA. Le niveau de
rationnement a été vérifié en comparant l'ingestion
réelle des animaux rationnés avec les témoins, pour 7
périodes de 3 à 4 jours, entre le sevrage et 63j d'âge.
Puis de 63 à 70 jours d'âge tous les lots sont nourris à
volonté, avec une distribution unique le matin.
1.2. Profils d'ingestion et d'excrétion, digestibilité et
qualité de la carcasse et de la viande
Le profil d'ingestion a été déterminé à 4 âges (37, 42,
49, 56j d'âge) sur les animaux élevés en cages
collectives (sur un site: à raison de 13 cages de 5
lapereaux par traitement), en pesant les refus à 10h30,
16h30 et à 8h30 (le lendemain). Le profil nycthéméral
d'excrétion fécale a été déterminé individuellement,
entre 49 et 56j d'âge, à raison de 10 lapins par
traitement, à l'aide d'un collecteur automatique,
pendant 48h. Les mesures de digestibilité ont été
effectuées à l'INRA selon la méthode Européenne du
groupe EGRAN (Perez et al., 1995) sur 8 lapins par
traitement. Les mesures de rendement et de qualité de
la viande ont été effectuées à la station expérimentale
ITAVI de Rambouillet. Trente lapins par lot ont été
abattus à 73 jours d’âge sans mise à jeun préalable.
Après électronarcose, le tube digestif de chaque lapin
a été pesé. Après ressuage statique (20h à 4°C),
l’engraissement de la carcasse a été noté (grille
AFNOR), les carcasses entières, le gras péri rénal et
inter scapulaire ont été pesés, puis le pH ultime (pHu)
et la couleur de la viande ont été mesurés en 3 points :
Biceps femoris, sur la tranche et à la surface du râble.
Les épaules et râbles de 4 lapins par lot ont été
conditionnés sous vide puis transmis à un groupe de 8
testeurs entraînés pour une dégustation en aveugle à 5
jours post mortem.
1.3. Analyses statistiques
L'analyse statistique a été réalisée, par analyse de
variance (procédure GLM logiciel SAS) en prenant en
compte les 2 facteurs et leur interaction: le niveau de
rationnement (100% ou 75%), et le mode de
distribution (1 vs 2 distributions par jour). De plus,
une analyse de l'effet du lot (4 niveaux) a été réalisée
pour le comportement alimentaire à chaque âge.
Tableau 1. Comportement d'ingestion en fonction de l'âge et du type de rationnement
Ingestion à 37 jours d'âge
8h30-10h30, %*
10h30-16h30, %
16h30-8h30, %
Total (g/j/lapin)
Ingestion à 42 j
8h30-10h30, %
10h30-16h30, %
16h30-8h30, %
Total (g/j/lapin)
Ingestion à 49 j
8h30-10h30, %
10h30-16h30, %
16h30-8h30, %
Total (g/j/lapin)
Ingestion à 56 j
8h30-10h30, %
10h30-16h30, %
16h30-8h30, %
Total (g/j/lapin)
1D100
Lots
1D75
2D100
2D75
CVr%
8,7a
15,2a
76,1b
108,8a
26,9b
28,8b
44,3a
84,0b
6,2a
93,8c
104,6a
28,5b
71,5b
84,0b
39,7
26,8
13,9
7,4
6,6a
24,6a
68,8b
127,0a
38,3b
48,6b
13,1a
90,0b
7,8a
92,2c
129,5a
46,0b
54,0b
90,0b
31,8
17,1
22,9
9,6
6,4a
18,1a
75,5c
108,8a
48,2b
51,8b
0,0a
84,0b
6,8a
93,1d
104,6a
60,6c
39,4b
84,0b
9,1a
19,3a
71,6b
190,6a
48,9b
50,7b
0,4a
129,5b
13,6a
86,4c
191,6a
68,6c
31,4b
128,0b
Mode
Pr > F
Niveau M x N
NS
<0,01
NS
<0,01
NS
<0,01
<0,01
0,09
NS
0,047
<0,01
NS
<0,01
NS
<0,01
<0,01
0,019
NS
17,3
14,5
8,6
7,5
<0,01
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
<0,01
<0,01
NS
13,3
11,4
8,0
6,4
<0,01
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
<0,01
<0,01
NS
*:en % du total quotidien; a,b les moyennes ayant une lettre en commun ne sont pas différentes au seuil P=0,05 (analyse à un
facteur: lot)
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
2. Résultats et discussion
2.1. Comportement alimentaire- caecotrophie et
excrétion fécale, digestion des nutriments
Le fractionnement de la distribution n'a pas modifié la
consommation d'aliment entre 35 et 63j, chez les
lapins nourris à volonté (139g/j en moyenne sur les 4
sites, Gidenne et al. 2009a), tandis que le niveau
alimentaire réduit à 75% du témoin a été atteint (104
vs 139g/j). Le lapereau adapte très rapidement son
profil d'ingestion, en fonction du programme
alimentaire auquel il est soumis (tableau 1): 48h après
l'application du rationnement (à 37j.), il consomme
près du tiers (27%) de sa ration quotidienne le matin,
en 2 heures (8h30-10h30). Cet effet s'accentue encore
à 7 et 14 jours après le début du rationnement, pour
atteindre près de 50% de la ration ingérée en 2 heures
à 56 jours d'âge. Au contraire, les animaux nourris à
volonté ingèrent moins de 10% de leur ration le matin
(Tableau 1), sans variations avec l'âge. La distribution
fractionnée de l'aliment, accroît l'ingestion du matin
des lapins restreints (>40%); en revanche elle accroît
l'ingestion "nocturne" chez les animaux nourris à
volonté (85-90%). Ainsi, les animaux restreints du
groupe "1D" ont en moyenne ingéré 90% de la ration
avant 16H30 (et la totalité à 56j.).
En parallèle, le profil d'excrétion fécal (tableau 2) est
très modifié: déplacement de la période d'excrétion de
crottes de la nuit (1D100) vers la fin de la matinée
(1D75), et la caecotrophie (marquée par l'absence
d'excrétion de fèces dures) est "avancée" en fin de
nuit chez les rationnés, contrairement au matin chez
les témoins. La distribution fractionnée atténue ce
cycle
nycthéméral
"crottes/nuit"
vs.
"caecotrophes/matin".
Tableau 2. Profil nycthéméral de l'excrétion fécale, en fonction du niveau et du mode de rationnement (en % de
l'excrété sec par intervalle de temps, entre 49 et 56j d'âge).
Fèces dures émises par tranche horaire (en % du total)
Total
g MS
1313151719219-11h
23-1h
1-3h
/ 24h
15h
15h
17h
19h
21h
23h
a
c
ab
ab
a
a
1D 100
68,8
0,3
1,1
3,7
14,3 13,4
11,7
12,4
12,2
11,7b
ab
ab
b
b
bc
bc
1D 75
48,8
14,2
23,2
16,4
11,7
7,6
4,4
3,4
3,6
1,3a
ab
bc
ab
ab
ab
ab
3,8
7,5
7,1
5,9
12,0
10,1 10,3
10,8
9,8b
2D 100
52,7
2D 75
37,2b
22,1a 24,7a
8,2
12,0
20,1a
9,1
0,7c
0,1c
0a
F-Niveau
**
**
**
*
NS
$
*
*
*
*
F- Mode
**
*
NS
NS
NS
$
NS
NS
NS
NS
**: P<0,01; *: P<0,05; NS: P>0,05; $: Niv X mode: P<0,05;
a, b : effet lot, intra-colonne les moyennes affectées d'une même lettre diffèrent pas au seuil P=0,05;
LOTS
3-5h
5-7h
7-9h
a
5,8
2,6
10,7
0,3
*
NS
5,7
10,5
5,1
2,5
NS
NS
7,8
1,2b
6,9a
0b
*
NS
Tableau 3. Efficacité digestive, en fonction du niveau d’alimentation et du mode de distribution.
Mode distribution
Niveau alimentaire
1D
2D
100
75
Digestibilité apparente fécale (%)*
Energie
61,0
61,4
59,6
62,8
Protéines brutes
73,2
73,2
70,1
76,2
NDF
23,1
24,4
21,6
25,8
ADF
15,6
16,1
14,5
17,3
Valeur nutritive
Energie digestible$
2317
2330
2262
2385
Protéines digestible£
119
119
114
124
* : mesure réalisée entre 49 et 53j d'âge; $: en Kcal/kg brut; £:g/kg brut
Pr > F
Niveau M x N
CVr%
Mode
1,74
3,18
8,37
15,44
0,38
0,99
0,08
0,54
<0,01
<0,01
<0,01
<0,01
0,17
0,79
0,41
0,37
1,7
3,3
0,39
0,93
<0,01
<0,01
0,17
0,86
Tableau 4. Croissance et qualité de la carcasse en fonction du niveau et du mode de distribution
Ingestion 35-63j, g/j
Poids vif à 73 j., g
Poids carcasse ressuyée, g
Poids tube digestif plein, g
Rendement (%)
Note engraissement carc.
Gras péri rénal, % carcasse
Gras inter scapul., % carc.
Mode distribution
1D
2D
121,2
122,2
2663
2624
1479
1457
484,8
479,9
55,46
55,46
3,18
3,05
1,711
1,655
0,429
0,395
Niveau alimentaire
100
75
145,6
102,7
2733
2555
1544
1394
458,5
506,2
56,43
54,51
3,42
2,82
1,951
1,417
0,492
0,333
CVr%
Mode
6,8
0,67
0,084
0,33
0,105
0,44
0,111 0,61
0,042
0,96
0,226
0,31
0,327
0,58
0,446
0,32
Pr > F
Niveau M x N
<0,01
0,15
<0,01
0,88
<0,01
0,88
0,29
<0,0001
<0,01
0,99
0,77
<0,0001
<0,0001
0,98
0,89
<0,0001
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
La distribution fractionnée n'interagit pas avec le
niveau alimentaire sur la digestion (tableau 3). Seul le
niveau alimentaire modifie l'efficacité digestive
(P<0,01), avec une hausse de 3 unités pour l'énergie, 6
pour les protéines, et 4 unités pour les fibres (NDF).
Ainsi, chez l'animal rationné, l'ingestion d'énergie
digestible est seulement 20% inférieure à celle du
témoin (179 vs 226 Kcal).
2.3-Croissance, qualité de la carcasse et de la viande
Ainsi que déjà démontré à plus large échelle (Gidenne
et al., 2009a), le poids final est réduit de seulement
7% chez l'animal restreint (tableau 4), tandis que le
mode de distribution n'a pas d'effet. Le rationnement a
réduit le rendement de la carcasse (1,92%- P<0,01) et
a limité (P<0,01) son adiposité (note engraissement,
gras périrénal et interscapulaire), en accord avec la
littérature (Gidenne et al., 2009; Tumova et al., 2006).
Le tube digestif plein des lapins restreints pesait, en
moyenne, 10% de plus, et explique en partie la baisse
du rendement (Lebas et Laplace, 1982). Le pH 24h est
légèrement plus élevé (P<0,01) pour les animaux
rationnés : 5,52 vs 5,48 pour le râble, et 5,72 vs 5,62
pour le biceps. En accord avec Gidenne et al. (2009b),
aucun effet du rationnement n’a été constaté sur la
coloration de la viande mis à part pour le râble
inférieur, qui était moins jaune pour le lot rationné
(b*=9,88 ad libitum vs 9,38 rationné- p=0,02).
Le faible effectif prélevé et la variabilité importante
des résultats de l’analyse organoleptique ne nous
permettent pas de conclure sur l’impact du mode de
distribution ou du rationnement sur la qualité
gustative de la viande de lapin. Des études
complémentaires devraient être initiées dans ce sens.
Le mode de distribution de l’aliment n’a pas influencé
le rendement carcasse ni les critères de qualité de la
carcasse et de la viande, sachant que le mode de
distribution n'interagit pas significativement avec le
niveau d’alimentation.
Conclusion
La réduction de 25% de l'ingestion entraîne une
hausse de l'efficacité digestive. Elle entraîne un plus
faible rendement à l'abattage et un plus faible
engraissement de la carcasse, mais sans modification
majeure de la qualité de la viande. La distribution
fractionnée d'une ration modifie peu la digestion ou la
croissance du lapin, ni les caractéristiques de qualité
de la carcasse ou de la viande.
Remerciements
Les auteurs remercient le CLIPP et l'ASFC pour leur
participation financière à cette étude. Les auteurs
présentent leurs remerciements à toutes les personnes
impliquées dans cette étude, notamment, à Carole
Bannelier pour les analyses chimiques (INRA,
Tandem), et à Elodie Dezat (ITAVI), qui a participé
aux mesures de qualité de la viande.
Références
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rabbit nutrition: Emphasis on fibre requirements. World
Rabbit Sci., 8, 23-32.
GIDENNE T., FEUGIER A., JEHL N., ARVEUX P., BOISOT P.,
BRIENS C., CORRENT E., FORTUNE H., MONTESSUY S.,
VERDELHAN S., 2003. Un rationnement alimentaire
quantitatif post-sevrage permet de réduire la fréquence
des diarrhées, sans dégradation importante des
performances de croissance : résultats d'une étude multisite.In Proc.: 10èmes J. Rech. Cunicoles Fr.,Paris, France
19-20 nov., 29-32.
GIDENNE T., MURR S., TRAVEL A., CORRENT E., FOUBERT C.,
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du niveau de rationnement et du mode de distribution de
l'aliment sur les performances et les troubles digestifs
post-sevrage du lapereau - premiers résultats d'une
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GIDENNE T., COMBES S., FEUGIER A., JEHL N., ARVEUX P.,
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LEBAS F., LAPLACE J.P. 1982. Mensurations viscérales chez
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PEREZ J.M., LEBAS F., GIDENNE T., MAERTENS L., XICCATO G.,
PARIGI-BINI R., DALLE ZOTTE A., COSSU M.E., CARAZZOLO
A., VILLAMIDE M.J., CARABAÑO R., FRAGA M.J., RAMOS
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FALCAO E CUNHA L., BENGALA FREIRE J., 1995. European
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restricted and ad libitum fed rabbits. Czech J. Anim. Sci.,
51, 214-219.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Effet de différents plans de rationnement sur les performances des lapins
en engraissement. Intérêt d’un aliment concentré en énergie et protéines
J. DUPERRAY, A.GUYONVARCH
EVIALIS, Talhouët, BP 235, 56006 Vannes Cedex, France.
Résumé. 336 lapins ont été répartis en 6 groupes (8 cages de 7) à 32 jours d’âge (sevrage), pour tester 3 modes
d’alimentation - ad libitum (AL), plan de rationnement « linéaire » (PL), et plan de rationnement « classique »
par palier (PC); et 2 types d’aliment (témoin vs concentré : +8% en énergie et protéines digestibles). Le plan PC
améliore la croissance et l’indice de consommation par rapport au plan PL , en raison d’un phénomène de
croissance compensatrice plus marqué. Par rapport à l’aliment témoin , l’aliment concentré distribué AL est
moins consommé (-4,9%) , améliore l’indice de consommation (-4,2%), pour des performances de croissance et
d’abattage équivalentes (poids vif, rendement). L’aliment concentré rationné diminue l‘indice de consommation
et limite les pertes de croissance liées au rationnement ; il améliore significativement le poids de carcasse et tend
à augmenter le rendement. Au final, il contribue, malgré son surcoût, à améliorer la marge sur coût alimentaire
d’environ 2 % .
Abstract. Effect of different quantitative feed restriction strategies on fattening rabbit performance, and
interest of a high energy and protein feed . 336 young rabbits were allocated to 6 groups (8 cage of 7), at
32d (weaning) with 3 different quantitative feed restriction programs (ad libitum AL), progressive restriction PL,
and step restriction PC ; and 2 feeds (a control feed and a concentrated one : +8% of digestible energy and
protein). The PL program gave a better growth, carcass yield and feed conversion than the PC program, because
of a greater compensatory growth. The "concentrated" feed fed AL is less consumed (- 4.9%) but improved the
feed conversion ratio (-4.2%) without decreasing the growth. When restricted, the concentrated feed limited the
weight and growth losses due to the feed restriction, for a carcass yield not significantly different from the AL
groups, and improved the feed cost margin of about 2 %, despite a higher cost.
Introduction
Le rationnement alimentaire est souvent utilisé en
élevage cunicole pour limiter la boulimie du jeune
lapereau en début d’engraissement et maitriser son
état sanitaire. L’efficacité de cette technique a été
démontrée dans plusieurs études (Boisot et al., 2003
et Gidenne et al., 2003) et elle est désormais
largement utilisée dans les ateliers cunicoles Français.
Dans ce contexte de limitation de l‘ingéré alimentaire,
nous avons émis l‘hypothèse qu‘un aliment plus
concentré en énergie et en protéines digestibles doit
améliorer les performances zootechniques des lapins
rationnés.
Par ailleurs, à partir d’une compilation de résultats
d’essais sur le rationnement alimentaire, nous avons
élaboré un logiciel (Ratiolap Expert), capable
d’établir un plan de rationnement progressif
(« linéaire ») en fonction de l’objectif de poids à la
vente que se fixe l’éleveur. Ce plan de rationnement
diffère notablement des plans plus classiques,
procédant par palier, plus sévères en début
d’engraissement et voisins du niveau ad libitum en
période finition.
1. Objectif
L’objectif de ce travail est de comparer l’effet sur les
performances de lapins, élevés en bonnes conditions
sanitaires (mortalité <0,3%), de 2 aliments plus ou
moins concentrés en énergie et protéines, distribués
selon les 2 programmes de rationnement alimentaire,
en comparaison à une alimentation ad libitum .
2. Matériel et méthodes
2.1. Dispositif expérimental
L’essai s’est déroulé du 21 avril au 28 mai 2008 à la
station expérimentale Evialis . 336 lapereaux (Hyplus
PS 39) provenant de la lapinière de la station
expérimentale Evialis sont répartis à 32 jours en 6 lots
(A, B, C, D, E et F) correspondant à un schéma
factoriel 3 x 2. Chaque lot comporte 8 répétitions de 7
lapins par cage (75 x 45 cm).
Les animaux reçoivent un aliment témoin ou un
aliment
concentré
(voir
caractéristiques
nutritionnelles des aliments dans le tableau 1), selon
le protocole ci-dessous :
A : Aliment témoin, accès à l’aliment à volonté.
B : Aliment concentré, accès à l’aliment à volonté.
C : Aliment témoin, rationnement alimentaire
« linéaire » (Ratiolap Expert).
D : Aliment concentré, rationnement alimentaire
« linéaire » (Ratiolap Expert).
E : Aliment témoin, rationnement alimentaire
« classique » par palier.
F : Aliment concentré, rationnement alimentaire
« classique » par palier.
Le plan de rationnement linéaire (PL) propose un
rationnement sur l‘ensemble de la période
d’engraissement avec un objectif de GMQ moyen fixé
ici à 42 g/j. Le plan progressif (PC) comporte un
rationnement alimentaire plus sévère en début
d’engraissement et par palier, avec un retour à volonté
en fin d’engraissement (figure 1). Les 6 lots ont accès
libre à l’abreuvoir.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau
aliments
1.
Caractéristiques
Aliments
Blé (%)
Orge (%)
Amyplus (%)
Son de blé (%)
Huiles végétales (%)
Tx de soja (%)
Tx de tournesol (%)
Pulpes de betteraves (%)
Luzerne (%)
Humidité (%)
Protéine (%)
Matière Grasse (%)
Cellulose (%)
Matière Minérale (%)
Amidon (%)
nutritionnelles
Témoin
4,0
5,6
10,0
10,0
0,4
0,0
13,2
22,0
14,0
Concentré
9,8
6,0
12,0
3,0
1,0
6,6
7,0
20,1
14,0
11,5
15,5
3,4
16,5
7,2
10,8
10,3
16,3
4
16,3
7,4
13,2
2.2. Données collectées
Les poids à 31 jours (veille du sevrage), 54 et 67 jours
ont été mesurés individuellement. La consommation
d’aliment par case a été mesurée à chaque pesée. Les
poids de carcasse froide ont été mesurés à l'abattoir
sur un échantillon de 12 lapins par lot. La mortalité a
été contrôlée quotidiennement.
des
2.3. Analyses statistiques
Les données de croissance (poids et GMQ) ont été
analysées par analyse de variance en ajustant pour
l’effet aliment, mode de distribution et le sexe et
l’interaction aliment*mode de distribution. Les
données de consommation d’aliment et d’IC ont été
analysées par analyse de variance sur le même modèle
sans l’effet sexe puisque ces données sont obtenues
collectivement. Les comparaisons de moyennes ont
été réalisées avec le test de Duncan lorsque l’analyse
de variance montrait une signification inférieure à 5%
pour cet effet.
Figure 1. Distributions journalières d’aliments par lapin en fonction de l’âge pour les deux plans de
rationnement
180
g/lapin/jour
160
140
120
100
80
60
31
33
35
37
39
41
43
45
47
49
Lots C & D : Plan Ratiolap
3. Résultats
L’ensemble des résultats regroupant les performances
zootechniques des
lapins en fonction du type
d’aliment et du mode de rationnement sont présentés
dans le tableau 2.
3.1. Mortalité.
Un seul lapin mort est observé dans le lot F et aucun
effet aliment ou plan de rationnement n’a donc été
observé sur la mortalité.
3.2. Consommations et indices
Sur la période 32-54 jours, la consommation des
lapins rationnés est très significativement inférieure à
celles des lapins nourris AL, de 24,6 % et 29,3 %
respectivement pour le plan PL et PC.
Sur la période 54-67 jours , la consommation des
lapins nourris selon le plan PL est significativement
inférieure à celles des lapins nourris AL (-4,3 %),
51
53
55
57
59
61
63
65
67
Lots E & F : Pl an classique
tandis que la consommation des lapins nourris selon
le plan PC ne diffère pas de celle des lapins nourris à
volonté. Sur la période 32-67 jours, les plans PL et PC
entraînent des consommations équivalentes et
inférieures de 16 % à AL. Sur la période 32-54 jours,
les lapins nourris AL consomment moins d'aliment
concentré que d'aliment témoin (interaction
significative)
Sur la période 32-54 jours, les meilleurs indices de
consommation (IC) sont obtenus avec le plan PL,
suivi du plan PC. Cette même tendance persiste de
manière non significative sur la période 54-67 jours.
Sur la période 32-67 jours, l’aliment concentré permet
de
diminuer
significativement
l‘indice
de
consommation de 4,1 % pour les lots AL et PL ;
tandis que les indices de consommation des lots
rationnés sont significativement plus bas que les
lapins nourris à volonté quel que soit l‘aliment, (écart
compris entre -7,6 % à - 10,1 %).
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau 2. Performances zootechniques
Type d'aliment
Poids 31 jours
(g)
Poids 67 jours
(g)
Poids de
carcasse froide
(69 jours)
Rendement (%)
IC
Sig. Inter.
**
Plan
classique
Sig.*
808+95
NS
NS
2531+170a 2386+155c
2433+167b
THS
NS
Témoin
Concentré
Sig.*
807+101
807+93
NS
2431+175
2469+172
S
1430+92
1459+73
NS
(P<0,1)
1495+73a
1418+68b
1420+86b
THS
NS
57,2+2,0
57,9+1,2
S
58,4+1,2a
57,4+1,4b
56,9+2,0b
HS
NS
(P<0,06)
46,0+4,9
THS
50,8+3,9a
42,9+4,6b
42,0+3,0b
THS
THS
90,1+0,0c
THS
S
2,15+0,11c
THS
NS
Période 32-54 jours
Gain moyen
44,4+6,2
quotidien (g/j)
Consommation
moyenne (g/j)
Mode de rationnement
Ad libitum Plan linéaire
807+92
807+104
NS
105,9+19,
103,3+15,3 (P<0,06 127,5+8,7a 96,1+0,0b
4
)
2,36+0,18 2,20+0,16
THS
2,44+0,12a 2,24+0,18b
Période 54-67 jours
Gain moyen
46,4+5,7
quotidien (g/j)
Consommation
144,2+7,3
moyenne (g/j)
IC
3,13+0,28
Période 32-67 jours
Gain moyen
45,4+4,0
quotidien (g/j)
Consommation
121,0+8,4
moyenne (g/j)
IC
2,66+0,17
46,5+7,1
NS
42,9+5,2c
45,5+6,3b
51,0+6,3a
THS
NS
142,6+7,4
NS
144,2+9,0a 138,0+1,7b
147,9+5,5a
THS
NS
3,11+0,33
NS
3,40+0,26a 3,04+0,11b
2,93+0,28b
THS
NS
46,3+3,9
S
48,0+3,7a
44,0+3,7c
45,5+3,5b
THS
NS
118,8+9,5
NS
134,1+8,4a 112,6+0,7b
112,9+2,2b
THS
2,55+0,16
HS
2,77+0,14a 2,56+0,12b
2,49+0,11b
THS
NS
(<0,08)
NS
S = Significatif, P<0,1; HS = Hautement significatif, P<0,01; THS = Très Hautement significatif, P<0,001
a,b,c
: les moyennes ayant une lettre en commun ne diffèrent pas au seuil de 5% (Test de Duncanl)
* Signification de l'effet Type d'aliment ou de l'effet Mode de rationnement
** Signification de l'interaction Type aliment*Mode de rationnement
3.3. Poids vifs, croissance, et performances
d’abattage
Sur la période 32-54 jours, la croissance des lapins
rationnés est significativement inférieure à celle des
lapins nourris AL quel que soit le régime alimentaire.
A l‘inverse sur la période 54-67 jours, la croissance
des lots rationnés est significativement supérieure à
celle des lots AL, le plan PC présentant une
croissance compensatrice supérieure à celle du plan
PL (+18,9% vs +6,1%).
Sur la période 34-67 jours, la croissance des lots
rationnés reste inférieure à celle des lots nourris AL
(écarts compris entre -5,2% et -8,3%) , tandis que
l’aliment concentré augmente la croissance des
lapereaux (+2%). Cet effet se retrouve principalement
sur la période 34-54 jours, en interaction avec le mode
de rationnement, l’effet de l’aliment concentré se
manifestant uniquement sur les lapins rationnés (PL :
+ 9,3 % ; PC : + 3,6 %).
Sur la période 32-67 jours, la croissance des lapins
nourris AL est supérieure à celle des lapins rationnés
selon PL (+ 9,0% ) et selon PC ( +5.5%) .
Le rendement carcasse est amélioré avec l’aliment
concentré par rapport à l’aliment témoin sur les lapins
rationnés alors qu’aucun écart n’est observé sur les
lapins nourris à volonté (interaction aliment*mode de
rationnement proche de la signification). Cette
amélioration du rendement carcasse sur les lots
rationnés compense en partie la baisse de rendement
générée par le rationnement alimentaire.
3.4. Simulation économique.
La simulation économique reportée dans le tableau 3
a été réalisée dans le contexte de l’année 2008 avec
un paiement abattoir au rendement. Lorsque les lapins
sont nourris à volonté, la marge sur coût alimentaire
obtenue avec l’aliment témoin est très légèrement
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
supérieure à celle du lot aliment concentré (+0.6 %).
En revanche, en situation de rationnement, la plus
fréquente sur le terrain aujourd’hui, c’est avec
l’aliment concentré qu’est réalisée la meilleure marge
sur coût alimentaire : en comparaison aux lots aliment
témoin, cette dernière est augmentée de 2 % avec le
plan « classique » et de 2.6 % avec le plan linéaire.
Tableau 3 Simulation économique
Aliment
A
B
C
D
E
F
Témoin
ad libitum
Concentré
ad libitum
Témoin
Plan linéaire
Concentré
Plan linéaire
Témoin
Plan classique
Concentré
Plan classique
Marge / Coût aliment
pour 1000 lapins (€)
3047
3029
2936
3012
3015
3077
Discussion et conclusion
L’indice de consommation le plus faible est obtenu
avec un plan de rationnement classique (sévère en
début d’engraissement et plus libéral sur les 2
dernières semaines), en relation avec une plus forte
croissance compensatrice des animaux en fin
d’engraissement. Il permet d’obtenir une marge sur
coût alimentaire supérieure à celle de lapins alimentés
à volonté. Ce plan, associé à un aliment concentré en
énergie et protéines, permet de limiter la perte de
poids liée au rationnement en abaissant l’écart de 4,6% à -2,8% et d’obtenir un rendement carcasse
comparable à celui des lapins alimentés à volonté.
Un rationnement plus régulier et linéaire sur toute la
période d’engraissement, dans l'excellent contexte
sanitaire de l’essai, est légèrement moins performant.
En effet, le maintien d’un certain niveau de
rationnement en fin d’engraissement, qui correspond
le plus souvent sur le terrain à un impératif de
« sécurité
digestive »,
empêche
d’exploiter
pleinement
le
phénomène
de
croissance
compensatrice observé en fin d’engraissement.
Cet essai confirme l‘intérêt du rationnement pour
optimiser le coût alimentaire en engraissement , qui
limite par ailleurs l’apparition et le développement de
l’entérocolite (Boisot et al. 2003)
Dans cette situation, l’utilisation d’un aliment
concentré permet de diminuer l‘indice de
consommation, pour un poids vif et un rendement en
carcasse sensiblement augmentés, générant au final
une amélioration de la marge sur coût alimentaire en
engraissement comprise entre 2 et 3 %.
Le choix du plan de rationnement doit être réfléchi en
fonction du statut sanitaire de l’élevage et des
objectifs de performances fixés par l’éleveur.
Remerciements
Nous tenons à remercier vivement Messieurs J.M.
Laurent, R. Adelis et Mme F. Haberkorn pour le suivi
quotidien des animaux et leur participation à la
collecte et au traitement de l’ensemble des données.
Références
BOISOT P., LICOIS D., GIGENNE T., 2003. Une restriction
alimentaire réduit l’impact sanitaire d’une reproduction
expérimentale de l’entéropathie épizootique (EEL) chez le
lapin en croissance. 10èmes Journ. Rech. Cunicole Fr.,
Paris, 19-20/11/2003, 267-270, ITAVI Ed., Paris.
GIDENNE T., FEUGIER A.., JEHL N., ARVEUX P., BOISOT P.,
BRIENS C., CORRENT E., FORTUNE H., MONTESSUY S.,
VERDELHAN S., 2003. Un rationnement alimentaire
quantitatif post-sevrage permet de réduire la fréquence
des diarrhées, sans dégradation importante des
performances de croissance : résultats d’une étude multisite. L’impact sanitaire d’une reproduction expérimentale
de l’entéropathie épizootique (EEL) chez le lapin en
croissance. 10èmes Journ. Rech. Cunicole Fr., Paris, 1920/11/2003, 29-32, ITAVI Ed., Paris.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Effets de la restriction hydrique et de la restriction alimentaire sur les
performances zootechniques des lapereaux en croissance
A. BEN RAYANA1, S. LENGLIZ2, M. HMIDA1, R. BERGAOUI1.
1
2
Institut National Agronomique de Tunisie, 43 Av Charles Nicole – 1082 Tunis Mahrajène, Tunisie
Institut de la Recherche Vétérinaire de Tunisie, Rue Djebel Lakhdar – La Rabta 1006 Tunis, Tunisie
Correspondance : [email protected]
Résumé. L’intérêt d’une restriction hydrique (accès à l’eau de boisson 2 h/j) a été comparé à un rationnement
alimentaire (80% de l’ad libitum), sur deux périodes post sevrage (2 et 3 semaines), sur des lapereaux sevrés à
deux âges différents (28 et 35 j d’âge) et abattus à l’âge de 77 jours. Deux groupes ont été constitués, à raison de
5 lots de 8 lapereaux par groupe. Le rationnement alimentaire a conduit à une moindre consommation
alimentaire moyenne sur tout l’essai (117, 115 et 121 g respectivement pour les animaux restreints pendant 3 et 2
semaines et pour le lot témoin ; P< 0,05). Par contre une limitation du temps d’accès à l’abreuvoir de 2 h/j a
entraîné une consommation alimentaire semblable à celle du témoin (120 et 124 g/j pour respectivement les
animaux restreints pendant 3 et 2 semaines) voir même légèrement supérieur (lot RH2S). L’effet du sevrage est
marqué pour le poids final (77 jours) et le gain moyen quotidien (P<0,01). Les indices de consommation sont
améliorés avec la restriction (-0,14 % comme moyenne pour RH3S, RA3S et RA2S et -0,05% pour RH2S par
rapport au lot témoin ; P<0,05).
Abstract. The aim of this trial is to compare the effect of an hydric restriction (access to drinking water 2 h/day)
and a feed restriction (80 % of ad libitum) under two periods (2 or 3 weeks) on growing rabbits weaned at two
different ages (28 and 35 days). Feed restriction engendered less consumption (117, 115 & 121 g respectively for
restricted rabbits during 3 & 2 weeks compared to control group; P<0,05). Limiting access to drinking water
engendered a feed consumption equal to control group. We note an effect of age of weaning for the final weight
(77 days) and the DWG (P<0,01). Feed conversion rate is ameliorated with restrictions (-0.14 % as an average
for RH3S, RA3S & RA2S and -0.05% for RH2S comparatively to control group ; P<0,05)..
Introduction
Le but de ce travail est d’étudier l’effet d’une
restriction hydrique en comparaison avec un
rationnement alimentaire, sur deux périodes post
sevrage, sur les performances zootechniques des
lapereaux sevrés à deux âges différents et suivis
jusqu’à l’abattage.
1. Matériel et méthodes
L’essai s’est déroulé du 1er février au 21 mars 2008 à
la station de recherches cunicoles de l’INAT (Tunis).
1.1. Aliment et traitements
Au total, 144 lapereaux de la souche de l'INAT ont été
choisis parmi des portées ayant un nombre entre 7 et 9
lapereaux. Ils ont été répartis sur deux groupes selon
l’âge au sevrage (50 lapereaux par groupe). Les
lapereaux ont été placés par deux dans des cages
grillagées. Ils ont été pesés au sevrage et répartis entre
les lots ; 80 ont servi au suivi des performances
zootechniques. Les 64 autres lapereaux ont servi au
suivi de l’évolution de la microflore caecale.
Ces animaux sont originaires du troupeau (lapines)
de l’INAT d'origine de race californienne. Deux types
de restriction : alimentaire et hydrique ont été
appliqués, sur deux périodes après sevrage (2 et 3
semaines), sur les lapereaux sevrés à 4 ou 5 semaines
d’âges. Au total, 10 lots ont été constitués à raison de
8 lapereaux par lot. La distribution de l’aliment est
faite chaque jour à 10h du matin.
Les traitements sont les suivants :
- Lot Témoin (T) : accès à l’aliment et à l’eau de
boisson à volonté sur toute la période.
- Lot RA2S : rationnement de 80% de l’aliment
distribué ad libitum sur les 2 semaines qui suivent le
sevrage avec un accès à l’eau de boisson à volonté.
- Lot RA3S : rationnement de 80% de l’aliment
distribué ad libitum sur les 3 semaines qui suivent le
sevrage avec un accès à l’eau de boisson à volonté.
- Lot RH2S : restriction hydrique avec accès à l’eau
de boisson 2 h/jour (entre 11 h et 13h du matin) sur
les 2 semaines qui suivent le sevrage, accès à
l’aliment à volonté.
- Lot RH3S : restriction hydrique avec accès à l’eau
de boisson 2 h/jour (11h – 13h du matin) sur les 3
semaines qui suivent le sevrage, accès à l’aliment à
volonté.
L’eau est fournie dans des bidons de 5 l (un bidon par
cage). Les animaux ont reçu un aliment commercial
engraissement, distribué ad libitum,
ayant les
caractéristiques suivantes : 2500 Kcal d’ED, 15.5 %
MAT et 16 % de CB. L’aliment ne contient pas
d’antibiotique. Il renferme un anticoccidien (la
robenidine). Aucun traitement médical n’a été
administré aux lapins durant toute la période d’essai.
1.2. Performances zootechniques
Du sevrage (4 ou 5 semaines) jusqu’à la fin de l’essai
(11
semaines),
les
animaux
sont
pesés
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
individuellement chaque vendredi à heure fixe (8h30
du matin). Les éventuelles mortalités et morbidités
ont été contrôlées.
1.3. Analyse microbiologique de la microflore caecale
A des âges différents (groupe sevré à 28 jours : 4, 6,
7, 8 et 11s ; groupe sevré à 35 jours : 5, 7, 8, 9 et 11
sem.), les caecums de deux lapereaux par lot ont servi
pour l’analyse du microbiote caecal, soit 84 caeca
provenant de 84 lapins (dont 20 provenant des lapins
à la fin de l’essai et 64 provenant de lapereaux élevés
dans les mêmes conditions). Juste après abattage,
effectué à la même heure pour les animaux des
différents lots (8h30 jusqu'à quelle heure?), les
caecums sont extraits et pesés pleins. Dix grammes
de contenu cæcal ont été prélevés stérilement et dilués
dans 90 ml d’eau peptonnée stérile. Des dilutions en
série ont été réalisées, pour dénombrer les bactéries
lactiques et les coliformes totaux, cultivés
respectivement sur le milieu MRS agar et le
desoxycholate lactose agar à 37°C pendant 24 heures.
1.4. Analyses statistiques
Toutes les données ont été traitées grâce au système
SAS version 9.1.3, procédure GLM III pour l’analyse
de la variance. On a utilisé le modèle suivant :
Yijk = µ + Si + Tj + (S*T)ij + eijk
(Yijk : observations, µ : moyenne générale, Si : effet
du ième âge de sevrage, Tj : effet du jième traitement,
(S*T)ij : effet interaction sevrage-traitement, eijk :
erreur résiduelle.) Les estimées des moindres carrés
des moyennes ont été comparées en utilisant un test
de Student
Vu les nombres limités des caeca utilisés pour
l’analyse du microbiote, aucun traitement statistique
n’a été réalisé pour comparer ces données.
2. Résultats et discussion
2.1. Performances zootechniques
Le tableau 1 montre que le poids à 5 semaines d’âge
varie significativement selon le traitement (P<0,01). Il
en est de même pour la consommation alimentaire et
l’indice de consommation (P<0,05) ainsi que pour la
consommation hydrique et le rapport eau/aliment.
L’effet de l'âge au sevrage n’est marqué que pour le
poids final (77 jours) et le gain moyen quotidien.
L’interaction entre l’âge au sevrage et le traitement
n’est décelée que pour le poids à 35 jours et le
rapport Eau/Aliment.
Tableau 1. Résultats de l'analyse de variance des paramètres zootechniques
Source de variation
Traitement
Age au sevrage
Sevrage*Traitement
R²
Consommation Consommation
Rapport IC de 35
hydrique
alimentaire
Eau/Aliment à 77j
de 35 à 77j
de 35 à 77j
*
**
**
*
Poids à
35 jours
Poids à
77j
GMQ
35-77j
**
N.S.
N.S.
N.S.
**
**
N.S.
N.S.
NS
NS
**
N.S.
N.S.
N.S.
N.S.
*
NS
0,46
0,28
0,26
0,47
0,61
0,58
0,64
NS : non significatif ; * : P<0,05 ; ** : P<0,01
Les animaux ayant subi une restriction pendant 3
semaines présentent un poids final (77 jours) similaire
au témoin (Tableaux 1 et 2). De même, la croissance
ne diffère pas entre les 3 lots. Il ressort qu’une
restriction hydrique ou alimentaire de 2 ou 3 semaines
juste après sevrage (28 ou 35 jours) n’affecte pas la
croissance (poids moyen à 77 j=2231g). Par contre,
l’efficacité alimentaire est améliorée avec la
restriction (-0,14 % comme moyenne pour RH3S,
RA3S et RA2S et -0,05% pour RH2S par rapport au
lot témoin ; P<0,05). Après une durée de 2 ou 3
semaines de restriction les lapereaux présentent une
croissance compensatrice.
Le meilleur indice de consommation (2,9) est
enregistré pour les animaux ayant subi une restriction
hydrique pendant 3 semaines (3,5 ; 3,3 ; 3,1 ; 3,0 et
2,9 respectivement pour les lots T, RH2S, RA2S,
RA3S et RH3S ; P<0,05). L’amélioration de
l’efficacité alimentaire avec la restriction hydrique
confirme les travaux antérieurs de notre équipe (Ben
Rayana et al., 2008) réalisés en limitant l’accès à
l’eau d’abreuvement à 2 ou 4 heures par jours durant
toute la période d’engraissement (35-77days).
L’application d’une restriction a entraîné une
diminution significative (P<0,05) de la consommation
alimentaire moyenne quotidienne (sauf pour le lot
RH2S) (124,3 ; 121,9 ; 119,9 ; 117 et 114,9
respectivement pour RH2S, T, RH3S, RA3S et
RA2S).
Pour les deux types de restriction, les poids finaux (77
j) des lapereaux sevrés à 28j sont meilleurs que ceux
des lapereaux sevrés à 35 jours (Tableau 3). Les
GMQ sont plus importants pour un sevrage à 28 j
comparativement à un sevrage à 35 j et ce pour les
animaux ayant subi une restriction hydrique. Par
contre, pour la restriction alimentaire, la supériorité
est en faveur du sevrage à 35 jours. La même
tendance est notée pour le rapport eau/aliment
(rapports plus important avec la restriction hydrique
pour un sevrage à 28j et le contraire pour la restriction
alimentaire pour le sevrage à 35j).
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau 2. Paramètres zootechniques des différents lots ; moyenne ajustées et (écart type)
Lots
Poids moyen à 35 j (g)
Poids moyen à 77 j (g)
GMQ (35-77 j d’âge)
Consommation alimentaire
35-77j (g/j/lapin)
Consommation hydrique
35-77j (g/j/lapin)
Rapport Eau/Aliment
Indice de Consommation 35-77j
T
639b (19)
2120 (335)
35,3bc (8,2)
RA2S
627b (14)
2181 (177)
37,0b (4,3)
RH2S
647b (23)
2218 (286)
37,4b (6,8)
RA3S
637b (15)
2250 (147)
38,4ab (3,6)
RH3S
669a (47)
2387 (247)
40,5a (5,7)
121,9a (16,9)
114,9c (12,1)
124,3a (15)
117b (14)
119,9b (15,8)
255,7a (36,3)
244,0ab (58,7)
207,5c (27,4)
229,0b (26)
267,0a (29,1)
2,09ab (0,15)
3,5a (0,33)
2,12a (0,2)
3,1b (0,22)
1,66c (0,33)
3,3ab (0,25)
1,95ab (0,17) 2,22a (0,12)
3,0b (0,22)
2,9b (0,32)
Tableau 3. Paramètres zootechniques selon l’âge au sevrage : moyenens ajustées et (écart type)
Sev
(S)
28 j
35 j
T
RA2S
RH2S
RA3S
RH3S
548(19 ,2)
641(33,2)
546 (17,2)
635 (6,1)
550(32,4)
642(7,5)
556(16,7)
643(8,7)
544(53,3)
635(10,6)
Poids moyen à 77 j
28 j
35 j
2322b (186)
1920b (383)
GMQ (S-77j)
28 j
35 j
36,1b (4,4)
30,4b (9,4)
34,7b (4)
35,0ab (4)
36,5ab (3)
34,3ab (8,7)
35,8b (1,6)
36,8ab (4,5)
39,1a (3,2)
38,7a (7,1)
Consommation Alimentaire 28 j
(S-77j) en g/j/lapin
35 j
126ab (16,3)
130 (17,6)
119c (15,5)
127 (8,1)
130a (16)
128 (14,1)
123bc (3,4)
133 (10)
129a (5,6)
134 (20)
Consommation hydrique
(S-77j) en g/j/lapin
28 j
35 j
267ab (33,5)
269bc (37,9)
256ab (73,5)
306a (57,5)
291a (37,3)
256c (10,3)
239bc (9)
299ab (25,5)
281a (18,3)
224d (21,4)
Rapport Eau/aliment
(S-77j)
28 j
35 j
2,1 (0,13)
2,0 (0,17)
2,1 (0,18)
2,4 (0,21)
2,2 (0,21)
2,0 (0,27)
1,9 (0,14)
2,2 (0,18)
2,1 (0,16)
1,6 (0,11)
IC moyen
(S-77j)
28 j
35 j
3,3 (0,39)
4,6a (0,42)
3,6 (0,16)
3,7ab (0,24)
3,3 (0,23)
4,0ab (0,46)
3,5 (0,17)
3,5ab (0,24)
3,3 (0,24)
3,4b (0,37)
Paramètre
Poids initial moyen (g)
2250b (163) 2340ab (140) 2311b (72)
2108ab (171) 2086ab (362) 2193ab (187)
log10 (UFC/g)
2.2. Etat sanitaire
Sur toute la période de l’essai, nous avons enregistré
deux cas de mortalité : un cas dans le lot témoin (au
début de la période d’engraissement) au sein du
groupe des lapereaux sevrés à 35 jours, l’autre dans le
lot RH3S (à 8 semaines d’âge) du groupe 1 (sevrage à
28 jours). Deux cas de morbidité ont été enregistrés
dans le lot RA3S du groupe 1 entre 8 et 9 semaines.
2.3. Données préliminaires sur le microbiote caecal
Figure 1. Variation des bactéries lactiques entre le
sevrage (4 sem.) et l’abattage (11s)
2464a (150)
2263a (291)
Pour un sevrage à 5 semaines, les lots soumis à une
restriction (alimentaire ou hydrique) semblent
présenter un taux de bactéries lactiques légèrement
supérieur (+0,9 log) à celui du lot témoin (figure 2).
Figure 2. Variation des bactéries lactiques entre le
sevrage (5 s) et l’abattage (11s)
5
4,5
4
Témoin
2,5
RH2s
RH3s
5
2
1,5
4,5
4
1
0,5
log10(UFC/g)
3,5
3
RA2s
RA3s
0
3,5
3
Témoin
2,5
RH2s
2
1,5
RH3s
5s
7s
8s
9s
11s
Age en semaines
RA2s
1
0,5
RA3s
0
4s
6s
7s
8s
11s
Age en semaines
Pendant les deux semaines post sevrage (4 semaines),
la concentration en bactéries lactiques, bien que
faible, augmenterait avec l'âge (en moyenne + 1,3 log
entre 4 et 11 sem.).(figure 1).
Pendant la période de restriction (2 ou 3 semaines)
tous les lots semblent présenter des taux de coliformes
inférieurs à celui du lot témoin (Figures 3 et 4).
Finalement, le sevrage pourrait avoir une influence
sur le temps de colonisation des bactéries lactiques
et/ou coliformes et par suite sur l’équilibre caecal.
Ceci pourrait être expliqué par un phénomène de
compétition de colonisation et le pouvoir antagoniste
entre les bactéries lactiques et les coliformes ; plus le
13èmes Journées de la Recherche Cunicole,
3 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
sevrage est tôt plus l’installation des bactéries
lactiques dans le caecum serait rapide et élevée.
Figure 3. Variation des coliformes totaux des lapins
sevrés à 28 jours et abattus à 77 jours
6
log10 (UFC/g)
5
4
Témoin
3
RH2s
RH3s
2
RA2s
1
RA3s
0
4s
6s
7s
8s
11s
Age en semaines
Figure 4. Variation des coliformes totaux des lapins
sevrés à 35 jours et abattus à 77 jours
6
log10(UFC/g)
5
4
Témoin
3
RH2s
RH3s
2
RA2s
1
Conclusion
Les poids finaux (77 jours) des lapereaux sevrés à 28
jours sont meilleurs que ceux sevrés à 35 j quelque
soit le type de restriction. Les GMQ et les rapports
Eau/Aliment selon le type de restriction dépendent de
l’âge au sevrage.
La restriction alimentaire est plus efficace (GMQ)
pour un sevrage à 35 j alors que la restriction
hydrique est plus performante avec un sevrage à 28 j.
Une restriction hydrique ou alimentaire de 2 ou 3
semaines juste après sevrage (28 ou 35 jours)
n’affecte pas la croissance. L’efficacité alimentaire est
améliorée avec la restriction (P<0,05).
Une restriction alimentaire (80% de l’ad libitum) ou
hydrique au début de la période d’engraissement sont
faciles à réaliser sans aucun risque sur les
performances zootechniques des lapereaux.
Un essai sur des effectifs plus importants et en
réalisant l’analyse du microbiote caecal serait d’un
grand intérêt pour confirmer les résultats de cet essai.
Remerciements
Ce travail a été financé par le laboratoire d’Economie
Agroalimentaire de l’INAT.
RA3s
Références bibliographiques
0
5s
7s
8s
9s
11s
Age en semaines
La combinaison sevrage à 4 semaines avec une
restriction alimentaire pendant 2 semaines semble
donner le meilleur rendement pendant les deux
premières semaines. Par contre, la combinaison
sevrage à 4 semaines avec une restriction hydrique (2
ou 3 semaines) présente un effet différé qui se
manifeste vers la troisième et la quatrième semaine
post sevrage.
BEN RAYANA A., BEN HAMOUDA M., BERGAOUI R. 2008. Effect
of water restriction times of 2 and 4 hours per day on
performances of growing rabbits. 9th World Rabbit
Congress, Verona, Italy, June 10-13, 2008
13èmes Journées de la Recherche Cunicole,
4 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Rôle du mode de distribution de l’aliment dans une stratégie de
rationnement : conséquences sur le profil d’ingestion, la croissance
et la santé digestive du lapin.
M.H. MARTIGNON1,2,3,4, S. COMBES1,2,3, T. GIDENNE1,2,3
1
INRA, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et Métabolisme,
31326 Castanet-Tolosan, France
2
Université de Toulouse, INPT ENSAT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et
Métabolisme, 31326 Castanet-Tolosan, France
3
ENVT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et Métabolisme, 31076 Toulouse, France
4
AFSSA, Unité Alimentation Animale, BP 53, F-22440 Ploufragan, France
Résumé. Deux modalités d’alimentation du lapin en croissance ont été étudiées dans un schéma bifactoriel (2x2)
lors de 2 essais consécutifs : d’une part l'alimentation ad libitum vs la restriction alimentaire théorique de 75 %
de l’ingestion volontaire (entre le sevrage, à 28 j., et 51 j.), et d’autre part 1 vs 13 distribution(s) quotidienne(s).
Le profil d’ingestion (à 46 j. d’âge) montre que 1/3 de la quantité distribuée aux animaux rationnés et alimentés
en 1 distribution est ingérée dans les 2 heures suivant la distribution. Et la totalité de la quantité est ingérée en
moins d’une demi-journée. En fin de période de rationnement (51 j.), une perte de poids vif de 17% (P < 0,001)
par rapport aux lapins nourris à volonté est observée, mais l’efficacité alimentaire est significativement
améliorée de 3 % (essai 1, P = 0,028) à 10 % (essai 2, P < 0,001) Une stratégie d’alimentation en 13 distributions
par jour tend à diminuer le taux de morbidité de 40% (P = 0,056).
Abstract. Effect of the feed distribution mode in a strategy of feed restriction: effect on the feed intake
pattern, growth and digestive health in the rabbit. This study (2 trials) deals about two feeding factors: a feed
restriction of 75 % of ad libitum intake, and the daily number of feed distribution (1 vs 13). For restricted rabbits,
the circadian pattern of the intake (46 days old) showed that 1/3 of the ration was eaten within two hours after
distribution once a day and the whole ration in less than half a day. At the end of the restriction period, the live
weight of restricted rabbit (at 51 d.) was 17 % lower (P < 0.001) compared with control, but the feed conversion
was significantly improved by 3 % (trial 1, P = 0.028) and 10 % (trial 2, P < 0.001). A feed distribution in 13
times a day tended to decrease the morbidity rate by 40 % (P = 0.056).
Introduction
Dès 2002, la restriction alimentaire a été mentionnée
comme un facteur protecteur vis à vis de l’EEL
(enquête AFSSA, période 2000 à 2002, Larour et al.,
2004). En parallèle, l'étude multi-sites du groupe GEC
de 2002 a montré qu'une restriction de l'ingestion
post-sevrage d'au moins 20% permettait de réduire la
mortalité par diarrhée, incluant des cas d'EEL
spontanée (Gidenne et al., 2003) ou reproduite
expérimentalement (Boisot et al., 2003). Des
stratégies pour restreindre l’ingestion du lapereau
après sevrage sont maintenant utilisées dans la
majorité des élevages cunicoles français, non
seulement pour améliorer la résistance des animaux
aux troubles digestifs (Gidenne et al., 2009), mais
aussi pour réduire les coûts alimentaires. En outre,
intégrée dans une démarche raisonnée, la restriction
alimentaire contribue à limiter l’utilisation
d’antibiotiques (Fortun-Lamothe et al., 2009) et ainsi
à améliorer l’image de la production et à réduire les
coûts de production. Cependant, les mécanismes
physiologiques impliqués dans cet effet favorable sur
la santé digestive restent à élucider, tels que le rythme
d'ingestion en lien avec l’existence d’une vacuité
digestive, l’importance de l’appétit et de sa durée
(modulables par la fréquence de distribution).
Quelques études se sont intéressées au rythme
d’ingestion des lapins de chair (Prud'hon et al., 1972 ;
Horton et al., 1974 ; Prud'hon et al., 1975 ; Sanderson
et Vanderweele, 1975 ; Jolivet et al., 1983 ; Bellier et
al., 1995), mais aucune n'a porté sur des lapins soumis
à une restriction quantitative de l'ingestion volontaire.
Dans le but d'identifier l'importance du rythme
d'ingestion indépendamment de la quantité distribuée,
nous avons utilisé un schéma expérimental,
combinant ces 2 facteurs, pour mesurer le
comportement alimentaire et la santé digestive du
lapereau.
1. Matériel et méthodes
1.1. Alimentation et conditions expérimentales
Un schéma expérimental bifactoriel (2x2) a été mis en
place, dans l’installation expérimentale cunicole
INRA (Auzeville) de l’UMR Tandem, afin de
combiner le niveau d’alimentation (AL = ad libitum
vs R = rationnement théorique à 75% du niveau
d’ingestion ad libitum) et le mode de distribution de
l’aliment : 1 = une distribution quotidienne vs 13 =
simulation d’un profil d’ingestion à volonté par 13
distributions réparties sur la journée. Ce schéma a été
appliqué à deux séries expérimentales successives de
200 puis 120 lapins (à 6 semaines d'intervalle),
divisées en 4 lots équitables dès le sevrage (à 28
jours) et logées en cages collectives de 5, avec un
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
cycle lumineux de 10 heures de jour. La restriction
alimentaire est appliquée de 28 à 51 jours d’âge. Les
quantités distribuées aux trois lots : AL13, R1 et R13
sont calculées à partir de l’ingestion des lapins ad
libitum. Pour les lots R1 et R13, elle est réduite de
25 %. Puis, les quantités réajustées sont distribuées
pendant la période suivante, en 1 ou 13 distribution(s)
quotidienne(s). Concernant le lot AL13, la quantité
ingérée mesurée pour AL1 est conservée à 100 % sur
la période suivante. Ainsi, par construction du schéma
expérimental, les 13 distributions d'aliment
correspondent à 95% de l'ingéré quotidien du lot AL1
(sur deux périodes simultanées), pour éviter des refus
entre deux distributions, et ainsi imposer le rythme de
13 distributions aux animaux AL13. L’aliment
granulé (tableau 1), exempt d’antibiotique, est
identique pour tous les lots.
Tableau 1 : Ingrédients et composition chimique de
l’aliment expérimental
Matières
%
Compo.chimique
Son fin blé
21,50 MAT
Luzerne
21,00 NDF
Tourt. tournesol 20,00 ADF
Blé tendre
8,90 ADL
Orge
8,90 Cellulose
Paille de blé
5,50 Hémicelluloses
Pulpes betteraves 5,00 Amidon
Sucre
4,00 Cell. Brute
Tourt. soja
2,50 Matières grasses
Vitamines et
Energie digestible
2,70
kcal/kg
minéraux
% brut
15,78
35,18
20,06
5,01
15,05
15,12
14,04
16,4
2,13
des deux facteurs étudiés et de leur interaction, et par
un test de Khi-deux pour comparer les lots.
2. Résultats et discussion
2.1. Profils d’ingestion
Dès 8 jours de rationnement (à 36 j. d’âge, résultats
non présentés) le profil d’ingestion est similaire à
celui obtenu 18 jours après (à 46 j., figure 1). Les
lapins soumis à 13 distributions d'aliment (AL13 et
R13) présentent une ingestion régulière, qui suit le
rythme de distribution imposé, et constante puisque la
totalité de la quantité distribuée est consommée. Les
lapins témoins (AL1) ingèrent, par créneau de 1h302h entre 4 et 13 % de la quantité totale consommée
sur la journée. Ces données sont proches de celles
obtenues par Bellier et al. (1995) qui présentaient, par
intervalle de 2 h, une ingestion variant de 3 à 13 % de
l’ingestion quotidienne totale.
La totalité de la quantité distribuée aux animaux R1
est mangée en 8 à 9 heures et demie. En effet, dans les
2 heures suivant la distribution, les lapins ingèrent 1/3
de la quantité distribuée, soit 37g à 46 jours. Au cours
des 5 heures suivantes, ils consomment plus de la
moitié de la quantité initiale. En 7 heures ils ont donc
mangé 100g, soit près de 90 % de la quantité
distribuée pour 24 heures.
Figure 1 : Profils d’ingestion nycthéméraux chez le
lapin en croissance (46 jours), en fonction du niveau
alimentaire et du mode de distribution
£
2317,8
1.2. Contrôle de la croissance, de l'ingestion et des
paramètres sanitaires
Le poids vif est contrôlé individuellement deux fois
par semaine pour chaque lot. L’ingestion des lapins
AL1 est mesurée tous les deux à trois jours et
quotidiennement pour les trois autres lots. De plus, le
profil nycthéméral d’ingestion a été réalisé pour
chaque lot (essai1) à 36 et 46 jours d’âge, par une
pesée des refus toutes les 2 heures sur 24h (figure 1).
Les signes cliniques de morbidité et la mortalité ont
été enregistrés quotidiennement pour chaque individu.
1.3. Analyses statistiques
Une première analyse statistique à 3 facteurs (R
Development Core Team, 2009) et interactions, a
montré que la série expérimentale a un effet
significatif et que cela interagit avec les 2 autres
facteurs pour certains paramètres, mais sans modifier
la hiérarchie des effets observés (pas d’interactions
croisées). Aussi les données de croissance et
d’ingestion sont présentées séparément pour la série 1
et 2, afin de clarifier la présentation des résultats, à la
suite d’une analyse de variance à 2 facteurs (niveau
d’alimentation, mode de distribution et interaction).
Pour la morbidité et la mortalité, les résultats cumulés
des deux essais ont été analysés par la procédure
CATMOD (SAS online®) pour déterminer les effets
$
*
#
£
AL1 : Lapins nourris ad libitum
R1 : Lapins rationnés à -25 % de l’ad libitum, alimentés en une
distribution unique
*
R13 : Lapins rationnés à -25 %, recevant une alimentation
fragmentée en 13 distributions
#
AL 13 : Lapins nourris à 100 % de l’ad libitum, recevant une
alimentation fragmentée en 13 distributions
La période diurne est symbolisée par un rectangle blanc sous l’axe
des ordonnées vs gris foncé pour la période nocturne.
$
Ainsi qu’attendu, un fort pic d’ingestion est observé
juste après la distribution chez les animaux R1. Il est
synchronisé avec le pic d’ingestion plus modéré des
lapins AL1, correspondant, à 46 jours, à une ingestion
de 20g. Pour ce lot, basé sur le rythme nycthéméral, le
pic d’ingestion est situé en fin de période diurne. Une
heure avant l’extinction de la lumière, Prud’hon et al.
(1975) décrivent également une consommation plus
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
intense chez des lapins de 6 semaines nourris ad
libitum. En milieu des périodes nocturne et diurne,
l’ingestion des lapins AL1 est réduite. Ces repos
alimentaires sont cohérents avec les observations de
Prud’hon et al. (1975) réalisées sur des animaux du
même âge. La répartition nycthémérale des
consommations, présentant deux périodes de
consommation, l’une en fin de nuit/début de journée
et l’autre plus importante en fin de journée/début de
nuit, a déjà été mise en évidence, pour des lapins de 6
semaines, par Horton et al. (1974) puis par Jolivet et
al. (1983).
2.2. Performances zootechniques
Les effets obtenus sur les paramètres observés des
deux facteurs sont similaires au cours des deux essais.
Toutefois, les résultats n’ont pas été cumulés, car pour
certains paramètres de l’ingestion ou de l’indice de
consommation, nous détectons une interaction
significative entre l’effet de l’essai et un des deux
autres facteurs étudiés.
La restriction alimentaire réellement appliquée,
respectivement 71 et 69 % pour l’essai 1 puis 2, est
plus sévère que la restriction théorique de 75 %. Cette
différence s’explique par la modalité de calcul du
rationnement En effet, l’ingestion moyenne (sur 2 à
3j.) du lot AL1 sert de base de calcul à la quantité
distribuée aux lots R1, R13 et AL13 pour la période
suivante ce qui crée un décalage. Par ailleurs, afin
d’éviter les refus, les lapins AL13 ingèrent en
moyenne 5 % de moins par jour que les témoins, alors
que les deux lots rationnés ingèrent la même quantité :
84g en moyenne sur la période de rationnement, quel
que soit l’essai.
Tableau 2 : Influence du niveau d'alimentation et du mode de distribution sur la croissance et la consommation
du lapin de chair en période de rationnement, de 28 à 51 j
Niveau
d’alimentation
AL
R
Essai 1 (n=200)
Poids au sevrage, g
658
Poids en fin de rationnement, g
1835
Croissance, g/j
51,1
Ingestion, g/j
118
Indice de consommation
2,31
Essai 2 (n=120)
Poids au sevrage, g
647
Poids en fin de rationnement, g
1895
Croissance, g/j
51,8
Ingestion, g/j
121
Indice de consommation
2,34
Nombre de
distributions
1
13
CVr
Pr > F
Distrib. Niv. Al.
Inter.
658
1515
37,4
84
2,25
658
1673
44,2
102
2,30
657
1670
44,2
100
2,25
4,6
10,4
3,6
2,6
3,7
NS
NS
NS
0,08
0,08
NS
<0,001
<0,001
<0,001
0,028
NS
NS
0,006
<0,001
NS
646
1576
39,4
84
2,15
647
1742
45,6
104
2,28
646
1731
45,6
101
2,21
4,6
12,2
3,8
3,0
3,5
NS
NS
NS
0,014
0,046
NS
<0,001
<0,001
<0,001
<0,001
NS
NS
0,03
0,008
NS
CVr, % = coefficient de variation résiduel ; NS : P > 0,10
Aucune différence significative n’existe entre les
poids au sevrage des différents lots. A 51 jours, les
lapins rationnés ont un poids vif réduit d’en moyenne
17 % par rapport au poids vif des animaux ad libitum.
Lors de l’expérience multi-sites réalisée par Gidenne
et al. (2003), une réduction de poids vif similaire (14 %) en fin de période de rationnement, a été
observée pour un niveau d'ingestion de 70 %.
Précédemment, Perrier (1998) avait souligné une
diminution de plus de 20 % du poids des lapins après
3 semaines d’engraissement dans les mêmes
conditions de rationnement. Dans notre étude, une
interaction significative est observée entre le niveau
de rationnement et le nombre de distribution sur la
vitesse de croissance. En effet, le fractionnement
alimentaire (1 vs 13 repas) diminue la vitesse de
croissance chez les lapins AL tandis qu’il l’augmente
chez les lapins R. Rappelons que le facteur niveau
d’alimentation demeure cependant le plus influant sur
la croissance, puisque cette dernière est réduite
d'environ 25% chez les lots R1 et R13. Cet effet du
niveau d’alimentation sur la croissance a déjà été
observé : après un rationnement à 70 %, Perrier
(1998) et Gidenne et al. (2003) observent
respectivement 43 % et 30 % de baisse de la vitesse
de croissance.
L’efficacité
alimentaire
est
significativement
améliorée par une restriction de l’ingestion. En effet,
les essais 1 et 2 montrent respectivement 3 et 10 % de
réduction de l’indice de consommation. Gidenne et al.
(2008) observent des résultats similaires. En
revanche, Gidenne et al. (2003) ne détectent aucun
effet favorable du rationnement, sur ce paramètre,
pendant la période d'ingestion restreinte, mais
seulement lors du retour à l'ingestion libre, en lien
avec un phénomène de croissance compensatrice. Le
fractionnement des distributions quotidiennes tend à
diminuer l’indice de consommation de 2-3 %,
(significatif pour l’essai 2).
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
2.3. Etat sanitaire
Les données concernant la morbidité, la mortalité et
l’index de risque sanitaire ont été cumulées pour les
deux essais réalisés. Les résultats ainsi obtenus sont
présentés dans le tableau 2.
Le niveau d’alimentation n’a pas d’effet significatif
sur la morbidité, la mortalité ou l’index de risque
sanitaire (tableau 2). Ces résultats diffèrent de ceux
obtenus par Gidenne et al. (2003) qui, pour un
rationnement de 30 %, montraient des améliorations
significatives de l’état sanitaire, concernant à la fois la
morbidité, la mortalité et le risque sanitaire,
respectivement de 7,0, 4,8 et 11,8 points par rapport
au lot témoin ad libitum. Cependant, dans notre étude,
l'état sanitaire général était de bon niveau, puisque la
mortalité moyenne était inférieure à 10%, il est donc
plus difficile d'observer un effet "positif" d'un
traitement dans ces conditions. Le nombre de
distributions quotidiennes tend à diminuer le taux de
morbidité observé au sein de l’élevage. En effet, un
fractionnement en 13 fois de la distribution entraine
une réduction de plus de 7 points (19,3 vs 11,9%,
[AL1+R1] vs [AL13+R13]) soit près de 40 %, de la
morbidité par rapport à une alimentation non
fractionnée.
Ce
facteur
n’influence
pas
significativement les deux autres critères sanitaires.
Tableau 3 : Influence des modalités d’alimentation sur l’état sanitaire du troupeau de 320 lapins (essais 1 et 2
cumulés) en période de rationnement, de 28 à 51 j.
Lots
Morbidité*
Mortalité*
Indice de Risque Sanitaire1,*
AL1
15/80
4/80
19/80
AL13
7/80
5/80
12/80
R1
16/80
2/80
18/80
R13
12/80
4/80
16/80
Lots
NS
NS
NS
NS
NS
BELLIER R., GIDENNE T., VERNAY M. et COLIN M., 1995. In vivo
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GIDENNE T., FEUGIER A., JEHL N., ARVEUX P., BOISOT P.,
BRIENS C., CORRENT E., FORTUNE H., MONTESSUY S. et
VERDELHAN S., 2003. Un rationnement alimentaire
quantitatif post-sevrage permet de réduire la fréquence
des diarrhées, sans dégradation importante des
performances de croissance : résultats d'une étude multi-
NS
Inter.
NS
NS
NS
1
*: nombre de cas rapporté à l’effectif initial (à 28j.) de lapins. IRS = (morbidité + mortalité); NS : P > 0,15
Conclusion
Le profil d’ingestion des lapins rationnés à 75 % de
l’ingéré volontaire a montré que ceux-ci ingèrent leur
ration en environ 10 heures. De plus, cette étude
montre qu’une ingestion régulière de l’aliment au
cours de la journée tend à améliorer l’état sanitaire du
troupeau par la diminution du taux de morbidité. Cette
information mériterait d'être confirmée sur des
effectifs plus importants, car cela permettrait
d'optimiser les programmes alimentaires du lapin en
croissance pour des installations équipées de chaînes
de distribution automatique d'aliment.
Remerciements
Le personnel technique de l’UMR TANDEM (INRA
Toulouse) est remercié pour son appui, en particulier
pour les soins apportés aux animaux par Patrick
Aymard, André Lapanouse, Jean et Jacques De
Dapper.
Références
NS
Pr > F
Niv. Al. Distrib.
NS
0,056
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13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Interaction entre la stratégie de restriction et la concentration énergétique
de l'aliment : impact sur la croissance et la santé du lapin. Premiers résultats.
T. GIDENNE, P. AYMARD, C. BANNELIER, S. COMBES, L. LAMOTHE
INRA, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et Métabolisme, F-31326 Castanet-Tolosan,
France; 2 Université de Toulouse, INPT ENSAT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et
Métabolisme, F-31326 Castanet-Tolosan, France; 3 ENVT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion
Ecosystème et Métabolisme, F-31076 Toulouse, France.
Résumé – Nous avons étudié l'effet d’une restriction de l'ingestion (-20% de l'ingestion libre, entre 35 à 63j
d'âge) combiné à celui de la concentration énergétique de l'aliment (2320 vs 2690 kcal ED/kg, sans modification
du taux de fibres) sur la consommation, la croissance, l’efficacité alimentaire et la santé digestive dans un
schéma expérimental factoriel 2 X 2 (4 lots de 85 lapins en cages collectives de 5). Il n’y a pas d’interaction
entre la restriction et la concentration énergétique, quels que soient les paramètres étudiés. La réduction de
l'ingestion est moins marquée en proportion que la hausse de la concentration énergétique, entraînant un ingéré
énergétique supérieur de 8,7% entre 35 et 70j pour les lapins non rationnés. Entre 63 et 70j, après retour à une
ingestion libre, les animaux précédemment restreints présentent une très forte croissance compensatrice (73,5 vs
48,7 g/j, P<0,01) et ont un poids vif à 70j. seulement 3,0% plus bas que ceux nourris à volonté (2671 vs 2752g
P<0,01). L'élévation de la concentration énergétique réduit cet écart à 1,1% (P=0,10). Sur les 5 semaines
d'élevage, l'indice de consommation des animaux rationnés est inférieur: 2,39 vs 2,75 (P<0,01), et l'élévation de
la concentration énergétique le réduit encore (2,43 vs 2,70). Durant les 2 semaines post-sevrage, la mortalité est
réduite sous l'effet du rationnement (11,8 vs 3,5%; P=0,03). A l'inverse, entre 49 et 63j. d'âge, le rationnement
n'a pas d'effet significatif sur la mortalité, tandis que la hausse de la concentration énergétique a un effet
défavorable (23,0 vs 12,4%, P=0,017). Durant le rationnement, entre 35 et 63j., seul l'effet de la restriction reste
favorable pour la mortalité (18,2% vs 30,0%, P<0,01). En conclusion, l'élévation de la concentration
énergétique, sans modification du taux de fibres, a permis de réduire les effets négatifs du rationnement sur la
croissance et a amélioré l'efficacité alimentaire, mais a détérioré les paramètres sanitaires.
Abstract - Interaction between the energetic feed concentration and the restriction strategy - impact on
feeding behaviour, growth and health of the rabbit. The effect of restricted intake (-20% of ad-libitum,
between 35 to 63d old) combined with the energy concentration (2320 vs 2690 kcal DE/kg, without changing the
fibre level) was studied in a factorial experimental design (2 X 2) on 4 groups of 85 rabbits housed in cages of 5
(17 cages per group). The restriction does not interfere with the feed energy concentration whatever parameters:
intake, growth, feed efficiency, digestive health. The intake reduction is proportionally lower than the increase in
DE level, and resulted in an 8.7% higher energy intake between 35 and 70d. for rabbits not restricted. Between
63 and 70d. (free intake for all groups), restricted animals have a very strong compensatory growth: on average
73.5 vs. 48.7 g/d; and at 70d. restricted rabbits weighed only 3.0% less than those fed ad-libitum (2671 vs
2752g). The increase in dietary DE reduced this difference in the final live weight at 1.1% (P = 0.10). For the 5
weeks of rearing, the feed conversion index of restricted rabbits was lower: 2.39 vs. 2.75 (P <0.01), and the
increase in DE concentration further reduced the values (2.43 vs 2.70). During the 2 weeks post-weaning
mortality was reduced by the feed restriction (11.8 vs 3.5%, P = 0.03). Between 49 and 63 d. old, the restriction
had no significant impact on mortality, whereas the increased in DE concentration has a negative effect (23.0 vs.
12.4%, P = 0.017). During restriction (35-63d.), only the restriction had a favourable effect on mortality (18.2%
vs 30.0%, P <0.01). In conclusion, increasing the concentration of energy, without changing the rate of fiber,
reduced the negative effects of restriction on growth and feed efficiency, but impaired the health parameters.
Introduction
La réduction forcée du niveau d'ingestion favorise la
résistance aux troubles digestifs, et améliore
l'efficacité alimentaire chez le lapin en croissance
(Gidenne et al., 2009). Néanmoins, les résultats
antérieurs font état de variations non négligeables
dans l'ampleur des effets, par exemple selon la
composition chimique de l'aliment, ou selon la durée
d'adaptation au régime restreint (Foubert et al., 2008;
Gidenne et al., 2008). Ainsi, le niveau d'ingestion est
il seul en cause ou est-il combiné avec un effet de la
quantité d'énergie ingérée? Est il possible de
compenser la réduction de la croissance lors du
rationnement, par un ingéré énergétique plus élevé?
Afin de répondre à ces questions, notre étude porte
sur l'incidence de la concentration énergétique de
l'aliment sur la croissance, la consommation et la
santé du lapin soumis ou non à une restriction de son
ingestion. Pour dissocier, l'effet du niveau d'ingestion
de celui de la concentration énergétique, un schéma
expérimental factoriel 2 X 2 a été employé. De plus,
par rapport à l'étude menée par le GEC en 2002
(Gidenne et al., 2009), la période de restriction est ici
plus longue (4 semaines) et avec un retour à une
alimentation libre sans transition.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
1. Matériel et méthodes
1.1. Alimentation et conditions expérimentales
Deux aliments expérimentaux ont été formulés, sans
anticoccidien ni antibiotique, pour répondre aux
recommandations nutritionnelles courantes pour le
lapin en croissance (Gidenne, 2000).
Tableau 1: Composition des aliments expérimentaux
Ingrédients, g/kg brut
Témoin
Energie
Orge
115
60
Blé tendre
115
60
Tourteau de tournesol
160
140
Tourteau de soja
40
115
Pulpes de betterave
100
100
Paille de blé
68
63
Luzerne déshydratée
190
190
Son fin de blé
190
190
Huile végétale
60
Minéraux+ CMV+
22
22
Composition chimique, g/kg brut
Matière Azotée Totale
148
164
Matière Grasse
24
82
Amidon
164
103
A.D.F.
169
157
N.D.F.
337
345
Protéines digestibles$
106/105* 121/135*
Energie Digestible$,
2340/2104* 2605/2821*
kcal/kg brut
MAD/ED, g/Mcal
45,5/49,9* 46,4/46,9*
$: mesures réalisées entre 49 et 53j. * valeurs moyennes
obtenues ad-libitum vs rationné.
L'aliment "Energie" à plus forte concentration en
énergie digestible "ED", est principalement obtenu
par addition d'huile végétale, en remplacement de
céréales pour aboutir à un rapport matière azotée
digestibles "MAD" sur ED, et à une teneur en fibres
comparables dans les deux aliments (tableau 1).
Un schéma expérimental bifactoriel, à 2x2 niveaux, a
été utilisé, afin de combiner le niveau d'alimentation
"à volonté=100%" vs "80%" (code 100 et 80), et la
concentration énergétique (Témoin vs Energie, écart
de 16% en énergie digestible, tableau 1). Quatre lots
(T100, E100, T80 et E80) de 85 lapins issus de
souches de Grimaud Frères Sélection ont été logés en
cages collectives de 5 (soit 17 cages par lot), dans un
local éclairé de 7h à17h, à l'installation expérimentale
cunicole de l'UMR Tandem.
Pour les lots T80 et E80, l'aliment a été distribué
chaque jour, entre 7h30 et 8h30. Le rationnement a
été appliqué du sevrage (35j.) à 63 jours d'âge, en
comparant l'ingestion réelle des animaux rationnés et
témoins, par périodes de 3 à 4 jours. De 63 à 70j., tous
les lots sont nourris à volonté. Le poids et la
consommation ont été contrôlés chaque semaine. Les
mesures de digestibilité ont été effectuées selon la
méthode du groupe EGRAN (Perez et al., 1995) sur 4
groupes supplémentaires de 8 lapins, logés en cage
individuelle à métabolisme entre 42 et 46 jours d'âge.
1.2. Analyses statistiques
L'analyse statistique des variables continues a été
réalisée, pour les lapins non morbides, par analyse de
variance (procédure GLM logiciel SAS) en prenant en
compte le niveau alimentaire, le niveau d’énergie de
la ration et leur interaction comme effets fixés. Les
paramètres sanitaires ont fait l'objet d'une analyse
catégorielle (procédure CATMOD, SAS) avec les
mêmes facteurs, et aussi avec le facteur lot (4
niveaux). Pour faciliter la lecture des tableaux, les
valeurs moyennes ont été présentées en fonction du
lot, et les probabilités en fonction des 2 facteurs.
Tableau 2. Ingestion et indice de consommation des lapins* en fonction du niveau d'alimentation (100% ou
80%) et de la concentration énergétique de l'aliment (Témoin ou Energie).
Lot
T100
Consommation, g/j/lapin
de 35 à 49 jours
112,7
de 49 à 63 jours
140,7
de 35 à 63 jours
125,6
de 63 à 70 jours
152,0
de 35 à 70 jours
130,1
Indice de consommation
de 35 à 49 jours
2,31
de 49 à 63 jours
3,01
de 35 à 63 jours
2,83
de 63 à 70 jours
3,15
de 35 à 70 jours
2,85
CVr%
NA
Pr > F**
ED
NA x ED
T80
E100
E80
87,0
112,1
99,1
163,4
113,1
106,6
125,2
112,4
156,1
126,9
81,6
104,4
92,3
148,9
103,2
13,0
18,1
14,7
20,7
12,0
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
0,070
0,040
0,011
NS
0,064
NS
NS
NS
NS
NS
2,28
3,00
2,66
2,30
2,55
2,03
2,71
2,44
3,15
2,64
1,99
2,88
2,41
2,11
2,24
8,7
20,8
10,2
29,4
13,4
NS
NS
0,10
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
NS
<0,01
NS
NS
NS
NS
NS
* mesures sur les lapins non morbides, logés en cages collectives de 5 (17 cages par lot); **: NA=Niveau alimentaire =
[T100+E100] vs [T80+E80]; **: ED=Energie Digestible = [E100+E80] vs [T100+E100]; NS : P>0,15.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau 3. Croissance des lapins* selon le niveau d'alimentation et la concentration énergétique de l'aliment.
Lot
T100
Poids vif, g
Sevrage (35j.)
1060
49 jours
1717
63 jours
2352
70jours
2724
Vitesse de croissance, g/j
de 35 à 49 jours
49,6
de 49 à 63 jours
46,8
de 35 à 63 jours
45,7
de 63 à 70 jours
49,2
de 35 à 70 jours
46,4
Pr > F**
CVr% Nivea
u
T80
E100
E80
1059
1588
2100
2650
1060
1787
2405
2787
1060
1628
2139
2693
10,7
13,0
11,6
9,3
38,7
38,6
37,8
73,9
44,8
53,5
47,8
48,6
48,0
48,3
41,4
37,1
38,3
73,1
45,8
22,6
24,2
18,7
24,2
13,9
En.Dig
NA x ED
NS
<0,01
<0,01
<0,01
NS
0,03
NS
0,10
NS
NS
NS
NS
<0,01
<0,01
<0,01
<0,01
0,014
<0,01
NS
0,10
NS
0,084
NS
NS
NS
NS
NS
* mesures individuelles sur lapins non morbides, élevés en cages collectives de 5 animaux (17 cages par lot, soit un total de
85 lapins par lot); NS : P>0,15.
Tableau 4. Paramètres sanitaires, selon le niveau d’alimentation et la concentration énergétique de l'aliment.
Lot
T100
T80
Période 35 à 49 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
12/85a
5/85ab
Morbidité, (n/ni)
14/85
12/85
IRS, (n/ni)
22/85
17/85
Période 49 à 63 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
10/73
9/80
Morbidité, (n/ni)
12/73
15/80
IRS, (n/ni)
22/73
24/80
Période 35 à 63 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
22/85ab 14/85a
Morbidité, (n/ni)
20/85
22/85
IRS, (n/ni)
42/85
36/85
Période 63 à 70 j. d’âge , ingestion à volonté
Mortalité, (n/ni)
0/63
0/71
Morbidité, (n/ni)
0/63
0/71
IRS, (n/ni)
0/63
0/71
Période totale : de 35-70 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
22/85ab 14/85a
Morbidité, (n/ni)
20/85
22/85
IRS, (n/ni)
42/85
36/85
E100
E80
Pr > F
Lot
8/85a
10/85
18/85
1/85b
12/85
13/85
0,045
NS
NS
<0,01
NS
NS
0,079
NS
NS
NS
NS
NS
NA
Pr > F
ED
NA x ED
21/77
12/77
33/77
16/84
23/84
39/84
0,053
NS
0,062
NS
0,13
NS
0,017
NS
<0,01
NS
NS
NS
29/85b
16/85
45/85
17/85a
31/85
48/85
0,044
0,066
NS
0,012
0,040
NS
NS
NS
0,103
NS
0,12
NS
1/56
1/56
2/56
2/68
0/68
2/68
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
30/85b
16/85
46/85
19/85ab
31/85
50/85
0,042
0,066
NS
0,018
0,040
NS
0,11
NS
0,050
NS
0,12
NS
n: nombre de cas ; ni : nombre initial d’individus (85 lapins par lot); NS: P>0,15 ; a, b: les valeurs intra-lot, avec une lettre en
commun ne diffèrent pas au seuil P=0,05. IRS : index de risque sanitaire: cumul de la mortalité et de la morbidité.
2. Résultats et discussion
Il n’existe pas d’interaction significative entre le
niveau d'alimentation et la concentration en ED de
l'aliment pour chacun des paramètres étudiés
(tableaux 2, 3 et 4).
2.1. Ingestion et croissance
Chez l'animal nourri à volonté, l'impact de la
concentration énergétique sur la réduction de
l'ingestion est significatif mais peu marqué dans les 2
semaines qui suivent le sevrage (écart moyen de 5,4%
entre l'aliment T et Energie, 112,7 vs 106,6 g/j), mais
s'accentue entre 49 et 63 jours d'âge (écart moyen de
11% entre T et Energie, 140,7 vs 125,2 g/j). Ainsi,
lors de la substitution d'amidon par des lipides, le
niveau d'ingestion n'est plus directement corrélé à la
concentration en ED de l'aliment: le lapin réduit
modérément son ingestion par rapport à la hausse de
11% de concentration en énergie digestible. De plus,
cette régulation semble dépendre également de l'âge
de l'animal. Fortun-Lamothe et al. (2005) avaient
obtenus des résultats similaires dans une étude
multisites du GERC. La stratégie de substitution
d'amidon par des lipides, sans modifier la
concentration en fibre, permet donc un ingéré d'ED
supérieur: 304kcal/j entre 35 et 70 jours d'âge pour le
lot T100, et 331kcal/j pour le lot E100 (+8,7%).
Entre 35 et 63 jours d'âge, la stratégie de baisse de
20% du niveau alimentaire a été atteinte que ce soit
avec l'aliment Témoin (125,6 vs 99,1 g/j, tableau 2)
ou Energie (112,4 vs 92,3 g/j). Les animaux restreints
ont en moyenne ingéré la totalité de la ration en moins
de 8 heures, à partir du 5ème jour de rationnement.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Lors du retour à l'alimentation libre (63-70j.) l'écart
de consommation entre les aliments n'est plus
significatif (tableau 2). Ainsi, les lapins auparavant
restreints et nourris avec l'aliment témoin augmentent
leur ingestion de 45% lors du retour à l'alimentation
libre (vs 8,5% pour le lot T100, de63 à 70j.), tandis
que ceux nourris avec l'aliment énergétique
augmentent leur consommation de près de 60% (vs
+25% pour le lot E100). Pour la période totale
d'engraissement (35-70j.), l'écart moyen d'ingestion
entre les 2 aliments est donc assez faible (121,6 vs
114,7 g/j ; P=0,064).
Ainsi que démontré à plus large échelle (Gidenne et
al., 2009), après 2 semaines de restriction, le poids est
réduit de manière similaire avec l'aliment Témoin ou
Energie, soit un écart moyen de 8,3% (1752 vs
1608g). En parallèle, les lapins nourris avec l'aliment
Energie présentent un poids plus élevé, soit un écart
moyen de +3,3% (1704 vs 1650g). Ainsi, entre 35 et
49jours d'âge, la vitesse croissance atteint 51,5 g/j en
moyenne pour les lapins nourris à volonté, comparé à
40,0 g/j chez les animaux restreints, soit une réduction
de 22% proportionnelle à la restriction appliquée
(20%). Ce résultat a été déjà observé par Gidenne et
al. (2009). Entre 49 et 63 jours d'âge, l'effet du niveau
alimentaire est similaire, tandis que l'effet de la
concentration énergétique devient non significatif.
Lors de la dernière semaine d'élevage, les animaux
restreints (T80+E80) présentent une très forte
croissance compensatrice qui dépasse de moitié celle
des 2 lots non restreints (en moyenne 73,5 vs 48,7
g/j). Ainsi, à l'âge d'abattage (70j), les lapins restreints
ont un poids vif, 3% plus bas que ceux nourris à
volonté (2671 vs 2752g). L'élévation de la
concentration en ED tend à accroitre ce poids de 1,8%
(P=0,10), et donc l'écart avec les animaux Témoins
nourris à volonté (T100) est plus faible (-1,1%).
En conséquence, durant le rationnement (35-63j.)
l'indice de consommation des lots rationnés est
similaire à celui des lots nourris ad-libitum, il tend
néanmoins à être un peu plus élevé chez ces derniers
(2,65 vs 2,53, P=0,10). Puis de 63 à 70 jours, l'indice
de consommation des lots rationnés devient nettement
inférieur : 2,21 vs 3,15 (P<0,01). Sur l'ensemble de la
période d'élevage, l'indice de consommation des
animaux rationnés demeure donc le meilleur : 2,39 vs
2,75 (P<0,01). Par ailleurs, l'élévation de la
concentration énergétique permet d'améliorer l'indice
de consommation pendant le rationnement (35-63j. :
2,42 vs 2,75; P<0,01) et pendant la période totale
(2,43 vs 2,70), ainsi que classiquement observé.
2.2- Paramètres sanitaires
Durant les 2 semaines post-sevrage, la mortalité des
animaux (tableau 4) est réduite sous l'effet du
rationnement (11,8 vs 3,5%; P=0,01), tandis que la
concentration énergétique tendrait à la réduire
également (5,3 vs 10,0% P=0,079). Concernant, la
morbidité ou l'IRS aucun effet significatif des 2
facteurs n'est détecté. A l'inverse, entre 49 et 63 jours
d'âge, on observe une absence d'effet du rationnement
sur la mortalité tandis que la hausse de la
concentration énergétique (sans modification du taux
de fibres) a un effet défavorable sur la mortalité (23,0
vs 12,4%, P=0,017) et l'IRS (44,7 vs 36,7%, P<0,01).
Sur l'ensemble de la période de rationnement (35-63j.)
seul l'effet de la restriction reste favorable pour la
mortalité (18,2% vs 30,0%, P<0,01), mais est
défavorable sur la morbidité (31,2 vs 21,2%, P=0,04).
Ces effets sont similaires sur la période expérimentale
totale, sachant que la mortalité et la morbidité sont
très faibles durant la dernière semaine d'élevage. Sur
un effectif beaucoup plus important et dans deux
étude concertée multi-sites (groupe GEC), un effet
favorable du rationnement sur la mortalité a été
observé, mais qui ne persistait pas durant le retour à
l'alimentation libre (Gidenne et al., 2008, 2009).
Conclusion
La réduction de 20% de l'ingestion durant les 4
semaines suivant le sevrage, entraîne une baisse
proportionnelle de vitesse de croissance qui est
presque totalement compensée par une intense
croissance lors du retour à l'alimentation à volonté. La
réduction de l'ingestion a permis de réduire la
mortalité durant la période de rationnement.
L'élévation de la concentration énergétique, sans
modification du taux de fibres, permet de réduire les
effets négatifs du rationnement sur la croissance et
améliore l'efficacité alimentaire, mais détériore les
paramètres sanitaires. Ce dernier point mériterait
d'être confirmé sur un effectif plus élevé d'animaux.
Références
FORTUN-LAMOTHE L, LACANAL L, BOISOT P, JEHL N, ARVEUX A,
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alimentaire autour du sevrage sur les performances de
reproduction des lapines et la santé des lapereaux : effets
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