Interaction entre la stratégie de restriction et la concentration

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Interaction entre la stratégie de restriction et la concentration
Interaction entre la stratégie de restriction et la concentration énergétique
de l'aliment : impact sur la croissance et la santé du lapin. Premiers résultats.
T. GIDENNE, P. AYMARD, C. BANNELIER, S. COMBES, L. LAMOTHE
INRA, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et Métabolisme, F-31326 Castanet-Tolosan,
France; 2 Université de Toulouse, INPT ENSAT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion Ecosystème et
Métabolisme, F-31326 Castanet-Tolosan, France; 3 ENVT, UMR1289 Tissus Animaux Nutrition Digestion
Ecosystème et Métabolisme, F-31076 Toulouse, France.
Résumé – Nous avons étudié l'effet d’une restriction de l'ingestion (-20% de l'ingestion libre, entre 35 à 63j
d'âge) combiné à celui de la concentration énergétique de l'aliment (2320 vs 2690 kcal ED/kg, sans modification
du taux de fibres) sur la consommation, la croissance, l’efficacité alimentaire et la santé digestive dans un
schéma expérimental factoriel 2 X 2 (4 lots de 85 lapins en cages collectives de 5). Il n’y a pas d’interaction
entre la restriction et la concentration énergétique, quels que soient les paramètres étudiés. La réduction de
l'ingestion est moins marquée en proportion que la hausse de la concentration énergétique, entraînant un ingéré
énergétique supérieur de 8,7% entre 35 et 70j pour les lapins non rationnés. Entre 63 et 70j, après retour à une
ingestion libre, les animaux précédemment restreints présentent une très forte croissance compensatrice (73,5 vs
48,7 g/j, P<0,01) et ont un poids vif à 70j. seulement 3,0% plus bas que ceux nourris à volonté (2671 vs 2752g
P<0,01). L'élévation de la concentration énergétique réduit cet écart à 1,1% (P=0,10). Sur les 5 semaines
d'élevage, l'indice de consommation des animaux rationnés est inférieur: 2,39 vs 2,75 (P<0,01), et l'élévation de
la concentration énergétique le réduit encore (2,43 vs 2,70). Durant les 2 semaines post-sevrage, la mortalité est
réduite sous l'effet du rationnement (11,8 vs 3,5%; P=0,03). A l'inverse, entre 49 et 63j. d'âge, le rationnement
n'a pas d'effet significatif sur la mortalité, tandis que la hausse de la concentration énergétique a un effet
défavorable (23,0 vs 12,4%, P=0,017). Durant le rationnement, entre 35 et 63j., seul l'effet de la restriction reste
favorable pour la mortalité (18,2% vs 30,0%, P<0,01). En conclusion, l'élévation de la concentration
énergétique, sans modification du taux de fibres, a permis de réduire les effets négatifs du rationnement sur la
croissance et a amélioré l'efficacité alimentaire, mais a détérioré les paramètres sanitaires.
Abstract - Interaction between the energetic feed concentration and the restriction strategy - impact on
feeding behaviour, growth and health of the rabbit. The effect of restricted intake (-20% of ad-libitum,
between 35 to 63d old) combined with the energy concentration (2320 vs 2690 kcal DE/kg, without changing the
fibre level) was studied in a factorial experimental design (2 X 2) on 4 groups of 85 rabbits housed in cages of 5
(17 cages per group). The restriction does not interfere with the feed energy concentration whatever parameters:
intake, growth, feed efficiency, digestive health. The intake reduction is proportionally lower than the increase in
DE level, and resulted in an 8.7% higher energy intake between 35 and 70d. for rabbits not restricted. Between
63 and 70d. (free intake for all groups), restricted animals have a very strong compensatory growth: on average
73.5 vs. 48.7 g/d; and at 70d. restricted rabbits weighed only 3.0% less than those fed ad-libitum (2671 vs
2752g). The increase in dietary DE reduced this difference in the final live weight at 1.1% (P = 0.10). For the 5
weeks of rearing, the feed conversion index of restricted rabbits was lower: 2.39 vs. 2.75 (P <0.01), and the
increase in DE concentration further reduced the values (2.43 vs 2.70). During the 2 weeks post-weaning
mortality was reduced by the feed restriction (11.8 vs 3.5%, P = 0.03). Between 49 and 63 d. old, the restriction
had no significant impact on mortality, whereas the increased in DE concentration has a negative effect (23.0 vs.
12.4%, P = 0.017). During restriction (35-63d.), only the restriction had a favourable effect on mortality (18.2%
vs 30.0%, P <0.01). In conclusion, increasing the concentration of energy, without changing the rate of fiber,
reduced the negative effects of restriction on growth and feed efficiency, but impaired the health parameters.
Introduction
La réduction forcée du niveau d'ingestion favorise la
résistance aux troubles digestifs, et améliore
l'efficacité alimentaire chez le lapin en croissance
(Gidenne et al., 2009). Néanmoins, les résultats
antérieurs font état de variations non négligeables
dans l'ampleur des effets, par exemple selon la
composition chimique de l'aliment, ou selon la durée
d'adaptation au régime restreint (Foubert et al., 2008;
Gidenne et al., 2008). Ainsi, le niveau d'ingestion est
il seul en cause ou est-il combiné avec un effet de la
quantité d'énergie ingérée? Est il possible de
compenser la réduction de la croissance lors du
rationnement, par un ingéré énergétique plus élevé?
Afin de répondre à ces questions, notre étude porte
sur l'incidence de la concentration énergétique de
l'aliment sur la croissance, la consommation et la
santé du lapin soumis ou non à une restriction de son
ingestion. Pour dissocier, l'effet du niveau d'ingestion
de celui de la concentration énergétique, un schéma
expérimental factoriel 2 X 2 a été employé. De plus,
par rapport à l'étude menée par le GEC en 2002
(Gidenne et al., 2009), la période de restriction est ici
plus longue (4 semaines) et avec un retour à une
alimentation libre sans transition.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
1. Matériel et méthodes
1.1. Alimentation et conditions expérimentales
Deux aliments expérimentaux ont été formulés, sans
anticoccidien ni antibiotique, pour répondre aux
recommandations nutritionnelles courantes pour le
lapin en croissance (Gidenne, 2000).
Tableau 1: Composition des aliments expérimentaux
Ingrédients, g/kg brut
Témoin
Energie
Orge
115
60
Blé tendre
115
60
Tourteau de tournesol
160
140
Tourteau de soja
40
115
Pulpes de betterave
100
100
Paille de blé
68
63
Luzerne déshydratée
190
190
Son fin de blé
190
190
Huile végétale
60
Minéraux+ CMV+
22
22
Composition chimique, g/kg brut
Matière Azotée Totale
148
164
Matière Grasse
24
82
Amidon
164
103
A.D.F.
169
157
N.D.F.
337
345
Protéines digestibles$
106/105* 121/135*
Energie Digestible$,
2340/2104* 2605/2821*
kcal/kg brut
MAD/ED, g/Mcal
45,5/49,9* 46,4/46,9*
$: mesures réalisées entre 49 et 53j. * valeurs moyennes
obtenues ad-libitum vs rationné.
L'aliment "Energie" à plus forte concentration en
énergie digestible "ED", est principalement obtenu
par addition d'huile végétale, en remplacement de
céréales pour aboutir à un rapport matière azotée
digestibles "MAD" sur ED, et à une teneur en fibres
comparables dans les deux aliments (tableau 1).
Un schéma expérimental bifactoriel, à 2x2 niveaux, a
été utilisé, afin de combiner le niveau d'alimentation
"à volonté=100%" vs "80%" (code 100 et 80), et la
concentration énergétique (Témoin vs Energie, écart
de 16% en énergie digestible, tableau 1). Quatre lots
(T100, E100, T80 et E80) de 85 lapins issus de
souches de Grimaud Frères Sélection ont été logés en
cages collectives de 5 (soit 17 cages par lot), dans un
local éclairé de 7h à17h, à l'installation expérimentale
cunicole de l'UMR Tandem.
Pour les lots T80 et E80, l'aliment a été distribué
chaque jour, entre 7h30 et 8h30. Le rationnement a
été appliqué du sevrage (35j.) à 63 jours d'âge, en
comparant l'ingestion réelle des animaux rationnés et
témoins, par périodes de 3 à 4 jours. De 63 à 70j., tous
les lots sont nourris à volonté. Le poids et la
consommation ont été contrôlés chaque semaine. Les
mesures de digestibilité ont été effectuées selon la
méthode du groupe EGRAN (Perez et al., 1995) sur 4
groupes supplémentaires de 8 lapins, logés en cage
individuelle à métabolisme entre 42 et 46 jours d'âge.
1.2. Analyses statistiques
L'analyse statistique des variables continues a été
réalisée, pour les lapins non morbides, par analyse de
variance (procédure GLM logiciel SAS) en prenant en
compte le niveau alimentaire, le niveau d’énergie de
la ration et leur interaction comme effets fixés. Les
paramètres sanitaires ont fait l'objet d'une analyse
catégorielle (procédure CATMOD, SAS) avec les
mêmes facteurs, et aussi avec le facteur lot (4
niveaux). Pour faciliter la lecture des tableaux, les
valeurs moyennes ont été présentées en fonction du
lot, et les probabilités en fonction des 2 facteurs.
Tableau 2. Ingestion et indice de consommation des lapins* en fonction du niveau d'alimentation (100% ou
80%) et de la concentration énergétique de l'aliment (Témoin ou Energie).
Lot
T100
Consommation, g/j/lapin
de 35 à 49 jours
112,7
de 49 à 63 jours
140,7
de 35 à 63 jours
125,6
de 63 à 70 jours
152,0
de 35 à 70 jours
130,1
Indice de consommation
de 35 à 49 jours
2,31
de 49 à 63 jours
3,01
de 35 à 63 jours
2,83
de 63 à 70 jours
3,15
de 35 à 70 jours
2,85
CVr%
NA
Pr > F**
ED
NA x ED
T80
E100
E80
87,0
112,1
99,1
163,4
113,1
106,6
125,2
112,4
156,1
126,9
81,6
104,4
92,3
148,9
103,2
13,0
18,1
14,7
20,7
12,0
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
0,070
0,040
0,011
NS
0,064
NS
NS
NS
NS
NS
2,28
3,00
2,66
2,30
2,55
2,03
2,71
2,44
3,15
2,64
1,99
2,88
2,41
2,11
2,24
8,7
20,8
10,2
29,4
13,4
NS
NS
0,10
<0,01
<0,01
<0,01
NS
<0,01
NS
<0,01
NS
NS
NS
NS
NS
* mesures sur les lapins non morbides, logés en cages collectives de 5 (17 cages par lot); **: NA=Niveau alimentaire =
[T100+E100] vs [T80+E80]; **: ED=Energie Digestible = [E100+E80] vs [T100+E100]; NS : P>0,15.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Tableau 3. Croissance des lapins* selon le niveau d'alimentation et la concentration énergétique de l'aliment.
Lot
T100
Poids vif, g
Sevrage (35j.)
1060
49 jours
1717
63 jours
2352
70jours
2724
Vitesse de croissance, g/j
de 35 à 49 jours
49,6
de 49 à 63 jours
46,8
de 35 à 63 jours
45,7
de 63 à 70 jours
49,2
de 35 à 70 jours
46,4
Pr > F**
CVr% Nivea
u
T80
E100
E80
1059
1588
2100
2650
1060
1787
2405
2787
1060
1628
2139
2693
10,7
13,0
11,6
9,3
38,7
38,6
37,8
73,9
44,8
53,5
47,8
48,6
48,0
48,3
41,4
37,1
38,3
73,1
45,8
22,6
24,2
18,7
24,2
13,9
En.Dig
NA x ED
NS
<0,01
<0,01
<0,01
NS
0,03
NS
0,10
NS
NS
NS
NS
<0,01
<0,01
<0,01
<0,01
0,014
<0,01
NS
0,10
NS
0,084
NS
NS
NS
NS
NS
* mesures individuelles sur lapins non morbides, élevés en cages collectives de 5 animaux (17 cages par lot, soit un total de
85 lapins par lot); NS : P>0,15.
Tableau 4. Paramètres sanitaires, selon le niveau d’alimentation et la concentration énergétique de l'aliment.
Lot
T100
T80
Période 35 à 49 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
12/85a
5/85ab
Morbidité, (n/ni)
14/85
12/85
IRS, (n/ni)
22/85
17/85
Période 49 à 63 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
10/73
9/80
Morbidité, (n/ni)
12/73
15/80
IRS, (n/ni)
22/73
24/80
Période 35 à 63 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
22/85ab 14/85a
Morbidité, (n/ni)
20/85
22/85
IRS, (n/ni)
42/85
36/85
Période 63 à 70 j. d’âge , ingestion à volonté
Mortalité, (n/ni)
0/63
0/71
Morbidité, (n/ni)
0/63
0/71
IRS, (n/ni)
0/63
0/71
Période totale : de 35-70 jours d’âge
Mortalité, (n/ni)
22/85ab 14/85a
Morbidité, (n/ni)
20/85
22/85
IRS, (n/ni)
42/85
36/85
E100
E80
Pr > F
Lot
8/85a
10/85
18/85
1/85b
12/85
13/85
0,045
NS
NS
<0,01
NS
NS
0,079
NS
NS
NS
NS
NS
NA
Pr > F
ED
NA x ED
21/77
12/77
33/77
16/84
23/84
39/84
0,053
NS
0,062
NS
0,13
NS
0,017
NS
<0,01
NS
NS
NS
29/85b
16/85
45/85
17/85a
31/85
48/85
0,044
0,066
NS
0,012
0,040
NS
NS
NS
0,103
NS
0,12
NS
1/56
1/56
2/56
2/68
0/68
2/68
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
NS
30/85b
16/85
46/85
19/85ab
31/85
50/85
0,042
0,066
NS
0,018
0,040
NS
0,11
NS
0,050
NS
0,12
NS
n: nombre de cas ; ni : nombre initial d’individus (85 lapins par lot); NS: P>0,15 ; a, b: les valeurs intra-lot, avec une lettre en
commun ne diffèrent pas au seuil P=0,05. IRS : index de risque sanitaire: cumul de la mortalité et de la morbidité.
2. Résultats et discussion
Il n’existe pas d’interaction significative entre le
niveau d'alimentation et la concentration en ED de
l'aliment pour chacun des paramètres étudiés
(tableaux 2, 3 et 4).
2.1. Ingestion et croissance
Chez l'animal nourri à volonté, l'impact de la
concentration énergétique sur la réduction de
l'ingestion est significatif mais peu marqué dans les 2
semaines qui suivent le sevrage (écart moyen de 5,4%
entre l'aliment T et Energie, 112,7 vs 106,6 g/j), mais
s'accentue entre 49 et 63 jours d'âge (écart moyen de
11% entre T et Energie, 140,7 vs 125,2 g/j). Ainsi,
lors de la substitution d'amidon par des lipides, le
niveau d'ingestion n'est plus directement corrélé à la
concentration en ED de l'aliment: le lapin réduit
modérément son ingestion par rapport à la hausse de
11% de concentration en énergie digestible. De plus,
cette régulation semble dépendre également de l'âge
de l'animal. Fortun-Lamothe et al. (2005) avaient
obtenus des résultats similaires dans une étude
multisites du GERC. La stratégie de substitution
d'amidon par des lipides, sans modifier la
concentration en fibre, permet donc un ingéré d'ED
supérieur: 304kcal/j entre 35 et 70 jours d'âge pour le
lot T100, et 331kcal/j pour le lot E100 (+8,7%).
Entre 35 et 63 jours d'âge, la stratégie de baisse de
20% du niveau alimentaire a été atteinte que ce soit
avec l'aliment Témoin (125,6 vs 99,1 g/j, tableau 2)
ou Energie (112,4 vs 92,3 g/j). Les animaux restreints
ont en moyenne ingéré la totalité de la ration en moins
de 8 heures, à partir du 5ème jour de rationnement.
13èmes Journées de la Recherche Cunicole, 17-18 novembre 2009, Le Mans, France
Lors du retour à l'alimentation libre (63-70j.) l'écart
de consommation entre les aliments n'est plus
significatif (tableau 2). Ainsi, les lapins auparavant
restreints et nourris avec l'aliment témoin augmentent
leur ingestion de 45% lors du retour à l'alimentation
libre (vs 8,5% pour le lot T100, de63 à 70j.), tandis
que ceux nourris avec l'aliment énergétique
augmentent leur consommation de près de 60% (vs
+25% pour le lot E100). Pour la période totale
d'engraissement (35-70j.), l'écart moyen d'ingestion
entre les 2 aliments est donc assez faible (121,6 vs
114,7 g/j ; P=0,064).
Ainsi que démontré à plus large échelle (Gidenne et
al., 2009), après 2 semaines de restriction, le poids est
réduit de manière similaire avec l'aliment Témoin ou
Energie, soit un écart moyen de 8,3% (1752 vs
1608g). En parallèle, les lapins nourris avec l'aliment
Energie présentent un poids plus élevé, soit un écart
moyen de +3,3% (1704 vs 1650g). Ainsi, entre 35 et
49jours d'âge, la vitesse croissance atteint 51,5 g/j en
moyenne pour les lapins nourris à volonté, comparé à
40,0 g/j chez les animaux restreints, soit une réduction
de 22% proportionnelle à la restriction appliquée
(20%). Ce résultat a été déjà observé par Gidenne et
al. (2009). Entre 49 et 63 jours d'âge, l'effet du niveau
alimentaire est similaire, tandis que l'effet de la
concentration énergétique devient non significatif.
Lors de la dernière semaine d'élevage, les animaux
restreints (T80+E80) présentent une très forte
croissance compensatrice qui dépasse de moitié celle
des 2 lots non restreints (en moyenne 73,5 vs 48,7
g/j). Ainsi, à l'âge d'abattage (70j), les lapins restreints
ont un poids vif, 3% plus bas que ceux nourris à
volonté (2671 vs 2752g). L'élévation de la
concentration en ED tend à accroitre ce poids de 1,8%
(P=0,10), et donc l'écart avec les animaux Témoins
nourris à volonté (T100) est plus faible (-1,1%).
En conséquence, durant le rationnement (35-63j.)
l'indice de consommation des lots rationnés est
similaire à celui des lots nourris ad-libitum, il tend
néanmoins à être un peu plus élevé chez ces derniers
(2,65 vs 2,53, P=0,10). Puis de 63 à 70 jours, l'indice
de consommation des lots rationnés devient nettement
inférieur : 2,21 vs 3,15 (P<0,01). Sur l'ensemble de la
période d'élevage, l'indice de consommation des
animaux rationnés demeure donc le meilleur : 2,39 vs
2,75 (P<0,01). Par ailleurs, l'élévation de la
concentration énergétique permet d'améliorer l'indice
de consommation pendant le rationnement (35-63j. :
2,42 vs 2,75; P<0,01) et pendant la période totale
(2,43 vs 2,70), ainsi que classiquement observé.
2.2- Paramètres sanitaires
Durant les 2 semaines post-sevrage, la mortalité des
animaux (tableau 4) est réduite sous l'effet du
rationnement (11,8 vs 3,5%; P=0,01), tandis que la
concentration énergétique tendrait à la réduire
également (5,3 vs 10,0% P=0,079). Concernant, la
morbidité ou l'IRS aucun effet significatif des 2
facteurs n'est détecté. A l'inverse, entre 49 et 63 jours
d'âge, on observe une absence d'effet du rationnement
sur la mortalité tandis que la hausse de la
concentration énergétique (sans modification du taux
de fibres) a un effet défavorable sur la mortalité (23,0
vs 12,4%, P=0,017) et l'IRS (44,7 vs 36,7%, P<0,01).
Sur l'ensemble de la période de rationnement (35-63j.)
seul l'effet de la restriction reste favorable pour la
mortalité (18,2% vs 30,0%, P<0,01), mais est
défavorable sur la morbidité (31,2 vs 21,2%, P=0,04).
Ces effets sont similaires sur la période expérimentale
totale, sachant que la mortalité et la morbidité sont
très faibles durant la dernière semaine d'élevage. Sur
un effectif beaucoup plus important et dans deux
étude concertée multi-sites (groupe GEC), un effet
favorable du rationnement sur la mortalité a été
observé, mais qui ne persistait pas durant le retour à
l'alimentation libre (Gidenne et al., 2008, 2009).
Conclusion
La réduction de 20% de l'ingestion durant les 4
semaines suivant le sevrage, entraîne une baisse
proportionnelle de vitesse de croissance qui est
presque totalement compensée par une intense
croissance lors du retour à l'alimentation à volonté. La
réduction de l'ingestion a permis de réduire la
mortalité durant la période de rationnement.
L'élévation de la concentration énergétique, sans
modification du taux de fibres, permet de réduire les
effets négatifs du rationnement sur la croissance et
améliore l'efficacité alimentaire, mais détériore les
paramètres sanitaires. Ce dernier point mériterait
d'être confirmé sur un effectif plus élevé d'animaux.
Références
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