Copie de Mise en page 1

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Copie de Mise en page 1
Garde-robe namuroise
transition Louis XV-XVI, datée 1772
Présentée dans un décor de cuir peint et doré travaillé au repoussé, cette garde-robe est un des sommets de l’ébénisterie namuroise au 18ème siècle. Auparavant, « à Namur comme ailleurs dans
les Pays-Bas, le meuble du 17ème est de style Renaissance ou baroque, dérivé du 16ème, et plus
ou moins évolué selon les régions. Ce meuble du début du 17ème n’est pas très caractéristique dans
le Namurois et ne diffère pas fondamentalement des régions voisines, Liège ou Hainaut, voire
même Lorraine » (Le mobilier..., pp.10-11). Pour des raisons qui sortent du cadre de cette notice,
le 17ème a vécu dans nos régions, et particulièrement à Namur, l’implantation de nombreux couvents, au point que la ville en compte treize à la fin du siècle. L’église des Jésuites (l’actuelle St-Loup)
et St-Joseph, celle des Carmes, sont les deux seules à subsister.
Des influences extérieures diverses
Il a fallu meubler ces églises, notamment de confessionnaux. A St-Joseph il en reste quatre du début
du 17ème, d’un style assez sage inspiré par la Renaissance. A St-Loup par contre, on trouve des
confessionnaux, datables vers 1670, inspirés par le baroque anversois, riche et exubérant, mais
alors inconnu à Namur. Des ébénistes et sculpteurs namurois ont plus que probablement été mis à
contribution pour ce chantier, découvrant ainsi un style nouveau. C’est un jalon important dans
l’évolution du meuble namurois, un autre étant, dans les toutes premières décennies du 18ème s.,
l’arrivée subite du style Louis XIV finissant.
Un nouveau type de meuble
Egalement au début du 18ème s. apparaît la garde-robe. D’un usage plus fonctionnel, elle remplace le coffre pour ranger les vêtements. Ainsi pendus ils ne se froissent pas, on les trouve plus facilement et ils tombent mieux. La garde-robe est, avec le buffet, un
des meubles les plus répandus mais aussi, ils réunissent les principales spécificités du mobilier civil namurois : une forme générale
robuste ouvrant à deux portes, une mouluration puissante, une corniche imposante et des sculptures appliquées, collées. En effet, selon
la charte namuroise des métiers du bois, qui remonte à 1525, la fabrication des meubles était répartie entre les « escriniers » (ébénistes) qui réalisaient le bâti, les panneaux et les moulures et les «
tailleurs d’images » (sculpteurs sur pierre et sur bois) qui réalisaient
le décor proprement dit, qui était donc collé. Enfin, les tourneurs
réalisaient les pieds.
Question de style…
La France étant voisine, il n’est pas surprenant que le goût français
arrive jusqu’à nous, notamment en matière de mobilier. C’est ainsi
que les styles Louis XIV, Régence, Louis XV et Louis XVI ont essaimé
dans nos régions pendant tout le 18ème s., avec plus ou moins d’adaptations. Le passage d’un style à l’autre ne coïncide pas avec
les dates exactes du règne du souverain auquel il se réfère, ces appellations sont des points de repère. De plus, il fallait un certain
temps pour que les modes s’imposent, puis se propagent. En réaction aux lignes droites et au
caractère majestueux du style Louis XIV, la Régence a répondu par un assouplissement des lignes,
cependant que la symétrie était toujours de rigueur. Avec le Louis XV, la fantaisie et l’asymétrie
sont de mise, les formes sont déchiquetées, on a horreur de la ligne droite. Enfin, le Louis XVI
réagit aux excès de la rocaille, une composante du Louis XV et, le goût de l’antique reprenant
suite à la découverte de Pompei en 1748, on revient à la ligne
droite et à la symétrie, des guirlandes remplacent les rocailles,
des cannelures apparaissent, etc.
…et de sculpture
Ce qui frappe d’abord dans la garde-robe de la salle des cuirs,
c’est la délicatesse de sa décoration qui la rend moins massive, moins imposante que ses homologues namuroises. Ensuite, c’est la relative modération de son style Louis XV qui
retient l’attention. Le motif central de l’entablement, avec son
tournesol un peu fané et ses deux roses est certes tout en
courbes avec encore de l’esprit rocaille, mais fort assagi. A la
base de cet élément, la date de fabrication, 1772, figure dans
un cartouche. Plus bas, sous l’architrave, vient une console en
volutes cannelée de laquelle descend une coquille aux courbes régulières. Il en tombe trois guirlandes de feuilles bien droites. Cette partie du décor paraît comme un petit avant-goût du style
Louis XVI. Les autres éléments sculptés sont d’esprit Louis XV, sinueux, rocaille mais aussi tempérés,
surtout dans la décoration des deux portes. La comparaison avec les autres meubles Louis XV du
musée vous le démontrera. Les fleurs et les feuilles sont aussi vraies que nature, taillées avec finesse
par un sculpteur qui, bien qu’inconnu à ce jour, devait sortir du lot.
Aperçu bibliographique :
-Le mobilier civil namurois du XVIIIème siècle, Bruxelles, Crédit communal et S.A.N., 1995
-Les jésuites à Namur, 1610-1773. Mélanges d’histoire et d’art publiés à l’occasion des anniversaires ignatiens, Namur, Presses universitaires de Namur, 1991

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