Efficacité de l`ivermectine dans le traitement des parasites
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Efficacité de l`ivermectine dans le traitement des parasites
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1989, 8 (1), 147-154. Efficacité de l'ivermectine dans le traitement des parasites internes du dromadaire (Camelus dromedarius) B. ROBIN *, K. KÖNIG ** et M.D. ANSTEY *** Résumé : Trois essais ont été réalisés en Egypte, au Maroc et au Niger dans les conditions de la pratique pour évaluer l'efficacité de l'ivermectine sur une gamme importante de nématodes gastro-intestinaux chez les dromadaires. Ces essais ont porté sur 32 dromadaires infestés naturellement ; les dromadaires, groupés par paires, étaient affectés par tirage au sort, soit au groupe traité, soit au groupe témoin en fonction de leur poids. Les animaux traités ont reçu une injection par voie sous-cutanée d'ivermectine solution à 1 %, à la dose de 200 ig par kg, en une seule fois. Les animaux furent abattus de 14 à 29 jours après le traitement et les parasites présents furent prélevés pour numération et identification. L'analyse statistique sur l'ensemble des trois essais réalisée pour chaque parasite a montré des réductions significatives (P < 0,05) des stades adultes d'Ostertagia spp., Haemonchus spp., Trichostrongylus spp., Nematodirus spathiger, Oesophagostomum spp. et Chabertia ovina. Bien que Ton n'ait retrouvé aucun exemplaire de Cooperia spp. chez les animaux traités, l'efficacité vis-à-vis de ce parasite s'est montrée non significative, compte tenu du niveau d'infestation très variable chez les animaux témoins. D'après ces résultats, il est recommandé de traiter les dromadaires au moins deux fois par an par l'ivermectine, une fois pendant l'été et une seconde fois au début de l'hiver. MOTS-CLÉS : Agents antiparasitaires - Anthelminthiques - Dromadaire Ivermectine - Nematodes gastro-intestinaux - Oestres. Le dromadaire vit essentiellement dans les régions arides ou semi-désertiques d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l'Inde. C'est un animal bien adapté à la vie dans ces régions, en raison de son aptitude à produire du lait, de la viande, et autres sous-produits, à partir de ressources naturelles difficilement exploitables. Bien que pareil environnement puisse sembler peu propice à la propagation des parasites, on a dénombré jusqu'à 50 espèces différentes d'helminthes chez le * Merck, Sharp & D o h m e Research Laboratory (MSDRL), 4 3 , rue de Villiers, 92523 Neuilly-surSeine Cedex, France. ** M S D R L , Kathrinenhof, Walchenseestrasse 8-12, 8201 Lauterbach, R F A . *** M S D R L , Hertford Road, Hoddesdon E N l l 9 B U , Herts, Royaume-Uni. 148 dromadaire (3). L'infestation sévit principalement durant la saison des pluies, lorsque l'herbe constitue l'essentiel de l'alimentation des dromadaires. De nombreux anthelminthiques utilisés chez les bovins et les ovins pour la lutte contre les nématodes gastro-intestinaux ont également été éprouvés sur le dromadaire. Dans la plupart de ces études, l'efficacité a été établie en se fondant sur la réduction du nombre d'œufs dans les matières fécales chez les animaux traités par rapport aux animaux témoins (3, 4, 5, 6, 8, 12, 13, 14). L'ivermectine, antiparasitaire à large spectre, a été expérimentée chez la plupart des animaux domestiques et s'est révélée efficace sur une vaste gamme de nématodes et d'arthropodes (2) ; toutefois, seules quelques expérimentations ont été réalisées sur les camélidés (1, 7). En vue d'évaluer l'efficacité de l'ivermectine sur certains nématodes intestinaux majeurs, trois études ont été réalisées, dans le cadre d'essais contrôlés en Egypte, au Maroc et au Niger. MATÉRIELS ET MÉTHODES Trente-deux animaux naturellement infestés ont été utilisés pour ces études, destinées à évaluer l'efficacité de l'ivermectine administrée par voie sous-cutanée, à la dose de 200 /xg par kg de poids vif, sur les nématodes gastro-intestinaux ; la description de ces essais figure au Tableau I. TABLEAU I Détails des essais Lieu d'expérimentation Nombre d'animaux Ivermectine Témoins* Age (années) Sexe Poids (kg) Niger 5 5* Adultes 6 femelles 158-420 Jeunes 4 mâles Maroc 5 5 1,5 à 15 Egypte 6 6 2 à 7,5 Logement Parqués par groupe de traitement à l'extérieur 7 mâles 334-462** Parqués individuellement 3 femelles à l'intérieur 12 mâles 250-800** Parqués individuellement à l'extérieur * Témoins traités avec un placebo. ** Estimation faite selon une formule mise au point par le Corps Vétérinaire de l'Armée des Indes (Anon., 1964). Les dromadaires, groupés par paires, étaient affectés par tirage au sort, soit au groupe traité, soit au groupe témoin en fonction de leur poids. Les animaux traités recevaient une injection sous-cutanée d'ivermectine en solution à 1,0 % (Ivomec * injectable) à la dose unique de 200 /tg/kg de poids vif. * Ivomec : marque déposée de Merck and C o . , Rahway, N . J . , U S A . 149 Les animaux recevaient du fourrage à volonté ainsi qu'un complément d'orge et de fanes de pois (dans deux essais). L'eau était distribuée, soit à volonté, soit à intervalles de 5 à 6 jours. Des échantillons de fèces de chaque animal étaient prélevés avant chaque essai, le jour du traitement (jour 0) et, par la suite, les 7 et 14 jours ainsi que le jour de l'abattage. Les techniques de Stoll et de McMaster ont été utilisées pour les numérations d'œufs de nématodes. e e De 14 à 29 jours après le traitement, les dromadaires étaient abattus et les parasites encore présents étaient prélevés en vue de leur identification et numération. L'abomasum, l'intestin grêle, le gros intestin, les poumons et la trachée étaient prélevés séparément. Après lavage de la muqueuse intestinale, le contenu récolté était tamisé par lavages répétés et ces récoltes ajustées jusqu'à un volume donné par adjonction d'eau. Une partie ou la totalité de la muqueuse de l'abomasum était raclée et digérée par un mélange de pepsine et d'acide chlorhydrique. Dans les essais effectués au Maroc et au Niger, les 6 premiers mètres de l'intestin grêle ont été digérés de la même façon et les digestats ont été formolés en vue de la numération. Les nématodes présents ont été comptés et identifiés soit sur des parties aliquotes soit sur la totalité des contenus. L'identification des espèces a été effectuée lorsque cela était possible en examinant des parties aliquotes. L'arbre trachéo-bronchique a été incisé et examiné pour y déceler la présence de métastrongylidés. Dans les essais réalisés en Egypte et au Niger, les poumons ont été immergés toute une nuit dans une solution saline tiède, afin d'extraire les «strongles» pouvant y subsister. La tête de chaque animal a été incisée longitudinalement et les cavités nasales et les sinus frontaux et ethmoïdaux ont été examinés en vue d'en extraire Cephalopina titillator. Après l'examen nécropsique, les numérations de vers ont été calculées en utilisant une transformation logarithmique (log n + 1). Les moyennes géométriques et les pourcentages d'efficacité dans les groupes traités par rapport aux témoins ont ensuite été calculés. Dans toutes les études, l'analyse statistique des données transformées a été réalisée en utilisant le test t de la variance (11). Lorsque l'un des groupes présentait une variance nulle, celle-ci était remplacée par la valeur de l'autre groupe en vue du calcul de la valeur de t. Les analyses statistiques globales pour chaque parasite ont été effectuées, en utilisant la méthode Friedman (10), à condition que ces parasites aient été identifiés dans au moins deux essais. RÉSULTATS ET DISCUSSION Aucune réaction secondaire attribuable à l'administration du traitement n'a été constatée chez aucun des animaux dans les 4 heures qui ont suivi le traitement. Lors d'un essai (Niger), une réaction inflammatoire a été observée au point d'injection chez certains animaux traités et chez des animaux témoins ayant reçu le placebo : il s'agissait d'une réaction œdémateuse plus ou moins importante du tissu conjonctif sous-cutané qui se résorbait spontanément en trois ou quatre jours. Dans d'autres essais, conduits aux Iles Canaries, en Egypte et en Tunisie, des réactions au point d'injection ont été observées, mais là encore, elles ont rapidement disparu sans nécessiter de traitement et ont été jugées acceptables par les propriétaires des animaux (résultats non publiés). 150 Les comptages d'oeufs des parasites dans les fèces sont présentés au Tableau II. Tous les animaux des groupes témoins présentaient des comptages positifs lors de chaque prélèvement d'échantillon. Les prélèvements réalisés le jour de l'abattage montraient une réduction de 99 % du nombre d'oeufs chez les animaux traités. TABLEAU II Nombre d'œufs de strongles par gramme de fèces (moyennes géométriques*) Témoins Ivermectine à 200 /¿g/kg administrée en une dose unique par voie sous-cutanée % de réduction Avant traitement A l'abattage 520 583 803 5 - 99 * Basées sur la transformation logarithmique (log n + 1) Aucun parasite pulmonaire n'a été mis en évidence à l'examen nécropsique des animaux. Le Tableau III présente les moyennes géométriques, le pourcentage d'efficacité et le seuil de signification obtenus pour chaque parasite et pour chaque essai. Pour les parasites présents dans deux essais au moins, les moyennes géométriques globales, les pourcentages d'efficacité et le seuil de signification sont présentés au Tableau IV. Une réduction significative (P <0,05) de plus de 95 % chez les animaux traités par rapport aux témoins a été constatée vis-à-vis des parasites suivants : Camelostrongylus mentulatus adulte et immature (Maroc), Haemonchus longistipes adulte (Egypte, Niger), Trichostrongylus probolurus (Maroc), Impalaia tuberculata (Niger), Oesophagostomum venulosum (Maroc) et Oesophagostomum columbianum (Niger). Les analyses statistiques globales, réalisées pour chaque parasite, font apparaître des réductions significatives (P <0,05) des formes adultes d'Ostertagia spp., Haemonchus spp., Trichostrongylus spp., Nematodirus spathiger, Oesophagostomum spp. et Chabertia ovina. Bien qu'aucun exemplaire de Cooperia spp. n'ait été mis en évidence chez les animaux traités, l'efficacité vis-à-vis de ce parasite s'est montrée non significative compte tenu des niveaux d'infestation très variables chez les animaux témoins. Des larves de Cephalopina titillator ont été trouvées chez des animaux dans deux essais (Niger et Maroc) ; une efficacité globale de 87,1 % a pu être établie mais, compte tenu du faible nombre de larves présentes, ce résultat n'est pas significatif. En ce qui concerne ce parasite, des expérimentations complémentaires portant sur un nombre important d'animaux devraient être effectuées afin d'évaluer l'efficacité de l'ivermectine, en considérant les résultats obtenus sur Hypoderma spp. et Dermatobia spp. chez les bovins et Oestrus ovis chez les ovins (2). 151 TABLEAU III Efficacité de l'ivermectine administrée par voie sous-cutanée à 200 tig/kg sur les nématodes gastro-intestinaux et les œstres des dromadaires prélevés à Vabattage dans chaque essai Parasite Stade Essai A M I A A A M M E M A A A A A A A A A Camelostrongylus mentulatus C. mentulatus Ostertagia spp. Haemonchus contortus H. longistipes Cooperia spp. Cooperia spp. C. pectinata Trichostrongylus axei T. colubriformis T. colubriformis + probolurus T. probolurus T. vitrinus Impalaia tuberculata Nematodirus spathiger Strongyloides papillosus Oesophagostomum venulosum 0. columbianum Chabertia ovina Trichuris globulosa + T. cameli T. globulosa Cephalopina titillator Moyenne géométrique de la charge Pourcentage parasitaire d'efficacité Témoins Ivermectine 1 589 2,0 99,9 < 0,001 512 12,5 19,6 1,2 1,3 0 0 0 99,7 100 100 100 <0,05 n.s. n.s. n.s. E N M E N M M N E 94,1 2 798 2,9 24,3 1,8 8,1 128,8 4,4 122 0 13,5 0 0 0 0,6 2,4 0,4 0 100 99,5 100 100 100 92,4 98,1 90,2 100 <0,001 <0,01 n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. n.s. < 0,001 A A A A A A M M N M E E 694,8 73,0 609 60,7 1,0 1,5 18,6 0 1,8 0,77 99,9 98,0 96,9 100 28,2 — <0,001 n.s. <0,05 <0,01 n.s. A M 65,7 0 100 <0,01 A A A A N M E E 19,9 2,3 19,1 13,0 0 0 0 14,7 100 100 100 — <0,05 n.s. n.s. A A I I M N N M 44,9 1,8 4,1 2,7 6,1 0 1,0 0 86,5 100 74,5 100 2 > 4 0,66 («nasal bot») A : adulte I : immature E : Egypte M : Maroc n.s. : non significatif N : Niger — — n.s. n.s. n.s. n.s. 152 TABLEAU I V Efficacité globale sur les parasites découverts dans au moins deux essais P a r a S i t e S t a d e d^aXrgï^rtSe Témoins Ostertagia spp. Haemonchus spp. Cooperia spp. Trichostrongylus spp. Nematodirus spathiger Oesophagostomum spp. Chabertia ovina Trichuris spp. Cephalopina titillator A : adulte I : immature A A A A A A A A I V ™¿S¡ ? Ivermectine 15,7 82,6 5,5 57,5 13,6 36,3 7,2 11,2 3,3 0 1,4 0 0,8 0,7 0 0 3,8 0,4 100 98,3 100 98,5 95,1 100 100 66,1 87,1 <0,01 <0,001 n.s. <0,05 <0,05 < 0,001 <0,01 n.s. n.s. n.s. : non significatif Ces études ont permis d'établir que la solution injectable d'ivermectine est cliniquement acceptable lorsqu'elle est administrée au dromadaire par voie souscutanée à la dose unique de 200 ¡xg par kg de poids vif. Elles ont démontré son efficacité dans le traitement des nématodes les plus couramment rencontrés chez le dromadaire en Egypte, au M a r o c et au Niger. Parallèlement à ces études, l'efficacité de l'ivermectine sur Sarcoptes scabiei var. cameli a été amplement démontrée par différents auteurs (7, 9) et à travers nos propres études en Egypte (résultats n o n publiés). Enfin, il est conseillé de traiter le dromadaire au moins deux fois par an avec la solution injectable d'ivermectine, une fois durant la saison sèche afin de réduire la contamination des pâturages, et une autre fois au début de l'hiver afin de lutter contre les infestations de gale sarcoptique, très répandues en cette période de l'année. REMERCIEMENTS Les auteurs remercient : le Professeur Docteur S. Afram Michael, le Professeur Docteur M o h a m e d Refaii, le Docteur Gamal Helmy, le Docteur M a m d o u h Girgis, le Docteur E m a d Adel, le Docteur A h m a d Anwas, en Egypte ; le Docteur A. Dakkak, le Docteur H . Ouhelli au M a r o c et le Docteur P . Tager-Kagan (in memoriam) au Niger qui ont contribué à la réalisation de ces essais ; P . Taranchon (MSDRL, France) pour sa collaboration technique ; Mme M . C . Durette-Desset (Laboratoire de Zoologie, Muséum d'Histoire Naturelle, Paris, France) qui a identifié les espèces Haemonchus et Impalaia. * * * 153 EFICACIA D E L A IVERMECTINA C O N T R A LOS P A R Á S I T O S I N T E R N O S E N D R O M E D A R I O S (CAMELUS DROMEDARIUS). - B . Robin, K. König y M . D . Anstey. Resumen: Se llevaron a cabo tres ensayos en Egipto, Marruecos y Niger, bajo condiciones controladas, para evaluar la eficacia de la ivermectina en dromedarios contra una variedad de nematodos gastrointestinales importantes. Se incluyeron en estos estudios treinta y dos dromedarios infestados naturalmente. Los dromedarios, por parejas, se designaban por sorteo al grupo tratado o al grupo testigo en función de su peso. Los animales tratados recibieron una inyección subcutánea de ivermectina al 1,0% p/v ala dosis única de 200 f-g/kg. Los animales se sacrificaron 14 a 29 días después del tratamiento y los parásitos presentes recuperados para su identificación y enumeración. Los análisis estadísticos de los tres ensayos para cada parásito demostraron reducciones significativas (P < 0,05) de los estadios adultos de Ostertagia spp., Haemonchus spp., Trichostrongylus spp., Nematodirus spathiger, Oesophagostomum spp. y Chabertia ovina. Aunque no se recuperaron Cooperia spp. de los animales tratados la eficacia no fue significativa debido a la variabilidad de la infestación entre los animales testigos. En base a éstos resultados se recomienda que los dromedarios se traten dos veces al año con ivermectina, una vez durante la estación seca y la otra al comienzo del invierno. PALABRAS CLAVE: Agentes antiparasitarios - Antihelmínticos Cephalopina - Dromedario - Ivermectina - Nematodos gastrointestinales. * * * BIBLIOGRAPHIE 1. BOYCE W., KOLLIAS G . , COURTNEY C.H., ALLEN J. & CHALMERS E. (1984). - Efficacy of ivermectin against gastrointestinal nematodes in dromedary. J. Am. vet. med. Ass., 185 (11), 1307-1308. 2. CAMPBELL W.C. (1985). - Ivermectin: an update. 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