Lycée La Découverte de Decazeville E

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Lycée La Découverte de Decazeville E
Lycée La Découverte de Decazeville 2014 ­ 2015 En janvier 2014, l’utilisation du cannabis à des fins médicales est légalisée en France. Cependant, en mars 2015, il n’a toujours pas été commercialisé. De nombreux agents sont engagés dans cette nouveauté du monde médical français. Nous pouvons ainsi élargir le sujet en parlant de l’engagement dans le monde médical et ​
nous demander comment sont accompagnés les malades. En quoi cet accompagnement peut­il être considéré comme un engagement ? Dans un premier temps nous nous intéresserons à la gestion personnelle de la maladie, du traumatisme. Par la suite, nous analyserons le rôle du corps médical dans l’engagement auprès des malades. Pour finir, nous étudierons la place des associations au sein du monde médical. Lorsque la maladie touche un individu celui­ci peut être amené à faire des choix dans les traitements ou le type d’accompagnement proposé. Le traitement, au sens purement médical est indispensable, tant pour atténuer la souffrance physique que pour soigner, mais il est aussi très important de parler avec quelqu’un. Les patients atteints de la sclérose en plaques par exemple pourront bientôt profiter d’un nouveau traitement : “Sativex”. C’est un spray buccal contenant un dérivé du cannabis. Victoria Hutchins, atteinte de nombreux symptômes de la sclérose en plaque va faire partie d’un groupe de sujets d’expérience pour tester le Sativex au Royaume­Uni. ​
« L'efficacité est la même que pour les médicaments antidouleur que je prenais avant, mais les effets secondaires sont presque inexistants. C'est la principale différence. » ​
témoigne­t­elle. Outre le traitement, l’aspect psychologique est aussi particulièrement important, c'est ce que nous allons démontrer. Un entretien avec une accidentée de la route qui travaille maintenant dans le domaine de l’aide à la personne, nous a permis de comprendre que l’engagement du médecin auprès du malade après un traumatisme est très important. ​
Cette personne a insisté sur le fait que les médecins, les psychologues et les chirurgiens l’ont beaucoup aidée à se rétablir et à “sortir la tête de l’eau” car ses soins ont duré trois ans. Elle suit toujours un traitement qui se poursuivra tout le long de sa vie. L'aide apportée lui a redonné une certaine confiance en elle. Mais, malgré tout, elle nous dit que l'on éprouve une certaine réticence à être aidé lorsque l'on est accompagné par autrui car “on a peur, peur d’être différent, de ne plus ressembler à celui qu’on était, peur d’être abandonnée.” Elle exprime un sentiment de gêne à recevoir une aide extérieure pensant cela inutile au départ. De plus, le traitement purement médical n’est pas suffisant sur le plan moral et l’on ressent donc le besoin de parler à quelqu’un, en l'occurrence un psychologue, mais le plus important, selon elle, reste avant tout la présence d’amis, de famille et de proches. Concernant son expérience professionnelle dans le secteur médical de l'aide à la personne, elle précise que d’avoir été un jour à la place des patients, peut rendre le travail plus simple, plus humain. Cependant, elle doit quand même garder une distance afin de ne pas trop s’impliquer émotionnellement mais elle nous explique que cela n'empêche pas la création de liens plus ou moins forts. L’engagement du médecin auprès du malade après un traumatisme est finalement très important. “Ils nous apportent une grande aide tant physique que morale“, conclut­elle​
. Le corps médical joue un rôle crucial dans l'accompagnement. Dans le cursus de médecin il s'avère qu’il n’y a pourtant aucun enseignement spécifique pour aider le futur praticien dans l’accompagnement des malades. D’après une infirmière interviewée, le contact ou l'accompagnement d'un malade ne s’apprend pas à l'école, mais plutôt sur le terrain. Cependant, il existe une législation qui codifie la pratique du médecin. Tout médecin doit s'engager, sous serment, à respecter l’Ordre des médecins. Celui­ci veille au maintien des principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine. Ce code indique aux médecins leurs obligations, et sert de référence à la juridiction professionnelle. Selon l’article 37 du code de déontologie, le médecin doit s’abstenir de toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique. L’engagement peut également passer par la greffe d’un ou plusieurs organes (coeur, poumons, foie, reins, pancréas). Le patient s’engage alors à donner ou à recevoir anonymement un organe ; le médecin s’engage à réaliser l'opération et garder le secret médical. En France, 88 000 Français ont subi une greffe depuis 1991. Il existe de nouvelles technologies : implantation d’un cœur artificiel, transplantations d'organes créés artificiellement à base de cellules souches. Il faut savoir que le don d'organe se fonde sur le volontariat. Certaines lois sont votées en faveur du patient mais également pour aider les médecins à accompagner un malade telle que la loi Leonetti​
. ​
Cette loi du 22 avril 2005, relative aux droits des malades et à la fin de vie, donne ​
le droit au médecin de mettre fin aux traitements s’ils s'avèrent inefficaces ou indignes pour le patient en fin de vie. Il peut aussi soulager la souffrance d’un patient mourant en lui administrant un traitement pour abréger sa vie à condition d’en informer le malade. Par conséquent, l’engagement n’est pas une notion que l’on peut enseigner dans le cursus du médecin. Le futur praticien va donc se former grâce à son expérience professionnelle et à l’aide de formations proposées au cours de celle­ci. Le cadre législatif est là pour accompagner, guider et réglementer l’accompagnement des médecins envers les patients. Ces formations, ainsi que le cadre législatif, permettent aux médecins d’être en mesure d’avoir l’esprit ouvert aux nouvelles thérapies. En effet, la revue ​
New England Journal Of Medicine a réalisé en 2014 un sondage sur un grand nombre de médecins originaires de pays différents. Il s'est avéré que 76 % des médecins étaient en faveur de l'utilisation du cannabis médical. Le Dr Notcutt va jusqu'à demander « ​
Quand vous trouvez des patients, […], dont les vies sont transformées par ce médicament [le Sativex] vous vous demandez : sommes nous prêts en tant que société à laisser des personnes souffrir, souvent jusqu'à l'agonie? Ou les offrons nous une médecine qui peut les aider ? ». Ainsi il y a des personnes qui veulent s’engager encore plus que ne le leur permet leur condition de médecin. Si le patient peut prendre en charge sa maladie avec les traitements et les conseils des médecins, il peut aussi apprécier le soutien d’associations. De nombreuses associations de malades ont vu le jour au XIX° siècle, notamment dans le monde de la recherche, de la santé et de la politique sociale. Du fait de leur type de relation avec le monde médical et scientifique, elles peuvent être divisées en trois catégories. Certaines ont un rôle d'auxiliaire des professions médicales en facilitant leurs interventions sans les influencer. D'autres adoptent une position strictement revendicatrice. D’autres encore sont basées sur le partenariat. Nous nous sommes intéressés à l'association Gros Bobo de Decazeville, créée en 1998 et ayant pour but de dédramatiser le monde de l’hôpital aux yeux des enfants. Nous avons rencontré Mme Lamagat, la créatrice de l'association, elle nous explique que c'est la première association en France à avoir proposé ce genre d’action. Si elle pensait à une simple implication personnelle au départ, aujourd’hui, elle se rend compte que son engagement a pris de l’ampleur. Nous avons assisté à leur présentation lors de la visite d'une école maternelle locale. Nous avons pu constater que les bénévoles engagés dans l'association utilisent un langage et une gestuelle adaptés aux enfants afin de les familiariser avec l’hôpital. Une retraitée, assistante en radiologie au service des urgences, nous raconte qu’à long terme, lorsque les enfants arrivent aux urgences et “ont visité les urgences de Gros Bobo”, ils ont moins peur. C’est une fierté pour ces bénévoles de voir que leur engagement dans l’association de prévention, a de fortes répercussions par la suite. Certaines associations ne visent pas à accompagner le patient directement mais s’engagent plutôt à informer le public et plus particulièrement les malades des différentes traitements ou des différentes aides dont ils peuvent profiter. Par exemple, l’association UFCM (Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine) “vise notamment à faciliter l’accès aux informations sur le Cannabis médicinal." Cette association permet à diverses personnes de s’informer sur ce sujet. Lorsque la maladie touche un individu, il existe plusieurs engagements possibles pour lui et son entourage. Le patient se retrouve engagé dans la lutte contre sa maladie. Par la suite, il peut, comme son entourage, s’engager dans une association ou se former pour devenir un médecin ou obtenir une autre fonction dans le monde médical au niveau de la recherche, de la prévention ou des soins. Comme nous le montre l’exemple des cannabinoïdes, le domaine médical nécessite un engagement de la société s’il veut pouvoir connaître de grands progrès. ANNEXE Le groupe DISPO de cette année est composé de 9 personnes. La notion d’engagement a fait l’objet d’un brainstorming en début d’année. Nous sommes, après des débats houleux dans lesquels il était question de noirs américains, d’engagement dans une communauté, d’homoparentalité, tombés d’accord sur l’idée d’engagement autour du malade. Nous avons réparti nos tâches : certains travaillaient sur le don d’organe, le rôle médicinal du cannabis, l’assistance bénévole ou non et les associations accompagnatrices. Nous avons évidemment fait des recherches à l’aide de livres ou d’Internet mais nous avons aussi rencontré et questionné des gens : la présidente d’une association qui fait de la prévention, d’anciens médecins... BIBLIOGRAPHIE : Cayla, Véronique. ​
Don d’organes: la biotechnologie comme réponse. ​
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Les métiers du médical. ​
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La législation en matière d’organes. ​
In : France Adot [en ligne]. Association FRANCE ADOT, 2014 [consulté le 17/03/2015]. Disponible sur : http://www.france­adot.org/la­legislation­en­matiere­de­don­d­organes.html Callon, Michel, Rebeharisoa, Vololona. “L’AFM : quel pouvoir aux malades ?”. In : ​
Pour la science, ​
décembre 2006. Eric, Albert. ​
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[en ligne]. 28 février 2013 [consulté le 24 mars 2015]. Disponible sur : http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMclde1300970 Strudwick, Patrick. ​
Only cannabis spray relieves my MS ­ so why won't the NHS give it to me? Sufferer refused drug to help ease affects of disease. Mail Online [en ligne], 18 mai 2013 [consulté le 24 mars 2015]. Disponible sur : http://www.dailymail.co.uk/health/article­2326603/Only­cannabis­spray­relieves­MS­­wont­NH
S­Sufferer­refused­drug­help­ease­affects­disease.html UFCM iCare ​
[en ligne].2013 [consulté le 24 mars 2015] Disponible sur : http://ufcmed.org/association​
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