Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître

Transcription

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître
Homélie du dimanche 18 septembre 2016
25ème dimanche du temps ordinaire de l’année C
(Le style oral a été conservé)
Par le Frère Jean
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. »
1 Tm 2.
Cette Parole de l’apôtre Paul, Frères et Sœurs, est fondamentale pour l’Église. A elle seule, avec tout le
poids de l’autorité apostolique de celui qui la dit, Paul, elle justifie la mission de l’Église d’annoncer
l’Évangile à temps et à contretemps ; car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ».
Le Saint pape Jean XXIII, lors du discours d’ouverture du Concile Vatican II, l’a rappelé. Après avoir cité
cette parole de Timothée que nous venons d’entendre, il ajoute :
« Sans l’aide de la vérité toute entière, les hommes ne peuvent parvenir à l’absolue et ferme unité des âmes ».
La vérité, frères et sœurs, c’est le Christ Jésus qui est la Voie unique entre Dieu et les hommes. St Jean
Paul II a rappelé : « que les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu, hors de l’unique médiation du
Christ, seraient contraires à la foi chrétienne et catholique. »
L’Église affirme en même temps la possibilité réelle du salut pour tous les hommes et la nécessité de
l’Église pour le salut. C’est pourquoi le Concile Vatican II définit l’Église comme étant « le sacrement
universel du salut ».
Lorsqu’on est bien ancré dans cette foi en Jésus, unique médiateur entre Dieu et les hommes, agissant
dans et par son Église, on est alors capable d’une grande ouverture à l’égard de ceux qui ne partagent pas
notre foi. Redisons-le avec le concile Vatican II :
« La volonté salvifique de Dieu est universelle et déborde les frontières visibles de l’Église sans pour autant les abolir. On
entre dans l’Église par le Baptême et celui-ci confère la foi à celui ou à celle qui le reçoit. Mais à tous ceux, qui pour une
raison ou pour une autre, n’adhèrent pas explicitement au Christ et à son Église, sa miséricorde débordant de son cœur ne
cesse de les presser à faire le bien et à rejeter le mal, sachant que tout ce qui est vrai dans le monde vient de l’Esprit Saint » et
il y a beaucoup d’hommes et de femmes dans le monde qui n’adhèrent pas explicitement au Christ et qui
font le bien et rejettent le mal ; et pour cela, bénissons le Seigneur.
Les chrétiens dans le monde - et nous en venons à l’évangile de ce jour - n’y vivent pas comme des êtres
extra-terrestres, refusant de mettre les mains et les pieds dans ce qu’on appelle les affaires du monde. Le
pape François ne cesse de répéter depuis le début de son pontificat qu’il s’agit de vivre dans le monde sans
tomber dans la mondanité.
Comment gérer, en effet frères et sœurs, les biens matériels, dont l’argent, sans tomber dans l’esprit du
monde et sa course au profit effréné ?
Comment s’impliquer pleinement dans la vie politique sans tomber dans l’esprit de ‘combine’, faisant fi de
tout scrupule pour obtenir une place toujours meilleure au soleil ?
L’évangile de ce jour donne en finale une clé importante :
« Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent », c’est-à-dire vous ne pouvez donner pleinement
votre confiance au Christ et à l’esprit du monde.
La lettre à Diognète au IIe siècle le disait déjà, et elle n’a rien perdu de son actualité, je la cite :
« L’âme habite dans le corps et pourtant elle n’est pas du corps ; comme les chrétiens habitent dans le monde mais ne sont pas
du monde » et ce même auteur de la lettre à Diognète précisait des chrétiens : « Ils sont dans la chair mais ne
vivent pas selon la chair, ils passent leur vie sur terre mais ils sont citoyens du ciel ».
Et le pape François dont on connait la franchise du langage, disait hier, lors du jubilé des nonces
apostoliques -ces évêques qui représentent le pape, la papauté à travers le monde- il leur disait :
« N’épousez pas de lignes politiques ou de batailles idéologiques car la permanence de l’Église ne repose pas sur le consensus
des salons mais sur la fidélité à son Seigneur. »
La juste attitude chrétienne se tient à distance de deux excès :
L’un qui consisterait à penser que le monde est corrompu, pourri et l’on tombe alors dans toutes les
formes de manichéisme, de catharisme, d’intégrisme qui parcourent la vie religieuse au cours des âges ; on
pourrait appliquer là la phrase de Charles Péguy parlant des kantiens :
« Ils ont des mains pures, mais ils n’ont pas de mains ! »
L’autre extrême consiste à s’immerger dans le monde pour y être levain mais au risque d’y perdre son âme.
Jésus nous a mis en garde dans l’Evangile :
« Si le sel vient à s’affadir, avec quoi le salera-t-on ? »
La juste attitude est celle qui nous est montrée par le Christ lui-même, par les apôtres et par les saints :
« Père, priait Jésus, je ne te demande pas de les ôter du monde mais de les garder du mauvais ».
Demandons à l’Esprit Saint au cours de cette Eucharistie de nous aider à vivre dans ce monde en enfant
de lumière ; pour y transmettre cette lumière qui nous vient du Christ et de lui seul, par son Église.
« Le Verbe était la vraie lumière, dit St Jean dans le prologue de son évangile, qui en venant dans le
monde illumine tout homme. »
Que tous les chrétiens n’aient de cesse de désirer vivre, demeurer et mourir dans cette Lumière.
Amen!