pourquoi marcher à taton à côté d`une si grande

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pourquoi marcher à taton à côté d`une si grande
POURQUOI MARCHER À TATON À CÔTÉ D’UNE SI GRANDE LUMIÈRE ? * * * Face à la déstabilisation du monde et de l’église, devons-­‐nous et pouvons-­‐nous continuer à croire que l’église adventiste fut un peuple choisi pour apporter un message final à cette humanité ? Malgré tous les efforts d’évangélisation aux résultats encourageants dans certains pays, ne sommes-­‐nous pas en perte de vitesse par rapport à l’accroissement démographique ? Comment vont se réaliser les prophéties d’un avertissement « au monde entier » des trois messages d’Apocalypse 14 ? Pourquoi toutes les méthodes employées, en particulier dans ce dernier siècle de technique, n’ont-­‐elles pas amené « la pluie de l’arrière-­‐saison », inscrite au programme de nos pionniers et sans laquelle l’œuvre ne peut se terminer ? Suffit-­‐il de dire : « Tout va mal ; donc Jésus va revenir ». N’y a-­‐t-­‐il pas une CLÉ du problème qui nous échappe ? Que le lecteur veuille bien me pardonner un « retour en arrière » quant à l’histoire de notre église, démarche propre à mon âge, mais qui pourra peut-­‐être nous apprendre quelque chose. Un soir de fin mai 1945, dans la chapelle de Collonges, alors située dans le bâtiment central, avec quelques habitués d’un groupe de prière, nous nous approchions des larges fenêtres par lesquelles nous découvrions toute la vallée avec la ville de Genève en arrière plan. La paix venait d’être signée après cinq ans de guerre. Nous avions vécu là, souvent isolés du reste du monde (pas de téléphone, peu ou pas de courrier, les voyages lents et difficiles) mais cependant, en butte à beaucoup de privations sur le plan matériel : alimentation, chauffage, vêtements – Si nous avions dans le cœur un peu de crainte, c’était bien celle de ne pas être à la hauteur de la tâche qui s’offrait à nous. Dans un pays enfin délivré de la terreur de l’occupation, nous allions pouvoir accomplir notre mission d’annoncer ce message adventiste que nous étions venus approfondir pendant les années de guerre. L’enthousiasme nous submergeait ; c’était celui de la jeunesse mais aussi celui d’une liberté retrouvée. 1 Lors de la remise des diplômes, nous avons reçu ce message de la part du Directeur de cette époque, Henri Evard : « Printemps 1945 ! Époque prodigieuse, fascinante et tragique entre toutes celles qui s’inscrivent au grand tableau de l’Histoire ! Des empires s’ébranlent et s’écroulent. La crise mondiale atteint son paroxysme. Nous ne sommes plus au seuil d’évènements solennels, mais au centre même de ces convulsions. Des scènes grandioses se déroulent devant vos yeux étonnés et vos esprits se refusent à en saisir toute la signification. Il a été rarement donné à l’humanité d’assister à de tels spectacles. Des temps définitivement révolus tombent dans le néant du passé et du souvenir. Déjà le rideau se baisse sur certaines scènes effroyables et par ailleurs se lève sur le tableau d’un monde nouveau aux transformations insoupçonnées des générations passées. Ce n’est que plus tard avec le recul des ans que vous pourrez mesurer toute la grandeur des jours que vous avez vécus à la fin de cette année scolaire. Du monde de demain, vous ne serez pas des spectateurs passifs, mais des artisans dans votre sphère d’activité. Une période de préparation s’achève pour vous, et une autre commence. Vous serez mis à l’épreuve sur un plan autrement plus vaste et plus réel que l’école. Vous aurez à démontrer la valeur de l’enseignement que vous avez reçu. Vous devrez faire rendre à la vie tout ce dont elle est susceptible de vous donner. Vous aurez à augmenter vos capacités pour faire face à la tâche qui vous attend. À de grands évènements, de grands hommes ! Nous attendons de vous de grandes choses. C’est vous qui allez porter le flambeau de la vérité, en raviver la flamme, le transmettre à d’autres. » Tous les amis avec lesquels je parlais ce soir-­‐là sont maintenant dans la tombe. Certains d’entre eux partirent de suite après la guerre en missions dans les îles lointaines. Moi, je restais tout simplement à Paris où j’arrivais un an après la fin de la guerre. Le ravitaillement était rare, les logements introuvables, les transports hasardeux et difficiles. Mais rien de pouvait, semble-­‐t-­‐il, nous détourner de cette mission que nous rappelaient sans cesse les visites des pasteurs américains de passage dans la Capitale. Dans la chapelle due 130 Bd de l’Hôpital s’étalait une grande banderole « LE MESSAGE ADVENTISTE AU MONDE ENTIER EN CETTE GÉNÉRATION ». Des gens qui avaient été bien nourris, loin de nos traumatismes constants des dernières années, venaient de Suisse ou d’Amérique nous parler de nouveaux sacrifices à faire. Effectivement, les salaires étaient terriblement bas. Mais cela ne nous faisait pas peur. Nous voulions tout accepter pour Christ. D’ailleurs, les américains ne nous envoyaient-­‐
ils pas des ballots de vêtements et des œufs en poudre ? Cela nous prouvait que nous faisions partie de la grande famille adventiste ! Notre œuvre, en France, était en pleine réorganisation après la mise en veilleuse inévitable sous l’occupation. 2 En mai 1946 eut lieu la première Conférence générale après la guerre. Les frères dirigeants qui y étaient invités se sentaient privilégiés et revinrent éblouis de ce qu’ils avaient trouvé outre-­‐Atlantique, à la fois dans l’église et dans la société. Ils furent convaincus que nous devions, nous aussi, devenir performants. C’est ainsi qu’eut lieu en 1947 un grand Congrès adventiste mondial dans les locaux du Parc des Expositions à la Porte de Versailles à Paris, avec des milliers de participants. Le département de la jeunesse, comme tous les autres, avait besoin d’être réorganisé après la guerre. Tous ces départements travaillaient en collaboration avec la maison d’édition qui cherchait à rattraper le temps perdu en s’équipant de nouvelles techniques. Pour l’Union Franco-­‐
Belge, on atteignit pendant quelque temps le chiffre record de deux cents « colporteurs ». Notre message de santé était diffués par la revue VIE ET SANTÉ qui devint une publication d’avant-­‐garde du message, car elle ne connaissait pas de concurrents dans le monde, comme c’est le cas aujourd’hui. On commençait à faire des émissions religieuses sur Radio-­‐Luxembourg, bientôt suivies des émissions éducatives à l’ORTF à partir de 1950. Sur tous les quais du métro, de grandes affiches annonçaient nos conférences sur les prophéties. Celles-­‐ci abordaient franchement les points distinctifs de l’adventisme – se révélaient très fructueuses à Paris comme dans toutes les grandes villes de France ; les cérémonies de baptêmes avaient lieu au rythme accéléré de tous les trimestres. Il nous semblait être sur la bonne voie pour réaliser rapidement le programme proposé par dieu juste avant le retour du Christ. On avait mis au point successivement un certain nombre de méthodes dont la « méthode Mélis » -­‐ du nom du frère d’Anvers qui l’avait imaginé – Bible en mains, Bible au foyer, Bible et archéologie, etc. Mais force fut de constater que ces méthodes étaient de moins en moins efficaces. Cependant, on repartit chaque fois avec la certitude d’avoir enfin le « bon filon », la façon de faire qui ne pouvait avoir que des résultats positifs. Malgré les fortes dépenses engagées, les concentrations de personnes compétentes sur les grands centres, les résultats sur le plan des baptêmes se révélèrent de plus ne plus minces ; quelque chose ne « tournait pas rond ». Mais quoi ? Ce que beaucoup ne savent pas. La plupart des membres ont ignoré et ignorent peut-­‐être encore à quel point notre église s’était distancée du plan de Dieu, et cette distance devient de plus en plus considérable à mesure que le temps passe. Dans les années 40, quand nous avions étudié à Collonges, l’histoire de la Dénomination, les professeurs qui nous enseignaient ne savaient pas eux-­‐mêmes ce qui s’était réellement passé depuis un siècle (1844-­‐1944). Je me souviens toujours d’une déclaration du haut de la chaire de Jean Zurcher, en 1991, qui en dit long à ce sujet : « Quand j’ai écrit mon livre ‘Le Christ dans l’Apocalypse’, en 1975, je n’avais jamais entendu parler de Waggoner ! ». J’étais présente dans l’auditoire, et nul ne pourra 3 me dire le contraire. Comment s’en étonner quand on lit l’introduction du livre « L’Alliance éternelle » de Waggoner ? Notre œuvre officielle refusa d’examiner et de publier cet ouvrage. E.J. Waggoner en fut réduit à envoyer chapitre par chapitre à une revue anglaise qui le publia. Ce ne fut qu’au début des années 2000 qu’on retrouva ces textes pour les assembler et les publier en un volume riche en études profondes et inspirées de l’Esprit de Dieu. Ce qu’on nous a enseigné dans nos écoles n’était que la face apparente de la marche de l’église, mais la réalité est restée voilée. Cependant, Dieu a permis que certaines circonstances mettent en lumière des vérités importantes dont on ne parlait plus. Déjà en 1856, Ellen White constatait un refroidissement chez ceux qui étaient restés fidèles après le désappointement de 1844. Jésus n’était plus la préoccupation principale des adventistes. Pour beaucoup d’entre eux, soit que le monde avait repris ses attraits, soit que les efforts nécessités par l’action en cours aient canalisé toutes les énergies ne laissant plus de place pour la communion spirituelle avec Dieu. On regardait à l’homme et non au Seigneur. Les fondements de la doctrine adventiste tels qu’on les lit dans les 27 Croyances furent posés peu à peu, les premiers adventistes provenant de différentes églises entre lesquelles il n’y avait pas d’unité théologique. Le Seigneur conduisit nos pionniers à établir cet ensemble de vérités scripturaires par des recherches en commun qui duraient souvent très tard dans la nuit. Quand toutes les ressources humaines étaient arrivées à leur terme pour distinguer le vrai du faux, Ellen White recevait souvent une révélation du Saint-­‐Esprit qui venait dissiper les doutes et faire briller la lumière. Nous trouvons ce fait rapporté dans plusieurs de ses ouvrages. Les premières décennies de l’existence de ce mouvement furent surtout consacrées à mettre en évidence, outre la proximité du Retour de Jésus, le quatrième commandement qui était presque partout méconnu. C’est pourquoi, lorsque James White fit un tableau représentant nos croyances, il mis au centre LA LOI et non LA CROIX. Ce n’est que plus tard qu’il le modifia. Comme le fait remarquer Merwyn Maxwell dans son libre « Messager pour le monde », il était fréquent, à l’époque de nos pionniers, de désigner notre église par ces mots « La Vérité » (« Il a accepté la vérité », « Ils ont quitté la vérité », etc.). Le peuple adventiste était redevable à certaines églises de vérités éternelles, plus ou moins obscurcies au cours des siècles, mais qui furent remises en lumière par les Réformateurs. Il s’y ajoutait ce que nous appelons la vérité présente, révélée depuis 1844 concernant le ministère de Christ dans le sanctuaire. Même le Sabbat et la doctrine du sommeil des morts avaient eu leurs partisans dans d’autres dénominations. Mais la vérité du sanctuaire resta le point distinctif essentiel de notre foi. Il en résulte que les préoccupations de défense de la doctrine prirent le pas sur la communion personnelle avec Christ. Ellen White en parla fréquemment dans des « Témoignages » et elle en souffrait. 4 Il fallait revaloriser l’immensité du sacrifice du Christ et la contemplation du caractère de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur envoya deux messagers à la Conférence générale de Minneapolis dont le rôle était de montrer l’étendue de la justice de Christ. Dans les divers ouvrages en français que nous avons publiés depuis près de vingt ans, nous avons suffisamment exposé l’accueil qui leur fut réservé, et nous n’y reviendrons pas pour l’instant. Le Seigneur cherchait à ouvrir les yeux de l’église de Laodicée, à lui accorder le collyre dont elle avait besoin, mais elle le refusait en disant « Je n’ai besoin de rien, car je sui riche ». « La déception de Christ, nous dit Ellen white, fut indescriptible ». Dans l’un de nos ouvrages, elle dit avoir vu des anges circuler dans les allées de l’église où se réunissaient les pasteurs lors de cette Conférence générale. Ils avaient la mission d’attendrir les cœurs pour que le message fût accepté, mais il fut repoussé par la plupart. Il est reconnu que ce qui ferma l’esprit de bien des participants à la conférence générale de 1888 était un conflit de générations. Les dirigeants en place depuis de nombreuses années, ne supportaient pas que des jeunes d’une trentaine d’années apportent des idées différentes des leurs. Ellen White avait mis maintes fois en garde contre ce qu’elle appelait le « Kingly power », (le pouvoir royal) dont faisaient preuve de nombreux dirigeants, empêchant ainsi Dieu d’inspirer directement ses serviteurs là où ils se trouvaient. Le pouvoir était centralisé entre les mains de quelques-­‐uns. Ce fut – et c’est encore – un obstacle de premier ordre à la réalisation du plan de Dieu. La machine de notre organisation semblait fonctionner à merveille ; mais en réalité, la structure administrative était tellement corrompue et centrée sur des méthodes humaines que le seul moyen de sauver la situation était de se réorganiser différemment. Si le message de 1888 avait été compris et vécu tout aurait changé rapidement et l’œuvre se serait achevée. Quelques tentatives de réveil se manifestèrent dans les lieux où E.G. White accompagnée de Jones et Waggoner purent prêcher librement. Mais l’opposition ne faiblit pas et poussa la Conférence générale à prendre des décisions négatives. On envoya Waggoner en Angleterre et E.G. White en Australie. Ainsi, le 12 novembre 1891, elle embarquait à San Francisco sur le SS Alameda, obéissant à une invitation de la Conférence générale, alors qu’elle n’avait reçu aucun appel de Dieu à ce sujet. Ajoutons simplement que le Seigneur « remanie » toujours les plans de l’ennemi pour nous nuire, et que, finalement ce passage en Australie fut une bénédiction pour notre œuvre dans ce grand pays. Cependant, Ellen White y souffrit beaucoup physiquement. Par moments, seul son avant-­‐bras n’était pas paralysé, lui permettant d’écrire malgré ses douleurs. Elle regagna les Etats-­‐Unis pour la conférence générale de 1901 où elle reprit espoir de voir changer le comportement des dirigeants. Elle suggéra de décentraliser le pouvoir, tant sur le plan médical qu’évangélique. Le livre Oméga II de Lewis Walton révèle comment on passa outre à ses conseils, créant une situation dont nous supportons encore aujourd’hui les conséquences. Le principe à adopter était celui de la responsabilité individuelle. 5 À tous les niveaux, le pouvoir était centralisé et on ne concevait pas qu’un champ ou une église locale puisse prendre une décision sans l’assentiment des « frères supérieurs » dans la hiérarchie. Ceux qui connaissaient le mieux les problèmes parce qu’ils y étaient tous les jours confrontés ne pouvaient pas agir selon ce que leur dictait le Saint-­‐Esprit et le simple bon sens humain pour améliorer la situation. En cela, on imitait de plus en plus la papauté dont on dénonçait si fort par ailleurs la violation du véritable esprit de l’évangile. Soulignons au passage que le sentiment de responsabilité individuelle est donné par Dieu à chacune de ses créatures. C’est de Sa part un principe inviolable qu’Il ne laisse jamais de côté dans ses rapports avec les âmes. Dieu attend de chacun une adhésion libre et réfléchie, qui est la seule capable de conduire sur les traces de Jésus, quelles que soient les difficultés. Il appartient à chacun d’entre nous de « choisir » qui nous voulons servir et cela doit être fait de tout cœur, sans restriction, sans qu’aucune autorité humaine ne vienne s’interposer. Malheureusement, notre église ne fut pas et n’est pas encore exempte de ce grave péché qui consiste à brimer la liberté de conscience. À cette époque, E.G.W. insista sur la pensée que « nous sommes tous frères », et elle eut des conflits fréquents avec le corps pastoral. « Un peu avant la conférence de 1901, une session eut lieu dans la bibliothèque du Collège à Battle Creek, Sœur White aborda le sujet encore une fois. Dans sa présentation, elle parla, comme en 1897, du besoin de réorganiser. Elle supplia les frères de faire ce qui aurait dû être fait des années durant, plus précisément treize ans auparavant, lorsqu’ils s’étaient assemblés à Minneapolis en 1888, et alors que l’Esprit de Dieu s’était manifesté en puissance témoignant que Dieu était prêt à faire de grandes choses pour Son peuple si celui-­‐ci était prêt à coopérer. » « Le but immédiat de l’ennemi est d’éclipser de notre vue le Christ et Ses mérites, et de nous amener à regarder à l’homme, à se fier à lui, et de s’attendre à en recevoir beaucoup d‘aide. Cela fait des années que l’Église a les regards fixés sur l’homme pour recevoir de lui toute l’aide dont elle a désespérément besoin, au lieu de regarder à Jésus, en qui tous nos espoirs de vie éternelle sont concentrés. Par conséquent, Dieu a donné à Ses serviteurs un témoignage qui présentait la vérité telle qu’elle est en Jésus, c’est-­‐à-­‐
dire, le message du troisième ange d’une façon claire et nette. » Témoignages aux Pasteurs, p. 93. « Je supplie les conférences de nos États et nos églises de cesser de se confier dans l’instrument humain et d’arrêter de s’appuyer sur le bras de la chair… Nos Églises sont faibles parce qu’on les a encouragées à dépendre de l’humain. » Idem. p. 380. « Depuis plusieurs années, ceux qui occupent des positions de responsabilité ont de plus en plus tendance à vouloir dominer sur l’héritage du Seigneur ; par le fait même, on empêche les membres de sentir leur besoin de recevoir de Dieu Lui-­‐même les instructions concernant la tâche qu’Il voudrait bien leur confier. Tout cela doit changer. Il doit y voir une réforme. » Idem, p. 477, 478. Le déplaisir de Dieu fut manifeste lors de deux incendies spectaculaires qui mirent en ruines deux institutions majeures de notre œuvre : Le Sanatorium de Battle Creek et la maison d’édition dans la même ville. Mais le cœur de l’homme est tortueux 6 (Jérémie 17) et ces avertissements ne produisirent apparemment pas leur effet puisqu’à la Conférence générale de 1903, on abandonné les réformes amorcées en 1901, au désespoir de la messagère du Seigneur. « Le Seigneur n’a appelé personne à être juge de la plume ou de la voix de Ses serviteurs… Supposons que les déclarations de ceux-­‐ci soient en désaccord avec nos idées, est-­‐ce que cela nous donne le droit de les dénoncer comme étant hérétiques ? Est-­‐
ce que ceux qui ne sont pas inspirés sont à même de décider que tel ou tel écrit ne sera pas publié ? Quand nous rendrons-­‐nous compte que nous ne pouvons pas contrôler les consciences des hommes ? Si vous avez établi des comités pour continuer à faire ce genre de travail, comme cela a été votre habitude de le faire pendant des années à Battle Creek, annulez-­‐les tout de suite, et rappelez-­‐vous que Dieu, le Dieu infini, n’a placé aucun homme dans le genre de position que certains ont occupé à Minneapolis en 1888, et depuis. » Témoignages aux Pasteurs, pp. 293-­‐295. « Je ne peux exprimer toute la tristesse que je ressens lorsque je vois des présidents de conférences ne choisir comme ouvriers que ceux qu’ils peuvent dominer. Ils choisissent ceux qui n’oseront pas se mettre en désaccord avec eux, mais qui agiront comme de simples machines. Aucun président ne peut se permettre d’agir de la sorte. » Ibid., pp. 304, 305. Douze ans allaient encore s’écouler jusqu’à la mort de Sir White, durant lesquels, d’après son fils Willy, elle continua à espérer la repentance de l’église. Malgré une longue et persistante opposition au message de la justification par la foi, le Seigneur n’a pas rejeté ce peuple auquel Il avait accordé de si grandes lumières. Il permit que le message soit de nouveau mis en valeur entre les années 1901-­‐1903 et 1950, moment où apparut la thèse de Wieland et Short à ce sujet. C’est ainsi qu’en 1915, la famille Montgomery, qui travailla en Amérique du Sud lors de la création d’une nouvelle division, s’intéressa à ce message et le prêcha. Une jeune fille de cette famille, Martha était employée aux bureaux de cette Division et elle eut l’occasion de copier les articles de son père à ce sujet. Plus tard, à leur retour d’Amérique du Sud, les Montgomery rencontrèrent d’autres frères très intéressés par ce sujet : A.G. Daniells, Mac Guire, Bunch et d’autres. Frère William Prescott (dont nous avons édité plusieurs brochures) travaillait également avec zèle dans ce sens. En 1918, il dirigeait des camps meeting au Canada, et prêchait cette vérité. Les leçons de l’École du Sabbat de l’année 1921 approfondirent ce thème comme cela ne l’avait pas été auparavant. William Prescott était de ceux qui pensaient que les adventistes avaient trop insisté sur la présentation intellectuelle et légaliste de la doctrine sans y introduire à chaque phase la personne de Christ et la révélation de Son amour. Il soutenait que toute vérité devait révéler Christ en tant que créateur, législateur, porteur de la divinité, prophète, exemple d’esprit de sacrifice, sauveur, source de justice, médiateur, avocat, juge, source de vie et roi qui vient. Voir Mouvement du Destin, p. 314. Un fait qui date de 1922 dépeint bien l’état d’esprit de l’église qui ressemblait à celui du peuple d’Israël à l’entrée de Canaan. Lorsqu’ils refusèrent de pénétrer dans la 7 terre promise, n’écoutant pas le témoignage de Caleb et Josué, mais plutôt les autres espions qui leur firent voir l’impossibilité de jouir des promesses de Dieu, ils en vinrent à comprendre leur erreur, et décidèrent alors de pénétrer quand même dans le pays de leur propre initiative, et sans les directives de Dieu. Ce fut une défaite sans précédent qui laissa de nombreux morts dans les défilés rocheux. Il en fut de même pour notre église. Après avoir refusé les débuts de la pluie de l’arrière-­‐saison en 1888, les dirigeants programmèrent de la faire venir sur leur propre initiative en 1922, lors de la Conférence générale. Des centaines de circulaires furent envoyées pour essayer de préparer les églises et les pasteurs. Dans son discours inaugural, le Président lut un lettre d’un pasteur qui dit ceci : « Cette Conférence générale ne pourrait-­‐elle pas être la Pentecôte du message du troisième ange ? ». Des recommandations furent faites pour que l’on chercher l’humilité du cœur, la confession et l’unité. Mais, comme le reconnut un observateur, tout cela n’était pas orienté dans le sens voulu par Dieu. Par exemple, l’unité devait se faire en faisant disparaître toute critique en en acceptant les décisions de l’administration. Chacun ressentait le besoin profond d’un rafraichissement spirituel, d’une puissance nouvelle pour faire face aux problèmes d’un monde en souffrance. Mais la bénédiction souhaitée ne vint pas et la puissance spirituelle se manifesta très peu au cours de cette Conférence générale. On voulait, encore une fois, emprunter un chemin choisi par l’homme plutôt que celui indiqué par Dieu, comme l’avait fait le peuple d’Israël (1) Ce peuple adventiste que Dieu s’est choisi pour annoncer un dernier message d’une importance déterminante a failli comme Israël avait failli autrefois à son rôle de lumière des nations. Mais, comme nous approchons de la fin de toutes choses, c’est encore plus grave. En fait, notre église a souffert et souffre encore d’une maladie à deux facettes : CONSUFION THÉOLOGIQUE et AUTORITÉ ABUSIVE AYANT POUR BUT DE DISSIMULER CETTE CONFUSION. Cette situation n’a fait que se confirmer depuis des décennies et on se rend compte que rien n’étant fait pour reconnaître ce double mal et le corriger, nous arrivons à une impasse car nous avons perdu notre identité spécifiquement adventistes. Il semblerait presque que certains ont été heureux de la perdre pour mieux s’amalgamer avec d’autres églises dont on nous a tout d’abord vivement de sortir et et dans lesquelles il semblerait qu’on se sente « honoré » maintenant de pouvoir rentrer. Une insuffisance de vie spirituelle profonde de la part de beaucoup de responsables est à remarquer. Citons simplement ce fait rapporté par le Dr. Froom : « Au cours des années 1926-­‐1928, nos dirigeants me demandèrent de présenter une série -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐-­‐ (1) On relira avec profit la brochure « Un chemin vers la pluie de l’arrière-­‐saison » de Julius White. 8 d’études sur le Saint-­‐Esprit. J’ai dû constater qu’en dehors des inestimables sources de l’Esprit de prophétie, il n’y avait rien dans notre littérature susceptible de fournir les bases d’un exposé biblique cohérent sur cette question. Je fus obligé de consulter une vingtaine d’auteurs ne faisant pas partie de notre mouvement. J’ai constaté alors que certains de ces auteurs avaient une compréhension plus profonde des choses de Dieu que nos propres dirigeants. Mais bien sûr, il manquait à ces autres écrivains le concept du moment où devait se produire le grand cri et la pluie de l’arrière-­‐saison dans le contexte final du dernier message à délivrer aux hommes. Je compris alors une nouvelle fois l’inégalable richesse des écrits de l’Esprit de prophétie. » Mouvement du Destin, pp. 259-­‐ 260. Frère A.G. Daniells, homme fervent et loyal, qui avait collaboré avec Ellen white, a contribué à la compréhension de 1888 dans sa brochure bien connue en France : « Jésus-­‐
Christ notre justice ». Son texte reconnaît l’opposition au message de 1888 de la part des dirigeants. Cette brochure contient de précieuses citations et chaque membre de l’église en France devrait la posséder… et la lire ! Frère Frédéric Charpiot avait collaboré avec lui et, à la fin de sa vie, il sympathisa avec le travail de VÉRITÉ PRÉSENTE que nous avons accompli en France pour la présentation du message. Je l’avais connu à Collonges, ayant été sa secrétaire en 1941-­‐
1942 lors de ma première année d’études. C’était un fervent prédicateur du proche retour de Jésus. Nous ne nous lassions pas, lui et moi, de nous entretenir de ce sujet lorsqu’il me visitait alors qu’il avait plus de 90 ans. Cependant, il n’admettait pas que les dirigeants, qu’il avait connus lors de ses séjours aux Etats-­‐Unis, aient pu s’opposer au message et n’était pas d’accord avec cette affirmation. Revenons maintenant à l’histoire de notre église en France depuis 1950, -­‐ parallèlement ou en répercussion avec ce qui se passait aux USA. Nous sommes tous concernés. Une tentative pour défendre nos vérités fondamentales. En 1955, deux jeunes agriculteurs d’Australie, de parents réformistes adventistes, décidèrent d’aller étudier au Collège d’Avondale fondé par Ellen White. C’étaient Robert de Jean Brinsmead. Ils avaient été habitués dans la famille à la lecture des ouvrages d’Ellen White, à tel point qu’ils pouvaient pratiquement réciter par cœur des chapitres entiers du livre Jésus-­‐Christ . Inquiets quant à la réalisation de prophéties du temps de la fin, ils firent des recherches dans la bibliothèque de leur école et tombèrent incidemment sur un exemplaire de 1888-­‐Réexaminé de Wieland et Short, première édition. Il convient ici d’ouvrir une parenthèse. Les deux jeunes missionnaires américains, Wieland et Short étaient rentrés en congé depuis l’Afrique où ils partirent en 1940, et où ils avaient uni leurs efforts pour préparer cette thèse : 1888-­‐Réexaminé. Convaincus de tout ce qu’ils avaient découvert, ils le présentèrent à la Conférence Générale, espérant que l’étude de celle-­‐ci amènerait la repentance de l’église, et hâterait les évènements de la fin. Mais ce travail ne fut pas apprécié, et on jugea qu’il n’était bon qu’à être classé sans suite aux archives. Les deux jeunes missionnaires furent mis devant un choix : ou 9 bien abandonner ces idées ou continuer leur travail en missions. Ils choisirent de se taire. Mais Dieu ne l’avait prévu ainsi : Une secrétaire chargée du classement lut le document et fut tellement intéressée et convaincue qu’elle le photocopia et en fit parvenir quelques-­‐uns à des amis. Ce fut une traînée de poudre… C’est ainsi que l’un de ces exemplaires se retrouva dans la bibliothèque de l’université d’Avondale. Cette découverte bouleversa tellement ces jeunes gens qu’elle allait donner naissance à un mouvement appelé « Message e Réveil », lequel causa beaucoup de soucis aux dirigeants en Australie, aux U.S.A. et aussi en France. Vers 1960, un adventiste de France alla passer une année aux Etats-­‐Unis pour se familiariser avec la méthode de traitements naturels, et il entendit parler de ce mouvement. Avant son retour au pays, il rassembla tous les documents nécessaires, les étudia soigneusement et fut convaincu, lui aussi, qu’il y avait là une vérité incontournable. En conséquence, il prépara une brochure qu’il devait diffuser largement de la Fédération de toute la France, à Vichy en mai 1963. Nous y étions présents, mon mari et moi, et nous fûmes de suite vivement intéressés par son contenu. Je n’oublierai jamais le moment où, sur le bord d’un trottoir, sous une pluie battante, je fus interpellée par ce frère me disant : « Saviez-­‐vous que Jésus aurait dû revenir depuis longtemps ? » Cette question étant au centre de mes préoccupations dès ma jeunesse, je l’ai écouté avec un vif intérêt… sous une pluie torrentielle. L’accueil réserva à cette brochure par les dirigeants présents à ce Congrès à Vichy fut le même que celui des dirigeants américains aux travaux de Wieland et Short. L’un d’eux, qui occupait un poste important, rejeta brutalement cette brochure, disant : « Si je croyais cela, je ne pourrais plus rester à mon poste ! ». Dès lors, le combat commença… et il n’est pas terminé ! Cette brochure contenait des enseignements adventistes de base, en particulier tous ceux qui dérivaient de l’étude du sanctuaire, dont on ne parlait plus beaucoup à cette époque, en raison de ce qui s’était passé aux Etats-­‐Unis dans la décennie précédente. Lors d’un séjour chez mes parents, je lisais chaque jour quelques pages de cette brochure à ma mère, adventiste depuis 40 ans. Elle ne comprenait pas que ces textes soient contestés. « C’est ce qu’on m’a enseigné quand j’ai été baptisée », me disait-­‐elle. On avait délaissé cette étude, en particulier celle du ministère final de Jésus, si bien qu’une phrase de Robert Brinsmead reste encore dans nos mémoires : « On a évacué le cadavre de l’expiation finale par la porte de service ». Sous cette plaisanterie se cachait une triste réalité puisque dans une assemblée à Collonges, tenue quelques années plus tard par l’un de nos meilleurs théologiens, nous entendîmes ceci : « C’est complètement faux que nous serons sans médiateur lors du temps de détresse », alors qu’Ellen White dit expressément le contraire dans le livre « Premiers Écrits », pp. 70, 71, et dans d’autres. Ceci prouve l’ignorance qui régnait sur des questions primordiales. Une redoutable déviation. Ce qui rendit particulièrement insupportables aux yeux des dirigeants les initiatives de R.S. Brinsmead, c’était ce qui se passait, dans les mêmes années au niveau de la Conférence Générale (et qui incluait le White Estate, la Voix de la Prophétie, et la plupart de nos publications). 10 Nous qui vivons en ce début du 21ème siècle, nous pouvons bien le comprendre puisque c’était le même processus que celui qui se déroule sous nos yeux par l’adhésion à la F.P.F. La question posée à ce moment-­‐là par les évangéliques à propos des adventistes s’est répétée ces dernières années : Les Adventistes sont-­‐ils une secte ou une église chrétienne ? Pour y répondre, deux théologiens protestants évangéliques allèrent trouver les dirigeants adventistes dans le but d’éclairer leur propre conception de l’adventisme. Donald G. Arnhouse et Walter Marin furent accueillis cordialement au siège de la Conférence Générale, en 1955. La série d’entretiens avec eux s’étendit sur près de deux ans. Ce furent essentiellement Leroy E. Froom et R.A. Anderson, responsables de la Voix de la Prophétie (émissions radio très connues), qui répondirent au nom de l’église. Ils nièrent que les adventistes aient enseigné : 1. La nature pécheresse de Christ – qui ne céda jamais à la tentation ; 2. Une expiation à la croix devant être complétée par l’intercession de Christ dans le sanctuaire. Ils affirmèrent que la foi dans certaines déclaration d’E.G. White telles que celle-­‐
ci : « L’intercession du Sauveur en faveur de l’homme dans le sanctuaire céleste est tout aussi importante dans le plan du salut que Sa mort sur la croix. Depuis Sa résurrection, Jésus achève dans le ciel l’œuvre commencée par Lui sur la croix » (Tragédie des Siècles, p. 531), n’était que le fait d’une « frange extrémiste et fanatique ». N’est-­‐ce pas un drame de posséder une vérité si précieuse, si déterminante pour notre temps, et de la « brader » pour complaire à des hommes, de la cacher ainsi à tout un peuple qui en a désespérément besoins ? D’autres questions encore préoccupaient les évangéliques en ce qui nous concernait : Notre définition de la « marque de la bête » ; Notre prétention à être l’Église du reste ; Notre approche de la justification par la foi – qu’ils assimilent à celle de l’église catholique. Mais là encore, ils furent rassurés car, pour leur complaire, on abandonna sans scrupules des convictions bien établies : « M. Martin ‘indiqua que dans la librairie attenante au bâtiment même où la réunion avait lieu, un ouvrage publié par les adventistes et écrit par un de leurs pasteurs établissait exactement le contraire. Les dirigeants envoyèrent chercher le livre et virent que M. Martin avait raison ; immédiatement ils portèrent ce fait à la connaissance des membres de la Conférence Générale afin qu’on puisse remédier à cette situation et corriger de telles publication. 11 « Cela concernait particulièrement la doctrine de la marque de la bête, une des plus importantes doctrines de l’Église Adventiste remontant à peu près à son origine. Quand les dirigeants découvrirent que M. Martin avait raison, ils suggérèrent aux membres officiants que ‘les publications fussent corrigées’. Ce qui fut fait. Nous ignorons quelles publications furent ainsi corrigées, et si les auteurs en furent auparavant informés ; si le comité des publications a été consulté et si les éditeurs des livres et la maison d’édition furent d’accord avec les changements. Ce que nous savons, par contre, c’est que dans les leçons de l’école du Sabbat du second trimestre 1958, qui étudiaient le livre de l’Apocalypse chapitre après chapitre, le treizième chapitre qui traite de la marque de la bête fut supprimé dans son entier. Les leçons d’école du Sabbat avaient évidemment été elles aussi ‘corrigées ‘ » Extrait de « Lettres aux Églises » d’Andreasen. Il en fut de même pour la doctrine sur la nature du Christ dont la juste compréhension est capitale pour notre salut : … « Nos dirigeants assurèrent à M. Martin que ‘la majorité des membres de notre Église a toujours cru que la nature humaine revêtue par Christ fut immaculée, sainte et parfaite, bien que certains de nos écrivains aient occasionnellement publié des opinions contraires à ceux que la majorité de l’Église’. Il faudrait classer Ellen White dans ces écrivains opposés à l’opinion de la majorité, car voici que qu’elle écrivait : « Dans son humanité Christ partagea notre nature pécheresse, déchue. Sinon, Il n’aurait pas été ‘rendu semblable à ses frères’, ‘tenté comme nous en toutes choses’. Il n’aurait pas vaincu comme nous devons vaincre et ne serait donc pas le Sauveur parfait, complet, dont l’homme a besoin et qu’il doit avoir pour être sauvé. L’idée que Christ naquit d’une mère immaculée ou sans péché (les Protestants n’affirment pas cela de la Vierge Marie), n’hérita d’aucune tendance au péché, et pour cette raison ne pécha pas, la place en dehors du monde pécheur, et donc du lieu où l’aide était nécessaire. De Son côté humain, Christ hérita exactement ce que tout enfant d’Adam hérite : une nature pécheresse déchue. Du côté divin, par sa conception même, Il fut engendré et né du Saint-­‐Esprit. Et cela fut accompli pour placer l’humanité dans une haute position et pour démontrer que, quiconque de la même manière, est né de l’Esprit’, peut remporter des victoires identiques sur le péché dans sa propre chair pécheresse. Ainsi chacun doit vaincre comme Christ a vaincu (Apocalypse 3 : 21). Sans cette naissance, il n’y a pas de victoire sur la tentation et pas de délivrance du péché (Jean 3 : 3-­‐7) ». Bibler Readings, p. 21. Cette situation est confirmée par un grand nombre d’autres, qui lui sont semblables ». Idem. Un livre resté célèbre. Cependant, pour entériner ces déclarations faites aux Évangéliques, l’œuvre adventiste publia un ouvrage resté célèbre (et qui a été récemment réédité) Questions on Doctrine. Jamais, aux dires de nos dirigeants, un livre ne fut autant attendu et n’eut un retentissement aussi considérable. Frère Fromm participa à sa rédaction, persuadé que cela activerait l’acceptation du message de 1888. Les auteurs restèrent plus ou moins anonymes. Mais avant sa publication, le manuscrit fut soumis à la lecture d’environ 250 dirigeants dans le monde entier. Apparemment, aucune protestation majeure ne fut enregistrée. On ne suggéra que des corrections secondaires. 12 C’eut été une occasion unique de faire comprendre aux Évangéliques notre conception de la justification par la foi en rapport avec l’œuvre finale du Christ dans le sanctuaire, en appuyant la démonstration sur des textes bibliques précis, et en particulier sur l’œuvre typique qui avait lieu dans le sanctuaire terrestre. Non seulement nous avons laissé passer cette opportunité, mais par cet ouvrage, toute une génération d’étudiants adventistes fut trompée et aiguillée dans une impasse, ce dont nous subissons aujourd’hui encore les conséquences. Dans un ouvrage intitulé « Adventisme et justification », écrit par un pasteur anglican, Geoffrey Paxton, édit en 1980 en anglais et traduit en français en 1982, préfacé par Alfred Vaucher, nous trouvons une opinion émise sur l’ouvrage Questions on Doctrine qui peut nous surprendre. Le point de vue de cet auteur est forcément très différent du nôtre, car il voit un progrès là où nous voyons un recul et une trahison, et il ne peut discerner à quel point l’adventisme de base – les piliers de notre foi – sont ébranlés et parfois même déplacés depuis les années 55-­‐57. Il considère ce livre comme un retour bénéfique vers la conception des Réformateurs. L’un des eux interlocuteurs, le Dr. Barnhouse se rallia à une opinion couramment exprimée chez les Évangéliques et les Protestants en ce qui concerne le jugement investigatif. Selon eux, « nous avons voulu camoufler une erreur de date concernant la prophétie en 1844. Pour ne pas rester trop déconfits, après avoir attendu le retour de Jésus en octobre 1844 et annoncé partout ce retour, nous aurions « inventé » cette histoire de passage du lieu saint au lieu très saint. Pour ces chrétiens, cette doctrine n’a aucune valeur, et ils la qualifient de « phénomène le plus colossal et psychologique, au cours de toute l’histoire religieuse pour sauver la face ». C’est une « doctrine pusillanime et naïve ». Ainsi, une occasion unique de diffuser cette vérité capitale fut bel et bien perdue. Comme nous le verrons plus loin plus en détails, les Réformateurs prêchèrent que tout est accompli à la croix, que le salut est complètement assuré par le sacrifice terrestre de Jésus sans tenir aucun compte du fait qu’Il entra ensuite dans le sanctuaire céleste pour accomplir son ministère de grand prêtre, étant devenu, il est vrai, à la fois l’offrande et l’officiant. De par le monde, beaucoup d’adventistes, responsables ou non, étaient sérieusement inquiets de la tournure des évènements suscitée par la publication de Questions on Doctrine. Des articles parurent notamment dans le MINISTRY (revue officielle des prédicateurs adventistes en anglais) pour les rassurer et expliquer que nos vues s’étaient simplement précisées, cristallisées. Depuis lors, et malgré certains revirements plus ou moins durables, on a continué à présenter un subtil mélange de vérités et d’erreurs, ce qui aboutit aujourd’hui à une confusion destructrice du véritable adventisme. L’agitation Brinsmead. C’est dans ce contexte théologique nébuleux et inquiétant que se situe ce qu’on a appelé « l’agitation Brinsmead » ; celle-­‐ci commença en Australie et gagna les Etats-­‐Unis, puis se fit sentir aussi en Europe. Nous avons reçu et rencontré R. Brinsmead à plusieurs reprises dans diverses contrées de France, d’Allemagne et de Hollande. À chaque 13 rencontre, les auditeurs étaient plus nombreux. Évidemment, les pasteurs et présidents de Fédération s’en inquiétèrent. Et la question se pose de savoir si on allait nous garder dans l’église, quoique, selon un Président de Fédération de l’époque, les enseignements de Brinsmead étaient justes à 95% ! Finalement, on nous demanda de préciser par lettre si nos convictions étaient toujours adventistes. Et nous fûmes longuement interrogés par le doyen de théologie du Séminaire en 1969. Le jeune Brinsmead, décidé et combatif, n’eut aucune peine à rallier à ses idées quelques adventistes traumatisés par les évènements et les écrits d’une tournure toute nouvelle. Parmi eux, il y eu des imprimeurs qui mirent sur pied notamment une revue « Gems of Truth » qui parut durant plusieurs années, ainsi qu’un nombre considérable de documents remettant en valeur et explicitant les vérités mises de côté. Nous l’avons dit, Robert Brinsmead était un écrivain intarissable. Il édita entre autres une série de « Sermons » très fouillés. En France, la revue « Prépare-­‐toi », reflétant les mêmes conceptions, fut envoyée à environ 2000 adresses. Il y eut 17 numéros dont voici quelques titres : Les évènements des derniers jours ; L’église sans péché. Quand ? Comment ? Jésus souffre pour nous. Jusques à quand ? La liberté individuelle et la nouvelle Alliance ; La Vérité Présente révélée en Jésus-­‐Christ ; L’homme de romains 7 – L’homme de Romain 8 ; Triple message d’Apocalypse 14 et purification complète du peuple de Dieu. On y abordait l’étude des trois piliers de ce qu’on appelait « le réveil du sanctuaire ». Prise de conscience de la nature humaine profondément déchue (voir Jérémie 17) ; Ce qu’est une authentique « justification par la foi » dénuée du légalisme et de l’autosatisfaction laodicéenne ; Remise en valeur du ministère final de Christ dans le sanctuaire. Jusqu’alors, la doctrine adventiste avait insisté sur la nécessité de la perfection avant le retour du Christ. La Bible elle même le mentionne dans les verset suivants : 2 Thessaloniciens 5 : 23 ; Apocalypse. 14 : 4-­‐5. Ce sujet fit l’objet de bien des articles et des livres ; mais on en est toujours à se poser la question : « Qui est parfait ? Où sont ceux qui ont atteint cet idéal jugé incontournable pour la dernière génération ? » Malgré l’exigence biblique sur le plan, beaucoup d’auteurs ont voulu démontrer que cette perfection n’est pas celle que nous comprenons généralement. On avait souvent enseigné que le croyant y parviendrait par ses propres efforts. C’était « le perfectionnisme ». Il fallait prouver que seuls ceux qui laissent Jésus vivre en eux totalement pourront répondre à ce critère, car « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » Mais quel chemin difficile à parcourir que certains ont ressenti comme un anéantissement de leur volonté propre et de leur 14 identité ! Si nous croyions cela, nous retomberions dans la conception catholique de la sainteté. Ce n’est en réalité qu’une adhésion libre et joyeuse aux principes du royaume qui pourra laisser Jésus vivre en nous. Il n’est pas question de perdre notre personnalité, mais au contraire de la garder, forte et heureuse de se soumettre librement à un Maître bien-­‐aimé et reconnu comme le « meilleur », « l’incomparable ». Dans ce service, le croyant ne se glorifie pas lui-­‐même ; il sait que « toutes ses capacités viennent de Dieu », qu’il n’a en lui-­‐même aucune justice pour se présenter au jugement. Quelque droite qu’ait pu être sa vie, elle est entachée de péchés, et il ne peut être agréé par le Père qu’au travers des mérites de Jésus. Brinsmead s’exprimait ainsi à ce sujet: « Aucun degré de grâce intérieure ou ‘justice communiquée’, si élevé soit-­‐il, ne pourrait nous permettre de subsister lors du jugement. Christ seul possède la justice requise pour être acquitté lors du jugement dernier. Il se tient ne qualité de représentant du croyant à la barre du tribunal. » Il insistait en disant : « L’idée que les hommes, lors du jugement auraient besoin de la miséricorde de Dieu, ou, pour être plus précis, que les hommes repentants mais cependant pécheurs pourraient se présenter avec assurance et joie, par la foi en la justice d’un substitut, était pour beaucoup une conception nouvelle. Davantage, c’était la nouvelle la plus douce et la plus joyeuse que de nombreux adventistes n’aient jamais entendue. Ni le temps, ni les circonstances, ni les limitations dues à des conclusions erronées ne peut effacer le souvenir des croyants pleurant d’une joie véritable à la simple révélation que Christ est notre justice lors du jugement, le verdict rendu en notre faveur, la porte ouverte, et que, regardant à Christ nous pouvons dire ‘tout est prêt, venez aux noces’ ». Nous savons tous que la première démarche du Saint-­‐Esprit dans nos cœurs est de nous révéler notre nature pécheresse profonde. Il semble que dans les années 50 cette conviction n’était plus tellement présente dans notre église, préoccupée d’autres objectifs : remettre la loi en vigueur, surtout le quatrième commandement, et faire connaître la proximité du retour du Christ. Mais précisément, le concept de la nature de péché du cœur humain entrait en ligne de compte concernant ce retour, puisque Jésus ne pouvait revenir que si la dernière génération atteignait l’état sans péché. Toutefois, mener cette lutte avec les forces humaines ne pouvait conduire qu’au découragement et à la terreur du jugement. Il importait que les adventistes prennent conscience d’être en quelque sorte les « invités de la dernière heure ». Comme tels, ils n’avaient pas à se glorifier d’être meilleurs que les autres, mais devaient être reconnaissants du privilège qui leur était accordé et comprendre qu’ils ne dépendaient, pour se présenter au jugement, que de la justice de Jésus. Ces pensées-­‐là se retrouvaient constamment dans les écrits de Brinsmead. Mais bien sûr toutes des activités n’étaient pas « organisées » avec suffisamment de recul. Elles cherchaient à pallier une situation de crise doctrinale et s’ébauchaient en tâtonnant, en raison du peu de membres décidés à s’impliquer et de l’opposition des dirigeants qui brandissaient toujours la menace de radiation de l’église. 15 Cependant, il y avait bien une vérité capitale à défendre ; une vérité qui devait émerger de l’accumulation de compromis sous laquelle on voulait l’étouffer après les entretiens avec les évangéliques. Parmi les adventistes fidèles, signalons l’action positive en faveur de la vérité de frère Peter Jarnes, directeur du Département de théologie d’Union College Lincoln, Nebraska, USA. Il publia une brochure important qui fut traduite en français « Le sanctuaire purifié », et cette prise de position lui valut d’être limogé de son poste. Il se consacra à diffuser cette vérité si importante, base de l’adventisme, et fut invité entre autre à tenir une semaine d’études dans un temple protestant du midi de la France – 100 personnes environ y assistèrent. Ce devait être en été 1974. Son ouvrage « le sanctuaire purifié » avait été préfacé par Alfred Vaucher, dont on ne peut suspecter la conformité au message adventiste authentique. Lors de la parution du livre de Jarnes aux U.S.A., il reçut un courrier volumineux dont nous avons extrait cette lettre qui reflète quand même la pensée profonde de bon nombre de membres. Cher Pasteur Jarnes, La lecture émouvante de votre nouveau libre « Le sanctuaire purifié » fut pour moi une bénédiction. Le titre est tout à fait approprié, car celui qui lit ce livre est fortifié dans son amour et sa compréhension du grand message du sanctuaire sur lequel est fondé notre mouvement adventiste. Je ne sais comment la lumière de cette grande vérité a vacillé, comme elle est devenue très faible dans la vie de l’adventisme ces dernières années. Elle était le thème essentiel de nos pionniers. Des hommes comme Edson, Crosier, White, Haskell, Waggoner, Hones, Gilbert et Andreasen exposèrent cette grande vérité dans leurs écrits, affermissant solidement le peuple de Dieu. Quel dommage qu’au cours de ces dernières années aucun de nos pasteurs n’ait écrit de livre sur le sanctuaire ! À part les volumes de l’Esprit de prophétie, il est difficile de trouver parmi nos publications, des livres exposant avec profondeur cette vérité. Loué soit Dieu de vous avoir poussé à écrire sur cet important sujet de vous avoir donné de saisir la réalité des services symboliques, si pleins de signification. Dans le passé, le sanctuaire et ses services, quoique suscitant beaucoup d’intérêt, ont eu peu d’influence sur la vie des chrétiens. Je prie pour que le Saint-­‐Esprit bénisse le message de votre livre, et que le sanctuaire soit rétabli à sa juste place dans la pensée des enfants de Dieu. Au début du mouvement adventiste, les grandes vérités qui firent de nous un peuple furent établies par des discussions ouvertes ; de profondes divergences d’opinions se manifestèrent entre les frères. Malgré elles, chacun considérait l’autre comme un chrétien sincère. Alors qu’ils continuaient d’étudier, Dieu leur révéla la vérité et la confirma par l’Esprit de prophétie. Grâces soient rendues à Dieu, les hommes qui avaient pris des positions erronées sur certains points furent assez humbles pour reconnaître leurs erreurs et changer d’opinion. Puisse ce même esprit d’amour et de recherche de la vérité régner aujourd’hui ! 16 Dans votre livre, vous déclarez votre désaccord avec certains de vos frères sur des points de doctrine ; mais vous n’essayer pas de jeter sur eux le discrédit, et ne mettez pas en question leur sincérité de chrétiens. Ces frères ont écrit leurs convictions comme vous avez écrit les vôtres. Puisse Dieu humilier les cœurs, afin que tous examinent avec bonne volonté, à la lumière de la loi et du témoignage, les positions exprimées par votre livre. Alors, sans avoir égard à nos conceptions passées, nous pourrons accepter avec confiance l’interprétation correcte, telle que le Saint-­‐Esprit nous la révèlera. La citation suivante est des plus appropriées : ‘Ceux qui cherchent à comprendre la Parole de Dieu, devraient manifester la grâce de Christ lorsqu’ils soulèvent des points de doctrine au sujet desquels il peut y avoir différence d’opinion. La liberté pour une recherche sincère et la vérité devrait être donnée, afin que chacun puisse connaître pour lui-­‐même ce qui est la vérité… ‘Des connaissances précieuses rayonneront de la Parole de Dieu, et ne laissez personne éteindre l’Esprit Saint en prenant la liberté de dicter quelles lumières, parmi celles envoyées par Dieu, doivent être annoncées à son peuple. Personne n’a le droit, en vertu de sa position ou de son autorité, de priver le peuple de Dieu de la lumière.’ Counsels on Sabbath School Works, pp. 27, 28. Si peu parmi nous comprennent réellement notre doctrine du sanctuaire et ses vérités connexes, j’en suis profondément peiné. C’est l’un de nos enseignements le plus fréquemment attaqué par les autres groupements religieux. Combien parmi nos frères et parmi nos pasteurs pourraient exposer clairement cette vérité ? Notre peuple doit être encouragé, stimulé à étudier ces grands sujets, et enseigné à les expliquer. « … Le temps viendra où nous serons conduits devant les tribunaux et devant des milliers à cause du nom de Jésus et chacun de nous devra rendre raison de sa foi. Chacun des points de la vérité acceptés par nous sera alors sévèrement critiqué. Nous avons donc besoin d’étudier la Parole de Dieu, pour connaître véritablement, et non superficiellement les doctrines que nous soutenons. » Review and Herald, 18 décembre 1888. Je demande à Dieu qu’Il pousse nos frères dirigeants et nos membres d’église, partout dans le monde, à étudier le message de ce livre et à lui donner une large diffusion. S’ils trouvent erronée l’interprétation de certains points, ceux-­‐ci devraient être ouvertement et loyalement discutés. Et chacun de nous devrait accepter de corriger ses enseignements lorsque la Parole de Dieu les déclare erronés. À la lecture de ce livre, Jésus a été exalté, je dois en rendre témoignage, et j’ai acquis une compréhension plus grade de son œuvre dans le lieu très saint. Ma foi en Jésus et en sa puissance pour accomplir en nous ses promesses s’est plus que jamais affermie. De plus, ce livre a fortifié ma confiance dans le mouvement adventiste et dans le fondement inébranlable qu’est pour celui-­‐ci le message du troisième ange. Ce livre a redoublé ma détermination à délivrer ce message si précieux, à tout peuple et à toute nation. Il m’a poussé à désirer plus intensément d’être uni en Christ à nos frères ; mais il m’a fait comprendre que l’unité véritable se fera seulement lorsque nous serons tous assemblés dans le sanctuaire céleste, par la foi, recherchant l’unité parfait en Christ dans le lieu très saint, suivant « l’agneau partout où il va ». 17 Ma prière pour tous ceux qui étudieront ce livre, c’est qu’ils acquièrent une vision nouvelle du « fondement et de la colonne centrale » de notre foi adventiste ». L’auteur de cette lettre en a autorisé la publication. Ce fut à cette époque qu’on traduisit et publia à Dammarie « Jésus-­‐Christ notre justice » de frère Daniells, espérant ainsi calmer les mécontents. Que ce soit par conviction ou par opportunisme, plusieurs dirigeants de l’époque, en France, prirent le parti d’abandonner les convictions adventistes de base pour se contenter de suivre les directives de la Conférence Générale. Au sein des trahisons, des capitulations, des prises de position conformistes et opportunistes, Dieu restait à la barre et conduisait Son œuvre. J’en ai eu maintes fois la preuve et je considère comme mon devoir d’en témoigner. Revirement doctrinal de R.D. Brinsmead. La phase constructive du Mouvement Brinsmead allait évoluer d’une manière inattendue. Nous avons dit qu’il y avait de nombreuses publications en anglais. Celle qui portait comme titre « Review of the awaking Message » entrait souvent en conflit avec des auteurs bien connus plus ou moins mandatés par la Conférence Générale pour neutraliser ses articles par tous les moyens possibles ; livres, éditoriaux, etc. … Cette guerre entre David et Goliath ne pouvait pas durer. Pour ne pas perdre la face après la publication de Questions on Doctrine, l’œuvre officielle en Australie d‘abord, essaya de tempérer si ce n’est d’arrêter l’activité de ce groupe uni autour de Brinsmead. Se voyant dans l’impossibilité de le convaincre de se taire, ils déléguèrent un de ses meilleurs amis d’étude pour essayer de lui parler et de le convaincre de ses erreurs. Le nom de celui-­‐ci est devenu célèbre dans nos milieux-­‐ hélas ! Il s’agissait de Desmond Ford. Il se sentit investi d’une mission de temporisation auprès de Brinsmead et, pour faire bonne mesure, il prit le contre-­‐pied de ses opinions en présentant à celui-­‐ci les thèses des Réformateurs sur la justification par la foi et l’expiation. Au lieu de rester dans un juste milieu, il pencha de l’autre côté de la crête et devint un admirateur de Luther et Calvin, perdant de vue le fait que la connaissance devant augmenter à la fin des temps, ils ne la possédaient pas complètement aux 17ème et 18ème siècles, car ils n’avaient pas compris le ministère final de Christ dans le sanctuaire qui n’a été révélé qu’en 1844. Brinsmead remplaça les ouvrages d’Ellen White par ceux de Luther pour ses méditations quotidiennes. Et cela est allé si loin que ses conceptions théologiques furent complètement retournées sens dessus dessous. Avec son ami Desmond Ford, il étudia si bien le point de vue des Réformateurs et en parla autour de lui, de telle sorte que les dirigeants d’Australie prirent peur, voyant que cela « allait trop loin ». Ils décidèrent d’envoyer Desmond Ford aux Etats-­‐Unis pour le retremper dans une conception plus adventiste, mais… il était trop tard et c’est lui qui gagna de nombreux étudiants des collèges américains à une conception « protestante » des questions en litige. Il y eut ainsi vers les années 70-­‐83 de nombreuses désertions parmi les futurs pasteurs et beaucoup de pasteurs déjà en fonction quittèrent notre église (plusieurs centaines aux USA). Ce désastre nous fut confirmé personnellement par une rencontre que nous fîmes à Collonges en 1982. Nous nous étions rendus à un 18 symposium destiné à renforcer la confiance dans les écrits de l’Esprit de prophétie. L’un des instructeur que mon mari avait connu en mission en Afrique dans les années 50 lui expliqua dans une conversation particulière que les théories avancées par Desmond Ford pour combattre Brinsmead avait fait du chemin dans les universités américaines. En deux ans, plus de 400 pasteurs adventistes avaient quitté la Dénomination en Amérique du Nord sous l’influence de ces nouvelles théories. Beaucoup de pasteurs présents à cette rencontre, y compris des présidents d’Unions et de Fédérations, « remettaient tout en question ». L’un d’entre eux me dit : « Je pense que si Maurice Tièche vivait maintenant, il n’écrirait plus le livre « l’esprit de prophétie et ses enseignements ». Bien sûr, je ne partageais pas son avis, car je savais Maurice Tièche lecteur assidu et quotidien des ouvrages d’Ellen White. Pendant des années il avait donné à Collonges le cours sur l’Esprit de prophétie et le livre Éducation. Ce demi-­‐tour théologique allait donner lieu à une nouvelle « floraison » de publications aussi bien outre-­‐Atlantique qu’en France, sans compter les thèses des futurs pasteurs et les innombrables articles dans nos revues officielles, prenant position pour l’une ou l’autre des opinions en présence, essentiellement concernant la justification par la foi et la perfection. En France parurent plusieurs numéros d’une revue « La Bonne Nouvelle du jugement » publiant essentiellement des études de frère Marsh, australien, ami de Brinsmead qui donna une série d’études notamment chez un frère habitant la haute Savoie. Et plus tard parut une revue éditée en Suisse, CHRIST NOTRE JUSTICE qui penchait sérieusement pour les idées de Desmond Ford, donc pour les conceptions des Réformateurs. Ceux qui avaient « suivi » Robert Brinsmead, lors de ses premiers exposés et l’avaient en quelque sort pris pour un directeur de conscience, un « revivaliste », n’hésitèrent pas à lui emboîter le pas lorsqu’il changea de camp. C’est ainsi qu’il y eut des « repentances » dans tous les pays concernés. En France, le frère qui avait été à l’origine des rencontres avec Brinsmead et avait préparé la brochure dont nous parlions plus haut, écrivit plusieurs lettres aux dirigeants pour les informer de son revirement et les convaincre qu’il était de nouveau en harmonie doctrinale avec eux Plusieurs des frères et sœurs qui avaient écouté Brinsmead avec un grand intérêt étaient issus d’églises protestantes avant de devenir adventiste. Et ils retournèrent bien volontiers à leurs anciennes croyances ! Le petit troupeau fut dispersé comme par un vent de panique et les documents enfermés dans les placards. Combien il importe dans de telles situations de savoir sur quoi appuyer sa foi personnelle et de ne pas se laisser déstabiliser par des courants contraires. Nous avons à disposition tout ce qui est nécessaire pour n’avoir aucune hésitation en ce qui concerne la vérité. Encore faut-­‐il que nous possédions « l’amour de la vérité pour être sauvés ». Personne ni aucune circonstance ne devrait être capable de nous faire dévier si nous nous appuyons sur le Seigneur et non sur les hommes. Comment ce demi-­‐tour de Brinsmead fut-­‐il considéré par les dirigeants ? Aussi étonnant que celui puisse paraître, la conférence Générale jugea sa seconde position, alors qu’il semblait bien aller dans le sens du livre Questions on Doctrine, abandonnant certaines doctrines de base. Tous ces conflits théologiques divisèrent littéralement l’église en deux camps. 19 Avec le recul, on comprend fort bien que le Seigneur ne pouvait soutenir des croyants qui n’étaient pas « fermes dans leurs sentiments », et étaient prêts à renier aujourd’hui ce qu’ils avaient défendu hier avec tant d’acharnement. La plupart des instruments de ce réveil passager se perdirent de vue les uns les autres, certains furent radiés de l’église, d’autres restaient dans l’attente, déplorant la tournure des évènements. Je citerai un cas qui révèle à quelle tension furent soumis certains membres qui ne savaient plus où se tourner pour être dans le bon chemin. Voici une lettre écrite – et publiée – par un frère qui avait « suivie » Brinsmead dans ses deux positions successives, et qui – finalement – au bout de plusieurs années comprit son erreur et retrouva l’équilibre en matière de foi. « Afin qu’il ne subsiste aucune équivoque quant à notre position concernant le message du sanctuaire qui retentit au sein de l’église adventiste du septième jour, nous voudrions énumérer ici nos convictions : 1. Nous croyons que l’Église adventiste du septième jour est l’Église du reste dont il est question dans l’Apocalypse. 2. Nous croyons que l’heure du jugement de Dieu est venue et que le jugement des vivants doit bientôt commencer par la maison de Dieu. L’Église, par conséquent, doit se préparer sérieusement pour cet événement. 3. Nous croyons que par le témoignage direct de l’Esprit de prophétie et par le message de Réveil, Dieu accorde à son peuple la grâce de le visiter en ces jours de péril, afin de diriger son attention vers Jésus et son ministère dans le lieu très-­‐
saint du sanctuaire céleste. Grâce à cette intercession, nous pourrons obtenir la réconciliation finale. Cette œuvre spéciale de Christ consiste à effacer le péché en nous aussi bien que des registres célestes. Ceux qui participeront avec Christ à cette œuvre de purification finale recevront le sceau de Dieu et la plénitude du Saint-­‐Esprit qui leur permettra de faire retentir le grand cri d’Apocalypse 18. 4. Nous croyons que nous entrons dans la période du crible prédit par les anciens prophètes. Ce n’est qu’en acceptant de marcher à la lumière de la vérité présente, en acceptant de nous repentir comme il fallait le faire au grand jour des expiations que nous pourrons obtenir la protection de Christ. Chaque croyant sincère est personnellement concerné et doit être en sympathie avec son Sauveur qui commence cette œuvre de purification spéciale à l’heure du jugement. Ce n’est qu’en coopérant avec lui à la purification du sanctuaire que nous pourrons libérer Jésus de son ministère de Souverain Sacrificateur et lui permettre enfin de revêtir ses habits royaux, en vue de son retour en gloire. Nous ne devons pas laisser le Sauveur souffrir davantage, mais nous devons lui donner la possibilité de révéler au monde la gloire du caractère de son Père à travers un peuple parfait (Voir Joël 2 : 15-­‐19, 25-­‐28 ; Témoignages, vol. 1, pp. 64-­‐68 ; Zacharie 3 : 1-­‐5 ; Témoignages, vol. 2 pp. 208-­‐212 ; Malachie 3 : 1-­‐4 ; Tragédie des Siècles, pp. 160-­‐
162 ; Daniel 8 : 14 ; Lévitique 16-­‐30 ; Actes 3 -­‐19). 5. Nous croyons que le peuple de Dieu a besoin d’entendre aujourd’hui « le son de la trompette », l’appel au sanctuaire. Le plan de Satan est précisément de diriger les esprits des membres de l’église ailleurs, alors que cette question concerne leur destinée éternelle. Nous regrettons que notre prise de position risque de vous attrister, cher frère Naden, mais nous sentons que c’est pour nous une question de vie ou de mort : Nous 20 sommes poussés à exprimer notre repentance et à reconnaître notre erreur d’il y a neuf ans » ? Perplexité bien compréhensible de G. Paston. L’auteur du livre « Adventisme et Justification », Geoffrey Paxton, enregistra ces différents remous de la théologie adventiste avec inquiétude. Pour lui, le « progrès » aurait été uniquement de rejoindre la doctrine des Réformateurs. Ceux-­‐ci ont accompli le plan de Dieu pour leur époque, souvent au prix de leur liberté, parfois au prix de leur vie ici-­‐bas. Se détachant des conceptions « romaines », ils avaient fait un grand pas vers la vérité, mais n’avaient pas atteint le but. Notamment, ils ne pouvaient comprendre pleinement le sacrifice de Christ, qui avait pris une nature comme la nôtre, et mourut pour chacun de nous de la seconde mort -­‐ l’âme n’étant pas immortelle. En conséquence, Paxton fut enthousiasme pour la position de Desmond Ford et déplora les mesures prises à son égard. Voici un extrait de son livre qu’on pourrait commenter en disant « Paxton n’est pas le seul à avoir été étonné de ces prises de position contradictoires. » En février 76, à Avondale, le pasteur Besham déclarait : « Quelle était la motivation des dirigeants de l’Église dans les années 60 lorsqu’ils approuvaient l’enseignement d’Heppenstall et de Ford ? Pourquoi cet enseignement a-­‐t-­‐
il été abandonné ? On peu se poser la question de savoir pourquoi les dirigeants de l’Église prêchent maintenant le perfectionnisme qui était précédemment celui de Brinsmead, à savoir la nécessité d’une dernière génération absolument parfaite, depuis que Brinsmead s’est rallié à l’anti-­‐perfectionnisme préconisé par les dirigeants dans les années 60. Qu’est-­‐ce qui a poussé les dirigeants à adopter la position de Brinsmead ? Essayer de répondre à ces questions pourrait nous entraîner au-­‐delà de notre propos. Nous nous contenterons simplement de constater ces revirements pour le moins étranges. « Les années 70 constituent une décennie où deux théologies antithétiques coexistent dans l’église adventiste. D’une manière où d’une autre, la théologie de Brinsmead a toujours produit un écho au sein de l’adventisme, surtout dans les années 60. Mais dans les années 70, grâce à une meilleure compréhension de la justification par la foi et une meilleure définition de la nature du perfectionnisme, elle s’est purifiée des éléments hétérogènes qui la dénaturaient. Il en est de même pour la théologie des dirigeants de l’église adventiste. « Donc, dans la décennie commençant en 1970 se constituent deux pôles d’attractions antithétiques concurrents, luttant chacun pour obtenir l’adhésion des membres d’église. Nous avons dit que la relation entre ces deux théologies est actuellement très différente de ce qu’elle était au cours des deux décennies précédant 1970. La prédication actuelle de Brinsmead, tant à l’usage externe qu’interne à l’église adventiste, est en harmonie avec les acquis dans les domaines de la christologie au cours des années 50 et avec les acquis de sotériologie dans les années 60. En revanche, la 21 théologie développée par la Review and Herald à partir de son numéro spécial se voit dans l’obligation de court-­‐circuiter vingt années de progrès théologiques de l’église adventiste. Elle se débarrasse d’un large coup de balai à la fois des acquis christologiques des années 50 et des acquis sotériologiques des années 60. Ainsi, comme nous le verrons, le Dr Herbert Douglass tente de prouver que le livre Question on Doctrine est, comme M.L. Andreasen l’avait qualifié, un odieux traité hérétique. Et les éditorialistes de la Review and Herald de rejeter explicitement la doctrine du péché originel et de manifester leur désaccord avec l’anti-­‐perfectionnisme qu’un nombre croissant de partisans proclame. » Autrement dit, alors que la théologie de Brinsmead faisait marche arrière et se déclarait d’accord avec les évangéliques, la conférence Générale faisait aussi un retour en arrière pour se débarrasser des compromis consentis en 1956 et revenir aux vues adventistes traditionnelles. Le désaccord subsistait mais chacune des parties avait changé de camp ! « La redécouverte de l’Évangile par un homme tel que Brinsmead et son expression dans la revue Present Truth amena Ford à tirer toutes les conséquences de sa conception de la justification par le foi seule. Donc, Basham ne rend pas justice à la position du professeur d’Avondale lorsqu’il affirme : ‘Il faut s’opposer avec une détermination inébranlable à un tel abandon (c’est-­‐à-­‐dire à la théologie de Ford) de la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes’. Dans ses articles principaux en tout cas, l’enseignement de Ford avait été transmis aux saints par les dirigeants de l’Église dans le livre Questions on Doctrine et dans leur polémique contre Brinsmead dans les années 60. » En avril 1976 se réunissaient à Palmdale en Californie des théologiens et des administrateurs pour déterminer laquelle des deux positions en présence était vraiment adventiste. Mais la confusion demeura. « La conférence de Palmdale fut caractérisée par un désaccord concernant la nature humaine de Christ et la signification de la justice qui s’obtient par la foi. Cependant Desmond Ford retourna en Australie convaincu de l’adhésion de la conférence à la position biblique, à savoir : la justice qui s’obtient par la foi se rapporte exclusivement à la justification. De leur côté, certains délégués d’Amérique du Nord s’en retournèrent chez eux tout aussi convaincus qu’à Palmdale la position adventiste traditionnelle sur la justice qui s’obtient par la foi avait été réaffirmée. » Pour Ford, une concession majeure avait eu lieu à Palmdale, à savoir que la justice qui s’obtient par la foi concerne seulement la justification. C’était une première dans l’histoire adventiste. « L’élément nouveau dans la perception adventiste de l’Évangile dans les années 70 est l’éclatement de la synthèse de la justification par la foi et de la sanctification dans la définition de la justice qui s’obtient par la foi. C’est la première fois que cette rupture se produit dans l’adventisme. Et là où cela se produit, il y a un retour radical à l’Évangile cher aux Réformateurs. 22 « Lors du conflit entre les dirigeants et Robert Brinsmead dans les années 60, ils eurent recours aux docteur Heppenstall et Ford pour organiser l’opposition contre Brinsmead. Lorsque, dans les années 70, Brinsmead se laissa convertir à la position défendue par Heppenstall et Ford, on aurait pu s’attendre à voir les dirigeants se réjouir. Or, la réalité quasi incompréhensible est qu’ils se sont ralliés à des conceptions doctrinales que Brinsmead venait d’abandonner ! Il suffit de lire la Review and Herald pour s’en rendre compte. De plus, ils ont fait subir à Desmond Ford, instrument puissant auquel ils ne voient plus d’utilité, des pressions intolérables. Voici en fait ce que je veux faire apparaître : les dirigeants de l’Église n’ont pas reconnu officiellement avoir changé leur position doctrinale. Ils embrassent aujourd’hui ce qu’ils ont combattu hier, mais ils ne le reconnaissent pas. Les dirigeants de l’Église n’ont pas reconnu officiellement avoir changé leur position doctrinale. Ils embrassent aujourd’hui ce qu’ils ont combattu hier, mais ils ne le reconnaissent pas. Les dirigeants de l’Église sont-­‐ils donc incapables de se repentir sincèrement ? Comment le message authentique de 1888 a été introduit en France. Mais le Seigneur veillait. C’est Son œuvre, ce n’est pas la nôtre. Et il Lui importe au plus haut point de la mener à bonne fin. Qu’on me pardonne de relater ici une succession de fait prouvant comment le Seigneur peut agir. Ayant conservé un certain stock de revues en français « Prépare-­‐Toi », je reçus à plusieurs reprises des demandes personnelles de frères et sœurs, désirant en posséder quelques exemplaires. Vint un moment où j’en manquai. C’est alors que je reçus un appel d’étudiants en théologie qui en désiraient concernant le sanctuaire. Je ne pouvais plus satisfaire à leur demande, et ils m’ont suggéré de préparer à leur intention un récapitulatif de ce que je connaissais sur le sanctuaire, estimant qu’on ne leur en parlait pas assez dans leurs études régulières. Je ne me fis pas prier, et préparai immédiatement une trentaine de pages que je leur envoyai en 40 exemplaires. L’un d’entre eux emmena son exemplaire en vacances et là il rencontra un pasteur adventiste de la « vielle école » auquel il le fit lire. Reconnaissant que cet écrit reflétait réellement la pensée adventiste, ce pasteur me demanda de lui en envoyer 150 exemplaires pour les distribuer à ses collègues. C’était la 1ère édition de « La nourriture au temps convenable ». Dans le même temps des frères de Hollande voulaient mettre au point en français un ou deux ouvrages concernant nos pionniers et le message de 1888. Ils cherchaient une personne en France qui aurait pu corriger leur traduction. Par le fait qu’un des ouvrages de Maurice Tièche dont j’avais réalisé la compilation vers les années 60 se trouvait traduit en néerlandais et comportait mon nom dans la préface, il s’adressèrent à moi sans me connaître. Tout ce qui touche à notre message éveillant mon intérêt, je n’hésitai pas à me rendre en Belgique pour les rencontrer. Au soir d’une journée de travail, l’un d’eux ouvrit sa valise avant de rentrer chez lui, et me dit incidemment, en y prenant un livre « Est-­‐ce que cela vous intéresse ? Si oui, je vous le donne ! ». C’était 1888-­‐
Réexaminé édition revue et augmentée par les frères Wieland et Short. Je dévorai cet ouvrage pendant une partie de la nuit. En rentrant à la maison, je dis à mon mari : 23 « Même s’il nous fallait vendre tout ce que nous avons, il faut traduire ce livre et l’éditer en français. » J’ignorais d’ailleurs que les auteurs étaient encore en vie. J’appris quelques mois plus tarde que le frère Wieland avait été invité à venir en Europe, mais qu’il y avait eu de l’opposition. 1998 approchait, date du centenaire de 1888. Nous apprîmes qu’une rencontre d’informations était organisée aux Etats-­‐Unis par ceux qui connaissaient ce message. À quelques jours de la réunion, il se produisit trois miracles successifs (concernant le passeport, le visa et la place d’avion) pour que mon mari puisse y aller et établir le lien avec nos frères des U.S.A. Ce fut fait. Et vous connaissez la suite : les réunions à Vichy, la traduction et la publications des livres. Comment ne pas y voir la main de Dieu qui, sans tenir compte de notre ignorance, dirige toutes choses pour l’avancement de Son œuvre ? Et maintenant, nous avons eu le bonheur de comprendre, souvent avec des larmes de joie, ce qu’est la véritable justification par la foi. Elle est beaucoup plus que ce que croyaient les Réformateurs qui n’avaient pas encore la « connaissance » dont Daniel déclare qu’elle doit augmenter à la fin des temps ; elle est, bien sûr, très différente de celle enseignée par les Catholiques au Concile de Trente. Cette justification par la foi, dont Ellen White disait que « pas une personne sur vingt ne la comprend vraiment » est bien expliquée dans quelques ouvrages que nous avons édités. En particulier, elle est examinée et commentée dans la brochure de Jack Sequeira : « Comment reconnaître la vérité sur la justification par la foi ? ». Croire en une déclaration LEGALE de justice acquise pour nous à la croix ne suffit pas. Cela peut paraître rassurant à certains, mais cela ne change pas le cœur. D’après l’enseignement du Christ, sans la nouvelle naissance, il ne peut y avoir de justification effective. Ce n’est pas la foi qui justifie l’homme, mais la vie parfaite de Christ livrée pour nous à la croix. La foi n’est que l’instrument, la main par laquelle nous recevons la vie de Christ tandis que la nouvelle naissance authentifie cette réception. Pour que cette vérité ne demeure pas seulement objective, il faut que le Saint-­‐Esprit accomplisse son œuvre en nous. Or, les Réformateurs voulaient séparer totalement la justification et la sanctification, alors qu’elles sont intimement mêlées. Dans le livre « Le meilleur chemin », il est écrit que la justice imputée ET la justice impartie nous qualifient pour le ciel. Le point central de l’Évangile reste toujours la foi qui justifie mais « comme le corps sans l’esprit est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte ». C’est la foi agissante par l’amour. On accomplit des œuvres non POUR être sauvé, mais parce qu’on est sauvé. La foi elle-­‐même n’est-­‐elle pas un combat contre l’ambiance où nous vivons ? Ce combat se perpétue dans la sanctification. « Demeurez en Christ », face aux tentations, reste une lutte constante. Quand le pécheur contemple la croix et saisit partiellement l’amplitude du sacrifice consenti pour lui, son cœur est subjugué et la foi devient une réponse d’amour produisant l’obéissance, non une obéissance contrainte, mais une obéissance libre et heureuse à la loi de Dieu qui est amour. Jésus ne nous a pas sauvé de l’abîme du péché, du « bourbier de fange » dont parle le cantique pour nous laisser au bord de la berge, sales et impuissants. Il veut nous 24 laver, nous purifier, nous revêtir d’un vêtement blanc pour nous préparer aux noces de l’Agneau. Jésus peut et veut nous sauver parfaitement. Cette œuvre appelée « sanctification » est la suite logique de la justification, l’une ne va pas sans l’autre. La purification du sanctuaire, qui est au cœur du message adventiste correspond à l’effacement des péchés qui prépare les « temps de rafraîchissement » (pluie de l’arrière-­‐
saison). Ce message devait, depuis longtemps, préparer un peuple pour la translation. Le temps a duré en raison de notre incrédulité. Mais le but reste toujours là, car il concerne l’honneur de Dieu vis-­‐à-­‐vis de l’Univers entier. Satan qui a voulu démontrer que la loi de Dieu ne pouvait être observée sera mis en échec par un peuple humble et petit, mais entièrement consacré. On comprend que l’ennemi fasse tout pour que cela arrive le plus tard possible. Conclusion Il est bien évident que nous n’avons pu, en ces quelques pages, présenter toutes les étapes de ce combat qui dura près de 30 ans et impliqua la participation de nombreuses personnes : écrivains, professeurs, membres de Comités directeurs, etc. Pour la France, c’est intentionnellement que nous n’avons pas cité de noms. Aujourd’hui, le combat continue – à certains égards, il devient plus intense que jamais – mais le Seigneur nous éclaire par ce très précieux message qui apporte à tous ceux qui l’acceptent lumière et espérance. Madeleine VAYSSE. 25