Le sexe est bohème

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Le sexe est bohème
Le sexe est bohème
Du même auteur
Roman de l’Objet, José Corti, 1981
Bibliques, José Corti, 1984
La Moisson du crépuscule, Pierre Fanlac, 1984
Le Jardinier du Ciel, Pierre Fanlac, 1986
Mémoires d’imposture, Éditions des Femmes, 1986
L’œil des Phrases, José Corti, 1987
La Tunique de Nessus, Éditions des Écrivains, 2000
La Dame Blanche, Éditions des Écrivains, 2001
Sylvain ou le bois d’œuvre, L’Harmattan, 2006
Faux et usage de faux, coll. « Littératures », Orizons, 2009
Du côté de l’ennemi, coll. « Littératures », Orizons, 2010
Filages, coll. « Littératures », Orizons, 2011
L’Horreur parturiente, coll. « Littératures », Orizons, 2012
Museum verbum, coll. « Littératures », Orizons, 2012
Zapping à New York, coll. « Littératures », Orizons, 2013
Proust, Maître d’œuvre, coll. « Profils d’un classique », Orizons,
2015
épidémie, coll. « Littératures », Orizons, 2015
Le sexe est bohème, coll. « Littératures », Orizons, 2015
Lucette Mouline
Le sexe est bohème
2015
Dans la même collection
Patrick Denys, Épidaure, 2012
Pierre Fréha, Nous irons voir la Tour Eiffel, 2012
Jean Gillibert, De la chair et des cendres, 2012
Jean Gillibert, À coups de théâtre, 2012
Nicole Hatem, Surabondance, 2012
Didier Mansuy , Facettes, 2012
Didier Mansuy , Les Porteurs de feu, 2012
Lucette Mouline, L’Horreur parturiente, 2012
Lucette Mouline, Museum verbum, 2012
Bahjat Rizk, Monologues intérieurs, 2012
Dominique Rouche, Œdipe le chien, 2012
Antoine de Vial, Obéir à Gavrinis, 2012
Éric Colombo, Par où passe la lumière..., 2013
Raymond Espinose, Lisières, Carnets 2009-2012, 2013
Henri Heinemann, Chants d’Opale, 2013
Lucette Mouline, Zapping à New York, 2013
Antoine de Vial, Americadire, 2013
Guy R. Vincent, Séceph l’Hispéen, 2013
Jean-Louis Delvolvé, Le gerfaut, 2014
Toufic El-Khoury , Léthéapolis, 2014
Gérard Laplace, La façon des Insulaires, 2014
Andrée Montero, Le frère, 2014
Laurent Peireire, Ostentation, 2014
Michèle Ramond, Les saisons du jardin, 2014
Michèle Ramond, Les rêveries de Madame Halley, 2014
Michel Arouimi, Quatre adieux, 2015
Jean-Pierre Barbier-Jardet, Procès à la mémoire de mon ombre, 2015
Dominique Capela, La Gravité, 2015
Patrick Corneau, Vies épinglées, 2015
Chantal Danjou, Les cueilleurs de pommes, 2015
Raymond Espinose, Villa Dampierre, 2015
Henri Heinemann, L’Éternité pliée, Journal, Le Voyageur
éparpillé, tome V, 2015
Henri Heinemann, Et puis..., 2015
Fanny Lévy, Une existence au fil de son passage en ce monde, 2015
A. Lichtenbaum, Éphraïm égaré ou la justice des nations, 2015
Lucette Mouline, Épidémie, 2015
Lucette Mouline, Le sexe égaré, 2015
Alarmes
A
llô... Allô... Qui peut bien m’appeler sur mon fixe ? J’ai perdu l’habitude et en début de matinée, je devrais déjà être dehors. Je viens
de m’entendre crier allô une fois, deux fois, enfin un certain nombre de
fois. Puis plus rien. J’abandonne, un peu agacée mais à peine. Les gens se
trompent, l’été surtout, mais c’est pas le cas. Ils font ça quand ils veulent
savoir s’il y a quelqu’un dans les appartements pour faire une descente
et cambrioler. Évidemment ils ne s’excusent pas. Je connais la chanson.
Voilà que j’y pense : ce truc arrive aussi avec des comédiens en train
de s’essouffler sur un projet en route. Obligés de me prévenir et s’y prenant
trop tard, ils ont peur d’être éliminés aux examens de fin d’année. Les
mots leur restent en travers de la gorge. Il arrive que je sois là plusieurs
quarts d’heure à me demander quel est celui qui n’a pas réussi à parler ou
a voulu m’intriguer. Pour l’instant, je ne vois pas qui pourrait se livrer à
cet exercice. Aucune urgence dans les dates, en principe.
J’attrape le sac pour mes cours, la serviette où loger les documents que
je suis en train de préparer. Déjà que je m’étais levée dans les vapeurs et
sans énergie, ce coup de fil anonyme m’achève. Je baisse les yeux, désemparée, quand mon regard circulaire rencontre l’ordinateur. Il est là, sur
la même table que mes feuilles, impassible, comme s’il me reprochait de
ne servir à rien.
C’est bien une idée fixe, un tantinet obsessionnelle mais c’est comme
ça. Tous les objets me parlent. Leurs messages muets me giflent en pleine
figure, raison pour laquelle je les déteste. Je suis éreintée de voir du langage partout, assiégeant, indéchiffrable, répandu sur le monde à satiété.
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Sur un soupir, la main en l’air, j’interromps le classement de ce que je dois
emporter.
Le constat s’impose : il faudrait absolument que je me remette à
écrire. Je n’arrête pas d’arrêter. Puis de recommencer et de stopper de
nouveau. Il me semble que je fais ça depuis la nuit des temps, depuis ma
naissance ou pourquoi pas avant. N’empêche qu’apparemment, si j’en
crois la rumeur environnante, je sois loin d’être un écrivain. À la limite
quelque femme qui écrit. L’autre jour, ma voisine qui pourtant n’ignore
rien de mes allées et venues à l’Université m’a dit, sans doute pour me
vexer, écrire ça occupe. Aussi quel besoin ai-je eu, un jour d’amour propre
exacerbé, de lui dire que de temps en temps il m’arrive de publier des
choses ? Je hais les voisins. Ce sont les colporteurs patentés des évidences
stupides de la société.
Ne partons pas sur ce chemin. De toutes façons, le moment est mal choisi
pour penser à une activité d’écriture. En plus, je suis excédée d’avoir été
dérangée bêtement au démarrage. Mon mauvais moral monte de seconde
en seconde. Chez moi, l’esprit galope que c’en est incroyable, et à mon
désavantage, naturellement. Autour de moi, je n’ai eu que des personnes
sûres et certaines de mes limites, convaincues de mon manque de talent.
À part, il y a des années, quelques éditeurs et encore. Je pense qu’ils m’ont
publiée pour l’argent que je leur distribuais par ci par là. De l’argent que
je n’avais pas, que je me faisais croire que j’avais. Les banques faisaient le
reste. Quoi qu’ils aient pu dire, je reste persuadée que ce n’était ni pour
la qualité de mes écrits, ni pour moi. À moins que sur ce dernier point...
mais passons, je dérape.
Pas moyen, en début de journée, d’éviter de se concentrer sur les indices
négatifs qui l’annoncent. J’ai l’impression que ça va sonner de nouveau ;
le grésillement va éclater dans des pièces vides. Depuis que mon amie est
morte il y a trois mois, je suis seule. À présent, la maison que j’avais louée
avec elle est trop grande. Je m’y balade comme une âme en peine, ce que
je suis, bien sûr.
Cette histoire était un pari. J’avais joué ma vie à pile ou face. En clair,
je jurais que si Pépée atteinte d’une tumeur au cerveau s’en sortait, si elle
était sauvée d’une façon ou d’une autre, je continuerais à vivre avec elle,
même handicapée ou carrément infirme. Si elle disparaissait, je reviendrais
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vivre avec mon mari que j’avais quitté pour elle. Le destin avait tranché et
la deuxième hypothèse emporté le morceau.
Si je continue à ruminer, je n’aurai même pas la force de m’en aller. Il fait
gris mais la lumière va percer, la nature se moque bien de la déprime des
humains. Je réagis. Après tout, Pépée a eu l’ultime mansuétude de mourir
juste avant les vacances de Noël. Nous voilà au printemps. Ça m’a permis
de me retourner. L’humour ne la choquerait pas. Entre nous, il était de
rigueur. Avec ce qu’elle endurait, elle en avait besoin autant que moi.
Je suis prête. Ne pensons pas au choc de son départ. Quoique prévu
de longue date, il a été dur dur. Je me revois dans cette chambre d’hôpital, à moitié endormie sur mon lit d’appoint, fixant la lumière blafarde
du couloir vitré. Au bout d’un temps confus, l’opération accomplie sans
espoir dans des conditions chirurgicales qui tenaient de l’exploit, puis la
semaine du non réveil, l’arrêt respiratoire en pleine nuit, les ravages de
la mort dans mon quotidien. J’ai dû panser mes plaies et reprendre non
sans satisfaction mon enseignement du théâtre, en même temps théorique
et pratique, à la fac.
Je me rappelle tout à coup que mon fils pourrait m’appeler avant que je
parte. Je vais donc automatiquement décrocher, quoi que je puisse avoir
dans la tête. J’ai presque déjà oublié mes ressassements. Ils ont pris la tournure salvatrice d’un jeu d’art dramatique, un exercice pour comédiens qui
démarrerait dans un aéroport autour d’une voix blanche ou dans l’avion
avant le décollage, sur celle du steward préposé aux consignes de sécurité.
D
ehors je continue à rêvasser. Le départ pour la fac est le moment idéal
pour faire le point. À moins que Dominique ne soit plus d’accord, on
doit dîner ce soir au pub irlandais. S’il est dans ses mauvais jours et c’est
souvent, je me prépare une soirée martyre. En général je n’en laisse rien
paraître mais ce garçon a le caractère ombrageux de ses vingt-deux ans
enfantins et volontaires. Il grogne contre le menu qui ne change jamais,
contre son boulot pas marrant d’aide-soignant dans une maison de retraite
qu’il a voulu accepter malgré moi et j’en passe.
Qu’importe ! Tel qu’il est, avec son travail sans avenir, son air maussade,
son refus du monde extérieur, il compte parmi les grandes passions
de ma vie, c’est comme ça. J’aime Camille, sa sœur cadette, à égalité
mais l’inflexibilité de Dominique a séduit ma propension morbide à
l’obéissance. J’ai peur de lui et il me tient à sa merci. Ma faiblesse va
jusque-là.
Je suis solitaire sans l’être. Un jour ne se passe pas sans que, pour ainsi
dire à chaque repas, je mange avec quelqu’un. Ce soir, selon toute vraisemblance, ce sera Dominique. À midi selon le rituel du mercredi je serai
avec Michaël. Je suis surbookée. J’en tire un certain orgueil et un sentiment
de sécurité appréciable. Michaël, c’est mon ex. Ex-mari pour l’état civil,
ex-amant pour moi, ça me plaît de dire comme ça. De toutes façons, je ne
sais pas exactement. C’est devenu très compliqué à partir du divorce que
j’avais demandé pour vivre avec Pépée.
Sans compter que pour comble de complication, j’ai fait les choses
à moitié ou plus exactement aux trois quarts. En effet, après un an de
procédure, et je ne sais toujours pas au juste pourquoi, j’ai refusé que ce
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divorce, bel et bien prononcé, soit publié. L’avocat a trouvé étrange ce
remords de dernière heure qui avait les allures d’un caprice.
Sans doute, je me comprenais. Il devait y avoir là une question de
vocabulaire.
Le trajet en bus va durer une demi-heure. Il est très propice à mes ruminations. J’ai quitté Michaël pour vivre avec une femme. C’est clair.
Mais honnêtement je n’éprouvais à l’égard de Pépée aucun sentiment
qui pût ressembler à de l’amour. En revanche, je ressentais près d’elle
une violente curiosité sexuelle. Elle devait avoir pour origine l’idée que je
resterais incapable d’écrire quoi que ce soit d’accessible à autrui, disons
de lisible, si je n’acceptais pas de vivre, afin de la raconter, une aventure
qui me dépasserait. Parfois, je le pense encore. La fiction que je désirais
tournait autour d’une question de sexe impossible. Le hasard ou quelque
providence retorse avaient offert à cette aspiration l’opportunité d’une vie
commune avec une femme. J’étais dans l’ivresse de penser que ce serait
de l’extrême, sinon de l’inédit. Je connaissais les hommes par cœur, du
moins il me semblait.
Michaël et moi, nous avions divorcé par consentement mutuel. Nos raisons avouées n’en étaient pas moins différentes. Mon époux se contentait
d’exécuter. Il n’aurait pour rien au monde mis obstacle à ma volonté.
Quant à moi, j’avais déclaré à mon avocat vouloir me séparer de mon mari
à cause de certaines convictions spirituelles. J’étais habitée par une idée
qui me tenait à cœur, d’un ésotérisme provocant, suivant laquelle l’usage
traditionnel du sexe destiné à perpétuer l’espèce exilait les hommes du
Paradis. L’avocat m’avait dit vous délirez. Il n’en avait pas moins entamé
la procédure que je souhaitais.
Maintenant, après les mois de solitude, j’en suis arrivée à faire rentrer
dans les faits la promesse que je m’étais fixée il y a trois ans. Une fois par
semaine, Michaël et moi, nous déjeunons ensemble.
L’ambiance est plutôt joyeuse. En arrivant, il m’embrasse sur la joue.
Il retrouve mes goûts avec satisfaction. Il s’empresse de commander, dans
la gamme des vins de table, mon Saint Emilion préféré. On ne se crispe pas
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sur le passé dont on ne parle jamais ; on n’évoque pas davantage l’avenir,
on se raconte les jours récents où on ne s’est pas vus.
On fait comme si on était rajeunis, et c’est peut-être un peu vrai. On
s’amuse de bon cœur en se racontant nos semaines respectives. Je constate
que Michaël, très ennuyeux dans une maison, surtout si la promiscuité
se perpétue à longueur de décennies, devient volontiers à l’extérieur une
espèce d’amant formidable. Naturellement nous ne couchons jamais ensemble. Nos existences ont pris une autre tournure.
Je suis contente d’avoir divorcé, d’avoir surmonté les séquelles de
l’ancien blâme attaché à cet acte de franchise et de liberté. Est-ce pour
sauver un reliquat des vieilles réticences ambiantes, que j’ai demandé de
ne pas enregistrer ce divorce, du moins pas encore. ? Je ne crois pas.
À
l’université, le malaise dans lequel m’avait plongée le téléphone sans
suite se dissipe petit à petit. Je suis finalement en avance pour mes
cours mais je n’avais pas envie d’entendre l’appareil claironner de nouveau.
L’idée du break de midi où je vais aller rejoindre Michaël me réconforte.
Dominique rappellera dans la soirée si nécessaire. D’un peu plus, rien que
le souvenir de cette fichue alerte sonore me gâcherait l’idée joyeuse du
déjeuner. Je la laisse planer sur les premières heures de la journée.
La matinée défile à toute allure tant ma hâte de retrouver Michaël est fébrile. Avant d’aller à la brasserie de la Place des Martyrs, je vais l’attendre
devant un apéro. J’ai pris la tenue qu’il préfère. C’est un amoureux du
classique. Il ne fait pas attention à mes jeans. Pour le haut, il aime les couleurs vives. Il disait comme sur un vitrail. Je reconnais qu’il a été le premier
homme pour lequel j’ai voulu porter un certain type de vêtement. À sa
manière, il a forgé mon corps, ce corps dont il n’a pas su se servir. Je ne lui
en veux pas. La fille avec qui j’ai vécu trois ans ne s’en servait pas mieux.
Par la force des choses, elle agissait par substitution, elle contournait.
Je ne veux servir à personne. Même pas à moi-même.
J’aimerais penser que, dans le domaine sexuel, je suis le contraire de
ma mère laquelle j’imaginais jadis de tempérament folâtre. Cependant,
son consentement réticent à ce qu’elle appelait les exigences de mon père
me porte à modérer ce point de vue. Je me souviens, entre autres, l’avoir
entendue, suite aux reproches de mon paternel apparemment frustré, protester avec amertume d’une façon bien à elle que j’ai gardée en mémoire.
Histoire de se justifier, elle disait j’étais pas dans un sac.
J’avais dix ans ou à peu près quand ces mots se sont gravés dans ma
tête. À cette époque, j’imagine qu’avait dû se clore entre mes parents, sur
ce dialogue tronqué, une dispute dont le sexe était l’enjeu, là, tout près,
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dans leur grand lit, à deux mètres du petit divan que je continuais à occuper dans le coin d’en face. Je n’étais plus un bébé depuis longtemps et
cette promiscuité humiliante m’attirait les moqueries des camarades qui
venaient chez moi faire leurs devoirs.
En général, Michaël arrive pile à l’heure. Il a le genre de réflexe des
types qui, par les temps qui courent, tiennent en toute occasion à ne pas
perdre leur place. Cela, bien qu’il ne soit exactement ni un assistant ni
un collaborateur — ce qu’il aurait aimé être — mais plutôt un employé
quelconque. Dans les études de notaire, on dit un clerc, ce qui, dans la
mentalité patronale de la profession, signifie d’après Michaël un moins
que rien, sauf quand l’adjectif premier précède ce terme. Mais lui n’est ni
premier ni principal. Il stagne parmi la valetaille qu’entretient depuis des
siècles, moyennant un salaire médiocre, la bourgeoisie libérale des charges
d’ancien régime, des métiers à monopole contre lesquels, pour ma part,
fille de fonctionnaires, une institutrice et un cadre du Trésor Public, j’ai
une dent solide.
La famille de Michaël l’a précipité là-dedans tête baissée quand le
père Dubreuil — sa femme restait au foyer — a décidé sans mobile précis — la pure flemme n’était pas à éliminer — de prendre sa retraite
anticipée d’ingénieur des Travaux publics. De là une réduction notable
des ressources familiales qui ne permettaient plus au fils d’envisager des
études. La fille, on la marierait. Un schéma éculé qui, longtemps après,
soulève encore mon indignation.
Ainsi, Michaël n’ayant pas tenté le bac, il ne lui restait que la Capacité
en droit où — il y a trente ans — aucun diplôme n’était exigé. Il avait essayé de gagner sa vie en vitesse. De là la succession des emplois folkloriques
qui avaient meublé sa jeunesse. Ils avaient marqué les jalons d’un devenir
fastidieux, dès son démarrage chez un aristocrate vieille école qui d’après
Michaël ne demandait pas mieux que de le transformer en esclave, attaché
corps et biens aux innombrables et incontournables écritures requises par
la législation. Il était entendu qu’à partir de ce poste minable qu’on disait
provisoire, il prendrait du galon, deviendrait premier clerc.
Or cette situation initiale qui remonte à ma bouche comme une nausée de ma vie entière a duré autant que la sienne, dévastée, pour faire