A la poursuite du rayon vert

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A la poursuite du rayon vert
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A la poursuite du rayon vert
Golfo di Palmas, le 13 septembre. Le Cap' a levé
l'ancre pour ne pas rater le train venteux qui doit
emmener Thoè dans les Baléares. Les premières
heures de la traversée se feront au près serré. Un
près assez efficace puisqu'il le petit vent du NW
nous amène progressivement sur la route de 340
milles menant tout droit à Formentera. Le Cap' a
juste tiré un bord pour passer au vent d'une petite
île recouverte d'un phare.
Au cours de la nuit, le vent devrait progressivement
s'orienter plus au nord. Le genaker est prêt à être
envoyé. Puis il devrait carrément basculer à l'est.
L'arrivée se ferait avec très peu de vent. L'avenir dira si ces prévisions se vérifieront.
En mer, le 13 septembre. Au coucher du soleil, le rayon vert est un phénomène que certains pensent apparenté à l'existence
du loup blanc. Rares sont ceux qui peuvent affirmer l'avoir vu. Je pense l'avoir vu une seule fois, en Bretagne. Je ne m'intéressais pas au coucher du soleil ce jour-là, mais mes yeux l'ont regardé par hasard juste au bon moment. Jusqu'à aujourd'hui, j'ai
toujours conservé un doute quand à la pertinence d'une observation faite par hasard. Il est dû à la décomposition de la lumière dans l'atmosphère, tout comme le fait que le soleil et le ciel deviennent orange ou rouges. Les couleurs de l'arc-en-ciel sont
dans l'ordre : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet...
Le ciel du 13 septembre et les bords verts
Ce soir, je m'installe dans l'un des petits fauteuils de pont, du côté de la gîte du voilier et photographie le soleil couchant. Je
suis très bas sur l'eau, les yeux à environ un mètre cinquante d'altitude. Si j'essayais de photographier le rayon vert passe entre mes
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deux oreilles et sort par mes yeux. Bonne idée ! Je braque le télé vers l'étoile. Elle tombe de plus en plus vite en chute libre
derrière l'horizon. Au travers de l'objectif, il me semble apercevoir une faible lueur verte au ras de l'eau, de chaque côté du petit fragment de disque jaune dépassant encore de la mer.
Ces deux minuscules coins vert clair se rapprochent l'un de l'autre de plus en plus vite. L'appareil photo mitraille comme une
arme automatique. Une dizaine de photographies par seconde. Finalement ils ne forment plus qu'un seul rayon... vert. Il
apparaît et disparaît en même temps, à l'instant précis où le soleil se cache ! Et l'appareil de n'avoir pris que six images dont les
deux dernières ne montrent quasi rien à cause de la réfraction dans l'air. Le rayon vert ne vit qu'une infime fraction de se conde pour celui qui prend la peine de s'armer d'un téléobjectif de 600 mm ! Pour le voir à l’œil nu, il faut à la fois de la
chance et que toutes les conditions soient réunies pour qu'il soit suffisamment intense.
Le lendemain, le ciel était parfaitement clair et dégagé. J'ai réglé
l'appareil photo différemment (sous-exposition de 1 cran mais
c'était un peu trop). Le phénomène s'est reproduit mais de
manière presque imperceptible. Les deux bords verts n'ont été
révélés que par la photo et le rayon vert n'est apparu que le
temps que prend l'appareil pour tirer un cliché et l’œil le voir
brièvement dans le viseur. Le rayon vert était au rendez-vous,
mais il fallait des yeux de lynx pour le capturer.
Les bords verts (19:49:34)
Le rayon vert (19:49:34)
Le ciel du 14 septembre (19:49:27)
Comment voir le rayon vert ?
Même quand le soleil est près de disparaître, sa luminosité est intense contrairement au rayon vert dont l'intensité est net-
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tement plus faible. Si l'on regarde tout le coucher du soleil, on est encore ébloui lorsque le rayon vert apparaît et on ne le voit
pas, même s'il apparaît avec une certaine intensité. Il ne faut regarder en direction du soleil qu'au moment où il ne reste plus
qu'un petit bout, comme sur les photos ci-dessus. Alors, on se donne une chance de le voir.
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