La condition des personnes handicapées en Russie d`aujourd`hui
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La condition des personnes handicapées en Russie d`aujourd`hui
La condition des personnes handicapées en Russie d'aujourd'hui En Russie il y a 13 millions de personnes handicapées pour 143 millions de population totale, cela représente donc une personne sur dix. Chaque année, 1 million de personnes deviennent handicapées. Seulement 5% d’entre eux ont la possibilité de réhabiliter complètement leurs capacités L'emploi des handicapés en Russie Dans son rapport du printemps 2009, le Président russe Dimitri Medvedev a mentionné que si 6 millions sur 13 millions des handicapés russes sont capables de travailler, seulement 15% sont embauchés. Sur ces 15% il y en a beaucoup d’emploi fictifs, c'est-à-dire qu'ils sont embauchés seulement sur papiers d'entreprise (en réalité ils ne travaillent pas). L'explication est simple. En fait, les lois fiscales russes prévoient une réduction d’impôts pour les entreprises qui embauchent des handicapés. Par conséquent, beaucoup de chefs d'entreprises «embauchent» des handicapés (sur papier) pour minimiser leurs impôts. Dans ce cas souvent la personne handicapée « embauché » ne vient même pas à son travail. Souvent les entreprises n'hésitent pas à licencier des handicapés. Par exemple, en 2004-2005 quelques entreprises moscovites ont diminué par cinq le nombre des handicapés qui travaillaient chez eux. Pourtant, le nombre des handicapés à Moscou progresse constamment et atteint déjà 1 million de personnes (la population de Moscou est de 10 millions). La législation russe sur le handicap Dans le domaine de la législation russe concernant le handicap, la loi la plus importante est la loi de 1995 « Sur la protection sociale des handicapés ». Cette loi déclare que l'État doit assurer pour les handicapés les mêmes droits et chances que les personnes valides. Avec le temps qui passe, on est obligé de constater que cette belle promesse reste sur le papier, mais n’est pas appliquée dans la vie réelle... Concernant les actions concrètes des autorités pour assurer les droits des handicapés, elles sont souvent trop lentes et pas assez efficaces. Par exemple, le Ministère de l'Éducation ne fait pas grande chose pour réaliser le droit des enfants handicapés à l'éducation dans les écoles publiques à côté de leurs camarades valides... Pourtant, les bonnes initiatives juridiques ne manquent pas. Récemment, le gouvernement russe avec son premier ministre Vladimir Poutine a préparé le programme national dans le domaine de handicap: « L'environnement accessible aux handicapés ». Il fonctionnera à partir de 2011. Le programme prévoit l'amélioration de l'accès des handicapés à l'emploi et à l'éducation, l'augmentation de l’aide financière pour des associations des handicapés, l'adaptation des espaces publiques et des transports aux handicapés. De plus, l'année de 2009 est annoncée comme « l'année de l'égalité des chances ». Même si les lois et les programmes russes sur handicap sont bonnes sur le papier, il manque souvent les moyens de les appliquer. Par exemple, selon la loi les personnes souffrant de déficience auditive ont le droit d'avoir un accueil spécial dans les instances administratives (avec un traducteur de la langue des signes). Or, la réalité est toute autre: les handicapés ont mille peines à obtenir cet accueil spécial. On peut résumer que la priorité du moment dans le domaine du handicap n'est pas de rajouter des lois, mais de s'assurer que celles déjà votées soient bien appliquées. Le domaine de l'aide financière Les conditions matérielles sont, sans doute, le point le plus grave dans la situation des personnes handicapées en Russie. Il y a beaucoup de problèmes matériels. Les années passent, mais il reste encore des handicapés qui ont besoin de choses indispensables dans leur quotidien, et qui ne peuvent pas les obtenir: des fauteuils roulants, des appareils auditifs etc… En ce qui concerne les allocations pour le handicap, elles sont très insuffisantes, voire dérisoires... Le plus difficile est sans doute la condition des familles monoparentales avec des enfants handicapés. Souvent, les familles deviennent monoparentales suite à la découverte du handicap chez un enfant: les pères quittent la famille et les mères doivent survivre seules avec leurs enfants handicapés. Elles sont trop souvent contraintes de quitter leur travail pour s'occuper de leurs enfants, car il y a trop peu d'établissements qui prennent en charge des enfants handicapés pendant que leurs mères travaillent. L'allocation de handicap, dans ces cas-là, est dérisoire, elle permet à peine de survivre à la faim, c'est tout. Dans le domaine de l'aide financière, il y a un autre phénomène négatif: des abus. En fait, beaucoup de personnes âgées tentent (parfois avec succès) d'obtenir par tous les moyens le statut de handicapé pour avoir un supplément à leur retraite, même s'ils ne sont pas vraiment handicapés... Ces abus sont favorisés par le haut niveau de corruption qui n'épargne pas le système de la santé. Les problèmes de l'intégration sociale Il y a aussi des problèmes qui font peut-être plus souffrir que les problèmes financiers: c'est l'intégration difficile des personnes handicapées dans la société russe. Beaucoup de personnes handicapés sentent que la société n'est pas prête à les accepter. Trop souvent, la réaction des gens va dans les deux extrêmes: soit la pitié, soit l’aversion... Malheureusement, il est encore trop rare de voir les gens traitant les handicapés normalement. Pourtant, c’est dans cette même société où l’on trouve 10% de la population handicapée et où 60% des gens ont une expérience de service aux personnes gravement malades. Comme le témoignent les sondages des personnes handicapées, elles ont toutes été victimes d'une attitude inhospitalière dans des hôpitaux (!), dans les transports. Cette attitude est plus blessante pour les enfants handicapés... Il y a une particularité: l'attitude de la société est moins hospitalière dans les grandes villes, qui sont pourtant mieux adaptées techniquement pour les handicapés. Dans les petites villes et dans la campagne, la situation dans ce domaine est un peu meilleure. L'adaptation de l'environnement aux handicapés Il y a une anecdote triste: un jour une délégation étrangère vient en Russie. Deux jours après un invité constate avec étonnement : «Quel bon pays! Vous n’avez que des gens en bonne santé !» En fait, il n'avait pas compris que les handicapés restent toujours chez eux faute d’un environnement adapté... Depuis cette situation est à peine changée. C'est la triste réalité: dans les villes russes on ne voit pas de personnes en fauteuils roulants. Quasiment rien n'est adapté: ni les escaliers, ni les transports, ni les toilettes, ni les ascenseurs... Récemment le journal moscovite « La Grande ville », a fait l'action « Hors zone d’accès ». Quelques personnes valides se sont mis dans des fauteuils roulants et ont essayé de mener leur vie habituelle. Ils ont été choqués : impossible de retirer de l'argent dans un guichet automatique, d'entrer dans un café, dans une boutique, de traverser un passage souterrain... Les toilettes adaptées ont été trouvées après trois heures de recherches. Il faut dire qu'il y a quelques améliorations dans ce domaine. Mais les changements arrivent trop lentement, et c'est surtout Moscou qui s'en sort le mieux. Par exemple, 25% des bus à Moscou sont adaptés pour les handicapés en fauteuils roulants. Le métro de Moscou reste pourtant inaccessible aux fauteuils roulants... En revanche, de plus en plus de bâtiments publiques de Moscou deviennent adaptés: des théâtres, des gymnases, des piscines, des cinémas. Mais c'est Moscou, la capitale. Dans le reste du pays la situation est tout autre et les améliorations se font attendre.