COMMENTAIRE DE DOCUMENT Liberté à l`américaine
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COMMENTAIRE DE DOCUMENT Liberté à l`américaine
COMMENTAIRE DE DOCUMENT Liberté à l’américaine (1949) Collection Musée Royal de l'Armée, Bruxelles QUESTIONS 1. Quelle est la nature du document et dans quel contexte international a-t-il été produit ? 2. Quels sont les défauts de la société américaine mis en évidence par les vignettes ? 3. Quelle est, d'après l'affiche, la valeur suprême du modèle américain ? 4. Certains éléments de l'affiche ne peuvent-ils aussi s'appliquer au modèle soviétique ? CORRIGE 1. Quelle est la nature du document et dans quel contexte international a-t-il été produit ? Ce document est une affiche de propagande produite par l’URSS en 1949. Elle s’inscrit dans le contexte des débuts de la guerre froide, affrontement entre deux blocs constitués autour des Etats-Unis (bloc occidental) et de l’URSS (bloc soviétique). Cet affrontement ne se traduit pas par une véritable guerre mais prend des formes diverses, le recours à la propagande idéologique comme dans ce document étant une de ses formes. En 1949, la tension est très forte entre les deux blocs notamment à cause de la crise allemande. La volonté des occidentaux (Etats-Unis, Royaume-Uni, France) de fédérer leurs trois zones d’occupation a abouti à un blocus de Berlin-Ouest par les Soviétiques (1948) qui ne prend fin qu’après la création d’une République Fédérale Allemande soutenue par les Occidentaux. 2. Quels sont les défauts de la société américaine mis en évidence par les vignettes ? Aux yeux de l’auteur, la société américaine est une société dans laquelle les libertés fondamentales n’existent pas. Autour d’une statue de la Liberté muselée par un policier américain, les quatre vignettes font en effet référence à ces libertés fondamentales (individuelle, de la presse, d’opinion, de réunion) qui sont supposées ne pas exister aux Etats-Unis. Le recours à la statue de la Liberté, monument américain bien connu, est un moyen de stigmatiser ce que l’URSS considère comme un double langage des Etats-Unis : il vanterait la liberté sans la mettre en pratique eux-mêmes. Les vignettes font en effet référence à des situations particulières érigées en symboles généraux. On peut ainsi lire dans la critique de la liberté de la presse une référence à la propagande américaine mise en place contre le régime communiste (radio émettant vers les pays de l’Est et dénigrant le communisme). L’absence de liberté individuelle est condamnée à travers les actions racistes menées contre les noirs dans certains Etats du Sud des Etats-Unis par une organisation comme le Ku Klux Klan ; la situation des noirs américains, qui ne jouissent pas des mêmes droits civiques que les blancs, est en effet un élément que la propagande soviétique a beau jeu d’utiliser. La critique concernant la liberté de réunion et de participation fait référence au fait que, au nom de la défense de l’intérêt des propriétaires, le pouvoir aux Etats-Unis intervient (parfois durement) pour empêcher certaines grèves ou blocages d’usines. 3. Quelle est, d'après l'affiche, la valeur suprême du modèle américain ? L’affiche affirme que la valeur suprême du modèle américain est l’argent. Cela se traduit par la présence du symbole du dollar sur plusieurs des vignettes constituant l’affiche (sur le cadenas qui ferme la bouche de la statue de la liberté ; sur le véhicule des militaires fonçant contre des manifestants ; sur le sac sur lequel est assis le personnage qui lance des mensonges ; au bas du papier que lit le personnage dans la vignette sur la liberté d’opinion lit). La scène principale est par ailleurs dominée par un haut gratte-ciel sur lequel est inscrit le terme « Wall Street » faisant ainsi référence à la bourse de New York. Ce que condamne ici l’auteur soviétique c’est le capitalisme libéral qui est au cœur du modèle économique américain. Là où l’URSS prône la propriété collective, les Etats-Unis défendent le principe de la propriété privée et estiment que la réussite se mesure en grande partie par la richesse. 4. Certains éléments de l'affiche ne peuvent-ils aussi s'appliquer au modèle soviétique ? En portant la critique des Etats-Unis sur la question des libertés, l’URSS veut accréditer l’idée qu’elle est la véritable patrie de la liberté. Il n’en est rien cependant car, en dépit des assurances données dans sa constitution de 1937, l’URSS est un pays dans lequel les libertés fondamentales ne son pas du tout respectées (et beaucoup plus qu’aux Etats-Unis). Ainsi, l’existence d’un parti unique, le parti communiste, fait qu’une liberté d’opinion réelle est impossible, les opposants au parti (et même parfois certains membres du parti lui-même) étant pourchassés, arrêtés, condamnés, puis exécutés ou envoyés dans des camps de travail (goulags) censés les rééduquer. Le parti s’appuie pour cette traque sur l’armée et une police politique efficace. Il contrôle aussi les esprits à travers une mainmise sur les organes d’informations (presse et radio) qui empêche toute pluralité des opinions. Au contraire, une propagande importante célèbre les réussites éclatantes du « pays du socialisme » et vante, par un véritable culte de la personnalité, le « génial camarade Staline » « petit père des peuples » qui dirige le parti et le pays. La charge contre la supposée privation des libertés aux Etats-Unis dans cette affiche n’est donc en fait que le décalque de celle qu’on trouve dans les affiches de propagande antisoviétiques américaines.