Les affiches de propagande. I- présentation des deux documents
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Les affiches de propagande. I- présentation des deux documents
Les affiches de propagande. I- présentation des deux documents : Titre Maintenant un jeu Plus tard une mission affichiste 8 mars, journée de l'émancipation de la femme Auteur Prudhon, siècle français, XXème Adolph Strakhov, XXème siècle artiste Date 09/03/44 1920 Support Affiche polychrome Affiche polychrome couleurs) (= soviétique, plusieurs II- description. Doc 1 : Maintenant un jeu, plus tard une mission. – affiche rectangulaire, format portrait. – les couleurs utilisées sont des beiges clair et foncé et du noir. – une fillette blonde, aux cheveux bien coiffés et vêtue avec élégance et simplicité, est assise sur une chaise à l'aspect confortable. Elle tient un poupon dans ses bras et semble le câliner. A ses pieds, une autre poupée et un berceau. Ambiance douce, paisible de jeu. – le texte utilise deux typographie : « Maintenant un jeu » imite une écriture ronde et enfantine ; « Plus tard une mission » est écrit en caractères bâtons qui donnent au texte plus de rigueur, de sévérité. Doc 2 : 8 mars, journée de l'émancipation de la femme. – affiche rectangulaire, format portrait. – Les couleurs sont le rouge, le noir et le gris (tirant vers le sépia). – Une femme en gros plan, pas maquillée, vêtue d'une manière sobre et sans aucune des marques de la féminité habituelles (maquillage, accessoires,vêtements mettant leur corps en valeur...) porte un drapeau rouge. Elle a les cheveux recouverts d'un foulard. Nous comprenons qu'elle est une femme qui travaille car derrière elle se dessine la silhouette d'une usine en fonctionnement. L'ensemble dénote l'énergie, le dynamisme, le travail. III- contextualisation et interprétation Doc 1 : en mars 1944, la France est encore occupée par les Allemands, et le gouvernement est dirigé par Pierre Laval, nommé par le Maréchal Pétain ; c'est donc une affiche visant d'une part à soutenir la politique nataliste entreprise pour repeupler la France, et d'autre part à réfréner les poussées féministes : le message s'adresse aux jeunes filles, aux femmes pour leur rappeler leur rôle « classique », qui est de rester au foyer pour s'occuper des enfants. La notion de jeu s'oppose à celle de mission, et maintenant à plus tard, mais les termes s'emboitent pour constituer un message explicite : il faut laisser les fillettes jouer à la poupée puisque, devenues des femmes, elles seront des mères. La date du 9 mars n'est pas le fruit du hasard ; en effet, depuis 1913, le 8 mars est une journée dédiée aux femmes, à leurs droits, à leur place dans la société, un peu partout en Europe. Le gouvernement de Laval marque clairement qu'il ne souhaite pas que les femmes françaises s'émancipent du système social instauré en France. Doc 2 : en octobre 1917, le tsar Nicolas II est renversé par la révolution communiste en Russie, devenue alors l'URSS (union des républiques soviétiques socialistes). Depuis 1913, les femmes russes faisaient une grève afin de réclamer « la paix et du pain », tant la situation dans le pays était difficile ; cela constituait une sorte de « journée de la femme » puisqu'elles en étaient les créatrices et les destinataires. Ensuite, la politique soviétique leur accordant une place réelle dans la société, elles se sont associées aux femmes d'Europe qui célébraient ce jour pour montrer qu'il restait encore beaucoup à faire pour accéder à l'égalité de droits avec les hommes. L'affiche de Strakhov montre que la Russie soviétique est en avance sur de nombreux pays d'Europe, et, pire, du monde entier, en matière d'égalité hommes et femmes. On voit que la femme est une ouvrière (en référence à l'usine dessinée derrière elle), qu'elle est donc active, admise dans la société en tant qu'égale des ouvriers hommes, et enfin que son rôle n'est pas que celui d'une mère. Il n'y a aucune douceur dans cette affiche, les couleurs sont le rouge (couleur du communisme, de la révolution) et des gris métalliques rappelant le monde de l'usine. Les traits sont angulaires, alors que l'on prête généralement l'arrondi aux formes féminines. Conclusion : Ces deux affiches s'opposent tant dans leur conception que dans le message qu'elles nous donnent à lire. C'est en 1918 que les femmes russes accèdent au droit de vote, et en 1944 pour les femmes françaises. En 2015, des efforts sont faits, en France, pour que les hommes et les femmes aient les mêmes droits, et pourtant, il reste encore beaucoup de choses à faire (présence de femmes dans certains milieux professionnels, égalité des salaires...). Et c'est sans parler des droits des femmes partout dans le monde, où parfois elles ne comptent pas du tout, réduites à n'avoir aucun droit.