Mémento secourisme montagne hiver initiateur V2

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Mémento secourisme montagne hiver initiateur V2
Mémento Secourisme montagne hivernal
CONDUITE À TENIR EN CAS D’AVALANCHE
PREAMBULE
Tous les membres du groupe doivent être équipés d’ARVA en état de marche, testés et contrôlés avant le départ de la
rando. Il est porté le plus près possible du corps. De même, tout le monde est équipé de pelles et de sondes. Une trousse de
secours et quelques couvertures de survie sont aussi vivement recommandées pour le groupe.
Chacun doit connaître exactement le nombre de personnes du groupe ainsi que l’itinéraire, et pas uniquement le
responsable de la randonnée.
Celui-ci doit avoir un ARVA supplémentaire ainsi qu’un jeu de piles de rechange. Il doit aussi être capable d’éteindre tous
les modèles d’ARVA du groupe.
ORGANISATION GLOBALE EN CAS D’AVALANCHE
La première chose à faire est de désigner un chef : la personne la plus calme, la plus expérimentée, la moins stressée, la
plus forte psychologiquement, etc. Celui-ci restera légèrement en retrait pour avoir une vision globale de la zone, établir un
rapide diagnostic de la situation et pour organiser et surveiller toutes les actions à entreprendre, c'est-à-dire :
•
Compter le nombre de rescapés et par conséquent déterminer le nombre de personnes à rechercher, (attention
aux groupes qui se suivent…),
•
S’assurer que tous les ARVA, les portables, les radios et autres instruments électroniques soient éteints,
•
Regrouper les rescapés et les « inefficaces » en lieu sûr et leur confier de petites missions : montage des sondes,
pelles, préparation de vêtements chauds, trousse de premiers secours, etc.,
•
Désigner une vigie qui surveillera les pentes amonts et latérales de l’avalanche, une sur-avalanche est peut-être
possible,
•
Désigner la zone de repli en cas de deuxième avalanche,
•
Désigner un parc à matériel où sera regroupé le matériel des rescapés afin de ne pas interférer avec les indices de
surfaces,
•
Recueillir les témoignages afin de localiser le point de disparition de(s) la victime(s) et la trajectoire estimée,
•
Désigner la ou les personnes qui vont effectuer la recherche de surface (objet, partie du corps qui dépasse, cri,
etc.),
•
Désigner la ou les personnes qui vont effectuer la recherche ARVA (ce sont les seules à rallumer leurs ARVA, en
réception). Un ou deux chercheurs performants sont plus efficaces que plusieurs chercheurs moyens, ou qui se
gênent.
•
Désigner les pelleteurs et les sondeurs qui interviendront quand la localisation finale d’une victime à l’aide de
l’ARVA sera effective.
•
Faire prévenir les secours (18 ou 112) par téléphone (en s’éloignant de la zone de recherche) ou envoyer au moins
deux personnes au point téléphonique ou radio le plus proche (en n’oubliant pas de rallumer leurs ARVA en
émission),
A AVOIR EN TETE
•
La recherche s’effectue en silence (pas de propos pessimistes car la personne ensevelie peut entendre à travers la
neige, pas de gêne sonore pour les chercheurs ARVA, audition plus facile d’éventuels cris ou gémissements, etc.).
•
On ne fume pas sur une avalanche, on n’urine pas, on ne mange pas, on ne crache pas non plus car le travail des
chiens s’en trouve parasité.
•
Faire tourner les pelleteurs toutes les trois à cinq minutes car l’exercice est éprouvant.
•
Se concentrer en premier lieu sur la partie avale du point de disparition (c'est-à-dire un secteur d’environ 60° à
l’aplomb de ce point) et les zones préférentielles (replat, amont des gros blocs et tronc, cuvette, extérieur des
courbes).
•
Anticiper la prise en charge de(s) la victime(s) : faire préparer le nécessaire pour protéger et réchauffer,
éventuellement immobiliser une fracture, et dans le pire des cas se préparer à une réanimation voir préparer un
bivouac si la météo est exécrable, la nuit toute proche et que les secours mettront plusieurs heures avant
d’arriver !!
•
Ne pas oublier les bordures de l’avalanche et son pourtour.
•
Ne pas déplacer les indices de surfaces
EN GUISE DE CONCLUSION…
Un accident d’avalanche, bien que rare si on respecte les consignes de sécurité, sera toujours extrêmement stressant…
Néanmoins un entraînement régulier à la recherche en avalanche et une formation aux premiers secours
régulièrement entretenue permettent de rester relativement efficace le moment venu.
Stéphane Huin
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Version 2 Janvier 12
Mémento Secourisme montagne hivernal
TECHNIQUES DE RECHERCHE ET DE SECOURS EN AVALANCHE
LA RECHERCHE DE SURFACE
Elle se fait très consciencieusement mais sans perte de temps. L’observation de la surface du dépôt ainsi que l’écoute
doivent être méticuleuses et aucune zone ne doit être oubliée. Il arrive que les secours professionnels localisent une
victime en quelques secondes simplement en recherchant des indices de surface ignorés des rescapés !! Le parcours de
l’avalanche se fait avec le moyen de déplacement le plus adapté à la situation : skis, skis équipés de peaux, raquettes, à
pieds.
LA RECHERCHE ARVA
Elle se décompose en trois phases : la recherche du premier signal (recherche primaire), la localisation à 2 ou 3 mètres près
(recherche secondaire) et la localisation précise de l’ARVA (recherche finale).
La recherche primaire se fait seul ou à plusieurs selon la taille de l’avalanche. Le balayage doit être systématique et
complet. On parcourt le dépôt par bande de 20 mètres de large. En effet par mesure de sécurité et pour ne pas passer à
côté d’un ARVA qui émettrait faiblement, on considère que les ARVA ont une portée de 10 mètres. Le chercheur balaye
donc les 10 mètres à sa gauche et les 10 mètres à sa droite, soit une bande de 20 mètres.
La technique de balayage est à apprécier en fonction de la configuration : un chercheur qui parcourt l’avalanche en
effectuant des grands zigzags d’un bord à l’autre de la zone, plusieurs chercheurs qui parcourent l’avalanche côte à côte,
espacés de 20 mètres ou bien éventuellement plusieurs chercheurs balayant en zigzags des bandes parallèles.
Attention à bien matérialiser le point de contact du premier signal.
La recherche secondaire doit être extrêmement rapide. La connaissance parfaite du maniement de son modèle d’ARVA
prend ici tout son sens. Quelque soit la technique employée, l’arrivée dans la zone de recherche finale ne doit pas excéder 2
à 3 minutes.
La recherche finale se fait systématiquement en croix. Il n’est pas nécessaire d’arriver à une précision de quelques
centimètres. Un corps humain occupe une surface assez étendue pour en rester à une précision de l’ordre de 30 à 40
centimètres. A ce stade un sondage finalisera la localisation précise de la victime.
LE SONDAGE
Le sondage peut s’envisager sous deux angles : finir de localiser une victime déjà trouvée à l’ARVA ou comme moyen de
recherche sur toute la surface de l’avalanche d’une victime sans ARVA.
La localisation d’une victime à l’aide de la sonde à partir du point de réception ARVA maximum se fait en colimaçon. Le
sondage suit une spirale centrée sur ce point et les coups de sondes sont espacés de 25 cm. En plus de localiser de façon
certaine la victime, le sondage permet de connaître la profondeur d’ensevelissement de celle-ci et d’établir un « contact »
avec elle. Si la personne ensevelie est consciente, le contact avec la sonde, et donc le monde extérieur et les secours, sera
grandement réconfortant et l’encouragera à lutter.
La sonde ayant touché la victime sera bien évidemment laissée en place comme repère.
La sonde se manie avec des gants (afin de la maintenir froide et ainsi éviter la formation de gangue de glace) et le sondage
s’effectue verticalement sauf dans les pentes raides où l’on sonde perpendiculairement à la pente.
Le sondage en vague pour chercher une victime sans ARVA n’a pas lieu d’être dans le cadre d’une sortie où tout le monde
en est équipé. Pour information une vague est constituée d’une quinzaine de sondeurs maximum avec un chef de vague et
deux pelleteurs avec des sondes de rechange. On distingue les sondages rapides ou larges, où l’on sonde tous les 70
centimètres ; et les sondages fins ou minutieux, où l’on sonde tous les 25 centimètres. C’est une technique efficace mais
très lente.
LE PELLETAGE
Après avoir repéré à l’aide de la sonde la victime enfouie, il faut évacuer la neige qui la recouvre. On commence à pelleter ,
non pas au dessus de la victime le long de la sonde, mais décalé vers l’aval d’environ la même distance que la sonde est
enfoncée. L’abordage latéral permet d’arriver au niveau de la victime, la voie d’extraction est déjà toute faite, la tranchée
ainsi créée peut servir d’abri sommaire et on peut vite agrandir le trou pour dégager une base à peu près plate et
confortable pour les gestes de premiers secours. Si l’on creuse depuis le haut la situation devient vite très inconfortable
pour tout le monde : l’évacuation de la neige se fait par en dessus et il en retombe une bonne partie à chaque fois, on arrive
« sur » la victime, au propre comme au figuré !
Un pelletage rapide est efficace se fait en découpant grossièrement des blocs lorsque la neige est compacte ; un équipier
creuse et un autre évacue la neige est une configuration très efficace. Il ne faut pas hésiter, si possible, à faire tourner les
pelleteurs si le trou à creuser s’annonce important, l’exercice est éprouvant quand il est pratiqué énergiquement (et se sera
le cas !). Attention, avec les derniers coups de pelles, à ne pas blesser la victime.
Stéphane Huin
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Version 2 Janvier 12
Mémento Secourisme montagne hivernal
ABORDAGE ET SECOURISME DES VICTIMES D’AVALANCHE
La victime ensevelie d’avalanche, ou avalanché, est exposé à trois grandes détresses : l’asphyxie,
l’hypothermie et les traumatismes liés aux chocs et dislocations pendant la chute. Si la personne ne
présente pas de détresse traumatique majeure, elle reste exposée au froid et au manque d’oxygène.
Pour limiter leurs conséquences un dégagement rapide de la victime doit être mis en œuvre.
LES PREMIERS SECOURS
L’abordage d’un avalanché est une phase importante et forte. Importante parce que la conduite à
tenir va découler des premières observations et du premier bilan, forte parce que c’est le premier
contact physique entre la victime et ses sauveteurs.
La première chose à faire est d’accéder au visage et surtout aux voies aériennes afin de les libérer
d’un éventuel bouchon de neige, gangue de glace, etc. Il est bon d’observer la présence ou pas d’une
poche d’air devant le visage ainsi que la présence ou non d’une protection des voies respiratoires
(vêtements, masque, etc.).
On teste immédiatement l’état de conscience : est-ce que la personne répond aux questions simples,
exécute-t-elle un ordre simple… Se faisant, on poursuit son dégagement en libérant le thorax en
premier.
Si la personne est consciente, on lui parle, on la stimule tout en finissant de la dégager. On surveille
ses réactions, on vérifie qu’elle a toujours un comportement normal et cohérent.
Dans le cas contraire, si elle est inconsciente, on vérifie qu’elle respire. On vient, si possible, coller sa
joue contre le visage de la victime pour sentir son souffle sur la joue, écouter les bruits de la
respiration et observer les mouvements respiratoires du thorax. C’est une phase complexe car le
souffle peut être faible, il peut y avoir du vent, la configuration exigue ne permet pas un accès aisé
au visage, etc.
Si elle respire il faudra la mettre en PLS le plus rapidement possible, c'est-à-dire dès que le
dégagement le permettra. Si elle ne respire pas, on entame au plus vite une réanimation cardiorespiratoire (bouche à bouche et massage cardiaque)
Dès que le dégagement est effectué, il faut tout de suite isoler la personne du froid, c'est-à-dire
l’isoler du sol (sac, matelas, vêtement, corde, etc.) et de l’air froid (couverture de survie, vêtements,
etc.). Durant ces manœuvres il faut toujours suspecter une atteinte du rachis et respecter l’axe têtecou-tronc, éviter de mobiliser la victime si ça n’est pas nécessaire. On traitera les différentes
atteintes comme il se doit : immobilisation des membres si besoin, …
Si la victime est parfaitement consciente, il est possible de lui donner à boire une boisson chaude et
sucrée, en revanche l’avalanché inconscient doit être suspecté d’hypothermie importante jusqu’à
preuve du contraire. On se limite aux gestes de secourisme nécessaire sans mobiliser la personne
(mise en mouvement du sang périphérique qui est froid > aggravation du refroidissement des
organes vitaux) ni tenter de la réchauffer (opération complexe effectuée en milieu hospitalier).
N.B : Toutes ces techniques sont enseignées au cours des sessions de formation au premiers secours.
Elles ne durent que quelques heures et permettent de se former efficacement aux gestes essentiels
de secourisme.
Stéphane Huin
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Version 2 Janvier 12
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L’ALERTE
L’alerte est fondamentale car l’arrivée de secours adaptés à l’accident dépend de celle-ci.
L’alerte se fait essentiellement par téléphone, éventuellement par radio. Elle doit être la
plus précise possible, à tout point de vue. Il ne faut pas hésiter à être exhaustif, surtout sur la
localisation.
Au sein de la communauté européenne, le 112 est un numéro unique d’appel des services
d’urgence. Les Alpes étant à cheval sur plusieurs pays, ce numéro doit être retenu.
L’opérateur basculera l’appel sur des services spécialisés adaptés le cas échéant.
Le message doit contenir les informations suivantes :
La localisation la plus précise possible :
Sommet, versant, orientation, altitude, lieu dit, refuge, vallée, coordonnées GPS, itinéraire
emprunté, repère caractéristique, etc.
Le motif de l’appel :
Type d’accident, circonstances de survenue, contexte
Le nombre et l’état des victimes :
Age, sexe, nombre, descriptif précis des blessures apparentes, localisation des blessures,
conscient ou non, …
Gestes entrepris :
Immobilisation, extraction d’une avalanche, réanimation, évolution, …
Numéro de téléphone (ou indicatif radio) :
Les secours peuvent avoir besoin de vous recontacter pour des compléments d’info
(localisation, état de la victime, délai, …)
La météo sur place :
Vent, visibilité, neige, …
La présence d’obstacle pour l’hélicoptère :
Câble, pylône, arbres, parapentes, forêt, etc
Ne pas raccrocher en premier, garder le téléphone avec soi et rester prêt à
décrocher si les secours rappellent.
Stéphane Huin
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Version 2 Janvier 12
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LE GUIDAGE ET LA SECURITE DES HELICOPTERES
L’hélicoptère permet des secours rapides et particulièrement efficaces. Pour autant c’est
une machine potentiellement dangereuse et qui nécessite des précautions d’emploi bien
spécifiques lorsque l’on travaille avec.
En tant que responsable d’un groupe, vous devez être capable de préparer l’arrivée de la
machine.
Donner lors de l’alerte les éventuels obstacles et conditions pour l’approche et le posé
de l’hélico :
• Zone encaissée, arbres, pylône, etc. De même si le temps est incertain, donner une
estimation de la météo sur votre zone : vent, nuage, hauteur estimée du plafond
nuageux, etc.
• L’équipage appréciera d’avoir quelques éléments de repère visible depuis le haut :
Construction caractéristique (refuge, remontée mécanique, antenne et relais, …),
couverture végétale remarquable, etc.
Entre l’alerte et l’arrivée de la machine, préparez le terrain :
• Tassez un maximum la neige sur la zone de posé (tous les membres du groupe dispo
piétinent un carré de 10 m X 10 m)
• Neutralisez tout ce qui peut s’envoler (vêtements, couverture de survie, sac vide, …) :
le souffle du rotor est particulièrement violent
• Couchez tous les objets qui dépassent du sol : skis, sonde, bâtons, …
• Repérez le sens du vent et préparez vous à vous positionner dos au vent
Lorsque vous entendez l’hélico arriver :
• Signalez-vous avec les moyens disponibles : agitez des vêtements de couleur,
fumigène ou coloneige éventuellement, éclat lumineux (attention la nuit, si le pilote
est équipé de jumelles de vision nocturne, cessez l’éclairage dès que la machine
approche, risque d’éblouissement)
• Dès que la machine vient vers vous, tout le groupe est hors de la zone de posé et ne
bouge plus. Il s’occupe de protéger la victime du souffle et des projections de neige
en maintenant fermement vêtements de protection et couverture de survie
• Positionnez-vous debout, dos au vent, au vent de la zone. Portez masque et capuche.
Mettez les bras en V et ne bougez plus. Lorsque l’hélico est à quelques mètres de
vous accroupissez vous et ne bougez absolument plus. Vous devenez la seule
référence du pilote dans le « grand blanc » occasionné par le soulèvement de la neige
par le souffle. Dès lors le pilote ne vous quitte plus des yeux et vient se poser devant
vous, à quelques centimètres seulement. C’est impressionnant mais sans dangers si
vous restez immobile.
• Attendre sans bouger l’arrêt complet du rotor, éventuellement le redécollage de la
machine (après que les secouristes en soient descendus) ou un ordre explicite de
l’équipage.
Stéphane Huin
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Version 2 Janvier 12