Cdmc Dossier numérisé

Transcription

Cdmc Dossier numérisé
Come, let me sing into your ear ;
Those dancing days are gone,
All that silk and satin gear :
Crouch upon a stone,
Wrapping that foul body up
In as foul a rag :
I carry the sun in a golden cup,
The moon in a silver bag.
Extrait du programme du festival Présences, 13/02/2016, p. 80-82.
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Curse as you may I sing it through ;
What matter if the knave
That the most could pleasure you,
The children that he gave,
Are somewhere sleeping like a top
Under a marble flag ?
I carry the sun in a golden cup,
The moon in a silver bag.
I thought it out this very day,
Noon upon the clock,
A man may put pretence away
Who leans upon a stick,
May sing, and sing until he drop,
Whether to maid or hag:
I carry the sun in a golden cup,
The moon in a silver bag.
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C
W. B. Yeats
(N. XIX, « Those Dancing Days Are Gone », extrait de Words for Music
Perhaps, in The Winding Stair and Other Poems, 1933)
marco stroppa
D
LET ME SING INTO yOUr EAr
composé en 2010 / commande de la sWr pour les donaueschinger
Musiktage / créé le 17 octobre 2010 à Donaueschingen par Michele Marelli, cor de basset, et la Radio Kamer Filharmonie, dir. Peter Eötvös / dédié à
Michele Marelli / éditeur : Ricordi / 25 mn environ
Effectif : cor de basset solo, orchestre : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes,
2 bassons ; 2 cors, 2 trompettes, 2 trombones, 1 tuba ; cordes
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Comme tous mes concertos, Let Me Sing into Your Ear est une recherche
dans les dimensions de l’espace scénique et des « polyphonies formelles ».
L’amplification du cor de basset permet d’utiliser des sonorités qui, autrement,
seraient inaudibles, car, par essence, trop faibles. Ces sonorités, comme, au
tout début, la mélodie micro-tonale en sons doubles (deux sons en même
temps), possèdent un potentiel émotionnel et une capacité de structure extraordinaires, que seulement l’amplification saura révéler.
Différentes figures entre l’instrumentiste et son double amplifié sont explorées, mettant en évidence une grande richesse expressive dans l’utilisation de l’espace. Par exemple, dans « Marmoreo », des blocs « de marbre »
orchestraux s’opposent à une musique pour un cor de basset qui cherche à
les briser, comme pour s’en échapper, alors que dans « Pulviscolante », c’est
« l’inframonde » sonore qui est porté sur scène, comme des grains de poussière qu’un microscope acoustique permettrait de contempler.
Enfin, dans le dernier mouvement, des doigtés spéciaux, découverts lors
du travail préliminaire avec Michele Marelli, m’ont permis de réaliser une
sorte de mélopée micro-tonale particulièrement expressive.
Par « polyphonies formelles », j’entends une conception de la forme qui
affecte notre « cognition », c’est-à-dire notre capacité à mémoriser et à reconnaître des formes particulières. C’est une recherche que je poursuis depuis
une dizaine d’années : en concevant des matériaux d’un type particulier,
différentes images formelles peuvent surgir en même temps dans l’esprit de
l’auditeur, permettant la reconstruction de formes personnelles uniques et
éphémères, porteuses d’une expressivité spécifique et d’une architecture
nouvelle.
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Comme tous les autres concertos, les rapports avec un poème de Yeats
ne sont jamais illustratifs, structurels ou figuratifs, mais constituent un ensemble de réflexions et de résonances intimes qu’il serait trop long d’expliquer en détail.
Cette œuvre doit sa naissance à M. Armin Köhler, alors directeur des
Donaueschinger Musiktage, qui a soutenu et défendu ce projet inhabituel
dès ma première proposition. Sa disparition prématurée est une perte inestimable pour le monde de la musique que nous défendons avec passion et
engagement.
Elle est dédiée à Michele Marelli, jeune et formidable interprète, qui m’a
fait découvrir avec bravoure et talent les beautés sonores et la puissance
expressive du cor de basset.
M. S.
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