Comparaison des techniques de prise en charge francophones et

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Comparaison des techniques de prise en charge francophones et
IFPEK
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES
Comparaison des techniques de prise en
charge francophones et anglo-saxonnes de
la bronchiolite aiguë du nourrisson.
Travail personnel présenté par :
Julie-Marine MAYOR
en vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute
Année 2011-2012
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentement de l'auteur est illégale.
IFPEK
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES
Comparaison des techniques de prise en
charge francophones et anglo-saxonnes de
la bronchiolite aiguë du nourrisson.
Travail personnel présenté par :
Julie-Marine MAYOR
en vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute
Année 2011-2012
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier toutes les personnes ayant eu la gentillesse de
m’aider ou tout simplement de lire ce travail de fin d’étude, et en particulier :
- Mon référent mémoire de l’IFPEK pour ses conseils, son encadrement,
et sa réactivité,
- L’équipe du centre de documentation de l’IFPEK pour sa
disponibilité et son aide à la recherche bibliographique.
SOMMAIRE
RESUME .................................................................................................................
INTRODUCTION ............................................................................................ - 1 I. CONTEXTE DE L’ETUDE ......................................................................... - 4 II. REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................... - 6 1. METHODE ............................................................................................. - 6 1.1. Méthodologie de recherche documentaire. ......................................... - 6 1.2. Choix des critères d’évaluation. ....................................................... - 7 1.3. Comparaisons des techniques de kinésithérapie respiratoire. ........ - 13 2. RESULTATS ........................................................................................ - 13 2.1. Résultats par technique. .................................................................. - 14 2.2. Comparaison par culture professionnelle. ...................................... - 24 3. ANALYSE ............................................................................................ - 25 3.1. Comparaisons croisées. .................................................................. - 25 III. DISCUSSION .......................................................................................... - 27 CONCLUSION .............................................................................................. - 29 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................... - 30 ANNEXES ..............................................................................................................
RESUME
Contexte : La bronchiolite aiguë est la principale cause d’hospitalisation en hiver chez les
enfants de 0 à 2 ans. Pourtant, la kinésithérapie respiratoire pourrait diminuer le nombre
d’hospitalisations, mais elle n’est pas prescrite dans tous les pays.
Objectif : Déterminer et comparer les différentes techniques de kinésithérapie respiratoire.
Méthode : La recherche a été effectuée à partir des bases de données Pubmed, PEDro,
Cochrane Library, Google Scholar et EM Consult. Les critères de comparaison des techniques
sont la saturation en oxygène, la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, l’auscultation,
la durée d’hospitalisation, l’état général, et les scores de Wang et de Silverman.
Résultats : Les techniques de la Chest Physiotherapy ne sont plus à utiliser car inefficaces et
non adaptées aux nourrissons. Les techniques francophones ne sont pas validées mais elles
sont couramment utilisées et commencent leur expansion aux autres pays européens.
Conclusion : Les preuves scientifiques de l’efficacité du désencombrement du nourrisson
restent à être davantage démontrées. Cela a pour conséquence une pratique importante en
France mais rare à l’étranger.
Mots-clés : Bronchiolite – Nourrisson – Kinésithérapie respiratoire.
ABSTRACT :
Background : Acute bronchiolitis is the leading cause of hospitalization in winter for
children aged 0-2. Although chest physiotherapy may reduce the number of hospitalizations,
it is not currently prescribed in all countries.
Objective : To determine and compare the different techniques of chest physiotherapy.
Method : The research was conducted using the databases PubMed, PEDro, Cochrane
Library, Google Scholar and EM Consult. The criteria of comparison techniques are oxygen
saturation, respiratory rate, heart rate, auscultation, length of hospital stay, general condition,
and Wang’s and Silverman’s scores.
Results : Chest Physiotherapy techniques are no longer in use as they appeared to be
inefficient and unsuitable for infants. French techniques are not scientifically proven but they
are commonly used and are now beginning to spread to other European countries.
Conclusion : The scientific evidence of the effectiveness of decongestion’s techniques remain
to be more demonstrated. The consequence is a large practice in France but rare abroad.
Keywords : Bronchiolitis – Infants – Chest physiotherapy.
INTRODUCTION
En France, la bronchiolite touche 30 % des enfants de moins de 2 ans, soit environ
460 000 nourrissons par an. Aux Etats-Unis, on estime qu’il y a eu 1.65 millions
d’hospitalisations entre 1980 et 1996, dues à l’infection par le VRS 1. Le coût total annuel des
soins de santé dus au VRS en Australie s’élève entre 24 et 50 millions de dollars 2. Chaque
hospitalisation, qui coûte environ trente fois plus cher qu’une prise en charge en ambulatoire
3
, contribue à la surcharge des services hospitaliers. Cette infection constitue donc un
problème de santé publique dans le monde entier.
La
bronchiolite
(bronchioles) »
4
est
« une
inflammation
des
dernières
ramifications
bronchiques
provoquée le plus souvent par l’infection du Virus Respiratoire Syncytial
(plus de 7 cas sur 10). Cette infection virale respiratoire est dite épidémique et saisonnière,
avec des pics hivernaux. La bronchiolite est très contagieuse et la transmission du virus est
interhumaine. La Conférence de Consensus qui a eu lieu à Paris le 21 septembre 2000
5
recommande donc des « mesures de prévention de cette affection et sa dissémination » qui
sont :
-
« retarder l’accueil des nourrissons en collectivité au-delà de 6 mois »,
-
« insister sur la suppression du tabagisme passif (grade B), l’importance du lavage des
mains (grade A) et de la décontamination des surfaces et objets infectés (grade B) ».
La période d’incubation du virus est de 2 à 8 jours. Les premiers symptômes de l’infection
sont une rhinopharyngite avec une toux plutôt sèche et une obstruction nasale variable.
L’élimination du virus peut se faire en une semaine, mais elle peut être prolongée jusqu’à 4
semaines. Les symptômes cliniques sont alors une polypnée, une distension thoracique, des
crépitants à l’inspiration et des sibilants expiratoires qui peuvent être audibles à distance
(wheezing). L’alimentation et le sommeil peuvent être plus ou moins perturbés selon le degré
d’obstruction. A partir du troisième épisode d’infection, on utilise le terme « asthme du
nourrisson ».
Le virus incriminé dans la bronchiolite du nourrisson est à l’origine de rhinites,
rhinopharyngites voire de bronchites chez l’enfant plus grand et chez l’adulte. On peut alors
-1-
se demander pourquoi le nourrisson présente une forme clinique à cette infection virale qui lui
est spécifique.
Les travaux de Welliver
6
ont montré que la sévérité de la bronchiolite augmentait
avec l’augmentation du taux d’IgE anti-VRS dans le sang et les sécrétions. On peut donc dire
que la réaction immunitaire favorise la réaction inflammatoire bronchiolaire. Cela a pour
conséquence un œdème bronchique avec une diminution du diamètre intraluminal, une
desquamation épithéliale entrainant une perte de la structure ciliée et par conséquent une perte
de l’épurateur sécrétoire, et une hypersécrétion augmentant l’encombrement. Parfois peuvent
s’ajouter des bronchospasmes d’intensité variable. La diminution de la lumière des petites et
moyennes bronches s’objective au moment de l’auscultation par des sibilants. Cette
déficience de ventilation alvéolaire est amplifiée par l’absence de ventilation collatérale chez
le tout petit
7 8
. De plus, le nourrisson possède des voies aériennes de petit calibre
physiologiquement hyperréactives 9, ce qui majore les risques d’obstruction, surtout lorsqu’il
a été exposé au tabagisme passif ou si c’est un garçon 8.
Morphologiquement, en comparaison avec un enfant plus grand qui a des côtes
obliques en bas et en dedans et un thorax aplati dans le plan sagittal, le nourrisson a un thorax
assez cylindrique avec des côtes horizontalisées. Sachant que le diaphragme s’insère sur le
bord inférieur de l’arc costal des cotes 7 à 12, la face postérieure du processus xyphoïdien et
au niveau des vertèbres L1 à L3, on comprend que la course du dôme diaphragmatique est
faible et sans aucune réserve en cas de détresse respiratoire. A ceci s’ajoute le fait que chez le
nourrisson, le diaphragme présente des fibres de type II, c'est-à-dire à contraction rapide et
facilement épuisable, alors que celles de l’enfant sont majoritairement de type I, c'est-à-dire
plus endurantes. Enfin, l’efficacité des mouvements respiratoires du nourrisson est altérée par
une compliance du système thoracopulmonaire élevée, diminuant la transmission de la
dépression intrapleurale aux voies aériennes inférieures 8.
Dans la bronchiolite aigue du nourrisson, le kinésithérapeute a pour objectif de
désencombrer mais aussi de surveiller l’état clinique du nourrisson et d’éduquer les parents.
En France, le pourcentage de prescription de kinésithérapie respiratoire pour la bronchiolite
va de 82.5 % à 99 %. Pour la prise en charge des enfants atteints d’une bronchiolite, les
recommandations professionnelles de la HAS sont celles de la conférence de consensus de
2000. Celle-ci répond à six questions qui sont : Quelle est l’histoire naturelle de la maladie ?
Quels sont les critères de l’hospitalisation ? Quels traitements (hors kinésithérapie) proposer ?
-2-
Place de la kinésithérapie respiratoire dans la prise en charge de la bronchiolite du
nourrisson ? Comment organiser les soins ? Quels sont les moyens de prévention ?
Dans le cadre de ce travail écrit, nous allons nous intéresser en particulier aux
techniques de désobstruction. L’encombrement bronchique est défini par la Conférence de
Consensus de Lyon en 1994 10 par « une stagnation à l’intérieur des voies aériennes du mucus
bronchique en quantité et/ou qualité normale ou pathologique ».
Ce travail constitue une étude analytique non interventionniste composée de trois
grandes parties. Nous aborderons en premier lieu le contexte de l’étude, puis la recherche
effectuée dans la littérature scientifique pour enfin discuter des résultats.
-3-
I. CONTEXTE DE L’ETUDE
En France, les kinésithérapeutes s’appuient sur les recommandations issues des
conférences de consensus de 1994 et 2000 (grade C), insistant sur l’intérêt de la kinésithérapie
et indiquant les techniques à utiliser. La conférence de consensus de 2000 a établi une liste de
techniques recommandées (Annexe 1) pour le drainage bronchique (grade C) : pour la
désobstruction des voies aériennes supérieures, il s’agit des techniques de désobstruction
rhino-pharyngée (DRP) rétrograde et antérograde, et de la technique d’antépulsion
pharyngobuccale avec en complément pour les milieux hospitaliers
l’aspiration
nasopharyngée ; pour la désobstruction des voies aériennes inférieures, les techniques
recommandées sont l’expiration lente prolongée (ELPr) ou l’augmentation lente du flux
expiratoire (AFE lente), associées à la toux provoquée (TP) pour obtenir les expectorations.
The conventional Chest Physical Therapy (CPT) recommande l’utilisation de plusieurs
techniques, qui sont l’expiration dirigée et la toux dirigée, le drainage postural, les
percussions et les vibrations 11.
Les recommandations américaines indiquent que la kinésithérapie respiratoire ne doit pas être
utilisée de façon systématique dans le traitement de la bronchiolite (recommandation : niveau
de preuve B) 12.
La Revue Prescrire
13
a publié un article en novembre 2006 dénonçant une « absence
d’efficacité démontrée mais risque de fractures de côtes ». Selon Chalumeau et al, il y a un
risque sur 1 000 de fracturer une côte pendant une prise en charge en kinésithérapie
respiratoire dans le cadre de la bronchiolite. Cet article se base sur des études provenant du
réseau Cochrane évaluant la CPT sur des enfants hospitalisés, la CPT n’étant plus utilisée en
France et l’hospitalisation représentant un très faible pourcentage des enfants atteints de
bronchiolite. Plusieurs études de cas soutiennent cet article en rapportant des fractures de
côtes suite à une bronchiolite 14 15.
Un an après, l’étude FRA.CO.NOU 16 évalue les risques de fracture costale chez le nourrisson
en soins ambulatoires. Les techniques essentiellement utilisées lors de cette étude sont le
lavage de nez, l’AFE et la toux provoquée. Le résultat trouvé est de l’ordre de moins d’une
fracture pour 4 103 séances.
-4-
En 2007, un article souligne la divergence de point de vue par rapport à la kinésithérapie dans
la bronchiolite
17
. Il reprend plusieurs études et différentes recommandations qui mettent en
avant l’absence de preuve d’efficacité et un risque iatrogène potentiel, et leur répond en
insistant sur le fait qu’il faut « arrêter de parler de kinésithérapie dans telle ou telle
pathologie », puisqu’on doit avant tout s’intéresser aux déficiences et incapacités. En effet,
l’état général des patients et l’évolution de la pathologie ne seront pas les mêmes dans un
cabinet de ville et à l’hôpital, et d’après le réseau bronchiolite Ile de France, seuls 5 à 7 % des
enfants ayant une bronchiolite sont dirigés vers les urgences 18.
Une telle discordance nationale et internationale interroge sur la démarche de
l’Evidence Base Practice (« pratique fondée sur les preuves »). Qu’en est-il du
désencombrement du nourrisson aujourd’hui ? Quels critères d’efficacité permettent de
prioriser certaines techniques plus que d’autres ?
Ce travail écrit a pour but de faire une mise au point sur les différentes pratiques de
kinésithérapie respiratoire utilisées pour désencombrer un nourrisson, et à partir de critères
sélectionner de comparer les prises en charge anglo-saxonne et francophone.
Etant donné que les techniques francophones sont couramment utilisées en France au
détriment des techniques anglo-saxonnes, nous pouvons poser l’hypothèse que ces techniques
montrent une meilleure efficacité, une plus grande innocuité et un certain niveau de validité.
-5-
II. REVUE DE LA LITTERATURE
1. METHODE
La méthode de recherche utilisée comprend plusieurs étapes chronologiques : il a été
tout d’abord cherché une base bibliographique, ensuite les critères d’efficacité ont été
choisis, pour enfin réaliser la comparaison des différentes techniques.
1.1. Méthodologie de recherche documentaire.
Dans un premier temps, il a fallu réaliser des recherches générales sur la physiopathologie, l’aspect socio-économique et la prise en charge de la bronchiolite en France et à
l’étranger. Pour cela, la recherche d’informations s’est faite dans des ouvrages au centre de
documentation de l’IFPEK et à la bibliothèque de la faculté de médecine de Rennes, ainsi que
sur internet.
Dans un second temps, il a fallu trouver les recommandations de pays étrangers
concernant la prise en charge de la bronchiolite en associant les termes « management » et
« bronchiolitis » avec un nom de pays. Ensuite, la sélection d’articles s’est portée sur des
études ayant dans leur titre ou leur résumé un terme désignant une technique de kinésithérapie
respiratoire adaptée à la pédiatrie. Pour connaître les termes en anglais, nous avons utilisé la
version anglophone de la conférence de consensus sur la prise en charge de la bronchiolite
trouvée sur le site de la HAS, la Conventional Chest Physical Therapy
11
et les mots-clés
MeSH : chest physiotherapy, chest physical therapy, score, nasopharyngeal decongestion,
slow prolonged expiration, directed caugh technique, forced expiration, postural drainage,
percussion, shaking. Les mots-clés en français sont bronchiolite, kinésithérapie respiratoire,
augmentation du flux expiratoire, toux provoquée, désobstruction rhino-phayngée, aspiration,
score, critères de gravité, et tout autre terme concernant les bilans… Les moteurs de recherche
utilisés sont Pubmed, PEDro, Cochrane Library et Google Scolar. Une grande partie des
articles français a été trouvée sur EM Consult. Pour enrichir les résultats de la recherche, la
bibliographie des articles lus a été d’une grande aide.
-6-
Dans la mesure du possible, ont été gardés, de préférence, des articles ne dépassant pas
l’année 2000, année des recommandations sur la bronchiolite en France. Le deuxième critère
pour sélectionner les articles est le niveau de preuve (niveau 1 à 4) : le plus haut niveau de
preuve correspond aux recommandations, puis viennent ensuite par ordre décroissant de
niveau de preuve, les revues systématiques et méta-analyse, les études contrôlées
randomisées, les études comparatives non randomisées, les études de cohorte, les études de
cas-témoins et enfin l’opinion d’experts (Annexe 2). Nous n’avons cependant pas écarté
entièrement les articles à bas niveau de preuve pour rester ouverts à tous les points de vue, le
sujet faisant polémique.
Pour l’analyse approfondie de certains articles, l’échelle PEDro a été utilisée (Annexe 3).
Elle comprend onze critères permettent d’évaluer la qualité des essais. Cette échelle n’est pas
applicable aux recommandations et aux revues systématiques qui sont notées N/A (Not
Applicable), elle l’est seulement pour les essais cliniques.
Seuls des articles en langue anglaise ou française ont pu être exploités. Les recherches ont
parfois été limitées par l’accès payant de certains articles.
1.2. Choix des critères d’évaluation.
Pour choisir les critères d’évaluation des différentes techniques de désencombrement,
il a été recherché les bilans et les scores décrits dans la littérature, ainsi que ceux de plusieurs
études lorsqu’ils leur sont propres.
Les signes de gravité issus des recommandations
La conférence de consensus de 2000 ne recommande pas de bilan particulier, mais elle
nous indique les signes de gravité à surveiller (Grade C). Il s’agit de l’aspect « toxique » avec
altération importante de l’état général, une apnée et une cyanose, la fréquence respiratoire (>
60/min), l’âge (< 6 semaines), la prématurité (< 34 SA ou un âge corrigé < à 3 mois),
antécédents cardiaques ou pulmonaires, la saturation artérielle transcutanée en oxygène (< 94
% sous air et au repos ou lors de la prise du biberon), des troubles digestifs compromettant
l’hydratation ou une déshydratation avec perte de poids (> 5 %), un refus d’alimentation, la
présence de fièvre, des difficultés psychosociales et enfin, la présence d’un trouble de
-7-
ventilation confirmé par une radiographie thoracique. L’oxymétrie de pouls tient une place
importante dans le suivi des nourrissons hospitalisés (Grade B) et pour le réglage du débit
d’oxygène. En ambulatoire, son utilisation est moindre du fait de l’absence d’étude.
De la même façon, en Ecosse, le Scottish Intercollegiate Guidelines Network
27
ne
propose aucun score clinique à utiliser chez les enfants atteints de bronchiolite aigue, par
manque de validation. Cependant, on retrouve une liste de signes de gravité à surveiller :
mauvaise alimentation (< 50 % de l’apport hydrique habituel dans les 24h précédentes),
léthargie, apnée, fréquence respiratoire > 70/min, battement des ailes du nez, dépression
thoracique sévère, cyanose, saturation en oxygène inférieure ou égale à 94 %, et incertitude
diagnostique.
Les scores
On retrouve dans la littérature un grand nombre de scores adaptés aux nourrissons.
L’un des plus anciens est le score Apgar (1953)
19
(Annexe 4). Il prend en compte
cinq critères qui sont la fréquence cardiaque, la respiration, le tonus musculaire, la réactivité
réflexe et la coloration. Chaque paramètre est coté entre 0 et 2, la norme étant à 10. Ce score
est utilisé à la 1ère et 5ème minute de vie pour connaître le niveau de vitalité du nouveau né.
En 1956, Silverman élabore un score d’évaluation de la fonction respiratoire
20
(Annexe 5) qui prend en compte le tirage intercostal, le balancement thoraco-abdominal,
l’entonnoir xyphoïdien, le battement des ailes du nez et le « geignement » expiratoire. Comme
pour le test précédent les cotations vont de 0 à 2, mais la norme est de 0.
Le score d’Apgar n’est utilisé que chez les nouveau-nés, alors que le score de Silverman est
facilement utilisé en cas de détresse respiratoire
21
. L’avantage de ces deux scores est la
simplicité de mise en place. Dans les années suivantes, beaucoup d’autres scores ont été
élaborés, mais leur utilisation étant chronophage et parfois complexe, ils sont peu utilisés.
En 1992, une équipe canadienne (Wang et al.) a mis en place un score de sévérité
clinique
22
(Annexe 6). Il prend en compte la fréquence respiratoire (kappa = 0.38), les
sifflements (wheezing) (kappa = 0.31), le tirage (kappa = 0.25) et l’état clinique général
(kappa = 0.48). L’indice de Kappa pour le score total est 0.68.
-8-
Aux Etats-Unis, le score de suivi de la bronchiolite recommandé depuis 1996 est le
WARM
23
(Wheeze, Air exchange, Respiratory Rate, Muscle use) (Annexe 7). Un item est
ajouté pour l’évaluation de l’asthme (prolonged Expiration). Pour le score WARM, chaque
paramètre est coté entre 0 et 2 sauf la fréquence respiratoire qui est cotée à 0 ou 1. Un
traitement est mis en place lorsque le score est supérieur ou égal à 3.
En 1998, le Score d’évaluation de l’Encombrement des Voies Aériennes (SEVA) 24
a été mis au point par quatre kinésithérapeutes de Lyon, dans le but de pouvoir aussi bien être
utilisé en exercice libéral qu’en milieu hospitalier (Annexe 8). Ce score prend en compte cinq
items que sont l’auscultation, la toux, les sécrétions bronchiques, les sécrétions
rhinopharyngées et la dyspnée. Les critères d’évaluation de la dyspnée sont ceux du score de
Silverman. Chaque item est coté de 0 à 2, 0 correspondant à aucun signe, 1 à quelques signes
et 2 à de nombreux signes. Le score total permet de connaître le niveau d’encombrement des
voies aériennes sur une échelle visuelle de 0 à 10 : de 10 à 8 il y a un « encombrement
abondant, contexte fonctionnel respiratoire difficile », de 7 à 4 il y a un « encombrement
abondant, drainage facilement réalisable », et de 3 à 0 il y a un « encombrement résiduel, arrêt
clinique proposé ». Pour compléter ce score, les auteurs conseillent d’ajouter des informations
concernant l’appétit, une éventuelle otite, la fièvre et le RGO, ainsi que le traitement médical
(antibiotiques, anti-inflammatoires, aérosols…). L’évolution de ce score a été évaluée avant et
après les séances de kinésithérapie, auprès de 205 nourrissons et enfants (de 0 à 4 ans)
encombrés. Les résultats montrent que le score total évolue de façon significative entre les
séances. De plus, on observe que le score moyen d’arrêt des soins se trouve à 2.65/10, et qu’il
existe une différence significative entre les scores d’arrêt et de poursuite des séances (p <
0.001). On en déduit qu’un score inférieur à 3/10 permet de sevrer les patients de la
kinésithérapie. Ce score présente peu d’items et seulement trois cotations par item, ce qui en
fait un test peu précis, mais simple d’utilisation et suffisant pour le suivi de l’encombrement
des voies aériennes.
En 1999, des membres du groupe hospitalier Necker-Enfants Malades décrit un score
des Signes Cliniques d’Obstruction Respiratoire de l’Enfant
25
. L’objectif de ce score est
de faire un bilan kinésithérapique qui soit commun à tous les kinésithérapeutes, afin d’assurer
une meilleure adaptation du traitement, une meilleure continuité des soins et un meilleur
partage des informations entre les différents professionnels de santé. Ce document regroupe
des critères anamnestiques, cliniques, thérapeutiques, prédictifs et évolutifs. Parmi les critères
anamnestiques, on retrouve les ATCD et critères de gravité, la toux, l’encombrement des
voies aériennes supérieures, la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire, la dyspnée et
-9-
le tirage, la coloration et la saturation, et l’auscultation en début et fin de séance. Les critères
d’efficacité du traitement sont le volume et l’aspect des sécrétions et l’indice d’état clinique :
impression générale et administration d’aérosol. Chaque item a sa propre cotation et ses
abréviations le caractérisant. Pour évaluer l’évolution de la pathologie, il nous est proposé de
construire une courbe en comptabilisant l’ensemble des critères portés à la puissance 2. Cette
courbe doit être descendante et tendre vers 0. Pour une saisie des données plus rapide, on nous
conseil d’utiliser une version informatisée plutôt que la version papier.
En 2006, le Réseau Kinésithérapie Bronchiolite Essonne a mené une étude entre le
15 octobre 2002 et le 31 mars 2003, portant sur les symptômes avant et après kinésithérapie
respiratoire auprès de 697 nourrissons 26. Pour cela, il a utilisé deux scores : un score clinique
avant et après la séance prenant en compte l’auscultation pulmonaire, la toux, les sécrétions
rhinopharyngées, et la dyspnée et signes de détresse respiratoire ; et un score de
désencombrement utilisé uniquement après la séance, relatif aux sécrétions d’origine
bronchique et d’origine rhinopharyngée. Chaque critère est coté entre 0 et 2. Pour un score
total compris entre 0 et 1 la gêne respiratoire est dite « absente », entre 2 et 4 elle est
« modérée » et entre 5 et 8 on parle de gène respiratoire « sévère ». Cet outil de bilan est
sensible pour mesurer l’évolution des symptômes respiratoires après kinésithérapie. En effet,
le score clinique et les trois niveaux de gêne respiratoire sont en adéquation avec la
prévalence des signes de gravité.
Les signes cliniques et les signes fonctionnels permettent donc d’évaluer la gravité de la
gêne respiratoire, le suivi du nourrisson d’une séance à l’autre et sa tolérance à la séance. Un
bilan complet doit prendre en compte l’anamnèse (âge, prématurité, traitements
médicamenteux, antécédents médicaux cardiovasculaires, RGO, otite...), les signes
respiratoires (tirage, battement des ailes du nez, balancement thoraco-abdominal, saturation en
oxygène, cyanose, fréquence respiratoire, apnée, bruits anormaux à l’auscultation, toux), les
signes infectieux (fièvre, sécrétions mucopurulentes), les signes d’altération de l’état général
(perte d’appétit, déshydratation, perte de poids, troubles du sommeil), et les facteurs
environnementaux (tabagisme passif, mise en collectivité…). Pour qu’un score soit utilisé, il
faut toutefois qu’il soit rapide, simple, peu coûteux, non nuisible (non invasif), fiable et
reproductible en intra et extra-examinateur. C’est pourquoi le nombre d’items doit être
restreint, leur choix pertinent et la description de chaque cotation doit être suffisamment
objective et précise sans aller trop dans les détails.
- 10 -
Les critères retenus
D’après les critères les plus souvent retrouvés dans les bilans (cf. tableau ci-dessous) et
selon leur validité, un choix peut-être réalisé pour comparer les différentes pratiques.
Signes cliniques et scores ou bilans trouvés dans la littérature scientifique :
Apgar
Silverman
Wang
WARM
SEVA
Necker
RKBE
ou
X
X
X
X
X
X
Tirage/muscles
X
X
X
Wheezing
auscultation
X
accessoires
Signes
de
X
X
X
X
dyspnée
FR
X
X
X
X
Sécrétions
X
X
X
Toux
X
X
X
Coloration
X
X
FC
X
X
Saturation
X
Les scores de Wang et de Silverman ont été retrouvés dans plusieurs articles, ils seront
donc gardés parmi les critères de comparaison.
Malgré sa faible représentation dans ce tableau, la saturation en oxygène transcutanée
est une mesure simple et fiable (kappa = 0.88
22
). En effet, l’oxymétrie de pouls est
recommandée par la conférence de consensus et par les Recommandations des Journées
Internationales de Kinésithérapie Respiratoire Instrumentale (JIKRI)
28
, parmi les critères de
surveillance (Grade B) ou d’évaluation. Une étude a été menée auprès de 110 enfants de plus
d’un an et 90 nourrissons de moins d’un an
29
. Elle a pour but d’évaluer la validité de
l’oxymétrie de pouls, par rapport à la saturation artérielle en oxygène déterminée par les gaz
- 11 -
du sang, selon l’endroit de placement de la sonde au niveau du corps. Les résultats ont donné
respectivement un indice de kappa k=0.70, 0.62, 0.57 au niveau de l’oreille, du pouce et du
gros orteil pour les enfants, et k=0.54, 0.55, 0.28 respectivement pour les nouveau-nés. On en
déduit que les mesures faites au niveau de l’oreille et du pouce présentent une fiabilité
modérée (car comprise entre 0.50 et 0.75) pour ces deux tranches d’âge. On estime que le taux
d’erreur des appareils est de 2-3 % pour des valeurs de mesure comprises entre 70 et 100 %
30
, de plus cet outil est facile d’utilisation et à faible coût. Cependant, il existe des limites à
l’usage de l’oxymétrie de pouls. En effet, les données peuvent être altérées par une mauvaise
circulation périphérique avec vasoconstriction et hypothermie, et par des mouvements du
patient qui parasitent les enregistrements. Les mesures peuvent présenter 20 % de taux
d’erreur sur artefact de mouvements 31.
La fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire sont des mesures quantitatives.
Elles peuvent être prises lors de l’auscultation à l’aide d’un stéthoscope. On peut aussi
connaître la fréquence cardiaque grâce à un saturomètre, pourtant ce signe clinique est
rarement pris en compte parmi les critères d’évaluation.
Les recommandations des JIKRI de 2000 citent aussi l’auscultation comme technique
d’évaluation. G Postiaux a écrit plusieurs articles et ouvrages concernant la nomenclature à
utiliser selon ce qui est entendu. Celui-ci décrit l’auscultation comme un « moyen de contrôle
objectif et reproductible » 32. Les bruits pulmonaires peuvent être divisés en deux groupes : les
bruits respiratoires (normaux et bronchiques) et les bruits adventices. Parmi les bruits
adventices, il y a les craquements (crackles) et les sibilances (wheezes). « Des paramètres
objectifs viennent ensuite préciser leurs caractéristiques propres en termes de timbre, de
complexité, de fréquence hertzienne, de situation dans le cycle respiratoire et de durée »
33
(Annexe 9). D’un point de vue physico-acoustique, les craquements sont des « vibrations
apériodiques impulsionnelles », c'est-à-dire qu’il s’agit d’un bruit discontinu et bref (durée
inférieure à 30 ms). Les sibilances sont des « vibrations périodiques simples ou complexes »,
c'est-à-dire que ce sont des bruits continus d’une durée supérieure à 30 ms. On dit qu’elles
sont simples ou complexes selon la possibilité de distinguer ou non différentes tonalités
(Annexe 10). L’auscultation est un moyen de localiser les bruits dans les différentes aires
pulmonaires, et de les distinguer les uns des autres pour en trouver l’étiologie et ainsi guider
le choix des techniques à utiliser. Les sibilances ont pour cause principale le bronchospasme,
mais aussi l’œdème de la paroi, la présence d’un corps étranger (ou d’une tumeur), et chez le
petit la présence de sécrétions. L’étiologie des craquements est basées sur deux hypothèses :
le passage de l’air à travers les sécrétions bronchiques pathologiques (appelé le « bullage »),
- 12 -
et le décollement soudain de deux parois entraînant « une égalisation rapide de pression entre
deux territoires voisins ». On peut ensuite distinguer les craquements de basse fréquence, dus
à l’encombrement des voies aériennes proximales, de moyenne fréquence correspondant à
l’encombrement des voies aériennes moyennes, et de haute fréquence pour les territoires
pulmonaires périphériques (difficilement perçus chez le petit enfant). Les craquements de
basse fréquence peuvent être facilement ressentis sous la main ou entendus à la bouche.
Enfin, nous pouvons retenir des critères concernant l’état général des nourrissons : une
alimentation supérieure à 50 % de la moyenne, un sommeil sans perturbation, une absence
de vomissement et de fièvre, ainsi que la durée de séjour à l’hôpital.
1.3. Comparaisons des techniques de kinésithérapie
respiratoire.
A partir des articles, des recommandations professionnelles et des critères d’évaluation
choisis, nous pouvons mettre en confrontation et comparer les différentes techniques utilisées.
Dans un premier temps, une analyse d’études comparant un groupe recevant une technique à
un groupe témoin est réalisée. De cette façon, l’analyse analytique des différentes pratiques
permet de mesurer leur efficacité. Dans un second temps, une comparaison des techniques
entre-elles est possible grâce aux critères choisis précédemment. Enfin, la confrontation des
prises en charge anglo-saxonne et francophone est réalisée, avec pour objectif la mise en
évidence si possible d’un consensus international.
2. RESULTATS
On peut distinguer deux types de résultats : le premier concerne des recherches confrontant
une technique ou un ensemble de techniques à un groupe témoin, le deuxième oppose deux
prises en charge différentes.
- 13 -
2.1. Résultats par technique.
La désobstruction rhino-pharyngée
Selon la conférence de consensus, la désobstruction des voies aériennes supérieures est
permise par l’utilisation de techniques de désobstruction rhino-pharyngée (DRP) rétrograde et
antérograde.
Le texte des recommandations suisses 34 ne préconise pas de physiothérapie, en revanche
il recommande une bonne toilette nasale avec aspiration et éventuellement lavage avec NaCl
0.9 %.
La DRP antérograde
Le mouchage du nez a deux objectifs principaux qui sont la lutte contre les gênes
fonctionnelles (fatigue due à une respiration inefficace et épuisante, mauvaises alimentation et
hydratation, troubles du sommeil), et contre une contamination ORL (yeux, oreilles, gorge,
bronches) voire une surinfection 35.
La DRP antérograde consiste à instiller dans une narine du nourrisson, qui a la tête sur le
côté, du sérum physiologique qui doit ressortir par l’autre narine, puis à effectuer une
occlusion buccale lors de l’expiration. Selon une enquête sur la pratique du désencombrement
rhinopharyngé du nourrisson 36, il existe une disparité dans les conseils donnés aux parents et
les pratiques des masso-kinésithérapeutes et des médecins. Cette étude constate que le liquide
majoritairement utilisé est le sérum physiologique à température ambiante et la fréquence le
plus souvent conseillée est avant chaque repas et la nuit en cas de gêne au sommeil. En
revanche, les kinésithérapeutes conseillent de pratiquer l’instillation en mettant le bébé en
position allongée sur le dos ou le côté avec une unidose plastique alors que les médecins ORL
recommandent la position assise et l’utilisation d’une seringue. Les kinésithérapeutes
demandent aux parents d’instiller de quelques gouttes à 5 ml avec un faible débit, alors que
les médecins ORL préconisent 10 ml à fort débit. Les pédiatres conseillent d’instiller avec un
faible débit et les généralistes avec un fort débit. Cette étude montre bien une absence de
consensus concernant les conseils destinés aux parents entre les kinésithérapeutes et les
médecins ORL, mais on retrouve un certain accord au sein de chaque profession.
- 14 -
La DRP rétrograde
La DRP rétrograde permet de dégager l’arrière-nez (cavum) par le reniflement passif
provoqué par la fermeture de la bouche du bébé au moment de l’inspiration. L’inspiration
active par les voies nasales est d’autant plus efficace que l’expiration précédente a été
profonde mettant en jeu le réflexe de Hering-Breuer (inhibition des muscles inspiratoires et
stimulation des muscles expiratoires suite à une surdistention des poumons). En effet, la
déflation thoraco-pulmonaire induit un effort inspiratoire actif
37
. Le désencombrement
mécanique du rhinopharynx est immédiat, ce qui soulage efficacement le petit malade d’un
point de vue fonctionnel et améliore donc son état général. Aucun article anglophone parlant
de cette technique n’a été trouvé pendant la phase de recherche.
L’antépulsion pharyngobuccale
Pour récupérer les sécrétions ainsi décollées, on utilise la technique d’antépulsion
pharyngobuccale qui les ramène au niveau des lèvres. Cela consiste à effectuer une pression à
la base de la langue vers le haut pour empêcher la déglutition, puis à faire une pression glissée
digitale vers la pointe du menton pour extérioriser les sécrétions. On peut utiliser cette
technique après DRP ou drainage bronchique. L’analyse quantitative et qualitative des
expectorations par le kinésithérapeute est importante. Le score SEVA cote la quantité de
sécrétions bronchiques et rhino-pharyngées grâce au nombre d’expectorations ou au volume
total. On peut aussi observer la couleur des sécrétions, ce qui nous renseigne sur l’évolution
de la maladie : il a été montré que lorsque la couleur devient foncée, elle signe la présence
d’une colonisation bactérienne 38 et donc une réorientation vers le médecin pour un éventuel
ECBC et un traitement à base d’antibiotiques. Cette technique est donc justifiée car
intéressante pour le suivi de l’évolution de l’infection.
L’aspiration nasale
L’aspiration nasale n’est utilisée qu’en milieu hospitalier car elle est invasive. Pour limiter
l’inconfort de cette intervention, on peut humidifier préalablement la sonde avec du sérum
physiologique et en instiller dans le nez du bébé pour faciliter l’évacuation des sécrétions
lorsqu’elles sont épaisses 39.
- 15 -
Une étude comparative à faible effectif (niveau de preuve 2) a été publiée en 2009 sous le
titre suivant : La détresse respiratoire du nourrisson atteint de bronchiolite : aspiration ou
désobstruction rhino-pharyngée ? 40. On peut la noter à 3/10 sur l’échelle PEDro : attribution
aléatoire aux groupes, mesure des résultats finaux sur plus de 85 % des sujets participants,
comparaison des groupes sur une base statistique (p-value) et critères d’inclusion à l’étude
présents (hospitalisation pour bronchiolite sévère et détresse respiratoire). Cette étude est
partie de l’hypothèse selon laquelle l’aspiration naso-pharyngée est plus efficace que la
désobstruction rhino-pharyngée. Elle cherche à déterminer un critère objectif permettant de
choisir la technique la plus adaptée selon l’importance de la détresse respiratoire du
nourrisson.
Pour objectiver l’efficacité de ces techniques, le score de Silverman et la saturation en
oxygène déterminée par oxymétrie de pouls ont été utilisés. Ces deux données ont été
mesurées avant et après la technique désignée par un tirage au sort. La population étudiée
comprend 12 nourrissons hospitalisés sous oxygénothérapie et/ou avec une pathologie sousjacente (7 garçons et 5 filles). L’effectif théorique estimé par le test de Mann et Whitney est
de 25 nourrissons minimum. Les résultats n’ont révélé aucun résultat significatif, sauf pour
l’aspiration naso-pharyngée qui n’a montré qu’une amélioration du score de Silverman.
En conclusion, cette étude recommande l’aspiration pour les nourrissons ayant un score de
Silverman supérieur à 5 et/ou une pathologie sous-jacente, la DRP demandant un effort
ventilatoire plus important. Elle précise tout de même que « la DRP reste une technique
possible et sans effet délétère pour l’enfant ».
Le désencombrement bronchique
La « Chest physiotherapy »
De nos jours, en ce qui concerne la Chest Physiotherapy, aucun guide de bonne pratique
ne recommande cet ensemble de techniques : « Chest physiotherapy using vibration and
percussion is not recommended in infants hospitalised with acute bronchiolitis who are not
admitted to intensive care. Grade A » 27.
La revue systématique Chest Physiotherapy for acute bronchiolitis in paediatric patients
between 0 and 24 months old
41
, publiée par The Cochrane Library en 2005, s’intéresse à
- 16 -
trois essais contrôlés randomisés : deux viennent de Grande-Bretagne (Nicholas
Webb
43
1985) et le troisième d’Argentine (Bohe
44
42
1999 et
2004). Le but de cette revue est de
déterminer l’efficacité et l’innocuité des techniques de kinésithérapie anglo-saxonne, utilisées
chez les nourrissons de moins de 24 mois dans le cadre de la bronchiolite aigüe. Cet article
présente un niveau de preuve 1.
Les patients sont des nourrissons de moins de 24 mois hospitalisés avec un diagnostic de
bronchiolite aigüe. L’étude de Bohe concerne 32 nourrissons, celle de Nicholas 50 et celle de
Webb en concerne 90.
Les techniques utilisées sont des percussions pendant trois minutes dans cinq positions
de drainage postural, suivies par une toux assistée ou une aspiration oro-pharyngée deux fois
par jour pour l’étude de Webb, des vibrations et des percussions en latérocubitus et en
position assise suivies par des aspirations quand nécessaire pour l’étude de Nicholas, et enfin
des vibrations et des percussions associées à des techniques de drainage postural et des
aspiration naso-pharyngées deux fois par jour pour l’étude de Bohe. Le groupe témoin de
cette dernière étude n’a reçu que l’aspiration naso-pharyngée. Pour les deux autres études, le
groupe témoin ne reçoit pas de soin placebo.
Les trois critères principaux d’évaluation des techniques que recherche l’équipe de
Cochrane sont la sévérité clinique, la saturation en oxygène et la PCO2 transcutanée. Les
critères secondaires sont la durée de l’oxygénothérapie, la durée du séjour à l’hôpital et
l’utilisation de bronchodilatateurs et de stéroïdes.
Dans l’étude de Webb, un score clinique a été utilisé en cotant 10 signes cliniques entre 0 et 3
(fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, « hyperinflation », utilisation des muscles
accessoires, dépression thoracique, rhinite, sifflements, toux, ronchi et crépitants). Ce score a
été évalué à l’admission puis tous les jours jusqu’au 5ème jour. Les deux autres critères sont la
durée d’hospitalisation et la durée totale de la maladie.
Dans l’étude de Nicholas, les critères principaux d’évaluation de la CPT sont l’état clinique et
la durée d’hospitalisation ; les critères secondaires sont l’oxygénothérapie et la saturation en
oxygène pour le groupe test seulement.
L’étude de Bohe a utilisé la durée d’hospitalisation et un score de sévérité basé sur la
fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, l’utilisation des muscles accessoires et
l’auscultation pulmonaire.
- 17 -
Aucun de ces trois essais n’a utilisé de score clinique reconnu et validé, et aucun d’eux n’a
pris en compte la saturation en oxygène ni la PCO2 transcutanée comme critères de
comparaison entre le groupe témoin et le groupe recevant les soins.
Les résultats de cette revue n’indiquent donc rien par rapport à la saturation en oxygène
ou la PCO2 transcutanée.
L’évolution de la sévérité clinique a été évaluée dans les trois essais. Dans l’étude de Webb le
groupe témoin a un score médian de 12 lors de l’admission et au 5ème jour 18 patients de ce
groupe sont encore hospitalisés avec un score médian de 5. Le groupe test présente un score
médian de 10 à l’admission et 11 patients restent hospitalisés au 5 ème jour avec un score
médian de 6. Il n’y a donc pas de différence significative statistiquement entre les deux
groupes. Nicholas et Bohe n’ont pas été plus concluants vis-à-vis des résultats de leur score
clinique entre les deux groupes au premier et 5ème jour.
Par rapport aux résultats secondaires, l’étude de Nicholas a comptabilisé 63 heures
d’oxygénothérapie pour le groupe témoin contre 86 heures pour le groupe test. Un test nonparamétrique a permis de déduire que ces résultats ne sont pas significatifs. L’étude de Bohe a
étudié la longueur moyenne des hospitalisations, et elle a trouvé 4 jours pour le groupe test
contre 3.87 jours pour le groupe contrôle. Une fois encore, la différence entre ces résultats
n’est pas significative. L’utilisation de bronchodilatateurs et de stéroïdes n’a pas été précisée
par ces études.
En conclusion, la durée d’hospitalisation et l’évolution des scores cliniques ne sont pas
améliorées par la CPT. Cependant, aucun de ces essais n’a causé d’effets indésirables
concernant ces techniques, tels que des fractures de côte comme le dénonce Chalumeau. Cette
revue systématique conclue tout de même, comme l’ensemble des recommandations anglosaxonnes (Ecosse
27
, Etats-Unis
45 46
, Australie
47
), que la chest physiotherapy utilisant des
techniques de percussions et de vibrations n’est pas recommandée chez les enfants
hospitalisés pour une bronchiolite.
L’augmentation du flux expiratoire (AFE)
Pour ce qui est de l’AFE, trois études ont été retenues concernant son efficacité et ses
effets. La première est belge, elle est menée par G.Postiaux et se nomme Effets de la
kinésithérapie respiratoire associant expiration lente prolongée et toux provoquée dans la
bronchiolite du nourrisson 48. La seconde est française, il s’agit d’un essai multicentrique
- 18 -
randomisé et contrôlé en double insu mené par V.Gajdos, nommé Efficacité de la
kinésithérapie respiratoire avec augmentation du flux expiratoire dans la prise en charge de
la première bronchiolite aigüe du nourrisson hospitalisé 49. La troisième est suisse, elle est
menée par I.Rochat et s’intitule Chest physiotherapy using passive expiratory techniques
does not reduce bronchiolitis severity: a randomized controlled trial 50.
L’étude de G.Postiaux est de niveau 2. Elle évalue les séances de kinésithérapie
respiratoire en l’absence d’administration d’aérosol au préalable.
La population étudiée est constituée de 19 nourrissons hospitalisés (10 garçons et 9 filles)
pour une bronchiolite aigüe. Ces bébés doivent avoir moins de 24 mois et ne présenter aucune
pathologie cardio-respiratoire ou de déficit immunitaire pour être inclus dans l’étude.
Chaque patient reçoit une séance de kinésithérapie par jour, qui se décrit de la façon
suivante : environ 20 manœuvres d’expiration lente prolongée (ELPr) associées à la toux
provoquée (TP) sur environ 20 à 30 minutes. Les séances se déroulent à distance des repas et
des nébulisations pour limiter tout vomissement ou biais à l’étude par la médication. L’enfant
est allongé sur le dos avec une surélévation de 35° pour éviter les reflux gastro-œsophagiens
(RGO).
Trois outils ont été utilisés pour mesurer les paramètres avant et 15 minutes après la
séance. Il s’agit du score de Wang et de paramètres objectifs tels que l’oxymétrie pulsée et la
fréquence cardiaque, complétés par des antécédents liés à une bronchiolite antérieure ou à une
prématurité. Le kinésithérapeute pratiquant la séance ne connaît pas les résultats des bilans et
les deux investigateurs faisant les bilans n’assistent pas à la séance.
Les résultats ont montré une amélioration significative du score de Wang, de la
saturation en oxygène et de la fréquence cardiaque avant et après la séance. Parmi ses trois
critères, seul le score de Wang donne des résultats significatifs et différents d’un jour à
l’autre. De plus, on remarque une différence significative de ce score sur l’effet des séances
entre les patients avec ou sans antécédent de bronchiolite : à J2 et à JD (dernier jour) l’effet de
la séance est inférieur pour les patients avec antécédent de bronchiolite.
En conclusion, cet article montre des résultats positifs de la kinésithérapie, associant ELPr
et TP, sur un petit nombre d’enfants hospitalisés pour une bronchiolite aigüe de gravité
modérée. Par ailleurs, il précise que l’absence d’effet bénéfique de la kinésithérapie
- 19 -
respiratoire qui est rapporté par la littérature scientifique, ne doit être attribuée qu’à la
méthode anglo-saxonne de CPT. Cette étude est cependant limitée par l’absence de groupe
témoin, ce qui ne permet pas de dire si l’effet des séances de kinésithérapie n’a qu’un effet à
court terme ou si l’évolution de la maladie est accélérée par rapport à son évolution naturelle.
Cette étude est publiée en 2011 en anglais, elle semble donc avoir pour but d’étendre la
prise en charge francophone à d’autres pays européens. En effet, elle a été présentée à « the
Annual Congress of the European Respiratory Society » à Berlin en 2008. L’essai étant publié
en anglais, il a pu être évalué à 6/10 sur l’échelle de PEDro (les critères d’éligibilité sont
précisés (ne compte pas dans le score), les sujets sont répartis de façon aléatoire dans les
groupes, les deux groupes sont cliniquement en adéquation avec les indicateurs pronostiques,
les examinateurs sont en aveugle, le suivi a été correctement réalisé, il y a eu une comparaison
statistique intergroupe, et l’étude indique l’estimation des effets et l’estimation de leur
variabilité).
Pour compléter cette approche, le Réseau Kinésithérapie Bronchiolite Essonne
(RKBE) a mené une étude
24
allant dans le même sens. Elle concerne 697 enfants accueillis
dans le cadre du réseau RKBE (regroupant des masso-kinésithérapeutes libéraux et salariés),
au cours de la saison de garde 2002-2003. Le bilan utilisé pour cette étude est une fiche de
recueil de données cliniques mise en place par l’association (cf.1.2 Choix des critères
d’évaluation).
Les trois techniques utilisées sont « le désencombrement des voies aériennes
supérieures par inspiration forcée bouche fermée ou par lavage rhino-pharyngé avec sérum
physiologique », l’augmentation du flux expiratoire (AFE), et la toux provoquée. Lorsqu’on
n’entend plus de sécrétions ou que la toux n’est plus productive, un bilan final est effectué.
La population étudiée est caractérisée par un âge moyen de 8.7 mois, et 60.3 % des
moins d’un an sont des garçons.
Les résultats montrent que la séance de kinésithérapie n’entraine pas de modification
de la fréquence respiratoire. La saturation en oxygène n’a pas été assez souvent prise pour
que des conclusions soient tirées. Vis-à-vis des signes de gravité, 57.6 % des 13 % de
nourrissons qui en présentaient un avant la séance, n’en ont plus après celle-ci. Seuls 1.1 %
des enfants possèdent des critères de gravité après la séance, alors qu’ils n’en présentaient pas
avant. Le score clinique initial comprend 22 % d’enfants avec une gêne respiratoire sévère,
- 20 -
69.4 % avec une gêne modérée et 8.6 % sans gêne respiratoire. Le score final compte 2.6 %
d’enfants avec une gêne sévère, 57.4 % avec une gêne modérée et 40.1 % sans aucune gêne
respiratoire. Dans l’ensemble, l’évolution du score clinique après la séance de kinésithérapie
est très favorable. Seuls 2 sur les 697 enfants ont un score clinique qui s’aggrave après
kinésithérapie. Par ailleurs, on note une diminution significative de la proportion d’enfants
traités au 5ème jour, qui conservent un score clinique supérieur ou égal 4, par rapport à ceux
qui sont traités à J0 ou à J1. De plus, les enfants les plus jeunes ont tendance à garder un score
clinique plus élevé après la séance, par rapport aux enfants ayant plus d’un an. Au niveau du
score de désencombrement, 78 % des enfants sont efficacement désencombrés par la séance
(score compris entre 2 et 4), lorsqu’ils présentaient une gêne respiratoire modérée ou sévère.
En conclusion, la kinésithérapie respiratoire permet de désencombrer et d’améliorer de
l’état clinique respiratoire de plus de 80 % des nourrissons présentant un encombrement des
voies aériennes et une gêne respiratoire modérée à sévère. De plus, cette étude indique que les
effets délétères de la kinésithérapie respiratoire chez le nourrisson atteint de bronchiolite sont
très rares.
L’étude de V.Gajdos, aussi connue sous le nom d’étude BRONKINOU, a pour
objectif d’évaluer l’efficacité de l’AFE associée à la toux provoquée. Elle fait partie du niveau
de preuves 2 et elle est notée à 6/10 par l’équipe du site de PEDro (attribution aléatoire et
secrète aux groupes, mesure des résultats finaux adéquat, analyse par intention de traitement,
comparaisons entre les groupes, mesure de variance et d’écart type, critère d’inclusion à
l’étude). Elle a été menée dans sept hôpitaux de Paris pendant les saisons épidémiques entre le
1er octobre 2004 et le 1er janvier 2008.
Elle a pour objectif principal d’évaluer le temps de guérison de la bronchiolite chez un
nourrisson hospitalisé, avec pour hypothèse une diminution de 20 % de ce délai grâce à la
kinésithérapie respiratoire. Les objectifs secondaires sont l’évaluation de l’efficacité et de la
tolérance de la technique d’AFE, l’évaluation de l’amélioration de l’état général et du confort
du nourrisson grâce à la séance, et l’analyse économique d’une telle prise en charge à
l’hôpital.
La population étudiée inclue 496 enfants avec un âge moyen de trois mois : 246 dans le
groupe « kinésithérapie respiratoire » (KR) et 250 dans le groupe contrôle. On ne distingue
- 21 -
pas de différence sur les données démographiques ou sur l’état clinique initial entre les deux
groupes.
Les techniques utilisées dans le groupe « KR » sont l’AFE associée à la toux provoquée
(et DRP seulement si nécessaire). La séance dure environ dix minutes (hors examen), et elle
est renouvelée trois fois par jour. Le groupe contrôle reçoit trois aspirations nasales par jour.
Les parents, les soignants et les médecins ne connaissent pas le traitement reçu par l’enfant.
Un examen clinique de chaque enfant est réalisé au moins toutes les huit heures. Il prend
en compte la fréquence respiratoire, la saturation transcutanée en oxygène en air ambiant, la
fréquence cardiaque, un score de lutte respiratoire au repos et en dehors des cris ou pleurs
(coté entre 0 et 3), et un score de sibilance dans ces mêmes conditions (coté à 0 ou 1). On
parle de guérison lorsque l’enfant présente à deux reprises avec huit heures d’intervalle une
normoxie sous air ambiant, une autonomie alimentaire, un score de lutte inférieur ou égal à 1
et une fréquence respiratoire normale.
Les résultats n’ont pas montré de délai de guérison médian significativement différent
entre le groupe AFE et le groupe contrôle, et on note que le délai de guérison varie
significativement (p < 0.001) entre les différents centres participants à l’étude. En revanche, le
délai de guérison est significativement plus court chez les enfants sans facteur de risque
d’atopie (antécédent d’eczéma ou antécédents familiaux d’asthme et d’eczéma) présents dans
le groupe AFE que pour ceux présents dans le groupe contrôle (p = 0.004). Cet effet n’est pas
retrouvé en cas de risque d’atopie chez les enfants.
- 22 -
Figure 1 : Hazard Ratio et intervalles de confiance à 95% pour le délai de guérison comparant
le groupe ayant de l’AFE au groupe ayant des aspirations nasales (bras contrôle) en fonction
de facteurs pronostiques.
IET : increased exhalation technique, AC : assisted cougn, NS : nasal suction.
Le troisième article analysé est celui d’I.Rochat. Cette étude, étant d’origine suisse, a été
publiée à la fois en anglais et en allemand. Elle appartient au niveau de preuves 2 et elle est
notée à 5/10 sur l’échelle de PEDro (les critères d’admission sont présents, l’attribution au
groupe est aléatoire et secrète, la comparaison des groupes à une base statistique et entre eux
est présente, l’estimation ponctuelle et des effets est présente).
La population étudiée est composée de 99 enfants hospitalisés de moins d’un an, recrutés
sur deux saisons de bronchiolite consécutives (2005-2006 et 2006-2007).
Les techniques utilisées sont l’expiration lente prolongée, l’augmentation lente du flux
expiratoire et la toux provoquée. La distribution dans le groupe recevant la séance ou dans le
groupe témoin est aléatoire et secrète. Les kinésithérapeutes qui effectuent les soins sont
différents de ceux qui réalisent les bilans. Les cinq kinésithérapeutes qui effectuent les bilans
ont une grande fiabilité inter-examinateur avec un kappa=1. Tous les nourrissons peuvent
recevoir, s’ils en ont besoin, des aspirations rhino-pharyngées, de l’oxygène et des repas
fractionnés. Il n’y a pas de traitement médicamenteux prescrit systématiquement, mais des
antibiotiques peuvent être utilisés en cas d’infection bactérienne.
Le principal critère de suivi est la durée de stabilité clinique (alimentation supérieure à 50
%, absence de vomissement, sommeil non perturbé et saturation en oxygène supérieure ou
égale à 92 % sur plus de dix heures). Les critères secondaires sont un score sur l’état clinique,
un score sur l’état respiratoire (fréquence respiratoire, saturation en oxygène, tirage, bruits
adventices et murmure vésical, distension thoracique), la fréquence respiratoire, la saturation
en oxygène et l’apparition de complications.
Les résultats n’ont pas montré de différence significative sur la durée de stabilité clinique
entre les deux groupes (voir Figure 2). Les critères secondaires sont identiques entre les deux
groupes, sauf pour le score de l’état respiratoire qui serait un peu meilleur dans le groupe
recevant la kinésithérapie respiratoire.
- 23 -
Figure 2 : Comparison of the time to clinical stability in children hospitalised with
bronchiolitis randomised to chest physiotherapy (grey line) or control group (black line). The
slight difference at day 5 was not significant (P=0.35).
Ce graphique a été oublié lors de la publication de l’article. L’auteur l’a joint à son article
suite à une demande écrite.
2.2. Comparaison par culture professionnelle.
La méthode anglo-saxonne, regroupant plusieurs techniques sous le terme de CPT, n’est
actuellement recommandée dans aucune prise en charge pour la bronchiolite à l’international
et en France. En revanche, les techniques utilisées en Europe de l’Ouest - notamment en
France et en Belgique - sont récentes et n’ont pas encore trouvé une place très définie. En
effet, la kinésithérapie respiratoire chez le nourrisson est recommandée en France, mais les
études de qualité sont rares et parfois contrastées. Ces techniques sont néanmoins très utilisées
dans la pratique courante, et leur diffusion commence à s’effectuer dans les autres pays
européens.
- 24 -
En janvier 2012, une étude espagnole 52 sur la prise en charge des nourrissons à l’hôpital a
été publiée, avec comme critère d’évaluation la durée d’hospitalisation et le nombre d’heures
d’oxygénothérapie. Il s’agit d’un essai clinique en double aveugle réalisé auprès de 236
patients de moins de sept mois. L’originalité de cette étude se fait dans le choix des
techniques de kinésithérapie respiratoire utilisées. En effet, le protocole est composé
d’expirations lentes et prolongées accompagnées de vibrations manuelles et complétées par la
toux provoquée. Les résultats n’ont pas montré de différence significative entre le groupe
témoin et le groupe avec kinésithérapie respiratoire concernant la durée d’hospitalisation ni le
nombre d’heures d’oxygénothérapie. En revanche, on note une diminution significative de la
durée d’oxygénothérapie pour les patients positifs pour le VRS et bénéficiant de
kinésithérapie respiratoire (IC à 95 % et p=0.042).
3. ANALYSE
3.1. Comparaisons croisées.
En reprenant les résultats des études analysées, un tableau a pu être construit afin de
comparer les techniques entre elles.
- 25 -
Tableau de comparaison aspiration / DRP et AFE ou ELP + TP / CPT.
Aspiration
DRP
AFE/ELP
+ CPT
TP
Silverman
+ [Barbié]
0 [Barbié]
SpO2
0 [Barbié]
0 [Barbié]
0 [Rochat]
Durée
0 [Gajdos]
hospitalisation
0 [Postiaux]
Sévérité
0 [Perrotta]
0 [Perrotta]
clinique
Durée
0 [Perrotta]
oxygénothérapie
FR
0 [Rochat]
+ [Postiaux]
FC
+ [Postiaux]
Alimentation,
0 [Rochat]
vomissement,
sommeil
Wang
à
+ [Postiaux]
Wang à T=120
0 [Postiaux]
T=30min
min
Wang, sibilance
+ [Postiaux]
et FC à T=30
min p/ à T=0
Légende :

0 : pas de différence significative par rapport au groupe témoin.

+ : amélioration significative par rapport au groupe témoin.

- : effet délétère par rapport au groupe témoin.

Exception pour la ligne 11 qui compare la technique à deux dates données (et non par
rapport au groupe témoin).
- 26 -
III. DISCUSSION
Dans cette partie seront abordés les points forts et les limites de ce travail puis une
ouverture portera sur les systèmes de santé.
Une méthodologie de recherche et d’analyse d’articles a été appliquée, dans le but de
réaliser un travail rigoureux. Pour cela, chaque article présenté possède un niveau de preuve,
une cotation sur l’échelle PEDro et une analyse suivant un plan défini.
Les limites de ce travail concernent tout d’abord le choix des critères d’évaluation. En
effet, il y a peu d’études interrogeant la fiabilité des outils utilisés dans le bilan d’un
nourrisson encombré. De plus, pour la même raison, il n’y a pas de consensus sur l’emploi
d’un score en particulier. Cela amène chaque équipe réalisant un article de recherche, à créer
son propre score clinique à partir de différents critères. Il en résulte des conclusions qui
restent bien souvent générales, et difficiles à comparer entres elles. Ce constat s’applique
aussi bien en France, malgré la proposition d’une fiche de suivi et d’évaluation faite par des
membres du groupe hospitalier Necker-Enfants malades ou encore le SEVA, qu’à l’étranger.
Le second obstacle rencontré concerne les recommandations et articles publiés dans leur
langue d’origine, lorsqu’il ne s’agit ni de l’anglais ni du français. Par exemple, il aurait été
intéressant de connaître ce qui est fait en Chine 53, mais seul le résumé est en anglais et il n’est
pas assez précis pour parler de la place de la kinésithérapie respiratoire dans la prise en charge
de la bronchiolite du nourrisson. Il nous est donc impossible de savoir si celle-ci est
recommandée ou non, et dans les deux cas, de quelles techniques il s’agit.
Le troisième point limitant les résultats de ce travail, est la négligence du
désencombrement rhino-pharyngé par rapport au désencombrement bronchique au sein de la
littérature scientifique.
Enfin, il semble difficile de présenter un point de vue tout à fait objectif, puisque faisant
des études en France, l’enseignement et la pratique de stage nous orientent vers une prise en
charge kinésithérapique qui semble essentielle et inévitable pour cette pathologie. Il serait
intéressant d’avoir l’avis extérieur d’un praticien ou d’un étudiant anglo-saxon sur cette
problématique.
- 27 -
En nous penchant sur
les différents systèmes de santé, nous pouvons essayer de
comprendre pourquoi la kinésithérapie respiratoire n’est pas prescrite partout.
En France, l’assurance maladie présente un taux de remboursement en mai 2011, de 60 %
pour les honoraires des auxiliaires médicaux. Il existe des taux spécifiques pour le régime
d’Alsace-Moselle (90 %) et pour les bénéficiaires du FSV (Fond Spécial Vieillesse) ou de
l’ASPA (Allocation de Solidarité pour les Personnes Agées) (80 %)
54
. Environ 80 % des
Français ont en plus une assurance complémentaire, payée par eux-mêmes ou par leur
entreprise. Pour les personnes non couvertes par un régime obligatoire, il existe la CMU
(Couverture Maladie Universelle) de base ; pour les plus démunis (environ 10 %), la CMU
complémentaire (gratuite et prise en charge totale) et l’aide pour une complémentaire santé
(ACS) peuvent leur être accordées. Enfin, 6 % sont pris en charge pour une Affection de
Longue Durée (ALD) et remboursés en totalité.
Le financement de la protection sociale est permis par les cotisations sociales, les impôts et
taxes affectés et des contributions publiques de l’Etat.
Si l’on prend l’exemple du système américain, on s’aperçoit que 16 à 20 % de la
population ne sont pas du tout couverts, soit parce qu’ils ne sont pas assez pauvres pour
bénéficier du programme Medicaid et pas assez riches pour pouvoir payer une assurance
individuelle, soit parce que leur entreprise est trop petite pour leur faire bénéficier d’une
assurance santé. Tous les frais sont alors directement à leur charge.
En Angleterre, le financement du système de santé est à 85 % d’origine fiscale, le reste est
à la charge d’assurances nationales ou privées complémentaires. Les patients doivent apporter
une contribution pour les médicaments en externe et pour les soins oculaires ou dentaires.
Aucune information sur la prise en charge financière des séances de kinésithérapie n’a été
trouvée.
Quant à la Chine, elle connaît actuellement beaucoup de changements concernant son
système de santé. La couverture maladie serait passée de 15 % en 2003 à 85 % en 2008
(Annexe 11), mais il existe une grande disparité au sein de la population (selon les revenus) et
entre les régions (milieu urbain ou rural). Les habitants sans assurance maladie doivent payer
la totalité des frais médicaux, ce qui est un frein majeur à l’accès aux soins, et ceux qui en
bénéficient ne sont remboursés qu’à 60 %. Les objectifs de ce pays sont d’arriver à 90 % de
couverture avec un taux de remboursement à 70 % durant le plan quinquennal de 2011-2015.
- 28 -
CONCLUSION
La bronchiolite aigue est la maladie infectieuse la plus courante chez le nourrisson, ce
qui en fait un véritable problème de santé publique. La prise en charge est essentiellement
symptomatique mais elle présente une grande hétérogénéité. Cela s’explique par le
manque d’études de qualité basées sur des critères fiables et validés, par la disparité des
systèmes de santé et par le fait que les techniques françaises et belges ne sont pas
internationales. Nous pouvons tout de même retenir que la Chest Physiotherapy n’est plus
d’actualité, bien qu’une étude très récente combine des vibrations à l’expiration lente et
prolongée. Ce travail peut soulever des questionnements concernant la prise en charge
d’autres pathologies respiratoires chez le petit enfant et sur la place de l’éducation
thérapeutique des parents, en France et à l’étranger. Les techniques francophones étant en
pleine expansion, ce sujet reste ouvert et susceptible d’une grande évolution dans les
années à venir !
- 29 -
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- 34 -
ANNEXES
Annexe 1 : Techniques de kinésithérapie respiratoire recommandées par
la conférence de consensus de 2000 5.
Techniques de désobstruction des voies aériennes supérieures :
Il s’agit de la désobstruction rhinopharyngée (DRP) qui associe :
- la DRP rétrograde, par reniflement passif (induit par une expiration passive
profonde préalable) grâce à une occlusion buccale concomitante de l'inspiration ;
- le recueil des sécrétions, par la technique dite « d'antépulsion pharyngobuccale » ;
- et peut être complétée par le désencombrement rhinopharyngé antérograde ou
mouchage.
On peut y associer l'instillation locale de sérum physiologique narine par narine,
l'enfant en décubitus dorsal, la tête tournée sur le côté.
Il s'agit de techniques codifiées qui peuvent être apprises aux parents.
L'aspiration nasopharyngée au moyen d'une sonde est un geste invasif, réservé aux
situations critiques, le plus souvent en milieu hospitalier.
Techniques de désobstruction des voies aériennes inférieures :
La désobstruction des voies aériennes inférieures est basée sur deux techniques :
L’expiration lente prolongée (ELPr), à laquelle on peut assimiler l'augmentation lente
du flux expiratoire (AFE lente), consiste en des pressions manuelles thoraco-abdominales
entraînant une expiration lente et dirigée, glotte ouverte. Elle a pour objectif d'éviter le
collapsus bronchique et la séquestration d'air. Elle vise ainsi à désencombrer les bronches
distales et à améliorer la ventilation alvéolaire. Elle doit être guidée par l'auscultation.
La technique de la toux provoquée, déclenchée par une pression trachéale brève,
appliquée en fin d'inspiration au-dessus de la fourchette sternale vise à obtenir
l'expectoration.
-1-
Annexe 2 : Correspondance entre niveaux de preuve des études et grades
des recommandations.
Disponible dans Supplément du BDK 24, FNEK.
-2-
Annexe 3 : Echelle PEDro.
Attribution aléatoire aux groupes : 1 point,
Attribution secrète aux groupes (la personne qui attribue les sujets ne sait pas dans quel
groupe ils se trouvent) : 1 point,
Caractéristiques de base similaires entre les sujets : 1 point,
Sujets, thérapeutes et évaluateurs aveugles : 1 point chacun,
Mesures de résultats finaux de plus de 85 % des sujets participants : 1 point,
Analyse par intention de traitement «intention to treat analysis» : 1 point,
Comparaison des groupes sur une base statistique : 1 point,
Mesures de variance et d’écart type : 1 point,
Critères d’inclusion à l’étude (doivent être présents mais n’ajoutent pas de point à la cote
PEDro).
Annexe 4 : Score d’Apgar.
Le score d'Apgar
Paramètres
Fréquence cardiaque
Respiration
Tonus musculaire
Réactivité réflexe
Coloration
0
moins de 80/min
absente
hypotonie
nulle
pale ou bleue
1
80 à 100/min
lente, irrégulière
flexion des membres
grimace
imparfaite
2
plus de 100/min
cri vigoureux
normale
vive
rose
Annexe 5 : Score de Silverman.
Le score de Silverman
Paramètres
0
Tirage intercostal
absent
Entonnoir xiphoïdien
absent
Balancement thoracorespiration
abdomincal
synchrome
Battement des ailes du nez absent
Geignement expiratoire
absent
1
modéré
modéré
2
intense et sus-sternal
intense
thorax immobile
respiration paradoxale
modéré
audible au
stéthoscope
intense
-3-
audible à l'oreille
Les annexes 4 et 5 sont disponibles sur :
http://www.soins-infirmiers.com/detresses_respiratoires_en_pediatrie.php
Annexe 6 : Score de Wang.
0
<30
Fq respi
Wheezing
Aucun
Tirage
aucun
Appréciation de
l’état clinique
général
normal
1
31-45
2
46-60
3
>60
En fin d’expiration
ou seulement
audibles au stheto
Sur toute
l’expiration ou
audible à l’expi sans
stetho
A l’inspi et à l’expi
audible à la bouche
Intercostal
seulement
Supra sternal
Sévère avec
battement des
ailes du nez
Irritable
Epuisement
Mauvaise
alimentation
Annexe 7 : WARM Respiratory Scoring Tool (Cincinnati Children’s Hospital
Medical).
Wheeze
None : 0
End Expiratory : 1
Entire Expiratory / Any Inspiratory : 2
Air Exchange
Assess the following 4 chest areas: (Left and Right Front, Left and Right Back)
Normal : 0
One area Decreased : 1
More Than One Area Decreased : 2
Respiratory Rate
Normal : 0
Above Tachypnea Threshold : 1
Muscle Use (Retraction)
None : 0
Subcostal / Intercostal : 1
Any Neck or Abdominal : 2
-4-
Annexe 8 : Score d’Encombrement des Voies Aériennes.
1- Auscultation Pulmonaire
2- Toux Grasse et/ou Irritative
3- Sécrétion Bronchique
4- Sécrétion Rhinopharyngée
5- Dyspnée, Signes de Détresse
Respiratoire
0 Aucun bruit adventice avant et après la séance
1 Quelques bruits révélés par l'effort
2 De nombreux bruits spontanés au repos.
0 Aucune toux
1 Toux grasse et/ou irritative rare ou provoquée
2 Toux spontanée
0 Aucune expectoration d'origine bronchique
1 Quelques sécrétions 1 à 5 expectorations
2 Quantité importante de sécrétions > 5
expectorations
0 Aucune expectoration d'origine rhinopharyngée
1 Quelques sécrétions 1 à 5 expectorations
2 Quantité importante de sécrétions > 6
expectorations
0 Aucun signe de détresse respiratoire
1 Apparition de signes à l'effort et augmentation de
la fréquence
2 Signes de tirage au repos SpO2>2 < 90 %,
cyanose
SCORE TOTAL /10
Disponible sur : http://www.kine-services.com/kine-services/bilans/voi_aer_sup_bb.htm
-5-
Annexe 9 : Nomenclature stéthacoustique pulmonaire :
correspondance entre les termes habituels et la terminologie proposée.
A. Bruits respiratoires
Murmure vésiculaire
Bruit laryngotrachéobronchique
ou intermédiaire (régions
centrales
Souffle tubaire
Respiration puérile
Respiration bronchovésiculaire
A. Bruits respiratoires*
Bruit respiratoire normal
B. Bruits adventices
Gros crépitements
Sous-crépitants
Crépitements fins
Sifflements, sibilants, sibilances
Rhonchus
B. Bruits adventices
Craquements**
Bruit respiratoire bronchique
Sibilances***
* Timbre, amplitude ; ** timbre , situation dans le cycle respiratoire,
position-dépendance, nombre, kinésie-dépendance ;
* * * Taux, complexité (mono-, polyphonique), fréquence (Hz),
position-dépendance, amplitude.
-6-
Annexe 10 : Classification physico-acoustique des bruits respiratoires.
A. Signal physique, type de vibration.
B. Classification physico-acoustique des termes de la nomenclature.
C. Définitions psycho-acoustiques des bruits respiratoires et des bruits adventices.
Annexes 9 et 10 : Postiaux G, Lens E, Nomenclature stéthacoustique pulmonaire : pourquoi
pas un consensus mondial ?, Rev Mal Respir, 1999, 16, pages 1075-1090.
Annexe 11 : Evolution de la couverture maladie en Chine entre 2003
et 2008.
-7-