La Rumeur

Transcription

La Rumeur
La rumeur
n° 72 – septembre 2009
Le mot du président
Depuis l’interruption (pour une raison technique « indépendante
de notre volonté » comme on dit quand on ne veut pas dire
pourquoi …) de cette Lettre, nombreux ont été les étonnements
et les questionnements sur son avenir et/ou celui de MAGIS !
Bonne illustration de ce qu’une rumeur (positive, ce qui est rare,
négative la plupart du temps) peut générer : comme le disait déjà
Victor Hugo : « un seul être vous manque et tout est dépeuplé »
combiné au désormais célèbre « si mon interlocuteur n’a pas
répondu à mon mail* dans les 10 min., c’est qu’il est mort … ».
* ou message téléphonique, sur mobile de préférence !
Fin de la rumeur : 1° MAGIS et sa Lettre se portent bien, et 2° nos
voies de diffusion ont été rendues très difficiles depuis 6 mois
(informatiques et surtout « humaines »). Pour créer de l’antirumeur (concept fort en ces temps de « crise »), je propose ceci :
3° les deux prochaines lettres sont déjà prêtes ! et 4° … on
recherche des motifs à rumeurs positives pour les prochains mois,
histoire de générer de nouvelles rumeurs, d’où nouvelle rumeur,
etc.
Mettre fin à une rumeur, créer de l’anti-rumeur, se restreindre
aux rumeurs positives : quelques concepts à méditer.
Eric Barrier
La rumeur d’Orléans
Peut-on maîtriser la rumeur ?
Selon Edgar Morin (1969) cette rumeur laissait entendre
que les cabines d'essayage de plusieurs magasins de
vêtements féminins de cette ville étaient en fait des
pièges pour les clientes : elles y étaient enlevées pour
être livrées à un réseau de prostitution. Aucun démenti,
même officiel — signalant, par exemple, qu'aucune
disparition suspecte n'a été répertoriée dans les environs
par les services de police —, n'a jamais réussi à mettre fin
à cette rumeur, elle cessa d'intéresser les médias lorsque
qu'elle prit la forme d'un canular — les clientes disparues
étaient prises en charge par un sous-marin remontant la
Loire... Depuis lors, elle continue néanmoins à se raconter
sous diverses formes et dans différentes villes …
La rumeur a ceci de remarquable qu’elle répond à une curiosité
insatiable, ou a un besoin de savoir très anxiogène s’il reste insatisfait :
après avoir été interrogé sur d'éventuelles difficultés financières des
Caisses d'épargne, Laurent Wauquiez doit insister : "En terme de crise
financière, on est dans une situation où toutes les rumeurs sont
possibles. Et ce genre de rumeurs sont totalement destructrices ».
Qui l’a dit ?
3- Le plus troublant est que la croyance en des rumeurs n'est pas le
privilège des naïfs, des crédules, bref, des autres. Elle nous concerne
tous.
La rumeur publique est plus forte que toutes les
puissances de ce monde.
Gilles Vigneault
En bourse il faut acheter la rumeur et vendre la
nouvelle.
Dicton populaire
Rumeur : le plus vieux média du monde.
Jean-Noël Kapferer
1- C’est l’allemand William Stern qui s’intéresse pour la première fois à
la rumeur d’un point de vue psychologique en 1902, en étudiant la
psychologie du témoignage dans les affaires judiciaires.
2- Durant la Seconde Guerre mondiale, les psychologues américains
Gordon Allport et Leo Postman ont mis en place des « cliniques de
rumeurs » pour contrer la propagande du IIIe Reich, conçues comme
des standards téléphoniques répondant aux appels de citoyens inquiets.
4- Il existe aujourd’hui des sites Internet exclusivement dédiés aux
rumeurs et qui testent leur véracité. (snopes. com aux Etats-Unis ou
hoaxbuster.com en France).
Son motif profond est parfois le ludique, l’envie de raconter une bonne
histoire qui se transmet pour son caractère à la fois incroyable et
possible. Sa motivation est parfois l’opportunité qu’il faut saisir ou la
prévision d’un danger imminent; la crise financière actuelle met
évidemment au premier plan le pouvoir de la rumeur. Toujours, son
caractère contagieux, collectif, et surchargé d’émotion stimule une
violence dont il est très difficile de se dissocier.
J. W. Frothingham
Le mot du directeur des études
La rumeur est une forme de communication. Soupçon,
manipulation, situation de crise, propagande,
mensonge, … tels sont les différents bruits que l’on
associe généralement à la rumeur. Dans la journée
thématique dédiée à la communication, nous insistons
sur le paradoxe de la communication capable du pire
comme du meilleur, ainsi que le dit Esope : « La
langue est la meilleure et la pire des choses.»Car la
vraie communication repose sur la confiance qui est
un processus lent, contrairement à la rumeur
contagieuse. Un interlocuteur dont on se méfie,
même s’il dit quelque chose de vrai, aura du mal à
transmettre. Retour au « savoir être », qui passe par
la proximité des personnes, leur fréquentation, le
temps long de l’apprivoisement, seul rempart à la
communication-panique de la rumeur.
Pierre d’Elbée